Mila marchait depuis quelques semaines déjà. Sa corpulence la rendait peu endurante. Ce, malgré les mois de marche derniers ! Et ce rythme de marche de jour lui changeait la vie. Enfin un peu de normalité !
Elle se sentait revivre, et la Sentence du Grand Dracos la hantait toujours. Mila l’interprétait chaque heure comme un Signe important, puisqu’elle n’était pas Digne, elle admettait peu à peu ne pas rencontrer « son » Dragon. Etonnamment, cette nouvelle se muait peu à peu en un vrai soulagement. Les premiers jours, une profonde déprime l’avait gagnée… et au bord des précipices des Monts Escarpés, elle confessait avoir pensé tout abandonner, faire la pas de travers, celui qui mettrait fin à tout. Il lui suffisait d’un peu d’élan. Ou de courage. Elle n’avait ni l’un ni l’autre. Mila était donc en vie.
Elle ne savait pas bien ce qu’il adviendrait d’elle. Elle se laissait le voyage du retour pour choisir ce qu’elle ferait de cette nouvelle vie. Car, elle en était intimement persuadée, une Etape fondamentale de son Existence venait d’être franchie. Et Mila, en cheminant ainsi, dans ces paysages hostiles à la Vie, n’en acquérait que plus de certitudes :
Elle venait de se libérer du poids des Valblanc. Nul ne le lui avait jamais mis sur les épaules. Elle avait porté ce fardeau elle-même ! La fameuse Prophétie. Celle qui avait dirigé sa vie, ses études, ses certitudes, son enfance, son orgueil, son assurance insolente… Celle qui l’avait fait Elle-même. Mila s’était intégralement construite autour de Cela, d’une vague perspective de retour des Dragons qu’elle serait digne de monter, pour quelles obscures raisons ? Parce qu’un plaisantin avait un jour décrété que le premier né du Duc de Valblanc serait Dragonnier ! La belle affaire. Mila, à chacun de ses pas, réalisait comme sa propre identité reposait sur du Vent, des mots de fous, ou de menteurs… du rien, de l’impalpable, du fantasme…
Un soir, alors qu’elle se mirait dans les eaux bleues d’un lac d’altitude, à la faveur d’un coucher de soleil radieux, Mila s’était longuement observée. Elle avait mesuré combien elle se vivait comme un Homme ! Oui, pour coller à la Prophétie, elle en avait même renié son identité de Femme. Combien de fois s’était-elle faite passer pour son frère jumeau ? Moult. Jusqu’à tromper ses propres parents… ce soir-là, Mila comprit qu’elle s’était trompée elle-même. Elle s’était mentie à Elle. Nul autre n’en était responsable. Et soudainement, la Voix du Grand Dracos prenait un nouveau sens.
*Tu n’es pas Digne Mila. Non de monter sur un Dragon… mais de toi-même ! Tu vaux bien plus que cette mascarade ! Que ton mensonge, que ta vie usurpée, construite sur du Vent, du Rien, voilà ce que le Grand Dracos a voulu te signaler… Gloire à Lui ! Je vis, je renais ! Je suis !!!*
Ce soir-là, dans les eaux profondes d’un lac anonyme, Mila avait défait ses cheveux noués. Elle avait libéré sa Féminité. S’emparant de son Klett’Ar par l’une des cornes de bélier, elle le lança loin dans les airs. Il chuta lourdement dans l’eau et s’enfonça inexorablement. Avec cet objet honorifique, réservé à l’élite des chevaliers d’Elena La Robuste, c’est un pan entier de son Histoire qui coulait dans les eaux… et sa masculinité avec ! Mila se baigna nue. Le lac était glacé, et vivifiant. Mila n’arrêtait plus de s’admirer Femme faite. Ces seins qu’elles malmenaient souvent, les ceignant d’étoffes solides pour ne pas les révéler et se faire passer pour Homme, elle les méconnaissait complètement, et ils la gênaient encore un peu !
Plus les jours passaient, et plus Mila s’épanouissait !
Elle renaissait littéralement à la vie. Contemplant les beautés du Monde, inspirant l’air à grandes goulées, admirant la moindre fleur, se saoulant du parfum enivrant de la mousse, dégustant des baies savoureuses…
Chaque jour encore, elle s’exerçait à plus de Magie. Elle avait parfaitement retenu les leçons de Merithyn, *Où es-tu mon beau Maître Baptistrel ?* et lui adressait en pensées de belles louanges. Elle lui était reconnaissante d’avoir éveillé en elle le Sens ! Ce que moult professeurs, pourtant émérites, n’avait su faire à Elena. Alors elle s’en amusait. Lorsque l’envie lui prenait, Mila jouait à percevoir les flux magiques. Elle était bien maladroite, peu expérimentée, et échouait souvent. Sa concentration était trop légère, éphémère même. Mais elle ne s’en blâmait point. Jamais. Elle se sentait tellement libre que rien ne saurait l’empêcher de vivre ! Elle prenait un temps infini pour rentrer chez Elle !
Car telle était sa décision. Mila voulait revoir les siens. Femme. Elle voulait que ses parents l’accueillent telle qu’elle se sentait désormais. Femme. La gamine de Valblanc était morte aux Griffes Escarpées. Désormais c’est une Femme de Valblanc qui rentrait. Et celle-ci prenait le temps nécessaire.

Plus les semaines passaient, et plus elle sentait une Présence. Plus Mila cheminait, en route comme en Elle, plus elle devinait que quelque chose l’accompagnait. Et Mila croyait sincèrement que cette « chose » avait toujours été là… mais qu’en vivant si loin d’elle-même elle n’avait pas su l’accueillir. Rien ne pressait désormais. Mila gagnait une assurance farouche. Celle de la maturité. Déjà que ses instructrices avaient perdu tant de cheveux à se les arracher à son contact, Mila grandissait de plusieurs années en quelques semaines… mais ne perdait rien de sa fougue !

