|
| Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE | |
| Auteur | Message |
---|
| Sujet: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE Dim 4 Aoû 2013 - 19:56 | |
| Le voyage n'avait pas été de tout repos, loin de là mais ce n'était pas vraiment une surprise. Traverser le royaume humain n'avait jamais été une sinécure pour un vampire mais le traverser entièrement d'est en ouest tout en évitant les hordes Alayiennes bien décidé à décimer tout sang-froid qui leur tomberait entre les pattes cela relevait de la folie furieuse ! Quand on plus on savait que la délégation qui tentait d'accomplir cet exploit était constitué des vampires les plus puissants et précieux que pouvait compter leur peuple alors on comprenait aisément que le risque prit pour se rendre à l'invitation des Baptistrels était des plus élevé. D'un autre côté, quel choix avaient-ils ? Si rien n'était fait le continent tomberait entre les mains des Alayiens et la magie disparaîtrait en entrainant avec elle les peuples qui y étaient liés, Lorenz ne pouvait laisser une telle chose arriver.
Pour cette raison donc, il avait laissé l'armée aux mains d'un officier qu'il savait loyal. Il détestait l'idée de s'éloigner ainsi du pouvoir au risque de s'apercevoir qu'il lui avait échappé dès son retour mais il ne pouvait faire autrement et il était après tout capable de reprendre sa place de force si le besoin s'en faisait sentir. Le sang de dragon qui brûlait ses veines avait au moins cela de positif, nul ne pouvait plus s'opposer à lui à présent. Rassuré sur ce point il avait prit la route par un soir brumeux, ou plutôt les chemins puisqu'il fallait éviter de se faire remarquer. Chaque membre de la délégation qu'il soit seigneur vampire ou simple garde s'était vu confier un destrier vampirique, on ne pouvait se permettre de traîner après tout et l'aventure avait commencé ainsi. A chaque crépuscule la vingtaine de vampire démontait le campement soigneusement dissimulé où ils avaient passé la journée et la calvalcade reprenait. Guidés par Ethan et Isendal ils enchaînaient les périodes de trot et de galop tout en effectuant mille détours afin d'éviter les Alayiens qui auraient pu mettre un terme sanglant à leur équipée. Leur trajet en était énormément rallongé mais ils ne pouvaient faire autrement, les rares Alayiens qu'ils avaient véritablement croisés s'étaient révélés particulièrement dangereux même en petits groupes et pas plus tard que la veille il avait dû déployer une grosse quantité de magie pour agir sur l'environnement et ainsi éliminer le groupe qui leur était tombé dessus par un malheureux hasard. Ceci fait ils n'avaient pu que galoper à bride abattu afin de s'éloigner le plus possible du lieu du carnage et de la vengeance Alayienne qui risquait d'en découler. Il était urgent qu'ils terminent leur voyage et se retrouvent en sécurité dans les forêts elfiques, cette idée était pour le moins bizarre mais le fait était qu'ils ne seraient en sureté nul part ailleurs à moins de rebrousser chemin, ce qui était hors de question.
Toute ces pensées tournoyaient dans la tête de l'Ancestral tandis que, perçant le pénombre de la tente, il observait les cartes de l'empire étalées sous ses yeux. La nuit ne tarderait pas à tomber et il pourrait quitter l'abri de cette toile bien plus petite et inconfortable que celle qui l'attendait au sein de son armée. La priorité était la légereté, la vitesse et la discrétion aussi n'était-il pas question de confort ici mais cela ne le dérangeait pas spécialement. Ce qui l'agaçait c'était plutôt le fait d'être obligé de se cacher comme à l'ancien temps, dans ces années pas si lointaine où les vampires se terraient encore, terrifiés par les elfes et les humains. Il s'était battu de toutes ses forces pour changer cela, pourquoi est-ce que tout recommençait ? Cela le mettait en fureur. Et c'était justement ce moment là que deux des gardes de la délégation choisissaient pour venir le déranger...
"Mon Prince ? Pardonnez nous mais... Je crois que ce que nous avons trouvé pourrait vous intéresser..."
Il voyait mal ce qui pourrait bien l'intéresser à l'heure actuelle si ce n'était une arme miraculeuse contre les Alayiens. Même ce cher Kylian avait à peu près la paix en ce moment, il n'avait franchement pas le temps de le traquer et d'ailleurs les Alayiens devaient sans doute se faire un plaisir de lui rendre la non-vie impossible à lui aussi. Néanmoins il pouvait leur accorder le bénéfice du doute et il fit bien car ce qu'ils jetèrent alors dans la tente parvint à faire naître une légère lueur d'intérêt dans l'acier de ses prunelles. Tiens donc...
"Où avez vous attrapé cela ?"
Sa voix résonna dans la tente, onctueuse et à peine intéressée
"Au nord d'ici mon Prince, trop occupé à se cacher des Alayiens pour se méfier de ce qui pouvait surgir de l'ombre..."
Pas l'ombre d'un sourire ne s'afficha sur ses lèvres fines alors qu'il détaillait l'être qu'on lui présentait. Un elfe tout ce qu'il y a de plus elfe, rien qu'à l'odeur il aurait pu le savoir, celle-ci lui faisait froncer le nez et allumait la lueur haineuse et méprisante qui régnait à présent dans son regard. Amusante cette rencontre... Lui qui allait devoir faire un effort colossal pour réprimer ses humeurs face à ces êtres indignes voilà qu'on lui en offrait un sur un plateau très loin des stupides règles que les baptistrels avaient imposés pour ces négociations. Tout ceci risquait de s'avérer intéressant. D'un geste du doigt il chassa les gardes qui n'attendaient que cela pour retourner à leurs occupations. L'obscurité s'épaissit encore lorsqu'ils refermèrent les pans de la tente, il ne faisait pas encore assez noir pour que les yeux perçants de l'elfe ne puissent y voir mais cela ne saurait plus tarder. Amusé à cette perspective, le vampire s'approcha nonchalamment de l'objet de son intérêt avant d'interroger :
"Quel est ton nom, elfe ? Et que fais-tu loin des terres de ton peuple ?"
Son visage était parfaitement impassible et son ton aurait pu presque passer pour courtois si il n'avait pas tant appuyé sur le mot "peuple", le chargeant de tout le subtil mépris dont il était capable et l'emplissant presque distinctement de cette promesse qu'il s'était faite un jour, il l'exterminerait...
Dernière édition par Lorenz Wintel le Dim 18 Aoû 2013 - 18:18, édité 1 fois |
| | |
| Sujet: Re: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE Lun 5 Aoû 2013 - 17:21 | |
| Quel bourbier ! Après les Alayens qui l'avaient obligé à maintes détours sur son laborieux chemin, menaçant à chaque détour de le prendre par surprise et de l'anéantir en moins de temps qu'il n'en faut pour dire Dracos, et après les armées humaines qui avaient eu la mauvaise idée de le prendre pour un ennemi et l'avaient arrêté, c'était maintenant au tour des vampires de le faire prisonnier.
Son voyage avait été plus éprouvant que prévu. Depuis qu'il avait quitté Gloria, rien ne se déroulait comme prévu... Il avait tout d'abord rencontré un petit groupe humain qui l'avait contraint, conscience oblige, à les escorter non sans mal jusqu'aux environs de Gloria, lui imposant ainsi un sacré rebroussement de chemin, le retardant d'autant dans ses projets.
Quand, enfin, il avait pu se remettre en route, destination royaume elfique, il s'était vu confronté au siège des Alayens qui s'était mine de rien sacrément intensifié, l'obligeant alors à redoubler de vigilance. Il ne comptait plus le nombre de fois où il avait veillé la nuit, ou les fois où il avait manqué d'un cheveu de se faire prendre par les troupes du Néant qui n'auraient pas manqué, elles, de l'exterminer manu militari sans autre forme de procès et sans qu'il n'ait la moindre chance de se défendre. Il avait alors eu la preuve, s'il en avait eu besoin, qu'un elfe seul face à ces troupes était non seulement en danger imminent, mais bel et bien impuissant à faire quoique ce soit. Seule la force pouvait répondre à la force et la force des elfes serait dans leurs alliances ensembles, et avec les autres peuples peut-être... A son plus grand damne d'ailleurs.
