Une vision, une nouvelle vision ! Après un si long silence, le Dracos avait fini par se manifester à nouveau par le biais de sortes rêves éveillés qu'ils avaient envoyé aux dragons et aux dragonniers. Shaynar se souvenait parfaitement de ce songe qu'il avait partagé avec Eliow.
Ils avaient vu la guerre dans toute son horreur, le sang et ils avaient ressenti au plus profond de leur être la souffrance intense de l'esprit protecteur d'Armanda. Ils avaient aussi revu la mort, la mort de celui qui avait été le troisième dragonnier ainsi que de sa dragonne. A ce moment là, le rêve était plutôt un cauchemar et l'esprit de Shaynar s'était réfugié au plus profond de celui de son dragonnier, la honte et le dégout l'avait submergé. Qu'avaient-ils fait ?
La suite avait été un peu moins désagréable, un sentiment d'espoir les avaient envahit tandis que le Dracos leur dévoilaient une île toute blanche perdue au milieu de l'océan. Une île, et des oeufs !
A leur réveil, ils savaient ce qu'il leur restait à faire. La position exacte de leur destination avait été gravée dans leur esprit avec une mise en garde : l'autre dragon serait là aussi avec sa dragonnière, le Dracos ne leur permettrait pas de se battre et ils devraient se partager les oeufs. De plus, ils étaient prévenu que ceux-ci n'écloraient de toutes façons que pour leurs propriétaires légitimes. Pas de grosse marge de manœuvre décidément...

Pourtant, ils n'avaient pas le choix. La nuit-même, le dragonnier et son compagnon s'étaient entretenu avec Lorenz qui bien que peu enthousiaste à l'idée d'être privé un temps d'un tel appui ne pouvaient refuser qu'on lui apporte d'autres œufs. Quelques jours de préparatifs, et ils s'étaient élancés dans le ciel.
Mais encore une fois, ils n'étaient pas seuls. Shaynar étaient à présent tellement habitué à la présence de l'elfe à leur côté et sur son dos, qu'il ne s'en étonnait même plus. Il se souvenait du regard méprisant qu'avait lancé Lorenz à cet être dans un premier temps, il avait bien cru que cela allait être la dernière heure du baptistrel mais Eliow avait su être persuasif et le prince des vampires ne pouvait de toute façon rien refuser à son dragonnier. L'elfe avait donc continué son chemin à leur côté, et aujourd'hui encore il partait à l'aventure avec eux sur le dos du dragon noir.

Il leur avait fallu un peu moins de dix jours pour traverser tout le continent, ne se posant que pour se reposer. C'était une bonne chose que le vampire n'ai pas besoin de dormir, il pouvait ainsi veiller sur ses compagnons. La route était épuisante pour le dragon avec ses deux fardeaux mais il ne se plaignait pas, il était anxieux de trouver les oeufs. La mort de la dragonne et de son dragonnier vers la fin de l'année 1750 l'avait ébranlé au plus profond de son âme, pour la première fois il avait compris que sa race allait s'éteindre à nouveau après lui et son ennemi blanc. Cela l'avait laissé dans un désespoir profond que même son dragonnier et les chants du baptistrel avait bien du mal à repousser. Avec ces nouveaux oeufs, il retrouvait l'espoir.

* Est-ce que vous croyez que les dragons ont une chance ? Peut-être que cette nouvelle génération se battra comme l'ancienne, comme la mienne... *

Sa pensée avait été pour ses deux cavaliers, ils volaient au dessus des flots depuis le matin, la soirée tombait au grand soulagement sans doute du vampire. Déjà, la minuscule île blanche apparaissait à leurs yeux, le dragon obliqua vers elle avec un certain soulagement, ses ailes étaient lourdes.

* Voilà les autres, je vais essayer de me poser pas trop près *

Il se posa souplement dans un nuage de poudreuse, il releva comiquement les pattes, surprit par cette consistance qu'il ne pouvait connaître étant donné le temps qu'il avait passé dans l'est de l'empire à se battre. L'autre dragon se posait plus loin, se confondant presque dans la neige de par ses belles écailles blanches. Shaynar quand à lui contrastait d'une façon étonnante et tout aussi magnifique, il se secoua.

* Approchons nous, ils ont sans doute reçu les mêmes instructions du Dracos mais il faut rester prudent... *

Le Dracos, encore le Dracos et toujours le Dracos ! Par moment, il haïssait le Dracos. Il le maudissait de toute son âme, ou de tout ce qu'il pouvait en rester. Oui il le maudissait. Il l'avait obligé à devenir dragonnier, alors qu'il n'avait rien demandé, même si maintenant il devait avouer être bien content de son lien avec Shaynar, un lien unique qui lui manquerait cruellement maintenant qu'il y avait goûté, s'il devait un jour disparaitre. Il lui avait ensuite reproché de ne pas être digne de ce "cadeau", comme si être dragonnier était vraiment un cadeau. Un poids oui, un poids lourd de responsabilités, le propulsant là où il n'avait jamais désiré être, faisant de lui et de Shaynar des objets de convoitise. Oui des objets de convoitise. Et non des êtres qu'on appréciait pour ce qu'ils étaient, pour ce qu'ils avaient en eux. Non, Shaynar et lui étaient convoités par beaucoup, dont Lorenz, pour ce qu'ils pouvaient aooporter, pour la force et l'espoir qu'ils étaient censés représenter et non pour les êtres et les âmes qu'ils étaient derrière cet espoir. Seul Merithyn les voyait tels qu'ils étaient et les considérait vraiment pour ce qu'ils étaient et non ce qu'ils étaient censés offrir. Et maintenant le Dracos leur demandait, leur ordonnait plutôt, d'aller chercher les autres oeufs. Encore. Et de ne pas se bagarrer avec le congénère de Shaynar qui serait là aussi...

Eliow avait bien eu envie d'envoyer le Dracos paître cette fois-ci. Mais...

Mais le soudain espoir qu'il avait lu dans le coeur de Shaynar lui avait fait changé d'avis. Le dragon noir semblait soudain sortir de la léthargie qui l'avait caractérisé depuis bien des mois, des années, depuis la mort de la dragonne rouge pour tout dire. Et Eliow n'avait alors pas eu le coeur de rompre ce soudain espoir, cette soudaine vigueur qui animait à nouveau son lié. Non, il ne romprait pas cela. Pour Shaynar, et uniquement pour lui, il obéirait au Dracos, jurant toutefois en son for intérieur à ce dernier qu'il ne serait plus son objet à lui. Plus son objet non. Plus jamais. Ni Shaynar. Depuis quelques temps Eliow sentait le besoin irrésistible de prendre sa destinée en main. Et de ne plus la laisser aux mains des autres. De ne plus être l'arme des autres. Mais...

Mais ne plus être l'arme de Lorenz signifiait beaucoup pour lui. Cela signifiait trahison envers son peuple, trahison envers ce qu'il avait fait toutes ces deux années, même s'il n'avait pas du tout apprécié ce qu'il avait fait, et cela signifiait probablement mort aussi. Sa mort à lui. Car nul doute que Lorenz ne le laisserait pas partir vers sa propre destinée sans réagir. Et généralement les réactions de Lorenz quand on s'élevait contre sa volonté était violentes. Il était donc resté encore un temps l'arme de Lorenz. Et le serait encore jusqu'à ce qu'il trouve une faille, une solution. Quelque part... Quelque part, si un autre dragonnier était choisi parmi les vampires, peut-être Lorenz le laisserait-il partir ? Ou peut-être pas... Espoir futile sans doute. Le valpire ancestral n'était pas du genre à se passer d'une arme telle que lui. Il serait donc encore son arme le temps qu'il faudrait pour qu'il trouve le courage de prendre sa propre destinée, et celle de Shaynar, et sans doute aussi celle de Merithyn qui était toujours à ses côtés, en main. Mais en attendant, il jurait au Dracos de ne plus être son arme à lui. Plus jamais. Plus jamais...

S'il faisait ce voyage, s'il chevauchait Shaynar depuis près de 10 jours, supportant l'astre solaire sans broncher, c'était pour son lié. Uniquement pour lui. Pour le voir renaître, revoir renaître cette étincelle en lui... uniquement pour ça. Et pas pour le Dracos et encore moins pour Armanda ou sa satanée destinée et sa magie...

* Est-ce que vous croyez que les dragons ont une chance ? Peut-être que cette nouvelle génération se battra comme l'ancienne, comme la mienne... *

"Je ne sais pas", répondit simplement Eliow par leur lien.

Et enfin ils se posèrent, alors que les rayons ardents du soleil couchant caressait l'épais tapis de neige immaculé sous leurs pieds. Spectacle étrange que celui-ci, pour Eliow qui ne se rappelait pas avoir vu de neige ainsi. Neige... Il aimait bien la neige. Ce froid qui ressemblait au froid glacial de son peuple... Un froid en apparence sans vie mais qui recelait pourtant tant d'énergie dans ses ténèbres cachées...


« J'espère qu'ils n'ont pas encore l'intention de nous causer du soucis, il y a tant de façon de se battre qui ne passe pas par la violence physique... je ne me sent pas bien, je doute de supporter de l'animosité supplémentaire.... »

Qu'il aimait voir l'elfe rougir ainsi. Oui, il aimait cet elfe, comme jamais il n'avait aimé. Il aurait donné sa vie pour l'elfe et l'avit bien risqué le jour où il avait contré Lorenz et lui avait fait un chantage dont il ne se serait jamais cru capable. Il voulait l'elfe, l'elfe vivant, ou ne serait plus des leurs, quitte à se donner la mort lui aussi. Lorenz avait cédé. A contre-coeur, si tant est que ce vampire ait un coeur, mais avais cédé. Et l'elfe avait fait partie intégrante de sa vie, de son être, chaque jour que le dracos faisait. Eliow donnait tout ce qu'il avait, tout ce qu'il avait de bon, entendons nous bien, pour Shaynar et Merithyn. Pour les autres, il n'était qu'un dragonnier. Le dragonnier de la mort, le faucheur, tuant pour son peuple sans l'once d'une hésitation. Mais pas sans remord. Un remord sans nom qui le rongeait et assombrissait son âme de lune en lune. Seule la présence de son lié et de l'elfe l'apaisait un peu. Sans eux... Sans eux, sans doute aurait-il sombré dans cette douce folie qui faisait pourtant le charme du vampire de la tisseuse...

« Pardon, ce n'est rien... »

- Si, c'est quelque chose, Merithyn, répondit-il tout en relevant le visage de l'elfe, d'un doigt posé sur son menton. Si, c'est quelque chose. Je te promets de tout faire pour me contenir. De tout faire pour ne pas lancer les hostilités. Pour m'en tenir à ce que le dracos nous a ordonné. cela te va ? Je te le promets, je vais essayer de taire ma propre animosité.

Et se disant, comme pour sceller sa promesse, il déposa un tendre baiser sur les lèvres de l'elfe. Puis, lui serrant doucement la main, comme pour l'encourager, il avança vers l'autre duo, son regard dur tentant alors de contenir sa rage.

- Bonne lune, salua-t-il l'elfe archère et son dragon, tentant de détendre un minima l'atmosphère en leur adressant la salutation qu'il aimait user qaund il était de bonne humeur.

Il était loin d'être de bonne humeur, mais cela ne pouvait pas faire de mal.

- Vous avez visiblement reçu le même message que nous, de la part de notre éminent Dracos, ne put-il s'empêcher d'ironiser.

Se morigénant soudain en repensant aux facultés de Merithyn qu'il savait pourtant blesser à chaque fois qu'il usait d'ironie de la sorte. Un regard d'excuse vers l'elfe, un regard mortifié, un léger tressautement de la main qu'il serra un peu plus contre celle de l'elfe pour lui dire combien il était soudain désolé, et il reporta son attention sur le duo.

- Nous devons chacun prendre des oeufs. Se les partager sans querelles, et repartir chacun dans notre camp. Comment procède-t-on ? Demanda-t-il, tentant de garder un ton aussi neutre et détaché que possible.

ce qui lui demandait un effort incommensurable, il devait bien l'avouer...

Le Dracos était le seul à pouvoir décider qui méritait un dragon ou pas. Et Lyroë venait de le comprendre. Ils cherchaient un œuf de dragon dans le conflit, dans la guerre et dans l'affront. Et IL les avait puni. L'œuf avait surement été donné à une cœur plus pur.
Et le sien? Celui de l'archère? Est-ce qu'il l'était? Elle s'était posée mainte et mainte fois la question, mais la seule réponse est qu'à présent elle devait se montrer digne de la présence de Cymbor à ses côtés. Il n'était pas qu'un dragon, il n'était pas que le sien ou une présence chère à ses yeux. Non, il était le digne successeur de vénérables dragons, il était issu de la terre et du ciel d'Armanda. Lyroë commençait à prendre conscience de son rôle et cherchait des réponses à de nouvelles questions. Plus celles de savoir comment s'occuper et élever un dragon. Cymbor été bien assez grand pour ça et elle avait réussi dans son rôle de guide. Non, elle cherchait à comprendre son rôle dans cette guerre qui émergeait, comment rallier les peuples à la même cause, celle du bien être d'Armanda. Mais les réponses ne venaient pas. Pas des siens. Mais qui? Qui pouvait l'aider dans cette quête?

Mais la guerre fit bien vite oublier toutes considérations sur le Dracos et ses choix. Seule la présence de certains humains craignant pour leurs vies fut une ritournelle différente que les horreurs de la guerre. Les villages dévastés, le peuple humain subissant un lourd tribut, voilà les dernières nouvelles d'Armanda. Lyroë s'en voulait parfois, en tant qu'archère de ne pas voler à leur secours, de rester cloitrer dans le paisible de la foret elfique.

Peut être que ses songes et ses inquiétudes furent entendus. Une vision vint à eux. Le Dracos leur donnait-il une autre chance? D'autres dragons? D'autres œufs, un autre espoir? Une île, de la glace, il n'en fallu pas plus pour que la dragonnière parte en quête avec son dragon. Cherchaient-ils tous les deux à fuir cette prison dorée? Ils n'en n'avaient pas parlé. Mais ils ne discutèrent pas pour savoir s'ils devaient y aller ou pas. Ils partirent. Ils volèrent. Longtemps, des jours, des nuits. Le froid se faisant plus présent. L'air sec et taillaidant.

Ils n'étaient pas les seules à avoir reçu le message divin. Cymbor avait vu le dragon noir. Les entrailles de Lyroë se serrèrent. Eliow. Le vampire. Un dent longue. Ce peuple qu'elle arborait. Mery. son ami qui lui fut enlevé par ce dragonnier. Serait-il là? Il lui manquait. Trop. Même si elle lui en voulait.
Les mots de Cymbor furent un autre coup, au cœur. Elle lui envoya ce qu'elle ressentait; tout comme l'envie de ne pas être celle qui déclarerait la guerre. Elle venait en conseillère de paix et de quiétude.

Une fois au sol, elle descendit de Cymbor, sans un mot et jugea de ses yeux clairs les autres, avant de les saluer d'un digne et respectueux signe de tête. Elle en avait que pour Mery de toute façon. Lui avait-il fait du mal? Allait-il bien?
Ses seuls mots furent pour Eliow.

"-Bien, cela me semble juste. La montagne, me semble un bon point pour débuter. De toute façon, il n'y a guère d'autres endroits."

Lyroë semblait déterminer et sûre d'elle. Du genre, faite moi confiance. Du moins essayer.
Elle tapota le flanc de son lié pour qu'il lui emboite le pas, sans plus de cérémonie. Elle avait trop peur de faire ou de dire quelque chose qui fasse tout capoter. Elle envoya à Cymbor ses craintes.

Le chanteur ne se sentait pas bien, Shaynar l'avait ressentit dès son atterrissage sur la poudre blanche. Merithyn était très sensible à ce genre d'atmosphère tendu, le dragon n'était donc pas du tout étonné de le voir tout à coup blanchir puis rougir et baisser la tête. Le lien qui s'était établi entre l'elfe et son dragonnier l'avait longtemps décontenancé, l'emplissant un instant d'une certaine jalousie mais il n'avait pas été long à comprendre que ce lien rendait Eliow heureux. Ce simple état de fait balayait tout sentiment instinctif de rejet qui aurait pu l'envahir, et puis après tout, c'était son chanteur. Il lui avait fait confiance alors qu'il n'était encore qu'un dragonnet, il n'avait pas de raison de renier cette confiance. Le baptistrel avait été à leur côté à chaque instant depuis plus de deux années, il n'appréciait pas ce que Eliow et lui devait faire sous les ordres de Lorenz mais il ne protestait pas. Il faisait des efforts de son côté, Shaynar devait donc faire de même et peu à peu, il avait prit l'habitude de cette proximité entre les deux êtres. De la même manière que lui et son dragonnier ne faisait qu'un, Eliow avait besoin de la présence du chanteur pour se sentir bien. Et sachant que Shaynar ne pouvait être bien tant que Eliow ne l'était pas, il en était venu à s'attacher presque aussi farouchement au chanteur que son dragonnier pouvait l'être. Leur trio était indestructible, Lorenz lui-même avait dû plier devant cela et ce n'était pas une mince victoire sachant la haine farouche qui liait le peuple vampirique au peuple elfique.

La haine et la méfiance... Voilà ce qu'il ressentait à ce moment précis. Leur trio fixa le duo qui lui faisait face, une gêne notoire s'était emparé de chacun d'eux et Shaynar ne pouvait s'empêcher de penser aux nombreux massacres qu'il avait perpétré ces dernières années. Qu'allait en penser les deux autres ? Rien de bon certainement, le dragon noir lui-même n'en ressentait pas une très grande fierté même si il n'avait pas de remords particuliers. Il avait fait cela pour Eliow, pour le peuple d'Eliow. Cette seule raison lui semblait plus que légitime même si il était très loin d'apprécier celui qui s'était proclamé comme le prince de ce peuple.

*Tu es… impressionnant.*

Le contact le surprit, il ne s'était pas attendu à ce que le dragon blanc s'adresse ainsi à lui. Il le fixa de ses yeux rubis, s'attardant sur la silhouette gracile et presque fragile à côté de sa carrure imposante. Le dragon de neige n'avait pas la puissance apparente qui s'émanait de lui alors qu'il se tenait ainsi droit, les griffes solidement plantées dans la glace. Toutefois on ne pouvait pas nier qu'il s'émanait de lui une majesté plus impressionnante encore que celle du dragon noir, il semblait plus sage malgré qu'il soit plus jeune et il y avait fort à parier qu'il ne devait pas avoir perdu le talent qu'il avait jadis pour le vol. Le contraste de la couleur de leur écailles n'étaient rien à côté du contraste de leur caractère et de leur physique. Ils étaient de la même race et pourtant si différents...

*Je suis un dragon, comme toi...*

Réponse étrange mais qui lui vint instinctivement. Sa mémoire ancestrale lui rappelait bien des scènes où des dragons s'étaient ainsi salués, était-ce une ancienne formule de politesse ? Il lui semblait bien que oui, et il en goûtait la sagesse. L'autre n'avait pas à le trouver impressionnant, un dragon ne devait jamais s'abaisser devant un autre. Le noir rappelait ainsi au blanc que guerre ou pas, ils étaient de la même race et qu'ils avaient un devoir envers cette race en voie d'extinction.
Ce début de conversation le laissa songeur, il se demandait ce qu'il serait advenu si le blanc avait décidé de naitre parmi les vampires ou bien si lui avait vu le jour chez les elfes. Eux deux avait un caractère diamétralement opposé et leur début de bagarre à Aldaria avait prouvé qu'il leur était bien difficile de s'entendre. Et pourtant... Avec un effort ? Une voix désagréable pour lui vint couper ses pensées :

"-Bien, cela me semble juste. La montagne, me semble un bon point pour débuter. De toute façon, il n'y a guère d'autres endroits."

Il n'avait pas écouté le début de la conversation, concentré sur son congénère mais escalader la montagne lui semblait une bonne idée. Toutefois il ne pouvait empêcher sa colère de monter en entendant cette voix, c'était celle qui l'avait fait enfermer dans le pays des elfes. Sa rancune ne pourrait sans doute jamais le quitter, il ne savait pas pardonner. Il garda sa fureur pour lui tout de même, ne souhaitant pas déclencher les hostilités et risquer de blesser le chanteur.

Le groupe se mit en route en silence, et ce silence demeura pendant plusieurs heures de marches. Personne ne savait vraiment quoi dire, personne n'avait vraiment envie de dire quelques chose d'ailleurs. C'est le baptistrel qui fini par se décider, il supportait sans doute très mal cette gêne terrible qui était comme un mur entre eux. Shaynar dû s'arrêter lorsque celui-ci stoppa, il avait marché plus vite que tous les autres, ouvrant un chemin dans la neige de sa large carcasse et servant au passage d'éclaireur. Rien, il n'y avait rien dans ce monde blanc... Il avait espéré qu'il sentirait la présence des oeufs, de toutes évidences le baptistrel l'avait espéré aussi mais rien...

« Je ne vois rien non, mais je vais m'élever un peu afin d'essayer de voir quelque chose... »

Aussitôt dit, aussitôt fait. Ses muscles puissants le propulsèrent dans les airs et une bourrasque soudaine provoqua un nuage de poudreuse tandis qu'il s'élevait. Les yeux grand ouvert dans ce froid glacial, il effectua plusieurs cercles et n'eut pas besoin de chercher longtemps pour découvrir qu'ils étaient tout proche d'une vallée pour le moins étrange. Pourquoi n'y avait-il pas de neige ici ? Intéressé, il piqua pour s'y poser et interpella télépathiquement son dragonnier :

*Cet endroit est étrange Eliow, je ne suis pas loin à l'est, dans une cuvette profonde et il n'y a pas du tout de neige. Rejoignez moi !*

Il savait que le vampire aurait sans nul doute préféré qu'il l'attende avant d'aller fourrer son nez dans un tel endroit mais il n'avait pas changé depuis son plus jeune âge, une curiosité impétieuse le caractérisait toujours et il ne tenait pas à attendre une seule seconde avant d'aller explorer cette cuvette. En un seul instant, il toucha le sol rocailleux et poussa aussitôt un grognement ahuri.
Le sol était chaud ! De la fumée sortait de lui par endroit et il ne lui fallu qu'une seconde pour retrouver la vérité dans les souvenirs qu'il avait partagé avec Eliow, il était dans un... Comment appelait-on ça ? Un volcan !
Une grosse montagne pleine de feu liquide et capable d'exploser à tout moment, loin de l'inquiéter cette idée le ravit et il partagea aussitôt ses pensées avec le vampire qu'il savait non loin :

« C'est un volcan Eliow ! Je suis dans un cratère, les oeufs de dragons aiment la chaleur, je suis sur qu'ils sont par là ! »

L'idée de risquer d'exploser à n'importe quel moment ne l'inquiétait pas plus que cela, le Dracos savait ce qu'il faisait déjà d'une et il ne voyait pas pourquoi un volcan en sommeil devait entrer en irruption pile au moment où il s'y trouvait. D'ailleurs qu'était la vie sans un peu de risque ? Il était prêt à parier que les autres ne seraient pas du même avis mais il n'avait pas pour habitude de se plier aux désirs des autres. Il se mit aussitôt à fouiner dans le cratère, découvrant une pierre molle à un endroit et creusant de façon insouciante en son sein. Son instinct lui hurlait qu'il était au bon endroit, qu'il ne risquait rien et surtout qu'il allait faire de grande découvertes. Sur ce dernier point, il ne se trompait pas. Il tomba en arrêt sur ce qu'il avait déterré et resta un instant immobile, le coeur battant :

« Des écailles Eliow ! Des griffes ! Des dragons ont vécu ici, les traces de leurs passages sont partout ! »

Cette découverte le fascinait autant qu'elle l'attendrissait, ainsi ses ancètres étaient passés par là ! Peut-être même y étaient-ils restés longtemps, surveillants leur progéniture logée bien au chaud dans le cratère. Car ils étaient là, c'était sur et certain. Shaynar les sentaient à présent, sans doute fallait-il se trouver dans le cratère pour y parvenir. Ils était quelques part non loin... A demi enterrés peut-être ? Il pensa au feu sous ses pattes et se demanda jusqu'à quel profondeur la roche volcanique était solidifiée, les oeufs pouvaient supporter des températures extrêmes mais certainement pas au point de pouvoir être plongés dans de la lave. Ils ne pouvaient donc pas être enterrés bien profond, et le volcan ne devait pas entrer souvent en éruption non plus, les ancestraux n'auraient pas laissés leur oeuf à la merci d'un tel péril, si ?

Un caillou roula non loin, sur le rebord du cratère. Les autres arrivaient, pour la première fois Shaynar s'inquiéta. Il ne craignait rien pour lui même mais savoir Eliow et Meri au milieu d'un cratère lui déplaisait. Peut-être n'aurait-il pas dû les appeler... Encore que ceux-ci ressentaient certainement exactement la même inquiétude pour lui et pour chacun d'eux...

Dire que le voyage et la montée vers la montagne s'avéraient agréables serait mentir. Mais étrangement, Eliow l'a trouva à la fois chargée de tension et paisible de silence. Enfin de silence... jusqu'à ce que Merithyn se décide à le rompre. Mais c'était la voix du chanteur elfe et non de l'archère, donc de suite ça allait mieux...

Eliow trouvait l'autre duo... mûri. Grandi. Différent. Pas forcément plus enclin à de meilleures intentions à leur égard, non, mais... plus enclin à ne pas les agresser pour leur sauter dessus à la moindre occasion. Sans doute en était-il de même avec Shaynar et lui. Très certainement même. Eux aussi avaient grandi, muri. Un peu trop même au goût du vampire, qui trouvait son dragon parfois moins enclin à cette joie de vivre qui l'avait pourtant caractérisé au tout début. Et quelque part, Eliow savait pourquoi, savait ce qu'il en était, ce que son dragon pensait de tout cela au fond de lui. Oh Shay ne lui avait jamais rien reproché, pas directement du moins. Il n'avait jamais critiqué les choix et les actions de son dragonnier. Mais Eliow sentait que tout ceci ne plaisait pas vraiment à son lié, et que celui-ci ne faisait que le suivre... à défaut de véritablement l'approuver.

Et en fait, il en était de même concernant Merithyn. L'elfe non plus n'approuvait pas (et lui ne participait pas). Mais... Mais li le suivait. Comme il le lui avait promis il y a bien longtemps. Pas besoin de chaines, l'elfe chanteur se les était choisies tout seul au final... Au plus grand bonheur d'Eliow. Et à son plus grand désarroi aussi, qui sentait qu'il entrainait ses deux liés, les deux personnes qui lui tenait tant à coeur (car oui, finalement, il devait bien avoir un coeur, contrairement à ce qu'il aurait pu penser), dans une voie qui ne leur plaisait ni à l'un ni à l'autre.

Tiraillé. Il se sentait tiraillé, entre ses deux liés... et son peuple. L'un semblait incompatible avec l'autre, semblait-il. Tiraillé et déchiré. Car pour le moment... pour le moment il ne pouvait choisir. Il en était incapable.

« Je ne vois rien non, mais je vais m'élever un peu afin d'essayer de voir quelque chose... »

La pensée de Shaynar le sortit brutalement de ses songes, lui qui s'y étaient encore perdu comme si souvent il le faisait. Et il n'eut pas même le temps de protester et de demander à son dragon de l'attendre, que déjà le noir s'envolait au dessus d'eux. Inutile de lui demander d'être prudent, grogna-t-il intérieurement. Shaynar et prudence étaient un oxymore...

*Cet endroit est étrange Eliow, je ne suis pas loin à l'est, dans une cuvette profonde et il n'y a pas du tout de neige. Rejoignez moi !*

Une cuvette profonde sans neige ? dans cet endroit qui en était entièrement recouvert ? Voilà qui était douteux. Et probablement dangereux. Mais une fois encore son dragon n'en faisait qu'à sa tête, faisant presque enragé Eliow intérieurement. Mais il n'attendit pas pour faire part aux autres de la découverte de son lié, leur demandant alors de le suivre. Il se serait bien contenté de n'en faire part qu'à l'elfe chanteur et de laisser les autres en plan, mais... Mais un zeste de conscience lui souffla qu'il valait mieux les prendre avec lui. De toute façon, avaient-ils véritablement le choix ? Ils étaient certes ennemis, mais contraints par le Dracos de coopérer non ? Mettre encore le Dracos en colère ? Non merci, trop peu pour lui... Même s'il le maudissait de toute son âme pour lavoir choisi lui pour ensuite oser lui dire qu'il n'en était pas digne ! Indigne toi-même ! Il n'avait qu'à choisir quelqu'un d'autre ou qu'il assume ses choix ! Car oui, c'était le Dracos qui les avait choisis. Qu'il assume donc s'il n'était pas content d'eux !

« C'est un volcan Eliow ! Je suis dans un cratère, les oeufs de dragons aiment la chaleur, je suis sur qu'ils sont par là ! »

"Tu aurais dû nous attendre !" Protesta-t-il tout en continuant son chemin.

Pas la peine d'en dire plus, la sourde colère qui grondait dans sa voix, en disait long sur ce qu'il pensait de l'inconscience folle de son lié.

Et après quelques minutes, alors qu'il entendait Shaynar s'extasier devant des ossements, des écailles et autres reliquats de dragon, le petit groupe arriva enfin au bord dudit cratère. majestueux cratère de près de 20 mètres de diamètre, impressionnant par sa taille.. et par la chaleur étouffante qui y régnait. Pas que cela ne le gêne outre mesure. Mais une telle chaleur indiquait surtout danger. Danger de mort.

Bon d'accord, il était déjà mort une fois. Mais cela ne voulait pas dire qu'il ne pouvait pas mourir une seconde fois.

Il connaissait un elfe qui allait être content, lui qui aimait tant le feu, plutôt que la glace. Enfin si de tels changements de température ne insupportaient pas trop non plus...

- Allons, plus tôt nous chercherons, plus tôt nous repartirons, s'encouragea-t-il, tentant de s'insuffler et d'insuffler aux autres, un peu de courage pour s'engager dans ce... cratère.

Ce volcan.

Et sans plus attendre il rejoignit son dragon, passant une main délicate sur ses écailles du flanc gauche, comme pour tenter de calmer son exubérant enthousiasme. Mais, quand, fouillant lui-même à quelques pas à peine, il trouva lui aussi ses anciens restes d'un dragon ancestral, il ne put que ressentir une vive et poignante émotion. Oui, c'était émouvant, ne lui en déplaise lui qui détestait ce genre de mièvreries. Mais voir de tels... tels... reliques. De tels... témoignages.

Relevant alors son regard vers Shaynar, il sentit comme une révélation le traverser en contemplant ce spectacle. Oui, les dragons avaient existé, et existaient encore. Ne tenaient qu'à eux qu'ils existent encore dans l'avenir. Et que la magie, qu'Armanda persiste avec eux. Cela ne tenait qu'à eux... eux deux dragonniers et leurs deux liés... et bientôt à six autres duos... Voilà ce qu'était leur écrasante responsabilité. Une responsabilité qu'ils avaient gâché une première fois. La gâcheraient-ils une seconde fois ? Eliow espérait que non. Et se surprit à prier le Dracos de leur venir en aide pour accomplir cette délicate et si violente mission. Lui ! Prier le Dracos ! Constata-t-il, soudain choqué...

Le silence voilà qui résumait bien l'ile. Merything avait raison quand il disait que rien ne laissait place à la vie. Seule la neige matière froide venue du ciel sacré et le vent donnaient vie à ce caillou balayé par le temps. Mais le Dracos ne se trompait pas. il ne se trompait jamais. Alors les œufs devaient être là, protéger du temps, des éléments et de la folies des êtres qui peuplaient Armanda.

Et la marche refut leur lot; encore et toujours marcher, vers le haut de cette montagne. De touta façon, ils n'avaient guère le choix pour aller autre part. Ses pieds se souvinrent de cette douleur persistante dans le désert de feu. Celui de glace n'était pas mieux. Et la montagne était des plus ardues.

Et l'elfe avait encore raison quand à la répartition des œufs. Un chacun cela allait de soit pour Lyroë, mais le dragon, l'être à qui appartenait l'œuf, cette vie, n'allait peut être pas apprécier les choix que trois pauvres fous et deux vénérables dragons avaient décidé une journée glaciale et froide, cherchant à ne pas rester un instant de plus ensemble de peur de ne pas repartir du tout.
Peut-être que là, le Dracos, l'âme de la vie sur cette terre leur insufflerait la démarche à suivre. L'archère voulait y croire. N'avait-il pas guider ses pas jusqu'à présent.

Mais la dragonière se retint de lui dire. Elle cessait de le regarder en coin. Elle cherchait à savoir si tout allait bien pour lui, s'il ne souffrait pas, s'il n'était pas retenue contre son gré, s'il avait besoin d'elle. Tant de questions où elle n'aurait aucune réponse. Celles-ci puis les autres. Il était chez les vampires, chez les ennemis qui sans vergogne attaquaient des villages, semaient le trouble et le désordre. Et lui fils de la paix que faisait-il donc dans cet antre de la barbarie. Tout ça pour un vampire qui comme les autres suivrait son instinct et ce que lui dicte les anciens.

Le haut de la montagne fut pour eux une surprise. Elle le sentait et le voyait. Pas besoin de se le dire. Un volcan, un cratère. La belle affaire. De loin, d'en bas, cela ressemblait à n'importe quelle montagne. Du moins les rares que l'elfe avait vu dans sa vie. De si haute montagne, dans sa foret, il n'y en avait pas des tonnes.
A la pensée de son lié, elle lui caressa les écailles, avec précaution. A son tour l'archère lui envoya un flux de penser. Sa peur, son envie de rentrer en un lieu sûr, sans possibilité de feu à tout instant.

*"- Toi tu maitrises le tien, la terre, elle n'en fait qu'à sa tête. Père me dit que parfois elle se fâche et retourne les éléments contre elle. Le vent je m'y fais, le feu, il détruit. Cymbor trouvons les œufs et rentrons à l'abri. "*

Lyroë s'adressa à tous. Même s'ils avaient commencé à chercher, rester en surface, auprès de ces vestiges ancestraux n'était pas une solution. Non, trop simple. Trop illogique par rapport à un être qui devait se cacher, se protéger des prédateurs.

"-S'ils aiment la chaleur, ils seront bien plus en dedans. Une coquille solide ne craint pas la chaleur comme notre peau fine. Plus sûr aussi, face aux pilleurs."

Lyroë s'avança plus en avant ou en profondeur. Mais la chaleur, les effluves de gaz l'empêchaient d'avancer comme elle souhaitait. Elle préférait la fraicheur de la neige au final.
Sensation désagréable de chaud dans son corps, une respiration qui se faisait de plus en plus difficile, et dangereuse. La fatigue et cet état physique la firent buter sur une pierre et s'étaler gracieusement dans un boum sonore sur le sol caillouteux.
Elle lâcha un cri de douleur avant d'en lancer un de joie.

"Ils sont là."

Du moins un, qui avait fait rôle de caillou. En tombant Lyroë l'avait découvert de sa carapace de pierre et de poussière. La jeune femme finissait de le dégager avec hâte et précipitation, quand elle vit un autre caillou étrange.
Ses yeux oscillait entre émerveillement de trouver une telle chose et recueillement de tenir en ses mains un être sacré. Après elle eut le temps de regarder autour d'elle. D'autres vestiges d'un passage de dragons. Des écailles et des pas, ancrés dans le sol. Traces visibles d'un passage des ancêtres. Aussi bien humains que dragons.
Elle reposa un instant l'œuf au sol, comme entrain de se recueillir.

L'elfe se tourna vers ses compagnons qui arrivèrent. D'une voix sincère, peut être emprunt d'innocence et de naïveté.

"Est-on obligé?? Doit-on soumettre ces êtres à la folie des peuples?"

Il n'avait pas vraiment envie de voir Shaynar s'éloignait d'eux, quelque part il n'était pas tranquille sans la présence imposante du grand noir mais il ne pouvait rien faire d'autre qu'attendre en silence qu'il revienne, tout en déplorant que personne n'ai eu la bonne idée de saisir la perche lancée et de parler, de n'importe quoi si il le fallait mais de rompre ce silence terrible qui planait sur l'île, juste un peu, juste quelques minutes mais qu'ils cessent de rester là comme des pierres à ne faire qu'avancer, ils voulaient sa mort ou quoi ?

Il observa le monde blanc, peiner du peu de bonne volonté de la troupe mais pas vraiment surpris, lui même n'était pas spécialement enthousiaste à cette petite réunion quand bien même il n'y avait là que des personnes qu'il appréciait... Il plongea dans ses souvenirs de moment plus joyeux, dérivant au fil de ce qu'il trouvait dans sa mémoire, foret, plaine, rire et chanson, Lyroe, Eliow, beaucoup d'Eliow, surtout depuis deux ans, presque uniquement Eliow... une ou deux rencontres avec des vampires n'ayant pas uniquement en tête de le tuer, même si ils ne faisait aucun effort pour cacher que c'était viscérale chez eux, Shaynar aussi, moins qu'Eliow mais plus fort, comme le caractère du grand dragon tandis que le vampire apparaissait plus comme un baume, à la fois salvateur et destructeur, il ne faisait rien de mal pourtant, il s'imaginait un grand voyage, tous les trois, un voyage au delà d'Armanda dans une contrée verdoyante sous un soleil que le vampire ne craindrait plus, plus de guerre, plus de camp, plus rien si non eux trois enfin peut-être une compagne dragonne pour Shaynar si il le voulait mais pas plus, un monde où ils seraient libres et sans soucis, l'image le fit sourire, la pensée douce comme du miel coulant sur sa conscience d'un monde froid et hautain, étrange... sous ses yeux la neige devint herbes et fleurs, le vent devint brise parfumée et le silence devint une symphonie de joie et de vie sans pareille, il marchait toujours mais sans voir quoi que ce soit de la réalité, perdu dans son songe irréelle, ne cherchant pas à s'en sortir, à peine écoutait il distraitement le vent froid pour trouver un passage sûr... quelque chose changea dans son rêve, une voix lui parvenait, profonde et forte, une voix ressemblant à celle de... il buta et s'arrêta, regardant fixement dans l'horizon de son rêve, par le grand Dracos en personne c'était bien lui, la personne qu'il avait prit comme modèle toute sa vie, pourquoi apparaissait il là ? À moins que... que le paradis qu'il recherchait... se trouvait en dehors du monde... il attérit de nouveau sur l'île et cligna des yeux, hébété et perdu, il s'accrocha à Eliow sans vraiment chercher à comprendre et le suivit, il paraissait subitement de mauvaise humeur, enfin disont d'une mauvaise humeur plus vive qu'avant parce que de toute façon cette île mettait tout le monde dans leur petits soulier et pas besoin d'être une lumière pour le savoir. Il avait envie de retourner dans son petit monde, là au moins Eliow était tout à lui et Shaynar n'avait plus à servir de machine de guerre à un fou furieux, et le fou furieux en question était bien plus gentil là bas, mais puisqu'il n'avait pas le choix autant avancer et faire bonne figure, et si Shaynar avait trouvé les œufs il y avait des chances qu'ils repartent tous très bientôt, l'idée lui donna des ailes et il se mit à avancer plus vite, le plus vite possible histoire de pouvoir arriver à destination dès que possible... et quelle destination !

Un cratère, un vrais ! et... et de la musique, de la vie, du bruit par tout ce qu'il y avait de bon en ce monde il y avait des vibrations dans le cratère, de la musique du feu comme il n'en avait jamais entendu, un rondo pesant et merveilleusement surprenant bien que menaçant et plein de gravité, il le sentait, sentait son âme entrée en expention dans cet environnement, sentait son être répondre au cratère comme il répondait au feu des dragons et à Eliow, non c'était encore plus affolant, il en avait la tête qui tournait, il sentait sa musique se mettre en rythme avec celle du cirque naturel... il se sentait ivre, ivre de cette sensation sublime d'être totalement en accord avec un le lieu, d'être une part du lieu pour un certain temps, il s'arrêta et inspira profondément en sentant ses jambes trembler et il tomba à genoux avant de s'allonger contre le sol, emporté par son ivresse soudaine il ferma les yeux et sombra avec bonheur dans la transe la plus profonde qu'il ai jamais connue, il respirait avec rapidité et vivait le sensation du feu en dessous d'eux comme si c'était ses propres veines... la sensation dura quelques minutes, seulement quelques minutes mais il s'en tira revigoré et plein de vie.

Il rejoignit Eliow en riant « Je peut prédire quand le sol entrera en éruption, c'est fabuleux, absolument fabuleux » et il étreignit le vampire avec joie avant de tourner la tête en entendant Lyroe crier... et son visage s'éclaira lorsqu'elle annonça avoir trouvé les œufs, il se précipita à l'endroit où elle gisait et contempla le spectacle avec tendresse et émerveillement, il avait vu deux de leur pairs dans ces coquilles protectrices mais ressentait avec encore plus de vivacité à quel point ils étaient important, à quel point ils étaient nécessaire et soupira à la fois triste et heureux, heureux de voir un espoir encore plus grand s'élever pour le monde et triste de voir le bout du voyage, si le reste de l'île était inamical pour lui ce petit sanctuaire était un véritable bonheur et tant pis si pour une fois il se montrait égoïste...


Il ne put retenir un sourire à la remarque de Lyroe, elle semblait vraiment si hors de propos par rapport à la guerrière sans peur qu'il connaissait, et en même temps si touchante, dans cette naïveté de jeune elfette qu'elle n'était plus depuis longtemps, il se sentit obligé de tenter de la rassurer, se penchant pour venir se mettre à sa hauteur il posa une main sur son épaule en lui adressant un tendre sourire « Ryle Hira » dit il simplement et la serra un instant contre lui avant de s'approcher des dragons endormit dans les coquilles, un peu apeuré à l'idée de les toucher, priant le Dracos de ne pas être fait pour eux, qu'aucun ne se brise pour lui, il n'était pas fait pour ça... l'œuf bleu était froid sous ses doigts et il le tendit à Lyroe avec un signe de tête puis s'intéressa à l'œuf cuivre, le roulant entre ses mains, réfléchissant, pesant le pour et le contre... et le tendit à Eliow en souriant, il fit de même pour l'œuf argenté et donna le doré et le gris étrange à Lyroe puis il se tourna vers le dernier du lot, le vert et il sourit en le prenant dans ses bras, murmurant un début de chanson avant de se tourner vers ses compagnons.

« Voilà, nous en avons trois chacun, trois pour les elfes et trois pour les vampires, à eux la charge de les faire éclore, je garde celui ci avec moi Eliow si tu n'y voit pas d'inconvénient, le dernier qui m'a été donner de toucher à connu une fin tragique, j'aimerais... j'aimerais être certain que celui ci ne subisse pas le même sort. Maintenant je pense qu'il est temps de repartir, nous avons tous des individus qui nous attendent après tout... »

Il observa le vampire dans les yeux et sourit avec tendresse, caressant l'enveloppe dure du dragon en chantonnant, laissant le reste aux dragonnier.


[Traduction : "Ryle hira" : la vie est ce qu'elle est]

Il avait senti l'inquiétude et le mécontentement de son dragonnier tandis qu'il le rejoignait mais il devait bien avouer que cela lui était passé très loin au dessus de la tête. Il n'avait pas pour habitude de se laisser arrêter par la simple prudence aussi élémentaire soit-elle, que risquait-il ? Il était un dragon ! Il était même l'ainé des dragons, rien que cela... Cette idée le laissait parfois rêveur...
La main du vampire sur ses écailles ne le sorti pas de sa contemplation, les vestiges draconique le laissait complétement abasourdi. Il pouvait ressentir la présence ancestral jusqu'au plus profond de ses entrailles à cet endroit... En remontant à l'extérieur du cratère il pourrait voir la mer et peut-être qu'au delà... Oui peut-être que d'autres dragons vivaient... Peut-être que lui et Cymbor n'étaient pas seuls. La perspective de pouvoir peut-être un jour croiser des dragons sauvage l'emplissait aussi bien de joie que de frayeur. Les sauvages gardaient une authenticité et une puissance bien différente de celle des dragons liés, comme ce serait étrange d'en rencontrer un... Et que se passerait-il alors ? Il ne pouvait le dire.

Il ne pouvait le dire, et ce n'était de toutes façons pas le moment d'y réfléchir ni même de partager ce doux rêve avec son lié. Peut-être l'avait-il senti traverser l'esprit du dragon noir mais eux-deux n'avaient de toutes façons pas le temps d'en parler. Un peu plus loin, le dragon blanc semblait comme fou. Lui si calme d'habitude... Mais Shaynar ne pouvait que le comprendre, lui aussi mourrait d'envie de creuser ce cratère jusqu'au centre de lave afin d'en faire ressortir ses ancêtres, mais c'était impossible... Un élan de tristesse l'envahit soudain et il contacta le blanc :

*Paix, frère. Ils ne sont pas là, ils ont quitté cette ile depuis bien longtemps... Leurs enfants sont leur dernier cadeau. *

Comment le savait-il ? Difficile à dire, sa mémoire ancestrale le lui disait. Il se souvenait tout à coup de cette peine incommensurable qu'avait ressenti les derniers dragons avant de quitter cette ile. Ils avaient laissé leurs œufs dans l'espoir de faire renaitre un jour le peuple ancestral en ce territoire. Où étaient-ils allé ? C'était une chose dont il ne parvenait pas à se souvenir mais ce qui était sur, c'est qu'ils étaient très loin. Ne restait que les œufs...

"Ils sont là."

La chute de l'elfe l'avait laissé indifférent, la maladresse des bipèdes était parfois risible. Mais le cri qui suivit l'interpela, elle les avait trouvé... Mais elle semblait hésiter à vraiment les déterrer.

"Est-on obligé?? Doit-on soumettre ces êtres à la folie des peuples?"

Il lui décocha un premier regard mauvais mais s'adoucit en sentant la fraicheur et la naïveté avec laquelle elle avait parlé, elle n'accusait aucun peuple plus qu'un autre, commençait-elle à apprendre ? Pour la première fois, il s'immisça dans son esprit non sans une certaine réserve et répondit :

*C'est leur destin, les dragons qui furent leurs parents se sont arraché le cœur pour les laisser ici. Ils n'auraient pu faire de plus terrible sacrifice et de plus beau cadeau pour Armanda, ils doivent naitre quelque en soit les conséquences.*

Il se retira, ce premier contact était étrange et Eliow ne pouvait avoir manqué de le sentir à travers leur lien. Il senti confusément que c'était important et que, peut-être, le Dracos l'avait voulu. Un peu secoué par cette idée, il observa le baptistrel qui prenait la direction des événements. Une fois encore cela lui sembla logique et presque décidé à l'avance, marchaient-ils sur leur destin ?

Un calme plein d'acquiescement apparaissait dans ses yeux brillants tandis qu'il observait les bipèdes qui s'emparaient des œufs. Il ignorait ce que tout ceci donnerait mais il serait là pour influer sur les événements si le besoin s'en faisait sentir. Le voile noir de ses ailes se déploya tandis qu'il attendait que Merithyn et Eliow se décident à partir, il prit d'abord contact avec Cymbor :

*Prends garde à toi et à ta liée frère d'écaille, j'ignore ce que nous réserve l'avenir mais il ne nous épargnera pas. Prends soin des œufs et veille à ce qu'aucun briseur de coquille ne s'en approche. Ils sont l'avenir de notre race.*

*Partons...*

Sa dernière pensée télépathique était pour Eliow et Merithyn, il n'accorda pas un autre regard à l'archère qui avait déjà obtenu beaucoup de lui. Déjà, il se tournait vers l'avenir...



HJ : vos derniers rps doivent être des rps de conclusion donc ne vous inquiétez pas si vous faites plus court que d'habitude ^^

Voir Merithyn dans cette étrange transe, presque pris de folie à se rouler dans le volcan, Eliow sentit un petite pointe de jalousie se mêler à la surprise. Oui, jaloux. Jaloux d'un volcan. Jamais l'elfe ne s'était montré si exubérant avec lui, si enjoué d'être à ses côtés, avec lui... Bon d'accord, Eliow n'était peut-être pas aussi chaleureux qu'un volcan, même s'il avait parfois le même caractère imprévisible et explosif. Mais tout de même !

Eliow tenta toutefois de ne pas montrer les vils sentiments qui l'étreignaient soudain, ne voulant pas gâcher 'un des rares moments que l'elfe pouvait s'accorder depuis ces deux dernières années. Années de tension, de mélancolie, de tristesse, d peine même... Certes le vampire n'avait jamais forcé Merithyn en rien, ce dernier les avait suivis de son propre chef, fidèle à cette étrange promesse faite un jour... il y a longtemps... Mais même en se rappelant cela, Eliow ne pouvait s'empêcher de s'en vouloir pour les chaines qui maintenaient Merithyn près de lui. Il se tut donc et continua sa fouille silencieuse et songeuse, observant du coin de l'elfe dans son extatique transe.

Enfin les oeufs furent trouvés. savamment partagés par Merithyn, comme si sa présence en ce lieu avait comme but cette répartition. Une répartition forcément impartial car ni totalement du clan des elfes ni totalement du clan des vampires. Comme un arbitre d'un long combat, l'elfe chanteur entreprit alors de soupeser chaque oeuf de son regard perçant et de les distribuer. Comme si on distribuait des cartes. Ses gestes, ses choix étaient-ils guidés par le Dracos ? Si non, comment seraient-ils sûrs que cet oeuf argenté soit bel et bien destiné aux vampires (ou aux humains ?) et non aux elfes ? Tant de questions se bousculaient alors dans sa tête. Mais tout autant de questions qui resteraient longtemps, si ce n'est à tout jamais, sans réponse, comme souvent avec le Dracos. Maudit soit-il.

Et enfin, l'heure de partir arriva. Partir. De nouveau se séparer. Ni tout à fait amis, ni tout à fait ennemis. Juste dans cette déstabilisante sensation de neutralité des deux côtés. Des retrouvailles qui finalement n'avaient pas été si catastrophiques qu'il s'y était attendu.

Retour au bercail dès lors, avec trois oeufs. Trois avenirs. Trois espoirs ?

Du courage pour avancer, voilà ce qu'il manquait à la jeune elfe depuis ces deux dernières années. L'arrivée de son dragon blanc lui avait donné une nouvelle dimension, une nouvelle façon de voir les choses, de les aborder. Mais celles-ci furent vite brisées par la quête du premier œufs. Lyroë en était ressortie fatiguée, exténuée et plus que tout comme amputée d'une partie d'elle.
Mais ce courage revint en une main posée sur son épaule. En un souffle que lui insuffla son ami de toujours. Un mot, un geste et l'envie de voir vivre en paix Armanda quel qu'en soit le prix vint de loger au creux de son ventre. Elle regarda un instant ses oeufs, symbole de cet espoir.

Ce furent d'autres mots qui continuèrent à lui donner foi en cet acte, des mots qui sonnèrent en elle et l'archère mit un temps à comprendre qu'ils parvenaient du dragon noir. La surprise put se lire sur son visage encore bien jeune malgré ses nombreuses années. Peut-être avait-il raison? Peut être pas, mais en cet instant la jeune femme s'en moqua. Elle l'observait juste avec respect, avant de le quitter des yeux et d'accepter les oeufs que lui donnait Mery. Elle en prendrait soin, le plus grand soin. Elle les laisserait suivre leurs destinée, mais elle ferait en sorte que celle-ci ne soit pas compromise par des mains malveillantes. Cymbor l'aiderait de toute façon. Elle le sentait. Ils étaient quelque part ses frères d'écailles, des êtres à la fois proche et lointains.

Une fois bien installé dans un large sac, protégé comme il se doit; la dragonnière se leva et se rendit près de son lié. Elle grimpa sur le dragon blanc avec une certaine agilité, bien plus à l'aise que lors de ses premiers vols.

"-Que les vents vous portent vers un avenir plus cléments."

Lyroë regarda une dernière fois son ami d'enfance avec un sourire nostalgique.

"- Et que cet avenir qu'on nous a laissé, nous guide vers un temps plus propice au calme. Qui sait peut être nous reverrons nous bientôt."

sur ces mots, l'elfe souffla à son lié qu'ils pouvaient se mettre en route. Un long voyage les attendait.