Les choses se calmaient à peine, comme les vagues s'écrasant avec plus de paresse sur la plage après une tempête redoutable. Les combats étaient passés, la mort avait fauché son content, puis était repartie, ses sacs d'osiers pleins à craquer des âmes des défunts. À présent, seul le silence régnait sur le nouveau camp vampirique, vaste chape de plomb les recouvrant de son deuil comme une infime poussière invisible broyant les cordes vocales dans l'urgence de l'ordre sous entendu à tous : faites silence. Dans le camp, point d'agitation durant cette auguste soirée de pleine lune. Les gardes étaient en postes, les missionnaires au loin, les seigneurs dans leur tentes, vaquant à leur propres affaires. À l'écart, en compagnie des anciens, Achroma dissertait, par signes si non par mots. Les grands vampires, aînés de leur peuple, ne connaissaient aucun repos depuis la bataille. Exciter leur soif de sang et leur malveillance était une bien mauvaise façon de préserver le futur. Ces esprits profondément enfouit dans la noirceur de nuit sans fin n'avait vraiment aucune pitié pour ce qui vivait, et très peu pour les morts autour d'eux. C'était d'ailleurs bien du contraire qu'on l'accusait en cet instant, mais la sempiternelle question de savoir pourquoi il ne se comportait pas comme eux n'était pas la seule à l'ordre du jour, et surtout, il ne la tolérerait pas, même de leur part.

Non, les véritables questions qui faisaient tant débats étaient au nombre de trois. La première, et peut-être celle pour laquelle ils ne pouvaient véritablement rien faire, c'était la perte d'un des leurs. Adryne bien que n'ayant pas dépassé les 1000 ans, laissait une place vacante et ardue à combler. Qui donc serait en mesure de prendre sa place, parmi les vampires existant ? À part Lorenz, personne, mais il était encore trop tôt pour cela. Le seigneur vampire manquait quelque chose. Au final, Achroma, lui, voyait très bien cette place rester libre à jamais, c'était très bien ainsi... les choses étant, leur groupe ne comptait pas des centaines d'individus, même si chacun d'entre eux étaient aussi fort que dix nouveaux nés. Et leur nombre irait toujours en s'amenuisant. La perte d'un seul des leur était déjà assez grave pour que les autres refusent de le voir risquer sa vie, même au nom de la vengeance. Ils allaient à l'impasse, c'était certain. Mais en lui-même, Achroma imaginait fort bien que cela pouvait se régler, en partie au moins, lorsqu'ils reprendraient une place digne d'eux.

Eux, pas lui... l'idée même du pouvoir politique lui répugnait. Il avait fuit pour cela, et il fuirait à nouveau sans demander son reste si il le devait. Que personne n'ai l'idée saugrenue de le nommer prince. Et d'ailleurs, pourquoi les autres ne la prendraient-ils pas cette place hein ? Cyrène ne ferait-elle pas une excellente reine ? … à bien y réfléchir, la réponse faisait peut-être plus peur encore que la question. À l'évidence, cela ne servait à rien de appesantir sur un sujet comme celui-là, qui n'avait de solution qu'un futur toujours aussi opaque et dénué de clarté.

Le second sujet, moins problématique, était celui de l'épée. En effet, depuis peu, elle avait éveillée, enfin, son plein potentiel. Trop tard pour sauver son possesseur, mais justement, il en fallait désormais un nouveau, et un capable d'en tirer partie de manière intelligente et utile. Hors, c'était beaucoup demander, et surtout prendre de gros risque, que de l'offrir à des mains vampiriques, surtout après ce qui s'était passé. Mais elle devait forcément aller à l'un d'entre eux non ? Les elfes et les hommes avaient chacun deux armes, la Faiseuse de Tempête était allé aux vampires pour équilibrer les choses, cela ne pouvait soudain changer, à moins que les cœurs d'éléments eux-même ai jugés leur peuple indigne de la puissance de la lame sombre. La question se posait, il fallait l'avouer. Lui ne pouvait en piper mot, bien que son fils eut été le dernier à l'avoir porté, il semblait comme tout les autres, incapable de découvrir le nouveau possesseur.

