Gabriel voulait réaliser cette fête avec tous les compagnons qu’il s’était fait, penser à eux le faisait doucement sourire, atténuant la blessure ouverte de son cœur et séchant quelque peu ses larmes.

Sa mère lui parlait tout le temps de ce rituel plein de lumières et de chaleur, de joie et de sourire, où tout le monde se réunissait pour partager et connaître l’autre, oubliant la réalité, ne pensant qu’au moment présent et au brûlant bonheur qui les submergeait dans ces quelques heures de paix, loin de tout ce qui était négatif.

Quand il se promena dans une forêt humaine, il se retrouva nez à nez avec un vieux sapin, un peu rabougri, mais respirant la sagesse et protégé par un roncier. Il devait avouer que ce n’était pas vraiment commun comme situation, peut-être même un peu cocasse en y réfléchissant, mais Gabriel trouvait cela mystérieux et magnifique : il avait l’impression que ce puissant roncier cachait un trésor.

Il sourit doucement et caressa avec beaucoup de tendresse ce roncier protecteur, ne paniquant pas en le sentant lui piquer le doigt et lui faisant couler son sang, au contraire : il négligea ses blessures et continua à le toucher avec délicatesse, chantonnant doucement pour le convaincre de le laisser s’approcher.

Au début, cet amas d’épine ne semblait pas tout à fait d’accord mais avec beaucoup de patience et d’obstination, Gabriel réussit à le persuader et il s’ouvrit pour l’inviter en lui, le laissant découvrir ce petit sapin rabougri, un peu usé par le temps et les attaques du climat. Mais ce sapin était spécial : pour l’elfe ce serait lui, le sapin de Noël.

Avec beaucoup de tact et de précaution, il déracina l’arbre, veillant bien à ne pas lui arracher les racines, et le ramena dans leur chalet, impatient de commencer la décoration et la cuisine, voulant de tout son être échapper aux ténèbres pour se gorgée de tendresse et d’amitié.

Le chalet était des plus classique et rustique, grande maison toute en bois et dont les reflets de la cheminée faisaient luire les fenêtres du rez-de-chaussée, les fenêtres de l’unique étage brillaient vaguement : les habitants devaient se reposer un peu ou alors était tous réunis dans la cuisine, en tout cas le salon était vide vu qu’il venait juste de refermer la porte d’entrée derrière lui et son arbre de Noël.

Souriant de façon un peu pâle mais souriant quand même, Gabriel posa le sapin dans un angle de la pièce et courut chercher un grand pot d’argile et de la terre pour le replanter, histoire qu’il continue de vivre encore un peu hors de sa forêt. Fier de son œuvre, il monta dans le grenier et descendit tous les cartons de décorations de Noël près du sapin, rassemblant des piles et des piles de livres traitants de recettes de cette fête. Rigolant doucement comme un gamin, Gabriel commença à ouvrir les cartons, s’émerveillant devant la beauté des boules et le brillant des guirlandes, le regard un peu triste mais malgré tout impatient de fêter Noël avec les autres, sursautant de surprise et se retournant brusquement quand il entendit quelqu’un pénétrer dans le salon qu’il avait prit en otage pour préparer le réveillon.

Le soleil blafard, le froid mordant, la neige crissant sous ses pieds, l'obligation de porter de lours vêtements chauds... Voilà à quoi se résumait l'hiver pour le voleur qui se nommait Gabriel Belvedel. Ce dernier aimait très peu cette saison qui signifiait que toutes les raretés devenaient innacessibles ou presque et que la Horde devait se contenter que de babioles pour survivre. Comme l'animal qui le représentait, il entrait dans une sorte d'hibernation... Mais le seul aspect réconfortant était la réunion complète de la Guilde avec des longs jours de fête où la joie et l'alcool (pour les majeurs) coulaient à flots.
Mais ce n'était pas pour tout de suite, la saison n'était pas assez avancé pour ça...

Il se baladait tranquillement aux alentours d'une forêt sans trop savoir ce qu'il allait faire de sa journée. L'air était frais, le soleil brillait faiblement et la neige semblait presque brillante sous ses rayons. Le Loup rabattit son bonnet sur sa tête et resserra son écharpe autour de son cou pour se protéger du soleil qui restait dangereux même pas ce temps hivernal.
Levant les yeux, il aperçut alors un petit chalet perdu dans ce paysage blanc. Curieux et à la recherche d'un peu de chaleur, il s'aventura alors vers l'habitation qui laissait échapper de la fumée par la cheminée en pierre qui se trouvait du côté est.
Plus il avançait et plus il découvrait que l'habitation avait été conçu avec soin et de sorte à être à l'épreuve du temps. Cela devait surement être une résidence secondaire pour des nobles fortunés, pensa-t-il.
Un bon moyen de récupérer des objets rares et chers qu'il pourrait ensuite revendre en échange d'argent et d'informations. D'un air plus décidé, il gravit les quelques marches qui le séparait du pas de la porte et posa sa main sur la poignée et poussa la porte doucement.
Celle-ci pivota sans faire de bruit, les gongs étaient donc huilés, il y avait donc un entretien régulier de l'endroit ! Une bonne nouvelle qui provoqua un sourire sur les lèvres du renard.
Il enleva alors ses vêtements et les posa sur un crochet pour les sécher et se mit donc à l'aise lorsqu'il entendit quelqu'un rire. Le rire lui était familier mais il n'arrivait pas à se rappeler distinctement à qui il appartenait.
Il marcha jusqu'au salon et sentit une des planches grincer sous son pied et Gabriel se tourna vers lui. Le chasseur de primes qu'il avait rencontré il y a peu et qui était devenu un compagnon proche.
Il se mit à sourire et le salua d'un mouvement de la main.

