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| Sous l'aile noire du dragon [Pv Shaynar & Silarae] | |
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| Sujet: Sous l'aile noire du dragon [Pv Shaynar & Silarae] Dim 3 Fév 2013 - 11:17 | |
| Le temps allait son chemin, cahin-caha, filant dans ces instants que Trissi chérissait, où Kedrildan rivalisait d'imagination pour satisfaire des caprices, et s'égarant dans des méandres interminables lorsque la soif le saisissait et l'envoyait chasser au loin. Anxieuse, l'argentée piaffait en attendant son retour, non qu'elle craignit qu'il l'abandonna encore, mais parce qu'elle enrageait qu'une force inexorable et récurrente put l'arracher si aisément à elle.
° Kedrildan, ne peux-tu te repaître une fois pour toutes et laisser filer les jours ? Je souperai de viande fumée et de poisson séché, et la tente sera notre havre... °
Mais retenir le vampire ne servait de rien, il devenait agité et plus encore, et ce trouble croissant avait tôt fait de contaminer Trissi qui le laissait aller. Et s'ennuyait à mourir dans ce repère choyé dont elle connaissait déjà tous les secrets. Lasse de somnoler, elle finissait souvent par laisser glisser son museau sous la toile de la tente. Là, elle épiait des heures durant les préparatifs de l'armée vampire, et rarement, comme ce jour, prenait la fantaisie de se mêler à la monotonie du campement. Une armée bien rodée ne se forge pas dans la précipitation, et il y avait là des rituels dont les codes échappait à la dragonne. Les gardes en faction se relayait, des intendants de tous rangs se prêtaient à des inventaires minutieux, répartissant armes et tentes, corvées et entrainements.
Souvent, la petite dragonne attirait les regards et devenaient l'objet de chuchotements où se mêlaient moquerie et révérence. Qu'elle fut liée aux jours de Kedrildan en amusait certains, mais ils se méfiaient trop de ce qu'elle deviendrait pour en rire de vive voix. Quelques fous s'étaient bien risqués à l'asticoter, pour voir, disaient-ils, ce qu'elle avait dans le ventre, et si Trissi s'était ridiculisée, ses stupides tourmenteurs avaient écopé de griffures cinglantes et de sa malédiction silencieuse.
Depuis, elle évitait les grands sentiers, errait sous le regard malavisé de la lune, regrettant de n'avoir que trop rarement l'occasion de se chauffer au soleil. Souvent, elle dénichait un bassin naturel où lisser ses écailles, choisissant pour cela les flaques qui se formaient à même la roche, hébergeant alors plus d'eau que de boue. Lorsque les reflets s'y prêtaient, elle s'imaginait des poissons nageant sous la surface, et rageaient contre ces ailes trop vastes qui de jour en jour, se faisaient plus lourdes et pendantes. Elle avait bien songé à en user, mais ses muscles trop grêles ne le permettaient pas, et l'argentée s'épuisait avant d'avoir pu s'arracher au sol.
L'herbe était sèche contre ses pattes, et Trissi se renfrogna. S'il n'avait pas plus, les flaques seraient vides ou tout juste bonnes à coller sur ses écailles la poussière de la roche. Alors que dépitée, elle s'apprêtait à rebrousser chemin, elle aperçut la silhouette avachie d'un colosse au repos.
De la masse imposante, vibrante au rythme de chaque respiration, la dragonne ne ressentait aucune crainte. Elle avait encore l'âge où le sang prime sur toute rivalité, et si les siens s'étaient éteints comme elle le pressentait, ce n'était pas pour s'être entre-dévorés. Qui plus est, c'était un mâle, et si l'argentée eut été plus âgée, elle n'eut rien fait qui put la dissimuler à sa vue.
A l'aune de sa mémoire ancestrale, sous le regard acérés d'un millier de dragonnes, Shaynar était un spécimen... acceptable. Avare de compliments et enclins à la provocation, les reines dragons ne se donnaient non sans défi et non sans orgueil. Trop jeune pour se mêler aux jeux nuptiaux que narraient sa mémoire, l'argentée se contenta de se porter à la hauteur du dragon noir, et se de glisser, le corps en rond, dans le creux que dégageait l'un de ses antérieurs. Peut-être serait-elle restée là, étoile infime lovée dans un fragment d'abysses, mais il fallait plus d'habileté que n'en avait la dragonne pour ne pas tirer du sommeil un dragon aguerri... |
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| Sujet: Re: Sous l'aile noire du dragon [Pv Shaynar & Silarae] Dim 3 Fév 2013 - 12:37 | |
| HJ : on se fait un tour ou deux et ensuite Sila débarque si ça te va ?