Il espérait que ce fut Kedrildan évidement, cela aurait été plus simple, mais il semblait que le rouquin n'ai absolument aucune aptitude au combat à l'épée. Ils se trouvaient donc en plein cul-de-sac, et pour en rajouter à leurs soucis, il y avait désormais la dragonne. Achroma n'avait put faire autrement, et certains des autres anciens condamnaient le choix qu'il avait fait de ne pas l'abandonner au sort. Qu'ils condamnent donc, mais c'était là un pilier de la magie, et il ne pouvait le voir mourir, au moins pas tout de suite. Ayant défendu sa position avec son éloquence habituelle, ils étaient tombés d'accord pour ne souffler mot de l'histoire, mais néanmoins, cela restait un acte dangereux et hasardeux. Qui disait que ce n'était pas là une grossière erreur de la part du conteur ? Personne, lui le premier, il espérait cependant que ce fut le choix le plus judicieux.

Il ne pouvait néanmoins laisser se prolonger son séjour, car elle risquait énormément, si proche des vampires. Pour l'instant, sa présence était couverte par la sienne, et celle de Silarae. Mais lorsqu'elle grandirait, il serait plus difficile de la cacher... et puis il fallait qu'elle retrouve son dragonnier un jour où l'autre, c'était tout de même le but de l'opération non ? Ce serait criminel, que de la garder loin de lui. Et puis ce serait impossible. Mue par son instinct, la petite ombre finirait par s'envoler seule à tire d'aile, et se mettrait alors en grand danger.

Quittant les autres, il prit congé et retourna calmement à sa tente, perdu dans ses pensées. Silarae, ainsi qu'Isyndar, attendaient toutes deux là, dans la pénombre. Soulevant un pan de toile, il se glissa à l'intérieur, referma, puis leur sourit un bref instant avant de s'avancer, sortant des plis de sa cape le paquet de viande qu'il était allé cherché avant de tomber sur ses pairs. S'installant à terre, il retira l'ample vêtement de toile puis posa à terre la viande, les invitant d'un geste à venir près de lui. Caressant sa liée le long des ailes, il eut un vague soupire, puis prit enfin la parole à voix basse. Il aurait certes put parler dans leur esprit, cependant il tenait à respecter la coutume. N'ayant pas reçu l'autorisation de parler ainsi avec Isyndar, il s'exprimait de sorte que toutes deux entendent.

«  Pardonnez moi de mon retard. Les autres anciens ont tenus à discuter avec moi de ce qui les gênaient, cela a prit quelques temps. Ils avaient beaucoup à dire.. et je crains qu'ils n'aient eut raison, cette fois » Reposant son dos qu'on un porte armure, il tourna ses yeux pairs sur l'ombre discrète «  Il me faut retrouver ton dragonnier au plus vite, t'offrir assistance n'était qu'un refuge temporaire et Lorenz risque de te découvrir un jour ou l'autre. Je sais que vous vous êtes perdu durant la bataille, et je suppose que celle-ci a dû paraître bouleversante et chaotique, jusqu'ici nous n'avons guère eut l'occasion d'échanger et je le regrette, mais j'ai promis à Roeric que je te ramènerais à lui.... » Penchant la tête, il l'examina courtoisement «  Je ne sais ce que tout cela à put te donner comme image de nous, ô dragonne, mais croit bien que tout ceci aurait put être évité... tout comme ce que je vais devoir faire à présent. Je suis trop visible, si je sors du campement on me suivra certainement. Parfois cela n'a pas d'importance, mais cette fois c'est différent. Je compte demander à mon élève, Kedrildan, de t'emmener retrouver ton lié. Il est dragonnier, lui aussi, et je suis certain qu'il comprendra toute l'importance de l'affaire, et te traitera avec autant d'égard que nécessaire.Si cela te convient, je l’appellerait après votre dîner à toutes deux »