Puis était venu le tour des troupes humaines, qui, allez savoir pourquoi, l'avaient arrêté, le traitant comme un ennemi de lèse majesté et l'avait sacrément retardé encore. Il y avait rencontré un certain Havard Svenn, étrange personnage qui l'avait laissé plus que dubitatif, pour ne pas dire plus. Heureusement il avait réussi à faire entendre raison à ces mécréants et avait été relâché. Cependant les troupes alayennes avaient continué de s'étendre et il avait dû de nouveau faire un détour, par le sud cette fois-ci. Il voyait enfin le royaume de son peuple s'approcher sérieusement, avec un curieux mélange d'appréhension et de joie indistinctes.
Et alors qu'il pensait pouvoir franchir, outrage suprême vu la condition qui était la sienne, mais seule solution possible selon lui, les frontières de la vieille forêt, escomptant une petite journée de marche encore à peine, voilà qu'il avait de nouveau rencontré un obstacle. Et pas des moindres ! Les vampires ! Ni plus ni moins. Alors qu'il scrutait les environs, recherchant toute trace des Alayens et de menace pour lui, pendant que le crépuscule étendait déjà ses ombres devant lui menaçant à tout instant de laisser place aux ombres plus profondes encore de la nuit, il se vit littéralement sauté dessus par trois créatures de la nuit. Elles ne lui laissèrent quasiment aucune chance. Elles eurent l'avantage de la surprise, ses sens fatigués sans doute légèrement émoussés ne les ayant pas senti arriver dans son dos. Il se battit toutefois comme un beau diable, entaillant un de ses agresseurs à la joue avec sa lance, et menaçant sérieusement d'en empaler un. D'un sort, il était parvenu à en entraver un, mais le troisième eut raison de lui après une bonne vingtaine de minutes de combat en l'assommant purement et simplement.
Quand il revint à lui, en quelques secondes ou minutes à peine visiblement, il était déjà attaché, et les trois créatures le menaçaient de leur haute stature, l'entourant pour l'empêcher toute fuite. Comme si la sourde douleur qu'il sentait dans ses côtes, et ses mains attachées devant lui, lui auraient permis une fuite efficace...
Ainsi immobilisé, il se permit de tenter d'analyser sa situation. Pendant que les vampires semblaient se concerter sur ce qui devait advenir de lui, il se permit d'observer les alentours. On l'avait trainé au loin de leur lieu de bataille, et il apercevait à une trentaine de mètres un petit campement. Un petit nombre de silhouettes se découpaient entre les tentes, et Eliowir comprit sans mal qu'il devait s'agir d'un campement de vampires. Il se demanda un bref instant ce qu'un tel attroupement de ces viles créatures faisait si près du royaume des elfes, mais rapidement il en vint à la conclusion qu'il devait s'agir de la fameuse délégation invitée par les baptistrels pour le conciliabule entre les trois grands peuples d'Armanda, dont Ombre lui avait parlé. S'il avait alors espéré que la trêve imposée par une telle réunion s'étendrait au delà du simple lieu de réunion et qu'il pourrait échapper à la vigilance haineuse de ses anciens ennemis, cette petite altercation venait de lui prouver le contraire.
Il s'attendait à tout instant à se faire exécuter, leur regard plein de haine et de colère semblant lui promette mille maux qu'il préférait ne pas même imaginer. A son grand étonnement toutefois, aucun autre coup ne vint. Il fut au contraire redressé, même si rudement, un des vampires l'attrapant par le coude pour le remettre sur ses pieds, tandis qu'un autre ramassait sa lance alors à terre à quelques mètres d'eux. Il fut conduit, dans le plus grand silence, à une tente, qu'il devina être celle de leur chef de troupe. On le fit attendre quelques instants devant la tente, la poigne de fer du vampire l'empêchant toujours tout échappatoire, puis finalement on l'y jeta sans aucune considération, le faisant tomber à genou devant leur chef vampire. Il étouffa le juron qui menaçait de s'échapper de ses lèvres, conscient que ce n'était sans doute pas le moment de faire la fanfaron. Il était en bien mauvaise posture.
"Où avez vous attrapé cela ?"
Il sentit ses lèvres se pincer en une fine ligne montrant toute la réprobation qu'il ressentait à ce qu'on ose le traiter de "ca" mais parvint toutefois à taire ses récriminations. Il ne put toutefois se contraindre à rester à genou devant cette... chose... et fit appel à toute sa fierté pour se redresser et se remettre debout, ignorant les protestations de ses muscles malmenés.
Son regard bleu sombre se releva alors sur son nouvel interlocuteur, et ce qu'il vit manqua de le faire retomber à genou. Il n'avait encore jamais rencontré ce vampire de visu, mais... Il en avait eu maintes descriptions, et surtout, surtout... Tous les rouages de son esprit venaient enfin de se mettre en branle, assemblant un à un tous les éléments qu'il avait eus. Nul doute possible alors. Ce visage, cette voix, ce profond mépris qu'il pouvait lire sur chacun des traits de son interlocuteur, la profonde déférence que montraient les autres vampires envers l'individu devant lui, la puissance et le charisme sans demie teinte qui se dégageaient de lui... Oui, ce devait bel et bien être lui. Lui, Lorenz Wintel. Le chef du peuple vampire. Ce monstre sanguinaire qui avait décimé tant d'êtres vivants. Tant d'elfes. Tant de gens de son peuple, à lui !
A cette constatation, une haine sourde pulsa en lui, lui redonnant un regain de vigueur insoupçonnée.
"Quel est ton nom, elfe ? Et que fais-tu loin des terres de ton peuple ?"
A ces simples mots, toute sa haine sembla soudain rugir en lui, faisant bouillonner son sang dans ses veines et le faisant battre à ses temps follement. Comment osait-il ? Comment... Ne pas se nommer et lui demander son nom ? Mais c'était bien là l'apanage des vampires, après tout. Pourquoi s'étonnait-il d'un tel outrage ?
- Pourquoi vous donnerai-je mon nom, alors que vous ne daignez pas me donner le vôtre, vampire, répondit-il mettant tout son dédain et toute sa folle arrogance dans ce dernier mot.
Oui, pure folie que la sienne, pensa-t-il aussitôt, tandis que son regard se porta subrepticement vers sa lance, jetée aux pieds du vampire par un de ceux qui l'avaient amené. Pure folie quand on considérait qui il était et devant qui il était. A savoir un prisonnier elfique, un des plus vieux elfes qui plus est, ce qui le mettait en grand danger devant ces créatures, désarmé et mains liées, face au fameux Lorenz Wintel, seul chef des vampires ayant réussi l'improbable pari de rallier quasi tous les vampires à lui, eux qui étaient d'ordinaire si individualistes. Et si destructeurs, même parmi les leurs...
Mais sa folie, ou son arrogance, appelez-là comme vous le souhaitez, était toutefois plus forte que tout. Et il ne put s'empêcher de rajouter, tout en relevant le menton, le regard hautain, faisant de sa fière dignité un rempart de tout ce qui pourrait s'ensuivre :
- Et pourquoi vous répondrais-je quant à ma présence en ces lieux ? Je devrais plutôt vous retourner la question, vous qui errez sournoisement à deux pas du royaume de mon peuple.
Et qu'importe qu'il ait déjà les réponses à toutes ces questions. Il ne pouvait pas laisser cet être abject se montrer si impudent...
_________________ |
| | |
| Sujet: Re: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE Mar 6 Aoû 2013 - 15:47 | |
| Il semblait bien qu'il l'avait vexé.. Amusant que cette créature trouve encore le moyen de soigner son égo alors même qu'elle dansait au seuil de la mort. Presque amusé, il nota la soudaine moue réprobatrice qui se manifesta sur le visage sylvestre et garda la silence alors que l'autre se relevait en une magnifique démonstration de ce futile courage qui n'aimait rien de plus que de causer la perte des imbéciles qui l'élevait au rang de religion. Cet imbécile là était peut-être à un niveau encore acceptable toutefois au vu de la soudaine réaction alarmée qu'il afficha au moment où leurs regards se croisèrent. Malgré tout le premier moment de surprise passé ce fut la sottise qui reprit le dessus à moins que ce ne soit tout simplement la colère... Oui, il la voyait briller dans les prunelles sombres qui ne le lâchaient plus. Cette vision l'amusait au plus haut point mais il n'en montra rien, préférant se délecter de l'accent haineux qui venait de retentir dans la réponse de l'elfe, mais c'est qu'il se révélait encore plus passionnant qu'il ne l'aurait cru au premier abord... Courageux et arrogant donc, le pire des cocktails... Ou le plus délicieux, tout dépendait du point de vue en réalité.
