Dévoreuse. Un objet d'une telle puissance, dissimulé par les hommes et le temps aux yeux et à la mémoire de tous. Il n'en avait jamais entendu parlé, avant de lire le grimoire. C'était d'autant plus étrange, et d'autant plus suspect, que les connaissances contenue dans les bibliothèques des leurs étaient étendues. Comment un tel artefact avait-il put leur échapper, alors qu'ils recherchaient toutes les armes nécessaires à leur guerre. Mystère. Aujourd'hui pourtant elle refaisait surface, et ce qu'elle mettait à jour pouvait définitivement faire pencher le cours de la guerre. Non. Pire. Avec Dévoreuse, la guerre serait gagnée d'avance. Ou perdue, si un individu de l'autre camp se décidait à tenter de l'utiliser contre eux.

Le conteur doutait qu'il ressortit même un lambeau de bien pour leurs adversaires, mais désespérés, ils s'y résoudraient peut-être. Les choses étant ce qu'elles étaient, il s’intéressait de très près à cette arme potentielle, qui pourtant pourrait couper son lien avec Silarae. Mais si un tiers suffisamment lointain l'utilisait... Lorenz, ou un autre. Peut-être pas aussi puissant, ainsi, les chances seraient moindre de voir les choses dérailler. Mais comment en être certain, alors que les pages du grimoire appelaient toute à jeter cette création damnée au plus profond d'un volcan actif. Il avait besoin d'en savoir plus, sur elle, sur son fonctionnement, sur son histoire.... et surtout sur la route qu'elle avait suivit, après que son porteur originel ne l'ai jeté dans la foule en furie.

Qui avait bien put la prendre, découvrir ce qu'elle était, et ensuite la dissimuler, le plus loin possible des mains malveillantes qui tenteraient de l'attraper. Aucun document transporté depuis les galeries vampiriques n'avait put le renseigner, ne serait qu'un petit peu. Pas plus d'ailleurs que les documents dérobés par les jumeaux dans les villes humaines. A croire que la bague s'était volatilisée... C'était frustrant, mais il tenait à réussir ce défi, d'autant qu'il n'était pas le seul à s’intéresser à l'objet, ce qui était bien normal. Heureusement, au final, que la mission d'infiltration avait été tenue secrète, si non.... si non un petit fouineur aurait finit par mettre son nez dans ce qui ne le regardait absolument pas.

Un fouineur comme Zaphirel en somme. La pensée état aigre. Il ne pardonnait pas au gosse sa promesse au seigneur vampirique, pas plus que sa presque tentative de lui cacher le pot aux roses. Il était ubuesque d'essayer de lui mentir, son totem ne le pardonnait pas, et il lui avait fait dire ce qui s'était passé, en détail. Évidement, il avait eut des nouvelles avant le retour contusionné de son nouveau-né, Silence en soit bénit, mais ce n'était pas suffisent à son goût. Ainsi, il avait ferré le poisson ? Parfait, autant jouer à ce jeu là. Il était sur son terrain, et entendait bien tirer partit de ce petit méli mélo de loyauté autours du jeune vampire. En somme, il l'envoyait de plus en plus s'entraîner avec les autres anciens, ou lui dispensait ses leçons avec une rigueur à le laisser trop fourbus pour tenter de découvrir quoi que ce soit.

De toute façon, il aurait été bien en peine de fournis quoi que ce soit d’intéressant à espionner... ses recherches avançaient avec la lenteur d'un invertébré cuit au beurre, Isyndar était partie depuis longtemps, et il n'avait pas l'intention de kidnapper quiconque dans les prochaines semaines. En bref, il ne faisait pas grand chose à part participer à quelques attaques rapide histoire de se dérouiller et d'utiliser un peu de son énergie. Avec la frustration grandissante, il s'était découvert une nouvelle propension à user des sortilèges de torture sur tout et rien. Puis, alors qu'il se résignait à en venir à l’extrémité tant redoutée, la solution lui était tombée entre les mains avec la ponctualité désarmante qui caractérisait le destin.