Des paysages elle en croisa tant. Peu à peu, les Montagnes acérées telles des crocs de Dragon, s’éloignaient d’elle, et de sa vue. Mila arpentait l’aridité de steppes immenses. Zone de végétation rase entre Montagnes, Désert et quoi ? Peu lui importait, elle savait marcher dans la bonne direction.
Chaque jour, Mila apprenait. Elle s’était fixé deux heures d’entrainement. L’une consacrée à la Rapière, elle développait l’esquive, la défense et les bottes d’évitement et neutralisation. *Ne pas tuer, ne jamais tuer, ne pas verser le sang Sacré…*
L’autre à l’Art subtil de la Magie. Elle peinait à reproduire ce rituel que Merithyn avait usé pour la faire pénétrer dans l’Autre dimension. Jusqu’au jour où Mila comprit. Finalement, vouloir « faire comme Merithyn » était une fois de plus « subir » ! Mila avait-elle remplacé une Prophétie par une autre ? Elle admit que pour devenir Mage émérite, elle devait ouvrir sa propre Voie, découvrir son propre média. Le Baptistrel interprétait le monde par le son, la musique, les ondes de vie… mais Elle, que souhaitait-elle vivre ? Comment pensait-elle appréhender la Magie ? La sienne propre ?
Alors Mila expérimenta, encore et encore. Toujours. Chaque jour. Elle changeait de rituel, d’heure, de technique. Opiniâtre, elle avançait à tâtons, sans Maître. Mila devinait que cela serait plus long, mais elle demeurait persuadée que cette Voie-là, la sienne, serait beaucoup plus puissante, personnelle et unique.
Ce qui fut !
Mila la fougueuse devait apprendre à plonger en Elle ! Elle remarqua que lorsqu’elle parvenait à se calmer, profondément, fermant les yeux, plongeant en Elle au plus profond, là où les sens sont coupés, elle ressentait l’environnement comme au travers d’un sixième sens ! Alors des gestes purs, fluides et chargés d’énergie magique la gagnaient, et formulant ceux-là sans entrave mentale, sans réflexion, juste en se laissant guider par l’instinct, Mila libérait une Puissance importante, grandissante même. La Femme de Valblanc devenait peu à peu encore plus incisive, concentrée et efficace.
Au fur et à mesure de sa route, Mila croissait, de toute part !

C’est alors qu’elle atteignit une vraie Route, large et empruntée, à en croire sa largeur et les herbes foulées...

Mila emprunta cette Route en priant qu'il s'agisse de celle menant des confins de l'Empire à Elena, par le Nord du continent. Elle la savait sûre et fréquentée, parfois même par les Gardes de son propre Père, quoique cette perspective ne l'enchantait pas totalement. Combien de temps avait-elle passé à se perdre en chemin, à prendre de longues semaines de pause ?
Elle se remémorait sa rencontre avec La Maugraine, un petit bout de femme étrange, inquiétante et drôle à la fois. Une Rebouteuse assurément. Elle était "tombée" sur la cahute de cette Vieille dame par erreur, quoiqu'elle en douta maintenant. Mila avait suivi une renarde. L'animal portait en sa gueule un petit et courait silencieusement, emportant sa progéniture à l'abri d'une souche creuse. La Belle de Valblanc avait remonté la piste de la Renarde pour savoir d'où elle pouvait bien déménager sa portée. C'est ainsi qu'elle rencontra la Cabane de la Maugraine. La Vieille élevait là un nombre incroyable de créatures des bois. Elle les soignait, les protégeait et toutes ces bestioles allaient et venaient selon les rythmes des saisons...
La Maugraine avait difficilement accepté la petite Humaine, d'autant que Mila faisait peur aux hôtes de la Rebouteuse. Mais Mila s'était imposée à la Maugraine qu'une vilaine maladie harassait. Ainsi la Gamine avait-elle passé plusieurs mois auprès de cette étrange Femme. Sans rien lui demander. Juste à vivre à ses côtés, discrètement. Cela avait été une épreuve en soi ! Mila, s'astreignant au silence, se concentrant sur des tâches simples, routinières, et franchement dégradantes ! Elle avait appris à retenir sa langue, à ne pas questionner sans arrêt, à observer en silence, à se nourrir de la Vie... et la Rombière avait fini par lui sourire. Oh pas souvent mais enfin, les deux Femmes s'entendaient finalement bien. Et puis un beau jour, Mila sut qu'il lui fallait quitter la Vieille Dame. La santé de celle-ci était revenue, et Mila aspirait à retrouver les siens, elle jugeait avoir suffisamment appris auprès de la Maugraine. La plus étonnante leçon fut peut-être cette sibylline réflexion que la Dame lui fit au moment de se quitter :
"Vous êtes une belle personne Mila de Valblanc, mais vous êtes aveugle. Bientôt il vous faudra voir quelqu'un qui vous suit depuis votre Enfance..."
Mila allait pour la questionner mais la Vieille lui posa un long doigt de sorcière sur les lèvres puis lui désignant le coeur :
"Tut tut tut... pas de question... les réponses sont toutes là !"

Désormais qu'elle marchait sur cette Voie impériale, Mila repensait à cette mystérieuse sentence. Elle ne pouvait s'empêcher de sourire, la considérant comme une Prophétie de plus *Décidément, c'est mon Destin les Prophéties de pacotille !*
Elle admettait cependant que son exercice récent de la Magie semblait déceler quelque chose de troublant non loin d'elle. Il y avait quelque part en elle, ou était-ce en dehors d'elle, comme une Entité qui la hantait, ou la protégeait, bref comme une Présence...
Mila se retourna céans !
Une autre Présence l'alerta. Quelqu'un s'approchait, là, sur la Route. Elle ne savait de qui ou de quoi il s'agissait. Elle hésita un instant à se cacher sous le couvert des arbres proches mais ses pensées allaient bon train :
*En plein jour il ne peut s'agir de Vampires... ce peut être des bandits et je suis seule... mais si ce sont des gens ordinaires et que je veux les rejoindre alors que je suis planquée... c'est moi qui suis prise pour bandit !*
Elle dressa les oreilles pour mieux anticiper, chevaux ou pas, une ou plusieurs personnes... las, son coeur battait dans ses tympans si fort qu'elle n'entendait rien d'autre.
Mila courut se cacher derrière deux chênes imposants.

