RP D'INTRIGUE : la trêve phase 1, les vampires TERMINE

La frustration. Voilà ce qui animait les prunelles d'acier du prince Vampirique depuis près de soixante nuits. Deux mois entier passés à reculer et à ruser pour survivre alors qu'ils auraient dû combattre pour faire ployer l'empire et que tout indiquait alors qu'ils pourraient finir par y parvenir. Comment les événements avaient-ils pu se renverser à ce point ? D'où sortait ce nouvel ennemi si puissant et où trouvait-il sa force ? Lorenz s'était contenté de lever un sourcil peu convaincu lorsqu'on lui avait parlé de de débarquement improbable dans le nord de l'empire et avait levé les yeux au ciel en entendant dire que cet ennemi n'était pas sensible à la magie, sottise. Nul n'avait jamais résisté à sa magie. La déconvenue s'était avérée cruelle. Il n'avait pas fallu longtemps pour que les vampires se retrouvent opposés à cette armée qui avançait si rapidement, écrasant au passage les armées impériales. Oh bien sur cela n'avait été qu'un jeu pour l'armée vampirique que de prendre alors en tenaille son éternel ennemi obligé de combattre sur deux fronts mais les choses s'étaient avérés bien moins amusante lorsque les Alayiens avaient commencé à éradiquer sans sommation tout groupe vampire ayant le malheur de passer sur son chemin ! Et que dire de la colère de Lorenz lorsqu'il avait apprit l'exécution en grande pompe qui attendait chaque vampire capturé par les Alayiens ? Ce nouvel arrivant faisait décidément preuve d'une insolence peu commune !

Il avait fallu qu'il se rende compte par lui-même de ce prodige que les survivants aux escarmouches perdues par les vampires lui décrivaient en tremblant. Une armée presque totalement résistante à la magie ? Une armée dont les armes pouvaient mettre un vampire à terre d'un seul effleurement ? Il n'y cru pas jusqu'à l'instant où il pu le voir de ses yeux et dès lors tout alla de travers. Affronter cet adversaire en face à face aurait été un véritable suicide aussi les vampires durent encore une fois s'appuyer la maniabilité et la vivacité de leur armée pour éviter un affrontement qui aurait signifié leur perte. Moins lourdes que les armées impériales les armées Alayiennes s'était tout de même révélées plus difficiles à éviter et il avait fallu toutes les capacités stratégiques de Lorenz et de ses généraux pour éviter la catastrophe. D'escarmouche en escarmouche, de retraite en retraite les vampires n'avaient pu que reculer encore et encore jusqu'à perdre tout le terrain si chèrement acquis et enfin repasser les frontières de l'empire. Les terres de l'Est était leur refuge désormais, les Alayiens étant bien trop occupés à soumettre l'empire pour s'amuser à les poursuivre si loin, mais cela n'allait pas durer. Leur haine de la magie et des peuples qui y étaient liés était trop forte.

Frustration et inquiétude donc. Tant d'efforts réduits à néant en si peu de temps ! Au sein même de son propre peuple les choses allaient de mal en pis, la cohésion qu'Enäel avait eu tant de mal à mettre en place s'effritait peu à peu devant la terreur qu'inspirait l'Alayia et son esprit protecteur à la plupart des vampires. Le risque de les voir retourner très bientôt se terrer dans les souterrains en attendant que leurs ennemis viennent les débusquer augmentait de jour en jour, ce qui avait le don de mettre l'ancestral hors de lui. Après tout ce qu'il avait vécu, la destruction était mille fois préférable à l'éventualité de devoir se cacher de nouveau, jamais il ne permettrait que son peuple retombe à nouveau aussi bas.

C'est dans cet état d'esprit qu'il reçu la missive. Protégé dans sa capsule magique le parchemin n'avait subi aucun dégât malgré les nombreuses lieux qu'il avait dû parcourir comme le démontrait l'état de la capsule en question. Elle avait eu beau passer de main en main, elle n'avait pas été ouverte et le messager vampirique lui-même ignorait quel chemin elle avait dû parcourir avant de lui parvenir avec l'ordre express de le transmettre au prince vampirique en mains propres.
Il ne fallu qu'une seconde à Lorenz pour reconnaître l'origine de la magie qui enveloppait la capsule. La répugnance que cela lui inspira aussitôt aurait presque pu suffire à elle seule à lui faire détruire le précieux message qu'on avait eu tant de mal à lui transmettre mais la curiosité fut plus forte, que pouvaient bien lui vouloir les Baptistrels ? Non sans méfiance, il laissa le sort de protection se dissiper sous sa main et se plongea dans la lecture :

Citation :: "Aux souverains d'Armanda,
Sires Gregorist Kohan et Lorenz Wintel, Dame Galadrielle,
Recevez mes plus sincères et profondes salutations.

L'en-tête de ma missive aura sans nul doute piqué votre curiosité, ou aura éveillé des interrogations et des indignations. Je ne me rependrais pas outre mesure en ronds de jambes et en palabre, le peu de temps que nous possédons encore doit être utilisé avec efficacité. Depuis deux mois l'armée Alayienne venue d'outre mer porte le feu et la mort vers l'ensemble d'Armanda, tout les peuples sont concernés, tout les peuples sont menacés. Vos défaites successives prouvent combien notre ennemi est puissant. Je dis ' notre ' car j'en viens à l'objet de cette courte missive si dépourvue de tact. Vos armées sont fortes, vos soldats loyaux et vous, sires et dame, êtes des souverains de qualités, mais notre ennemi est encore bien plus fort que cela. Armanda nous appartient, mais nous ne pourront repousser ce sinistre envahisseur qu'en nous unissant, en faisant front commun contre ces créatures qui cherchent à nous réduire à néant. Il en va de notre survie, à tous. Humains, Vampires, Elfes et Dragons, nous sommes tous concernés par ce péril. C'est pourquoi je vous invite instamment et de toute urgence à nous réunir afin d'entamer un dialogue qui conduira, je l'espère, vers une trêve temporaire de la guerre qui nous divise afin de placer tout nos efforts dans l'éradication de la menace Alayienne. A cet effet j'ouvrirais à la nouvelle lune les portes du domaine de mon ordre, pour vous permettre de placer ces négociations en un lieu neutre et paisible, propre à l'entente de nombreux partis. Mon ordre assurera votre sécurité ainsi que votre confort le temps de ces négociations. Vous êtes libres d'amener une délégation de votre choix, car j'ouvrirais ces discussions à tout être désireux d'y participer, qu'il soit noble ou pauvre, puissant ou non, cependant sachez que les armes et la magie offensive sera interdite durant toute la durée des négociations. Vous serez, vous et vos suivants, libres de repartir quand bon vous semblera.
Ces capsules vous sont destinées, à vous souverains, et seules vos mains pourrons les ouvrir. Mais je vous prie tout de même de diffuser ce message aussi largement que possible. Ne me transmettez pas de réponse écrite, au cas où le message se perdrait d'une façon ou d'une autre.
Je compte sur votre présence en la nouvelle lune,
Mes hommages

Merithyn Shadowsong, Gardien des Préceptes et Fondateur de l'Ordre Baptistral "

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La nuit suivante

Aucune trace de la surprise et des émotions contradictoires qu'il avait pu ressentir la nuit précédente ne s'affichait sur son visage tandis que le jeune vampire à qui il avait demandé de lire la lettre à haute voix finissait de s'exécuter. Parfaitement impassible, il fixait l'un après l'autre les êtres qu'il avait convoqués comme pour tenter de deviner ce qui pouvait bien traverser leur esprit à l'instant présent alors qu'il découvrait la proposition presque blasphématoire que leur faisait ce Merithyn. Merithyn... Le nom n'avait pas manqué d'allumer une lueur dangereuse dans le regard de l'ancestral lors de sa première lecture solitaire, ainsi donc le petit chanteur d'Eliow avait prit du galon... Intéressant... C'était bien de lui de croire encore que les peuples Armandéens allaient pouvoir s'allier contre leur ennemi commun, peut-être espérait-il aussi qu'une paix durable s'installerait après avoir éliminé les Alayiens ? Et après ? Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants ? Décidément il aurait dû tuer cet avorton lorsqu'il en avait eu l'occasion...

Que pensait-il de cette proposition notre Ancestral ? Difficile de le savoir puisque aucun muscle ne son visage ne frémissait au moment où le jeune vampire terminait sa lecture dans un brouhaha indescriptible. Les membres du conseil et les autres vampires convoqués pour participer à cette lecture criaient leur surprise, leur dégoût, leurs questionnements et il dû laisser passer quelques secondes avant qu'ils se taisent enfin sous son regard perçant. Ce ne fut que lorsque le silence fut total qu'il ouvrit enfin la bouche pour parler de cette voix maîtrisée qu'il réservait pour toute ces manoeuvres politiques :

"Il n'est pas utile de vous signifier pourquoi vous êtes ici, la lecture de cette lettre parle d'elle même. Elle est arrivée hier et tout laisse à penser que les humains ont déjà reçu la leur bien qu'il soit désormais difficile d'obtenir le moindre renseignement sur la capitale assiégée."

Froidement, il promena son regard sur les visages tournés vers lui.

"Nous ne pourrons pas nous éterniser ici, tout laisse à croire que les armées Alayiennes passeront les frontières à un moment ou à un autre afin de nous traquer. Il n'est donc pas question de passer des nuits entières à polémiquer. En sortant de cette tente, nous aurons pris une décision sur ce sujet. Devons-nous décliner ou accepter cette invitation ? Je trancherai en fonction des avis qui ont été donné, conformément à nos lois."

Les choses étant dites, il dessina le geste clé qui lui permettrait d'enfermer tous les vampires présents ainsi que lui-même dans un cercle d'incarcération. Désormais, aucun espionnage n'était plus possible, les membres convoqués pour ce conseil étaient seuls au monde.

"Parlez."

Son ordre résonna étrangement contre la magie protectrice lorsqu'il reprit sa place en bout de table, présidant une assemblée qui risquait d'avoir bien du mal à se mettre d'accord...

Voila qu'après avoir grappillé suffisamment de territoire à l'Empire Humain, se rapprochant inlassablement de Gloria la Magnifique et donc de la famille Impériale qui tôt ou tard n'aurait été qu'une simple formalité que les Vampires n'eurent pas d'autres choix que de rebrousser chemin, non pas face aux troupes impériales, mais à une force dont Ethan n'imaginait pas même l'existence et dont il se serait bien passé comme la plupart des gens de son espèce. Alayien, un nom qui sonnait douloureusement aux oreilles du Général Blanc, tout comme il devait être désagréable pour tous les êtres vivants ou non-vivant peuplant cette Terre qu'est Armanda. Passons le détail concernant les pertes humaines, bien qu'ils représentent une nourriture hors-paire permettant à l'ensemble du peuple Vampirique d'augmenter leur effectif de manière fulgurante, Ethan n'éprouvait bien entendu aucune compassion face aux nombreux morts et infidèles rejoignant la cause de l'Esprit Supérieur du Néant. Toutefois, la chose la plus déplaisante résidait dans le fait que l'ensemble de l'armée Vampirique n'avait pas eut d'autres choix que de retourner se terrer dans une partie du continent s'ils souhaitaient faire face à l'envahisseur qui se révélait être d'une force physique relativement comparable à la leur si ce n'est que leur armes et certains d'entre eux possédaient un petit plus les rendant encore plus dangereux que tout ce qu'avait connu la lame noire durant ses deux malheureux siècles d'existences. Toutes les stratégies misent en place aussi bien par lui que par l'ensemble des Gradés de l'armée et autres personnalités importantes du peuple n'avaient eut aucun effet, tout cela ne tira d'ailleurs qu'une simple lueur d'incompréhension dans les yeux du Général qui faisait face tout comme le Prince Vampirique à un ennemi pouvant aussi bien les faire disparaître l'un ou l'autre sans la moindre difficulté. S'il y avait là quelque chose de rageant pour la lame noire les choses devaient l'être tout autant pour l'Ancestral qui se gardait bien de laisser exploser sa colère.

