Antiquités (Mélusine, Skade, Isyndar) [terminé]

Dernière édition par Roëric Alokor le Lun 2 Sep 2013 - 19:45, édité 1 fois

HRP : Après : Everyone learn to forget Avant : Un colis peu coopératif.

Trois temps : Roëric et Mélusine sont seuls. / Skade débarque pas contente. / Isyndar intervient pour sauver la situation.
Si ça vous convient on fait comme ça, sinon improvisez comme ça vous chante XD

***

L’art du kidnapping passait par trois étapes. Trois points essentiels qu’il fallait respecter à tout prix, dû moins si vous souhaitiez que votre opération réussisse. D’abord la discrétion, il ne fallait surtout pas se faire repérer, ni avant, ni après. Plus tard la disparition était signalée, plus vous aviez de temps devant vous. Ensuite venait la méthode, il fallait choisir le bon moment pour agir : celui ou vous étiez le plus fort et où les obstacles seraient moindres. Pour finir, il ne fallait pas oublier le plus important : la cible.

Roëric Alokor, vampire de son état, se faufilait ainsi dans le camp de la Horde, ce qui n’était pas une partie de plaisir, car ses membres étaient bien différents des humains disons « normaux ». Leurs sens s’étaient comme adaptés à une vie plus chaotique et ils faisaient toujours très attention à la sécurité. Fort heureusement, Roëric disposait de deux avantages. Le premier c’est qu’il faisait partie intégrante du camp, dans une moindre mesure, les loups lui faisaient confiance. Le second c’est que les derniers debout étaient très occupés à satisfaire les moindres caprices de sa dragonne, qui trônait comme une reine à côté du feu de camp.

Maître dans la nuit étoilée et disposant d’une armure lui permettant de se fondre dans les ombres (ce qui n’était jamais inutile), le vampire profitait de toutes ces circonstances pour mettre son plan à exécution. Puisqu’il était impossible qu’ils se retrouvent tous les deux plus de cinq minutes sans que les louveteaux, Kylian, Isyndar ou même la fin du monde ne viennent les déranger… Roëric avait décidé de passer aux choses sérieuses.

En d’autres termes : il allait enlever la louve.

Sa décision était irrévocable. Ces deux là avaient beaucoup de choses à se dire et ils étaient grand temps qu’ils prennent un moment pour le faire. D’ailleurs Roëric commençait à être un peu jaloux de l’attention qu’elle portait aux siens. Il l’admirait aussi pour ça, en homme de devoir, il ne pouvait qu’avoir du respect pour cette manière de prendre constamment ses responsabilités. Mais quand même ! Il ne cracherait pas sur un peu de considération. Égoïste ? Oui, et alors ?

Le vampire pénétra donc dans la tente de la cheftaine de la Horde. Exercice ardu, mais réussit avec succès. S’approchant sur la pointe des pieds, car il ne souhaitait pas qu’elle s'éveille en sursaut et en appelant aux armes, il ne pouvait s’empêcher d’apprécier la vue. Quand elle ouvrit les yeux, il était déjà près d’elle. Il posa sa main froide sur sa bouche pour l’empêcher de crier et ce le temps qu’elle le reconnaisse. Lorsque ce fut chose faite, il lui murmura à l’oreille.

Petite virée nocturne, et pas de discussion ma belle, c’est un kidnapping.

Un sourire amusé sur les lèvres, il l’a prit dans ses bras et mit les voiles en direction de l’endroit qu’il avait repéré un peu plus tôt. Un lieu chargé de souvenir, qu'il avait essayé d'oublier pendant des décennies. Ses capacités à plein régime, boostées aussi bien par la nuit que par l’adrénaline, ils furent très vite arrivés.

La bâtisse était en ruine. La nature y avait repris ses droits : dévorant la pierre et le bois par le biais des lierres, des mauvaises herbes et des habitats d‘animaux aussi divers que variés ; tel que les nids d‘oiseaux ou la vieille cheminée servant de tanière à plusieurs chiens sauvages... Les clôtures étaient tombées, les divers pillages avaient vidés les lieux de tout objet de valeur et la toiture avait un trou en son centre -probablement la foudre.

Voilà tout ce qui restait du vieux manoir…

Il laissa la louve se mettre sur ses pieds, tout en posant un regard glacé mais néanmoins emprunt d’une certaine nostalgie sur les ruines. S’il ne regrettait pas son geste (l'enlèvement), car ils étaient enfin seuls tous les deux, le vampire était en revanche un peu penaud lorsqu’il reporta son attention sur Mélusine.

Euh… hum… Bienvenue chez moi.

Quoi ? Il n’avait rien trouvé de mieux à dire. Puis bon, deux siècles sans faire le ménage, ça laissait des traces.

Il faisait froid ce jour là, très froid même, pourtant elle avait eu bien chaud quelques minutes plus tôt... Que faisait-elle d'ailleurs à ce moment là ? Elle ne se souvenait plus, tout ce qu'elle savait c'était qu'elle se trouvait là, dans cette plaine glaciale et qu'elle avait peur. Peur de quoi ? Mystère... Il n'y avait rien pourtant ici, elle était complètement seule, où donc étaient les siens ? Décontenancée, elle cligna des yeux et sursauta lorsqu'une paire de prunelles vint se planter dedans au moment où elle les réouvrit. Quelques pas précipités en arrière lui furent suffisant pour avoir un aperçu un peu plus global de la scène et... Hurler.

Son cri s'avéra silencieux, fort heureusement ! Elle n'avait crié que dans son cauchemar ce qui lui épargnerait d'avoir à rassurer tout un groupe de loups inquiets qui n'auraient pas hésiter à débarquer dans sa tente.
Le souffle court et le visage trempé de sueur, elle reposa sa tête sur l'oreiller et ferma les yeux en conjurant son cerveau de bien vouloir lui épargner de nouvelles épreuves de ce genre, pourquoi fallait-il qu'elle revoit le sale monstre qui avait transformé ses deux compagnons presque chaque nuit ? Comme si ce n'était pas assez difficile comme cela ! Ce n'était toutefois pas la première épreuve difficile qu'elle traversait dans sa vie, aussi fini-t-elle par se calmer et par trouver le sommeil, si il avait fallu qu'elle sa tape des crises d'insomnie à chaque catastrophe lui tombant sur la tête il y aurait longtemps qu'elle aurait fini par se jeter au fond du lac noir !

Elle dormait donc paisiblement, confiante en les capacités de ses loups lorsqu'il s'agissait de protéger un campement, lorsque un courant d'air vint chatouiller sa peau, lui tirant un grognement sans pour autant la tirer du sommeil. Elle marmonna quelques mots sans queue ni tête avant de retirer instinctivement la couverture sur elle. Au moment où elle allait se tourner sur le côté un bruissement furtif accompagné de l'étrange sensation d'être observée vint perturber définitivement son sommeil, qu'est-ce que ?

"????!!!"

C'est à peu près ce qu'exprimèrent ses yeux aux moment où ils s'ouvrirent et se posèrent sur le vampire. L'instinct de préservation semblait dormir moins profondément que le reste de ses neurones aussi arrondit-elle la bouche dans la ferme et définitive intention de pousser un hurlement suffisament perçant pour rameuter à peu près la moitié de l'empire, et peut-être même les elfes en passant ! Il ne lui fut malheureusement pas possible d'accomplir cet exploit qu'elle sentait pourtant parfaitement à sa portée, un quart de seconde avant qu'elle n'ai pu finir d'inspirer assez profondément on vint lui couper l'air.

"Gruuummmmpf !"

Bon... Un peu décevant comme résultat, peu de chance que son appel traverse la toile pourtant peu épaisse de sa tente... Elle devait donc se débrouiller seule, et la lueur combative qui s'était aussitôt allumée dans ses yeux prouvait bien qu'elle ne rendait pas les armes. Une chance donc pour Roëric que les neurones de la louve se soient réveillés juste avant qu'elle ne puisse passer à l'action ! Alors qu'elle était prête à ruer et même à mordre la main qui la baillonnait, elle s'immobilisa brutalement en réalisant à qui elle avait affaire. La lueur combative se mua en perplexité, que faisait-il là ? Y avait-il un problème quelconque dans le campement ? Elle se détrompa bien vite lorsqu'il lui murmura à l'oreille et la lueur perplexe se fit d'autant plus intense. Hein ? Comment ça un kidnapping ? Et et et... Ses vêtements alors ? Elle ne portait qu'une chemise de nuit légère, bon d'accord il ne faisait pas froid mais tout de même... Et puis d'abord, elle n'avait pas signée pour être kidnappée ! Cela ne sembla pas poser de problème à Roëric néanmoins et avant même d'avoir eu le temps de protester elle se retrouva soulevée comme une malheureuse plume et emportée aussitôt à travers le camp endormis. La situation commençait à l'amuser, en particulier lorsqu'ils évitèrent adroitement les différentes sentinelles, où l'emmenait-il ?

La réponse lui vint un peu plus tard, lorsqu'ils arrivèrent devant une vieille batîsse presque entièrement en ruine. Drôle d'endroit pour un rendez vous ! Mais Roëric n'était certainement pas un amant ordinaire, alors elle ne devait pas s'étonner et puis c'était peut-être aussi ce qu'elle aimait chez lui ? Le fait qu'il la surprenne toujours... Comme à cet instant où après l'avoir posé il décolla son regard du vieux bâtiment pour le reposer sur elle, et prendre un air penaud... Non mais il croyait tromper qui là ? Elle aurait presque eu envie de lui faire les gros-yeux, si son regard ne l'avait pas simplement fait fondre.

"C'est l'instinct vampire je suppose, qui te pousse à capturer de jeunes femmes pour les amener... Attends... Tu as dit chez toi ?"

Elle se retourna brusquement vers les ruines pour mieux les observer, la tête pleine de questions. Pourtant, elle garda la silence un moment comme pour mieux profiter de cet instant paisible. Elle était touchée qu'il ai choisi justement cet endroit, ce n'était sans doute pas rien pour un vampire que de révéler une partie de son passé... Doucement, sa main vint se loger dans la sienne tandis qu'elle interrogeait dans un souffle :

"Qui étais-tu ? Avant... Tout cela ?"

Ce n'était pas une curiosité malsaine que la sienne, elle ressentait surtout le besoin de le connaître parfaitement et cela passait par son passé. Elle aimait le vampire et acceptait les contraintes qui liaient sa race mais si ne lui suffisait pas de connaître ce qu'il était en surface, elle le voulait entier. Sa vie passée faisait partie de son être, aussi espérait-elle qu'il lui en parlerait, aujourd'hui ou plus tard. Pour lui, elle pourrait se montrer patiente.