Brûlantes, ses prunelles se plongèrent avec d'autant plus d'intensité dans celle qui lui faisaient face. Avec patience, il maîtrisa la puissance de son totem sans se troubler des sifflements mauvais du serpent qui n'aspirait qu'à brûler vif le petit avorton qui troublait son repos. La bulle confortable de chaleur qui entourait tout son corps gagnait à chaque instant du terrain en une avancée trop subtil pour que quiconque autre que lui ne puisse s'en apercevoir. Bientôt, elle enserrerait toute la tente et passera d'agréable à simplement étouffante, ou peut-être même douloureuse. Tout dépendait de l'effort qu'il déploirait ou non pour contenir l'enthousiasme de son totem. D'ailleurs devait-il vraiment faire un effort pour un elfe ? Cette simple pensée le passionna un instant, instant que mit à profit le serpent pour faire à monter à nouveau la température. Cette fois ce devait être à la limite du supportable pour son invité... Tant pis. Ou tant mieux peut-être. En réalité il n'en avait rien à faire.
Lentement, l'amusement qu'il ressentait se muait en agacement. Le jeu était drôle quelques minutes, mais voir cette demi portion se dresser ainsi devant lui le menton haut et la mine fière commençait à réveiller fort dangereusmeent le prédateur en lui, à moins que ce ne soit tout simplement sa haine farouche à l'égard des elfes, les deux peut-être ? Toujours est-il qu'un très léger froncement de soucils vint animer enfin son visage de marbre mais c'est d'une voix parfaitement maîtrisée et emplie d'une fausse douceur tout à fait perturbante qu'il répondit :
"Me présenter est superflu aussi ne perdrais-je pas mon temps à répondre à une question dont tu possèdes de toute évidence la réponse. Et ce n'est pas ce que j'appelerai errer que de répondre à l'invitation des Baptistrels. Si ma présence ici te déplait elfe, c'est à eux qu'il faudra t'en plaindre..."
Pour peu qu'il le laisse repartir, ce qui était plutôt mal parti. Bien sur éliminer un elfe sur le chemin des négociations n'étaient pas le meilleur moyen des les débuter dans de bonnes conditions mais qu'y pouvait-il si celui-ci était venu se jeter droit entre ses crocs ? Galadrielle n'aurait qu'à s'en prendre à elle même si elle ne surveillait pas ses "enfants". Sans compter que dans la conjoncture actuelle la disparition d'un elfe pourrait passer tout à fait inaperçu, on mettrait ça sur le dos des Alayiens et même si par malheur preuve était trouvée de son implication on ne pourrait lui reprocher d'avoir détruit une trêve qui n'était pas encore signée. Toute ces réflexions se succédaient en lui et aussi impassible qu'il soit il n'était pas difficile de repérer la l'ardente lueur meutrière qui régnait dans ses prunelles. Le fait même que cette créature existe sur le même continent que lui lui faisait horreur. Il attendait depuis bien trop longtemps la nuit glorieuse où il accomplirait son serment, éliminer sans faillir chaque elfe qu'il rencontrait n'était qu'une amuse bouche mais c'était aussi une nécessité aussi vitale pour lui que l'indispensable afflux de sang qui maintenait en vie chaque vampire, si on pouvait dire...
"Il n'est pas prudent de me faire attendre lorsque je pose une question, d'autres pourront te le confirmer. Ton nom est donc si précieux pour prendre le risque de m'inciter à aller le chercher par moi-même ? Je veux savoir qui tu es, et ce que tu fais hors des frontières protectrices de ton peuple."
Les deux mêmes questions, répétées d'une voix calme et pourtant de plus en plus menaçante. La chaleur était encore montée, jusqu'à attendre le seuil limite du supportable et l'acier de ses prunelles semblait au bord de la fusion. Mâchoire serrée, il le toisa comme pour l'écraser sous la force de sa persuasion et le dernier mot qu'il lâcha était glacial comme le tranchant de la lame qui pourrait finir par s'abattre à l'issu de cet utimatum :
"Alors ?" |
| | |
| Sujet: Re: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE Ven 9 Aoû 2013 - 18:47 | |
| Alors même que les derniers mots franchissaient ses lèvres, un duel de regard s'engagea entre eux deux. Nul ne baissa les yeux, chacun tentant de sonder l'autre, ses pensées, ses forces, ses faiblesses... Oh, qu'on ne s'y trompe pas. Eliowir était certes prétentieux et des plus orgueilleux, ayant d'ailleurs parfaitement conscience d'être l'archétype même de l'arrogance de sa race, il n'était toutefois pas stupide. Ou disons plutôt pas imbécile. Il connaissait parfaitement ses propres capacités... et savait donc parfaitement qu'il ne faisait nullement le poids face à cet être-là.
Aussi abject que puisse être Lorenz Wintel, le vampire était indéniablement puissant. Si la légende le précédait, cela était tout autre chose de le constater par soi-même en face à face. Certes l'elfe qu'il était n'était pas en reste question puissance, il n'était après tout pas grand maître mage pour rien, même si sa pratique de la magie s'était sans doute quelque peu émoussée lors de ces années d'errance en royaume humain. Mais face à... ça... Non, vraiment, même avec tous les meilleurs efforts du monde, il ne ferait pas le poids. Il le savait, le sentait.
Mais, et là sa stupide arrogance rattrapa dame raison au galop, il n'était pas question de céder devant l'autre sous prétexte que le vampire pouvait l'achever en un claquement de doigt. De toute façon, le prédateur affamé, ou plutôt assoiffé, qui lui faisait face n'attendait qu'une bonne excuse pour jouer avec sa nouvelle proie. Mourir pour mourir, autant mourir dignement, et montrer à son chasseur qu'il ne serait pas une proie facile. Il se débattrait comme un beau diable, déchirerait les filets qui l'entraverait, et grifferait autant qu'il le pourrait celui qui tenterait de le mordre. Autant que faire se pourrait du moins...
Acier et nuit se confrontèrent ainsi de longues minutes durant. Pour ces êtres ayant dépassé le demi-millénaire, le temps ne comptait plus. Plus vraiment. Nul ne flancha, laissant le silence s'installer, s'intensifier. Silence qui devint de plus en plus lourd. De plus en plus profond. De plus en plus suffocant, réalisa soudain Eliowir. Non, ce n'était pas le silence qui devenait suffocant, comprit-il enfin alors que ses prunelles sombres se détachèrent un instant de son vis à vis à la recherche de ce qui pouvait bien provoquer un tel étouffoir. Chaleur. Oui, Chaleur semblait s'être invitée dans leur tête-à-tête, alors qu'il n'y avait aucune source possible pour la faire naître, aucune source pour la faire grandir ainsi. Et le regard de l'elfe se reporta sur le vampire en face de lui... pour enfin comprendre que la source devait être... lui. Mais comment cela se faisait-il ? N'était-ce pas censé être une créature à sang froid ? Comment... ? Comment... ?
Les mots lui manquèrent soudain, tandis que tout son corps semblait peu à peu bouillonner sous cette chaleur véritablement étouffante. Il sentait déjà des gouttes de sueur perler à son front et lentement descendre le long de sa tempe. Il maudit alors son corps qui trahissait si éhontément ce nouvel inconfort, mais un regain de fierté tenta de chasser cet embrasement et l'obligea à ne rien montrer de sa gêne.
"Me présenter est superflu aussi ne perdrais-je pas mon temps à répondre à une question dont tu possèdes de toute évidence la réponse. Et ce n'est pas ce que j'appelerai errer que de répondre à l'invitation des Baptistrels. Si ma présence ici te déplait elfe, c'est à eux qu'il faudra t'en plaindre..."
Oui, se présenter était bien superflu. Cet être était reconnaissable entre mille, tant de contes, pas si contes que ça, chantés sur ce vampire, cet assassin, ce meurtrier, dans tout Armanda... Enfin au moins venait-il d'obtenir les réponses à ses questions muettes. Ce petit groupe de suceurs de sang étaient donc bel et bien la délégation censée se rendre à l'invitation lancée aux trois peuples...
Eliowir ne répondit toutefois toujours rien, gardant un mutisme qui aurait pu passer sous son attitude première, mais qui n'était dû en fait qu'à la difficulté qu'il commençait vraiment à éprouver pour respirer calmement. Sans étouffer. Dracos, qu'il faisait chaud ! Allait-il mourir embrasé purement et simplement ? Remarquez, si cela pouvait lui éviter torture, ou pire morsure...
"Il n'est pas prudent de me faire attendre lorsque je pose une question, d'autres pourront te le confirmer. Ton nom est donc si précieux pour prendre le risque de m'inciter à aller le chercher par moi-même ? Je veux savoir qui tu es, et ce que tu fais hors des frontières protectrices de ton peuple."