Finalement, un mal pour un bien, les Vampires dominaient sans nulle doute toute cette partie du continent, l'Est. Son ennemi bien trop occupé à soumettre l'Empire ne prenait pas la peine de se soucier d'eux ce qui était en soit une bonne chose puisqu'ils pourraient désormais préparer un nouveau plan d'une quelconque manière, ces êtres offraient une opportunité non-négligeable à un peuple qu'ils souhaitaient voir disparaître au plus vite de la surface de cette Terre. D'ailleurs, que voulaient-ils si ce n'est prendre le contrôle total de cette terre ? Et l'Esprit du Néant d'où provenait-il ? Ethan n'en avait jamais entendu parlé, est-ce qu'il en était de même pour l'Ancestral et les membres du Conseil ? Une question forte intéressante qui pour autant n'aurait pas lieu d'être puisque cela ne changerait en rien le problème. Pour l'heure, une assemblée du Conseil et de quelques vampires triés sur le volet avaient été convoqué par le Prince Vampirique pour une raison obscure tout d'abord, Ethan s'y présenta sans vraiment rechigner, de toute façon il n'avait pas d'autre choix que d'y assister, bien que ce genre de regroupement était fort déplaisant pour le Militaire qu'il était, la voix du Conseil et des autres membres l'importait peu, d'ailleurs il n'avait d'ordre à recevoir d'aucuns d'eux, seul Lorenz avait une réelle importance dans tout ça, mais il était bien obligé de se plier à ce type d'événement qui pour son plus grand plaisir n'avait pas lieu régulièrement et encore heureux.

Pénétrant à l'intérieur de la tente, il porta un regard glaciale à l'ensemble des membres du Conseil présent, tout comme ce dernier se voulut insistant lorsqu'il posa ses prunelles sur Kedrildan qu'il n'avait cessé de former à l'épée lorsqu'il en avait l'occasion ainsi qu'en croisant le regard d'Achroma sur lequel il ne prit comme d'habitude pas la peine de s'attarder. D'un petit mouvement de tête, il salua brièvement l'Ancestral avant de rejoindre une place un peu reculée de tous préférant préserver sa solitude et surtout se tenir le plus loin possible de tous les énergumènes présents. Bien entendu, il n'avait pas une dent contre tous les membres, mais ne les portait pas tous dans son petit cœur déjà mort, cela aurait été trop simple qu'il affectionne l'ensemble du Conseil alors que dans le passé il n'eut pas d'autres choix que de se résoudre à en éliminer une partie pour offrir une toute nouvelle place à son Seigneur. Bien ! Et maintenant ? Tout le monde semblait être présent, sûrement manquait-il un ou deux membres du Conseil, peut-être pas, Ethan ne connaissait pas vraiment leur nombre, ne s'y intéressant pas le moins du monde, il n'en avait royalement rien à faire. Quand enfin, contre tout attente, un jeune vampire ici présent commença à lire une étrange lettre qui avait été remise la veille à l'Ancestral. Comment dire... Il décrocha rapidement de la conversation lorsqu'il entendit les mots humains, dragons et elfes, tout le monde sur le camp connaissait le dégoût certains qu'il arborait à leur égard et aucun ne se risquerait à le faire changer d'avis, pas même Lorenz qui partageait sans nulle doute le même point de vue concernant les autres peuples. Une trêve... Ce mot sonnait désagréablement mal dans l'oreille d'Ethan qui ferma les yeux un court instant pour chasser cette idée de ses pensées, il aurait d'ailleurs bien explosé de rire lorsqu'il perçut le passage concernant la sécurité assuré par ces derniers... Des Baptistrels, des Chanteurs qu'il ne porte pas non plus dans son cœur, étrange n'est-ce pas ? Ce mot était signé de la main d'un Elfe qui n'était pas inconnu à l'ensemble du peuple vampirique, tous l'avaient déjà plus ou moins croisés sur le camp, même si d'après les quelques souvenirs qu'avait Ethan il n'occupait pas une place si importante au sein de l'ordre... Peu importe. Ouvrant de nouveau les yeux, le Général observa tour à tour les membres de l'assemblée ainsi que l'Ancestral, toujours aussi impassible, la lame noire attendait une quelconque réaction qui ne manqua pas de se faire attendre par certains alors que les lèvres glacées du vampire s'entrouvrirent lentement pour laisser échapper un infime soupire. Ce n'est que lorsque le silence reprit sa place au sein des vampires que Lorenz prit enfin la parole, il disait vrai, impossible de s'éterniser ici, qui plus est à l'Est il n'y avait pas grand-chose et le peuple vampirique courait rapidement à sa perte s'ils ne reprenaient pas rapidement le dessus sur ce nouvel ennemi.

Quand enfin le sort fut jeté par le Prince pour plus de sécurité, ce dernier demanda l'avis des membres présents ou plutôt ordonna. Tandis qu'il reprenait place en bout de table, Ethan observa tout le monde une nouvelle fois et visiblement, personne ne semblait vouloir se mouiller, par peur ? Parce qu'ils étaient indécis face à cette nouvelle ? Soit ! Ethan se leva lentement, main droite sur le pommeau de son arme, non loin de l'Ancestral, celui qui habituellement ne prenait pas la parole décida de prendre les devants quitte à surprendre par la même occasion quelques vampires.

« Une trêve donc ? Je laisse à supposer que se rapprocher de ses ennemis pour en combattre un qui nous est malheureusement nettement supérieur est un moyen comme un autre de prouver notre intelligence et notre volonté de ne pas nous laisser marcher dessus comme de vulgaires insectes. Ce rôle est propre aux humains, pas à notre peuple, il va de soit que prôner côte à côte avec ces misérables humains ainsi que le peuple Elfique relève du sacrilège concernant nos lois, mais les interdits sont fait pour être bravés... N'est-ce pas... Et cela même si le Conseil désapprouve cette solution, pour la plupart et comme tout le monde le sait, leur avis m'importe peu. »

Ces mots sortaient difficilement de la bouche du Général, il ne fallait pas se voiler la face, toutes les personnes ici présentes l'auraient remarqué quand bien même il n'affichait pas la moindre expression, ses paroles ne trahissaient pas le fond de sa pensée, il accepterait de suivre l'Ancestral si ce dernier décida d'opter pour cette décision même s'il le faisait à contre-coeur, quoi qu'il en soit, cette solution ne l'oblige en rien à s'acoquiner avec ces êtres, il pourrait donc garder une certaine réserve vis-à-vis de ceux qu'il a l'habitude de tuer sans le moindre ressentit.

« Mon avis a été donné, même si cela relève plus d'une simple supposition qu'autre chose. Je préfère rester neutre quant à la solution qui pourrait être envisagée, je suis ici pour répondre aux attentes du Seigneur Wintel et rien d'autre, seul sa voix portera jusqu'à mes oreilles. »

En somme le parfait petit Soldat ou Toutou comme le qualifierait certains, mais cela n'avait pas d'importance, comme il venait de le dire, il ne se soucie en rien de ce que pense les autres membres du Conseil, il est ici en tant que Général de l'Armée et se contentera d'exécuter les ordres donnés par le Prince, rien de plus rien de moins.

« Seigneur Wintel... » Conclut-il, laissant parler son regard translucide se plongeant dans celui du Prince, avant de porter son regard sur les autres vampires et reprendre sa place en attendant qu'un autre décide enfin de prendre la parole. Achroma ou peut-être Kedrildan ? Est-ce que le Rouquin allait d'ailleurs prendre la peine de donner son avis sur la situation ? Un doute subsistait concernant ce sujet, mais puisqu'il était là en tant que Dragonnier il ne pourrait pas y déroger...

Le crissement doux et sirupeux de la lame à aiguiser résonnait dans l'obscurité de sa tente, le bruit régulier l'aidant à se concentrer alors qu'il avait les yeux fermés pour mieux suivre les rêves de sa dragonne. Elle grandissait si vite... Bientôt il pourrait retirer le sommier pour mettre son matelas par terre s'il ne voulait pas ne plus avoir de lit mais cela n'empêchera pas la jeune dragonne de s'y étaler voluptueusement comme une chatte ronronnant de contentement pour y faire ses siestes quotidiennes. Trissi... Rah ! La déception coulait encore à flot dans ses veines mortes alors qu'il repensait encore au fait qu'il n'avait pas pu assister à son premier vol. Oh bien sûr il y en eut d'autre mais une première fois était toujours spéciale et précieuse, pour l'argenté ce n'était pas important mais pour le vampire c'était primordiale. Déjà que plus le temps filait comme le courant d'un torrent, moins il arrivait à passer du temps avec sa moitié d'âme et plus cela le déprimait... Peut-être devraient-ils prendre une nuit pour se retrouver et enfin apprendre à chasser à la demoiselle pour lui donner une nouvelle corde à son arc de l'indépendance.

Et il était là à réfléchir, plongé dans ses pensées et dans les rêves de sa dragonne, en train d'aiguiser la superbe lame d'entraînement que le Général Ethan lui avait gracieusement offert pour qu'il poursuive son apprentissage les fois où ils ne pouvaient pas s'affronter, quand on souleva les pans d'entrée de sa tente. Glaciale et silencieux, Kedrildan cessa tout mouvement pour le fixer d'un œil acéré et menaçant, mettant mal à l'aise l'importun qui se mit à bredouiller pitoyablement son message avant de prendre la fuite. Grâce à Ethan, ses progrès à l'épée, et par extension aux poignards, avaient commencé à faire le tour des tentes et des vampires : le rat brûlé n'était plus vraiment sans défense à présent. Dépliant son corps en se relevant, le roux vérifia que sa nouvelle armure en cuir souple noir recouvrait bien les marques de brûlures, hideux symboles de son injustice, puis attacha ses cheveux avec un simple anneau de cuir, fixant correctement son demi masque facial pour dissimuler là aussi ses cicatrices. Satisfait de l'image que lui renvoyait son miroir, Kedrildan rangea sa pierre à aiguiser dans sa petite bourse fourre-tout qui était accrochée à sa ceinture et mit sa lame dans le fourreau qu'il avait accroché en travers de son dos. Le vampire ne l'avait pas placé comme ses pairs, fixé à sa hanche et battant sa cuisse à chaque mouvement : il devenait peut-être peu à peu un guerrier mais les habitudes de survie ont la vie dure et donc l'épée dans le dos c'était plus pratique selon lui parce qu'ainsi son dos était un minimum protégé et c'était plus pratique lorsqu'il devait courir. Il se souvenait d'ailleurs d'un épisode peu glorieux où il s'était étalé lamentablement par terre après s'être emmêlé les jambes dans le fourreau...