Attends. Attends. Attends… Le vampire avait loupé quelque chose d’important là.. De primordial, même. Posant ses yeux gris sur la jeune femme, il la détailla sans vergogne, notant avec un plaisir évident, (mais qu’il essayait de ne pas trop montrer…) qu’il avait réussit à la kidnapper en… petite tenue. Une grande victoire… pardon… euh… non, là c’était le moment où en parfait gentilhomme, il lui prêtait son manteau. Sauf qu’il n’en avait pas. Ce qui tombait bien, tout compte fait. Quoi ? Mais non, voyons, pas parce qu’il pouvait se rincer l’œil !

Il faisait suffisamment chaud… voilà tout. Ce que vous pouvez avoir l’esprit mal placé.

Lorsque Mélusine glissa une main dans la sienne, Roëric se tourna pour lui faire face. Il voulait répondre aux questions qu’elle se posait. Il souhaitait se livrer, entièrement, pour qu’elle le comprenne, le connaisse, l’accepte. Mais c’était facile de le penser, beaucoup moins de formuler les mots. D’expliquer des décennies, des siècles d’existence. De mentionner le sang versé, les sacrifices consentis, et les conséquences de ses choix…

Oui, il en avait envie, mais cela lui apparaissait comme une tâche immense et il ne savait pas vraiment par quel bout commencer.

En désespoir de cause, il posa sa main libre contre la hanche de la jeune femme et l’attira à lui. Sans lui laisser le temps de poser de nouvelles questions, il l’embrassa. Posant ses lèvres glacés sur les siennes, beaucoup plus chaudes. Ses mains partant des cheveux, caressant ses joues pour redescendre jusqu’aux hanches. Lorsqu’il l’avait ainsi, contre elle, il se sentait bien, vraiment bien. La Soif n’était plus qu’un mauvais souvenir, comme tout le reste. Seule comptait l’instant présent.

Seul importait cette chaleur. Communicative.

Lorsqu’ils revinrent sur terre, il lui sourit à la manière d’un enfant : joyeux et espiègle, ce qui n’était pas vraiment dans ses habitudes. C’était là le moins que l’on puisse dire.

L’instinct de vampire, hein ?

Et Roëric l’a prit à nouveau dans ses bras et se mit à courir, sautant par-dessus les obstacles, et ne souciant guère des prédateurs rôdant dans le coin. En quelques bonds ils furent sur un bout de muret qui avait tenu le coup. De là ils pouvaient voir l’intégralité de la propriété. Un sourire aux lèvres, le vampire laissa la louve prendre place. De même qu'il s'assit, les jambes dans le vide.

Nous étions nobles. Pas ceux que l’on trouve aujourd’hui… les imbéciles endimanchés dont le seul talent est de faire des courbettes… Non, nous faisions partie de la noblesse d’épée. Guerriers et descendants de guerriers.

Il savait qu’elle n’aimait guère les nobles, mais il ne pouvait empêcher sa voix de prendre des accents pleins de fierté. Un temps passa et ses yeux se firent plus tristes.

D’aussi loin que je me souvienne, je me suis toujours battu.

Le Maître-Lame haussa les épaules, désabusé. Il ne cherchait pas à attiser la pitié, parce que c’était un destin qui lui convenait.

Mais ça ne suffit pas toujours…

Il ricana, soudain beaucoup plus dur.

Tout dépend du maître que l’on sert, j’imagine. Quoiqu’il en soit j’ai été envoyé patrouiller aux frontières de l’empire et voilà le résultat.

Passant du coq à l’âne, comme pour éviter les sujets les plus sensibles, il posa son regard sur la louve, sa main lui caressant la joue.

Les miens sont devenus mercenaires, je crois qu’ils le sont toujours…

Quelle importance au fond ? Cette vie était aussi morte que lui.

Il ne lui répondit pas tout de suite, trop occupé qu'il était à la reluquer sans vergogne. Une autre aurait sans doute rougit sous ce regard, mais Mélusine n'était pas ce genre de femme. Elle se contenta d'un froncement de sourcils faussement réprobateur, plus amusée que véritablement gênée par la situation. Rira bien qui rira le dernier mon cher vampire...
Bon d'accord pour le moment c'était plus lui qui riait, elle était bien trop occupée à frissonner au contact de sa main froide, et bien oui c'était le froid qui la faisait frissonner ! Rien d'autre... Quoique... Mais elle ne l'avouerait jamais. Le problème c'était que son corps parlait pour elle et que connaissant les facultés des vampires elle ne pouvait même pas espérer qu'il n'entende pas le rythme accéléré de son coeur et ne ressente pas le soudain désordre de son souffle court. Renonçant à cacher son trouble, elle ferma le yeux avec volupté lorsque ses lèvres glacées se posèrent sur les siennes. Etait-ce encore un talent de vampire que d'embrasser ainsi ou bien chavirait-elle juste parce que c'était lui ? Elle ne pourrait pas poser la question à grand monde en réalité, la simple idée d'embrasser un vampire pour une humaine, de se trouver si proche de ses crocs sans fuir à toutes jambes était une folie furieuse aux yeux de tout humain digne de ce nom, ah mais si en fait... Il y avait au moins une personne dans l'empire qui pourrait lui répondre à ce sujet... Mais pour le moment, elle s'en fichait pas mal. Trop occupée qu'elle était à s'épanouir dans son étreinte et à lui rendre son baiser avec un enthousiasme qu'elle trouverait déplacé un peu plus tard. De toutes façons il ne semblait pas s'en formaliser, Dracos voilà qu'elle flottait sur un nuage en compagnie d'un vampire... La vie était parfois étrange...

Elle rougit pour la première fois lorsqu'il la taquina, et marmonna presque indistincement :

"Oui bon il est vrai que tu es un étrange vampire et... Hey !"

Allons il allait falloir qu'il perdre cette habitude de la trimbaler ainsi dans ses bras comme si elle ne pesait rien ! Les esprits lui avaient fait des jambes, ce n'était certainement pas pour faire joli, quoi qu'il en pense ! Ensembles, ils sautèrent par dessus plusieurs obstacles et elle ne pu s'empêcher de penser qu'on avait jamais inventé moyen de locomotion plus doux et sans cahots que les bras d'un vampire ! Rapide et pourtant parfaitement silencieux, il ne semblait se soucier ni de la charge qu'il transportait avec tant de délicatesse ni des animaux qui détalaient sur son chemin. Il la relacha en arrivant en haut d'un muret, l'invitant d'un geste à prendre place auprès de lui, ce qu'elle fit sans hésitation, pressentant qu'il s'apprêtait enfin à répondre à ses questions.

"Oh..."

Elle n'ajouta rien, était-elle vraiment surprise en fait d'apprendre qu'il avait été un noble ? Pas vraiment... Cela se ressentait dans sa posture et dans sa démarche, mais elle était heureuse d'apprendre qu'il n'avait pas fait parti de ces courtisans qu'elle ne supportait pas. Un guerrier... Cela au moins, elle pouvait le respecter. Et puis elle n'aurait de toutes façons pas pu l'imaginer dans un autre rôle, ainsi il s'était toujours battu... Pourquoi cela ne l'étonnait pas ? Elle lui décocha un regard en coin lorsqu'il se mit à ricaner, s'attristant de la dureté qu'elle ressentait dans sa voix. Quelle était cette félure dans son passé, dont il tentait de cacher la souffrance ? Elle le découvrirait, un jour. Elle s'en fit la promesse sans se laisser décontenancer par son brusque changement de sujet. Un sourire doux s'afficha sur ses lèvres lorsqu'il lui caressa la joue, il n'était pas vraiment entré dans les détails, mais c'était déjà un début et elle lui était gré de sa confiance. Des milliers d'autres question se bousculaient dans sa tête, quand tout cela avait-il eu lieu ? Quel âge avait-il en réalité ? Lui restait-il de la famille ? Avait-il seulement essayé de les retrouver ? Comment sa transformation avait-elle eu lieu ? Elle les garda pour elle néanmoins, son propre passé était assez douloureux pour qu'elle soit capable de comprendre qu'il ne veuille pas se dévoiler entièrement si tôt dans leur relation. Et elle ? Se dévoilerait-elle un jour ? Elle s'imagina un instant lui raconter son enfance dans les quartiers pauvres, et puis en arriver à ce jour maudit... Un éclair de souffrance passa dans son regard sombre rien qu'à ce souvenir, non. Elle avait enfouit ces événements au plus profond de sa mémoire et plus jamais elle ne l'en sortirait, même pas pour lui. Surtout pas pour lui.

En quête de réconfort, elle se décala sur le muret afin de pouvoir poser sa tête sur son épaule et fermer les yeux en tâchant d'oublier les images qui se bousculaient dans sa tête. L'obscurité d'une cellule, le grincement d'une porte, la peur, un rire gras, la douleur, la honte et la haine. Elle enferma tout cela au fin fond de son esprit, aux côtés des vagissements de deux nouveau nés, le sang, la peur, la honte encore puis l'amour. Et la souffrance d'une séparation. Elle ne devait plus penser à tout cela, le passé était le passé.

"Ne me demandes rien. S'il te plait."

Il ne pouvait pas ne pas avoir senti son trouble, mais elle espérait qu'il respecterait sa demande. Elle n'était tout bonnement pas prête, et elle ne le serait jamais mais cela elle n'était pas obligée de le lui dire... Installée comme elle l'était, elle avait une vue imprenable sur le ciel et cette vision lui tira un sourire, l'instant présent était trop magique pour qu'elle s'abime dans la contemplation de son passé.

"Qu'est que c'est ?"

L'objet de sa curiosité était un forme sombre qui grossissait dans le lointain, cela se déplaçait vite.. Trop vite pour que ce soit naturel... La curiosité se transforma en inquiétude, puis en peur lorsqu'elle vit que cela continuait à se rapprocher.

"Regardes !"

Loin, très loin dans le ciel, si haut que de la glace se formait sur ses écailles, mais encore assez vivable pour permettre à son souffle lourd et chaud de rester régulier, presque vierge de la douleur qui martyrisait son poitrail. Dans le ciel nocturne, flottant entre terre et dôme infinie emplis d'étoiles étincelantes, elle parvenait presque à oublier son ire. Sa vampiresse était toujours introuvable, et pourtant elle n'avait pas lésiné sur les moyens. Bien sûr elle savait se cacher, comme un renard, mais quand même, pourquoi la fuir elle ? Ou alors, elle était morte, avec Cymbor probablement... et dans ce cas là, leurs meurtrier aurait d'autant plus à craindre d'elle. Mais à force de devoir survoler des cités de mortels, grouillants et puants comme des sangliers en rut, de frôler des esprits inférieurs et complètement paniquer à son seul contact, elle ne rêvait plus que d'un espace sans frontière, libre de toute présence mortelle... Elle voulait voir les pics rocheux, retrouver son nid, et reprendre possession des airs, comme elle se le devait. Les nuées étaient siennes, les vents, les tourbillons... Elle aurait voulut parcourir ces cieux en compagnie de ses rejetons, Estelen, aussi faite pour le vol qu'elle-même, Verith, comète rouge et surtout.... surtout Cymbor. Le chagrin des dragons n'était pas le chagrin des mortels, jamais elle ne cesserait de penser à cet enfant qu'elle avait perdu à cause des pitoyables folies d'un moins que rien, un mortel aux ambitions stupides, inutiles... impensablement méprisable.