Raziel fuyait à toutes jambes, il était poursuivit par des gardes et il se trouvait déjà bien amoché.
Il avait effectivement fait la rencontre de ses gardes en parcourant la route en direction d'Elena la Robuste, son intentions était des plus simple, trouver de nouvelles recrue pour les Arènes Clandestines. Malheureusement pour lui des gardes avait reconnue la description du Champion des Arènes Clandestine de Gloria La Magnifique. Effectivement il n'était pas dur de reconnaître le Champion le casque, la taille et la carrure ne trompé nullement.
Les gardes avaient demandé qu'il retire son casque et Raziel avait refusé en bloc main sur le fourreau de "La Sanglante", sentant la menace le capitaine des gardes sortit sa lame, mais la vivacité de réaction de Raziel permit à celui-ci de couper la main du capitaine. Ainsi commença un combat entre le Hors-la-loi et les Gardes, il fut acharné et aussi bon soit Raziel en combat, au temps cinq gardes bien entrainer c'était beaucoup, le capitaine était devenue inoffensif, oui il était tiraillé par la douleur. Raziel prit donc la fuite, blessé et ayant subit quelques grave blessure il savait que dans cette état il n'irait pas bien loin et que ses poursuivant ne le lacherait pas si facilement même si il en avait blessé un gravement et un autre grièvement.

Au loin il aperçue une silhouette et il savait qu'il était rare que les gens aides les fugitif traqué par des gardes, donc il s'arrêta net dans l'espoir que la silhouette ne soit personne de gênant sinon ses chances de survie tomberai très bas. Le premier des gardes n'eu pas les temps de comprendre et freiner sa course que déjà Raziel avait entamé une charge au semblant suicidaire mais qui était bien calculé, elle surpris ses adversaires qui furent désemparé un cours instant, et il pu enfoncé sa lame dans la fente du casque d'un des gardes.
Raziel se servit alors du corps du garde de bouclier pour parer les attaques des quatre autres gardes le temps d'extirper sa lame du crâne du garde mort, car comme le disait une des trois règles," sans son armes un gladiateur n'est rien, l'arme est le prolongement du bras".
Raziel se trouver encore face à quatre garde juste essoufflé sauf un toujours grièvement blessé, lRaziel quand à lui était salement blessé, mais il résister à la douleur pour rester concentré sur le combat et beaucoup des blessures étaient superficiel, non il ne comptais pas mourir aujourd'hui.

"Allez venait bande de faible, je finirais par tous vous tuer!"

La provocation, les gardes y répondait facilement et sous l'énervement on perd généralement en concentration ou intelligence du corps comme l'appelle les gladiateur, cette intelligence qui fait du corps une machine à tuer. La silhouette semblait ne plus être là, mais cela lui taraudait tout de même l'esprit, il effaça vite cette image afin de mieux se concentrer.

(H.j: désolé de faire si cours, mais depuis le temps que j'ai pas Rp il me faut un peu de temps pour faire mieux, vraiment désolé )

Se pouvait-il que l'on se batte ici ?
*C'est bien ma veine ça ! Des mois sans voir personne... et les premiers que je croise livrent bataille !*
Mila était partagée entre fuir au loin discrètement et rejoindre la rixe pour aider si besoin...
*Aider qui Mila ? Comment choisiras-tu ton "camp" ? Et si tu n'es pas à la hauteur hein... toi la championne de la Paix !*
La curiosité l'emportant, Mila commença à contourner la Voie par les sous-bois. La végétation était assez dense et basse, de vieux chênes se partageaient l'humus avec quelques lianes, l'endroit était humide et froid. Elle rejoignit une singulière bagarre, quoique "tuerie" était le mot le plus adapté. Un colosse flanquait de vilains coups d'épée à... des Gardes de Gloria !
*Aussi loin de la Capitale ? Me serai-je à ce point perdue ?*
Elle hésitait à intervenir... et que ferait-elle ? C'est que ces gardes devaient avoir leurs bonnes raisons pour s'attaquer à pareil adversaire, qu'y changerait-elle ? Si ces 5 là ne parvenaient pas à le défaire ce ne sont pas ses petits bras à elle qui favoriseraient leur cause. D'autant que le type semblait absolument déterminé, et sans pitié, chacun des coups qu'il portait était destiné à tuer !
"Allez venez bande de faibles, je finirai par tous vous tuer !"
*Hé bien... quelle rage ! Quelle folie !*
L'Homme était aux abois, harcelé et blessé... pour autant il était hors de question pour Mila de le sauver d'aucune manière... ce Gaillard pouvait être un violeur, un assassin, voire...
*Un Vampire ?*.
Elle refusait cette hypothèse.
Mila culpabilisait... car à demeurer ainsi, elle risquait de voir 5 jeunes gens se faire découper en morceaux sans lever le petit doigt ! Et jamais elle ne s'en remettrait. Elle était Duchesse... et ne pouvait décemment pas regarder 5 Gardes de l'Empire se faire tuer.
Telle une furie, elle se jeta sur la Route à découvert en hurlant :
"Au Nom du Duc d'Elena sur les Terres duquel vous vous trouvez... JE VOUS SOMME DE VOUS ARRETER !!!"
*Bien joué Mila ! Et maintenant ?*