Quoique... Mourir suffoqué n'était peut-être pas si meilleur que ça, se surprit-il à penser, tandis qu'il sentit sa respiration s'accélérer et qu'il ne put retenir un léger halètement comme cherchant l'air qui lui manquait. Etait-ce lui ? ou la température était encore montée d'un cran ?
"Alors ?"
- Alors ? répéta-t-il, mettant tout son venin dans ce petit mot, même si sa voix menaçait de n'être plus que chuchotement rauque. Alors, je vous trouve bien impudent de croire que menace ou torture peuvent conduire à toutes les réponses.
L'impudent, en l'occurrence, c'était lui, songea-t-il en son for intérieur. Il n'était vraiment pas en position de tenir de tels propos, sur un tel ton. Mais après tout, il était fidèle à lui-même, tel qu'il avait été, l'arrogance née, comme lui avait dit un jour son paternel. Au moins le resterait-il jusque dans la mort...
- Dans mon pays, on se salue et se présente dans les règles de l'art quand on envisage une conversation décente avec une personne. Mais comme je doute que décence et règles soient des mots appartenant à votre vocable courant, je passerai outre votre discourtoisie impatiente et daignerai vous répondre. Pour cette fois-ci. Mon nom est Eliowir Serillëiel.
Au fond de lui, il envoya une petite prière au Dracos et à tous les esprits possibles qui passeraient par là, pour que ce nom n'évoque rien de précis au vampire. Il n'avait nul envie que l'autre sache qui il était, à savoir un ancien conseilelr banni pour avoir tué, acte honni suprême, son propre fils. Même si par accident. Par arrogance...
Une soudaine bouffée de profonde peine l'envahit à ces réminiscences, et il ne dut qu'à sa détermination de ne pas détourner le regard. Il eut toutefois bien du mal à reprendre la parole, sa gorge semblant s'être nouée, sous la suffocation de la chaleur ou celle de la douleur, il n'aurait su dire...
- Quant à savoir ce que je fais hors des frontières de notre royaume, cela ne concerne que moi et les miens. Nous ne sommes qu'à quelques chevauchées de nos frontières, il n'est aucunement illogique que je me trouve dans ces parages. Au contraire de votre... délégation... Même si je le conçois, cette excuse peut expliquer votre... présence.
Bon, là, certainement venait-il de signer son arrêt de mort. Il jugea donc bon de rapidement ajouter :
- Il serait toutefois regrettable que cette... délégation signe son premier acte par un meurtre, juste avant de faire son entrée en scène à la réunion des baptistrels. Oui, vraiment regrettable, finit-il enfin, sa voix mourant cette fois-ci dans un murmure entrecoupé d'inspirations profondes.
Si la température montait encore d'un cran, son sang entrerait en fusion, assurément...
|
| | |
| Sujet: Re: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE Mar 13 Aoû 2013 - 17:39 | |
| Ah ces elfes... Se montrer arrogant était une chose, avoir les moyens de le faire en était une autre et à l'instant même où il avait croisé le regard de son interlocuteur il avait su qu'il était tombé sur un de ces êtres qui préféraient rompre dans la douleur plutôt que plier avec intelligence. Ce n'était pas vraimennt un problème à ses yeux au contraire, la situation risquait de devenir intéressante mais l'autre allait très vite s'apercevoir que sa stratégie n'était pas la plus appropriée loin de là. Déjà l'ancestral haussait un sourcil quelque peu narquois en sentant le venin dont un simple petit mot répété avait été enduit, c'est qu'il allait se permettre de se révéler agressif en plus... La preuve d'ailleurs...
Le simple mot "impudence" parvint à fendiller son masque indifférent pour lui tirer un sourire froid, remarquable exploit que celui-ci. Il songea vaguement à lui répondre mais l'autre enchainait déjà sur ce qui ressemblait fortement à une leçon de morale qui l'aurait sans doute passionné si il n'était pas déjà tant intéressé par l'étude du penchant suicidaire qui semblait animer si joliment son invité. Le nom vint chatouiller ses oreilles et il le rangea soigneusement dans un coin de son esprit afin de pouvoir le ressortir et l'étudier plus tard à loisir pour peu que ça vaille le coup car vu comme les choses partaient il y avait de forte chance que cet Eliowir ne soit plus de ce monde au matin. De toutes façons si il avait déjà dû entendre ce nom quelque part cela lui serait certainement revenu à l'esprit aussitôt, nul besoin de s'en soucier donc. Ce qui l'intéressa par contre ce fut le soudain détournement de la tête de son interlocuteur, en quoi son propre nom pouvait-il éveiller cette flamme douloureuse au point qu'il ne puisse totalement la cacher ? Peut-être faudrait-il qu'il s'y intéresse un peu plus en fin de compte...
Il caressa cette idée une seconde mais revint bien vite à la réalité lorsque l'autre éluda fort peu gracieusement la question qu'il lui avait posé sur les raisons de sa présence en ce lieu. Non cela ne s'expliquait pas si aisement que cela, croyait-il que le prince vampirique était si mal renseigné ? Lorenz savait parfaitement que les elfes évitaient le plus possible de sortir de leurs forêts en ce moment, eux qui étaient déjà si peu nombreux ne tenaient sans doute pas à voir leur nombre encore réduit par les armes des Alayiens. D'ailleurs il était assez bien renseigné pour savoir que les Alayiens en question rodaient dans tout le secteur et brûlaient les arbres de la lisière à défaut de pouvoir s'enfoncer sans danger dans les bois. Galadrielle prévoyaient-elle une contre attaque pour défendre sa chère forêt ? Cet avorton là était-il un espion ? Un éclaireur ? Si c'était le cas il avait certainement énormément de renseignements à lui fournir ce qui était plutôt mauvais pour sa santé d'autant plus si il gardait cette sotte attitude de rebellion. Il en termina enfin avec son discours, suffoquant à moitié sous l'effroyable chaleur qui régnait à présent dans la tente et l'ancestral pu se décider à reprendre la parole après un long silence.
"Certes."
Un nouveau silence suivi ce simple mot, un silence qui aurait pu passer pour paisible mais qui n'était en réalité que tension et faux-semblant. La lueur d'amusement dans les prunelles d'acier dansait avec frénésie et peut-être aurait-on pu croire que l'autre allait finalement s'en sortir mais une seconde de basculement fut suffisante, la lueur se figea et se fit prédatrice tandis qu'une giclée de sang décrivait une gracieuse courbe dans les airs. Lentement, le prince pencha la tête afin de mieux poser son regard sur Lomë. La petite lame Elfique n'avait mis qu'un quart de seconde pour se matérialiser dans la main de son maître puis se planter là où il l'avait projetée, c'est à dire dans la cuisse droite de l'elfe, à quelques millimètres à peine de cette artère si précieuse qui aurait gaspillé une si grande quantité de nectar. Parfaitement immobile, le vampire fixait la plaie avec intérêt, les narines dilatées. Ce sang là n'avait pas l'odeur puante du sang Elfique immunisé. Calmement, il ouvrit la main et la dague elfique vint s'y réinstaller docilement, barbouillée d'un sang qui l'Ancestral n'hésita pas à prélever de l'index pour le porter plus près encore de son nez sensible.
"Intéressant."
Froidement, il reporta son regard sur la blessure ouverte :
"Ce que Galadrielle ignore ne peut nuire à nos relations n'est-ce pas ?"
D'un pas assuré, il s'approcha de sa cible tout en refermant le poing pour faire disparaître Lomë. La chaleur qui l'environnait était purement insupportable pour tout autre que lui et sans doute aurait-il pu le tuer rien qu'avec cette arme mais ce n'était pas le but. Le serpent se calma non sans réticence lorsqu'il maîtrisa son pouvoir afin que l'autre puisse respirer au moins le temps qu'il termine de l'interroger et c'est cette fois d'une voix dure et impérieuse qu'il s'adressa à lui :
"Je n'ignore rien de ce que sont les règles de politesse au sein de ton peuple, avorton. Vous les elfes aimez vous raccrocher à des coutumes et à des croyances révolues. Je vais te rendre service en te mettant à la page."
Un geste clé suivi, trop rapide et maîtrisé pour permettre le moindre blocage. L'oeil du dragon déferla dans l'organisme de sa cible, foudroyant ses nerfs sans la moindre pitié mais il ne le laissa durer que quelques secondes à peine, le temps d'un terrible avant-goût puis il se pencha vers la forme qui n'avait pu manquer de s'écrouler :
"Désormais la loi vampirique prime, et c'est devant elle que tu courberas l'échine. C'est à dire devant moi. A moins bien sur que tu ne meures, ce sort te semblerait préférable à la transformation n'est-ce pas ? Sois docile, et peut-être que je t'acheverai proprement. Dans le cas contraire mon armée comptera un vampire de plus."