Cet être là... il était son ennemi, comme aucun autre insecte n'était son ennemi, dès l'instant où il avait bu le sang de son fils, il s'était condamné à mort, il s'était condamné à l'inimité de tout les dragons, pour tout, à jamais, et à subir son courroux à elle. Car lorsqu'elle l'aurait trouvé, elle le déchiquetterait jusqu'à n'en laisser que des lambeaux si minces qu'aucun charognard n'en voudrait jamais. Et elle aurait la satisfaction sauvage d'avoir achevé ce que son fils avait commencé. Pas une vengeance, car aucune mort d'un mortel ne pourrait venger Cymbor, aucun n'avait assez de valeur pour cela, jamais, il était dragon, bien plus important que tout ces êtres pathétique. Ce serait souiller la mémoire de son fils, que de penser que la mort de son tueur servirait à l'apaiser, il était plus sage que cela, et elle de même... Et puis après tout, ce Lorenz n'était pas le seul qui était responsable de la mort de son fils, ils l'étaient tous, tout les mortels qui se faisait stupidement la guerre, tout les souverains imbus de leurs personnes, tout les dragonniers qui servaient comme des chiens de guerre, et le lié de Cymbor.... lui aussi était coupable, lui aussi devrait en répondre. Si elle désirait écharper cet infâme vampire, c'était dans l'espoir d'en faire un exemple pour les autres rois mortels, qu'ils comprennent ce qui arriverait si leur guerre perdurait. Qu'ils voient ce qu'était réellement la colère d'un dragon, un vrai dragon, pas un des siens apprivoisés par un mortel, devenu doux pour leurs complaire... humanisé , elle avait toujours méprisé les dragons domestiques par le passé, et pourtant ils étaient les seuls ici, à présent, les seuls, en compagnie de ses enfants, et d'elle-même évidemment. Il était grand temps que les dragons reprennent le contrôle de ce monde, et pourtant, aucun des autres ne semblait réellement comprendre à quel point c'était important. Vital même. Pour eux tous.

La magie était la vie, et sans eux, la magie n'existait plus. Plus d'elfes, plus de vampires. Plus d'humains non plus. Plus rien qu'une vaste étendue aride, sans attrait, et sans existence. Un espace vide et stérile. Et elle aimait trop Armanda pour accepter de la voir ainsi péricliter. C'était sa terre et malgré l'affection distante qu'elle entretenait avec les nuées, leurs continent d'adoption n'était pas son foyer, pas sa terre de cœur. C'était une bonne terre, sans aucun doute, une terre fertile et gigantesque, faite pour eux.... mais ce n'était pas sa terre à elle, il n'y avait rien là bas auquel elle tenait à présent. Son compagnon s'était éteint et elle ne voulait pas en choisir un autre, qui donc aurait été digne de la dernière dragonne d'orage ? Et puis ses petits avaient fait la traversée en sa compagnie.... Elle ne regrettait nullement son retour en Armanda, mais elle savait aussi que ce monde serait sa perte. D'une manière ou d'une autre, comme autrefois... et c'était sans doute pour cela qu'elle souhaitait retrouver son amie. Entre autre chose, bien entendu, car un vampire comprendrait mieux les idées des autres vampires, aussi pourrait-elle lui trouver le meurtrier de Cymbor sans trop de soucis. Une fois qu'il serait mort, elle pourrait s'occuper de ses affaires à elle en paix, et éduquerait les nouvelles générations avec l'esprit de leurs ancêtres sauvages. Qu'ils cessent de se comporter comme des chiens de gardes pour les mortels. Ils étaient bien plus que cela, bien autre chose. Véritable maître de cette terre, fils des airs et du feu, les trésors d'Armanda.

D'un reniflement plein d'humeur, elle effectua un long virage, survola Gloria puis repartis loin de la ville humaine, éclipsant les étoiles alors qu'elle redescendait vers la terre pour se trouver un lieu où se poser. Balayant les alentours de sa vision autant que de son esprit, elle s'apprêta à stabiliser son vol quand quelque chose attira son attention, là tout en bas, sur le sol lointain du continent. Un esprit, et la magie des dragons. Instinctivement, elle s'assura de ce qu'elle avait sentit et gronda. Un vampire. Un vampire ici ? Si proche des humains ? Ce n'était pas bon signe, et même si elle n'appréciait pas les humains plus que cela, elle avait à présent une dent contre les sang froid.... Poussant un rugissement retentissant, elle piqua à toute vitesse vers le lieu exacte où se trouvait cette chose infâme, transformée en une flèche d'acier et d'orage filant au travers du ciel, crevant la voûte céleste pour s'abattre à terre en faisant trembler les environs, déracinant plusieurs arbres et manquant faire voler ce qui restait de la demeure humaine en ruine que sa patte avant n'avait évité que par miracle. A nouveau, elle eut un rugissement à en réveiller morts comme vivants sur plusieurs kilomètres, ses ailes immenses battant furieusement dans l'air alors qu'elle avançait le cou jusqu'à plaquer le vampire à terre de son museau, le muret sur lequel il était apparemment assit cédant comme une frêle esquille sous sa force. Ses grands yeux resserrés jusqu'à des fentes illuminées de mercure le fixait sans ciller alors qu'elle lui présentait une mâchoire bardée de crocs imposants.

< Toi vampire ! > Tonna-t-elle de toute la force de son esprit, sans même prendre la peine de clore la conversation à tout être alentours. < Comment ose-tu t'approcher de ces nids d'humains ?! Comment ose-tu souiller mes terres de ta présence ! Parle tout d suite ou je te ferais goûter de mes crocs !>

Cependant, alors que le dernier mot se projetait dans le crâne du bipède, une autre odeur lui vint, qu'elle n'avait pas remarqué dans sa colère soudaine, une odeur.... humaine. Humaine ? Mais qu'est-ce qu'un vampire faisait avec un humain ? La réponse semblait évidente, et elle ne lui plaisait pas. Ce vampire s'apprêtait à se repaître, et si elle n'avait au demeurant rien contre ce fait, elle avait cependant décidé qu'en cette soirée, elle ne tolérerait pas la soif de ce bipède. Privilège draconique.

< Tu viens chasser si près des nids des humains, tu en prend une pour en faire ton dîner, voilà que ton espèce se montre trop audacieuse.... Est-tu l'insecte que l'on nomme Lorenz Wintel ? >

Le silence se fit l’écho de ses confessions. Certes celles-ci étaient bien minces en regard d’une vie aussi longue que la sienne, mais visiblement cela suffisait à Mélusine ce qui était tant mieux, car le vampire ne savait pas vraiment quoi ajouter d’autre. Oh ! Il ne doutait pas qu’elle ait des questions et lui-même savait bien qu’il ne s’en sortirait pas éternellement avec quelques pirouettes, mais les mots ne voulaient pas sortir. L’amertume étant si profondément ancré dans les veines noires du guerrier qu’il avait depuis longtemps oublié comment l’extraire, ou même s’il en avait simplement envie.

Roëric vit la souffrance dans le regard de sa louve, ce qui l’intrigua énormément. Il se doutait bien qu’une femme aussi forte devait avoir un lourd passé derrière, car la vie nous forgeait dans le feu et la glace, à l’image des plus beaux outils.

Il était donc curieux, et avait envie de connaître Mélusine, de la comprendre et d’être pour elle un soutient. Mais aussi qu’ils se connaissent mieux, qu’ils ne soient plus des inconnus l’un pour l’autre. Cependant il savait que ce genre de chose prenait du temps. Beaucoup de temps.

Regardant sans vraiment le voir son vieux manoir, brisé par les ans, le Maître-Lame appréciât le geste d’affection et en comprit le message avant même qu’elle ne le formule. Ils n’en parleraient pas. Dû moins pas maintenant. Et peut-être jamais. Il lui caressa les cheveux en hochant la tête, comprenant mieux que personne ce besoin presque viscéral de discrétion.

Comme c’est presque toujours le cas, ce beau tableau fut rapidement démoli par l’arrivée impromptue d’un nouveau venu. Ce qui n’était d’abord qu’une tâche sombre au loin devint rapidement un monstre énorme et terrifiant dont le rugissement avait de quoi vous glacer les entrailles. Bien que sachant que c’était là un dragon, Roëric refusait de le croire. Il n’arrivait tout simplement pas à superposer l’image d’Isyndar avec celle de cette montagne volante.

Telle une révélation, il comprît mieux les histoires sur ces créatures légendaires, qu’il avait longtemps considéré comme des exagérations…

Son esprit de stratège parvint tant bien que mal à se faire une petite place entre l’admiration et la peur qui saisissaient l’âme du vampire. Comprenant qu’elle en avait après lui, ce fut d’un geste presque automatique qu’il repoussa Mélusine au loin. Son cœur manquant de faire un bond dans sa poitrine lorsqu’il vit son manoir échapper de très peu au désastre.

Le muret s’écroula sous lui, et le vampire se retrouva nez à nez avec un gigantesque museau. L’idée de mourir tué par un coup de nez ne lui disait vraiment, mais vraiment rien. L’honneur imposait une sortie avec un peu plus de panache…

Les propos du dragon lui transpercèrent l’esprit, à l’image d’une tempête lui ravageant les neurones. Entre la chute, la menace d'une mort stupide, ce fichu mal de crâne et des paroles si forte qu’il en avait dû mal à les comprendre… Roëric se pensait mal barré. Mieux valait la jouer conciliante.

Très honorable dragonne…

Oui, le « très » était peut-être en trop, mais mieux valait en ajouter dans la soumission et la flagornerie. Il savait Isyndar orgueilleuse, et elle n’avait que quelques mois. Qu’est-ce que ce devait être pour celui-là !

Ce sont ici mes terres… Enfin je veux dire les vôtres bien sûr… Mais la maison est à moi… Enfin, disons que je la loue avec votre permission.

Il faillit éclater de rire devant les propos qui suivirent. Audacieuse ? Mais quel audace était-ce que de suivre sa nature ? Non, lui était audacieux d’essayer de briser les chaînes de la Soif, mais certainement pas les autres. Quant à Lorenz Wintel, eh bien là c’était franchement insultant. Néanmoins il garda pour lui son agacement et restât le plus neutre possible devant la colère d’un dragon aussi vaste qu’un village.