Je peux t'aider ? demanda-t-il en s'avançant et en disposant les guirlandes sur le sapin sans attendre de réponse.

Le sapin devenait de plus en plus encombré par les décorations disposées par les deux Gabriel... Mais un raclement de gorge se fit entendre... Une troisième personne venait de rentrer dans la pièce...

Hel lo Hel lo comme on disais entre frères dans ma famille!

Un homme un peu étrange et vraisemblablement de bon humeur fit à son tour son apparition.
Les deux personnes présentes pouvaient voir sa crinière noir parsemée de flocon de neige tandis que sa peau blanche n'avait semble t-il pas pris cette rougeur caractéristique des effets du froid.
Prenant place il jeta d'un large geste sa redingote sur une des chaises présente puis observa les alentour,en chantonnant de la manière la plus joyeuse qui soit un air aux consonances bizarre [Marche funébre].

Eh bien je suis gâté, voici un compère humain avec qui je vais pouvoir m'amuuuser. Du bonheur en boite, vraiment... S'arrêtant un instant pour détailler l'elfe de pieds en cape il finis par reprendre tout en se dirigeant vers luiMais dites moi, que faites vous donc ici? Non pas que je critique mais j'ai remarqué que vous et vos pair avez tendance à vous perdreIl fit une pause accompagnée d'une légère moue indiquant qu'il se remémorait un souvenir récent avant de continuerTenez pas plus tard qu'il y a quelques jour l'un des vôtres s'est même égaré dans le quartier marchand...vous n'êtes pas censé jouer avec vos effets spécieux dans vos forêts? Rooh voyons...n'ayez pas honte, cela peut arriver à tout le monde vous savez...Fouillant dans sa poche, il continuaTenez, je crois que j'ai une carte je pourrais même vous indiquer le chemin et dans ma grande générosité comme la période le veux je pourrais vous l'offrir...Il sortit une vieille pochette racornie qui semblait avoir bien vécuePour l'achat de cette merveilleuse pochette en cuir de Kilym, animal très rare dans nos contrée...alors dans les votre n'en parlons pas...bref cette pochette à traversé les siècles et les intempérie...et à même survécu à ses précédents propriétaire...une affaire si l'on pense à la carte jointe: 15 piéce d'or. Qu'en dites vous?

Sans se démonter, comme certains de la réaction de l'autre il enchaina, se tournant vers l'autre Gabriel, l'humain

Vous connaissez bien sur le Kilym n'est ce pas?... Regardant l'arbre de NoëlOooh quelle bonne idée que voilà l'arbre..idéal pour les temps qui courent...j'ai même quelque chose pour égayer les planches, attendez un peuIl se remis à fouiller dans ses poches, de ses deux mains, moitié posant moitié jetant sa canne contre le sapin
C'est quelque chose que je ne souffrirais pas de jeter vous savez...quelque chose qui a tendance à mettre les gens dans le pétrin mais là...je pense que cela devrais convenir..Ah! Voilà donc ce que je cherchaisIl sortit une petite flasque cylindrique en verre contenant un liquide rouge-jaune, avec une étiquette sur laquelle était marqué " Elixir du Docteur Pyros, aucun mal de tête ne lui résiste!"C'est AB-SO-LU-MENT dernière mode...mais un peu fort, un peu fort, voir même radicale mais quel amusement! Gardons le pour la fin par contre...J'ai aussi des décorations mangeable si vous le souhaitez, Boule au Cochon? Sanglier? Serpentin en bois de hêtre pour les elfes... Dites moi et j'aurais...probablement. Alors? Que choisissez vous?Au moment de prononcer le vous il se recula légèrement de façon à regarder alternativement les deux personnes présentes signifiant qu'elles étaient toutes les deux concernées...

Il pris un air choqué à la remarque de la reprise faites par le vampire
Mais mon cher, tout article vendu n'est ni repris ni échangé...Il s'arrêta brusquement en milieu de phrase, observa un instant le nouvel arrivant, remarqua qu'il était un vampire puis continua: D'ailleurs puisque je vois que vous êtes quelqu'un de la bonne sorte et que la période s'y prête je m'en vais distribuer des présents, raretés collectées au cours de mes voyages...A Adryne il donna un petit livre visiblement très âgé, tellement âgé que l'on pourrait se demander comment il est parvenu à rester entier, sur sa couverture on pouvait lire "Entretien avec des ancestraux, confession d'un vieux de la vieille par Annerie et Cie" Voici donc pour vous... Il se dirigea ensuite vers l'elfe à qui il donna la carte qu'il avait voulut lui vendre ainsi que la pochette en Kilym dont il avait parlé tout à l'heure pour ensuite se tourner vers Gabriel l'humain Bien bien bien...que voudriez vous donc mon cher ami humain? En prononçant ces mots il déposa près du sapin une boite très colorée sur laquelle était marquée "Guirlandes et boules de Noël mangeable de Magnus le chaotique, Surprise gastronomique garantie!" [HJ: imaginez les goût que vous souhaitez trouver/HJ]"

Je me change pour ces doux moments
D'un moqueur garnement en donneur heureux
Pour vous, serait-ce un sapin ou une brosse à cheveux?
Dites moi, car je l'aurais certainement!