Bref ! Une fois prêt, Kedrildan veilla à ce que son lien avec Trissi soit toujours actif avant de se diriger vers la tente du Seigneur Lorenz où il était convoqué lui et d'autres vampires pour une réunion militaire à propos de cette invasion destructrice. Ils avaient débarqué un beau jour et en force, sans prévenir et sans sommation, décimant tout sur leur passage dès qu'on avait l'audace de s'opposer à eux. Les dommages étaient lourds, très lourds, et Lorenz ne décolérait plus depuis deux longs mois, ses hurlements et crises de colère étaient plus que récurrents. Un silence mortel régnait en maître sur le campement vampirique, deuil pour certains, crainte pour les uns et attente pour les autres... Le roux chemina tranquillement entre eux, aussi silencieux qu'eux, jusqu'à franchir le seuil de la tente royale, se glissant dans un coin pour ne pas trop se faire remarquer avant de se remettre à aiguiser la lame de son épée.

Le crissement de l'acier avait le don de le détendre...

Quand toute l'assemblée fut présente, Kedrildan diminua le bruit pour les écouter, s'imprégnant discrètement de toutes les conséquences qu'impliquaient cette lettre. Même les elfes avaient remarqué à quel point la situation était dramatique... Dur à admettre mais ces mangeurs de salades, ces fougères parlantes, avaient raison : ce qui les attendait dépassait de très très loin leur guerre.

- Je pense, pour ma part, qu'il faudrait répondre favorablement à ce courrier, finit-il par parler à son tour, une fois qu'Ethan eut terminé son intervention. Déjà, première chose, cela ne nous coûterait rien d'y aller : les baptistrels sont incapables de dire de mensonges donc ce plis ne contient que la vérité, à savoir que nous serons en sécurité et qu'il est plus qu'urgent de faire quelque chose par rapport à cette invasion, continua-t-il tranquillement sans cesser d'aiguiser avec minutie sa lame avant de se figer d'un air grave. Et puis, nous avons lutté de notre côté, dans notre coin, et pour quoi ?! Notre peuple se faire décimer comme des chiens, des animaux ! Nous valons encore moins que les humains ! On nous repousse comme de la vermine ! On nous écrase comme des insectes ! Et ne ne pouvons rien, nous avons beau essayer mais tout ce que l'on gagne au final c'est une morte lente et extrêmement douloureuse... Tout ça parce que selon eux nous n'avons aucun droit d'existence sur cette terre qui est pourtant la nôtre... Et si notre victoire se trouvait dans l'union, avec nos ennemis et notre nourriture ? Je pense qu'il vaut mieux au moins les écouter à cette rencontre pour trouver une solution au plus vite contre ce génocide de grande envergure... Quitte à reprendre notre guerre une fois que nous les aurons chassés hors de notre pays et que nous aurons pansé nos plaies, rajouta-t-il d'un ton mutin et joueur, recommençant à aiguiser sa lame en jetant un coup d'oeil à son maître, Achroma, le seul qui n'avait pas encore donné son avis.

Le silence. Voilà ce qui le caractérisait depuis deux mois. Il ne parlait pas, ou presque pas. Dans les semaines suivant l'établissement de la malédiction, il avait dû faire face à une douleur constante et cuisante, de telle sorte qu'il ne puisse jamais s'en débarrasser ; mais également à la certitude que désormais, son libre arbitre avait disparut, par magie, certes, mais au sens littérale du terme. Il n'était plus son propre maître, ne pouvait agir au delà d'une certaine limite sans provoquer l'agression de la marque à sa paume, cette marque ignoble qui, plus que tout, lui rappelait sans cesse qu'il était désormais l'ombre du Prince vampirique. Son serviteur et son jouet, loyal au delà de la mort même, car c'était bien lui que l'esprit mélancolique frapperait si par un coup du sort, l'ancestral venait à être si grandement menacé. Il avait dû apprendre à vivre avec tout cela, comme il aurait apprivoisé un handicape grave qui le clouait au sol... Et contrairement à ce que les anciens semblaient penser, il avait eut beaucoup de mal à s'y faire. Ce n'était pas une simple blessure, dont il surmontait les effets bon grès mal grès, c'était sa propre magie retournée contre lui, c'était ses connaissances usitées pour placer un collier de cuir autour de sa gorge. Mais il s'y faisait, lentement, s'échinant à s'adapter avec la volonté de vivre et de survivre d'un mortel. Il ne pouvait laisser cette malédiction entraver sa route, ne pouvait se laisser simplement entraîner vers le fond par tout cela, c'était hors de question... Il n'était pas une bête prête à mourir, couchée sur le flanc sur un champ de bataille, les corbeaux au dessus de lui. Il était un vampire et un ancien, et avait connu bien des destins au cours de sa longue existence, il surmonterait celui-là comme les autres, avec le temps et avec la discipline.

Et au moins, Kedrildan vivait... Il porterait sans doute pour toujours les marques de la colère de Lorenz, mais au moins il était encore là, et sa dragonne avec lui. Et son erreur semblait l'avoir mûrit, ou bien était-ce simplement de savoir que quelqu'un le valorisait autrement que comme un vulgaire objet ? Il ne se posait pas la question, n'ayant guère le temps de ressasser ce genre de détail. La majorité de sa concentration s'étiolait dans le besoin constant de réguler la douleur de son corps, quand bien même Silarae était là pour le soutenir... Il refusait catégoriquement que la dragonne porte le fardeau d'un choix qu'il avait fait seul, c'était la sa dignité, et sa justesse. Il avait été seul alors, seul et seulement seul, aussi c'était à lui et uniquement à lui de supporter la malédiction. Il était cependant reconnaissant à la dragonne de cesser de s'éloigner de lui sans raison, il avait besoin de sa présence, d'elle, sa liée, comme d'aucun autre, pas même son maître, il fallait bien le dire. Elle était la principale raison pour laquelle il ne se donnait pas la mort, elle, et Kedrildan... La Blanche mourrait sans doute avec lui, quand à son élève, il finirait par faire une erreur supplémentaire, ou serait tout simplement envoyé comme chair à pâtée au devant d'une attaque avec sa compagne... Il avait des projets pour lui, et ils n'incluaient pas ce genre de mort sordide et sale, loin de là même. Mais cela, il le gardait pour lui, comme tout le reste... il gardait tout pour lui désormais.

N'était-il pas seul ? Définitivement seul, avec cette ombre qui le dévorait un peu plus chaque jour, depuis que la porte lui avait été ouverte. Une porte au plus profond de lui, qui contenait quelque chose d’irrésistiblement.... mauvais. Au début cela semblait si distant, une simple pensée aigre, au détour d'une conversation, et petit à petit cela prenait une ampleur inquiétante. La façon qu'il avait de tuer par exemple, ou tout simplement le détachement crasse qu'il entretenait désormais à l'égard de bien des choses. Parce que toutes ces choses n'avaient absolument aucune importance après tout. Qu'est-ce qui en avait ? Lorenz ? Bah... Le Prince était ce qu'il était, et il en devenait presque familier, dans sa complexité. Silarae ? Oui bien entendue, mais elle était lui, intimement, son aimée, sa liée... elle était au dessus de toutes choses, et il ne la comptait donc pas comme un être séparé de lui. Le reste n'était qu'une brume plus ou moins substantielle. Les anciens le suivaient avec d'autant plus de diligence qu'il n'y avait plus de dissensions parmi eux, le conseil se faisait plus uni... Il n'y avait qu'Enael pour être intéressant, à sa façon propre. Et Kedrildan dont il s'occupait. Encore qu'il se montra plus distant avec lui, trop marqué par les événements, trop coupable peut-être...

Puis étaient arrivés les Alaiyens venus d'au-delà des mers, des guerriers humains, protégés par le Néant, et qui le vénérait. Des adversaires de taille, qui avaient complètement fait basculé la guerre, d'un conflit entre races du continent, à armes presque égales, cela c'était transformé en une annihilation unilatérale, et ils étaient du mauvais bout de l'arme. Terribles oui, et très dangereux... les pertes étaient énormes, mais la cohésion se maintenait, heureusement, afin de ne pas transformer leurs retraite en une débâcle complète, grâce au chef des armées, et à Lorenz. Lui n'était pas particulièrement utile quand il s'agissait de combattre ces choses, la magie n'avait pas autant d'effet sur eux, mais la parade se trouvait aisément en s'attaquant à l'environnement plutôt qu'à eux directement. Ça n'empêchait nullement, cependant, la peur de courir dans le camp, et les vampires de trembler en craignant pour leurs non-vies. Et c'était également, il le supposait, et ce justement, pour cela que le Prince les convoquaient en conseil, chose rare ces temps-ci. Ils étaient alors tous réunit, enfermés là, après la lecture de cette missive... Le nom lui disait quelque chose. Ne l'avait-il pas rencontrer, en une occasion ? Il lui semblait que si, un passage furtif, en compagnie de Kedrildan... ainsi les elfes désiraient une alliance ? Non pas les elfes, les Baptistrels, c'était un peu différent.

Un peu, mais au fond le soucis restait le même... que valait cette missive, quel poids pourrait avoir des négociations de ce genre, et surtout... n'était-ce pas un piège. Cela pouvait en être un non ? Attirer les souverains et têtes pensantes dans un piège, les massacrer... tout ça sous couvert d'une soit disant négociation mais oh ! Une telle fourberie ne viendrait pas des elfes, plutôt des serviteurs du néant. N'étaient-ils pas de fins tacticiens, tout à fait capables de ce genre de manœuvres ? Jusqu'ici, ils s'étaient contentés de la force brute, certes, mais on ne pouvait jamais être trop prudent tout de même. Un excès de prudence conduisait rarement à la mort, alors qu'un excès de bravoure en revanche.... Ou simplement de confiance d'ailleurs, pour ce qu'il en était. Écoutant les dires de chacun, autant les rebellions des conseillés que les paroles détachées et neutres d'Ethan, ou encore la malice de Kedrildan, il resta silencieux, quand bien même leurs regards se tournaient parfois vers lui. Ses yeux à lui n'avaient pas quittés Lorenz, enfoncés sur la silhouette de l'ancien elfe sans qu'il quitte une seule seconde son expression impénétrable. Il n'avait toujours pas envie de parler, parler devenait difficile, avec le temps, sa langue était trop forcée, trop tenue par la malédiction, trop menteuse tout simplement. Il était tellement plus simple d'user de son esprit, de placer directement des pensées légères dans les esprits pour se faire entendre... c'était un poids en moins que de pouvoir se passer de parler. Et puis, Silarae et lui n'avaient pas besoin de parler... tout comme Lorenz d'ailleurs parfois. Cependant, pour cette fois, il consentit à desserrer les mâchoires et à prendre la parole.