Je me nomme Roëric Alokor et voici ma compagne, Mélusine Lorey…

Après ses présentations, il osât ajouter, jugeant le risque calculé :

Et vous, votre immensité ? Qui êtes-vous ? Sans vouloir vous manquer de respect, évidemment.

Tout cela lui en coûtait, sa fierté n’appréciant guère d’être mise à mal. Mais mourir sous les coup d’un museau était pire encore, donc il jouait le jeu.

Un silence paisible s'était installé entre eux, ou du moins il se serait installé si un gigantesque dragon n'avait pas choisi ce moment précis pour s'immiscer dans l'histoire ! Dracos, c'était permis d'être aussi énorme que cela ? Et d'où sortait-il d'ailleurs, il ne pouvait pas être un dragon de première ou seconde génération, c'était juste impossible ! Tétanisée devant cette vision terrifiante elle ne pu que sursauter violemment lorsque l'esprit de la dragonne se mit à tonner dans son esprit et certainement dans celui de tout être vivant ayant la malchance de se trouver dans le coin ! La force de l'esprit qui effleurait le sien était telle qu'elle craignait un instant de perdre tout simplement la tête, incapable d'appréhender une telle chose sans devenir folle dans la seconde. Bêtement elle ne pu s'empêcher de se sentir un instant soulagée en s'apercevant que les paroles ne lui étaient pas destinée, ce n'était donc pas elle qui inspirait une telle mauvaise humeur à ce dragon ! Ou plutôt cette dragonne vu la très claire intonation féminine qu'elle entendant dans sa voix mentale tandis qu'elle était occupée à gronder sur... Roëric ! Zut ! Le soulagement s'envola aussitôt lorsqu'elle comprit à quel point son aimé était en danger, un seul coup de croc de la créature et s'en serait terminé de Roëric Alokor ! Dracos... Et Isyndar qui n'était pas tout près... Sans doute était-elle déjà en route pour voler au secours de son dragonnier mais cela n'allait pas les avancer beaucoup au contraire, elle était minuscule face à cette dragonne là, aussi étrange que cela puisse paraître d'ailleurs ! Dracos tout puissant... Comment allaient-ils se sortir de cette situation ? Tremblante, elle ne pu qu'écouter le vampire qui tentait habilement la seule chose possible, la diplomatie. Il se révélait plutôt habile pour caresser la créature dans le sens des écailles mais cela suffirait-il ? Mélusine n'en était pas entièrement convaincue.

"Entanché... Heu.. .Enchanté..." balbutia-t-elle lorsque Roëric la présenta

Etrange situation que celle-ci, mais elle voyait mal quoi faire d'autre que de tout faire pour calmer l'ire de la créature et cela passait par le dialogue.. Dracos faites qu'elle soit bavarde.. Il fallait qu'elle soit bavarde... Mélusine n'avait absolument aucune envie de terminer sa vie dans l'estomac d'une dragonne aussi magnifique soit-elle, et le fait que Roëric puisse lui tenir compagnie ne suffirait certainement pas à la consoler. Elle ne savait pas trop si l'ancestrale allait daigner répondre à la question de Roëric mais il allait bien falloir qu'elle fasse elle aussi quelque chose de son côté pour essayer de faire baisser la tension, et de leur sauver la vie et la non vie au passage. C'est donc d'une voix claire bien qu'un peu plus aigüe que d'habitude qu'elle osa s'exprimer :

"Il dit vrai, je suis à ses côtés depuis longtemps et il n'a jamais essayé de faire de moi son diner... Enfin.. Je veux dire... Une fois... Mais heu, j'étais... Disons... Consentante."

Rouge, elle tenta un demi sourire d'excuse en direction de sa gigantesque interlocutrice et se passa distraitement la main dans les cheveux :

"Nous ignorions que ce territoire était le votre, est-ce que... Vous voulez peut-être que nous partions ? Nous ne voulons pas vous... Déranger..."

Et bien quoi ? Cela valait le coup d'essayer non ? Après tout Roëric n'était pas ce Lorenz qu'elle semblait chercher, et d'ailleurs pourquoi cherchait-elle le dirigeant des vampires ? Mélusine se posa la question une seconde mais conclue très vite que cela n'était pas la chose la plus importante à l'heure actuelle, elle souhaitait bien du courage à Wintel lorsqu'il se retrouverait nez à nez avec cet ennemi là et n'aspirait de son côté qu'à une chose, mettre le plus de distance possible entre elles ! Et avec Roëric bien entendu, elle ne tenait pas spécialement à le perdre déjà et de telle façon et elle n'était pas la seule apparemment... Un nouvel accès de terreur la prit lorsqu'elle vit Isyndar qui s'approchait à toute allure, aussi grande qu'elle ai pu lui sembler elle était en fait minuscule face à celle-ci ! Une terrible appréhension s'empara d'elle, la poussant à aggriper le bras de Roëric dans un murmure :

"Elle n'a aucune chance si celle-ci décide de lui faire du mal, fais quelque chose !"

Quoi ? Cela c'était une question très intéressante, mais elle n'avait malheureusement pas la réponse...

Et voilà, encore une fois Isyndar volait, ailes battantes, le palpitant au bord des lèvres et l'urgence aux écailles.
Il fallait dire qu'elle avait touché le pompom avec son dragonnier. Il avait le don ou bien la malchance de toujours se retrouver dans des situations assez incongrues et surtout bien dangereuses.
Un dragon cette fois. C'est vrai que après la maladie, une bataille, des vampires, l'armée humains, un dragon manquait. La petite dragonne le soupçonnait d'avoir une liste sur les cinquante façon de se faire sauver par un dragon et qu'au fur et à mesure des événements, Roëric cochait là où Isyndar arrivait à le sauver.

Elle ne pouvait s’empêcher de penser : comment avait-il fait jusque là ? Avant leur rencontre ? Pour rester en vie ? On disait que les chats avaient neuf vies et bien ce n'était rien à côté de son lié. Mais au fond n'était-ce pas pour cela qu'elle l'avait choisis ? Non pas pour lui apporter stabilité et calme, compagnie et sagesse, mais qu'il lui apporte une vie riche en rebondissement. Certes un peu trop et même si la dragonne avait toujours le bon rôle de la sauveuse et pas de la prisonnière, le stress de ne pas arriver à tant finirait par lui donner des écailles blanches très jeune.

Et c'était toujours quand elle n'était pas là que le pire arrivait. Voilà ce que s'était de la mettre de côté pour aller compter fleurette à sa louve humaine. Isyndar voyait cette relation d'un mauvais œil, même si elle aimait beaucoup cette Melusine et la bonne influence (si si ) qu'elle pouvait ou pourrait avoir sur son lié. Mais Isyndar voyait les mauvais côtés. Sa fragilité, sa mortalité, son caractère. Ça mis en face de son lié ne donnerait au final que souffrance pour l'un ou l'autre. Et Isyndar ne supporterait pas de voir son vampire souffrir de quelconque façon et encore moins à se mettre en danger comma face au vampire de glace. Et même si elle n'était plus la petite dragonne frêle d'autrefois (enfin de y'a quelques mois), le souvenir de son sentiment de fureur, de peur parcouraient encore les écailles de la liée.

Tout comme là. Non mais dans quelle galère !!!! Et voilà, elle avait dû laisser son repas filé. Heureusement que protectrice, la petite dragonne de l'ombre avait décidé de garder un espace restreint entre elle et son lié. Bon, il ne le savait pas vraiment, mais qu'importe, il râlerait, ça prouverait qu'il est en vie. Elle anticipait.

S'approchant du lieux de la naissance de Roëric, Isyndar vit une haute ombre se détacher de la nature environnante. A ce moment, Isyndar ne savait pas de quelle nature était la menace. Elle avait juste perçue un danger auprès de son lié. Rien de plus. Et elle ne fut pas au bout de ses surprises quand peu à peu elle compris que la menace était une dragonne, tout comme elle, avec simplement quelques mètres en plus. La petite liée se posa auprès de son lié, de façon un peu catastrophique mais avec une habilité dont elle faisait souvent preuve.

La petite dragonne regarde impressionné sa semblable. Une dragonne aussi grande ici ?? Les murmures étaient donc vrais. D'autres dragons étaient revenus. Cela l'étonnait comme cela lui semblait logique. Un détail sut et intégrer dans son esprit sans le savoir.
La dragonne était massive et pouvait écraser Isyndar comme un simple moucheron qui la gênerait.

Isyndar mit un temps avant de parler. Comment on s'adressait à un dragon plus vieux que soit ? Car même si son lié était en danger, être face à un des siens, de cet âge, de cette taille... Il y avait des priorités.

*Ne fait et dit rien Roëric.*

La petite grise se risqua, en s'avançant devant son lié :

« - Mère dragonne, c'est un honneur et une chance pour moi de voir votre route croiser celle de mon lié et de notre amie en ces terres."

Aux premiers mots du vampire, l'immense créature se tendit, ailes formant deux éventails gigantesques. Mais les mots lui plurent, comme tout les dragons, elle avait en effet un ego développé, et un titre aussi agréable à l'oreille était une bonne façon de gagner un brin de son attention, si non d'estime. Être doté d'une langue plaisante n'était pas gageure de l'estime de quelqu'un et n'avait pas à l'être. En revanche, qu'il ose lui adresser la parole, cela était digne d'un minimum de respect quand on pensait qu'elle aurait put achever sa vie d'une avancée supplémentaire du museau. Aussi, pour saluer cette maîtrise de lui-même, elle écouta jusqu'au bout ce qu'il comptait lui dire, curieuse de voir comment ce vampire allait s'expliquer... Ainsi ce n'était pas Lorenz Wintel ? Moui... vu de près, ils ne se ressemblaient guère. Elle s'était laissée porter par l'enthousiasme. Le pauvre sang froid avait dû avoir une belle frayeur par sa faute.... Oh tant pis, les dragons n'étaient pas questionnés. Si non elle le goberait. Silencieuse, alors qu'elle l'examinait de toute l'intensité de son esprit et de ses yeux pour découvrir davantage, mais l'humaine l'empêcha d'aller plus loin.