Faisant une légère révérence à la ronde il se décida à attendre, se mettant de côté, reprenant son air de marche funèbre chantonné de manière joyeuse, visiblement impatient de voir les réactions des présents. Assurément la suite allait être digne d'intérêt.

Un tour sur elle-même, puis un autre, les bras écartés paumes vers le ciel tout comme le visage et les yeux clos, Felicya faisait un bond dans le passé grâce au paysage immaculé, redevenant une enfant émerveillée par la beauté de la neige. Partout le monde avait revêtit son manteau blanc, gommant le paysage comme s'il n'avait jamais existé. Du blanc. Cette pureté était partout, transportée par les flocons qui tombaient sans discontinuer de la voûte céleste cotonneuse, faisait le bonheur des enfants et des adultes qui conservait encore ce petit bout de naïveté qui avait survécu au fil du temps. Il y en avait bien sûr qui demeurait de glace face à la magie de l'hiver, marmonnant au coin du feu des paroles incompréhensibles au sujet de « cte fichue neige... verglas du diable... cte température insupport.... et puis... caille... », aussi commodes que de vieux chats mouillés en bref... Mais Perle n'était pas de ces gens là. Elle aimait l'eau sous toutes ses formes, en particulier la neige. Elle trouvait le ballet aérien des flocons absolument magique et entraînant, ne pouvait s'empêcher de danser à son tour en les voyant, uniquement quand elle était seule évidemment. Si elle avait mis autant de temps à se forger un masque impassible, ce n'était pas pour qu'il vole en éclats aux premiers rafraichissement venus... Mais aussi sérieuse et insensible qu'elle désirait paraître, la jeune femme était toujours aussi fascinée par les choses simples...

Elle s'arrêta soudain pour observer un grand sapin recouvert de neige, et juste en dessous... un petit oiseau qui sautillait sur le sol recouvert de neige, y laissant de petites empreintes. Non, elle n'allait quand même pas faire ça... Si ? Non, ce n'était pas raisonnable, le pauvre petit... Trop tard! Felicya bondit en avant et avant que le pauvre petit volatile ait comprit le pourquoi du parce que, il se retrouva ensevelit sous une avalanche de neige tombant tout droit du ciel, sous les éclats de rire de Perle qui venait de donner un coup de pied dans le tronc encore vibrant de l'arbre. Ce que la jeune femme n'avait cependant pas réalisé, c'était que le sapin avait des branches... des deux côtés, y comprit au-dessus de sa tête! Son rire stoppa net dans sa gorge et elle eut tout juste le temps de lever les yeux vers les branches qui la surplombaient avant qu'un gros paquet de neige lui tomba dessus, la faisant tomber au pied de l'arbre, transformée en bonhomme de neige vivant. Un instant interloquée, Perle cligna plusieurs fois des yeux, à moitié sonnée. Le petit oiseau furieux de s'être ainsi laissé piégé sortit à cet instant du piège tendu par la jeune humaine et sembla trouver la situation de l'ensevelisseuse ensevelie particulièrement cocasse car il s'envola sur une des branches d'un arbre proche pour se lancer dans un chant empli de trilles qui ressemblaient fort à des éclats de rire. Remise de ce qui venait de lui arriver, Felicya joignit pendant un instant son hilarité à celle de l'oiseau. Feinte. Elle façonna une boule de neige et l'envoya sur le petit animal qui décolla de son perchoir à l'ultime seconde avant de partir, chantant toujours, comme pris d'un fou rire. Perle secoua la tête et se releva, chassant le plus de neige possible de sa cape et ses vêtements pour ne pas attraper froid. Déjà elle sentait de petits cristaux de glace fondre sournoisement dans son col, dégoulinant dans son dos en la faisant frissonner.

Quand elle eut fini son époussetage sommaire, elle observa les environs... et se mordit la lèvre. Mais où était-elle ? Le sentier qu'elle suivait jusqu'à … elle ne svaait plus quand, s'était tout simplement volatilisé et à présent elle se retrouvait seule, égarée en pleine forêt. Un instant rongée par la crainte de ne jamais retrouver son chemin, Perle finit par laisser ses soucis de côté en haussant les épaules. Elle était dans une forêt magnifique, au calme, avec de jolis flocons qui tombaient du ciel, n'avait-elle pas tout pour être heureuse ? Non, pas tout à fait... Il lui manquait un peu de chaleur pour réchauffer ses membres qui commençaient à se refroidir sérieusement malgré les épaisseurs dans lesquelles elle s'était emmitouflée, un repas chaud et... des voix, des rires, des histoires au coin du feu, une ambiance chaleureuse et familiale le tout dans un petit abri isolé du monde... Elle poussa un soupir d'aise comme si elle s'y trouvait déjà. Oui, un peu de chaleur serait la bienvenue...