« Notre priorité est de défaire les Alayiens. Si tant est que cette missive émane bien de qui de droit, nous n'avons rien à perdre à y répondre favorablement. Prenons part à cette alliance, arrangeons nous pour qu'ils courent à leurs pertes avant nous, et une fois notre ennemi commun décimé, nous n'aurons qu'à achever les survivants »

Il ajouta mentalement, à Lorenz * D'autant qu'il nous sera alors possible d'étudier nos ennemis d'encore plus près. De repérer les failles dans leurs tactiques et dans leurs forteresse, voir de les miner pendant qu'ils ne se méfient pas.... *

Etrangement, ce fut Enaël qui prit la parole en premier. Lorenz aurait parié sur un autre, mais soit, aussi peu diplomate et peu enthousiaste que soit le général blanc à ce genre de conseil, l'ancestral tenait à ce qu'il y assiste. Il était le chef principal des armées, et un loyal soutien, d'ailleurs l'ironie de la situation ne lui déplaisait pas, n'avait-il pas éliminé assez de membres du conseil pour s'y être taillé une place à sa mesure ? Le fait que la plupart des conseillers survivants n'ignoraient rien de ce petit détail ne faisait que rendre les choses plus amusantes, et si cela pouvait servir à les inciter à faire profil bas en leur rappelant à quel point un accident était vite arrivé alors ce n'était qu'un bonus de plus... Repoussant ces pensées parasites de son esprit il se concentra sur ce que le concerné disait, curieux de savoir si le côté stratège du général allait prendre le dessus sur le mépris qu'il éprouvait pour les autres races ou si ce serait plutôt le contraire, il fut vite renseigné, la stratégie avant tout et c'était une bonne chose par ailleurs, car sinon comment pourraient-ils jamais arriver à leurs fins ? C'était une question sans réponse, les concessions étaient parfois indispensables pour espérer toucher la victoire mais celle-ci était tout de même sacrément difficile à avaler et il était facile de lire dans les yeux de plusieurs autres conseillers, ils n'étaient pas prêts à se laisser convaincre. Ce n'était pas un très gros problème pour tout dire, Lorenz n'aurait aucun scrupule à se passer de leur assentiment si le besoin s'en faisait sentir, c'était son privilège de prince après tout et il avait assez bataillé pour arriver à cette place, néanmoins il n'avait pas lui-même pris encore sa décision, préférant peser le pour et le contre en s'appuyant pour cela sur les réactions des conseillers. Lentement, il hocha la tête d'un air pensif tandis qu'Enaël plongeait son regard dans le sien comme pour lui confirmer à nouveau son allégeance. Cela ne l'avançait pas tellement dans ses réflexion mais Ethan était un militaire avant tout, il aurait été étrange et même inquiétant qu'il se place d'une autre façon dans cette affaire. Satisfait de ce premier point, l'Ancestral reporta son attention sur le second vampire à prendre la parole.

Kedrildan... Un mort-vivant qui avait bien failli basculer de l'autre côté et qui en garderait les séquelles, mais c'était un prix bien peu élevé pour ce qu'il avait fait. Pour tout dire sa seule présence ici à cet instant était presque miraculeuse, sans la folie d'Achroma sa non-vie se serait terminé avant même l'arrivée des Alayiens. La chance semblait avoir été du côté de ce petit rat, mais nul ne se trompait sur sa place actuelle, en totale disgrâce aux yeux de son prince, Kedrildan pouvait considérer sa non-vie comme ne tenant qu'à un fil et sa place de dragonnier était sans doute la seule et unique chose qui le protégeait un peu du profond mépris qui brillait dans les yeux de l'ancestral. Pourquoi l'avoir convoqué en fait ? Pourquoi ne pas avoir simplement ignoré ce cloporte afin de bien lui faire comprendre à quel point son avis n'était plus requis ? Cette idée l'avait bien effleuré, mais au final il l'avait laissé de côté, curieux tout de même de voir les changements qui avaient pu s'opérer chez ce miraculé. Réprimant la sourde colère qui s'allumait en lui dès lors qu'il posait les yeux dessus il le laissa parler sans rien afficher de ses sentiments, seule la lueur dangereuse qui s'était allumée dans ses prunelles d'acier démontrait qu'il était attentif. L'autre en arriva vite à sa conclusion mutine qui tira quelques sourires aux vampires même parmi les plus opposés à cette idée de trêve, il n'avait pas tort sur ce dernier point, une trêve pouvait très vite être rompu si cela arrangeait l'un des camps mais la question n'était de toutes façons pas là, pour le moment il s'agissait surtout de savoir si les vampires devaient accepter de former une délégation pour se rendre à l'invitation ou non. Lentement, il tourna la tête vers Achroma qui prenait la parole à son tour, apparemment du même avis que l'autre dragonnier. Nul besoin de s'étendre donc, ses paroles furent courtes en particulier pour ceux qui n'entendaient pas l'échange privé qu'il avait avec son prince :

D'autant qu'il nous sera alors possible d'étudier nos ennemis d'encore plus près. De repérer les failles dans leurs tactiques et dans leurs forteresse, voir de les miner pendant qu'ils ne se méfient pas.... *

l'ancestral ne lui offrit qu'un long regard appuyé en guise de réponse, il réfléchissait. Plusieurs autres vampires s'exprimèrent à la suite de l'Ombre, tantôt pour accepter l'invitation, tantôt contre, et souvent hors sujet. Il les laissa babiller longuement, n'écoutant tout cela que d'une oreille distraite et n'intervenant que pour hocher ou secouer la tête selon le sens de ce qu'on lui disait. Il n'avait pas besoin d'en entendre plus, les éléments rassemblés étaient désormais largement suffisant pour déclencher les rouages qui lui permettraient d'élaborer sa stratégie et d'adapter ses plans désormais largement compromis aux nouveaux événements enclenchés par ces Alayiens. C'est à peine si il remarqua le silence lourd qui avait fini par installer à mesure que les disputes et les arguments contraires des conseillers s'essouflaient, et lorsque enfin il daigna reporter son attention sur eux ce fut pour s'apercevoir qu'ils l'observaient tous, attendant qu'il prenne la parole. Ce qu'il fit calmement :

"Certains d'entre vous s'égarent sur le sujet de ce conseil. Nous ne sommes pas ici pour décider si nous devons ou non accepter une trêve dont nous ignorons toutes les conditions et autres petites lignes. Le seul point à éclaircir cette nuit est celui que j'ai déjà exprimé à savoir : devons nous ou ne devons nous pas décliner cette invitation ?"

Impassible, son regard faisait lentement le tour des visages présents. Il s'était levé afin d'appuyer ses propos de toute sa stature et c'est d'une voix maîtrisée mais sans réplique qu'il reprit :

"Vous êtes plusieurs à avoir souligné le fait que cette offre pourrait être la seule opportunité à s'offrir à nous. Nous recherchons activement le point faible des Alayiens depuis plus de deux mois, sans succès et rien ne permet de croire que nous le découvrirons à temps. De toutes évidence les humains et les elfes ne l'ont pas trouvé non plus, néanmoins leurs recherches sont sans doute aussi actives que les notres, peut-être même sont-ils plus près de la solution que nous. Il serait regrettable de laisser passer l'occasion de voir par nous-même où ils en sont et ce que nous pouvons tirer de leurs propres découvertes."

Un demi sourire cruel étira ses lèvres fines tandis qu'il reprenait le point déjà mis en avant par Kedrildan et Achroma :

"Et il est vrai aussi que la tentation d'aller voir de plus près les installations de nos plus anciens ennemis est assez forte. Qu'on finisse ou non par accepter cette trêve, ce serait une erreur que de décliner l'invitation, nous avons trop à gagner. Quand aux pièges dans lesquels nous pourrions tomber ils ne sont pas très inquiétants, les Baptistrels ne peuvent mentir, nous ne serons pas agressés. Reste à voir si la réciproque sera vrai, je suis assez curieux de voir cette magie qui est sensée avoir le pouvoir de brider la mienne... Oui... Je suis certain que ce sera... Fascinant."

Quelques rires résonnèrent contre les protections magiques mais la plupart des vampires étaient restés silencieux, sans doute trop fascinés par la décision historique qui se prenait là pour piper mot. L'un d'entre eux osa tout de même une question :

"Une question demeure mon Prince, même si nous prenons uniquement la décision de répondre à l'invitation et pas forcément d'accepter la trêve nous ne savons pas encore comment nous allons nous y rendres. Il faudra traverser le royaume humain de part en part... Du temps de l'empire c'était difficile et dangereux, du temps des Alayiens cela me semble d'autant plus problématique... Devons nous vraiment prendre ce risque ?"

La question était légitime, Lorenz se l'était déjà posé lui-même. La décision de mettre tout ses oeufs dans le même panier et de faire traverser tout l'empire à ses plus importants vampires et y compris à lui même n'était pas banale. Et si les choses tournaient mal ? Il ne manquerait plus que la délégation tombe entre les mains des Alayiens et ce serait le bouquet... Sans compter qu'il lui faudrait laisser l'armée aux ordres de suppléants, il ne pourrait pas se passer d'Ethan pour une telle aventure... C'est vers lui qu'il se tourna :

"De nombreux détails vont devoir être mis en place, mais ce domaine te concerne Enaël. Tu sera responsable de la sécurité de la délégation que ce soit pendant le voyage ou sur place, tu sélectionnera toi-même les vampires qui t'assisteront dans cette tâche et tu aura les mains libres pour remplir ta mission dans les meilleures conditions possibles"

Le regard appuyé qui suivit était assez clair, carte blanche était accordée au général qui pourrait sans limite utiliser toutes les ressources disponibles pour cette tâche. Resterait aussi à voir qui prendrait le commandement du camp pendant leur absence mais cela pouvait attendre

"Reste à savoir qui composera cette délégation..."

Isendal Ithil avait été convoqué pour un conseil privé, les vampires qui occupaient un poste important dans l'ordre dirigeant du monde vampire étaient présents. Les ancestraux, les millénaires encore en vie, les dragonniers, le général de Lorenz et d'autres, tout cela dans un sacré mélange de vampires qui pour une partie, ne maitrisaient pas vraiment leurs émotions autant qu'Isendal considérait qu'il le fallait. Il prit place dans son siège, sa canne d'apparat dans sa main droite. Une lecture fut faite, qui fit légèrement froncer les sourcils d'Isendal, pas parce qu'il était étonné, mais parce qu'il était concentré et tentait de lire entre les lignes. Les Baptistrels, ces chanteurs de la nature, ces vibrateurs magiques, ces ennemies dont les rangs étaient éparses. Voilà bien quelque chose d'unique sur Armanda : une alliance entre humains et elfes et vampires. Si les deux premiers camps étaient des alliés naturels, les vampires eux étaient les ennemis jurés de chaque peuple de ce monde, cherchant la domination au prix de la mort absolu, ou pire encore, la non mort. Le seigneur Lorenz usa de sa magie pour déclencher les effets de son cercle d'incarcération puis ordonna aux vampires présents de parler. Le moment délicat était venu, qui allait oser donner en premier son avis, sous peine que ce ne soit pas le même que celui de son maitre et qu'il risque la mort ou le châtiment? Isendal se moquait de qui prendrait la parole, il analysait encore le contenu de la lettre dans son esprit.