Un frisson lui parcourut l'échine...
*Cet Homme est une machine de guerre !!! Etonnamment, il semble avoir un semblant de jugeotte, ou de moralité... voire les deux !*
Mila ne s'opposa aucunement au Garde qui la repoussait.
Sur le ton de la confidence elle lui glissa, loin de la fureur du combat :
"Ce Type va vous massacrer un par un, ne voyez-vous donc pas combien il vous surpasse ? Il est aux abois et sa Rage n'en est que plus décuplée... fuyez !"
Las, le Garde prenait très à coeur sa fonction, ce qui en d'autres circonstances aurait été tout à son honneur... mais s'avérait là un vrai danger de mort. Et l'autre qui s'approchait d'Eux, inexorablement, Mila voyait bien que la manoeuvre du Colosse s'orientait dans leur direction, manifestement le gars supportait peu qu'un Garde s'en prenne à elle !
Puisque le Garde ne changeait rien à son attitude Mila l'évita soigneusement et s'adressa à la volée aux 3 autres, tandis que le cinquième agonisait dans d'affreux borborygmes...
"FUYEZ !!! Cet Homme va vous massacrer ! Vous ne comprenez donc pas que sa Force est décuplée par..."
Le Garde, exaspéré par l'intervention de Mila, se fâchait tout rouge et s'avançait nettement plus menaçant, lui coupant la parole :
"Nul ne s'oppose à la Volonté de l'Empire ! Et si tu es du côté de cet Hors-la-Loi, tu vas subir la Justice de l'Empereur par mon bras, Vilaine !"
Joignant le geste à la parole, le Garde tenta un coup d'estoc !!!
Mila ne dut son salut qu'à un réflexe de chatte, d'un coup de hanche elle fit le pas de côté salvateur. La lame de l'Epéiste lui trancha le flanc de sa tunique de lin beige...
*Il ne me croira pas si je décline mon identité, et je n'ai plus mon Klett'Ar !*
Mila devait réagir vite, sous peine de mourir, tout simplement. Elle analysait la situation à vitesse grand V. Le Colosse arrivait déjà et allait réduire son adversaire en bouillie... malgré sa jambe blessée cruellement. La Magie, trop tard, pas le temps de se concentrer, d'entrer en contact avec sa Nature profonde, non. Dégainer sa Rapière ? Là aussi cela constituerait une opportunité fatale pour le Garde. Non, elle décida de reculer en souplesse, les bras en croix pour prouver son refus de combattre. Mais le Garde avait l'esprit échauffé par le combat et ne réfléchissait plus, aussi avançait-il sur la Jeune femme, manifestement déterminé à la tuer céans !

Le garde commençait à s'énerver de plus en plus envers la jeune femme, Raziel voyait le moment où celui-ci s'en prendrai à elle.

"Touche cette femme où essaye et je t'arrache les membres un par un! Ton ennemi c'est MOI!"

Le garde ne s'occupa pas de la menace et il continua de vouloir faire partir la jeune femme, mais celle-ci semblait refuser tout simplement.

"Ce Type va vous massacrer un par un, ne voyez-vous donc pas combien il vous surpasse ? Il est aux abois et sa Rage n'en est que plus décuplée... fuyez !"

Raziel voyait bien que le garde n'allait pas la laisser observer le combat et que celui-ci la ferait s'éloigner de gré ou de force.
Raziel jeta un coup d'œil à ses ennemis quelque peu pris par le refus d'obtempéré de la jeune femme et il en profita pour avancé lentement mais surement vers le garde, chaque effort lui faisait perdre un peu plus de sang, chaque effort demandé un contrôle énorme de la souffrance.

"FUYEZ !!! Cet Homme va vous massacrer ! Vous ne comprenez donc pas que sa Force est décuplée par..."

*Il a osé...* pensa Raziel.

Tel un démon il avait fini par arriver à bonne distance du garde qui avait tenté de s'en prendre à la jeune femme en lui assénant un coup d'épée remarquablement esquiver, son esquive était d'une tel grâce que Raziel fut surpris.

*Elle sait se battre mais refuse le combat, foutu noble aux principes débiles!*

Oui il trouvait très stupide de refuser de se battre même pour se défendre, au final le garde lui compter bien continuer ce qu'il avait commencé, mais Raziel lui attrapa le poignée de sa main gauche il le souleva par l'entre-jambe.

"Je t'avais prévenu!"

Le garde tenta de se débattre, mais Raziel lui brisa le poigné, puis il jeta le garde au sol et commença à lui couper les pieds avec son épée, les deux autres gardes qui restaient avancé d'un pas lent et sur, pendant que Le Boucher Sanguinaire découper leur frère d'arme et il fini par lui coup la tête à ce moment précis les deux gardes amenèrent leur épées sur des zones mortel, un seul mouvement de Raziel et c'était la mort assuré.
Raziel était à la limite de sa résistance et il finirai par tombé au sol d'ici quelque seconde, il le sentait et il s'évanouirait peu de temps après, voir il mourrait, mais avant cela il comptais bien amenais les deux garde aux royaumes des morts avec lui. Tros de sang, il en avait perdu beaucoup trop, la seul chose que le faisait encore tenir debout était se désir de protégé la femme de ses gardes stupides et également de respectez la troisième règles des gladiateurs des Arènes Clandestine de Gloria "La Magnifique" qui est "Pas de pitié", seul problème comment se retourner sans périr, à travers les trous de sa visière il fixa la jeune femme dans les yeux d'un regard emplie de regret, il n'arriverait pas à la défendre des gardes qui emplie de colère avait décidé de la considérer comme Hors-la-loi.