D'où venait se parchemin ? Il n'en avait pas la moindre idée. L'écriture ne semblait pas être celle d'un vampire, et le parlé classique et vieillit provenait sans aucun doute de sa propre époque. C'était l'élément premier qui avait attiré son attention sur cette feuille jaunit, craquelée, et partiellement détruite, alors qu'il l'avait précédemment négligée comme un rebut de livre détruit qui traînait encore en raison de la négligence de ceux attachés à la conservation des connaissances. Stupides animaux. Ils étaient parvenu à perdre le seul document de valeur dans tout ce fourbis. Perdre en partie certes, mais juste assez pour lui donner envie de les incendier copieusement. Des lignes tracés d'une encre tremblante et rapide, il avait tout deviné, tout lut, se gorgeant de la connaissance comme un voyageur assoiffé en plein désert trouvant enfin de l'eau.

Se délectant de la trouvaille sans prix qu'il avait fait, il lut et relut l parchemin, et en désespoir de cause, il l'avait me^me recopié jusqu'à cette déchirure écaillée en bas de page, qui laissait présager qu'une partie du parchemin avait disparu de façon violente. Accident ou volonté de ne pas offrir au lecture l'ensemble des informations ? Il penchait, hélas, pour la première solution, vu l'âge de la trouvaille. Non finalement il n'en aurait pas que l'envie... il allait réellement incendier les nouveaux archivistes. C'était intolérable. On lui donnait un os à ronger, et on le privait de la moelle. Mais quel os par Dracos... après une étude minutieuse, il en resta muet. Pensif, inquiet, préoccupé même. Le texte portait la sinistre marque d'une vérité délétère. Les mots avaient beau être tracés à la hâte, ils avaient été choisit, pour frapper, marquer de leurs sens et de leurs poids... cela le laissait songeur. Il en avait apprit beaucoup, mais pas assez pour parvenir à retrouver Dévoreuse.

La piste s'arrêtait trop tôt, alors que celui qui écrivait relatait son retour en terre humaine, et à Gloria, où une maladie contagieuse faisait alors rage. Les indices étaient là, mais pas suffisant. Il lui fallait trouver le reste du document pour achever de retracer la route suivie par l'arme. Le mieux aurait été de demander à un membre de la Rhaposy, mais il se voyait mal entrer au Royaume Elfique, même avec l'aide de Galadrielle, pour demander une telle chose. Les mangeurs de salades risquaient de le prendre très mal, et il aurait à défendre sa vie. Non, il devrait user de moyens plus conventionnels pour trouver ce qu'il cherchait. Mais en attendant, il valait mieux dissimuler tout cela à la vue des autres. Du moins était-ce ce qu'il avait décidé avant que Zaphirel ne tombe sur ses notes. Le gamin savait à peu près lire en plus. Sur le coup, il n'avait rien envisagé d'autre que de le tuer, là tout de suite.

Puis une idée plus attrayante avait vue le jour... Il pouvait toujours user de ce qu'il avait apprit pour faire sortir Lorenz de sa tanière. Après tout l'ancestral l'évitait en raison de Sila, alors pour une fois, c'était l'occasion idéale. Jamais Lorenz ne laisserait passer une information sur Dévoreuse si il pouvait mettre la main dessus, et une aussi sérieuse que celle-ci? Oh que non, et c'était parfait, son empressement le perdrait. Il n'était pas bien difficile, de toute façon, de manipuler Zaphirel pour qu'il lui donne l'information. L'opération était simpliste. Il savait que le gamin devait l'espionner pour le compte du prince, et lui voulait justement le voir. Tout le monde y trouvait son compte. Il ne prit donc pas la peine de dissimuler les documents, notes et cartographies faites, et l'enjoignit même à se presser.