Les nuits se traînaient, interminables... Elles étaient brûlantes, elles étaient douleur, et elles étaient colère. Rage tranchante et acide, fureur rentrée si puissante qu'elle ne pouvait que blesser son porteur dans l'incapacité qu'il était de la laisser exploser. La haine brûlait dans les rubis flamboyants qui étaient ses yeux et même dans le roulement puissant de ses muscles faisant scintiller chaque écaille d'un noir profond. Chacun de ses mouvements n'étaient qu'une lutte contre l'explosion qui menaçait en lui, contre la perte de contrôle qui signerait sa perte à lui et à son dragonnier. Fort heureusement, Eliow seul le connaissait suffisamment pour lire en lui et voir cette colère, aux yeux de tous il restait le même. Une créature hautaine et distante au caractère farouche qu'il valait donc mieux éviter en particulier lorsqu'il s'adonnait à son art préféré, c'est à dire la sieste. C'était encore la meilleure solution qu'il avait trouvé pour rester sur le campement sans risquer de provoquer l'Ancestral en duel à chaque fois qu'il le croiserait, encore que... Une seule fois suffirait largement... En attendant il se forçait à l'éviter, sachant très bien que le moment n'était pas encore venu et redoutant par dessus tout de mettre Eliow en danger. Il avait tenté d'enterrer en lui tout les souvenirs qui se reportaient à Cymbor, puisqu'il était trop tôt pour le venger à quoi bon y penser ? Malgré tout il ne pouvait s'empêcher de rêver, éveillé ou non d'ailleurs, à l'instant délicieux où il fracasserait les os du Prince Vampirique et où il lui arracherait toute trace de non vie. Que Cymbor ai été un ennemi ne comptait pas, il restait un dragon et leur Ainé ne pouvait tolérer qu'un bipède s'en sorte sans dommage après avoir commis un tel blasphème. Il rêvait donc à sa vengeance, goûtant gloutonnement les délices sanglants de ses actions imaginaires et qu'il espérait bien transformer en réelles le jour ou tout cela sera possible... Tiens... Il n'avait pas pensé en terme de nuit mais bien de jour, c'était un changement radical dans sa façon d'être. Lié à un vampire depuis sa sortie de l'oeuf, il n'avait pas eu souvent l'occasion d'admirer l'astre lumineux, pour lui la vie se déroulait de nuit et le soleil était synonyme de sommeil. Pourtant de plus en plus souvent il se surprenait à imaginer la scène du combat contre son adversaire en plein jour. Après tout même si il n'en avait pas l'habitude lui ne craignait pas les rayons lumineux, au contraire de Lorenz. Alors oui, même si cela était un véritable exploit de la part du dragon qu'il était il changerait ses habitudes juste pour un bipède, juste pour son ennemi... Un jour donc... Un jour... Son rêve éveillé glissa lentement pour devenir moins net, plus nébuleux, moins logique aussi. Il se mêlait doucement aux pensées d'Eliow qui réfléchissait un peu plus loin sous sa tente, ayant laissé son lié se chauffer les écailles au beau milieu du campement désert en cette heure un peu trop lumineuse. Confortablement lové en une immense boule d'écailles tranchantes le dragon noir soupira tout à son aise, déjà presque complétement endormi. Seul son souffle régulier témoignait encore de son appartenance au monde des vivants, unique créature ancestrale parmi les êtres de la nuit. Encore que... Non. Il n'était plus unique, il ne pouvait plus dire cela même si à ses yeux le titre que se donnait le vampire anciennement elfique ne voulait absolument rien dire. Non il songeait plutôt à cet afflux rafraichissant de pouvoir qu'il avait ressentit dans la magie, éloignés pour certains, beaucoup plus proches pour d'autres. Une nouvelle génération avait éclot, calmant un peu sa fureur et lui instaurant un nouvel espoir, ainsi donc il n'était plus seul... Ainsi donc la race des Dragons n'était pas moribonde... Cette pensée l'avait rasséréné même si rien au monde ne pourrait jamais effacer la brûlure de la haine qu'il ressentait pour Lorenz. Bientôt... Bientôt il irait voir les deux dragonnes qui avaient décidé de se lier à des vampires, ces dragonnes qui comme lui avaient choisi la nuit. Regretteraient-elles leur choix ? Il s'était interrogé un moment sur ce sujet avant de secouer la tête devant sa propre sottise, bien sur que non... Tout comme lui, elle ne pouvait s'être trompé sur leur dragonnier et ne pourrait jamais regretter ce lien précieux qui s'était instauré entre eux. Ce qu'elles regretteraient peut-être c'était le chemin tracé sous les pieds des dragonniers en question, un chemin dont ils ne pourraient pas facilement s'écarter, la faute à un certain ennemi qu'il avait bien l'intention d'éliminer un jour. En attendant, les petites dragonnes se retrouveraient mêlées à des événements qui les dépasseraient, tout comme lui s'était senti dépassé. En fait le mot était mal choisi, comment un dragon pouvait-il être dépassé ? Non, ces événements étaient juste... Inutiles, sans la moindre espèce d'importance à leurs yeux ancestraux. Et pourtant, ils y étaients liés de par le lien qu'ils entretenaient avec leurs dragonniers. Ses petites soeurs d'écailles trouveraient-elles plaisir à ces évenements ? Peut-être bien... Les dragons, et les dragonnes d'autant plus étaient des êtres plein d'énergie, qui ne s'embarrassaient d'aucune concession et qui en général aimait la bagarre.La mort et la destruction ne les effrayeraient pas, elles étaient elles même taillées dans la même trempe. Un changement brutal dans le rythme de la gigantesque pompe qui était son coeur vint le tirer de son semi rêve. Son souffle se fit plus court tandis qu'il reprenait patte dans le monde réel, comprenant qu'il n'était plus seul et qu'un être vivant ou non avait osé violer le territoire qu'il s'était lui-même accordé au milieu du campement. Etonnant, habituellement les vampires faisaient d'énormes détours pour l'éviter, Lorenz et sa malédiction ne voulait surtout pas le voir, et Eliow n'approchait pas sans qu'il le ressente de par leur lien. Bref, l'anomalie était suffisamment incompréhensible et inquiétante pour le tirer de son sommeil, et lui faire brusquement ouvrir les yeux, pupilles rougeoyantes qui constituaient son regard et qui allèrent directement se loger dans le bleu profond qui lui faisait face à présent qu'il s'était levé d'un seul bond félin. Les crocs étincelants qui s'étaient dévoilés derrière ses babines relevées claquèrent lorsqu'ils referma la gueule non sans lancer son esprit avec violence à la rencontre de sa visiteuse : "Que viens-tu faire ici ?"Sa queue hérissées d'écailles tranchantes vint frapper violemment le sol tandis qu'il maîtrisait sa colère. Il n'avait que rarement été confronté à un enfant bipède quand à un dragonnet c'était bien la première fois. Il ne pouvait pas réagir de la même façon avec un si jeune dragon, un adulte aurait été aussitôt provoqué en duel pour avoir osé le tirer ainsi de son sommeil, mais un si jeune être à peine sorti de sa coquille ? Il ne pouvait décemment pas lui flanquer un coup de croc, un seul des siens aurait quasiment suffit à transpercer de part en part ce corps minuscule ! Renfrogné, il laissa un grognement mauvais accompagner ses pensées : "Il n'est pas très prudent de se promener tout seul dans le campement lorsqu'on ne pèse pas plus lourd qu'un quartier de viande. Où est ton dragonnier, pourquoi ne te protège-t-il pas ?"