Achroma avait une conscience d'autant plus aiguë des différences entre les dragonniers qu'il était d'un autre temps. C'était quelque chose d'extrêmement étrange, que de voir passer trois âges du monde en si peu de temps. Enfant, et jeune adolescent, il avait vu les derniers dragonniers de l'ancienne génération, fiers guerriers, impitoyables champions, maîtres des airs et du feu. Il avait même, à une ou deux reprises, discuté avec l'un des derniers champions vampiriques. Il avait pu témoigner de la force intrinsèque de chacun d'eux. Tous avaient leurs points forts et points faibles, tous avaient quelque chose de spécial, pas forcément une grande puissance magique ou physique, mais néanmoins une force... l'âme et l'esprit faisaient davantage que les muscles, très souvent, et ils en étaient la preuve. Tactique, Chef de guerre, guérisseur, diplomate, autant qu'archers, magiciens, ou guerriers... Ils avaient tous été exceptionnels, selon des critères terriblement élevés.

Et à présent, c'était eux, la nouvelle génération, qui devait se montrer digne de leur histoire et de leur héritage. Pour les autres, c'était relativement simple, ils étaient de cette époque, ils pouvaient regarder ces êtres comme des figures de maîtres, des idéaux à atteindre ou dépasser, d'augustes personnages qui veillaient sur eux. Parce qu'ils ne les avait jamais vu, ils avaient l'occasion d'idéaliser ces êtres pour faire d'eux un moteur d'effort. Imaginer le passé des grands dragonniers, vouloir faire de même.... voilà qui était naturel. Mais comment lui devait-il se comporter? Certaines de ces figures étaient des connaissances, il n'avait pas la chance de prétendre à l'état ingénue des dragonniers les plus jeunes. Il connaissait bien l'histoire et la manière d'être de l'ancienne génération, avait put la tester de ses propres forces... aucune illusion ne venait corroborer de possibles rêves, et, bien qu'ils aient été à ses yeux même de grands hommes et femmes, ils n'en restaient pas moins des êtres de chairs et de sang, capable de manquement, capable de sentiments, de hauts et de bas, de forces et de faiblesses....

Comment pouvait-il idéaliser des êtres qu'il savait aussi friable que lui-même ? Non. Il avait perdu ses illusions il y a longtemps, et plus encore en d'aussi augustes icônes. Il avait trop vu les ravages que pouvaient causer la vénération aveugle, ou l'adoration d'un seul être. Étrangement, cela lui rappelait Kedrildan quand il l'avait rencontré, et sa manie de poser sur Lorenz des yeux pleins d'étoiles. L'ancestral était l'exemple même de sa théorie concernant l'idéalisation d'une personne. Et c'était peu dire. Mais le cynisme de cet état de fait lui tenait trop à cœur pour qu'il en détruisit les arpents... ça n'avait pas d'importance. Il restait cette situation étrange, en laquelle il ne se retrouvait ni dans un groupe, ni dans un autre... ni dans aucun, d'ailleurs, puisque personne ne semblait capable de comprendre sa vision des choses, et que lui-même ne s'identifiait à aucune feuille de leur arborescence.

La bataille l'avait exalté, mais la fatigue qui avait suivit, mentale plus que physique, l'avait enfermé sous une cangue. Il n'avait jamais apprécié de se battre, il l'avait fait car il le devait, car c'était une obligation en ce monde, mais il n'y avait jamais prit goût. Qu'il en fut autrement relevait ici d'un changement peu appréciable et qui déshonorait son état. Et l'intervention des anciens ne faisait qu'accentuer la sensation de lassitude qui le couvrait comme le voile d'un deuil. Il n'avait pourtant perdu personne. Tout les survivants des halls d'abysses étaient ressortit de la bataille plus vivants que jamais.. il aurait dû en être satisfait, rassuré, d'autant plus que Silarae avait assisté à sa première bataille. Mais il lui restait un goût de cendre dans la bouche, et cette interrogation étrange : Comment devait-il avancer, en temps que dragonnier. Suivre le chemin tracer par ses prédécesseurs n'était pas l'option qu'il envisageait, car son expérience n'était pas la leur. Qui d'autre que lui était jamais parti au-delà de toutes les terres connues, et en était revenu ? Personne. Peut-être d'ailleurs était-ce là sa réponse : se servir de ce qu'il avait apprit là-bas pour se tailler une route à sa mesure et à son rythme. L'envie de revoir ses compagnons d'aventures le tenaillait souvent, mais c'était là encore une impossibilité. Beaucoup d'entre eux étaient des humains, et les humains pour le reste de l'armée vampirique, n'étaient que des proies, quand bien même ils valaient des dizaines de fois plus qu'eux.