La dragonne décala son museau corné vers elle pour la soumettre à la même inspection minutieuse, plus douce avec cette créature là qu'avec le vampire, bien que convaincu qu'elle lui disait là la vérité, aussi surprenant que cela sembla. Ainsi, il y avait d'autres êtres capables de s'entendre avec les vampires sans passer par les armes ? Voilà qui était singulier, mais plaisant à entendre... Elle avait cru Merithyn unique en son genre, mais de toute évidence, cette jeune humaine avait aussi l'esprit ouvert. C'était bien... Bien mieux que de devoir manger un vampire pour avoir outrepassé les limites de son territoire. Les vampires avaient mauvais goûts, un goût de décomposition. Ça donnait des maux d'estomac, et restait sur la langue pendant un mois complet... même après tout ce temps, elle s'en rappelait. C'était de ces choses désagréables dont on se souvenait forcément, comme du goûts des armures. Elle souffla par les naseaux, entourant l'humaine qui se nommait Mélusine d'une vapeur chaude, alors qu'elle s'avançait encore un peu, dans l'intention de goûter son odeur corporelle pour s'assurer d'un détail... mais une boule d'écailles grises l'en empêcha. Surgissant près du vampire, et attirant son attention une nouvelle fois. Skade regarda la jeune dragonne, et, instantanément, elle se sentit fondre.

Si elle n'aimait pas les mortels, elle ne pouvait, mère dragonne qu'elle était, rester insensible devant un petit d'écailles comme celle-là. Elle avait déjà vu Atalos, cette petite chose était la seconde jeune qu'elle voyait, et la première femelle. Une femelle ! L'avenir de leur race ! Ainsi, la magie dragonique qu'elle avait sentit était le lien d'un dragonnier et de son dragon , Voilà qui expliquait tout. Elle était si mince, si frêle... encore plus que le doré. Comme une petite ombre. Et elle avait de belles écailles mi grises mi argentées. Un spécimen appréciable. Mais qui resterait délicate. L'ancestrale était ravie qu'une telle rencontre ai lieu, aussi surprenante soit-elle. Allongeant le cou, aux mots que la jeune dragonne lui adressa, elle vint poser son museau contre le sien avec une douceur immense, l'entourant de son esprit avec tendresse et lenteur, afin de ne pas l'effaroucher ou la blesser. La chape de son être n'était qu'émerveillement à l'égard de cette jeune éclose, et affection chaleureuse. Isyndar avait beau ne pas être sa petite à elle, éclose de son œuf à elle, elle restait une petite de son peuple, et elle, matriarche, devait la protéger et la couver. ° Et c'est une joie immense pour moi te te voir enfin, Isyndar. J'attendais avec impatience de rencontrer d'autres petits d'Armanda. ° Un son vibrant vint faire trembler son poitrail et son cou, alors qu'elle clignait des immenses yeux... elle ronronnait tendrement ° Tu es si belle, petite d'écaille. Une digne jeune dragonne. ° La gratifiant d'un souffle enveloppant à son tour, elle pressa avec une délicatesse surprenante pour un monstre de sa taille, contre les ailes de la jeune grise, avant de se tourner de nouveau vers les deux bipèdes qu'elle avait occulté en voyant la dragonne. Les jaugeant à nouveau, calmée par l'apparition de la boule d'écailles..

< Ainsi c'est ton dragonnier ? Il a la langue plaisante pour les flatteries. C'est toi qui lui a enseignée ? > Le ton était taquin, malgré les accents sauvages de sa voix mentale. Elle fit onduler son immense queue pour se redresser légèrement < Si tu m'avais manqué de respect vampire je t'aurais gobé tout rond, aussi détestable que cela soit. Mais il semble que ce soit moi qui me soit laissée emportée > C'était le plus proche d'une forme d'excuse qu'elle lui offrirait, et uniquement parce qu'il était dragonnier, malgré ce qu'elle pensait des dragons de compagnie.

< Mon nom est Skade. Longtemps absente d'Armanda, et de retour à présent. Je recherche un vampire qui se fait appelé Lorenz Wintel. Il a quelque chose qui m'appartient. Mais puisque tu n'est pas lui cela n'a pas d'importance en l'instant > Elle les toisa d'un regard emplit de curiosité < Est-ce vrai vampire Roëric? Tu t'accouples avec cette humaine ? Je pensais qu'il n'existait qu'une seule union de cette sorte et depuis longtemps révolue, depuis mon départ de ces terres à dire vrai. Est-ce devenu chose si courante? >

Visiblement il avait la vie sauve… Pour l’instant. La dragonne avait suspendue son exécution le temps de l’écouter, ce qui relevait déjà du miracle. Comme quoi, le Dracos servait à quelque chose de temps à autre. Elle l’examina, et il dût prendre sur lui pour éviter de mordre, la peur prenant le dessus. Il ne sût pas si Lorenz Wintel n’était qu’une excuse ou s’il elle avait réellement cru que le Prince des Armées Vampiriques, quitterait son camp, seul, avec une humaine pour toute compagnie…

Quant à la ressemblance physique on pouvait aussi en reparler, mais là encore, mieux valait passer à autre chose. Inutile d’espérer des excuses ou ne serait-ce qu’un signe de contrition de la part d’une dragonne aussi gigantesque que majestueuse. Visiblement, elle se prenait pour la Reine du Monde, et elle avait peut-être raison.

Après lui, passa Mélusine, qui avait eu le courage –ou la folie- de prendre son parti. Vu l’inspection toute aussi minutieuse dont elle fut sujet, elle aurait mieux fait de se taire et de se faire toute petite. Mais Roëric lui en était reconnaissant. Nul doute que son témoignage avait compté. Sinon il ne serait de toute manière plus là pour s’en plaindre et Isyndar, non plus.

Ironie du sort.

Et quand on parle du loup, sa liée accourait à leur secours, apparemment persuadée qu’ils étaient fichus sans son intervention.

« On s’en sortait très bien sans toi… », ironisa-t-il dans l’esprit de sa dragonne tout en lui envoyant une bouffée d’affection.

Le vampire profita que la créature ôte son fichu museau de lui pour s’asseoir, sans même prendre la peine de se relever. Tout à coup, il se sentait épuisé. Probablement l’adrénaline qui retombait déjà. Mélusine à ses côtés, ils assistaient à une étrange parade entre deux dragons : l’un immense, et l’autre eh bien… disons… plus modeste.

Le Maître-Lame laissa les moqueries passer sur lui sans rien y ajouter. Cela lui coûtait, mais il ne servait à rien de répondre à une telle créature. D’autant plus si la réponse était toute aussi… taquine.

"Non ! Sans blague", pensa-t-il par devers lui, dans cette zone de son cerveau qui n’appartenait encore qu’à lui seul.

Des excuses qui n’en méritaient même pas le nom, mais visiblement il valait mieux ne s’attendre à rien d’autre…

Eh bien, cherchez entre deux et six milles vampires… Il sera au milieu.

Quoi ? Oui, bon, il ironisait un peu, mais rien de bien méchant.

Courant ? Ça dépend de ce qu’on entend par là, j’imagine. Dans les années 20, mon pote Marcus avait ouvert une auberge assez spéciale pour les demoiselles insatisfaites… Mais c’est une autre histoire.

Qu’il ne valait mieux pas aborder en présence de la louve.

Il y en a. Parfois ça finit bien, parfois ça finit mal. Comme toute chose.

Il restait volontairement vague, d’abord parce que cela ne la regardait pas, ensuite, parce qu’il ne savait pas trop ce qu’il pouvait dire et ne pas dire en présence de Mélusine. Sans compter que les dragons avaient apparemment une manière très crue d’en discuter.

Elle n'avait pu s'empêcher de décocher un regard réprobateur à Roëric lorsqu'il s'était permis d'ironiser sur le probable position géographique de Wintel, ce n'était franchement pas le moment de plaisanter ! A moins que les dragons aient le sens de l'humour ? Qu'en savait-elle en réalité ? Elle ne connaissait qu'Isyndar et celle ci était encore très souvent un véritable mystère pour elle, ce qui était légitime d'ailleurs, elle n'était pas dragonnière et certainement pas une spécialiste de ces créatures. Roëric savait sans doute mieux qu'elle ce qu'il faisait... Quoique... Même si par hasard Isyndar devait avoir le sens de l'humour qu'est-ce qui lui prouvait que cette gigantesque chose devait l'avoir aussi ? Dracos.. Elle s'égarait décidément. L'arrivée d'Isyndar était donc tombée à point nommé pour la dépêtrer de ses pensées et la plonger dans une inquiétude tout autre, pourvu qu'elle ne se fasse pas dévorer !

Ses inquiétudes étaient vaines apparemment. Les yeux écarquillés elle assista à la rencontre entre les deux créatures sans vraiment comprendre ce qui se déroulait sous ses yeux. Plus tard elle s'apercevrait peut-être du privilège unique qui lui avait été accordé et qui lui avait permis d'assister à une telle scène mais sur le coup elle n'était que pure inquiétude et incompréhension. Son bras se crispa à nouveau sur Roëric et elle voulu lui demander ce que les deux créatures se disaient mais elle n'osa pas parler, elle avait beau ne pas tout comprendre elle était consciente que le son de sa voix pourrait briser l'harmonie de ce moment et elle n'y tenait pas. La grande dragonne n'avait pas attaqué la plus petite, en fait elle... Ronronnait ? Alors là pour le coup Mélusine en resta bouche-bée. Un dragon pouvait ronronner ? Et bien ça... Elle serait bien resté des heures à s'ébahir ainsi mais la dragonne inconnue se détachait enfin d'Isyndar pour se tourner vers eux, la voleuse ne savait plus trop que penser à son sujet. Devait-elle voir sa dernière heure venue ou bien s'attendre à ce qu'on lui ronronne dessus ? Pour tout dire les deux idées l'inquiétaient tout autant... A nouveau les pensées de la dragonne résonnèrent dans sa tête, elle s'adressait encore à Isyndar mais leur échange pouvait être entendu d'elle et de Roëric, et il était moqueur... Furtivement elle observa le dragonnier qui restait de marbre face à cette taquinerie, sans doute était-il habitué à ce genre de chose.. Etre lié à un dragon était décidément très étrange ! La créature s'intéressait à présent à ce qui les liaient (sans doute était-ce aussi étrange à ses yeux que le lien dragon/dragonnier !) et elle ne pu que tourner un regard de total incompréhension vers Roëric. Mais qu'est-ce qu'il racontait avec son histoire de marcus ? Avait-il perdu la tête ? Elle préféra ne pas chercher plus loin et s'intéresser plutôt à ce que disait l'ancestrale

"Pardonnez moi dragonne, mais vous parlez de départ... Vous voulez dire... Vous parlez de cet âge où les dragons ont quitté ces terres ? Vous étiez... L'un d'eux ?"