Et pourquoi ne l'empêchait-il pas de faire des sottises aussi ? Cette pensée là il l'avait gardée pour lui, mais elle était pourtant tout à fait juste. Quel dragonnier digne de ce nom laisserait une si petite dragonne se promener au risque de se faire tuer, et par dessus le marché n'interviendrait pas alors qu'elle risquait sa vie à réveiller sans la moindre douceur un dragon adulte ? La colère remonta dans son esprit, se répercutant dans tous ses os et se lisant clairement dans son regard : "Notre race ne peut plus se permettre de prendre le moindre risque. Kedrildan en entendra parler..."
Oh ça oui, il allait en entendre parler... Ou plutôt il allait en entendre rugir et plusieurs vampires plutôt infortunés pouvaient témoigner de la terreur qu'ils avaient pu ressentir dans ces grands instants de solitude de leur non vie, ces instants où Shaynar l'ainé des deux générations leur avait rugit son mécontentement au visage... |
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| Sujet: Re: Sous l'aile noire du dragon [Pv Shaynar & Silarae] Dim 3 Fév 2013 - 14:49 | |
| [HRP/ Pas de souci. /HRP]
L'argentée s'étira tel un fauve alangui, puis se nettoya de la poussière brassée par la queue du grand noir. Leurs regards se croisèrent, premières neiges étincelantes affrontant la terreur grondante d'un feu éternel. Trissi cligna des yeux, atténuant de ses mates paupières le tranchant de l'échange, s'allongea de nouveau, et finalement, répondit, comme si les mots lui coutaient mais que l'occasion trop rare l'obligeait à répondre.
° Le ciel m'appelle, je crois. Lorsque je ne puis être avec mon dragonnier, mon instinct me dicte de gagner les cieux. °
Quand Kedrildan s'absentait, elle cédait souvent à la torpeur, le ventre empli d'un bon repas - car il ne manquait jamais de penser à elle avant de se soucier de ses propres appétits - mais lorsqu'elle s'éveillait, elle se retrouvait dans un état d'agitation rare, l'esprit animé de pulsions contraires, et aucune n'acceptait de satisfaction facile.
° Peut-être te cherchais-je aussi, bien qu'il soit trop tôt. ° ajouta-t-elle pour elle même.
Renonçant définitivement à sa sieste, Trissi se rassit, portant sur Shaynar un regard appréciateur.
° Tu te sous-estimes, dragon, où serais-je plus en sécurité qu'ici ? Et si tu te déclarais mon ennemi, en quoi mon dragonnier me serait-il d'un quelconque secours ? ° riposta l'argentée, aussi flatteuse que narquoise.
Shaynar aurait pu la tuer et lui rompre les os. Kedrildan la protégeait constamment mais avec un succès discutable. L'argentée en avait conscience. La protection dérisoire d'une tente et des tendres attentions de Kedrildan n'y aurait rien changé. S'il avait voulu sa perte et éteindre d'une griffe acérée son espèce renaissante, il l'aurait pu. Mais elle le savait hanté des mêmes voix qui s'emmêlaient dans son esprit.
° Je ne crois pas que les bipèdes nous aient failli. Mais ce n'est pas d'eux que j'attendrais notre salut. Kedrildan... Son maître parle de guerre et d'allégeance. Comment pouvons-nous risquer notre sang dans une lutte fratricide ? °
Trissi n'avait pas encore parlé de Lorenz à Kedrildan. Elle devinait qu'il lui vouait un dévouement sincère, et qu'en dépit des apparences, le chef des vampires avait bien du mériter cette diligence. L'argentée se moquait bien de savoir qui son dragonnier tuait pour épancher sa soif, de même qu'elle ne cherchait pas à savoir si la bête qu'il tuait pour lui en rapporter la viande avait des rejetons à élever. Mais elle redoutait d'affronter son propre sang, de se voir des ennemis désignés par le peuple vampire sans que ses pairs aient commis à ses yeux aucun crime draconique.
° Dis-moi, combien de nos pairs peuplent les cieux ? Nos frères et soeurs ont-ils peur de la nuit, sont-ils trop avides de lumière ou trop peu nombreux pour que le reflet de leurs envols soient porté jusqu'à nous ? °
La curiosité avait finalement rompu ses réticences au dialogue. A la lumière de ses lents progrès dans le langage des bipèdes, elle souffrait de ne pas entretenir de conversation pleinement intelligible. Kedrildan ne pouvait cerner toutes ses émotion à leur juste valeur. Il se méprenait rarement, mais parfois, manquait une partie de ce qu'elle voulait lui transmettre, et elle demeurait impuissante, condamnée à voir ces pensées dépérir comme autant de lettres mortes.
En l'invitant à lui répondre alors qu'il était certainement aussi peu disposé qu'elle-même à s'épancher, elle avait le sentiment de jouer avec le feu, d'attiser des flammes furieuses qui lui lécherait le corps avant de la dévorer toute entière. Mais elle était l'enfant d'un blizzard féroce, le corps des cendres clairs de l'hiver, les yeux du tranchant acéré du frimas. Et elle caressait l'illusion dérisoire de pouvoir un jour peut-être, susciter autant de convoitise chez Shaynar qu'en évoquait chez elle la contemplation de celui qui était son reflet dans un miroir de glace.
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| Sujet: Re: Sous l'aile noire du dragon [Pv Shaynar & Silarae] Dim 3 Fév 2013 - 16:14 | |
| Elle n'avait pas l'air particulièrement inquiète... Agacé, le dragon noir observa l'argentée qui s'étirait , se nettoyait, tardait encore et encore à lui répondre jusqu'à faire monter la colère en lui suffisamment pour lui faire se demander si il n'allait pas la carboniser sur place. A quelle température faudrait-il monter pour roussir un dragon ? C'était une question intéressante qu'il ne s'était jamais posé et qu'il s'empressa de ranger dans un coin de son esprit, ce n'était franchement pas le moment...