Absinthe, Kryven, Soupire, Merveille... autant de surnoms, pour ces êtres valeureux et si chers à ses yeux, qui tournaient au creux de son esprit comme l'appel d'une vérité et d'une liberté simple et bénie. Pourquoi était-il revenu ? Mût par l'instinct, très certainement, à la recherche de la créature qu'il avait attendu durant des éons et des éons. Pourtant il avait laissé derrière lui autant qu'il avait gagné et perdu, en revenant en Armanda. Devait-il se contenter de cela ? Non certainement, Silarae était beaucoup, mais elle n'était pas tout, très loin de là. Il y avait trop en jeux pour qu'il décida de couper dans ses priorités en délaissant tout bonnement son peuple au profit du groupe qui avait remplacé sa famille. Montrer le monde sauvage à sa dragonne lui plaisait, mais pas au dépend de la guerre qui se jouait ici.... si seulement les autres avaient put voir tout ça.. ils auraient été une aide précieuse. Il aurait put confier la dragonne à Merveille et marcher aveugle en plein Gloria sans craindre de voir le précieux colis se perdre quelque part ou être blessé. Il ne pouvait, en l'état, que compter sur l'aider de Kedrildan et sa discrétion. Avec douceur, il hocha la tête pour signifier qu'il avait bien perçu son accord et les regarda manger sans faire le moindre commentaire.

Bien loin de lui l'idée de juger une telle créature sans en avoir de raison. Isyndar était un don du Dracos et elle était, de plus, liée à un vampire, autant de raisons pour lui de la préserver. Mais surtout, elle était une femelle, précieuse porteuse de vie. Les dragons mâles étaient sans doute la force, mais c'était les femelles, qui incarnaient véritable la grâce et la majesté de ce peuple, elles qui transmettaient vie et mémoire. Et si cela ne suffisait pas, elle semblait être plus que réfléchie, une douce ombre observatrice. Il était heureux de voir sa sagesse autant que sa vitalité, et il espérait qu'elle préserverait sa vie et celle de son dragonnier mieux que les autres ne semblaient le faire. Se jeter au cœur d'une bataille avec de pauvres dragonnets à leur charges... c'était une honte. Réprobateur en lui-même, il les laissa manger en paix, leur proposant également un réceptacle contenant de l'eau.

« Ce n'est pas particulièrement digne de vous l'offrir ainsi... mais c'est le mieux que je puisse faire dans l'immédiat » Elle boirait d'une eau plus pure lorsqu'ils seraient loin du camp, au moins celle de la vasque ne contenait aucun débris de cadavre.... Tandis qu'il caressait avec douceur Silarae, les pans de la tente s'ouvrirent sur Kedrildan, et il lui adressa un doux signe de tête en guise de salut, à défaut d'un sourire, ne se sentant pas capable de lui faire grâce de cela pour l'instant. Kedrildan était resté en arrière durant la bataille, et son élévation au rang de dragonnier était récent, mais surtout, il doutait que le roux comprenne l'ampleur de sa lassitude à l'égard de la guerre en cet instant.