Mila blêmit.
Le Colosse semblait la regarder... et la Jeune de Valblanc ne pouvait plus le quitter des yeux. Le Gladiateur était couvert de sang, le sien et celui de ses victimes *Ou Bourreaux ?*. Mila avait la nausée, tant de sang, de morceaux d'os épars, et ce bruit abominable des chairs que l'on maltraite... elle était comme hypnotisée, d'autant que le Fugitif semblait vouloir la protéger ! N'avait-il pas quitter son combat lorsque le garde s'était approché d'elle ? Et n'avait-il pas clairement menacé le Garde s'il s'en prenait à elle ?
Celui-ci avait la tête tranchée et Mila refusait de regarder ce spectacle. Elle focalisait sur le Colosse pour mieux en comprendre la motivation. Mais son trouble était tel qu'elle peinait à recouvrer ses esprits... et sa vivacité !
*Si j'en crois cet Homme... il aurait défait 5 Gardes auparavant, seul ? Et là, sous mes yeux... 3 d'entre eux sont déjà morts ! Comment arrêter ce massacre ? J'échoue dans cette entreprise alors que c'est justement ce qui m'a fait intervenir !*
Elle observa la situation... les deux rescapés tenaient en respect le Colosse. Mila savait que jamais ce type ne se constituerait prisonnier, sinon il l'aurait déjà fait depuis belle lurette. *Au lieu de ça il a opté pour un combat seul contre 10 !!!*
Cette détermination à tuer, que Mila percevait chez cet homme, n'avait d'équivalent que sa détermination à ne pas se laisser capturer ! Une logique de guerre, de guerrier jusqu'au-boutiste... Mila devinait qu'il préférerait mourir plutôt que de perdre sa liberté.
*Comme moi en somme... en nettement plus courageux... et fou !*
Mila ignorait totalement pourquoi mais au fond d'elle, elle refusait catégoriquement que cet homme meurt ! Dans sa logique, même barbare, il y avait de la Beauté ! Ou plus exactement, Mila ressentait une forme de Grandeur, elle ressentait un Honneur digne des plus opiniâtres des Nobles d'Elena. Pire, Mila voyait chez ce Gladiateur un courage que bien des Nobles n'auraient jamais...
C'était le statu quo... et Mila devait réagir. Nul doute que ces deux gardes allaient immédiatement neutraliser le Colosse. Nul doute que "neutraliser" signifiait lui trancher la tête. Nul doute que Celui-ci agirait avant eux... nul doute qu'il n'y aurait qu'un seul rescapé, Garde ou Gladiateur. Nul doute que Mila s'en voudrait encore longtemps...
Elle ferma les yeux. Vite.
Prit une profonde inspiration. Vite.
Plongea en elle. Vite.
Profondément...
Mila ressentait le Monde environnant... elle devint un instant le Vent dans les branches, le bruit des feuilles, le souffle de la Vie... elle se concentra pour ne pas succomber à cette sensation jouissive et pour s'obliger à revenir ici et maintenant. Elle présenta la main gauche à plat la paume vers le haut devant le premier garde, le fixant du regard. Et plia tous ses doigts sur leur moitié. Tandis que de son autre main, elle balayait l'air devant elle d'un mouvement ample, de la gauche vers la droite, comme chassant un insecte...
Ce faisant, un flux de magie pure immobilisait instantanément le premier, ses jambes et bras tétanisés par une mystérieuse paralysie... tandis que l'autre voyait sa lance quitter ses deux mains, comme arrachée par une puissante main invisible !
Mila ignorait si elle pouvait user de deux sortilèges simultanément. Un mal de crâne lui étreignit le cerveau aussitôt pour lui apprendre que non... du moins pas à son niveau de maîtrise. De peur de sombrer dans l'inconscience, elle devait relâcher l'étreinte, pour que la magie s'en aille vite. Ce qu'elle fit.
"Je vous en conjure, dit-elle au Colosse qui se retournait déjà, il y a eu trop de sang versé ! Ne les tuez pas..."
Et, se tournant vers les Gardes :
"Rendez-vous ! Le combat est fini."
Mila baissa sa main tournée paume en haut... et relâchait le Garde immobilisé. L'autre n'avait plus de lance, mais une épée au côté.
La fille des Valblanc pria le Grand Dracos que tout se passe bien...