Elle n'arrivait pas à imaginer qu'elle avait devant elle l'un de ces antiques dragons que les trois peuples Armandéens avaient cru disparu. Si c'était bien le cas alors la révélation était fracassante ! Les anciens dragons étaient donc encore de ce monde ? Ils vivaient quelque part loin d'Armanda ? Et ils avaient la possibilité de revenir ? Elle n'osait imaginer les implications que cela pourrait avoir, le regain de la magie et peut-être une avancée pour les peuples qui avaient bien besoin de l'aide et de la sagesse des ancestraux pour les guider. Mais bien sur si ils avaient quitté ces terres ce n'était pas pour rien et rien qu'à voir les guerres qui la secouait encore la dragonne devait bien deviner que les Armandéens ne s'étaient pas amendés... Malgré tout elle était revenue, et elle ne semblait pas avoir l'intention de repartir... C'était encourageant, bien qu'étonnant... Pourquoi avait-elle fait ce choix, était-elle seule ? Des milliers de questions se bousculaient dans l'esprit de la voleuse mais elle n'osait pas la poser, ne sachant comment s'adresser à une telle créature et craignant à tout moment de la froisser par maladresse. Elle préféra donc poser une question moins dangereuse mais tout aussi intéressante :

"Cette union dont vous parlez, a-t-elle eu une fin heureuse ?"

Elle n'était pas certaine de vouloir savoir la réponse, en réalité elle était presque sure que celle-ci lui déplairait. Mais la curiosité humaine était ce qu'elle était, elle voulait la vérité tout en sachant qu'elle risquait de s'y brûler. Résolu, son regard se planta dans celui de la créature...

Isyndar en avait presque le tournis à regarder de tout son long la mère dragonne postée devant elle. Est-ce qu'un jour, elle aussi deviendrait aussi grande ??? La petite grise ne l'espérait pas. Vivant dans la discrétion absolue avec son lié, là il faudrait revenir pour pouvoir se cacher tranquillement dans la foret. Le trou en son centre serait leur cache et il serait bien facile de les retrouver. Devraient-ils partir vers les montagnes se cacher ??? En même temps ni l'un ni l'autre ne craignait le froid. Ce serait là un bien maigre consolation, car la louve, elle, gèlerait sur place et le seul souffle de la dragonne n'aiderait pas à la réchauffer... ou si, mais trop fort. Et Isyndar sentait bien que son dragonnier n'était pas près à lâcher son humaine aussi facilement. Du moins pas éternellement, le temps trop court de la jeune femme par rapport à leurs deux vies. Sa chance serait là, de ne pas grandir trop vite avant la mort de la jeune femme.

Mais pour le moment la dragonne avait bien d'autres considérations. Notamment, le fait de se retrouver contre une mère dragonne. Peut-être avait-elle connue la sienne ?? Savait-elle ce qu'elle était devenue ?? Y avait-il un espoir qu'elle et sa génération ne soient pas les seuls avec le dragon noir ??? La présence de la dragonne et son souffle chaud lui apportèrent en un seul instant un regard nouveau sur son avenir.

Isyndar regarda de biais son lié. C'est vrai qu'il avait la langue bien pendu et le prouvait encore en ces instants en se tentant à un humour déplorable face à la mère dragonne. Mais bon, elle ne referait pas le vampire. Plus maintenant. Et à vrai dire, la petite grise en avait pris l'habitude.

« - Non, je ne lui ai pas appris ce genre de chose. Je ne pense pas pouvoir encore me permettre de lui inculquer quelconques manières, peut être avec le temps. Mais il a en lui une qualité qui prévaut toutes les flatteries et autres jeux de mots de son cru. »

La dragonne de l'ombre s'arrêta là, peut être en avait-elle trop dit sur son lié ? En tout cas, elle laissa ce dernier entendre aussi ses paroles.

Elle préféra s'attarder sur le nom de Wintel, et demander avec délicatesse.

« - Si ce vampire a quelque chose à vous, il fera tout pour se l'approprier plus encore. Mon lié et moi même, tout comme notre amie humaine, le fuyons comme la peste. Et mon lié malgré sa nature vampirique n'a pas vraiment les bons soins de ce soit-disant prince, autoproclamé, quand à Melusine sa simple vie est un repas festif et moi, dragonne, je suis maudite à ses yeux. »

Savait-elle pour le dragon blanc ?? Sûrement, cette infamie s'était faites ressentir au cœur d'Armanda.

« - Mais nous ferons tout ce que nous pouvons pour que votre retour sur Armanda soit à la hauteur de votre satisfaction et de vos attentes. Le retour d'une des nôtres, d'une mère dragonne vaut bien mieux que toutes les fuites face à ce vampire maudit. »

Isyndar lança un regard à son lié pour avoir son soutien. C'était important, primordiale pour elle de pouvoir continuer à côtoyer la grande dragonne. La première dragonne qu'elle rencontrait en toute liberté.

… Qu'est-ce qu'il racontait exactement ce bipède ? Il était tombé sur la tête ou alors il parlait une autre langue ? En tout cas il était un bien curieux spécimen et elle était curieuse de savoir ce qui avait attiré Isyndar chez lui qui semblait à la fois désabusé par le monde et très conscient de certaines vérités. L'aplomb avec lequel il tenait face à elle lui plaisait pour le moins, engageant un mélange d'agacement à voir ce petit mortel lui parler de la sorte, et l'amusement que cela créait inévitablement quand on était témoin d'une scène aussi surréaliste. Cependant la petite dragonne et l'humaine qui se nommait Mélusine la détournèrent un moment de l'étude de ce curieux personnage qu'elle aurait volontiers fait parler davantage pour voir quelle autre choses étranges il pouvait proférer. Ainsi ce n'était pas Insyndar qui l'avait dressé ? Il était comme ça naturellement ? C'était d'autant plus curieux et ça attisait son intérêt et son amusement d'autant. Elle n'avait jamais vu de créature à la langue si bien pendue à part Klaus, mais le mage avait eut une relation des plus spéciales avec Verith qui ne lui avait pas plut du tout. < J'espère bien qu'il a des qualités, pour avoir la chance de t'avoir comme compagne. Que nos petits ne prennent pas des imbéciles pour compagnons me plaît > Elle ne cacha pas non plus ses interrogations, et sa curiosité, à l'égard de ce que pouvaient être ces fameuses qualités.

Prêtant une oreille et un esprit des plus attentifs, elle prit le temps d’acquiescer aux dires de l'humaine avant de répondre à la petite boule d'écailles grises. < Ne t'excuse pas, humaine, de ce que tout un chacun me demande depuis mon retour en ces terres. Oui j'étais l'un de ces dragons, j'ai regardé ce continent se déliter sous la folie des mortels, et j'ai vu mes frères et sœurs d'écailles refuser d'intervenir. Mais j'avais alors d'autres pré occupations que la survie des races éphémères et c'est également ce qui m'a ramener en ces lieux. J'ai éclot en Armanda, j'en suis partie, et je suis revenue pour l'oeuf que j'ai laissé en ces terres, pour mon fils Cymbor. Et c'est ce que ce vampire-qui-se-dit prince me doit. La dette de sang qu'il a contracté en tuant mon fils. Qu'il considère les dragons comme maudit, mais lui l'est plus encore et mes crocs auront un jour raison de lui, car je ne pardonnerais jamais son crime >

Elle se tue un instant, et un grondement pareil à celui d'un orage violent vibrant dans son poitrail comme le ronronnement affectueux qu'elle avait eut précédemment envers Isyndar. La simple mention de la mort de Cymbor la faisait entrer dans une colère noire et malvenue. Elle laboura le sol de ses griffes et secoua le museau, créant un déplacement d'air à décorner un bœuf.

< J'ai cessé d'attendre des Armandéens Isyndar. Voir qu'ils n'ont guère appris de leurs erreurs me désole, mais il est hors de question que je reparte ou que je les laisse à leurs folie homicide. J'ai déjà parlé avec un autre couple de liés, peut-être les connaissez vous ? Atalos d'or et Amyelenor. Un humain au service du chef-humain. Je n'aime pas beaucoup cette engeance non plus, mais Atalos est un digne dragon et il a un bon lié. Je leurs ai promis de l'aide dans leurs guerre contre ce Wintel, et je compte bien tenir cette promesse même si c'est l'ultime chose que je devrais offrir à cette terre. Toutefois, savoir que nos petits d'écailles grandissent et ont trouvés des bipèdes de compagnie à leurs goût m’emplis de joie. Je serais ravis de partager davantage de mon temps avec toi, petite Isyndar, car j'aimerais en apprendre plus sur toi et tes pairs de couvée >

Frottant un peu du museau la petite boule grise pour la réconforter, elle se tourna vers Mélusine et sa question restée en suspend. Avec beaucoup de délicatesse elle lui fit parvenir une seule image, identique à celle qu'elle avait montrée à Atalos. Merithyn Tisserêve et Isillwyra Ellessa, cote à cote, tenant chacun un œuf, rouge pour l'elfe et blanc pour la vampiresse. Soufflant doucement sur l'humaine, elle répondit avec une grande douceur, qui contrastait avec le reste de sa personne autant que son entrée tapageuse. < Il est mort en sauvant l'oeuf rouge des mains d'un vampire. Mais je recherche toujours sa compagne, gardienne de mon œuf blanc, car si Cymbor a éclot, elle l'a alors veillé toutes ces années durant. Ils étaient heureux ensemble, jusqu'à sa mort. Ça ne s'est pas finit là pour autant. On conserve toujours l'affection que l'on éprouve pour ceux qui partent, si cette affection est véritable. Ils sont tout deux inatteignable pour moi, mais je conserve toujours leurs souvenirs, et leurs affection continue de vivre par ce qu'elle a rendu possible >

Un regard vers le vampire Roeric, tandis qu'elle reprenait < Tu crains la fin de votre union ? >

Tiens donc, il n’intéressait plus personne. C’aurait été reposant si ce n’était pas aussi vexant. On le malmenait, on manquait de détruire sa maison (qui était déjà mal en point) et voilà qu’on ne prenait même pas la peine de réagir à ses piques. Il ne s’attendait certes pas à des éclats de rire, mais au moins à de l’exaspération ou de l’indignation. Voir même à un nouveau coup de museau. Mais non, rien.

Roëric se voyait catalogué au rang des enfants boudeurs, qui valaient mieux laisser dans leur coin pendant que les adultes discutaient de lui. De cette manière franchement agaçante : comme s’il n’était pas là.

Voilà, il avait faim maintenant. Quand il n’était pas occupé, elle finissait toujours par revenir, par s’imposer à lui. La Soif. Cette éternelle compagne. Au moins une qui s’intéressait à lui. Ce n’était plus le cas de la louve qui ne voyait désormais que la nouvelle venue, et ce rendez-vous qui devait servir à mieux à se connaître se transformait en fiasco. A sa décharge, on pouvait difficilement prévoir l’arrivée d’un Antique Dragon.

Le vampire se releva, tout en écoutant les filles d’une oreille distraite. Il dépoussiéra ses vêtements et se frotta les cheveux, se faisant l’effet de l’un de ces morts-vivants sortant du tombeau pour kidnapper le prince et attaquer la princesse… ou l’inverse, il ne savait plus trop. Ces contes n’avaient jamais vraiment eut leur place dans son enfance.