Que la magie de Noël ait encore frappé ou qu'une petite fée qui passait par là ait réalisé son souhait, Felicya ne tarda pas à se retrouver à proximité d'un chalet dont les fenêtres laissaient des taches chaleureuses sur la neige blanche. Un petit coin de paradis perdu au milieu de nulle part, un échappatoire, une maison qui inspirait un petit rien de déjà vu... Sans hésiter, Perle ouvrit la porte en bois sans frapper, comme si elle rentrait chez elle après une petite marche en forêt. Sauf que ce chalet, elle ne le connaissait pas... et ses habitants non plus d'ailleurs. Rougissant de son audace d'être ainsi entrer chez des gens apparemment très occupés, elle allait s'excuser et faire demi-tour quand son regard tomba sur le sapin qui trônait dans un angle de la pièce. Un sapin de Noël!! Esquissant un sourire ravi, le nez et les joues rougies par le froid, elle se débarrassa de sa cape trempée et de ses bottes toutes neigeuses pour éviter de salir l'intérieur avant de s'avancer timidement dans le salon en murmurant, comme hypnotisée par le sapin à moitié décoré:

- Je peux me joindre à vous ?

Ne tenant pas en place, elle s'approcha des cartons emplis de décorations qui lui faisait de l'œil et se mit à contempler chaque boule les unes après les autres, les yeux pétillants d'émerveillement. Mais elle les reposa bien vite. Ce n'était pas cela qu'elle voulait. Continuant à fouiller dans les cartons, elle finit par trouver le fruit de sa convoitise. L'étoile! L'étoile qui allait en haut du sapin! Elle voulait la mettre elle-même! Mais avant tout, il fallait finir la décoration... Glissant l'étoile scintillante dans sa sacoche pour être sûre que personne ne la mette à sa place tout en jetant des regards soupçonneux autour d'elle, Felicya se remit à regarder les boules pour en choisir trois bleu avec de petits motifs dessus avant d'aller les accrocher dans le sapin. Soudain elle entendit une voix familière dans son dos et se retourna, surprise. Adryne, ici ? Décidément la magie de Noël ne s'arrêtait plus! Tout sourire, elle se retourna et se précipita vers le vampire pour l'enlacer avant de se rappeler la présence des autres autour d'eux. Confuse de s'être ainsi laissée emportée, elle se recula en baissant la tête et murmura pour se redonner contenance:

- Très belle la couronne de houx...

Qui n’avait pas réagit à cela ? Il se le demandait. Si debout, le regard rivé vers le ciel, clignant des yeux à tout bout de champ lorsqu’un flocon venait perturber sa vision. Il ne s’en lassait pas. Petit sourire léger, il s’était plus à montrer ça à sa compagne. Elle, toutefois, le froid, elle ne le ressentait probablement pas plus que ça, alors qu’elle faisait plutôt fondre ce doux duvet de neige blanche. Le garçon se plaisait à contempler le paysage silencieux. Et ce ne fut que lorsque son bas de pantalon noir, ses épaules et sa chevelure de jais furent complètement trempés qu’il daigna enfin bouger, commençant sérieusement à grelotter. Il ne fut toutefois pas en compagnie de la dragonne qu’il reporta au chaud dans son lit, alors qu’elle était plutôt tranquille et endormi, pour ressortir tranquillement. Pour faire quoi ? Il grelottait, il n’allait tout de même pas encore profiter du temps extérieur, n’est-ce pas ? Pourquoi pas, en fait… Si c’était ce qu’il souhaitait… Alors pourquoi s’en empêcher ?

Le bâtiment qui s’offrait sous son regard, lorsqu’il se balada plus loin que ce qu’il ne l’aurait espérait était un petit chalet accueillant, sentant bon de l’extérieur, le bois et la nature qui lui prenait agréablement aux narines. Sourire enfantin, un regard billant, le gamin se précipita, d’un pas léger, gambadant, à l’écoute du bruit qui s’élevait de derrière la porte d’entrée, alors qu’il gravissait une minuscule volée de marches pour s’y rendre.

Il poussa la battante avec cette timidité enfantine avant de glisser lentement sa tête à l’intérieur, sans forcément voir personne sur les coups, bien qu’il les entendait discuter dans un coin, quelque part, non trop loin de l’entrée. Il passa le seuil, aussi silencieux que possible se fasse, essuyant contre le tapis ses pieds blanc de neige dont il cherchait à se débarrasser jusqu’à ce qu’il ne décide de les enlever complètement pour glisser ses orteils gelées dans des pantoufles. Il se faufila donc tranquillement, de ce pas réservé, un peu gêné, avant d’apercevoir les individus présents dans la pièce, près du sapin. Il s’était avancé, doucement, sans qu’on ne le remarque plus que cela, clignant des yeux avant d’apercevoir la boite de boules qu’il alla rejoindre et… boum ! Dans sa course précipitée pour retrouver les couleurs dorée, il se barra littéralement les pieds dans le tapis, un hurlement strident s’échappant alors de sa petite personne alors qu’il s’écrasait lamentablement contre la boite de boules en verre aux couleurs multiples. Et voilà ! Plus de boules ! Il grommela un mot d’excuse gêner avant d’attraper l’unique rescaper de ce paquet et de s’assoir à même le sol, son air désolé sur le trait, levant devant lui la boule rouge qui avait survécu alors que ses joues s’empourprait de honte !