« Je te remercie d'être venu » Il désigna la dragonne grise « Voici Isyndar. Elle a été séparée de son dragonnier durant la bataille. J'aimerais que tu la ramène saine et sauve à lui. Je ne ferais confiance à personne d'autre que toi pour une telle mission, car toi seul ici comprend sa peine de se trouver loin de la moitié de son âme. Nous aidera-tu Kedrildan ? Pour son bien comme pour le nôtre ? »

Si il avait eut le moindre doute au sujet de la capacité de Kedrildan à comprendre la situation, celui-ci s'envola rapidement. Le jeune vampire développait sa sensibilité et son intelligence, cela allait sans dire, et il appréciait de voir ses efforts porter finalement leurs fruits. Cela lui allait tellement mieux que la défroque d'un parfait imbécile. Oh certes, penser n'était pas toujours une promenade de santé, avec la raison venait également, et de pair, le doute et l'angoisse, mais une fois qu'on surmontait ces fausses épreuves, tout allait pour le mieux, aussi ne se faisait-il pas trop de soucis sur l'avenir de ce jeune dragonnier. Dragonnier... qui semblait très ouvert au statut, et à la situation de ses pairs. Il était bien plus plaisant encore de constater cela, car il avait eut peur qu'il ne saisisse pas l’entièreté de leur groupe pourtant éclaté entre les différents camps. Ils étaient ennemis, mais semblables tout à la fois, et ils ne pouvaient se permettre de périr, ou jamais la magie, et la race dragonique, ne serait restituées pleinement au continent.

La tâche allait bien au delà de leur rôle de champion du peuple qui était le leur. Hors ce rôle, pourtant secondaire, semblait primer sur celui que le destin et le dracos avaient choisit pour eux. Une bien mauvaise façon de les remercier et d’honorer le présent en question, mais il était vrai qu'ils n'avaient guère le choix en ces temps troublés. Il était presque certain que l'avertissement qu'il avait lancé au dragonnier elfique ne porterait pas. Et à l'image de cet idiot, ils se battaient tous au lieu de s'entre aider, car ils avaient tous d'autres loyautés à l'esprit, que celle qu'ils devaient, tous autant qu'ils étaient, au futur. Mais, si il ne pouvait s'écarter pour le moment de la guerre, il y aurait un moment où les choses ne pourraient être autrement. Un moment où ils seraient forcés de se rendre à la raison, lui comprit. Et s'était aussi en prévision de ce jour, qu'il souhaitait aider Isyndar et éduquer Kedrildan. Parce que ce seraient peut-être eux qui feraient la différence, avec leurs liés. Hochant la tête, il revint à la situation présente, et ne put que faire peser un regard aussi las que détaché sur son élève.

«  Les caprices de ta dragonne ne sont rien à mes yeux, je ne compte pas plus leurs donner d'importance que précédemment, et, comme à chaque fois, Silarae se fera sans aucun doute un devoir de la rappeler à certaines vérités. Ne te trouble pas à mon sujet, ce n'est pas une dragonne nouvelle née qui parviendra à me troubler. Je le serais bien davantage tant que je ne serais pas certain que mon invitée se trouve en lieu sûr, auprès de son compagnon et que tu me soit revenu, sain et sauf » Il avait beau être froid et distant, impassible de nature, il appréciait énormément ce jeune enfant au potentiel encore inexploité.

«  De plus, ce sera sans doute l'occasion de mettre en pratique certaines de mes leçons, pour toi, lorsque tu seras dans la nature avec elle » Il regarda les deux dragonnes, puis continua «  Son compagnon se nomme Roeric Alokor, je ne te cacherais rien, comme à mon habitude, aussi si tu ne le sait pas, apprend qu'il ne s'agit pas d'un partisan de Lorenz, bien au contraire, il est allié à Kylian Wallam. Cela étant, il n'en est pas moins un vampire, et un être digne si on omet sa décision de se mettre en danger, ainsi qu'Isyndar, en sautant au beau milieu de la bataille de Feusacré en nous provoquant. Personne n'est parfait, dirons-nous. Il devrait se trouver du coté de Gloria, puisqu'il a quitté le champ de bataille avec l'armée humaine, ou dans son ombre du moins. Je ne puis te dire où exactement, j'en suis désolé, mais je me fie entièrement à tes talents pour le retrouver, une fois dans la région appropriée. Et je suis certain qu'Isyndar elle-même pourra t'aider, une fois à proximité et dans le champ de leur lien mental » Il tourna son regard vers la dragonne de l'ombre «  N'est-ce pas ? »