Ce fut au général de commencer finalement. Le maitre espion appréciait ce vampire, pour ses qualités de chef militaire, il était un allié fidèle et loyal, il était talentueux et courageux. Même s'il était encore un peu jeune, Isendal lui accordait son oreille et un intérêt notable. Mais ce qu'il entendit lui fit ouvrir des yeux mauvais, les sourcils froncés! La neutralité. Ethan avait prit la parole en premier, pour montrer qu'il n'avait pas peur et qu'il pouvait donner son avis à son seigneur sans rien craindre, qu'il allait lancer ou non les vampires dans une sacrée aventure et quoi? La neutralité! Prendre la parole pour ne rien annoncer. Isendal serra un peu plus fort sa canne au pommeau cylindrique et étrangement stylisé. Le conseiller attendit de voir les réactions de Lorenz, qui n'affichait rien, absolument rien du tout, avant que ce ne soit Kedrildan qui prit la parole. Et qu'arriva-t-il aux oreilles d'Isendal? Des insultes du peuple vampire, qui vaudrait moins que les autres. Ethan d'abord et maintenant cet imbécile heureux qui avait obligé Achroma à déclencher le double royal. Une soudaine et puissant envie de meurtre pénétra Isendal, il avait envie de trucider des gorges, celle d'Ethan avec ses propres griffes puis celle de ce dragonnier, avec le bout plat de sa canne afin que cela fasse mal et dure longtemps. Plutôt que de passer à l'acte, Isendal respira lentement et se mit à réfléchir. Il allait prendre la parole, personne ici ne voyait ce qu'il se passait? Personne ne voyait donc jusqu'où les vampires étaient en train de tomber dans leur propre estime et considération? Mais ce fut Achroma qui prit la suite. De nouveau Isendal observa le silence, en enregistrant les informations, les visages, les traits de chacun. Mais on lui vola de nouveau son tour, Lorenz rappela un peu tout le monde à l'ordre, ce qui soulagea quelque peu le maitre espion, enfin quelqu'un se rendait donc du cirque qui venait de se produire. Il chargeait son général de mettre une troupe en œuvre quand Isendal donna un coup de sa canne sur le sol et se leva, laissant pantois un conseiller à ses côtés, qui trouvait sans doute honteux que l'espion prenne la parole à ce moment précis

"Monseigneur! Conseillers! Cette réunion et les événements qui l'ont déclenché sont en effet exceptionnels mais pas au point de ne voir afficher ici que de la neutralité et des insultes envers notre propre race! Nous ne sommes pas l'ombre de ce que nous pourrions être! Nous sommes!"

Etrangement, pendant son discours, ses yeux passèrent sur le général avec tranquillité et sur Kedrildan aussi!

"Les Baptistrels sont liés à la vérité, ils ont prêté serment devant le Dracos Honoris et la Terre elle-même de ne jamais dire de mensonges, de ne pas faire de jeux de mots, de ne pas déformer le langage quelle qu'en soit la raison… Si l'un d'eux venait à mentir, il perdrait tous ses pouvoirs sur le champ et ne pourrait jamais plus les retrouver. Il est stipulé par leur fondateur eux même qu'ils comptent sur une trêve de notre part. Aucun sortilège là bas ne s'opposera à notre magie ou celle des humains et des elfes. Ils comptent sur nos promesses Monseigneur! Des promesses qu'ils nous feront faire aux portes de leur palais. Sauf que le mensonge sera ressenti par ces chiens. Alors oui, la question est de savoir si nous acceptons l'offre, mais aussi si nous sommes vraiment aptes à accepter ou non cette proposition!"

Isendal venait donc de rappeler à tout le monde que, si les vampires traversaient tout Armanda pour se rendre à cette réunion au sommet, ils ne pourraient pas mettre les pieds dans le sanctuaire des Baptistrels s'ils refusaient une trêve ne serait-ce que pour quelques heures. Alors s'ils acceptaient l'invitation, ils devaient aussi accepter la trêve pour un temps réduit certes, mais tout de même non négligeable, peu importe la puissance magique de la délégation qui s'y rendrait. Le maitre espion se tourna vers Ethan et continua

"Les troupes Alayiennes sont dispersés en plusieurs points sur Armanda, j'ai étudié leur manière de se déplacer, le temps qu'il leur faut pour parcourir certaines distances. Nous avons jusqu'à la nouvelle lune pour nous rendre là bas! Avec certains détours ... nous pourrions nous y rendre sans risquer de rencontres déplaisantes!"

Puis il se tourna de sorte à faire face à Lorenz et toute l'assemblée

"Je pense qu'il faut nous y rendre. Nous ne réfléchissons que comme des vampires face aux problèmes qui nous frappent. De même les humains ne pensent que comme des humains ... quand ils pensent!"

Un petit silence pour laisser résonner quelques rires

"Et donc, même si cela m'écorche vif de le dire, nous avons, chacun de nos côtés, épuisés nos solutions. Il est sans doute venu le temps de voir si trois manières de voir les choses ne peuvent pas permettre de donner naissance à une nouvelle solution! A nous ensuite d'envoyer les elfes et les humains en première ligne pour tester cette nouvelle solution et voir quels avantages nous pourrons en tirer!"

Puis, inclinant légèrement la tête, il retourna à sa place, afin de voir la suite de cette sacrée réunion!

Ethan était belle et bien conscient que sa position laisserait perplexe quelques membres du Conseil, mais bien évidemment, il n'en avait pas grand-chose à faire, pour la plupart il ne leur adressait pas réellement la parole, s'il en respectait une partie ? Probablement, mais allez savoir lesquels. Rester neutre et se contenter de suivre ce que l'Ancestral dirait restait une solution tout à fait satisfaisante pour lui, s'exprimer plus profondément et exposer son point de vue n'aurait aucunement ébranlé la façon de voir les choses de ce dernier, alors à quoi bon. De toute façon, la diplomatie n'était absolument pas pour lui, s'il avait été fait pour parler des heures et des heures d'une possible trêve ou autre, ça se serait, hors ce n'était pas le cas, il était ici uniquement pour concevoir des stratégies militaires et rien d'autre, d'ailleurs c'est exactement ce qu'il avait fait, parler stratégie. Et ce n'est que lorsqu'il put conclure sur ses paroles et sur le hochement de tête du Prince qu'Ethan regagna sa place en s'installant le plus droit possible, ses bras vinrent se croiser alors qu'il fermait les yeux pour patienter et écouter le point de vue de chacun.

Un petit soupire vint se glisser dans la conversation lorsque Kedrildan prit la parole, cette situation était amusante, dire que quelques semaines plus tôt il aurait put ne jamais assister à cette réunion. Ethan partageait l'avis de ce dernier sur quelques points, mais n'en dirait rien de plus, il était bien plus qu'évident qu'une fois l'ennemi repoussé, les Vampires auraient l'occasion de reprendre la petite guerre qu'ils avaient fièrement débuté avant l'arrivée impromptue des Alayiens. Il restait encore à savoir combien de temps cela pourrait durer, la simple idée de côtoyer des Elfes et des Humains ne serait-ce que pour un simple rassemblement laissait éprouver un sentiment nauséeux au Général Blanc, déjà qu'il éprouvait une certaine et réelle difficulté à supporter la présence des Dragons, voilà qu'il allait devoir s'adapter à une toute autre présence qu'il avait pour habitude de chasser pour renforcer les rangs de l'armée Vampirique. C'est alors que quelque chose ou du moins quelqu'un vint titiller l'attention d'Ethan, le second Dragonnier, Achroma eut enfin la bonté d'ouvrir la bouche pour adresser quelques mots qui vinrent tirer un léger rictus à la lame noire qui d'un mouvement tout juste perceptible hocha la tête, il n'y avait pas à dire, excepté cette réticence à se fréquenter et la méfiance dont ils font preuve tous les deux, Sylath et Enaël n'étaient finalement pas si différent que ça lorsqu'il s'agissait de raisonner en faveur de leur propre cause ou du moins celle du peuple vampirique. Ces mots furent brèves et ce ne fut pas plus mal, car derrière l'air détaché de cette conversation qu'affichait la lame noire, il commençait de plus en plus à s'ennuyer, les conseillers l'ennuyaient surtout à tenter de parler plus fort l'un que l'autre, la chaleur émise par l'Ancestral leur montait peut-être à la tête ? Peut-être qu'une douche glaciale pourrait leur rafraîchir les idées.

Après un court laps de temps, les débats s'interrompirent pour laisser place à un silence pesant et surtout plaisant, désormais la parole revenait probablement au Prince à moins que l'un d'entre eux n'est encore la fumeuse idée de s'exprimer sur le sujet. Et Isendal dans tout ça ? Qu'attendait le Maître Espion pour prendre la parole, n'avait-il pas d'opinion précise sur le sujet ? Chose étonnante d'ailleurs, mais soit. Et c'est avec une voix calme et posée que l'Ancestral vint reprendre la parole, rappelant à l'ordre certains membres ici présent qui avait la fâcheuse tendance à s'écarter un peu trop du but des réunions qui étaient réalisées sous la tente du Wintel. Quant à la réponse à la question, c'était purement et simplement non... S'ils voulaient espérer un jour repousser les Alyiens ils n'avaient pas d'autres choix que d'accepter un peu par la force des choses. Oui... Deux mois... Deux mois qu'ils n'avaient de cesse de reculer et cela même avec les forces présentes et le génie des Soldats à la tête du peuple Vampirique, rien n'y faisait, les Alayiens avaient un avantage considérable et dérangeant sur eux, leur arme en verre noire était un détail auquel il faudrait rapidement trouver une parade pour ne pas voir sombrer un à un les Sangs-froids. Quand Lorenz conclus sa phrase sur ce qui semblait être une petite plaisanterie pour plusieurs membres du Conseil, Ethan lui n'ouvrit pas la bouche, mais se contenta d'écouter patiemment attendant son heure qui allait approcher. Bien plus rapidement que prévus d'ailleurs puisque la question fatidique tomba expressément de la bouche d'un Conseiller, comment traverser les terres menant au Royaume Sylvestre avec les troupes Alayiennes présentent tout autour des villes humaines bouchant le passage menant chez les Elfes par la même occasion. Ouvrant les yeux au même moment, Ethan reporta son attention sur l'Ancestral et ces quelques paroles. Responsable de la sécurité de la délégation était une chose à laquelle il n'aurait pas put déroger et quand bien même, il n'aurait jamais laissé le Prince quitter les terres de l'Est sans sa présence pour veiller sur lui. Sélectionner soi-même les vampires ? Soit ! Il savait déjà qui il prendrait avec lui, sa petite unité habituelle était d'une fiabilité suffisante en plus de la présence d'autres Vampires de niveaux supérieurs, puisqu'il allait probablement falloir compter sur la présence des deux Dragonniers et autres membres du Conseil vampirique. Carte blanche ? Ethan n'aurait demandé mieux, il allait pouvoir faire ce que bon lui semble pour l'organisation du convois, ce qui n'était pas plus mal, il ne voulait pas se retrouver affublé de Vampires douteux pouvant prendre la fuite à la simple idée de croiser quelques Alayiens qu'Ethan aimerait volontiers châtier et bouter hors de ces terres. Il resta silencieux sur les propos du Prince, répondre n'était pas nécessaire puisqu'il n'avait rien à ajouter ni la moindre question sur ce qui venait d'être dit.

Quand soudain, la canne du Maître Espion vint résonner dans la pièce tandis que le Vampire profitait de cette surprise pour se lever, extirpant par la même occasion au Général un regard en coin. Il était temps, chose d'ailleurs étonnante qu'il n'ait pas prit le temps de s'exprimer un peu plus tôt, mais mieux vaut tard que jamais après tout. Ces premières paroles n'eurent pas grand effet sur Ethan ainsi que tout autre vampire étant concerné par ses propos, qu'espérait-il ? La position du Général Blanc était ce qu'elle était que cela plaise ou non encore plus à un membre du Conseil. Une fois les points concernant les Baptistrels exposé, Isendal se tourna alors vers Ethan, un peu plus tôt l'idée de quitter la tente pour allez commencer à préparer quelques effectifs lui avait traversé l'esprit, mais les remarques du Vampire n'avaient certainement pas échappé ni à Ethan ni à Kedrildan qui devait lui aussi être concerné directement par les propos tenu par le Conseiller. Alors qu'il écoutait patiemment les quelques informations données, Ethan reporta un court instant son regard sur l'Ancestral avant de se replonger vers Isendal qui finissait tout simplement d'exposer son opinion avant de regagner sa position.

« Et donc ? » Dit-il en restant sagement à sa place, veillant surtout à adresser cette question à Isendal. « Pour l'heure seul les informations que tu pourrais m'apporter sur les Alayiens sont susceptibles de retenir mon attention Isendal, le reste m'importe peu. » Ajouta Ethan en faisant référence à la précédente allusion tenue par le Maître Espion. Ce petit échange n'avait rien de désobligeant de la part du Général, il préférait allez droit au but et cela même avec le respect qu'il peut porter au Vampire Millénaire.

Gardant sa position sur le siège, les bras toujours croisés, Ethan patientait, un rapport détaillé sur les choses serait toujours bienvenu, bien plus qu'un flot de paroles sous lequel il pourrait finir assommé, fichu politicien et tout leur discours... Cela devait déjà bien faire plusieurs dizaines de minutes qu'ils étaient ici et l'ennui le gagnait déjà et encore un peu plus à chaque instant. Reportant son attention sur l'Ancestral, Ethan espérait que cette réunion toucherait bientôt à sa fin pour passer aux choses sérieuses.

[Hrp : Désolé pour avoir traîné juste pour sortir si peu.]

Scritch. Scritch. Scritch. Le bruit de la pierre à aiguiser contre la lame l'apaisait et le détendait mais il ne s'enfonçait aucunement dans un petit coma de repos, bien au contraire : la mélodie de l'acier tranquillisait son esprit pour davantage permettre à ses sens de se concentrer sur ce qu'il se passait dans la tente, les paroles et bavardages intempestifs que chacun apportait pour nourrir le débat sur la question. Devaient-ils ou non répondre à cette invitation ? Sire Lorenz était décidément bien vieux pour être dur de la feuille au point de répéter une nouvelle fois cette question, n'avait-il pas comprit que, malgré les avis conflictuels, l'idée générale était qu'ils devaient y assister à cette réunion au sommet chez les baptistrels. Sourd et sûrement impotent... Kedrildan n'arrivait plus à l'aimer, en fait : depuis la « punition », le roux se demandait bien comment il avait pu supporter un être pareil au point de l'aduler, de l’idolâtrer, de le porter aux nus alors que c'était un vieux croûton rassis qui était incapable de voir les choses telles qu'elles étaient, qui ne sait pas réfléchir avec justesse pour son peuple. Quelqu'un qui n'était pas capable de discerner la loyauté de l'incapacité et l’incompétence... Dire que le jeune vampire était prêt à tout pour leur seigneur, qu'il était d'une fidélité à l'état pur... Cela avait été une vraie claque dans la figure ce fameux soir où son idole avait révélé son vrai visage au roux si adorateur de sa personne en le punissant violemment, le laissant au bord de la mort.

Ce soir-là avait été la fin de ce qu'il était pour le laisser devenir ce qu'il est à présent...

Enfin bon. En tout cas, la décision de s'y rendre fut prise et ce fut au tour du choix de qui intégrerait la délégation. Là aussi c'est une sacrée question... Et le coup d'oeil que lui jeta le maître-espion lui donna des envies de meurtre. Que se passait-il votre Excellence ? La réalité lui faisait frétiller ses canines de lait ? Bien qu'il admirait sa fonction d'espion, Kedrildan ne pouvait pas apprécier sa façon d'être : une autruche pataude et rance. De toute façon, ses Anciens étaient tous des frileux, que ce soit leur seigneur à tous ou ses conseillers, la jeunesse et leur audace ainsi que leur vérité leur faisait peur et ils jappaient comme des roquets effrayés. Depuis quand le sire Isendal n'avait pas vu un champ de bataille ou ne serait-ce qu'une escarmouche ?! Tch... Même s'il avait l'audace de répondre que cela faisait peu de temps, le roux n'accepterait jamais rien de lui : cela faisait bien trop longtemps qu'il baignait dans sa fonction, dans le confort et le « froufroutage » intempestif. De toute façon, le jeune vampire n'avait pas vraiment porté dans son cœur mort l'administration vampirique... Trop abscons et ce d'une manière très sadique qu'ils leur étaient propre... A croire qu'ils jouissaient du bonheur de torturer les pauvres âmes infortunés qui avaient l'outrecuidance de les déranger pour leur soumettre une quelconque théroie.

Des incapables enveloppés dans de la soie... Comme lui à une certaine époque mais bien pire... Des êtres qu'il n'aimait pas en somme et le silence glaciale, et le regard foudroyant, qu'il lui offrit en retour à son coup d'oeil mal élevé en fut la preuve de son « affection » pour ce genre de politicien pompeux. Le sang neuf et frais, il n'y avait rien de mieux !

Secouant la tête en reniflant dédaigneusement, Kedrildan baissa de nouveau les yeux et reprit son mouvement hypnotique, aiguisant sa lame jusqu'à ce qu'elle soit d'un brillant et d'un tranchant sans égale. Il s'entraînait à la manier sans relâche, encore et encore, écoutant les conseils de son « professeur » Ethan, les appliquant et les répétant encore et encore pour qu'ils deviennent instinctifs. Il voulait être plus fort et vite ! Pouvoir être capable de garder la tête haute, d'être fier de lui et de protéger les êtres qu'il aime... Trissi... Achroma... Bientôt, il leur promettait en silence : bientôt il serait digne d'eux. Le débat se poursuivit et ils discutèrent entre eux à haute voix, interrogeant, exigeant, négociant, qui serait de la partie et qui était bien loin d'être digne d'une telle mission si importante. Mais pour le roux, sa décision était sans appel : avec ou sans l'accord de Lorenz, il serait du voyage ! Il n'était pas question qu'il reste au campement alors que son maître, Achroma aille là-bas sans lui, et encore moins Ethan avec qui il souhaitait continuer de progresser. Après tout, un entraînement militaire dans le bois neutre des baptistrels, il ne devrait pas craindre la malédiction non ? Etant donné que c'était un simple entraînement et qu'il ne voudrait pas faire et ne ferait pas de mal à un des invités de ce domaine, le roux ne risquait rien... N'est-ce pas ?

Frissonnant à la pensée d'une quelconque malédiction, Kedrildan releva brièvement les yeux pour fixer son seigneur. Devait-il le lui dire ? Tout le monde semblait en discuter même s'il était plus qu'évident qu'Ethan serait de la partie, sa place étant réservé de part sa position dans la hiérarchie vampirique. Mais il n'était qu'un dragonnier en disgrâce... Qu'apporterait-il à un voyage pareil ? Sûrement pas grand-chose... Cependant, il devait essayer !

- Seigneur Lorenz... Commença-t-il avec hésitation, le regardant avec détermination même s'il n'était vraiment pas confiant en cet instant. J'aimerais me joindre au cortège pour assister à tout cela et rester auprès de maître Achroma... Avec votre permission, cela va de soi, rajouta-t-il un peu précipitamment : une dose d'humilité était toujours bien vu, surtout au vu de la situation précaire du roux.

Dans le cœur desséché et flétrit du jeune vampire, Lorenz ne représentait plus rien : son monde, maintenant, c'était exclusivement le blond qui l'avait prit sous son aile et Trissi, sa moitié d'âme.

- Bien évidemment, j'ai retenu les leçons du passé alors ma conduite sera irréprochable, seigneur, continua-t-il, serrant ses doigts autour de sa pierre à aiguiser, comme si elle pouvait lui transmettre la tranquillité et le courage dont il avait besoin pour tenir jusqu'au bout sa volonté. De plus, je suis dragonnier et en venant avec Trissi, cela pourrait les amadouer ou du moins leur faire baisser légèrement leur garde, en tout cas cela pourrait être un atout non négligeable : les dragons sont des enfants de Dracos après tout, rajouta-t-il, retenant un souffle qu'il n'avait plus en espérant que Lorenz accepte son souhait, peut-être même qu'Achroma appuierait son choix.

Le regard fixé droit devant, les pieds joints, le dos droit, les bras sur les accoudoirs et les paumes ouvertes, Althaïa réfléchissait. C'est ce qu'elle faisait la majorité du temps. Enregistrer et analyser. Comme un exercice immuable sans cesse repris à zéro. Aurait-elle été une statue de marbre qu'il n'y aurait pas eu grande différence.
La réunion avait commencé depuis un certain temps. Combien ? Quelle importance. Plusieurs fois, les mots répercutés par le dôme magique avait rider la surface lisse de sa mer intérieure.
Les vampires s'étaient exprimés un à un, tous avec leurs opinions, leurs expressions, leur volonté, et Althaïa n'avait tiré de tout cela qu'un constat amer : était-elle donc la seule à se préoccuper des subtilités du langage ? Certainement. Les vampires n'aiment pas les mots. Seulement les actes. La diplomatie était leur point faible, la rhétorique la panache d'une élite très restreinte, et le calcul d'anticipation à long terme sa spécialité à elle.
« […] les armes et la magie offensive seront interdites durant toute la durée des négociations. »
Althaïa avait presque envie de rire. Presque. Stupides elfes. Stupides baptistrels. Leur serment de vérité les liait à chacun de leurs mots, écrits ou prononcés, et eux-mêmes semblaient ne pas mesurer une seconde la portée du moindre nom ou adjectif.
Offensif.
Les baptistrels étaient des pacifistes. D'après ce qu'elle avait compris des récits sur leur ordre, certains étaient de fines lames ou de bons archers. Mais jamais leur art ne servait à combattre... seulement à défendre leur vie en cas d'agression.
Rien d'étonnant à ce que l'auteur de la lettre n'ait un instant considéré que la magie défensive, elle, puisse être bien plus dangereuse qu'une arme. Avec une telle proposition, les vampires pourraient se rendre aux négociations, sans soucis aucun, bardés d'enchantements noirs destinés à les préserver de la présence elfique ou humaine... Après tout, rien d'ostensiblement hostile à cela, non ? Uniquement un principe de précaution très pragmatique. Une poignée de main aurait cependant été fatale.

Son oreille continuait à écouter les échos alors qu'elle s'enfonçait dans le labyrinthe inextricable de son esprit. Elle associait un nom aux visages et aux voix qui se présentaient. Leurs idées étaient respectables. Mais tellement prévisibles. Lorenz prêtait une attention à leur discours qui témoignait de la gravité de la situation.

Esprit et Néant étaient des termes parfaitement antagonistes. Le nom avait allumer une flamme dangereuse dans le regard de la Dame en armure. Ainsi, les esprits créateurs avaient leur Némésis... Qui plus est, capable d'annihiler la magie qui imprégnait Armanda. Une force sortie de nulle part, dont nul n'avait jamais entendu parlé.
La question qu'elle s'était instinctivement posée était : « Comment cette puissance a-t-elle retrouvé le chemin de notre monde ? En avait-elle été bannie ? Ou a-t-elle toujours existé dans l'ombre ? »
Autant de questionnements métaphysiques dont les siens n'avaient que faire. Agir, repousser les Alayens, et par la même occasion écraser l'Empire et le Royaume elfique...
Les tacticiens vampiriques ne s'embarrassaient pas du pourquoi ou du comment. Lorenz Wintel avait été intraitable : vaincre ou mourir.
C'était cette puissance et cette volonté hors norme qui avait fait du prince le seul guide du peuple sombre valable au yeux d'Althaïa. Il avait porté son projet de conquête à bout de bras. Lorsqu'il était parti en quête du pouvoir, la vampiresse s'était revue des années auparavant. Acquérir une place au sein d'une communauté sanguinaire était un défi de taille. Lorsque l'ancestral avait revendiqué sa place, Althaïa Actaaë avait compté très tôt dans ses rangs. Et si l'ermite des profondeurs avait pour habitude de garder un religieux silence et une indifférence glaciale, la surprise la plus totale s'était emparé de la foule lorsque sa voix, décuplée par la magie, avait résonné dans l'Ygg-Chall comme un coup de tonnerre pour imposer son nouveau maître au pouvoir. Le silence qui avait suivi ses mots avait suffi à instiller le doute dans le cœur de nombreux opposants.
Mais cette époque était déjà loin pour Althaïa. Si les autres craignaient toujours autant ses cordes vocales, elle les utilisait si rarement désormais que peu se souvenait encore des accents bizarres de sa voix déformée par le métal. À vrai dire, ses seules dernières interventions n'étaient pas de son fait, mais de l'ordre reçu de s'exprimer, parfois à contre-cœur, sur le sujet en cours.

« … De même les humains ne pensent que comme des humains ... quand ils pensent ! »
De grands rires avait accompagné la phrase mémorable de l'ancestral nommé Isendal.
Cette distraction auditive avait tiré Althaïa de ses pensées.
Elle s'efforça de se concentrer à nouveau sur le thème de la réunion et uniquement celui-ci. Sa réponse était d'une évidence à toute épreuve. Il fallait accepter. Non pas pour gagner du temps. Non pas pour se confronter aux autres races dans un lieu neutre et certainement pas pour se voir traité comme de la vermine.
Rassemblés comme un troupeau de moutons dans les plaines de l'Est, ils ne servaient plus à rien. Et un assaut de front était un suicide collectif.
En se rendant dans le domaine baptistral, les vampires avaient un prétexte en marbre noir pour jeter les bases d'une tactique très efficace et parfaitement adaptée au profil de leur petite armée mobile : le dispersement... et la guérilla.

Restait une question en suspend qui semblait préoccuper le général Enaël en ce moment même : quelle délégation devait être envoyée pour être le plus efficace possible ?
Althaïa s'était désintéressée des années durant de ses pairs pour se retirer dans la solitude des profondeurs extrêmes. La guerre et l'avancée à l'air libre de leur armée lui avait donné l'occasion de les observer, de caresser furtivement leurs esprits pour mieux les appréhender. Ce qui s'était avéré plus ardu qu'elle ne l'aurait cru, car son statut de créature étrange et indiscernable créait très vite le vide autour d'elle. Ce dont elle n'aurait eu que faire en temps normal, mais qui désormais devenait handicapant dans l'élaboration des stratégies de groupe.
Malgré tout, elle avait conscience que d'autres membres du conseil connaissaient leur affaire. Les militaires aimaient composer eux-même leur jeu avant d'entamer la partie. Histoire de ressentir l'espoir d'avoir enfin toutes les cartes en main. Ce qui, bien sûr, n'était quasiment jamais le cas.
La griffe de son index crissa légèrement sur l'accoudoir. Signe d'un léger agacement. Quelqu'un allait-il finir par donner une proposition concrète ?

La voix du dragonnier roux s'éleva. Kedrildan... ? Certainement. Il tentait de juguler le léger tremblement de sa voix. Ses efforts étaient louables, mais si Althaïa l'avait repéré, Lorenz Wintel ne pouvait pas l'ignorer. Le regard blanc se fixa sur la pierre que le dragonnier serrait dans sa paume. Il émanait de lui un étrange mélange de peur difficilement contenue et de fébrilité.
Sa pupille rétrécit légèrement lorsque le vampire usa de flagornerie envers le prince pour obtenir ce qu'il voulait. Ainsi, son châtiment n'avait pas eu l'effet escompté ?
Mais qui croyait-il duper, l'ingénu ?
Althaïa n'éprouvait rien. Un vampire est un mort vivant. Mais dans son cas, un grand nombre s'était déjà demandé si elle n'était pas plus morte que vive.
L'attitude du dragonnier provoqua cependant une vague dans son esprit. Ses paroles sonnaient faux. Et Althaïa avait horreur du faux. Surtout lorsqu'on s'adressait à son supérieur hiérarchique.
La discipline était la condition inhérente au bon fonctionnement d'une armée. Cela, Lorenz Wintel l'avait fort bien compris, et ses méthodes radicales avaient façonné une armée vampirique comme Armanda n'en avait jamais vu.

La Dame retint une réplique acerbe. Elle avait repéré un léger basculement du pouce sur la pierre. Le dénommé Kedrildan usait d'hypocrisie. Sans aucun doute. Pourtant, son âme était tourmentée par l'improbabilité de sa démarche. Improbabilité flagrante, danger imminent. Lui infliger une épreuve supplémentaire n'était d'aucune utilité en l'instant présent.
Un léger frisson parcouru l'armure qui émis une série de légers crissements contre la chaise.

Les profondeurs regorgent d'horreurs dont seuls les vampires ont eu connaissance au fil des siècles.
Bien plus que les fauves, les reptiles ou les créatures marines, les insectes inspiraient le plus grand dégoût et la plus grande terreur aux hommes et aux elfes, même si ses derniers affirmaient les apprécier comme habitants de la forêt...
Et c'était ce à quoi elle ressemblait. Sa grande taille et ses hanches étroites la faisait paraître longiligne, bardée de mandibules et de chitines métalliques dont les cliquetis n'avait strictement rien de rassurant. Des mouvements fluides et gracieux malgré l'armure étaient caractéristiques de l'appartenance à la race des prédateurs sombres.

Non, décidément, les gens n'aiment pas vraiment les insectes. Surtout quand ils ont une taille qui égale la leur et sont potentiellement anthropophages.

Althaïa commençait son long calcul lorsqu'elle sentit un regard se poser sur elle. Ses pupilles pivotèrent lentement sans que rien d'autre ne bouge. Elle n'appréciait pas d'être le centre d'intérêt de ses collègues... a fortiori masculins. Un instinct presque animal qui la figeait instantanément comme un cobra prêt à mordre.
Ses iris blanches luisaient faiblement dans l'ombre projetée par les arcades du masque.

Bien, le message était passé.

Cette entrevue se prolongeait bien trop à son goût. Il avait dit ce qu'il avait à dire et voilà tout. Le besoin qu'avaient les conseillers de vomir tout ce qui leur passait par le crâne était aussi navrant que désappointant. De certains, il n'attendait pas mieux, mais d'Isendal... Mais après tout, le monde entier était une criante déception de son point de vue, ces derniers temps et il ne dérogeait pas plus à la règle que les autres. Le coin de sa lèvre frémit aux paroles du maître espion et il eut une pensée pour l'auteur de la missive... décidément, il tournait ses mots avec un peu trop d'aisance et de légèreté pour que ce soit innocent. Il se repassait la missive en boucle, et définitivement, il y avait quelque chose dans la formulation qui soulignait des non-dits... D'après lui, les Baptistrels ne comptaient absolument pas sur une quelconque promesse de la part de qui que ce soit. Il avait plutôt l'impression qu'on les enjoignait à éviter d'eux-même un retour de bâton redoutablement efficace qui planait déjà au dessus de leurs têtes. En appeler à leur propre décence et instinct de préservation, pour ne pas avoir à mettre une sanction inévitable à exécution... Cet elfe était aussi méfiant à leur égard à tous que prompte à valoriser leurs intelligence. Un mélange étrange. On ressentait clairement qu'il aurait voulut être optimiste, sans en être capable. Altruiste ou non, le Gardien venait clairement de dire qu'il n'hésiterait pas à laisser les contrevenant se suicider sur les protections du domaine au besoin.

Et de cela, ils pouvaient jouer... Il suffisait d'enrager un peu le parti adverse, de le laisser tenter une folie, et ils n'auraient qu'à les observer agoniser sous l'assaut de la magie. Restait que derrière ces belles paroles, lui restait persuadé que les chanteurs pencheraient tout de même en faveur de l'alliance humaine et elfique... Et ils parlaient de neutralité, c'était amusant. Amusant mais pas moins problématique, il restait qu'en dépit d'ouvertures très claires dans cette missive, l'elfe avait eut le cran de s'adresser directement aux souverains, d'exiger certaines choses d'eux, même à mots couverts, et qu'il le faisait sur un pied d'égalité. Il aurait bien voulut examiner tout cela de près, mais ce n'était en cet instant qu'il le ferait, pas alors qu'on s'échinait à le fatiguer encore davantage et ce malgré l'importance probable des informations qu'Isendal pouvait communiqué. Cela tenait du domaine de la sécurité, donc d'Ethan, et il était quelque peu malvenu d'en informer qui que ce soir d'autre... La sécurité la plus élémentaire était de ne point mettre de telles informations à portée de tous, même des membres de ce conseil.