Au moins, il en restait encore une… n’est-ce pas ? Joyeux noël ! x_X

Il avait longtemps marché dans la neige en ce soir particulier, laissant ses pas le mener au hasard dans la forêt. Il n'avait pas tellement envie de rentrer à la ferme pour y passer la soirée de Noël seul. Que pouvait espérer un orphelin de cette soirée ? La solitude qu'il supportait d'habitude plutôt bien, lui pesait terriblement en ces jours de fête familiale. Il préférait encore la compagnie des arbres de la forêt que d'affronter le vide de sa maison. Les bruits de fuite des petites bêtes effrayées, le hululement du hibou, les feuilles froissées sous ses pas, tout cela était bien vivant. Alors qu'il avançait perdu dans ses pensées, il crut voir une lueur à travers les arbres, une petite lumière faible et jaunâtre. Pourtant, le village était dans la direction opposée. D'où pouvait bien venir cette lueur ? Il se dirigea vers elle sans trop savoir pourquoi. Peut-être était-ce quelqu'un qui s'était égaré dont il apercevait la lampe ? Quelqu'un qui errait à cette heure tardive dans les bois ? Peu probable quand même. Il n'y avait que les vampires pour sortir la nuit et s'il ignorait si ce soir était soir de trêve pour eux aussi, ce dont il était certain c'est qu'un vampire ne se déplaçait pas avec une lampe. D'ailleurs la lueur était fixe et puis seul un orphelin esseulé et un peu timbré comme Yolen pouvait traîner en pleine nuit dans le froid .

La lumière grossissait au fur et à mesure de sa progression et il arriva à l'orée du bois pour constater qu'elle provenait d'un charmant chalet niché dans la sylve. Il hésita à continuer mais sa curiosité fut une fois de plus la plus forte. Il s'approcha d'une des fenêtres et frotta le givre qui s'était déposé sur les carreaux et put voir plusieurs personnes réunies dans ce qui devait être la pièce principale. Il avait l'air de régner une ambiance chaleureuse et plusieurs des personnes s'activaient autour d'un sapin à l'allure un peu curieuse mais décoré avec goût. Il colla son visage au carreau pour mieux voir les allées et venues des gens qui semblaient deviser gaiment en parachevant l'embellissement de l'arbre de Noël. Ils avaient l'air de vieux amis partageant un moment de trêve et de bonheur dans ce petit refuge au coeur de la forêt enneigée. Il se mordit les lèvres et renifla comme un petit garçon envieux. Il n'avait jamais connu ce bonheur simple de partager un peu de la chaleur de Noël avec des personnes bienveillantes et heureuse de se retrouver. Pour lui, ce jour avait toujours ressemblé aux autres, si ce n'était sa tristesse exacerbée soit de n'avoir rien à attendre comme cadeau d'une maman trop aigrie par la maladie et les duretés de la vie pour partager même juste un peu de tendresse avec son fils. C'était comme si elle voulait l'aguerrir aux dures réalités qui ne l'avaient pas épargnées. Rêver était trop risqué car le réveil serait toujours douloureux selon elle et déjà elle voyait d'un mauvais oeil, les moments où son petit se perdait dans ses songes en chantonnant. Ensuite il y avait eu les patrons chez lesquels il avait été gagé mais eux avaient une vision de Noël assez particulière. Ils se goinfraient et s'enivraient puis se mettaient à ronfler sur leur chaise avant minuit sonné. Yolen passait donc cette nuit là dans l'étable avec les brebis en leur chantant des berceuses ou leur racontant des histoires même si elle ne pouvaient rien y comprendre.

Plus tard quand, il avait acquis son indépendance en même temps que le toit qui l'abritait, l'envie de Noël , il l'avait enfoui au plus profond de lui, désolé par sa solitude ... Il n'était plus un enfant, plus besoin de faire semblant avec les brebis. Mais, là, ce soir, devant ce spectacle d'amis réunis, l'envie revint le tarauder. Il contourna un peu le chalet et arriva sous une fenêtre couverte elle aussi de givre mais aussi de buée du côté intérieur, de sorte qu'il ne voyait ce qui se passait dans la pièce qu'à travers une sorte de calque brumeux et lorsqu'il regarda plus attentivement ... La silhouette d'un ange se dessina dans le halo de vapeur. ... Un ange sombre si beau et si gracieux... L'elfe s'affairait autour de casseroles et de denrées qu'il préparait sans doute pour tous les autres, concentré sur sa tâche et pourtant l'air parfois si triste. Pourquoi n'était-il pas joyeux complètement comme ses invités ? Il avait pourtant de la chance d'avoir autant de personnes venues partager ce moment avec lui. Etait-il possible que l'ont fut triste au milieu de la fête ? Plusieurs fois le bel ange, sans doute attiré par les éclats de voix qui lui parvenaient, se tourna vers la porte qui devait donner sur la pièce principale avec un regard plein d'amour mais chaque fois que ses yeux se reportaient sur sa préparation, ils étaient empreints de tristesse. Cela toucha le petit berger. Il n'était pas juste d'être si triste dans son coin alors qu'on prodiguait tant de soins aux autres. Ne le voyaient-ils pas ? Pourquoi personne ne venait consoler le bel elfe au visage d'ange ?