Puis il revint à Kedrildan «  Je ne t'abreuverait pas de conseils, tu n'en as pas besoin, étant parfaitement conscient des risques. Il ne faut pas qu'on vous voit, tâche de ne pas trop te nourrir pour ne pas attirer l'attention... et garde la tout près de toi. Elle est encore fragile et pourrait être abattue par des pièges de chasseurs, ou par un assassin du souffle. Ne te fie à personne en dehors de toi-même. C'est tout. Je suis certain que cela se passera bien, c'est un long trajet, je m'en rend bien compte, et je sais que je te demande un sacrifice énorme... mais tu sais que je n'oserais pas le faire si je n'avais d'autre choix et tu es la seule personne à qui je ferais confiance pour une telle mission. En ton absence je m'occuperais avec diligence de ta Trissi, soit certain qu'elle sera aussi sauve que possible, je la protégerais comme si elle était Silarae. » Il prit le temps d'un silence, contemplant avec sérieux les protagonistes de ce qui n'était ni plus ni moins qu'un pied de nez à la guerre. Puis il posa une main sur l'épaule de l'autre vampire, et la pressa doucement.

«  Je ne pourrais jamais te remercier assez pour ce que tu t'apprête à faire Kedrildan, je suis ton débiteur. Aussi, si je puis faire quoi que ce soit pour toi avant ton départ, si tu as quoi que ce soit à me demander, qu'importe ce que c'est, nomme le et tu l'auras »

Le laissant réfléchir à cette offre, il se tourna vers Isyndar, à qui il tendit une main qu'il vint poser sur les écailles délicates de son dos. C'était un geste affectueux et amical, très déplacé en temps normal puisqu'il n'était pas Roeric, son dragonnier, et qu'il n'avait pas son autorisation. Mais il se le permettait de par la proximité qu'il avait entretenu avec la petite dragonne d'ombre pendant son séjour auprès de lui. Il avait développé une certaine tendresse pour elle, bien que ce sentiment n'égala pas l'amour inconditionnel qu'il éprouvait pour sa Sila, mais c'était un agréable sentiment, et il le devait entièrement à cette créature frêle et gracieuse qui semblait infiniment douce. Il était impossible de ne pas s'attacher à elle, même pour lui, l'ancêtre las et désabusé. Chose qu'il n'avait jamais faite auparavant, mais qui, sur l'heure du départ, lui sembla naturelle, il tendit son esprit vers le sien. Habituellement, il avait parlé à voix haute, afin de respecter la coutume, mais cette fois, il ne savait pas quand il reverrait la dragonne, et il ne voulait pas que Kedrildan entende, même si il lui faisait confiance.

* Petite Ombre te voici sur le point d'entamer un long voyage vers celui qui est ton autre moitié d'âme. Je suis heureux, que tu puisse le retrouver, et navré de devoir perdre ta compagnie. Je ne sais si nous nous recroiserons bientôt, mais ce que je sais, c'est que je ne désir pas être l'ennemi de ton dragonnier. Il a connu quelqu'un qui m'était extrêmement cher, une personne aujourd'hui disparue, et qui lui a remit un médaillon. Ton Roeric ne le savait peut-être pas, mais cette petite breloque lui a sauvé la vie, et la lui sauvera sans aucun doute de nouveau. Qu'il ne la quitte jamais jusqu'à ce que, tout quatre, nous nous retrouvions. Et qu'il ne te quitte jamais plus non plus, ou je devrais lui en toucher quelques mots. Tu es bien trop précieuse, pour qu'on se permette de te mettre en danger aussi naïvement. Tu as mon amitié et ma prévenance, si tu désir quoi que ce soit de moi, que ce soit maintenant ou dans des centaines d'années, tu l'auras soit en certaine. * Retirant sa main, il se releva sans la quitter des yeux, puis esquissa un léger sourire, chose si rare de sa part, et s'inclina devant-elle, puis regarda Kedrildan s'éloigner en sa compagnie. *Mes vœux t'accompagne Isyndar *