D'une poigne solide, il s'empara du visage elfique afin de l'obliger à plonger son regard dans le sien :
"Tu vas répondre à mes questions, elfe. Et tu t'adresseras à moi avec le respect et l'humilité dû à un prince ou je me verrai dans l'obligation de te briser tous les os afin de vérifier si le venin vampirique saura remettre tout cela dans l'ordre ou non. Je suis un vampire curieux. Que faisais-tu hors des frontières elfiques, quel est ton rôle au sein de ce peuple et que sais-tu des projets de l'impératrice au sujet des Alayiens ?"
Quelque chose craqua sous sa main, il avait sans doute serré un peu fort... Cette constatation l'amusa quelque peu et l'amena à insister encore comme pour broyer la mâchoire de l'autre de sa main brûlante... |
| | |
| Sujet: Re: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE Mar 13 Aoû 2013 - 23:58 | |
| "Certes."
Ce simple mot le fit soudain frémir. Un étrange mélange d'effroi à l'état pur et d'acide dégoût déferla alors en lui, l'emportant dans un dévastateur raz de marée et le happant dans les abysses de démence qui vrillaient les prunelles de son vis-à-vis. L'espace d'un instant, un infime instant, son corps et son esprit se tétanisèrent, le coupant de toute autre réalité que ces prunelles acier, tandis que cette lueur qui les habitait, soudain muée en prédatrice vorace, semblait vouloir le lier dans son indicible folie. Ce ne fut qu'une fulgurante douleur dans sa cuisse droite qui rompit le lien, tandis que ses yeux se fermaient convulsivement sous la souffrance et qu'un gémissement à peine retenu lui échappait. Il n'avait rien vu venir.
S'il maudit un instant cette traitresse faiblesse, l'élancement qui pulsait sa brûlure dans sa chair l'obligea bien vite à oublier tout son vocabulaire de fierté bafouée. Son souffle devint plus qu'erratique, à la fois de par la douleur et de par la suffocation. A ce rythme-là il allait mourir d'asphyxie. A moins qu'il ne se vide de tout son sang avant, songea-t-il brièvement. A ces mots, une autre pensée, bien plus inquiétante encore, s'imposa soudain à lui. Sang... Vampire... Il saignait en présence d'un vampire.
Et sa plus sourde angoisse en cet instant sembla prendre réalité quand ses pupilles dilatées se posèrent sur la haute silhouette qui le dominait maintenant. La vision de l'autre gouttant son sang, même s'il ne s'agissait alors que de celui qui coulait encore sur la lame, le dégoutta profondément et un haut-le-coeur manqua de réellement l'étouffer.
"Intéressant."
La panique manqua de peu de totalement le submerger. Ce regard... cette lueur vorace qu'il semblait y lire... Il avait entendu dire que certains vampires trouvaient le sang d'elfe non immunisé particulièrement savoureux. Ce Lorenz Wintel serait-il de ceux-là ? Il n'eut toutefois guère le temps de s'apesantir sur la question que son adversaire reprenait déjà la parole. Etrangement la chaleur sembla moins puissante. Mais Eliowir n'en devait pas moins se concentrer sur chaque mot pour parvenir à comprendre ce que tentait de lui dire l'autre, tant son sang bouillonnait férocement en lui, jusqu'à le rendre presque sourd tant ses tempes pulsaient au rythme frénétique de cette valse de souffrance. Au moins pouvait-il un peu mieux respirer...
Ou pas, pensa-t-il sombrement, tandis que le vampire lui lança sans préavis un sort foudroyant. Il n'aurait su le décrire, si ce n'est que l'espace de quelques secondes, qui lui parurent durer des siècles, ces sept siècles de vie lui paraissant soudain bien courts comparés à cet instant d'une étrange éternité, il se retrouva paralysé, les nerfs à vif, incapable pourtant de pousser le moindre cri, d'esquisser le moindre geste, de pleurer la moindre larme, de formuler la moindre pensée... Tout sembla se figer en lui et hors lui. Et quand enfin le mouvement reprit ses droits sur son corps, ce ne fut que pour voir celui-ci s'écraser misérablement au sol sans qu'il ne puisse l'en empêcher.
Une honte sans nom s'insinua en lui, faible qu'il était, mais il n'eut pas même la force de redresser sa folle fierté en remparts et dut se contenter d'attendre. Gisant au sol. Presque agonisant.
"Désormais la loi vampirique prime, et c'est devant elle que tu courberas l'échine. C'est à dire devant moi. A moins bien sur que tu ne meures, ce sort te semblerait préférable à la transformation n'est-ce pas ? Sois docile, et peut-être que je t'acheverai proprement. Dans le cas contraire mon armée comptera un vampire de plus."
Les mots semblaient venir de loin. Et pourtant ils s'inscrirent parfaitement en lui, comme chauffés au fer blanc. Effectivement il venait de courber l'échine. Physiquement du moins, son corps n'étant visiblement pas de taille à faire face à... ça... à cette abjecte puissance. Courberait-il aussi l'échine psychiquement ? L'idée de mourir "proprement", ou du moins d'éviter cette ignominie qu'était la transformation en vile créature, était séduisante. Très séduisante. Il avait mal. Il avait honte. Une honte qui n'était sans doute pas dû qu'à cet instant bestial. Longtemps déjà l'idée de mourir lui avait effleuré l'esprit avant qu'une petite voix ne lui souffle le mot lâcheté. Mais là... Serait-il lâche de prendre l'offre que soudain on lui tendait ?
La petite voix qui s'était tue jusque-là sembla soudain reprendre force, alors même que l'idée, presque réconfortante, d'enfin mourir même si en cet instant bien peu glorieux, avait presque gagné le combat dans les limbes de ses pensées embrumées. Oui, ce serait lâche. Et plus encore, sans doute, lui souffla-t-elle en un murmure. Peut-être à peine audible, mais au final suffisant pour lui faire reprendre conscience. Et raviver la flamme de sa détermination. Fou qu'il était.
Il ne souhaitait pas être transformé. Non, certainement pas. Sa plus terrible frayeur sans doute. La plus redoutable déchéance selon lui. Non, il ne le voulait certainement pas. Et, même s'il n'eut pas la force de prononcer un mot, l'autre dut le lire clairement dans ses prunelles nuit. Mais il ne voulait pas non plus laisser cette victoire-là au vampire. Non, cela non plus il ne le voulait pas. Quelqu'en soit le prix à payer... Quelqu'en soit la folie.
Son silence dut d'autant plus agacer l'autre, et une poigne de fer vint enserrer rudement sa mâchoire, sans qu'il ne parvienne à réagir, toujours et encore.
"Tu vas répondre à mes questions, elfe. Et tu t'adresseras à moi avec le respect et l'humilité dû à un prince ou je me verrai dans l'obligation de te briser tous les os afin de vérifier si le venin vampirique saura remettre tout cela dans l'ordre ou non. Je suis un vampire curieux. Que faisais-tu hors des frontières elfiques, quel est ton rôle au sein de ce peuple et que sais-tu des projets de l'impératrice au sujet des Alayiens ?"
Un autre gémissement lui échappa, tandis qu'un sinistre son de craquement résonna dans son crane. Une douleur le fulgura dans la mâchoire, en arrière de sa canine inférieure droite. Il se mordit la langue pour ne pas crier tout en tentant de retenir les larmes de douleur qui menaçait de s'échapper de ses paupières à demi fermées.
S'il voulut répondre, il s'en trouva bien incapable, l'étau de fer de l'autre étant si féroce qu'il lui était impossible ne serait-ce que d'entrouvrir la bouche pour énoncer le moindre mot. Impuissant, il était totalement impuissant.
Non, pas totalement, lui souffla de nouveau la petite voix de fierté folle. Certes, il ne faisait nullement le poids face à une telle puissance. Mais s'il n'était pas aussi puissant que l'autre, il n'était pas totalement impuissant non plus. Il avait mal, souffrance semblait vouloir être son nouveau nom, mais non, il n'était pas totalement impuissant pour autant. Il était après tout grand maitre de la magie... Une magie qu'il appela alors de tous ses vœux en une supplication muette à Dracos et tous les esprits réunis pour lui donner cette ultime force. Peut-être la dernière...