Ce fut ce qui le décida à aller frapper à la porte mais il était bien embêté: il n'avait aucun présent ni pour l'hôte ni pour les invités et ils ne les connaissait pas. Même si la tradition de Noël voulait qu'on accueillit l'étranger à sa table pour cette nuit si spéciale , il se sentait un peu sans gêne tout de même en toquant contre le battant de bois mais personne ne vint lui ouvrir. Sans doute, le brouhaha et la joie empêchaient qu'on entendit les coups frappés. Il tourna alors la poignée et à sa grande surprise la porte s'ouvrit. Il fit timidement un pas puis deux en tapant ses bottes pleines de neige sur le paillasson puis passa sa tête par l'encadrement de la porte donnant sur la grande pièce où trônait le sapin. Personne ne l'avait remarqué chacun étant plongé dans sa conversation , ou occupé à fixer boules et étoiles ou encore à ramasser des éclats de de boules de verre qui jonchaient le sol. Il songea alors qu'il serait plus correct de se présenter au maître des lieux avant toute chose et de voir si on l'accepterai pour quelques heures histoire de ses réchauffer l'âme et le corps. En y réfléchissant, il savait quel cadeau il allait faire à tous et même s'il était simple, il serait offert avec tout son coeur et c'était bien là l'essentiel. Rester juste à savoir si on l'accepterait au sein de la fête. Il se dirigea donc vers la cuisine d'où s'échappaient des effluves alléchantes à faire saliver amis lorsqu'il frappa deux petits coups discrets contre le chambranle de la porte ce fut tout autre chose qui le fit saliver... Cet elfe était décidément fort beau et très à son goût. Alors qu'il se tournait dans sa direction, le sang de Yolen se figea et son coeur rata un battement. Il fallait vraiment qu'il puisse rester ici ce soir.

- Bonsoir, excusez-moi si je vous ai surpris et effrayé en plein préparatifs mais ... je me suis égaré dans les bois et étant donné l'heure tardive et la nuit, je pense qu'il n'est guère prudent de poursuivre... Auriez -vous une grange dans laquelle je puisse passer la nuit à l'abri du froid ? Je ne dérangerai pas vos invités ...

Bine sûr, il espérait secrètement qu'on lui proposerait autre chose que la grange pour passer la soirée mais il ne voulait pas se montrer incorrect ni sans gêne et quand bien même, il trouverait toujours à se rendre utile et prétexte pour aller et venir, comme apporter du bois pour alimenter la cheminée. Peut-être pourrait-il même aider au service des invités .

- D'ailleurs, si vous avez besoin d'aide pour servir vos invités, je suis votre homme. ajouta-t-il en le regrettant presque aussitôt, tant la demande lui parut audacieuse.

Son nouvel invité était magnifique, Gabriel eut un instant d’absence pendant qu’il le dévorait du regard, il le déshabillait carrément des yeux par ailleurs, abandonnant sans regret les desserts pendant qu’il prenait le sien tellement cet homme était un régal pour les sens de l’elfe. Grand, mince, finement musclé et les plus belles émeraudes qu’il avait jamais vu de toute sa vie elfique, de magnifique lèvres qui appelaient au baiser et de long cheveux d’un noir corbeau qui paraissait aussi doux et délicat que la plus fine des soies.

Quand il croisa à nouveau son « invité », Gabriel ne put s’empêcher de rougir furieusement, même le bout de ses oreilles pointues dévoilé étaient coloré et parfaitement visible pour l’individu. Mortifié, l’elfe baissa la tête pour se forcer à reprendre sa respiration et garder sa maîtrise de soi, ne faisant pas plus attention que ça au fait que la sensation d’avoir un trou béant dans la poitrine venait de disparaître, et que l’homme devait bien se rire de lui et de son déshabillage intense.

- Oh euh hum bonsoir à vous, entrez je vous en prie et soyez le bienvenue, finit-il par se décider à lui dire bonjour, s’avançant vers lui en lui souriant, lui attrapant sa main pour la serrer et ainsi le saluer, tentant vainement d’oublier le frisson qui venait de le parcourir délicieusement au contact de cette main forte mais si douce.

- Ne vous en faites pas, vous ne m’avez pas effrayé du tout, au contraire, je suis toujours heureux d’accueillir des gens dans ma demeure en cette soirée spéciale, lui sourit-il doucement en reculant un peu pour ne pas être trop proche de cette être qui lui enivrait les sens, installant une douce folie dans ses veines et un léger fripon de sang aux joues.

S’essuyant les mains et faisant fit de la farine qui ornait un peu son visage, Gabriel attrapa l’humain par le bras et le força à s’asseoir dans une chaise à ses côtés avant de remettre la main à la pâte pour terminer les préparatifs de la soirée.

- Vous savez, plus on est de fous, plus on rit, et beaucoup ici ne se connaisse pas vraiment mutuellement alors si vous le désirez vous pouvez passez la soirée avec m-nous sans aucun problème, se rattrapa-t-il rapidement, sa langue ayant glissé sur une vérité qu’il désirait secrète pour le moment.

- Et puis, vous faire dormir dans la grange alors qu’il y a encore tant de chambre libre dans cette maison serait totalement injuste et inconscient : vous pourriez attraper froid et si jamais vous désirez quelque chose pendant la nuit, il serait plus pratique de rester bien au chaud ici, qu’en dites-vous ? Proposa-t-il l’air de rien, mais extrêmement attentif à la réponse de l’homme, le regardant à la dérobée, tout en grognant contre ses maudits cheveux qui le gênaient dans sa tâche.

Il se mit à rougir de nouveau brusquement quand il repensa à la dernière phrase de son invité : « son homme ». Bien sûr, Gabriel n’aurait pas dit non, absolument pas au contraire, il l’aurait même fortement encouragé vu comment son être le tiraillait vers l’humain, se tendant à corps et à cris pour qu’il le kidnappe pour l’éternité. Arborant une mine incrédule en se rendant compte de la tournure de ses pensées, l’elfe se donna une gifle mentale avant de se recomposer un masque doux et avenant, se retournant vers son invité.

- J’aurais besoin d’aide pour servir tout ça en effet, mais je vous convie à partager ce repas et cette nuit en notre compagnie, déclara-t-il doucement en lui souriant avant de détourner légèrement le regard, faisant mine de se concentrer sur une pâte à gâteau qui se faisait pétrir depuis trop longtemps. J-je suis Gabriel Eledhwen, et vous ? Demanda-t-il en faisant semblant de n’avoir qu’un simple intérêt polie pour l’individu alors qu’il ne faisait que penser à lui.

Le bel elfe se montra très accueillant d'entrée, enfin plus précisément, Yolen eut l'impression fugace d'être un instant un gâteau sur pattes qui aurait été prévu pour le dessert. Les fourneaux de la cuisine devaient certainement mettre le charmant cuisinier à rude épreuve car il affichait une rougeur sans pareil. Quel contraste avec Yolen qui était tout pâle tant du froid qu'il venait d'affronter dehors que du trouble que le maître des lieux provoquait en lui. Pourtant , à la sensation de froid qui lui avait pénétré les os, succéda bientôt une douce chaleur dans son coeur et comme un picotement au creux des reins et à la base de la nuque, suivis d'une petite moiteur sur son front et ses mains à force d'être détaillé par de petits regards furtifs de l'elfe.

Saisir sa main si chaude dans la sienne pourtant froide lui fit ressentir comme une onde qui le traversa de part en part. Comme tétanisé et hébété, il s'assit près du maître d'oeuvre du repas , le contemplant en pleine préparation des des agapes de Noël. Il hocha la tête avec un sourire timide lorsque son hôte lui proposa de se joindre à la fête et de passer la soirée avec lui et ses invités. A vrai dire s'il était curieux de faire connaissance avec ces personnes qu'il avait aperçu à travers la fenêtre de l'autre pièce, il aurait pu rester toute la nuit à contempler. Son invitation à rester dans la maison au chaud à sa proximité pour la nuit était tellement tentante. Rien que d'y songer, Yolen en avait la gorge nouée d'émotion et le coeur qui battait à tout rompre. Il essaya de se concentrer sur les mets en préparation en déglutissant pénible ment sous le coup de l'émotion. Il eut un pauvre sourire en voyant celui qu'il dévorait du regard dissimulé derrière le rideau sombre de sa chevelure et ne put résister à la tentation d'écarter furtivement de ses doigts les mèches qui balayaient le plan de travail, dévoilant ainsile visage troublé de celui qui l'accueillait. Presque aussitôt, il retira sa main, craignant d'avoir eu un geste déplacé et se recula bien droit sur sa chaise en écoutant le maître des lieux accepter sa proposition de l'aider à servir les invités. Les pavés de saumon, exhalant un doux parfum d'aneth ciselé étaient prêts à être dressés sur le plat et il se leva naturellement pour se proposer à le faire, tout en notant que la pâte que pétrissait son chef cuisinier était certainement plus aérée et souple que nécessaire depuis le temps que l'elfe s'affairait dessus.

Lorsqu'il prit la poêle en main pour y faire glisser les morceaux de poisson dans un plat, sa main frôla le poignet de celui qui se présentait ... Enfin ... Gabriel ... Le nom d'un ange légendaire... d'un monde où les anges existaient ...