° Le ciel m'appelle, je crois. Lorsque je ne puis être avec mon dragonnier, mon instinct me dicte de gagner les cieux. °
Il cligna des yeux, intéressé. Lui aussi avait ressenti cela quelques années plus tôt, moins que Cymbor bien sur qui avait été taillé par la nature pour être une créature du ciel mais tout de même... Bien qu'il ai mis plus longtemps que le dragon blanc pour être à l'aise dans les airs, Shaynar avait tout de suite aimé cette sensation lorsqu'enfin ses ailes avaient été suffisamment puissantes pour le porter. Il observa la petite dragonne avec plus d'attention, notant sa stature aerienne et la puissance à venir de ses ailes, elle aussi serait douée dans les airs, c'était certain. Au contraire de lui qui était lourd et suffisamment massif pour être redoutable sur terre, elle serait plus à l'aise dans les cieux. Cymbor aurait été ravi...
Cette pensée le déprima mais s'effaça vite sous les flatteries de la dragonnette. Il pencha la tête, amusé, en voilà une qui avait parfaitement compris comment le prendre... Et puis le fait était qu'elle n'avait pas tout à fait tort, néanmoins c'est d'une pensée bourrue qu'il lui répondit ;
"Ce n'est pas à moi de te protéger mais à celui qui a eu l'honneur d'être choisi. Quand à mes ennemis, j'essai d'éviter qu'ils ne soient trop près de l'oeuf, ou du berceau selon leur race..."
Dans un profond soupir, il se laissa tomber pour se coucher à nouveau, face à la dragonnette cette fois et le buste relevé vers elle. La suite de leur conversation silencieuse prit un tour qui lui déplaisait, il avait réussi à effacer Lorenz de son esprit pendant quelques minutes, il était donc bien dommage qu'elle le lui remette en tête si tôt... Il répondit néanmoins :
"Et comment ne le pourrions nous pas ?" fut sa seule réponse laconique.
Voyant qu'elle ne lui suffisait pas, il se décida à continuer :
"Ce monde est complexe, je suis encore très loin de le comprendre même avec notre mémoire ancestrale. Ce dont je suis certain toutefois c'est que je n'ai rien de plus précieux au monde que le lien partagé avec Eliow, j'ai été assez près de le perdre pour m'en apercevoir. Je veux la gloire de ma race, et je ne veux pas voir son sang couler mais aucun prix ne sera trop élevé pour protéger mon dragonnier et faire en sorte qu'il soit heureux. Aucun."
Les rubis de ses yeux flamboyaient d'une flamme nouvelle tandis qu'il lui expliquait son point de vue :
"Nous n'avons aucun choix petite dragonne, tu comprendra vite que le lien que tu partages avec Kedrildan est à la fois ton bien le plus précieux et ta pire faiblesse. Je te tuerai sans sentiment pour Eliow tout comme toi tu me tueras avec plaisir pour ton lié. Dans ces conditions et connaissant l'immaturité notoire des bipèdes je dois bien avouer que je vois mal comment notre race pourrait s'en tirer sans dommage... Je suppose que c'est à nous de faire en sorte qu'ils évoluent, mais ce sera difficile"
Il claqua des mâchoires avec irritation en songeant à quel point le chemin à suivre était encore long, il ne désirait pas spécialement la paix non, il aimait le combat, mais il ne voulait plus voir les dragons asservis à des êtres tels que Lorenz, ou à ces autres petits ou grands chefs qu'il savait peupler les terres Armandéennes. Un jour, il faudrait bien que leur race reprenne la place qui lui était due... Il rêva un instant à ce passé glorieux qu'il voulait muer en futur lorsqu'elle lui envoya de nouvelles pensées :
° Dis-moi, combien de nos pairs peuplent les cieux ? Nos frères et soeurs ont-ils peur de la nuit, sont-ils trop avides de lumière ou trop peu nombreux pour que le reflet de leurs envols soient porté jusqu'à nous ? °
Il ferma à demi ses paupières écailleuses, la question était à la fois simple et douloureuse car elle l'obligerait à parler des lambeaux sanglants de ce qu'il restait de la première génération, néanmoins elle avait le droit de savoir.
"Sept... Nous sommes sept à ma connaissance. J'ai senti les éclosions dans la trame de la magie, tu es la dernière en date... Cinq autre t'ont précédés il y a peu de temps, quand à moi j'ai éclot il y a déjà deux ans de cela en compagnie d'une femelle et d'un autre mâle."
Sentant sa curiosité, il détourna le regard et enferma sa souffrance au fin fond de son esprit draconnique :
"Ils sont morts tous les deux, j'ai longtemps cru que j'étais le dernier..."
Avide de changer la conversation, il reprit :
"Nous, dragons, n'avons peur ni du soleil ni de la lune. Nous avons le choix de voler sous les deux astres sans distinction et je dois dire que j'aime les deux. Mais encore une fois nous avons nos liés et leur bonheur doit nous importer plus que tout le reste. Nous sommes trois dragons liés à des vampires, je suppose donc que les autres volent sous le soleil..."
Cette image le laissa rêveur, bientôt lui aussi changerait d'astre. Seulement il y avait Eliow, Eliow qui n'avait pas le choix... Eliow qui serait sa part d'ombre tandis que lui apprenait à se gorger de lumière. Oui, il pourrait être les deux, il saurait gérer tout cela, il le fallait.
"Nous les croiserons, je n'en doute pas un seul instant..."
Et il redoutait ce moment, il devait bien l'avouer. Sa résolution avait été prise depuis longtemps avec Eliow, ils allaient quitter ce camp et rejoindre les elfes même si cette pensée les rendaient malades. Tout était quasiment prêt, mais lui l'était-il ? Il posa son regard sur la petite dragonne à nouveau, l'esprit plein de questions. Devrait-il la tuer la prochaine fois qu'il la croiserait ? Une douleur sourde s'empara de lui à cette pensée, aussitôt effacée par Eliow qui souffla tout le réconfort dont il était capable dans son esprit... Absorbé qu'il l'était par tout cela, il ne prit même pas garde au nouvel esprit draconique qui s'approchait de leur étrange sphère mentale...