Lui reprit entre temps son labeur afin d'avancer tranquillement ses hypothèses, le temps, court il en doutait, qu'on ne vienne le trouver. Et effectivement, ce fut un retour rapide. Presque plus qu'il ne l'avait escompté. En entendant les pans de la tente bruisser, il cessa d'écrire, posa délicatement sa plume, et se tourna pour observer Lorenz d'une mine de surprise courtoise, pas le moins du monde perturbé par cette entrée. Après tout, il l'attendait, même si lui ne le savait pas. Se relevant sans se faire prier, et s'inclina gracieusement devant lui sans pour autant le quitter des yeux.

« Et bien.... mes hommages mon prince, que puis-je pour vous ?  » Laisser échapper un ' ce n'est pas souvent que vous venez me trouver ' aurait été de très...très mauvais goût, compte tenu de ce qu'ils savaient l'un de l'autre. Son regard quitta Lorenz pour se poser sur Zaphirel. Ses lèvres se pincèrent un bref instant, juste assez pour que la réaction soit visible, et pas assez pour être autre chose qu'une marque de déplaisir accidentelle et rapidement dissimulée. Ses yeux se glacèrent. « Tient... quelle surprise de te voir là. Tu n'étais pas sensé aller me chercher les archivistes ?  »

[HRP : Voilou ^^ n'hésitez pas à me dire si c'est trop court. Je pars du principe que zaph est au courant de la manœuvre et se doute de l'excuse, mais si ça ne te va pas zaph on verras ensemble ]

Si le gamin avait apprit bien des choses, en seulement six mois, la jugeote n'était certainement pas l'une d'elle. Voilà ce que se disait Achroma en l'entendant balbutier et se dissimuler derrière Lorenz. Il manqua même de lever les yeux au ciel et de soupirer de dépit, méprisant souverainement ce genre de comportement. Est-ce qu'il s'attendait réellement à ce qu'il l'accueille avec un grand sourire, la bouche en cœur et en le remerciant alors qu'il lui ramenait Lorenz sous couvert de le prendre sur le fait ? Il ne fallait pas être un génie pour comprendre qu'il allait présenter un visage aussi sévère que réprobateur à ce qui, pour le reste du monde, était une trahison.
Qu'il ne le torture pas pour son manquement était déjà preuve suffisante qu'il le remerciait silencieusement. Il allait devoir sérieusement apprendre à user de faux semblant, ou il serait incapable de nager dans leurs eaux. Cette scène se devait être tendue, sérieuse... et sans cela, pour qui les prenaient-il exactement ? Ils n'étaient pas des enfants de chœurs, ils n'étaient pas gentils, Et ils ne le seraient jamais, il valait mieux l'affirmer une bonne fois pour toute. Et ce qui se jouait là, il était hors de question de le voir capoter à cause de son inconséquence. Mettant cela de coté, bien qu'il faudrait qu'il ai une discussion sérieuse avec le gamin, il regarda Lorenz, et haussa légèrement un sourcil.

« Il lui en faut peu... »

De la cruauté ? Ça ? Allons... ils savaient tous deux qu'ils pouvaient se montrer bien plus cruel que cela. Fallait-il qu'ils en fassent la démonstration ? Non certainement l'enfant n'était pas assez stupide pour avoir envie d'être la victime volontaire d'une telle démonstration. Ou alors il avait des tendances masochistes qui lui étaient inconnues et qui seraient fortes alarmantes.

En parlant de masochisme, n'était-ce pas en cet instant que la malédiction de Lorenz prenait effet, près de lui, à défaut d'avoir Silarae de présente pour la rendre plus lourde. Oh que si, c'était là, juste... en cet instant. Il en était certain, même si le regard du seigneur vampire ne vacillait pas. L'idée de le faire souffrir lui fit l'effet d'une bouffée de plaisir presque corporel. Il souffrait... parce qu'il se trouvait près de lui. Que se passerait-il lorsqu'il approcherait davantage ? Lorsqu'il se trouverait juste devant lui, à quelque centimètre, juste assez pour pouvoir le toucher... la douleur serait-elle plus puissante ? Et si sa dragonne était là, ah, ce serait encore plus délicieux à ressentir. La jubilation qui lui venait à cette idée était pitoyablement vaine, mais il s'en fichait bien. C'était tout simplement trop tentant. Il le garda pour lui évidement, haussant simplement un sourcil alors que le jeune vampire était traîné entre eux.

« Interférer ? Il m'a plutôt semblait que tu venait soutenir mes leçons » Il n'en dit pas plus. Lorenz n'avait pas franchement besoin d'en faire autant pour qu'il sache que Zaphirel était un espion, mais là encore, il ne pouvait savoir que le pauvre gamin jouait très mal la comédie. Il faillit pouffer de rire en saisissant l'insinuation qu'on lui faisait. Mais ça aurait été encore plus suspect que son calme. En l'état, Zaphirel avait parfaitement remplit son rôle. Plus que cela, il avait exactement ce qu'il désirait, en plus de la satisfaction de voir Lorenz se fourvoyer. Bon, il jouait avec le feu et risquait beaucoup, mais c'était trop tentant..... et ça lui avait manqué, les intrigues entres vieillards. Finalement, il n'avait pas tant perdu son coup de main, il se satisfaisait assez du résultat.

« Oh mais tu te trompe Lorenz » Il se détourna sans plus de tension que si ils étaient en train de parler de la météo, s'approcha d'un plateau posé sur l'un des meubles et y prit deux coupes emplies de sang. Lentement, il revint jusqu'à eux, passant à coté de Zaphirel comme si il n'existait pas, et tendit la coupe à l'ancestral. « Il me semble... que nous n'avons guère bu en compagnie l'un de l'autre ces derniers temps » Il lui laissa le verre, et leva le sien en un toast aussi irréprochable, qu'irréprochablement stoïque.

« Je ne lui en veux pas parce qu'il t'as parlé de mes recherches, qui je te l'affirme existes bien, au cas où tu aurais des doutes. Je lui en veux parce que j'aurais put avoir le plaisir infini de t'en parler moi-même si il avait correctement fait son travail » Il lui jeta un nouveau coup d'oeil à fendre les pierres en deux « Et, comme tu le dis si bien, je ne te cache rien, je m'assure simplement d'être en possession d'informations correctes...et complètes, afin de ne pas nous faire perdre notre temps à tout deux. Hors ce n'est présentement pas le cas » Il vida son verre et le reposa d'un geste précis et sec, observa un bref moment l'ancestral, puis claqua des doigts à l'adresse de Zaphirel.

« Puis-ce que tu as eu l'obligeance d'avancer cette entrevue de manière fort peu intelligente, tu aura aussi la bonté de m'apporter les ouvrages qui se trouvent dans le coffre. Tout de suite » Qu'il réplique et cette fois ce serait une sanction sans douceur de sa part. Dans le même temps, il alla prendre le parchemin qu'il avait laissé dans un coffre scellé par magie, afin d'éviter qu'on ne pose de nouveau les yeux dessus sans son accord. Ouvrant le couvercle, il en retira le précieux document et le tendit à Lorenz.

« Tient, regarde donc. J'ai trouvé ça dans les archives. Tu ne pourras pas tout lire, j'ai dû le retranscrire plusieurs fois avant d'en être capable, l'encre est très éliminée. Mes copies sont sur le bureau, et les recoupement cartographiques et historiques des trois peuples sur plusieurs centaines de générations se trouvent dans les ouvrages que mon serviteur ne va pas tarder à ramener... si il ne lui prend pas l'idée d'inviter quelqu'un d'autre sans me consulter avant évidement » Détaché, il déroula la retranscription dont il parlait pour éviter qu'il n'ai en plus à la chercher et attendit de voir ce qu'il en dirait.

N'en déplaise à Lorenz qui croyait y voir, il supposait, de l'ironie, Achroma était sincère lorsqu'il parlait de plaisir infini. Mais c'était encore une fois une face de lui qu'il préférait voiler, quitte à y faire face plus tard. Oh il aurait été sincèrement ravi de lui montrer ses recherches, de voir la lueur de compréhension s'allumer dans son regard, avec peut-être, l'interrogation de savoir où exactement le conteur avait trouvé le parchemin, qui le renseignait et l'aidait. Le plaisir infini aussi... d'avoir la certitude que par son œuvre, personne ne pourrait plus rien contre l'ancestral, même avec Dévoreuse, car la bague serait dans leur camp. Si quelqu'un devait tuer le maudit, ce serait lui et lui seul. Mais il devait avoue ne plus en avoir très envie. Il était tellement plus délectable de l'avoir bien vivant, ou non vivant évidement. De pouvoir ressentir cette explosion renouvelée de sensations dans tout son corps, de voir flamber ses sentiments comme des incendies dont l'ancestral serait la source et le moteur, l'embrasant continuellement et lui faisant voir davantage de vérités, davantage de noirceur, pour un plaisir de plus en plus pervers et débridé. Il était dangereux de jouer avec le feu, et pour un être ayant vécu dans un désert de sensations internes pendant plus d'un millénaire, les ressentit apportés étaient encore plus... sauvages, plus puissants, douloureux et infiniment plaisant peu importe la provenance et la qualité. Mais si achroma n'était plus tout à fait l'être raisonné et modéré du passé, il avait encore goût aux bonnes choses, et préférait une source de sentiments plus délicieuses que les autres... Lorenz en personne. Comme une source de sang particulièrement délectable, Lorenz était une source de sentiments, comme une seconde nourriture et..aaah, que c'était agréable de l'avoir de nouveau près de lui. Il était resté trop longtemps sans cela, voilà sans doute d'où venait sa propension à user des sorts de torture. Il avait bien fait de se servir de Zaphirel pour attirer l'ancestral près de lui. L'autre semblait l'éviter, quel dommage. Mais il était là pour l'instant autant en profiter au maximum non ?

Si il mentait ? Non, il ne mentait jamais ou presque. En revanche, il avait pour habitude de détourner une vérité de son usage premier pour servir ses intérêts, de cette façon, rien ne se retournait en général contre lui. Il n'avait pas mentit, loin de là, mais peu importait, il ne se rebellerait pas contre ce que disait Lorenz, l'enjeu n'était pas là. Mentir n'aurait été qu'une vaste blague entre eux, en comparaison du reste, du parchemin, du gosse, ou tout simplement de cette inimité entre eux qui se transformait, du moins pour lui, en une source de plaisir farouche qui seyait à un vampire de son rang. Zaphirel revint enfin, pas trop tôt, et il prit les ouvrages, les ouvrant et retraçant son propre cheminement au travers des lignes d'encre à la recherche de la trace de Dévoreuse. Si Lorenz décidait d'y jeter un œil évidement, dans le cas contraire, ce n'était pas son soucis qu'il perde du temps à refaire tout son travail, lui continuerait d'avancer pour trouver cet artefact et s'en emparer. Et ensuite ? Ensuite sans doute, son geste surprendrait beaucoup de monde, Lorenz en première place. Ou peut-être pas tant que ça. Suspendu à ses lèvres, il attendait qu'il parle, et happa les paroles comme un sang divinement bon. Trop court cependant, il aurait voulut savoir la fin de la phrase, et en conçut un brûlant outrage à l'égard de celui qui les interrompait. Comment osait-il lui voler cet instant ! Alors que le jeu atteignait son apogée, qu'il voyait se concrétiser ses calculs... Stupide enfant ! Il avait sentit le fourmillement évidement, mais il y était si habituer qu'il n'aurait jamais imaginer que l'enfant commette la folie de tenter de voir également au travers de Lorenz. Que croyait-il accomplir par un acte aussi impensable, aussi mal pensé ? L'innocence de la jeunesse était-elle seule responsable ? Certainement pas, l'ancestral était attirant, magiquement parlant, c'était sans doute cela. La phalène se brûlait les ailes cependant...

Il sentait la force de Lorenz, sa puissance magique, et s'en serait volontiers gavé. Il n'était pas aussi fou cependant, et ce qu'il ressentait était assez horrifiant pour qu'il l'enferme à double tour au fond de lui et n'en parle pas. Il regarda, Zaphirel sur le point de s'éteindre, petite flammèche ridicule ballottée dans la tempête. Pourtant, alors que le millénaire se tournait de nouveau vers le prince, le regard enflammé par ce dont il avait été témoin, et par les sentiments bouillant enfouis à regret, pointe sombre et vénéneuse, comme une galaxie de fièvre mourant au fond du lagon de ses yeux, les teintant de chaos primaire. Il était calme en apparence, mais à l'intérieur se jouait beaucoup de choses. Silencieux un bref instant malgré la question pourtant délectable, il finit par incliner la tête, l'échine courbée à défaut du reste du corps. « Le choix est vôtre mon prince, quoi que l'un n'empêche pas l'autre. Ne suis-je pas à votre service, n'ai-je pas conserver mon existence sur votre bon vouloir uniquement pour servir ? » Servir celui qu'il avait alors haït de tout son corps et de toute son âme, ils le savaient tout deux. « Quoi que de votre main... la douleur est un plaisir en elle-même non ? » Reconnaître un pouvoir plus grand que le sien et le subir un moment, avant de chercher à l'égaler de nouveau, jouant à chat avec un prédateur, tout en en étant un capable de broyer les inférieurs comme des mouches dans sa poigne. Était-il Achroma en cet instant pour susurrer cette réponse sur le ton de la confidence ? Plus tout à fait. Lorenz souffrait toujours, lui, le grand seigneur vampirique pouvant tuer des dragons, qui se prétendait indestructible, il souffrait de sa présence, Silarae soit bénie, et sans doute avait-il d'autres douleurs. Il aurait voulut les trouver toute et les lui infliger, pour lui rendre à l'égale ce qui était son lot. « Contre toi je ne suis pas plus puissant que cet enfant n'est-il pas ? Crois moi... te voir abattu maintenant ne m'irait pas le moins du monde. Si je désire voir quelque chose... » Il s'approcha, venant se tenir encore plus près « … c'est cette bague à ton doigt, et mon peuple dans toute sa gloire. Mais avant ce grand final je veux goûter à ce que je me suis interdit d'avoir pendant presque mille ans » Cherchait il à se crier loyal ? Certainement pas, c'était plus un secret partager sur un coup de tête venu de nul part. Ou de cette overdose de magie volcanique venu de lui ?

« Châtie moi mon prince. N'ai-je pas tarder à t'apporter ces documents ? C'est une faute de ma part, j'aurais très bien put les étudier ensuite, si tu avais jugé bon de me les laisser, ou me serait atteler à en trouver d'autres... »

Si il s'était raidi ce n'était certainement pas pour ce que les deux autres pensaient. Encore aurait-il fallut qu'il sache ce que les deux autres pensaient justement, pour les détromper. Avait-il vraiment envie de les détromper d'ailleurs ? Cela restait à voir. Si on le croyait véritablement inquiet, ou surpris, alors certainement que c'était pour le mieux dans le meilleur des mondes. Parce qu'en vérité, si il s'était raidis, c'était qu'il avait bien faillit se récrier peu dignement qu'il n'était pas prêteur, et que c'était SON tortionnaire à lui et à personne d'autre. Alors oui, l'idée que Lorenz torture sa dragonne ne lui plaisait absolument pas.

D'une part parce qu'il ne voulait pas partager son attraction du jour avec qui que ce soit, mais également parce qu'il ne voulait évidement pas que Sila soit blessée alors que ça ne la concernait absolument pas. A défaut de sueurs froides, il tentait toutefois de trouver un moyen de faire passer ça sans perdre de sa dignité qui, pour le coup, lui collait à la peau. Avoir l'air d'un gosse capricieux ne lui plaisait absolument pas, et surtout il risquait de voir l'ancestral s'énerver pour de bon. Bon.... ça lui laissait peu d'options, il allait devoir courber l'échine et jouer les suppliants. Tant pis, pas le choix, à moins de s'asseoir sur son caprice. Si le prince pensait un seul instant qu'il lui faisait peur, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude. Cette demande n'était qu'un rebondissement minime de ses plans, et il s'y faisait parfaitement...

le contrôle de la scène lui était toujours acquis... du moins c'était ce qu'il pensait, jusqu'à ce que Zaphirel ouvre la bouche. Surpris, il détourna son regard de Lorenz pour regarder son fils jouer les suicidaires. Allons bon.... après Wallam et Kedrildan c'était à présent son enfant qui décidait de faire l'idiot ? Mais pourquoi avait-il prit la parole enfin ! Voulait-il donc mourir tant que cela ? Lorenz ne lui ferait pas de cadeau maintenant qu'il ne lui servait plus.... et il ne résisterait pas longtemps à un sort destiné à le tuer. Lui et Sila étaient fort, ils pouvaient s'en sortir, mais lui ? Il n'y avait aucun doute à avoir, il ne résisterait guère à un assaut de l'ancestral. Il avait pourtant cru réussir à lui inculquer le choix de ses batailles, il semblait pourtant que la leçon devrait être répétée encore une fois. Mais l'intervention du gamin avait eut au moins un effet... il venait de se faire expédier sous une douche glaciale, et ses pensées étaient revenues à leur place originale. Finit la lueur folle dans son regard et ses dangereuses pensées, il se reprenait soudain, revenait à la raison.

« Zaphirel.... »

Allons bon, à présent il devait en plus empêcher l'autre de se faire étriper, comme si les choses n'étaient pas déjà assez difficiles comme cela. C'était cependant très étonnant. C'était la première fois.... la première, que quelqu'un tentait de l'aider, parlait en son nom, et essayait de l'aider, même sans moyens. Ce n'était pas une attitude de vampire, loin de là, d'humain, vraiment, et ça le saisissait. Pour le coup, il ne comprenait pas bien la logique ( ou le manque de logique ) qui animait l'enfant... surtout après l'avoir utilisé ainsi. Il n'avait pas été tendre, alors pourquoi lui faisait-il se présent ? La réponse la plus simple était : pour Silarae. Pas pour lui mais bien pour la dragonne et ce qu'elle était. Cependant était-ce vraiment dissociable de sa propre personne, là était la véritable question.

Quoi qu'il en fut, il ne pouvait pas simplement attendre là que cela se joue entre eux deux. Avec un tic agacé, il s'avança et entoura les épaules frêles de son fils et le ramena contre lui lentement avant de l'obliger, d'une poigne ferme mais non violente, à passer dans son ombre, pour être moins visible. Sans doute pourrait-il faire barrage, du moins résisterait-il plus longtemps que lui contre Lorenz... et puis lui n'avait toujours pas répondu à la question qu'on lui avait posé.... Ce fut un regard à nouveau lisse et froid qui se posa sur le prince, tandis qu'il prenait dans le silence les rares mots qui illustraient les choses correctement, du moins aussi correctement qu'il était possible de le faire à un tel propos.

« Il n'a pourtant pas tout à fait tord. De nombreux dragons sont tes ennemis. T'aliéner ceux de ton propre camp n'apportera rien de bon, encore davantage pour une folie de ma part. Cela ne t'apportera rien, quand tu sais parfaitement qu'il y a des choses qui me font bien plus mal qu'elle » Il soupira doucement

« Désire tu me voir à genoux ou plus bas encore pour te supplier ? » autant jouer la soumission. Ce serait la plus simple des manière pour achever tout cela.