- Je m'appelle Yolen, Yolen Korr ... je ne suis qu'un berger ... un simple berger perdu dans la nuit froide et noire. Mentit-il pour éviter d'avoir à évoquer sa solitude voulu en ce soir de fête.

Prenant le plat d'une main et de l'autre la petite saucière dans laquelle il avait versé avec dextérité la sauce à la crème et à l'aneth, il s'approcha un peu trop dangereusement de Gabriel, au point de sentir son odeur dans ses cheveux dans son cou sur lequel il se penchait. Se ressaisissant très vite avant de faire verser le plat et de le gâcher, il répondit à l'invitation:


- Je serai vraiment très heureux de partager ce repas avec vous et vos invités si cela ne dérange aucun d'eux mais je n'ai en rien contribué à ce festin, aussi me permettrez-vous d'une part de vous aider et d'autre part de vous offrir à tous un présent à ma manière avant le dessert...

Il se fit la réflexion qu'il aurait bien réservé un présent plus personnel à son généreux et fascinant hôte mais il rougit de l'impudeur du cadeau envisagé et se dirigea d'un pas incertain vers la porte de la salle commune. Il la poussa du coude, conscient d'un regard qui lui brûlait le dos et entra dans la pièce avec un sourire timide.

- Bonjour, je suis Yolen. Je viens me joindre à vous pour la soirée et pour aider Gabriel à vous la rendre le plus agréable possible. Lança-t-il alors qu'un faisceau de regards se tournait vers lui.

Pourvu qu'ils l'acceptent et que sa présence ne fasse pas retomber l'ambiance. Il déposa le plat magnifique et au fumet délicat composé par celui qu'il voyait comme un ange si tentant et invita toutes les personnes présentes à s'installer autour de la grande table. Derrière lui arrivait Gabriel qui avait ôté son tablier et paraissait encore plus mystérieux et envoûtant, tout de noir vêtu.

Quand l’humain mit sa main dans ses cheveux pour remonter les mèches joueuses qui lui gênaient la vue, Gabriel retint sa respiration face à l’intimité du geste et du rapprochement du corps, il devait se mordre férocement les lèvres pour ne pas se blottir contre la main et plaquer ses lèvres contre le poignet pour y baiser avec révérence la peau douce et blanche comme la plus pur des nacre.

Fermant les yeux pour s’obliger à garder un minimum de self-control, l’elfe se força à respirer profondément pour chasser le désir qui lui brûlait le cœur et le creux des reins, il s’écarta en même temps que l’homme, faisant comme si de rien n’était alors que la rougeur se fonçait et prenait davantage de place sur son visage.

Quand il se rendit compte qu’il n’avait pas cessé de pétrir la pâte, Gabriel se figea en déglutissant, se traitant mentalement de pucelle effarouché avant de faire couler la pâte dans un moule, se donnant un air sûr de lui alors que tout son être tremblait, à vif sous la sensation de la simple présence de l’homme dans sa cuisine, ses frôlement et le timbre de sa voix, ainsi que son parfum le faisait vibrer à un point qui pouvait jusqu’à le faire défaillir comme une stupide midinette.

Gabriel ne comprenait pas ce qu’il lui arrivait, mais alors vraiment pas du tout : il réagissait à l’humain avec une telle sensibilité, était-ce cela de se trouver en présence de l’âme-sœur ? Il n’en savait rien et cela l’effrayait autant que cela l’excitait, et il ferait tout pour le convaincre de rester avec eux en cette soirée et cette nuit, rêvant d’avance de pouvoir espérer dormir dans ses bras.

- Eh bien Y-Yolen, enchanté de faire votre connaissance… Murmura l’elfe en se perdant dans le regard émeraude du berger, frissonnant violemment quand il se remit à le frôler quand il récupéra les plats pour l’aider à servir, frissonnant en le sentant respirant son parfum dans le creux de son cou, littéralement envoûté par cet humain.

- Je… NOUS euh… Nous serions, tous, ravis de recevoir votre présent, bredouilla-t-il de plus belle, rougissant affreusement, perdant ses moyens en le sentant si proche, si proche de lui mais pas encore assez à son goût.

Quand Yolen disparut dans le salon, Gabriel s’assit lourdement sur une chaise, se tapant la tête contre la table en maudissant contre sa stupide maladresse, pensant sans peine que le berger devait l’avoir trouvé bien ridicule. Grognant, frustré, il alla dans le levier et se mit la tête sous l’eau froide, espérant se calmer et continuer à préparer tranquillement son repas, sans intervention intempestive du sud de son anatomie et de son cœur.

Finissant les desserts et les gardant au chaud, il se défit de son tablier et prit une profonde inspiration avant de prendre les derniers plats et de se faufiler dans le salon à son tour, adressant sourires et regards pétillants à tous, déposant le tout sur la table et les invitant à prendre place, se mettant en bout de table pour avoir un accès facile à la cuisine.

- Mes amis, je vous souhaite joie et bonheur en cette soirée magique, déclara-t-il en se levant, levant aussi son verre pour porter un toast, heureux d’être en si bonne compagnie, en excellente compagnie d’ailleurs quand il regarda Yolen à la dérobée et en rougissant de nouveau mais discrètement.