Mila contemplait le Colosse avec appréhension, et une foultitude de pensées et d'émotions s'entremêlaient en Elle. Nombreux et contradictoires, ces affects l'empêchaient de trier le bon grain de l'ivraie... et la belle de Valblanc recula doucement, pour ne pas inquiéter le Hors-la-loi, levant les mains devant elle en signe d'apaisement et d'invitation au calme.
Deux corps inanimés gisaient au pied du Gladiateur, vivants mais amochés, tandis que trois cadavres maculaient la Route de leur sang... non, deux seulement, car le troisième était gravement blessé. Blessé mais vivant, il agonisait bruyamment, et de l'écume rougeâtre sortait de sa bouche en gros bouillon. *Les poumons... ce type a le poumon transpercé* pensait Mila parmi tant d'autres considérations mentales.*10 minutes de vie...* estimait-elle intérieurement.
« Je vous remercie pour votre aide… Je me présente ou du moins vous aurez mon surnom… « Le Boucher Sanguinaire », Champion des Arènes Clandestines de Gloria « La Magnifique »… »
*Boucher sanguinaire ?* Une vague frissonnante parcourut la Guerrière d'Elena...
Elle demeura muette, continuant de penser avec fulgurance pour adopter l'attitude la plus juste. Elle eut un pincement en le voyant ramasser son arme *Quelle sotte ! Pourquoi ne l'ai-je point éloigner cette lame ? J'enrage d'être aussi bête...* Il était trop tard. Trop tard pour quoi faire ? Tuer cet Homme ? La bonne affaire ! Mila ne pouvait se targuer d'être chantre de la Paix si c'était pour tuer froidement un Homme désarmé... non, elle savait avoir bien agi. A l'origine, elle s'était mêlée à cette rixe afin d'éviter le carnage dont ce Colosse se rendrait coupable. C'était une évidence, sa rage de vivre aurait simplement vaincu de toute velléité, Garde de l'Empire ou pas... et voilà que trois hommes s'en tiraient avec plus ou moins de réussite. Ce faisant, Mila réalisait aussi s'être rendue "complice" du "Boucher Sanguinaire" !!! Il s'en sortait vivant... alors que sans elle il en serait peut-être mort *Et combien de Gardes avec Lui ? Tu as bien agi Mila, ne te blâme pas !* se morigéna-t-elle intérieurement.
« Puis-je savoir, si ce n’est pas indiscret, quelle genre de noble dame aiderait un hors-la-loi à fuir des gardes ? Ou vous m’avez aidé pour d’autres raisons, en tout les cas si vous pourriez me dire votre nom, je vous en serai gré ! »
Mila écoutait attentivement l'Homme, désormais hors de portée de son énorme épée.
"Le genre de Noble qui sait que des Gardes peuvent se tromper gravement..." Le visage de Lylou accusée à tort d'un assassinat vint visiter Mila "Le genre de Noble qui abhorre la violence et la mise à mort sans procès... le genre de Noble que le sang versé trouble, offense et révulse, tant les Vampires sont largement suffisants à le faire déjà ! Ce n'est pas vous que j'ai aidé... ce sont ceux-là !" Dit-elle en désignant les trois Gardes vivants. Elle fit la grimace. Celui qui écumait avait perdu connaissance *Mes soins ne sauront rien faire, je ne le sauverai jamais...* s'avoua-t-elle gravement.
« Une dernière chose, sauriez-vous où l’on peut trouver un soigneur ou une ? C’est que dans cet état je me vois mal retourner là d’où je viens… »
Où pourrait-il se rendre dans cet état ? Mila craignait être obligée de l'emmener elle-même... et se rendre définitivement complice de ce Tueur. Elle se concentra de nouveau... pour pénétrer en Elle et aller chercher la réponse la plus juste... quelle qu'elle soit !
"Oui, je connais quelqu'un qui saurait vous sauver... elle se nomme La Maugraine, elle est une rebouteuse de renom. Cependant... elle habite loin d'ici ! Et dans votre état, nul doute que vous y parveniez mort." Mila réfléchissait tout en parlant "Pratiquez-vous la Magie humaine ? Je connais un seul sort capable de vous permettre de vous rendre chez La Maugraine... mais il est "individuel". Je ne pourrais que vous aider en essayant de vous conférer un peu de mon énergie."
Mila ne savait nullement si cela était envisageable, mais il ne lui coûtait rien de tenter l'expérience.
"Je me nomme Mila de Valblanc..." Finit-elle par avouer au Colosse.
Derrière eux, l'un des gardes groggy émergeait de sa léthargie...

Le Garde n'émergeait pas totalement, tout juste émettait-il quelques borborygmes incompréhensibles... Mila profita de l'état du Garde pour fausser compagnie à la troupe armée. Elle soutenait maladroitement les pas du Colosse qui perdait beaucoup de sang et le tirait vers la profondeur des bois. Les chênes étaient nains et plongeaient d'aériennes racines dans une terre pauvre et caillouteuse. Par chance, les fourrés étaient denses et cachaient leur fuite.
*Fuite ? Me voilà pleine de bonnes résolutions et de nouveau en fuite ? Quelle injustice !* Mila pestait en elle car elle se savait l'unique auteur des décisions qui l'avaient conduite à pareille situation *Pourquoi diable avoir choisi de sauver Celui-là ? Tu rentres en Elena et laisse deux gardes à moitié mort pour aider ce Tueur !?* Plus elle avançait et plus ses juges la menaçaient des pires conséquences.
La Duchesse ne pourrait pas emmener cet Homme plus loin. Sa constitution était beaucoup trop faible pour le soutenir. La Maugraine beaucoup trop loin pour être rejointe. Le Colosse beaucoup trop abîmé pour continuer encore. Et Mila beaucoup trop dubitative quant à ses choix...
Tout cela réuni lui fit abandonner son entreprise malheureuse. Elle camoufla le Gladiateur au coeur d'un buisson d'églantiers. Le couvrit d'une cape qu'elle trouva dans ses affaires et tenta quelques cataplasmes sur ses blessures les plus graves, celle à la cuisse surtout. Elle y apposa un lange retenant des herbes de chez la Maugraine. Mila aurait aimé les garder ces plantes mais enfin, cela lui permettait d'abandonner cet Hors-la-loi sans trop culpabiliser. Au moins le laissait-elle ici en ayant fait tout son possible. Le Destin de ce gladiateur ne lui appartenait pas.
*Boucher Sanguinaire... Adieu !*
Sans un mot, elle quitta l'Homme.

Elle rejoignit la Route beaucoup plus loin. En établissant un large et long détour. En fait plus qu'un détour, elle longeait la Piste parallèlement, loin en retrait, au-delà des premières collines... Plusieurs jours ainsi avant que de ne se décider à revenir sur la Sente. Mila avait le coeur gros. Elle pensait sans cesse autant aux Gardes qu'elle avait clairement empêché de se faire massacrer, qu'au Gladiateur, qu'elle avait clairement empêché de se faire massacrer ! Une culpabilité mêlée de fierté la faisait douter en permanence. Elle continua son chemin en ruminant cela pour tâcher d'y faire le jour et trier les bons des mauvais actes... cela dura un certain temps !