Il se concentra alors, fermant les yeux, s'isolant dans son esprit, tentant de faire abstraction de tout ce qui l'entourait. Et même de son corps qui criait impunément douleur. Il avait peut-être les poignets liés, mais fort heureusement ils étaient liés devant lui. Et ses mains avaient une petite marge de mouvement. Une petite, très petite, mais sans doute suffisante...
Il sentit l'étau se desserrer un minimum, lui permettant enfin de délier les dents et de murmurer, d'une voix rauque et presque dépourvue de timbre.
- L'elfe vous a donné son nom. Faites de moi ce que vous souhaitez, mais je ne plierai que devant la volonté du Dracos.
Fort de cette constatation et d'une soudaine détermination qui illumina ses perles sombre azur, il rouvrit les yeux et darda un regard peu amène à son tortionnaire. Un regard où s'entremêlait dans un subtil mélange fierté, peur, douleur, dégoût et... et un certain respect. Oui respect envers cet être certes abject, mais d'une puissance étonnante, qui ne déméritait pas le nom de chez des vampires. Mais quelques fussent ses sentiments, sa détermination ne faillirait pas.
- Sur ce, l'avorton vous salue, cher Prince.
Et à ces mots, il claqua des mains aussi fortement qu'il le lui était permis. Ce qui créa un souffle de magie pure devant lui, censé repousser ce qui l'entourait... |
| | |
| Sujet: Re: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE Jeu 15 Aoû 2013 - 0:54 | |
| La peur, la répulsion. C'était ce qu'il pouvait lire dans les yeux de sa proie à l'instant où elle comprenait que sa vie pouvait se terminer là à l'instant et que bien loin de devoir craindre la mort elle devait plutôt craindre une possible résurrection. La non-vie était une bénédiction aux yeux de l'Ancestral, il l'avait appelé de ses voeux et avait insisté à plusieurs reprises afin que sa vampiresse se décide à lui offrir ce cadeau. Il avait fallu qu'on la transperce de flèches et de mortels sorts pour qu'elle s'y décide et ça n'en rendait ce don que plus précieux encore. Il comprenait mal comment on pouvait le refuser avec tant d'acharnement, mais si ça pouvait lui servir à terroriser certains représentants des autres espèces il n'allait pas s'en plaindre après tout. Amusé, il observait les différents sentiments qui se succédaient dans le regard de sa proie qui gisait au sol à présent, pauvre petite créature rampante qui avait cru pouvoir s'opposer à lui comme tant d'autres avant elle. Les elfes n'apprendraient jamais, figés qu'ils étaient dans leurs certitudes. Quand aux hommes, ils ne valaient pas beaucoup mieux mais ils apprendraient. Les elfes étaient condamnés de part le serment qu'il avait fait il y avait de cela bien longtemps mais les humains sauraient bientôt où était leur place et apprendraient à s'en satisfaire et à remercier leurs maîtres de la leur laisser. En attendant il devait se réintéresser à l'autre qui gémissait à présent sous sa main sans pour autant lui répondre. Quoi, il serrait un peu trop fort ? Comme si cette larve ne pouvait pas faire un petit effort... Enfin il était d'humeur magnanime, il relâcha donc un peu la pression non sans une certaine négligence. Le garçon avait son compte après tout non ?
Il semblait bien que oui d'après ce qu'on venait de lui dire. Allons bon, il renonçait si vite ? C'était drôlement moins amusant d'un seul coup, et qu'est-ce que le Dracos venait faire dans cet histoire ? Cet esprit s'accrochait fermement à ses idées sur le libre arbitre et cela arrangeait plutôt bien notre Ancestral qui n'avait pas la moindre envie de laisser un dragon désincarné lui dicter sa conduite. Cet elfe allait apprendre très vite que le Dracos ne pouvait lui être d'aucun secours dans le monde de Lorenz Wintel et qu'il ne pourrait s'en remettre à la volonté de personne d'autre que son tortionnaire pour mettre un terme rapide à ses souffrances. Avec la tranquillité et l'assurance implacable de l'habitude il sélectionna soigneusement le prochain sortilège qui ferait hurler son jouet du moment mais une lueur soudaine dans le regard soudain plus vif du jouet en question monopolisa soudain son attention. Danger. Instinctive, la magie que charriait ses veines maudites se mua en un mur défensif tandis que la protection que lui offrait le double royal venait s'ajouter au dispositif sans même qu'il n'en soit réellement conscient. Sa concentration toute entière était portée sur le geste que venait d'entamer son adversaire, geste clé qu'il reconnu sans la moindre difficulté tout en s'apercevant qu'il était déjà trop tard pour bloquer efficacement le sort. Agressivement, ses lèvres se retroussèrent sur un rictus qui dévoila ses crocs tandis qu'il encaissait le choc en lui opposant violemment toute la formidable force de sa propre magie. L'énergie tourbillonnante de l'elfe se fracassa contre son bouclier et si elle ne lui imposa pas le moindre dommage le choc le fit tout de même glisser de plusieurs mètres en arrière. Il ne resta debout que d'extrême justesse et uniquement grâce à ce sens de l'équilibre inné chez les vampires qui le poussa à s'accroupir à demi, véritable vision d'un fauve prêt à bondir. Mauvais, son regard s'était fait fournaise autant que la tente qui subissait désormais l'assaut du serpent qu'il ne cherchait plus à réfrener. Devant lui, la trainée qu'avait provoqué sa glissade avait déchiré le fin tapis qui recouvrait le sol. Il y posa absurdement les yeux, comme si rien n'avait plus d'importance que ce sacrilège provoqué par cet être qui osait abimer son mobilier et enfin il ouvrit la bouche :
"Insolent..."
Et il le broya, sans autre forme de procès. Violente, sa magie enveloppa celle qui avait osé le défier de la même manière qu'il avait enveloppé la puissance d'Achroma le jour même où la sang du dragon lui avait offert la puissance nécessaire pour accomplir un tel prodige. Sans vergogne et sans la moindre retenue il puisa dans la trame Armandéenne et pesa de toute cette formidable force sur la petite chose qui se dressait sur sa route. Un crissement vint lui déchirer les oreilles alors même qu'il vidait un pan entier de la trame du continent pour accomplir son dessein et il rugit sa colère à l'instant même où ses mains empoignaient le col de sa victime en une menace physique qui n'était rien à côté de ce qu'il lui infligeait magiquement parlant. Au sein de sa propre puissance il sentait celle de l'elfe qui tremblait et vacillait, prête à s'éteindre et il ricana :
"Tu te croyais de taille ? Ta magie n'est rien face à la mienne, un petit effort de plus et je te rend impuissant pour le peu de temps qu'il te reste à vivre..."
Il l'avait vidé, goulument et narquoisement même. Aucun geste clé ne lui avait été nécessaire et il se fichait pas mal de la quantité colossale d'énergie qu'il lui avait fallu déployer pour en arriver là, ne possédait-il pas la force d'un dragon ? Si il devait payer leur malédiction alors il comptait bien profiter un maximum des atouts et imaginer la frayeur terrible que devait ressentir sa proie ainsi prise dans ses filets méritait bien tout les efforts du monde. En voilà un qui ne risquait pas de lui relancer le moindre sort avant un bon moment, et pour faire bonne mesure et s'assurer qu'il ne s'amuserait pas à tenter ensuite un combat plus physique il cogna en premier. Le genou d'abord, puis le visage mais il ne le laissa pas retomber pour autant. Il avait dévoilé à nouveau ses crocs et les tenait à présent tout près du cou offert :
"Le Dracos ne te sera d'aucun secours, et je n'ai plus envie de t'accorder une mort propre. Si j'étais toi petit elfe je me creuserai les méninges pour trouver le moyen de me racheter aux yeux de celui qui tiens ma vie entre ses mains... J'attends toujours la réponse à mes questions, ce sera déjà un bon début... Ensuite nous verrons si tes supplications suffiront à me mettre de meilleure humeur..." |
| | |
| Sujet: Re: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE Jeu 15 Aoû 2013 - 19:48 | |
| Si sur le coup il fut fier et soulagé de voir son sort atteindre son but, même si pas autant qu'il l'aurait désiré, le sort suffisant visiblement tout juste pour repousser le vampire et le faire le lâcher, il déchanta vite quand son corps cria faiblesse et s'écroula à terre. Du moins à demi, étant parvenu à ne pas complètement s'écraser face contre terre en se retenant d'une main, genou à terre, tandis que l'autre appuyait fortement sur sa plaie à la cuisse pour tenter d'endiguer la perte de sang. En vain.
