[HRP : Lyssa est au Nord du continent, situé un peu à l'Ouest, aussi, comme l'action se déroulera dans une petite forêt, mets-je le sujet ici]
La guerre. Bien que pas encore présente aux portes de Lyssa, la ville était en pleine effervescence, et ce depuis son accession au pouvoir. Et la suite des événements l’avait conforté dans son idée. Après la perte de l’Empereur, et la chute d’Aldaria, l’Empire… De nombreuses provinces avaient fait sécession, amputant l’Empire d’une immense partie de sa puissance militaire. Seuls la Garde du Nord, Glacern, et le Duché de Lyssa étaient restés fidèles à leur nation. Mais séparés par des centaines et des centaines de kilomètres, les deux territoires Impériaux ne pouvaient facilement unir leurs efforts. Et actuellement, ils opéraient séparément. Quelques corbeaux, les messagers aériens les plus robustes qui soient, très espacés, assuraient une rare correspondance.
De son côté, Selewyn continuait de préparer son armée. Ses armuriers travaillaient jour après jour, produisant sans relâche cottes de maille, armures, épées, haches, lances, flèches… Et bien d’autres outils de guerre. Les chantiers navals construisaient des bateaux de plus en plus grands, de plus en plus puissants, de plus en plus majestueux. Des bateaux de toutes tailles étaient amarrés aux quais, et des équipages, pour la plupart composés de pêcheurs, étaient formés aux règles des combats navals, apprenaient à manœuvrer les vaisseaux, à les entretenir. Les hommes des Osts terrestres, eux, s’entraînaient sans relâche, et pas un jour ne passait sans que retentisse, quelque part dans la ville, le bruit de l’acier contre l’acier. Les soldats les plus prometteurs étaient envoyés dans des écoles d’officiers, ou formés comme sous-officiers. Et les postes-clés de l’armée n’étaient pas, comme il en était l’habitude ailleurs, réservés aux nobles. Seule la valeur de l’homme était prise en compte. Si un noble ne méritait pas un commandement, il ne l’avait pas, et pouvait fort bien se retrouver hommes du rang. A l’extérieur de la ville, s’entraînait la cavalerie Lyssean. Au début désordonnée, celle-ci commençait à arriver à manœuvrer comme un seul homme. Les archers devenait de plus en plus habiles et précis… Selewyn éprouva de la fierté, à faire partie des leurs. En moins de deux ans, l’Armée et la Marine étaient devenus quelque chose de redoutable. Certes, il leur manquait le baptême du feu, et presque la totalité des hommes n’avaient pas connu le combat. Mais lorsque le moment viendrait, ils seraient prêts à se battre pour l’Empire, pour leur Peuple, leurs Familles.
Du haut de la plus haute tour du château, Selewyn dominait la ville et ses alentours immédiats, et sa vue s’arrêtait lorsque les premières collines sortaient de la terre. Au sommet des plus hautes, un petit fortin de bois, pouvant contenir une vingtaine d’hommes et moitié moins de chevaux, possédant une unique mas très élevée tour, afin de pouvoir voir l’ennemi arriver au loin. Son regard descendit sur les murs de la cité. Ceux-ci avaient été renforcés de fond en comble. Au-dessus de chacune des portes, points faibles de chaque muraille, se trouvait une grande tour aux allures de petit fort. A intervalles réguliers, des tours aux dimensions beaucoup plus modestes donnaient une allure de couronne à la ceinture de pierre qui entourait la ville. Au sommet de celles-ci, des soldats du Génie construisaient des catapultes et autres armes d’artillerie. Des trous avaient été faits au ras des créneaux, tous les dix mètres environ, pour pouvoir verser de l’huile bouillante sur les assaillants. A l’image d’Elena, les premières maisons avaient vu leurs toits aplanis, pour pouvoir poster des archers dessus. Des passerelles de bois étaient prêtes à relier les toits entre eux. Tout en sachant pertinemment que Lyssa, comme n’importe quelle ville, n’était pas imprenable, il savait aussi que l’ennemi subirait beaucoup de pertes pour prendre les murs, et encore plus pour pénétrer dans la Palais.
Selewyn redescendit, et se dirigea vers les écuries, pris d’une envie subite de sortir rejoindre les bois les plus proches, à environ deux heures de chevauchée. Cela faisait plus d’un mois qu’il n’était sorti de la ville, non pas qu’il craignait pour sa sécurité – cela, il n’en avait rien à faire – mais parce que les affaires inhérentes à un Duc, Amiral et Général d’une armée en état de guerre le retenaient sans cesse.
Revêtu simplement d’un pantalon gris, d’un pourpoint noir et d’une cape argentée, et ceigné de son épée longue, Selewyn avait enfourché son cheval et se dirigeait vers les portes du mur du Palais, lorsque deux hommes de la Garde Delphinienne l’approchèrent :
« Votre Seigneurie, devons-nous vous accompagner ? »
« Non merci Valdis, je serais de retour après le coucher du Soleil, et je ne m’éloignerai point trop. »
« En êtes-vous sûr ? La Première Épée Svenja nous a dit… »
« Hahahaha, je prend tout sur moi Valdis. Vous lui direz que je ne vous ai pas laissé le choix. »
Et d’un salut de la tête, il partit, et sortit quelques minutes après de la ville. Sans doute se ferait-il remonter les bretelles par Svenja à son retour, à moins qu’elle ne décide de se lancer à sa poursuite. Aaah, Svenja. Elle prenait son rôle de garde du corps trop au sérieux… A moins qu’il ne s’agisse d’autre chose. Enfin, il devait se faire des idées. Elle était très consciencieuse dans tout ce qu’elle entreprenait.
Tout en se demandant, pour la énième fois, pourquoi il n’arrivait pas à se décider à lui avouer ses sentiments, il ne se rendit pas compte de la distance parcourue, et fut presque surpris d’arriver déjà à la forêt. Selewyn descendit de son cheval, et l’attacha à un arbre, près d’une petite source. Il s’enfonça alors sur un petit chemin de terre, et alla s’allonger sous un arbre. Qu’il était bon de ne penser à rien d’autre qu’aux rayons de Soleil traversant les branches et nimbant les lieux d’une lumière vert-or irréelle. Fermant les yeux, le jeune Duc laissa son esprit vagabonder.
Un bruit, infime, mais qui résonnait comme un gong dans le silence du lieu, le tira de ses songes. Se relevant doucement, il se tourna vers l’endroit dont il lui semblait que le bruit provenait. Il scruta les frondaisons des arbres et des buissons, mais la végétation luxuriante l’empêchait de rien voir. Peut-être s’agissait-il d’un animal ?