Mila filait bon train. Elle regrettait ne pas avoir de monture, que de temps gagnerait-elle ainsi... son travail chez la Maugraine n'avait pas été rémunéré et sa bourse ne pesait pas bien lourd. Elle avait tout juste de quoi s'acheter un âne ou une mule peut-être. En fait, désormais que les paysages lui était plus familiers, elle pressait le pas sans même s'en rendre compte. Une impatience la gagnait à mesure qu'Elena se rapprochait d'elle.
Un jour qu'elle chassait, histoire d'améliorer son pain quotidien, Mila désespérait de planter ce lièvre tempétueux qu'elle poursuivait depuis deux bonnes heures, elle tomba sur une ferme cossue, fortifiée et manifestement en proie au feu. Sans qu'elle ne distingue encore de flammes, un épais nuage de fumées noires s'échappait de l'intérieur de l'enceinte. Des gens couraient partout, hurlait impuissants ou s'engueulaient vertement. Seuls ceux que la panique ne gagnait pas parvenaient à s'organiser un peu.
Mila courut vers l'édifice ceint d'une palissade solide. En fait de ferme il s'agissait d'un fortin comme il en existait tant dans l'Empire. Des descendants de famille aisée se construisaient souvent une jolie bâtisse au coeur de leurs terres, protégée par palissades ou remparts et abritant quelques maisons de ferme pour leurs gens. Des sortes de baronnies miniatures, vivant quasiment en autarcie...
Celle-ci était à quelques lieues de la Route.
Mila s'empressa de rejoindre celles et ceux qui s'entraidaient à éteindre l'Incendie. Elle découvrit qu'une étable était en feu. Le feu l'avait tant ravagée que l'éteindre ne servait plus à rien. En revanche, les gens s'employaient à éviter qu'Il ne se propage à la fermette attenante. En vain. Déjà des volutes présageaient que le feu y avait pris, et des flammes léchaient ses murs de chaux...
Dans les cris paniqués, les ordres qu'un grand roux beuglait pour coordonner le sauvetage, les beuglements des vaches échappées de l'étable, les pleurs des gamins, et le crépitement du feu, Mila contribua au boulot d'urgence. Une chaîne humaine portaient des seaux remplis de flotte depuis le puits au fond de la cour vers la ferme...
Une autre chaîne noyait sous l'eau un autre bâtiment tout proche, par anticipation s'il advenait que la ferme aussi parte en flammes... sage intention tant le Feu semblait ravageur. Mais le puits ne délivrait que lentement son précieux liquide. Et hommes et femmes se relayaient pour y puiser l'eau le plus vite possible.
Un jeune sortit de la fermette en feu ! Les gens étaient stupéfaits... le garçon devait avoir tout juste 16 ans et tenait maladroitement ses braies tout en courant pieds et torse nus. Il manqua tomber d'autant que ses cheveux étaient en feu ! Il hurlait tout en essayant de l'éteindre d'une main. Un seau d'eau l'éteignit instantanément. C'est là qu'il cria :
"Y'a Camille à l'étage ! A va brûler ! L'escalier est en feu !!!"
En réponse aux cris du Jeune une femme hurla à la mort "Ma fiiiiiille ! Il faut sauver ma fiiiiiille !" Elle s'accrochait aux pans de chemise du grand Roux. Lui semblait abasourdi et en perdait son assurance. Tout s'arrêta. La chaîne d'eau, le temps, les gens, le Rouquin... Sauf le Feu qui hurlait seul désormais... et Mila qui s'empara du seau de son voisin. Sous les yeux de tous, la Belle de Valblanc fonça vers la porte ouverte de la maisonnette. Une fumée noire s'en échappait par vagues successives, rendant presque vivant le feu lui-même. Mila s'engouffra sans hésiter, son seau à la main. A l'intérieur la chaleur la fit reculer immédiatement. Elle n'avait jamais ressenti pareille fournaise. Chaque goulée d'air lui brûlait les poumons. En face d'elle l'escalier était effectivement en feu. Il tenait encore debout. *C'est ma seule chance !*
Mila renversa le seau d'eau sur sa tête. La douche était froide et saisissante. Alors elle courut de toutes ses forces vers l'unique accès à l'étage. Grimpant les marches 4 à 4, elle se surprit à être déjà en haut ! Ses vêtements de lins crépitaient sous les assauts conjugués du feu et de la chaleur, Mila disparaissait dans la vapeur de ses propres fringues. Là, c'était l'enfer ! Des fumées noires descendaient de la charpente pour se transformer en flamme tueuse. Au seul contact de la moindre flammèche ces nuages porteurs de mort s'enflammaient et explosaient presque. Mila avait déjà les cheveux en feu. Et ses vêtements suivraient rapidement si elle n'agissait pas. Deux pièces s'offraient à sa vue. Une chance sur deux. Elle choisit celle avec la porte ouverte, pensant que le Garçon avait du l'ouvrir... et aboutit dans une chambre en proie aux flammes, le parquet lui-même était enflammé du seul fait de la chaleur ! Une poutre était déjà tombée du plafond, et d'autres suivraient bientôt. Recroquevillée en position foetale, une jeune fille dormait dans le tumulte infernal. Elle attendait la mort qui ne tarderait pas, le lit sur lequel elle s'abandonnait était entièrement en train de brûler. Dans une armoire, les vêtements empilés s'enflammaient spontanément. Mila sauta dans la pièce et courut vers l'armoire. Elle prit une couverture épaisse qu'elle jeta sur ses épaules et se dirigea vers le lit. Elle attrapa sans ménagement la Gamine qui ne réagit pas. Mila dans un effort surhumain souleva la fille et la porta dans ses bras. Sans plus réfléchir elle traversa de nouveau la pièce. En apnée. Mila se doutait qu'une seule inspiration pourrait la cuire sur place ! Parvenue en haut de l'escalier elle ne pouvait plus que constater l'impossible. Il n'y avait plus en lieu et place de l'ouvrage qu'une fournaise digne des fours de forge... *Le temps d'ouvrir une fenêtre, de trouver une échelle, de jeter la gamine et c'est deux mortes !*
Mila sauta dans la fournaise !!!
Elle pria le Grand Dracos que l'escalier cède sous le poids des deux femmes. Et c'est ce qui survint. Mila disparut dans les flammes !
Elle et son fardeau chutèrent lourdement jusqu'au rez de chaussée au travers du bois qui n'était plus que braises. Avant de sombrer dans l'inconscience, Mila vit se découper dans l'embrasure de la Porte une silhouette imposante...