* Et bien il a un sens de l'a-propos fort singulier ce brave Isendal... *

Mais au final ça ne le regardait absolument pas. Son cadet savait quand lui donner les informations que lui désirait, pour le reste, il se fichait de savoir si les autres allaient le prier pour le voir ouvrir intelligemment la bouche. Il n'allait pas tarder à le faire pourtant, il serait dommage de gâcher tout ce temps pour rien, et gâcher n'était pas dans les habitudes de son pair dont il avait valorisé la qualité et le perfectionnisme. Mais Kedrildan reprit la parole entre temps et il détourna son regard du millénaire pour le poser sur son protégé, ignorant superbement la mante religieuse par la même occasion. Kedrildan qui désirait venir ? Honnêtement, il aurait plutôt crut que le jeune vampire allait ragé et pesté, voir rester en arrière sous prétexte que les elfes et les humains n'étaient que des insectes et qu'il n'avait rien à faire là bas. Il cligna lentement des yeux, observa tour à tour Kedrildan, Lorenz et Ethan... emmener tout le monde était un pari risqué, si l'ensemble du conseil se déplaçait il y aurait fort à parier que l'armée allait débander en leur absence. Et même sans cela, si ils étaient tous massacrés ça n'allait pas aller. Mais d'un autre coté, laisser le jeune rouquin seul était dangereux, il pouvait encore provoquer des catastrophes sans le vouloir, sans parler du fait que Trissi était incontrôlable... Il y avait du mauvais des deux cotés.

« Si cela est envisageable, la venue de Kedrildan sera un atout pour leur faire croire à notre sincérité, la missive était adressée aux dragonniers également après tout »

Il n'en dit pas plus, mais le pensait fortement. Il allait avoir besoin d'un serviteur pour le soutenir et s'occuper de lui lorsque Lorenz ferait tomber la malédiction des dragons tout entière sur lui. En cela et puisque Zaphirel n'était pas là, son élève était le meilleur choix possible. Il n'en dit pas plus. Une fois encore, la parole était lourde et il ne l'appréciait guère, estimant n'avoir plus rien à dire sur le sujet, en dehors de son conseil au sujet des informations pratiques de la défense de la délégation. Il n'avait qu'une seule idée sur la composition de cette délégation : ceux qui s'étaient exprimés de manière raisonnée et efficace étaient les seuls un tant soit peu dignes d'en faire partie. Quand à lui, il aurait volontiers cédé sa place, mais n'en avait pas la possibilité, aussi le sujet se closait-il.

Il terminait à peine de donner ses ordres lorsque le bruit caractéristique d'une canne frappant le sol lui fit tourner la tête. Isendal... Il s'étonnait de ne pas l'avoir encore entendu. Non pas que le vampire millénaire soit spécialement bavard mais sur un tel sujet comment aurait-il pu garder le silence ? Son seul silence était un message suffisant pour Isendal, il avait toute son attention. C'est plus vers Ethan et Kedrildan que le regard du vampire se porta tandis qu'il donnait son opinion et s'attardait à décrire les pouvoirs et les obligations des Baptistrels que sa longue expérience lui permettait de connaître. Il avait raison sur ce point, Lorenz ne pouvait pas véritablement le nier et il se contenta de hocher la tête. Que les elfes chanteurs aient ou non la puissance nécessaire pour bloquer ses pouvoirs, ce dont il n'était par ailleurs par certain, rompre la trêve dans le giron duquel se dérouleraient les négociation ne serait pas une mince ni une prudente affaire. Les vampires en délégation seraient loin de leur armée et de tout soutien à même de leur venir en aide tandis que les elfes n'auraient que peu de chemin à parcourir pour leur tomber dessus, de même que les hommes et que dire des dragons qui seraient présents? Comment savoir comment ces créatures allaient réagir si un combat s'engageait et comment s'assurer que ceux qui étaient de son côté le resteraient si il leur ordonnait de s'en prendre à leurs frères d'écailles ? Déclencher la bagarre une fois là bas ne serait pas une attitude prudente, c'était certain. Mais l'ancestral savait aussi que la magie n'était pas la seule arme dont il pouvait disposer et ne doutait pas de se sentir parfaitement à l'aise et de taille à défendre les intérêts de sa cause une fois sur place, la politique n'était-elle pas son domaine premier ? Il dû faire un effort pour se détourner des pensées et des réflexions dans lesquelles il menaçait de se plonger tout à fait pour écouter la suite. Isendal parlait à présent des Alayiens et de la meilleure stratégie à suivre pour arriver jusqu'au sanctuaire des Baptistrels, lui aussi était donc d'avis qu'il fallait accepter l'invitation... Il le confirma d'ailleurs par la suite et l'ancestral hocha la tête, conforté si besoin était dans son choix. Ethan de son côté ne sembla pas véritablement convaincu par ce qui venait d'être dit, fidèle à lui même il se fichait pas mal de tous les détails qui pouvaient entourer cette possible trêve, il était plutôt plongé dans la stratégie qui allait lui permettre de mener à bien sa mission et sans doute aussi dans ses réflexions concernant ces Alayiens qui le mettaient en échec depuis des mois. Vexé le général ? Peut-être bien... Mais même si c'était le cas c'était assez légitime, les vampires ne s'étaient pas attendus à prendre une raclée aussi monumentale de la part d'une armée sortie d'on ne savait où. Mais cela se payerait, même si cela devait prendre des années avant qu'il ne trouve la solution Lorenz avait la ferme intention de reprendre la main sur le continent, quitte à passer pour cela par une alliance temporaire avec les humains. Et les elfes d'ailleurs... Mais cela c'est une chose qui serait sans doute beaucoup plus difficile pour lui, le sang maudit qui coulait dans ses veines bouillonnait déjà rien qu'à la perspective de se retrouver face à face avec les représentants de ce peuple haït sans pouvoir pour autant les détruires. Oui.. L'avenir s'annonçait agité... Celui de Kedrildan aussi sans doute puisqu'il osait à présent s'adresser à lui directement... Voyez vous cela...

Brûlantes, les pupilles d'acier se plongèrent brutalement dans le regard qui avait l'affront de se poser sur lui. Soudainement assailli par le poids de la mortelle attention de son prince le dragonnier ne flancha pas pour autant et trouva le moyen de formuler sa demande. Silence. Les pupilles se retractèrent comme pour souligner la soudaine concentration de l'ancestral, il le laissa continuer sans intervenir mais la lueur dangereuse qui brillait dans son oeil parlait d'elle-même, jamais plus il ne s'intéresserait à cet avorton sinon pour s'interroger sur l'opportunité de l'abattre à l'instant ou de remettre cette nécessité à plus tard. Aussi terrible que soit le prix payé pour sauver la vie de Kedrildan l'ancestral ne pourrait oublier que son sang avait maculé la lame de ce rat. Et le pardon n'était pas dans sa nature. Pour le moment l'existence de sa dragonne et le sacrifice d'Achroma le protégeait, mais aucune protection n'était jamais éternelle au contraire de la non-vie d'un vampire. Celle de Kedrildan s'éteindrait dans la douleur à l'instant même où il ne serait plus utile, peut-être même ordonnerait-il à Achroma de le tuer... L'idée était intéressante... A creuser sans nul doute.
En attendant ce délicieux instant qui finirait de toutes façons bien par venir de lui-même l'Ancestral laissa un infime haussement de sourcil méprisant s'afficher sur le masque qu'était son visage et daigna répondre comme si c'était là la seule solution qu'il eut trouvée pour mettre un terme à cette conversation désagréable :

"Que tu restes en arrière ou qu'on t'envoi danser en première ligne mon pauvre Kedrildan tu ne sera jamais un atout. On ne fait pas un lion d'un rat même en y mettant toute sa volonté."

Un silence pesant suivit ses paroles tandis qu'il lançait un regard appuyé vers le général blanc. Croyaient-ils tout les deux qu'il ne savait pas ce qu'ils étaient en train de faire ? L'idée même de faire de cet être un combattant était risible, ou simplement agaçante peut-être au même titre que le fait qu'une dragonne ai pu choisir un tel nigaud pour en faire son dragonnier. Terrible gachis que celui là mais ce ne serait pas la première fois que Lorenz ne comprendrait pas les dragons.

"Tu viendras avec nous, il n'est pas question que je te laisse sans surveillance. Mais je ne veux pas t'entendre, ta simple vue m'insupporte déjà suffisamment."

Ce point là était réglé, certainement pas en douceur mais la situation précaire du dragonnier au sein du clan vampirique n'était de toutes façons un secret pour personne. Lorenz soupçonnait même quelques conseillers de prendre plaisir à cette glaciale remise en place mais il n'en avait cure. Son regard se promenait déjà sur les différentes conseillers, cherchant à voir si d'autres voulaient prendre la parole. Un instant il s'arrêta sur Althaïa, fidèle à elle même elle ne disait mot et il continua donc son tour de table pour arriver de nouveau sur Achroma. L'instant d'avant celui-ci avait appuyé la demande de Kedrildan mais cela n'avait pas vraiment été utile. Il ne semblait n'avoir rien d'autre à dire, aussi Lorenz se décida-t-il à reprendre la parole :

"Kedrildan, Achroma, Ethan, Isendal, et toi Althaïa. Ainsi que moi-même et les deux dragons. Voici de quoi sera constituée cette délégation. D'autres s'y ajouteront sans doute sans oublier les gardes qu'Ethan selectionnera. Le reste du conseil restera pour assister celui que je nommerai à la tête de l'armée en attendant mon retour."

Ses canines brillèrent sur ces mots, il était parfaitement conscient que cette période d'absence pourrait lui coûter cher. La place d'un prince vampirique tenait avant tout grâce à sa force aussi ne résistait-t-elle pas toujours à l'éloignement mais le jeu en valait la chandelle et il ne doutait pas un seul instant d'avoir la puissance nécessaire pour faire plier une seconde fois son peuple sous sa loi pour peu qu'il ne s'essaye à s'y soustraire pendant sa petite visite chez les baptistrels. D'un geste clé, il libéra le sort qui protégeait la tente :

"Vous pouvez disposer, nous aurons de nombreux préparatifs à mener pour cette expédition et pour les négociations qui suivront. Ne me dérangez pas sans une raison valable."

Lentement, sa magie s'effaça, les laissant libres de quitter cet endroit afin d'aller répandre dans le camp la nouvelle de l'exceptionnelle décision qui venait d'être prise...

HJ : ce rp est donc terminé, c'est plus une introduction à l'intrigue à venir qu'une véritable intrigue en réalité ^^" si vous le souhaitez chacun de vous peut poster une conclusion pour son personnage (respectez l'ordre de passage)
Il vous est aussi possible de lancer des rps dans le camp qui suivraient cette réunion (pour en discuter entre vous par exemple) ou de demander à parler en privé à mon personnage (je ne prendrai pas plus d'un rp) si ça vous semble utile.
Merci pour votre participation et bon jeu !

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