La dragonne voulait la vengeance. Comme tout un chacun finalement. A ceci près qu’elle avait les moyens de la mettre en œuvre. Des moyens considérables ceci dit, même pour quelqu’un d’aussi débrouillard que le Prince des vampires. La remarque d’Isyndar à ce sujet était d’ailleurs amusante. Certes il s’était autoproclamé, mais ce n’était pas forcément une mauvaise chose chez les sangs-froids. Au contraire, dans ce monde d’ombre et de sang : si tu souhaitais quelque chose, il fallait le prendre. Et par la force, le plus souvent.

Il tituba face à la colère du monstre… pardon de la dragonne (quoi ? elle était vraiment énorme !), mieux valait ne plus jamais mentionner la mort de ce dragon devant elle. Il l’aurait volontiers suggérer mentalement à sa liée, mais quelque chose lui disait qu’elle avait déjà compris le message. Ils l’avaient tous compris.

"Elle s’est donc alliée aux humains. Ou plutôt, les humains se sont ralliés à elle. C’est ennuyeux."

Tant qu’elle demeurait électron libre, il n’y avait pas plus à craindre de Skade que d’un ouragan. Une catastrophe naturelle, qu’il fallait juste endurer avant que ça n’aille mieux. Néanmoins les humains n’avaient pas pour simple but de tuer Lorenz Wintel. Pour avoir vu et participé à des guerres, Roëric savait que les vainqueurs ne pardonnaient pas aux vaincus.

Ils les exterminaient.

Ce qui posait problème lorsqu’on avait une immense dragonne de son côté. Enfin bref, il tenait suffisamment à son espèce pour ne pas avoir envie de la voir s’éteindre. Ou se retrouver à nouveau sous terre. Sa liée n’apprécierait surement pas ce style de vie. Sans compter qu'il préférait avoir des centaines de frères et sœurs sociopathes plutôt que pas de famille du tout.

La question de Skade le prit au dépourvu. Le Maître-Lame n’avait pas prévu de redevenir le centre de l’attention et surtout il ne savait guère comment répondre à pareille interrogation. Quoique porté sur l’introspection, il ne s’était jamais posé la question. Enfin si, mais il préférait ne pas y penser. Mieux valait vivre à fond l’instant présent que de penser sans cesse à un futur si... incertain.

A contrecœur, il hocha la tête.

C’est une émotion désagréable, que je pensais avoir perdu. Les êtres vivants craignent toute fin, mais mourir à tendance à relativiser cette peur pourtant primale. Les choses que l’on aime retourne à la poussière tandis que l’on demeure. On devrait s’y habituer, pour survivre, mais on ne peut pas.

Il posa son regard gris sur la bâtisse, les sourcils froncés, perdu dans des pensées qu’il préférait d’habitude enfermer dans un coin perdu de son esprit bicentenaire.

Inquiétant ce grondement... Elle regretta soudain d'avoir parlé et en quelque sorte provoqué la colère de la dragonne, d'un autre côté elle la comprenait car ayant été mère elle même bien que cela n'ai duré que quelques secondes elle savait à quel point l'instinct maternel pouvait s'avérer dangereux pour ceux qui s'y frottait et qu'importait la race de la mère en question. Elle ne pu que se figer avec une certaine inquiétude quand l'attention de la dragonne se porta à nouveau vers elle. Bon d'accord c'était elle qui avait posé une question mais ce n'était pas rassurant pour autant... Toutefois à sa grande surprise la sensation que lui offrait sa gigantesque interlocutrice à travers leur échange d'esprit à esprit n'était que douceur, étonnant ce contraste... Perplexe, elle analysa l'image qui venait de lui parvenir sans trop savoir ce qu'elle devait en penser. Elle se doutait bien que son union avec Roëric avait forcément eu un voir plusieurs précédents, mais le voir là pour de bon c'était autre chose. Profondément troublée, elle analysa longuement ce que la dragonne venait de lui dire, la mort... Elle finissait toujours par avoir le dernier mort n'est-ce pas ? Qu'elle soit naturelle ou non elle finissait par séparer les couples et elle n'aurait pas plus de pitié envers elle et Roëric, y penser était pour le moins décourageant.

< Tu crains la fin de votre union ? >

La question de la dragonne la troubla plus encore et il lui fallu quelques secondes pour comprendre qu'elle ne lui était pas destinée. Elle accorda un regard furtif à ce vampire qu'elle aimait depuis le premier instant sans s'être jamais posé la moindre question au sujet de son immortalité, et de sa mortalité à elle surtout. Elle n'aimait pas se projeter trop loin et ce n'était d'ailleurs pas le propre de l'humain que d'aller rêver à sa propre mort mais si elle voulait continuer une telle idylle elle n'aurait d'autre choix que d'y réfléchir. Roëric y avait-il réfléchit de son côté ? Comment pouvait-elle croire qu'elle pouvait avoir la moindre importance à ses yeux alors qu'elle n'était en réalité qu'une goutte d'eau furtive dans son immortalité ? Comment comptait-il gérer ceci sinon en l'oubliant après sa mort ou même avant ? A moins qu'il n'ai eu tout simplement l'intention de la transformer... Pour la première fois depuis le début de leur relation elle s'accorda une réflexion profonde sur ce sujet mais n'en fut pas beaucoup plus avancé. Tout son côté humain se rebellait à l'idée d'un tel sacrifice tandis que son coeur, lui, hurlait au blasphème à la simple évocation d'une possible séparation d'avec son vampire. Dracos... Comment allait-elle vivre avec de telles contradictions ? Ce n'est qu'en entendant la réponse de Roëric qu'elle se reconcentra sur l'instant présent. Tout ceci n'avait pas la moindre importance face à l'amour qu'ils ressentaient l'un pour l'autre, ils trouveraient une solution, il le fallait.

Sans un mot, elle chassa la souffrance et la tension qui assombrissait ses yeux et s'empara de la main du dragonnier. Croisant son regard, elle lui sourit avec autant de confiance qu'elle était capable de rassembler, personne ne lui avait encore marché sur les pieds et ce n'était pas une petite entité comme l'esprit de la mort qui allait commencer n'est-ce pas ? Les esprits supérieurs pourraient aussi bien tous s'allier pour briser le couple improbable qu'ils formaient que Mélusine s'y opposerait encore de toute la force de sa volonté, et ce n'était pas peu dire. Décidée à ne plus y penser pour le moment elle préféra se concentrer sur autre chose :

"Cymbor... C'est donc ce dragon que Wintel a tué... J'avais entendu les rumeurs bien sur, mais j'avais du mal à y croire. Je suis... Je suis navrée pour vous Skade. Vous avez dû beaucoup souffrir d'avoir laissé votre fils en arrière lors de votre départ et apprendre ensuite qu'il n'a pas survécu... Pire encore, qu'il a été tué.. Je sais... Je n'ignore pas ce que cela fait que de perdre un enfant"

Les mots s'étaient bousculés dans sa bouche sans qu'elle ne puisse les arrêter et elle s'aperçu trop tard des implications de ce qu'elle venait de dire. Roëric allait certainement en rester abasourdi, mais elle avait ressenti le besoin de faire comprendre à la créature qu'elle ressentait sa douleur même si la sienne avait été différente. D'une voix douce qui ne lui ressemblait pas vraiment elle reprit :

"Je ne sais pas où se trouve le prince des vampires et j'ignore tout de cette Isillwyra Ellessa mais si j'ai la moindre occasion de vous aider dragonne, je n'y manquerai pas. Soyez en sure."

La petite grise appréciait la douceur de la peau de la mère dragonne contre la sienne. Un signe affectueux qu'elle n'avait jamais reçu. Un manque affectif qu'elle n'avait jamais soupçonné, et pourtant, son cœur se rempli d'une chaleur folle.

Isyndar se retourna pour regarder son lié en coin et d'un regard lui dire de se tenir devant une des siennes. Elle n'avait pas fait la mariole devant Kyllian quand elle l'avait rencontré. Bien au contraire, la petite dragonne lui avait sauvé la vie. Puis Isyndar n'avait jamais pu converser ainsi avec une des siennes et encore moins avec un mère dragonne, une qui détenait l'histoire de son peuple. Alors si son vampire passait pour un rigolo de foire humaine, la petite dragonne aurait l'air de quoi aux yeux d'un ancêtre.

Isyndar ne s'adressa que à la grande dragonne, il ne valait mieux pas qu'il entende. Fierté de dragon.

« - Peut être qu'on ne le voit pas comme ça, mais oui c'est un lié de qualité, aux idées et aux mœurs qui me font dire que mon cœur a bien choisi. Il a sa place auprès des nôtres. Même si là, on ne le remarque pas forcément. »

Mais bon, la maladresse et le ton parfois bourru de son lié faisaient aussi parties de sa personnalité. Et donc du choix de la dragonne.

La petite grise écouta avec attention la mère dragonne et ne put que lui lancer une sorte de ronronnement de tristesse quand elle évoqua la mort de son fils. Elle ne pouvait que comprendre sa haine envers le meurtrier de son défunt enfant. L'écaillée ne connaissait pas le dragon blanc, mais sa mort l'avait touché au plus profond de son être.

« -Mère dragonne, si je puis vous être utile en quoique se soit, pour vous guider sur le chemin de cet assassin de dragon. Je ne tolérerai pas qu'un bipède, même dentu comme mon lié, se permette d'entraver un des miens, aussi petite que je suis. Mais je ne connais pas mes frères d’œufs. Je n'ai rencontrer qu'une écaillée des neiges, liée aussi à un vampire qui m'a sauvé la vie, ainsi que celle de mon lié. Il est cependant auprès de ce vampire de malheur. Mais je ne pense pas que son fond soit noir comme celui de l'assassin de votre fils. Mais si le lié d'or lutte contre avec son lié contre ce Wintel, alors s'il faut les aider, nous serons à leurs côtés. »

La dragonne regarda son lié, comme pour avoir une confirmation. A leur faible niveau, ils aideraient la grande dragonne. Après tout, même s'ils s'échappaient de cette vie vampirique, celle-ci ne cessait de les rattraper, alors autant servir à quelque chose.

C'était bien, de l'entendre parler ainsi. Savoir que les petits d'écailles et leurs liés feraient front commun était une bonne chose, en espérant qu'effectivement ils mettent de coté les différences raciales. Atalos avait eut l'air extrêmement virulent contre les vampires, sans qu'elle ai l'occasion de lui demander réellement et profondément pourquoi. Elle espérait simplement que, du fait d'Isyndar, il se décide, avec son dragonnier, à faire des concessions, car après tout, quand une petite d'écailles choisissait un bipède pour lié, elle avait de bonnes raisons à cela. Non seulement ça, mais les dragonnes tenant à quelque chose pouvaient devenir extrêmement féroce, elle le savait pour l'avoir été elle-même avec l'oeuf de Cymbor. Il faudrait sans doute un peu de temps et d'efforts pour parvenir à unir les petits face à leur réel ennemi, et ce n'était pas à elle de s'en charger, bien qu'elle puisse conseiller les jeunes dragonnets dans leurs voies. Elle avait ses propres préoccupations.

