Rencontre au milieu des bois [Cym]

A l'est d'Armanda, on ne distingue qu'une grande masse verte : la plus grande foret du pays. En s'approchant un peu, on peu distinguer une petite clairière à la lisière de la forêt, à travers la cime des arbres on aperçoit des petits oiseaux qui gazouillent tranquillement, la faune locale se prélassant au soleil tranquillement, bref, un tableau idyllique. Lorsque soudain un grand cris perçant vint troubler le calme, faisant s'envoler une nuée d'oiseau au dessus des arbres. En zoomant un peu plus, on distingue une forme humanoïde, et en regardant son visage de plus prés, derrière l'expression de peur qui lui tordait le visage, on pouvait reconnaître Lylou... Comment en est-on arrivé là ? C'est une histoire assez simple en fait...

C'était plutôt une belle journée, qui avait bien commencé d'ailleurs, chose assez rare ces derniers temps il faut dire. Après moult péripéties et des semaines (voir des mois, Lylou avait complètement perdue la notion du temps) de voyage qui lui semblait sans fin et cela, grâce à un sens de l'orientation aussi efficace que celui d'un mollusque, la jeune fille arriva enfin en vue d'une forêt. Cette fois là, elle ne pouvait pas se tromper : c'était la plus grande qu'elle n'ait jamais vu, rien à voir avec le bosquet d'à côté de la ferme familiale ! Ce n'était pas faute d'avoir demandé son chemin à tous les badauds qui passaient par là ! L'avantage de se balader dans un coin si reculer des grandes villes, c'est que personne ne se posait de questions sur ce qu'elle pouvait bien faire seule dans le coin . Et surtout apparemment, les affiches d'avis de recherche sur sa petite personne semblaient avoir disparut depuis quelques temps ! Ils avaient du se lasser d'épingler sa tête sur des panneaux sans résultats. Et puis, qu'aucun soldat ou mercenaire n'ait réussit à mettre la main sur une petite bergère, au bout d'un moment, ça ferait jaser, donc il valait mieux pour eux de faire comme si elle avait été trouvée ou qu'elle était morte quelque part ! Lylou avait pu recommencer à se promener tranquillement, à visage découvert et en plein jour s'il vous plaît, au cœur même des villes....Enfin village plutôt, voir même bourgade. Elle n'était quand même pas suicidaire au point de s'imaginer ne jamais tomber sur quelqu'un qui aurait un temps soit peu de mémoire photographique !
Mais elle avait même poussé le vice jusqu'à s'attarder dans certaines fermes, proposant ses menus services contre le gîte et le couvert. Parce que , la vie à la belle étoile, c'est sympa deux nuits, voir deux semaines, deux mois , mais il ne faut pas pousser ! Sans parler du plaisir d'un bon bain avec un pan de savon ! Bien que l'odeur de chacal qu'elle pouvait dégager après plusieurs jours à errer dans les bois suffisait parfois à décourager certains prédateurs, ça n'était pas une raison suffisante pour continuer à ressembler à un vieil ermite qui n'aurait pas vu la couleur d'un savon depuis des années !

Enfin bref, aussi improbable que cela puisse paraître , Lylou arriva non loin de la forêt qui bordait le royaume elfique. Avec un poil d'espoir, ça serait le seul endroit où elle serait en sécurité, les lois humaines ne devant techniquement pas être en vigueur là-bas ! Elle arriverait bien à se trouver un petit coin dans cette immense foret ou personne ne viendrait l'embêter et où elle pourrait enfin couler des jours heureux ! Et puis, avec un peu de chance, elle rencontrerait peut-être des têtes familières, comme l'elfe Merry ou la belle Lyroë !
Respirant tranquillement le doux parfum de la liberté promise en arpentant un petit sentier menant à une clairière où elle se voyait déjà en train de faire une petite sieste juste là, sous cet immense conifère.

Elle ne tarda d'ailleurs pas à s'installer confortablement et à profiter de ce délicieux instant en fermant les yeux et en prêtant l'oreille au calme qui régnait ici. Tout se passait magnifiquement bien lorsqu'une ombre passa au dessus de Lylou pour s'y arrêter , lui masquant complètement le soleil...
Lylou ouvrit des petits yeux endormit, qui s’écarquillèrent pour loucher sur la masse d'écaille bleue imposante, assortie d'une rangée de dents assez aiguisées qui allaient magnifiquement bien avec la paire de griffes aiguisées comme des rasoirs. C'est cette vision qui déclencha l'horrible cri qui sortit de sa gorge pour réveiller toute la foret...