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| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sous l'aile noire du dragon [Pv Shaynar & Silarae] Dim 3 Fév 2013 - 17:49 | |
| [HRP/ Je passe donc la main à Silarae. /HRP]
Trissi prétexta ne pas entendre les sages paroles du noir. Il parlait avec l'assurance de qui représentait la volonté tutélaire de son peuple, à la fois père et frère, ancêtre et meneur. L'argentée ne l'entendait pas de cette oreille. Kedrildan rivé à chacun de ses gestes, c'était bien plus qu'elle ne souhaitait, eut égard à son indépendance, à l'estime qu'elle avait d'elle-même (et qui impliquait qu'elle put prétendre à se passer du vampire), et pis encore au regard qu'elle portait sur son dragonnier. Kedrildan n'était pas son gardien, pas plus qu'elle n'était un chien savant. Ils étaient deux créatures meurtrières, avec suffisamment de majesté pour dissimuler le tranchant de leurs crocs sous un vernis d'élégance douceâtre et paraître plus insignifiants qu'ils étaient.
Viendrait un jour où l'argentée volerait de ses propres ailes, où elle arracherait Kedrildan du giron de cette terre avide qui lui avait dérobé le coeur et la vie. Là, la dragonne le sommerait de faire ses propres choix, de lui avouer si, loin de la menace représentée par Lorenz, libéré des chaînes des serments qu'on lui avait arraché, il se sentait toujours autant lié à ce peuple qui n'en était pas un, qui n'était qu'une alliance d'êtres attachés au même sort, consignés comme tels pour un baiser de la mort.
° Nous pourrions en décider autrement. ° conclut la dragonne pour elle-même.
L'impertinence, prompte à son coeur, eut desservi ses desseins, et elle s'abstint de déplaire effrontément à Shaynar.
En dedans, elle se renfrogna. Le dragon noir se montrait faible. Il la dépassait de beaucoup, ses ailes repliées dissimulaient une puissance en suspens, et la force de ses membres eut pu fendre un homme en deux sans l'aide de ses griffes. Il se montrait faible, paralysé comme Trissi l'eut été si l'on avait mené Kedrildan ligoté sous ses yeux en lui clamant que la moindre action de sa part coûterait sa si précieuse non-vie au vampire. Au détail près que le dragonnier de Shaynar ne gisait pas sous leurs yeux aux frontières de la mort. Qu'avait donc vécu le noir pour réagir de la sorte, pour sacrifier sa volonté sur l'autel de l'espoir ?
Sans l'avouer pour autant, la farouche argentée aurait tout fait pour préserver Kedrildan. Elle s'affligerait de ses échecs et pleurerait ses larmes, où qu'elle, aille, une partie d'elle-même restait enchaînée à lui, même dans ses chasses assassines où il ne la conviait pas. Et pourtant, elle demeurait persuadé que Shaynar se fourvoyait, que ce lien n'était pas fait pour tourner à ce point en sa défaveur. Elle saurait rendre au destin ce qu'elle lui devait. De Kedrildan, elle serait la faiblesse. Elle le protégerait sans avoir à trembler qu'il lui arriva malheur, et s'il le fallait, même de lui-même.
° Tu te trompes. Je suis née pour porter la vie, pas pour t'occire sans un regret, fusse pour le délice de mon lié. °
Les yeux de l'argentée luisaient d'une lueur mutine, de l'effroyable innocence des êtres qui s'éveillent au monde. Elle pourrait bien le tuer, un jour, s'il le fallait, s'il voyait toujours cela comme la seule issue possible alors que c'était à ses yeux un triste gâchis. Mais non sans avoir donné au monde une autre génération, moins sotte que son idéaliste de géniteur... S'il n'y avait pas d'autre solution, si les bipèdes ne se laissaient pas raisonner, alors, elle mettrait au monde des enfants sans liés, et établirait sous le ciel d'Armanda un règne plus prospère pour ceux de son sang. L'orgueil de Shaynar l'aveuglait, lui imposait de se sentir plus important qu'il n'était, de négliger ceux qui leur ferait suite, mais l'argentée ne commettrait pas la même erreur.
Kedrildan comprendrait, il le faudrait. Un jour, elle lui parlerait.
Trissi avait repris une attitude égale, dissimulant les pensées fiévreuses qui l'habitait pour s'attrister de la sombre révélation. Seulement sept de ses pairs étaient encore en vie. Pour elle-même, la dragonne nota la blessure douloureuse que la perte de ses frères avait causé chez Shaynar. Tout n'était pas perdu, peut-être, viendrait l'heure où en qualité de reine elle le sommerait d'accomplir ses devoirs envers son sang.
Elle n'écouta qu'à demi le sermon du dragon. Son bonheur à elle importait à Kedrildan. Pour lui, elle avait oublié le soleil et la douceur de ses rayons sur ses écailles, renoncé aux teintes prodigieuses du jour pour une nuit sans fin. C'était assez. Et pour un temps seulement.
Arguant d'une révérence qu'elle ne ressentait pas pour les paroles du dragon, la petite dragonne resta coi, se contentant d'une pensée innocente - si tant est qu'elle en eut - lorsqu'il eut terminé.
° Si tu les vois avant moi, dis-leur que je ne serai l'ennemie d'aucun dragon. °
L'argentée ne s'étendit pas sur ce que le terme impliquait à ses yeux, n'évoquant ni le respect à la parole donnée ni le refus de verser le sang de ses pairs, elle se contenta de fixer le grand noir avec dans les yeux cette étincelle maligne qui la rendait, tour à tour, si agaçante et si plaisante. Ce regard qui mentait effrontément, et clamait qu'elle était bien trop faible et insignifiante pour causer jamais de tort à quiconque.
Dernière édition par Trissi le Lun 25 Fév 2013 - 23:33, édité 1 fois |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sous l'aile noire du dragon [Pv Shaynar & Silarae] Dim 17 Fév 2013 - 21:19 | |
| [HRPG : pardon pour le retard, je devrais à présent avoir un rythme de rp plus acceptable. EDIT: autant pour moi Trissi, une faute d'inattention.]