< Tout ceux qui luttent contre ce tueur devraient s'unir. Pourtant cela ne semble pas être le cas. >

Ce n'était point là un reproche, mais une constatation plate de la vérité. D'autres intérêts venaient se mettre sur la route du talion, lesquels, elle ne savait guère, n'ayant pas vécu ce que ces petits et leurs liés avaient vécus durant les récentes années. Peut-être, dans le cas de Roëric, était-ce les sentiments qu'il entretenait pour Mélusine, qui l’empêchait de se battre, ou peut-être autre chose... Elle avait l'air plus délicate et sensible que la plupart des bas animaux qu'étaient les humains en général, cette Mélusine. En entendant ses paroles, cela transparaissait. Elle, comme le vampire Roëric portait de lourds passés.

< Si l'on ne craignait pas la fin de ce qui nous importe, l'on en perdrait la valeur, même si je conçois comme vous deux que cela reste désagréable de s'angoisser ainsi >

Elle regarda la jeune dragonne, le vampire, et l'humaine. Oui elle aussi avait craint pour certaines choses. Cymbor, Armanda... elle avait craint pour eux, et pour tout ses enfants. Pour ses amis également, et elle craignait d'ailleurs toujours. Elle était revenue pour cela, et aujourd'hui elle avait décidé de rejoindre cette guerre absurde pour cela également. Mais pourtant certaines choses lui échapperait définitivement comme l'avait fait la vie de son chanteur. On ne pouvait rien y faire, mais on chérissait encore la mémoire, et on la faisait vivre. Mais elle était d'autant plus curieuse d'en savoir davantage et finit par reprendre la parole, cherchant l'esprit de Mélusine sans se fermer aux autres toutefois. Il y avait eut quelque chose dans ses paroles qu'elle voulait vérifier.

< J'ai abandonné Cymbor ici sur les encouragements des deux êtres dont tu as vu l'image. Je ne voulais pas, au début, pas après tout ce que j'avais fais pour le retrouver, mais je l'ai fais, pour offrir une chance à ce continent que j'aime tant. Aujourd'hui il est mort et je le pleure en mon cœur, mais ne peut m'apitoyer, il y a trop à faire. > Plus intimement, et pour elle seule, elle ajouta < Tu parles en mère toi aussi, humaine Mélusine. Je te remercie de tes paroles, et de ta proposition... > elle reprit plus haut et pour tous < Mais la proposition vaux également pour vous. Pour vous trois. Je viendrais toujours en aide aux amis des dragons >

hrp : désolé TT j'avais zappé que c'était mon tour :s

*

Oui, on ne pouvait pas. C’était tout bonnement impossible, parce qu’en dépit du prédateur que vos étiez devenu, les émotions, elles, demeuraient. Encore et toujours. On pouvait jouer les impassibles et même enterrer nos ressentis au plus profond de nous-mêmes, cela ne changeait rien. Au final, vampires ou non, vous n’êtes toujours que le pantin de vos émotions. Destiné à vivre de par et à travers elle. A une différence près. Pour les vampires : ce fardeau (ou cette bénédiction) était éternel.

Cette main calleuse le fit émerger de ses sombres pensées. Il l’aimait bien, car elle était forte. On pouvait la serrer sans craindre de lui briser les phalanges ou d’abimer sa manucure. Cela changeait de ces oies blanches qui attirait le regard plus que le cœur. Il vit bien qu’elle était ébranlée. Cela se passait toujours ainsi. L’immortalité avait le donc de mettre un gouffre entre deux personnes. Mais elle souriait tout de même. Confiante.

Il lui sourit en retour.

Pas pour longtemps. Chacun son tour comme dirait l’autre et les révélations de Mélusine, ou plutôt les deux-trois mots lâchés sans que ce ne soit - de toute évidence- son intention, étaient lourds de signification. Néanmoins cela avait le mérite d’expliquer cette souffrance qu’on pouvait parfois lire chez elle, dès lors qu’elle ne montait plus la garde.

Le vampire serra un peu plus fort la main de l’humaine. Par deux fois. Pour indiquer… Quoi ? Il n’en savait trop rien. Après tout, il n’avait jamais perdu d’enfant. A l’exception peut-être de soldats sous ses ordres… Mais la comparaison risquait d’énerver la louve tout comme la dragonne. Et bien que maudite, son existence lui importait encore suffisamment pour ne pas prendre un tel risque.

De cette voix qu’il ne connaissait pas non plus (mais il commençait à croire qu’il ignorait des tas de choses de Mélusine), elle conclut, assurant à la créature son assistance si requise. De son coté, Roëric se garda bien d’en faire de même. Non pas parce qu’il cherchait à se désolidariser des autres, mais il avait déjà fait beaucoup trop de serment. A lui-même et aux autres. Autant de chaînes qui lui pourrissait la vie tout en l’enjolivant.

Drôle de paradoxe.

Mais voilà que sa liée en rajoutait une couche. Encore et toujours des engagements… L’honneur imposait qu’ils soient tenus, c’est pourquoi il fallait faire très attention quand on les prononçait. Il avait beau adorer ces deux êtres : venger le dit Cymbor c’était tuer Lorenz Wintel. Probablement l’un des types les plus puissants du continent. Enfin, râler ne menait nulle part.

Il hocha la tête lorsqu’Isyndar demanda confirmation. Mais dans son esprit, c’était très clair : on aide, d’accord, mais dans la mesure de nos moyens. Prudente par nature, sa dragonne pensait probablement la même chose, louée soit-elle.

Roëric soupira de manière presque imperceptible devant la constatation de la dragonne. L’unité… Il doutait que cela arrive de son vivant (et comme il était mort, c’était un sacré euphémisme) et ne savait même pas s’il avait envie que cela arrive un jour. Car l’unité naît de compromis, lesquels sont faits par les puissants, qui n’ont qu’une très vague idée de la manière dont vivent la majorité des gens.

La valeur. Oui, elle n’avait pas tord. La louve lui était d’autant plus précieuse qu’elle était éphémère. Etrange constat.

En retour ou parce qu’elle l’avait déjà décidé, ou bien par caprice… qu’en savait-il après tout ? Skade leur offrit son aide, si d’aventure il en avait une nuit besoin.

Merci pour cette déclaration Reine-Dragonne…

D’un ton amusé, il envoya en pensée, à Isyndar.

"Tu vois ? Je peux être parfait quand je veux, ma liée. Tes désirs sont pour moi des ordres."

Même si elle ne lui avait pas dit clairement, le vampire avait bien sentit qu’elle n’approuvait pas son manque de savoir-vivre. Il avait pourtant été bien éduqué. Mais que voulez-vous : stupeur et nervosité avaient le chic pour vous mettre dans tous vos états.

HJ : vala ! Je pense qu'il était grand temps de conclure enfin ce rp, si certains veulent poster derrière moi n'hésitez pas mais sinon je pense qu'on peut le considérer comme terminé

Son cœur battait rapidement dans sa poitrine, elle n'avait pas prévu de faire ce genre de révélation à ce moment là et même jamais d'ailleurs mais c'était venu avec un tel naturel qu'elle ne le regrettait pas. Sa seule inquiétude était de savoir comment Roëric allait bien pouvoir réagir, et même Isyndar d'ailleurs. L'abandon de ses enfants était sa plus grande souffrance, sa plus grande honte aussi, elle avait eu ses raisons et elle se fichait en général pas mal de ce que les gens pouvaient en penser mais il ne s'agissait pas de n'importe qui là... Il faudrait sans doute qu'ils aient une explications sérieuse à ce sujet, qu'elle lui explique ce qu'il s'était exactement passé afin qu'il ne se fasse pas une fausse idée de même que sa dragonne. Rien qu'à penser au lot de souffrance qu'allait réveiller ces explications elle soupira.

< Si l'on ne craignait pas la fin de ce qui nous importe, l'on en perdrait la valeur, même si je conçois comme vous deux que cela reste désagréable de s'angoisser ainsi >

Elle hocha la tête devant la sagesse de la dragonne, elle n'avait pas tort à ce sujet, quoi lui répondre ? Elle n'eut pas l'occasion d'y réfléchir car Skade s'adressa ensuite à elle en privé et elle dû réprimer la souffrance qui menaçait de s'afficher sur son visage, comment pourrait-elle seulement un jour oser se considérer comme une mère ? Elle ne pouvait prétendre à ce titre mais elle ne releva pas. Elle préféra sourire à la promesse de la dragonne, avoir un allié de ce poids pourrait s'avérer plus qu'utile ! Bien sur elle n'oserait jamais lui demander son aide pour de petites bricoles mais qui sait, peut-être qu'un jour elle n'aurait qu'à se féliciter de posséder encore un tel atout dans sa manche... Elle la remercia d'un signe de tête et reporta son attention sur le vampire qui après lui avoir rendu son sourire semblait pensif, sans doute au sujet de ce qu'elle venait de révéler.

Il venait de serrer sa main un peu plus fort, par deux fois même... Que voulait-il lui faire passer ? Troublée, elle plongea son regard dans le sien et ce qu'elle pu y lire la rassura. Il ne semblait pas lui en vouloir de cette révélation, et n'avait apparemment pas non plus l'intention de la fuir ou de lui reprocher ce qu'elle avait pu faire. Un poids énorme s'envola de ses épaules même si la perspective de devoir un jour lui raconter ce qu'elle avait vécu et en particulier le traumatisme douloureux et humiliant des prisons Glorienne l'emplissait encore d'inquiétude. Elle rejetta tout cela d'un seul mouvement d'épaule, ce n'était pas le moment d'y penser.

"Merci pour cet échange dragonne, nous sommes honorés d'avoir pu vous rencontrer"

Son murmure se perdit dans l'immensité de l'esprit ancestral mais elle savait que la créature l'avait bien reçu. Apparemment elle voulait être un peu seule avec Isyndar, les deux dragonnes s'étaient en effet éloignés, la laissant seule avec son vampire et libre de lui décocher un petit sourire en coin :

"Eh bien je suis à présent certaine d'une chose, c'est que je n'oublierai pas de sitôt nos premiers rendez vous..."

Et sans lui laisser le temps de répondre ou de s'inquiéter du fait qu'ils ne parvenaient jamais à rester plus de quelques minutes ensembles sans courir de graves dangers, elle lui vola ses lèvres...

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