Le Rouquin était là !
Il se précipita vers les deux jeunes femmes pour les sauver d'une mort affreuse.

Lorsque Mila émergea enfin, le soleil dardait haut ses rayons. Il était midi, un autre jour, plusieurs jours après apprit-elle bien vite. Des bandes de tissus épais lui ceignaient tout le corps et la baignaient d'un baume gras et odorant. L'odeur était agréable, le contact moins. Le moindre de ses mouvements lui arrachait une vive douleur. Mila semblait écorchée vive !
Elle dormit beaucoup. Apprit que le feu avait été vaincu après qu'il ait ravagé trois bâtisses en long. Connut le nom de son sauveur, "Barnabé", le bûcheron de la ferme. Sut que Camille était sauve elle aussi, mais qu'elle perdrait l'usage d'une jambe. Réalisa qu'elle avait commis un acte de grande folie certes, mais que sa bravoure était reconnue par tous. Rencontra enfin le Maître des lieux, le "Père Manfred"...

Mila demeura trois longs mois à la Ferme des Bois Noirs. Suffisamment longtemps pour se sentir parfaitement intégrée à la vie quasi monastique de ses habitants. Le lieu était une sorte de communauté humaine en autarcie, avec un chef incontesté et charismatique en la personne de Manfred, le Père Manfred, figure patriarcale par excellence et propriétaire de tout. Ferme, terres et hommes y compris ! Le Feu avait abattu le moral de ses gens et gravement compromis l'hiver qui venait. Mila ne souhaitait pas être une bouche à nourrir. Elle participa à la vie communautaire pour finalement décider de continuer sa route. Sa peau ne souffrait plus, les cicatrices s'étaient résorbées si bien qu'elle pouvait de nouveau envisager de voyager vers Elena.
Le Père Manfred lui apprit que sa Ville natale était à deux mois de voyage à pied, par la route. Toute la communauté avait souhaité lui offrir un cheval mais Mila savait combien l'animal manquerait beaucoup à la Ferme. Et les temps difficiles faisaient qu'elle refusa poliment cet inestimable cadeau. Lorsque la Belle de Valblanc reprit le chemin, une joie immense l'accompagna... la perspective de revoir les siens n'avait jamais été aussi proche.

Mila rencontra étonamment peu de gens sur la voie autrefois passagère. Et à l'aube d'un matin froid et gris, menaçant, Mila distingua enfin les Hautes REmparts d'Elena la Robuste. Une émotion vive la cueillit sur place et de profonds sanglots la secouèrent ! Mila pleurait à chaudes larmes et riait simultanément !
Inconsciemment elle accéléra le pas. Elle savait que deux jours la séparaient de "chez elle" !!!

Une sensation désagréable la gagnait à mesure qu'elle rejoignait sa ville. En premier lieu, il y avait beaucoup trop peu de monde sur cette route. Et maintenant qu'elle contemplait Elena dans toute sa Robustesse, Mila relevait moult indices préoccupants :
Les Étendards étaient de sortie, les petites gens rarissimes et les patrouilles en nombre. Plus que cela, la tension qui émanait de ces groupes de gens en arme était quasiment palpable... Elle scruta attentivement les murs des Hauts Remparts, ceux qui protégeaient le Château d son Père. Elle recherchait un oriflamme en particulier... mais elle se trouvait encore trop loin pour le distinguer. Le coeur battant, Mila entreprit de forcer le pas, ce qui ne lui était guère possible. Son endurance n'était toujours pas son fort.

Le temps aidant, son inexorable voyage prenait fin, et les remparts de sa ville natale commençait enfin à barrer son horizon. Elle leva les yeux au ciel pour y reconnaître le pire des présages :
Le Lion était de sortie !
Pas l'étendard familial non, les couleurs d'Elena flottaient déjà de toutes parts. Le Lion. L'Empire. L'Empereur. Cela pouvait signifier deux choses. La Guerre ou la présence de l'Empereur lui-même... Mila pria le Grand Dracos qu'il s'agisse de la deuxième option. Accélérant encore le pas, elle approchait des Portes de la ville.

Une file de gens de toute nature s'étirait au-devant de celles-ci. Beaucoup de paysans, et plus encore d'aventuriers ! Des hommes essentiellement, sous leurs plus beaux atours, armés, voire armurés... *Ils sont venus voir l'Empereur ou faire la Guerre ?* Mila n'était pas plus avancée. Elle se promit de tirer cela au clair avant de retrouver sa famille. Pour ne pas arriver la bouche en coeur, coupée du monde depuis deux années sans même savoir ce qui s'était déroulé sur Armanda... *Et les dragons... et les dragons* Ajouta-t-elle en pensée, comme pour ne pas oublier de se renseigner à propos des Célestes.
Le passage aux Portes ne fut pas de tout repos. Questionnée, fouillée, soupçonnée par une Garde sur les dents, Mila ne dut son salut qu'à un gros effort de patience. Echouer si près du but ne lui était pas envisageable... et elle se retrouva enfin dans les rues de sa ville. Parvenue sur une place marchande bondée de monde, Mila laissa explosée sa joie en criant et riant à la fois !
De nombreuses gens la regardèrent sans même l'interpeler? La joie de celle-ci jurait avec le ton ambiant. Elle s'acheta de quoi manger un peu auprès d'un paysan et décida de quitter les artères principales pour aller trouver quelqu'un qui saurait enfin tout lui apprendre.

Elle ignorait que ce quelqu'un serait un Ermite ayant vécu 14 années coupé du monde !!!