La tête posée sur ses pattes avant, la queue balayant mollement le tapis usé par le temps de la tente d’Achroma, la petite dragonne poussa un soupir à fendre l’âme. Ses yeux couleur de feu erraient sur chaque élément du décor, tentant d’embraser l’ennui sans y parvenir. De tous les démons de l’âme, l’ennui était le plus redoutable. Tapi dans l’entrebâillement d’une porte, ramassé sur lui-même sur une branche épaisse ou encore terré entre deux rochers, il attendait tel un prédateur aux aguets que l’activité cesse pour assaillir sa proie et étouffer ses soupirs dans son étreinte douceâtre comme la pelure d’un fruit trop mûr. Depuis que son dragonnier avait quitté la tente pour vaquer à quelques occupations trop périlleuses pour elle et son jeune âge, Silarae luttait désespérément pour s’occuper l’esprit, mais il lui paraissait désormais comme évident que quelque soit le sujet de ses songes, l’ennui l’avait trouvée et ne la lâchait plus. Depuis combien de temps était elle allongée là à regarder le vide, à quêter la moindre distraction comme un ivrogne sa boisson ? A en croire les plis et replis du tapis sous le mouvement régulier de sa queue : trop longtemps, et comble de son malheur, elle était arrivée à bout de réflexion, ce point tragique où l’esprit ne parvient même plus à trouver matière à penser, lassé de jouer seul aux questions-réponses. Il lui fallait trouver une occupation aussi longue que possible pour donner un sens à cette journée qui n’en finissait pas, et il le fallait tout de suite.
Une sensation plus fugace que les autres dans la monotonie de son esprit attira son attention, lui faisant fermer les paupières pour se concentrer sur elle et ainsi la retrouver. Elle se souvenait de sa douceur passagère, d’une mélopée mélancolique qui remontait à bien des années… Au bout de quelques expirations, elle réussit à mettre la patte dessus et la laissa l’envahir en plongeant dans ses souvenirs pour en découvrir l’origine. Des parois solides et rassurantes autour d’elle, elle était de nouveau dans Petit-Monde. Les siècles de solitude n’étaient rien encore, ils n’avaient pour ainsi dire pas encore commencé. Tout juste conçue, elle était bercée par l’amour d’un père et d’une mère, ses parents qui n’étaient pas là lorsqu’elle était sortie de sa coquille, ces parents qui avaient laissé à leur enfant un continent en héritage, à se partager avec d’autres dragons en devenir. D’autres dragons qui étaient aujourd’hui sept à avoir trouvé leur place parmi l’un des trois peuples bipèdes qui occupaient Armanda. Sept, dont trois avaient choisi des vampires : elle, et deux autres qu’elle avait hâte de rencontrer, bien que l’idée d’une telle confrontation la mette légèrement mal à l’aise. Bien sûr qu’elle aspirait à voir son espèce prospérer sur ces terres comme leurs ancêtres d’antan, mais la vie en communauté n’était pas une chose qu’elle était certaine de pouvoir supporter. Cependant la famille restant la famille, et l’ennui, le pire des compagnons, elle prit sa décision.
Se secouant les écailles, Silarae se redressa, s’étira longuement, lutta contre l’attraction gravitationnelle terrestre pour ne pas se laisser mollement retomber sur le sol et s’élança d’un air volontaire, sur-jouant un peu l’entrain pour se convaincre de sa motivation. Achroma lui avait demandé de l’attendre dans la tente, il avait dit qu’il reviendrait au plus vite, mais à en croire les pensées qu’elle sentait filtrer par leur lien doré, il ne serait probablement pas de retour avant plusieurs heures.
Elle arriva devant le pan de la tente. Elle savait que derrière se trouvait deux vampires chargés de veiller à sa protection, deux pauvres diables qui s’ennuyaient presque autant qu’elle si elle en croyait le débat au sujet de la longueur de leurs crocs qu’ils menaient sur un ton animé comme s’il s’agissait d’une conversation politique qui aurait un impact non négligeable sur l’avenir du monde. Pitoyable, mais pas autant qu’elle qui se demandait tout à l’heure si les blaireaux étaient réellement aussi stupides que les personnes surnommées ainsi. Quoi qu’il en soit, elle devait à présent faire un choix qui lui posait problème, bien qu’il ne soit en apparence rien de plus qu’un pas en avant. Devait-elle sortir ou rester à l’intérieur ? Achroma lui avait dit de l’attendre dans cette tente, en s’en allant, elle commettrait une infraction au règlement, car comme tout parent pour un enfant, son dragonnier incarnait l’Autorité : elle se devait de le respecter, et à défaut de le craindre en lui-même, c’était sa désapprobation qu’elle redoutait. En désobéissant, elle défiait l’autorité, défiait son lié qui veillait à son éducation et à sa sécurité, mais qui plus qu’un tuteur était une partie de son âme, son égal. Il comprendrait, n’est-ce pas ? Devait-elle lui demander la permission de désobéir ?
Stupide. De plus, il était bien trop préoccupé par ses affaires pour qu’elle vienne lui imposer des tourments supplémentaires, aussi décida-t-elle de ne pas l’avertir, se disant pour se donner bonne conscience que non seulement elle serait de retour avant qu’il ne rentre au camp, et qu’il serait toujours temps de lui expliquer sa petite escapade à ce moment là. Et si quelque chose tournait mal… non, il n’y avait aucune raison pour que quoi que ce soit lui arrive. Elle resterait à proximité du camp, et puis ses deux gardes du corps l’accompagneraient sans doute, bien que cette perspective ne la réjouisse guère. Pour son dragonnier, elle voulait bien tolérer de se promener avec deux grands imbéciles sur ses talons. D’un mouvement de tête, elle souleva le pan de tissu qui barrait l’entrée de la tente, et elle s’aventura au-dehors, inspirant profondément. La fraicheur extérieure lui permit de s’éclaircir les idées et chasser ses remords, c’est donc le cœur plus léger qu’elle s’avança dans l’allée centrale d’un pas décidé, ignorant royalement les yeux clignant de surprises et les cris affolés qui jaillissaient derrière elle. Un vampire la somma de faire demi-tour car l’ancestral lui avait dit que… Que quoi ? Elle n’entendait rien, il ferait mieux d’économiser sa salive pour quand Achroma rentrerait, il aurait sans doute des tas de choses très intéressantes à lui raconter. Elle l’interrompit sans même le regarder ni ralentir :
*Libre à vous de me suivre.*
Excitée à l’idée d’agir à l’encontre des règles selon son bon vouloir et de ne se voir imposer aucun obstacle, Silarae força l’allure, gardant la tête haute et le regard lointain comme si elle se déplaçait dans une plaine déserte et non dans un camp où tous les regards se retournaient à son passage en entendant les supplications des deux vampires craignant des représailles qui l’escortaient. Elle ne voyait personne, n’entendait personne. En cet instant, il n’y avait qu’elle et l’horizon, elle et une vision qu’elle était seule à pouvoir contempler : un ballet de dragons dans le ciel clair, une suggestion de son esprit qui faisait pulser son cœur avec plus de vigueur et chassait son appréhension de rencontrer d’autres ses semblables. Elle se devait de faire la connaissance de ceux qui avec elle rendrait à la race des dragons sa grandeur d’antan.