"Insolent..."
Moui, on le lui disait assez souvent. C'était un de ses traits de caractère les plus ancrés, allant de paire avec un orgueil sans bornes, que même sept cent quatre-vingt-deux années n'avaient pas réussi à juguler. Il n'eut toutefois pas l'occasion de faire montre d'une nouvelle insolence, qu'une force prodigieuse l'enveloppa complètement de son manteau étouffant. L'écrasant, tel un misérable vermisseau. Il n'avait jamais rien connu de tel et se sentit écarquiller les yeux de surprise et d'effroi pur. Si ce qu'il avait subi précédemment l'avait déjà fortement éprouvé, cela n'était rien au final en comparaison de ce qu'il éprouvait en cet instant.
Il n'aurait su décrire exactement ce qui se passait, ne comprenant d'ailleurs pas vraiment ce qui lui arrivait, si ce n'est que ce qui l'écrasait de la sorte n'était autre que la toute puissance de cette créature abjecte qui lui faisait face. Sa curiosité habituelle n'eut toutefois guère la possibilité de creuser la question, tant il devait se concentrer pour ne pas succomber sur le coup. Son corps était en feu, son esprit en ébullition, et pourtant plus rien ne répondait. Il sentait sa magie succomber, filer tel un courant d'eau incontrôlable qui le quittait. Sa magie... sa plus grande fierté... ce qui faisait son essence la plus profonde, selon lui, ce qui faisait de lui... ce qu'il était. Un elfe. Un elfe puissant, grand maitre mage, un elfe parmi les plus vieux de ceux existant encore...
Un elfe broyé à l'instant par une toute puissance. Réduit à néant en quelques secondes à peine. Vidé de sa force. Vidé de sa vie ? Fort possible, songea-t-il dans un des derniers éclairs de lucidité qu'il peinait à conserver. Il sentait son coeur âgé s'affoler dangereusement comme il ne l'avait jamais fait, menaçant de s'arrêter dans sa course folle à tout instant. Il sentait ses esprits s'embrouiller, sa vue s'embrumer, tout ne devenant qu'ombre fugace devant lui, tout son corps tremblant presque convulsivement sous l'assaut terrible. Mille et un souvenirs le submergèrent, lui faisant presque revivre sa vie en un éclair. Le monde réel semblait s'effacer pour le propulser dans ce nouveau monde de douleur. Il aurait voulu crier, mais ses cordes vocales refusèrent d'obéir. Il sentit sa bouche s'ouvrir en un cri muet, aucun son ne daignant s'en élever au final. Il était à deux doigts de perdre conscience.
"Tu te croyais de taille ? Ta magie n'est rien face à la mienne, un petit effort de plus et je te rend impuissant pour le peu de temps qu'il te reste à vivre..."
Et avant même qu'il ne puisse rétorquer quoique ce soit, un coup vint. Menaçant de lui broyer le genou. Puis un autre. Il sentit son arcade sourcilière se fendre sous l'impact tandis qu'une trainée de sang, traitresse, s'en échappa doucement mais sûrement, coulant le long de sa tempe droite, puis de sa pommette et de sa joue. Une larme lui échappa finalement sans qu'il ne puisse la retenir, sans qu'il ait ne serait-ce que la force de tenter de la retenir, se mêlant à la trainée de sang dans son sillage.
Il se sentit fermer les yeux, son souffle erratique se faisant de plus en plus faible, son cœur ralentissant fortement pour n'être plus qu'un battement précaire. Les limbes de l'inconscience lui ouvrèrent enfin les bras... pour le projeter dans les limbes de songes étranges.
Ses moments de pur bonheur. Sa femme dans ses bras, son fol amour pour elle, eux deux dans leurs tendres ébats, la nuit et les étoiles pour seuls témoins, leur cri de joie et de plaisir pour seule refrain... La folle danse qui les avait animés encore et encore des décennies durant et plus encore
La pure joie quand il avait tenu son enfant, SON enfant, dans ses bras tremblants La déception cruelle quand il n'avait jamais pu connaître la joie de s'entendre appelé père.
Sourde douleur alors quand la condamnation était tombée, irrévocable : sourd et muet. Sourd. Et muet. Son fils touché de ce malheur injuste. Condamnation de son orgueil, n'avait eu de cesse de lui rétorquer un des elfes guérisseurs qu'il avait presque harcelé pour qu'on trouve un remède à ce mal.
Puis son fils, pulvérisé par l'éclair foudroyant qu'il venait d'invoquer. Son petit corps chétif dans ses bras.... Le corps mourant de sa femme qui venait de se donner la mort...
Lui devant la lance de ses pères, à deux doigts de la rejoindre, mais arrêté dans son geste par un elfe... un elfe dont il ne s'était jamais rappelé le nom ni le visage... Un elfe qui avait chanté pour lui, pour l'apaiser, un elfe qui lui avait donné la force de poursuivre. De vivre. Ou de survivre...
Survivre...
Il entendait encore le chant de l'elfe l'enjoignant d'avoir le courage de leur survivre. Le courage de continuer...
Et ce courage l'envahit de nouveau. Lentement, douloureusement, il ouvrit les yeux, et fit face à ceux qui l'observaient, prédateurs, à ce moment-là. Il sentait le souffle de l'autre sur son cou, et pouvait aisément deviner les crocs à quelques centimètres à peine de sa jugulaire.
- Ainsi ce que l'on dit sur vous est donc bien vrai. Vous êtes d'une puissance incomparable, jamais inégalée pour un être... vivant ou non-vivant.
Il ne put cacher la note de profonde admiration qui perlait derrière l'accent de peur et de dégoût qui suintait de ses paroles. Mais qu'importe au fond. Il n'avait plus grand chose à cacher à l'autre qui venait de lui voler son essence. Mais non, il ne lui avait pas tout volé encore. Il n'avait pas volé sa dignité, il n'avait pas non plus volé ses pensées les plus intimes. Il savait ces êtres capables de tout, et même de pire encore. Il avait entendu des histoires toutes plus abjectes les unes que les autres, allant de la torture pure, de la morsure au viol, jusqu'à l'esclavagisme. Oui il avait entendu bien des choses et si ce qu'il venait de subir était pour lui une grande déchéance, réduit à la plus pure impuissance, il devait au moins se réjouir de pouvoir garder une certaine dignité. Pour le moment.
- Mais quel est le prix d'une telle puissance ? Est-ce vrai ? Avez-vous réellement tué un dragon et bu son sang ?
Un moue de pur dégoût déforma ses traits, avant que l'épuisement ne le reprenne et qu'une vague de douleur le submerge à nouveau l'obligeant à refermer les yeux. Il dut faire appel à toutes ses forces pour les rouvrir et reprendre, d'une voix cette fois atone, les mots s'échappant de lui en un murmure, alors qu'il s'efforçait de bouger le moins possible sa mâchoire douloureuse.
- Je ne vous supplierai jamais. Faites de moi ce que vous voulez, je vous l'ai déjà dit. Faites ce que vous désirez. Transformez moi même si cela vous amuse tant. Mais je puis vous faire au moins une promesse, et sachez que je les ai toujours tenues. J'ai cru comprendre que la transformation effaçait la mémoire et vous faisait tout oublier, jusqu'à ne plus savoir ce que vous étiez réellement. Mais j'ai cru aussi apprendre qu'il était possible de réapprendre, de retrouver les souvenirs. Les avez-vous retrouvés les vôtres ? En tout cas, si cela est vrai, je vous fais le serment, sur tout ce que je possède encore au fond de moi, que je retrouverai mes souvenirs. Je retrouverai qui j'étais et qui vous étiez, je retrouverai cet instant précis où vous me mordrez, ce moment abject où vous me transformerez. Et je me vengerai. Votre puissance est peut-être incommensurable, mais tout être, quelqu'il soit, a une faiblesse. Je trouverai cette faiblesse. Et je vous ferai payer le prix de votre abjection. Que Dracos et tous les esprits m'en soient témoins, ici, et maintenant.
Il espérait que ces paroles mettraient suffisamment l'autre en colère pour qu'enfin la mort l'étreigne et abrège ses souffrances. L'éclat fou que l'autre lui offrait d'ailleurs lui permettait d'espérer qu'il ait réussi.
Quand un soldat entra sans autre forme de cérémonie.
- Pardonnez-moi mon Seigneur de vous déranger en pareil moment. Mais nous avons une urgence. Nous venons d'apercevoir un feu embraser les arbres du sous bois au loin.