Le cœur battant, la masse musculaire imposante survolait le ciel sombre, vaguement grisonnant de ces derniers jours, surplombant de son ombre massive la terre qui l’avait vu naître, la forêt des elfes, écoutant en silence les pleurs du continent sur lequel il avait tôt fait de tenter de rééquilibrer les forces qui le régissait. Trois ans. Il était à présent un dragon de trois ans, appartenant fièrement à la première génération de son espèce à être revenu sur les terres connues. Le deuxième des dragons à avoir vu la lumière du jour, et aussi l’une des créatures à avoir sentie la terre Mère souffrir, son souffle d’agonie tombant dans l’oreille sourde des hommes.

Le cracheur de feu était à présent trop gros pour se glisser dans une ville. Il se terrait généralement dans les clairières de la forêt et ne s’enfonçait plus guère dans la ville, laquelle lui semblait désormais bien trop petite pour sa massive taille. Il ne pouvait donc plus accompagner son archère partout où elle allait, se trouvant franchement plus petite que lui. Agacement ? Pas vraiment. Le dragon Blanc et sa liée avaient toujours été un peu ainsi, libre l’un de l’autre, mais très fier et attachés. S’il volait quand et où bon lui semblait, elle faisait un peu de même de son côté, même s’il protestait généralement à chaque départ sans lui, se montrant relativement protecteur envers elle.

Il survolait, à ce jour, donc, la surface verte, n’étant vue du sol qu’une étoile mouvante dans le ciel, difficile à percevoir, le ciel n’étant pas d’un bleu saphir, ses écailles impeccablement blanches le cachant bien lorsqu’il jouait à travers les nuages. Son estomac criant famine, toutefois, il gronda, ne percevant aucune présence de volatiles dans les environs, et plongea en piquer pour revenir à sa terre natale, brillant de sa vitesse bien supérieure à la moyenne, jouissant du jeu de ses ailes, de ses manœuvres aériennes, des tournis et des vertiges qu’il provoquerait à n’importe qui se trouvant sur son dos à ce moment là, vrillant jusqu’à frôler la cime des arbres avant de se redresser brusquement, s’amusant de la pression de la graviter qu’il combattait et dont il sortait continuellement vainqueur. De là il repéra rapidement une proie potentielle sur laquelle il fonça, prédateur redoutable, l’un des plus imposant qui soit, si ce n’était le plus grand, sur un chevreuil qui broutait tranquillement dans un coin. Il ne s’était certainement pas attendu à ça, car le son qu’il émit lorsque le dragon fendit l’air sur lui, l’écrasant de tout son poids, démontraient de l’effet de surprise réussi. Le cou craqua sans ménagement, les pattes se brisant aussitôt. Il n’eut guère du souffrir longtemps… Et c’était bien tant mieux. Lyroë ne semblait jamais apprécier lorsqu’il ne tuait pas ses proies immédiatement. Il le goba en quelques bouchée sanglantes avant de reprendre son envole, bien que se maintenant au plus bas possible… Jusqu’à ce que…

Une silhouette, là. Un guerrier ? Un ennemi venu prendre d’assaut les territoires elfiques ? Il ne laisserait pas faire, ça, il en était hors de question. Le peuple qui l’avait accueilli, le peuple de sa liée avait déjà suffisamment souffert ainsi. Il jurait de le protéger, pour le moment, tant et aussi longtemps que son archère le faisait de son côté, la suivant comme son ombre. Il gonfla ses ailes, griffes toute dehors, l’air plus que menaçant. Mais quelque chose clochait… Un adversaire, aussi puissant soit-il, ne s’aventurait pas dans cette région… ne s’aventurait pas seul face contre un dragon d’expérience, surtout ! C’était folie suicidaire rien que d’y penser… Il plongea au sol, laissant l’hu… l’humaine ? Elle hurla à lui en faire exploser les tympans, le surprenant par la même occasion. Il renifla l’air et… arrêta tout mouvement d’agression à son égard, mi étonné mi amusé. Un son émana de lui qu’on aurait pu considérer comme un rire…

*« N’hurles pas ainsi, Porteuse d’œufs. Je suis content de te voir… Je suis agréablement surprit de te voir... vivante... »*

Il susurra dans la tête de la jeune humaine, émettant finalement un petit ronronnement de contentement. Effectivement, plus de deux ans s’étaient écoulé depuis leur dernière rencontre, depuis qu’elle s’était volatilisée avec la dragonne rouge, dans les montagnes. On ne pouvait pas lui en vouloir de parler ainsi de mort ou de vie avec tous les derniers évènements...

Finir en buffet si proche du but, la jeune fille l'aurait difficilement avaler! Mais apparement, ce n'était pas pour toute suite... Son predateur du jour ne semblait pas presser de la deguster, le manque de bain quotidien aurait-il enfin trouvé un interet? Aussi se risqua-t-elle a analyser la situation un peu plus calmement. Ses cordes vocales cessérent un instant de fonctionner lorsqu'elle entendit une voix raisonner en elle. Une vois plutôt familière même! La curiosité prenant la place de la peur, elle reconnut d'abord les grandes écailles blanches , et lorsque son regard croisa les immenses yeux du dragon, elle le reconnut:
"Cymbor!!!!! "
Bon, certe il était bien plus imposant mais en même temps, voilà au moins deux longues années qu'ils ne s'étaient pas revu!A l'époque il ne dépassait pas encore Lylou et elle pouvait se permettre de le regarder de haut, aujourd'hui il lui cachait carrément le soleil! En verité, c'était sûrement le plus grand et vieux dragon qu'elle croisait! A chaque fois elle n'en avait rencontré que sous forme d'oeuf ou à peine éclos de quelques mois! Elle espérait simplement que la croissance des dragons s'arrêtait rapidement parce que sinon même la forêt des elfes ne suffiraient plus à le dissimuler!
Elle lui aurait volontier sauté dessus pour un calin de retrouvaille mais se souvint juste à temps que la plupart des dragons étaient adepte du "tu m'touche j'te bouffe". Prudence est mére de surreté, finalement d'avoir cotoyer autant de dragon n'était pas une si mauvaise chose pour sa survie...
La peur totalement dissipée par les paroles du dragon, l'adrenaline retomba également et ses jambes cedérent sous son poid, accompagné d'un soupir de soulagement.

"Tu es devenu E-NOR-ME! C'est étonnant d'ailleurs si tu ne chasse que des proies aussi petites que moi! " ajouta-t-elle avec un clin d'oeil. Elle avait tellement de choses à lui raconter depuis leur séparation! En verité depuis que le Dracos l'avait teleportée à des kilométres de la montagne pour l'apporter à son veritable compagnon sans vraiment franchement lui demander son avis ou lui laisser un mode d'emploi ou un plan à suivre... En revanche elle avait suivit les aventures des dragonniers par morceau, elle savait qu'ils avaient réussit à ramener des oeufs de leur mysterieuse île au delà d'Armanda, qu'ils avaient plus ou moins tous participer à la guerre des peuples, mais rien de trés précis. Aux dernières nouvelles, elle avait revue Milla et Merry au tournois, elle savait que le passage du côté vampirique de la force n'avait pas réussit à Gray... En gros peu de chose qu'ignorait la population Armandééne.

Elle avait des milliers de questions à lui poser, mais celles qui franchirent en premier ses lèvres furent :
"Vivante, le mot est faible, si tu savais tout ce qui m'est arrivé! Mais où est Lyroë? Elle va bien? Il faudra que je lui montre je me suis vachement bien entrainé à l'arc! Tu as des nouvelles des autres? Que s'est-il passé après mon départ?Qu'est-ce que tu fais dans le coin? Et...." Ca y est, les vannes étaient ouvertes, voilà des jours et des jours que la bergére la plus bavarde du continent n'avait pu parler à quiconque et voilà que ça tombe sur Cymbor, le pauvre! Mais elle se rendit vite compte de son erreur et du savon qu'avait pu lui passer Lyroë sur sa langue trop pendue et ravalla les centaines de questions qui arrivaient à la seconde , ne voulant pas abuser de la patience du dragon.
Elle s'assit en tailleur contre l'arbre, le menton posé sur ses mains , prête à écouter un dragon de plusieurs mètres lui raconter son histoire, avec cet immense sourire qui n'avait pas illuminer son visage depuis bien longtemps....

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