Autour d’elle le paysage se modifia. Les dernières tentes du camp vampirique étaient derrière elle, et la terre tournée et retournée par les piétinements répétitifs des allés-retours des soldats avaient laissée place à une fine couche d’herbe jaunâtre et sèche qui grelottait de froid sous le souffle du vent hivernal. Malaxant avec joie ce nouveau terrain qui chatouillait la fine membrane tapissant le revers de ses griffes, Silarae se concentra sur les deux lucioles qui clignotaient dans son esprit à moindre distance, et corrigea sa trajectoire pour les rejoindre. Arrivée à quelques mètres de ses congénères, elle s’arrêta et lança à ses gardiens sans daigner se retourner :
* Je n’ai plus besoin de vous. *
Après quoi elle s’avança plus lentement, ouvrant de grands yeux fascinés en contemplant la silhouette massive du dragon noir qui ne cessait de grandir au fur et à mesure qu’elle approchait. Ses écailles brillaient sous la caresse de la lune comme éclats de jais, et perçant un faciès reptilien, deux rubis chatoyant comme le cœur d’un volcan étaient orientés vers une autre créature aux dimensions plus… abordables. Un sentiment doux et confus étreignit le cœur de l’argentée à cette vision. Jamais de sa vie elle ne les avait vus, et pourtant en cet instant elle avait le sentiment de les retrouver, de débarquer en terrain connu. C’est donc avec assurance et joie qu’elle se manifesta en effleurant leurs esprits du sien, et captant les dernières brides de leur conversation télépathique, elle inclina respectueusement la tête sans quitter de ses yeux incandescents ses semblables qui la fascinaient.
*Si en combattant aux côtés de ton lié dans la guerre des peuples bipèdes d’Armanda, tu te retrouves face à un dragonnier hostile, m’est d’avis que son dragon, notre frère de sang, ne te demandera pas ton avis pour te considérer comme une ennemie, car de la vie de son lié dépend la sienne, et s’il n’a d’autre choix que de te repousser si ce n’est te tuer pour survivre, il n’hésitera pas. Et c’est réciproque, non ? Si un dragon attente à la vie de ton dragonnier, le laisseras-tu faire ?* Elle inclina la tête sur le côté, prise d’une sincère curiosité car elle-même n’avait jamais vraiment envisagé la chose pour Achroma. Finalement elle soupira : *Quelle tristesse que ce conflit…* Un instant la vision du grand dragon blanc périssant sous les coups du général vampire lui traversa l’esprit, lui tirant un frisson d’effroi. Les dragons étaient dépendants de leurs liés : la guerre des trois peuples était aussi la leur, quel que soit leur camp, et qu’ils le veuillent ou non. Ils ne pourraient vivre en paix tant que les autres espèces s’entredéchiraient, le Dracos leur imposait une symbiose qui s’annonçait dure à acquérir. * C’est une époque bien sombre qui nous a été choisie pour rendre à notre peuple sa gloire passée… *
Dernière édition par Silarae le Dim 3 Mar 2013 - 21:22, édité 1 fois |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sous l'aile noire du dragon [Pv Shaynar & Silarae] Lun 25 Fév 2013 - 14:33 | |
| Il observa la lueur mutine qui s'était allumée dans les yeux de la petite dragonne, quelque peu amusé au fond mais tout à fait impassible en surface. Cela n'avait pas encore vu passer plus d'un hiver et cela parlait déjà de porter la vie... Encore faudrait-il déjà commencer par s'y frotter, à cette vie... Néanmoins il ne doutait pas une seule seconde qu'elle s'y frotterai avec application, avec enthousiasme même... Etait-il déjà si vieux pour se sentir si éloigné d'elle, si détaché et froid par rapport à cette ardeur passionnée ? Il fallait croire que oui, que la vie dont on parlait justement l'avait vieilli prématurement.
° Si tu les vois avant moi, dis-leur que je ne serai l'ennemie d'aucun dragon. °
La pensée de la petite argenté ne lui fit lever qu'un sourcil, il rassembla ses propres pensées pour répondre mais fut interrompu par un effleurement léger contre son esprit. Tiens donc... Encore un autre dragon... Non... Une autre dragonne, une dragonnette même... Dracos... A quel moment avait-il donc signé un accord stipulant qu'il devait jouer les nourrices écailleuses ? Bon d'accord, la petite argenté l'amusait, le tirait de ses sombres et habituelles ruminations mais lui Shaynar n'allait tout de même pas admettre qu'il aimait sa compagnie non ? Et puis une dragonnette passe encore... Mais deux ? Enfin ce n'était pas comme si elles lui laissaient le choix, il fallait croire qu'il n'aurait pas droit à sa sieste journalière...
Silencieux mais concentré, il laissa la nouvelle arrivante déployer sa pensée et son argumentation. En voilà une qui voyait les choses à peu près de la même façon que lui, il cligna paresseusement des yeux d'un air approbateur, le raisonnement se tenait d'autant mieux qu'il était le même que le sien.
*Quelle tristesse que ce conflit…*
Il l'observait non sans curiosité, fasciné par les ressemblances et dissemblances entre elles deux, deux petites dragonnes de la seconde génération, espoirs d'Armanda et de son peuple. La première maligne, dure et impériale, la seconde semblant plus douce et néanmoins capable d'autant de sauvagerie que les autres dès lors que l'on évoquait la possibilité que son dragonnier soit blessé. Depuis combien de temps n'avait-il pas parlé à d'autres dragons ? Le dernier avait été Cymbor, et cela datait de plus d'un an... Elles étaient là ces deux dragonnes et malgré cela il avait encore du mal à se convaincre qu'il n'était plus le seul, plus le dernier représentant d'une race condamnée. Cette génération-ci aurait-elle plus de chance que la première ? Serait-elle à la hauteur ? Il aurait été bien en peine de le dire, les deux petites femelles risquaient très vite de devoir combattre leurs frères et soeurs, lui même finirait peut-être par les avoir pour ennemies si ses projets se concrétisaient. Dans ces conditions comment croire à un avenir pour les ancestraux ? Malgré tout, il voulait y croire.
C’est une époque bien sombre qui nous a été choisie pour rendre à notre peuple sa gloire passée… *
"C'est peut-être justement pour cela qu'il nous a été permis d'éclore... Les dragons incarnent le changement, et si il faut changer ce monde pour que notre race y ai sa place alors je n'aurai pas de scrupules à le changer. A coup de griffes, de crocs et de flammes si il l faut..." gronda-t-il |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Sous l'aile noire du dragon [Pv Shaynar & Silarae] Dim 3 Mar 2013 - 20:09 | |
| [HRP/ Détail, détail, mais dans ma logique de rp il faisait nuit et Silarae parle d'astre solaire. Et pardon pour le retard. /HRP]
Désabusée. Voilà ce qu'était Trissi face à Silarae. Semblables pour un oeil non averti, les deux petites dragonnes ne s'accordaient en réalité que peu. La nouvelle venue affichait l'éclat insolent de l'argent, là où le corps de Trissi embrassait le feutre de la nuit, se coulant dans les ombres sans ravir davantage que le souvenir d'un éclat lunaire. Ses iris flamboyantes la désarçonnaient. Échos de ceux du grand dragon noir, s'ils soulignaient l'évidence pour Shaynar, chez qui l'on imaginait sans peine la lave lui tenir lieu de sang, ils lui paraissaient impromptus chez l'argentée, presque incongrus.
Trissi cilla longuement, dardant sur Silarae ses yeux opalescents, prétextant s'offusquer en silence de l'immiscion alors que c'était en vérité la teneur même des paroles qui l'ulcérait.
Mères et pères de mes aïeux, quand avons-nous renoncé à notre liberté ? A les entendre parler de chaîne et de lien, à faire leurs les querelles des bipèdes, je ne puis que comprendre que nous ayons sombré.
Et pourtant, ce n'était pas l'obstination de sa soeur qui la blessait le plus, mais sa certitude inébranlable qu'elle était ainsi qu'elle le disait, et en cela son égale. Non, foi de dragon, même si ce choix lui déchirerait le coeur et les entrailles, elle ne laisserait pas Kedrildan anéantir ce qu'il restait de son peuple. Quel que soit le prix à payer, dusse-t-il la haïr ou la mépriser pour ce geste, la supplier ou s'incliner, elle n'avait pas quitté sa prison calcaire pour voir s'éteindre la lignée des dragons. Elle ne serait pas comme eux. Non qu'elle se crut plus forte ou plus habile que le puissant noir ou la petite Argentée, quand bien même elle ne dépasserait sûrement jamais ni l'un ni l'autre en poids et en taille, mais parce qu'elle l'avait décidé. Elle entretenait dans son cœur cette flamme fougueuse qui avait à jamais déserté ses yeux pour en faire un miroir de glace, lequel n'exprimait qu'indifférence, ne se voilait que du souvenir d'une contrariété déjà effacée.
° Si un dragon attente à la vie de mon dragonnier, je jure que je le tuerai. °
De noble essence, en dépit de la vilenie qui coulait parfois dans ses veines, Trissi était de ceux qui considèrent que les serments vous lient. Aussi ne mentait-elle pas à ses non-parents, sinon par une douce omission ou l'évidence d'un non-sens. Nul n'attenterait jamais à la vie de Kedrildan, et en cela se nichait l'un de ses plus profonds regrets : Kedrildan ne l'avait pas trouvé à temps, il était mort bien avant que les yeux de la petite argentée ne s'ouvrent sur le monde.
° Il eut été honteux qu'une ère rayonnante put naître sans notre ordre. S'il faut souffrir la nuit et les conflits des bipèdes, alors il en sera ainsi. Mais nous ne sortirons pas amoindri de ce conflit. °
L'arrivée inopinée de l'autre dragonne avait mis fin au jeu de séduction de Trissi et elle se tenait désormais assise sur son séant, la queue repliée contre ses pattes, ses ailes sagement repliées contre son corps. Parfois, son regard s'égarait plus qu'il n'aurait dû sur la masse de l'immense dragon, mais l'on pouvait aisément attribuer sa songerie à l'imposante stature du noir, et à ses rêves de l'égaler jamais. Les pensées qu'elle lui adressait n'appartenait qu'à eux, mais cette échange-là n'avait plus sa place à présent.
Lorsqu'elle reporta son attention sur le dragon noir, toute malice s'était évaporée, comme si l'insolente petite dragonne avait renoncé à démontrer au dragon noir qu'il se méprenait sur ce qui lui causait plaisir et satisfaction.
° Penses-tu qu'ils attaqueront ? Nous ne livrons pas croisade contre le bétail. Ont-ils levé cette armée contre une offensive à venir ou espère-t-il asservir les humains d'une quelconque manière ? ° s'enquit l'argentée, sans exclure son homologue de la conversation.
Trissi avait peine à cerner tous les enjeux du conflit et la faute n'en incombait pas à son âge. Le recul de ses aïeux ne lui étaient d'aucune aide. Si les dragons avaient été aussi nombreux qu'auparavant, il eut été illusoire de les mêler à pareille querelle. |
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