Ces mots étreignirent le cœur déjà ébranlé d'Eliowir, et une expression indescriptible s'inscrivit sur ses traits ingrats. Le feu. Au sous-bois. Les elfes... son royaume était en danger...
- Et nos éclaireurs ont vu des troupes alayennes sembler se diriger au galop vers notre direction. Ils pensent également que le feu provient de cette troupe. Nous avons pensé qu'il valait mieux vous prévenir... Peut-être devrions-nous partir ? |
| | |
| Sujet: Re: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE Dim 18 Aoû 2013 - 18:01 | |
| Il avait perdu connaissance... Incroyable ce qu'ils pouvaient êtres fragiles ces elfes, à peine les secouaient-on un peu qu'ils trouvaient le moyen d'échapper à leur tortionnaire ! Heureusement il était d'humeur patiente à l'instant présent, la totale impuissance dans laquelle s'était retrouvée son invité l'avait amusé et lui avait rendu sa bonne humeur. D'ailleurs le refuge d'inconscience de l'elfe ne le protégea pas bien longtemps et il ouvrit les yeux à l'instant même où la poigne de l'ancestral le retenait tout près de lui et de ses redoutables crocs. Plein d'une intense et sombre jubilation il plongea l'acier de ses prunelles dans le regard voilé de sa proie en se régalant d'avance de la terreur qu'il allait sans doute y lire mais il semblait que l'autre venait de retrouver courage... Qu'est-ce qui l'inspirait ? Mystère, mais Lorenz ne s'y trompait pas, en voilà un qui n'était pas encore tout à fait brisé...
Etrangement ce ne fut pas la colère qui s'alluma en lui face à cette vision, ni même la déception. En réalité il était bien souvent déçu de ces êtres faibles qui se brisaient comme des fétus de paille dès la première passe d'armes. Rares étaient ceux qui résistaient plus de quelques minutes à ce genre de traitement, aussi malgré tout le mépris qu'il pouvait avoir pour les elfes il ne pourrait pas nier ce bref sentiment de considération qu'il ressentit face à cet être qui ne cédait pas et ne voulait pas être cataloguées parmi les simples proies. C'était donc autre chose... Un ennemi... Ce n'était pas beaucoup mieux d'être catalogué dans ce groupe là au sein de l'esprit du prince vampirique mais nul doute qu'il respectait plus ces derniers que ceux qui constituaient simplement sa nourriture potentielle. Le vermisseau venait de monter en grade, peut-être allait-il le regretter en vérité... En attendant il avait ouvert la bouche et le prince maudit ne pu s'empêcher de hausser légèrement un sourcil devant ce respect mutuel qui s'installait doucement entre eux, ce genre de situation étaient assez rares pour êtres signalées... Il ne daigna pas répondre à cette reconnaissance de sa propre puissance, d'ailleurs il ne voyait pas quoi dire de plus, c'était plus une constatation qu'une question véritable. La suite par contre fit flamboyer son regard.
Que répondre là encore ? Le prix s'affichait en une marque mordide et brûlante qui s'étalait de sa nuque jusqu'à sur sa joue. Et cela ce n'était que la partie visible de l'iceberg, en réalité il payait son geste au prix fort depuis l'instant où il avait porté la sinistre fiole à ses lèvres, mais quel choix avait-il eu ? Cela n'avait pas été son désir à la base, bien sur l'idée l'avait bien effleuré mais il n'était pas assez fou à l'époque pour oser un tel geste. Etait-ce le cas à présent ? Aussi douloureuse que soit la malédiction il ne regrettait plus le passé, le sang de dragon l'avait rendu fort, plus fort qu'il ne l'avait jamais été et cela lui avait donné la puissance nécessaire pour honorer son serment. C'était peut-être même tout simplement son destin, d'ailleurs il y avait bien longtemps qu'il avait prit comme acquis le fait que rien n'avait aucune importance face à sa quête véritable. Il avait juré de venger Enelya, et si il devait en passer par les pires et les plus terribles douleurs de l'univers tout entier pour y parvenir il s'y soumettrait sans regret. L'important était le résultat final, qu'importait dans quel état il arriverait au bout de sa quête pourvu que sa vengeance soit accomplie. C'est donc d'un ton plus calme encore et assuré qu'il ne l'avait jamais été qu'il répondait :
"J'ai fais ce qu'il fallait pour le bien de mon peuple."
Bon d'accord ce n'était pas son but premier mais c'était quand même un objectif secondaire ça. Venger Enelya et placer les vampires là où ils devaient être, c'est à dire aux commandes du continent. Et les deux marchaient ensemble, il lui serait impossible de venger son aimée si les vampires ne le suivaient pas, il fallait donc leur offrir une bonne raison de le faire et le politicien qu'il était excellait à ce petit jeu.
Le murmure qui suivit lui tira un sourire sombre et sans joie, décidément cet elfe lui ressemblait plus encore qu'il ne voulait bien l'admettre. Le fait qu'il ose le menacer était bien sur ennuyeux, cela prouvait qu'il n'avait décidément pas compris sa leçon mais ce n'était pas là le plus important. Une ombre passa dans son regard tandis qu'il murmurait à son tour :
"Tu es pitoyable... Sais-tu seulement ce qu'est un véritable serment ? Imagines-tu une seule seconde ce que peut être une existence uniquement dirigée par une ancienne promesse au point d'occulter tout le reste ? Tu honores la puissance alors retiens bien ceci. Rien au monde n'est plus gigantesque et dangereux que la force d'un vrai serment car l'être qui le prononce est alors prêt à arpenter n'importe quel chemin et à accepter tous les sacrifices et tous les renoncements pourvu que le but de son existence soit un jour atteint. Qu'importe que la mort les appelles, qu'importe que le monde implose ou explose et qu'importe les mutilations qu'ils devront infliger à leur propre personnalité pour y arriver. Ces gens sont invincibles."
Un rictus souleva sa lèvre, dévoilant plus encore ses canines effilées :
"Mais toi mon pauvre, tu es très loin d'avoir la capacité de tenir ce genre de promesse. Je m'occuperai personnellement de ton éducation après ta transformation et je prendrai plaisir à te voir t'agenouiller pour demander mon pardon pour cette tirade le jour où tu retrouveras tes souvenirs"
Il avait assez discuté et n'avait pas l'intention de lui laisser la possibilité de lui répondre. Impatient, le monstre en lui rugissait son envie de se baigner dans le sang si rare qui fournirait son repas du jour. Il n'avait pas eu beaucoup de possibilité de chasser pendant le voyage et si son âge lui permettait de maîtriser parfaitement sa soif il devenait difficile de l'oublier totalement dans la position où il se trouvait. Brûlantes, ses prunelles ne se détachaient plus de la jugulaire offerte et si pleine de promesses qu'il dû faire un terrible effort sur lui même pour arrêter son geste à l'instant où un soldat entrait dans la tente et s'adressait à lui. Quelque peu frustré, il fusilla l'intrus du regard mais celui-ci n'avait en réalité rien à se reprocher, ne pas l'avoir prévenu aurait eu des conséquences bien pire.
"Levez le camp, on s'en va."
Le soldat claqua des talons avant d'aller transmettre ses ordres
"Quand à toi... Nous reprendrons notre conversation très bientôt."
Les gardes qui gardaient sa tente entrèrent à leur tour lorsqu'il leur en donna l'ordre
"Emmenez le, qu'il soit surveillé à tout instant. Notre ami elfe va faire un bout de chemin avec nous..."
L'instant d'après, il était seul. Il ferma à demi les paupières comme pour mieux se concentrer sur les bruits du camp en ébullition. Ils allaient devoir ruser pour perdre leurs poursuivants et se fondre dans le décors à nouveau. Y parviendraient-ils avant d'arriver chez les elfes ? Si ce n'était pas le cas ils seraient obligés de faire le restant du voyage d'une traite sans s'arrêter ce qui les obligeraient à chevaucher sous le soleil et qui l'empêcherait de régler son compte à son invité. On ne pouvait pas se promener avec un vampire en transformation surtout si on voulait passer inaperçu... Devrait-il se contenter de le tuer dans ce cas ? A moins qu'il ne lui soit utile chez les elfes... Mais ceux-ci n'auraient rien de plus pressé à faire que d'exiger la libération de leur camarade... Tout ceci allait mériter réflexion, mais l'urgence actuelle consistait à se mettre à échapper aux Alayiens. L'elfe attendrait... |
| | | Contenu sponsoriséMon identité Mes compétences
| Sujet: Re: Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE | |
| |
| | | | Sur la route des négociations [PV Eliowyr] TERMINE | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |