Ces derniers jours avaient été particulièrement émotifs pour Luna et elle était bien heureuse d’avoir Ombre à ses côtés. Juste par sa présence, elle se sentait rassurée. C’était quelque chose qu’il était capable de faire comme nul autre et avec lui, elle avait l’impression qu’elle pouvait être elle-même et qu’il ne la jugerait pas pour cela. Elle n’avait pas besoin de se faire passer pour une autre, d’avoir des manières parfaites et pouvait s’exprimer librement sans avoir peur de le vexer. Elle aimait cette simplicité qu’elle ne pouvait avoir à la cours de Korentin.

Après plusieurs jours de marche, le duo était enfin sorti de la forêt située au Sud de Gloria. Bien qu’encore loin, la grande cité s’élevait à l’horizon, dans toute sa magnificence avec ses hautes tours ainsi que la grande muraille qui l’entourait. Bientôt, ils y seraient! Pour tout autre voyageur, cette pensée était probablement des plus rassurantes, mais ce n’était pas le cas pour Luna. En effet, elle appréhendait le moment où elle y remettrait les pieds et sans s’en rendre compte, elle s’était arrêtée d’avancer. Elle n’arrivait plus à détourner son regard azuré de la capitale et se mordit la lèvre comme elle avait l’habitude de faire lorsqu’elle était angoissée. Une envie soudaine venait de naître en elle : celle de rebrousser chemin et de s’éloigner le plus loin possible de la cause de son désarroi. Voyez-vous, la Magnifique lui rappelait de mauvais souvenirs et sa réaction ne pouvait étonner l’assassin puisqu’elle lui avait raconté comment son dernier jour à cet endroit s’était passé : une pure horreur. Il s’agissait d’une mission à laquelle elle avait décidé de joindre et qui s’avérait être un piège tendu aux rebelles. Le dernier souvenir qu’elle avait de Gloria était sa capture par Aldakin du Néant, qui signifiait le début de son long calvaire. C’est pourquoi elle appréhendait son retour. Elle savait que c’était bête puisque la présence des Alayiens n’était plus depuis l’Aube Rouge. Malgré tout, ses pensées avaient un malin plaisir à lui faire imaginer le pire et son cœur s’affolait en refusant de croire qu’il n’y avait plus de danger.

Heureusement, la gamine n’était pas seule et ce ne fut qu’après qu’on l’eut rassurée qu’elle franchit les grandes portes de la ville aux côtés d’Ombre. Elle ne pouvait cependant s’empêcher de jeter des regards partout et d’être sur ses gardes, prête à prendre la poudre d’escampette dès qu’il le faudrait, ce qui ne fut pas nécessaire puisque les rues étaient tranquilles et que les Alayiens étaient bel et bien partis. Il allait lui falloir beaucoup de temps avant qu’elle redevienne à l’aise en ces murs.

Quelques instants plus tard, Saemon et elle entraient dans le quartier marchand et arrivaient devant l’auberge dénommée « Le Nid de l’Oiseau ». C’est fou comment cet endroit lui avait manqué et elle se sentit fébrile à l’idée d’y remettre les pieds. Franchissant la porte principale, elle balaya l’endroit de son regard. Plusieurs tables ou autres objets semblaient avoir beaucoup souffert, ce qui était compréhensible puisqu’on l’avait renseignée concernant la décente alayienne, et ils avaient été réparés d’une façon rudimentaire. C’était étrange, mais en même temps, ça n’avait que peu d’importance à ses yeux. Son regard se posa d’abord sur les deux hirondelles ainsi que la corneille qui s’étaient avancées vers eux lorsqu’ils étaient arrivés. La gamine les avait saluées d’un signe de la main.

Ce n’est qu’après quelques secondes que Luna remarqua une tête blonde étrangement familière, une jeune femme tranquillement assise à une chaise à l’écart. L'émerveillement avait teinté son regard, son cœur avait bondi de joie et un large sourire s’était dessiné sur ses lèvres. Juste pour cela, ça valait la peine d'être revenue à Gloria...

- AAAAUUUUPPPHHÉÉÉÉLIIIIIEEE! S’écria-t-elle d’une voix joyeuse.

L’instant d’après, des pas de course martelèrent le plancher de bois et la princesse des Lumières étreignait l’ancienne muette qu’elle avait longtemps cru ne jamais revoir. Elle se blottit contre elle, la serrant dans ses bras et ce, qu’elle le veuille ou non.

Gloria, Ô magnifique et horrible cité-citadelle. Le berceau de son existence, ses chaines, ses racines, sa maison. Il avait terminé sa mission au-delà de ses attentes, et il était de retour avec la plus merveilleuse découverte qu’il aurait pu faire : sa gamine, de nouveau à ses côtés. Un hasard pour lequel il ne se plaindrait pas. Jamais même. Il l’avait cru morte, par le Dracos. Il avait perdu l’espace de deux mois tout ce qui faisait de lui un humain. S’était autrefois une hypothèse de sa part, mais à présent, il avait pu conformer ce fait : malgré le Nid et les oiseaux, jamais l’Assassin ne pouvait se sentir aussi vivant et humain que lorsque la petite blonde était à ses côtés. S’était une forme d’amour qu’il n’avait jamais ressenti pour une autre personne. Jamais, il n’avait eu le cœur aussi léger, le sourire aussi facile, les larmes aussi lourdes… Métaphoriquement, jamais une Ombre ne pouvait être aussi puissante et grande que lorsque cette dernière était alimentée par une pure lumière. Plus grande était la lumière, plus profonde était les ténèbres. C’était un échange mutuelle entre la petite et le grand, l’un apportait la noirceur et le froid, l’autre amenait la chaleur et la lumière. Mais il y avait toujours de la lumière avec les ombres, et vice versa.

Les ombres, la gamine avait eu une dose certaine. Et la colère créé par cette information dans le cœur de l’homme masqué était d’une telle ampleur, c’était tout bonnement insoutenable. Mais le curare contenait ses muscles tremblants, et son inquiétude pour la jeune masquait cette fureur, feux inextinguible qui rongeait ses tripes. Le jour où sa route croiserait celle de ce Monstre, ses flèches voleraient à une vitesse jamais égalé dans la mémoire humain, ou draconique même. Mais ce ne serait pas pour le tuer… Seulement le blesser mortellement. Il laisserait très certainement Luna achever cet être inhumain. Il n’avait pas laissé la gamine chopper le jeune alayien à l’auberge, mais s’était avec raison. Si elle avait à abattre le Serviteur du Néant, ce serait froidement, consciemment. Si elle avait à tuer un Alayien, elle devait montrer à ce dernier qu’elle n’était pas comme eux. Elle ne devait pas blesser par désir, elle ne devait pas tuer douloureusement, elle ne devait pas se rabaisser à torturer comme ceux qui l’Avait impunément fait sur sa personne. Torturer une gamine… Pour cela, l’Ombre ne pardonnerait jamais à cet être, les huit Esprits et le Draco en étaient témoins, Vasa verrait ses disciples tomber devant la colère du Corbeau. On ne touchait pas à sa gamine. On ne touchait pas à son humanité, sans en perdre la vie par mille fois.

Elle avait stoppé en voyant la ville apparaitre à l’horizon. Elle semblait terrorisée. Réaction normal après tout, à bien y penser. Le lieu où la douleur, ou l’horreur avaient assaillit sa vie. Le masqué se retourna vers cette dernière, attirant un croassement de la part de Nox, posé comme à son habitude sur son épaule. Il s’approcha de son élève et posa un genou au sol, ainsi qu’une main sur son épaule, un sourire désolé sur le visage.

-Le Néant n’est plus. Et je suis là, gamine. N’ai pas peur, avec moi, jamais on ne touchera à une seule mèche de tes cheveux, tu le sais n’est-ce pas? Allons-nous reposer au Nid, tu verras, jamais un lit n’aura été aussi confortable… Et si jamais les cauchemars t’assaillent, je serai là pour les chasser gamine… Aller, il nous reste encore un bout de chemin à faire…

C’est ainsi qu’ils arrivèrent devant le haut bâtiment à l’Apparence meurtrie. Plante décorative morte et mal entretenue, entrée sale, trainée séché à l’entrée du bâtiment, sur le sol, comme si des corps avaient été trainés à l’extérieur, chose qui avait dut être le cas. La porte avait changé, probablement acheté par l'un des oiseaux après la descentes... C'est du moins ce qu'il se dit lorsqu’il la poussa un air grave su son visage. Aussitôt, Dies, sa chienne couleur or s’engouffra à l’intérieur, freinant net devant Catherine, curieuse devant tant de nouvelle personne rencontrées. Nox, quant à lui, vola en ligne droite vers le coin de la pièce, bruyant comme jamais, pareil à Luna, alors que cette dernière venait d’apercevoir Auphélie, assit devant le foyer. La scène était comique, et plutôt touchante, à bien y penser. Luna qui enlaçait la muette, et Nox qui tentait de se frayer une place entre les deux femmes. Drôles d’oiseau… Saemon soupira en entrant dans son commerce, désolé devant pareil état du Nid. Du ménage avait été fait, mais l’Ombre ne pouvait pas passer outre le sang séché au sol, les meubles mal réparer et les mines affreuses de ses employées. Surtout Catherine et Gabrielle… La première avait perdu son frère, Mathias, et la seconde avait perdu son aimé, Salem… Tristement, brutalement, violemment. Seule Jana semblait encore solide, bien que les cernes sur son visage trahissaient des nuits sans sommeil.

Il étreignit à tour de rôle ses trois oiseaux, faisant du coup éclater la Noirâtre en sanglot. Il lui frotta doucement le dos, glissant, compatissant;

-Ça va aller… Crois-moi… Mathias sera vengé… Par mille fois, je te le jure…

Il leva ses yeux en direction de Gabrielle, les bras croisé, des larmes coulant lentement sur ses joues.

-Et Salem aussi… On ne touche pas à Mes oiseaux sans en payer le prix fort. Ils ont déjà payé par dix fois, mais ce n’est la que le début.

Il avait parlé d’une voix basse et posé, mais la rage pouvait être facilement perçue, vibrant derrière ses mots. Il laissa les femmes, distraite par une dose d’amour énorme de la part sa compagne canine. Il en profita pour se diriger vers la gamine et la dame pâle. Il ne pouvait cacher son sourire, il était sérieusement heureux de la voir ainsi, en santé, bien vivante et bien présente. Peut-être que cela allait surprendre la Colombe, ou non, mais l’Ombre la serra brièvement contre lui, juste assez longtemps pour la sentir, bien vivante contre lui, puis il la libéra de son emprise. Il n’était pas très près de cette femme, mais il tenait à tous ses oiseaux, et Auphélie ne faisait pas exception à cette règle.

-Je suis heureux de vous voir en pleine santé, mademoiselle Auphélie. Vous m’avez fait une peur noire de partir ainsi seule, en blessée en plus. Êtes-vous revenu à l’Auberge depuis bien longtemps dites-moi?

Une question simple pour la muette, ayant pris l’habitude à son silence, et à modéliser ses phrases en conséquent.

Le bruit ne cessait d'augmenter et ce qu'elle remarquait parmi les sons, c'était que les trois femmes ne cessaient de jacasser. Sauf que rapidement, malgré qu'elle tentait de garder son attention rivée sur les chiffres -soit le dessin-, la tavernière réalisa que le vacarme provenait de Luna. Elle se leva alors que la blondinette commença à courir vers elle, criant son nom.

Elle resta silencieuse alors que la gamine s'approchait rapidement d'elle et lui rendit l'étreinte sans hésitation, serrant aussi son amie dans ses bras. Oui, son amie. Les deux demoiselles avaient passé tant de temps ensemble, qu'elles étaient aux yeux de Phé ce qui était le plus proche d'une amie. " Luna. ", laissa-t-elle tomber, simplement et avec délicatesse. Sa voix, elle savait qu'elle ne l'avait jamais entendue. Elle l'avait caché aux oiseaux. Elle n'avait pas eu le choix. Elle l'avait promis après tout. Mais cela ne l'avait pas empêché de pratiquer durant la nuit à prononcer le prénom de la petite.

Elle était heureuse d'entendre le nom franchir ses lèvres, cette fois en sachant qu'elle l'entendrait. Elle se sépara ensuite de la jeune fille. Non pas qu'elle voulait cesser le câlin. En fait, elle était en paix dans les bras de la petite, en quelque sorte, mais elle savait qu'elle ne pouvait rester ainsi. Elle cessa donc l'enlacement en usant de son bras gauche pour tendre la main afin que Nox s'y pose. Grattant la tête du corbeau, elle lui dit l'honneur de l'interpeller aussi, car oui, elle avait même pris le temps de pratiquer le prénom de l'animal. " Nox ", murmura-t-elle en flattant bien la petite bête. Son ton était encore une fois plein d'affection.

Finalement, ce fut le temps de l'assassin de s'approcher de la tavernière, toujours debout. " Om... ", commença-t-elle, s'apprêtant à nommer Saemon lorsque ce dernier l'entoura de ses bras, coupant court à ses paroles. Effectivement, celle-là, l'ancienne muette ne l'avait pas vu venir. " Euh... Je... ", ajouta-t-elle maladroitement, cherchant ses mots, visiblement encore sous la surprise des actions du chasseur.

" Une chose à la fois, Ombre. ", dit-elle d'un ton calme et posé, en profitant pour y glisser le surnom de l'humain, ignorant son prénom. Elle tira sa chaise et s'y réinstalla tout en continuant de parler avec ses deux compagnons. " Prenez-vous une chaise. ", fit-elle en pointant un peu plus loin. Puis, elle fit un signe aux trois dames qui regardaient à distance. " Toi. L'hirondelle. ", dit-elle sèchement, ce qui ne manquait pas de détonner avec les prénoms de plus tôt. " Deux chopes et la bouteille. ", ajouta-t-elle aussi détachée, laissant bien comprendre qu'un froid s'était installé entre les quatre dames.

Ceci dit, l'employée s'exécuta et s'empressa d'apporter les demandes alors que Phé déplaça ses plumes, son encrier et les feuilles sur la table. " Je suis revenue il y a une semaine. ", répondit-elle d'abord, tout en continuant de faire de la place sur la table. Ce n'était pas le compte juste de jours, mais c'était très près. Elle ne fit pas de commentaires quant à son état et à la peur qu'elle avait faite à l'assassin, elle n'en avait pas envie. Elle avait réussi à mettre de côté ses nervosités de la journée, nul besoin d'en ajouter.

" Autone va bien? ", enchaîna-t-elle, démontrant qu'elle avait maintenant une aise à discuter, ses mots se suivant sans accrocs. Tout en discutant, elle versa un généreux verre à Sae -puis lui tendit- ainsi qu'un petit verre pour Luna, qu'elle lui tendit aussi, de façon tout à fait naturelle. Elle en profita pour remplir le sien aussi, avant de déposer la bouteille de rhum sur la table. Opaque, il était difficile de déterminer exactement quel en était le niveau, mais au son, il était sur qu'elle était bien commencée.

" Et vous aussi, vous allez bien? ", ajouta-t-elle, prenant une première gorgée depuis l'arrivée de ses deux comparses. Le liquide traversa ses lèvres sans réaction sur le visage de la colombe -aux traits tendus par le stress et la fatigue- et ce, malgré le goût prononcé du breuvage ambré. Elle soupira doucement, heureuse qu'ils soient là.

Luna serrait la jeune femme dans ses bras, aussi fortement qu’elle le pouvait, ce qui ne correspondait pas à grand-chose en fait. Après tout, elle était loin d’être la plus forte et même si elle aurait voulu lui faire mal ainsi, elle n’y serait probablement pas parvenue étant donné sa faible stature. À cela, il fallait également mentionner que la gamine était très fatiguée, ce qui s’expliquait facilement par son long voyage éreintant, son manque de sommeil et par le fait qu’elle avait peu mangé ces derniers temps. Mais qu’est-ce qu’elle se sentait bien blottie dans les bras d’Auphélie. Si c’était juste d’elle, elle resterait ainsi indéfiniment. Elle aimait beaucoup la tavernière et le temps passé ensemble à lire – enfin, c’est Luna seulement qui lisait -, à écrire et à dessiner les avait rapprochées. Elle était rassurée de la savoir en vie et remerciait le Dracos que tous ses cauchemars n’étaient pas la réalité. C’était triste pour les pauvres gens qui étaient tombés sous la main du Prêcheur, mais d’une certaine façon, la gamine était soulagée qu’il n’ait pas attrapé ses amis. Était-elle égoïste pour autant?

Luna redressa la tête en entendant son nom prononcé par une voix douce et féminine. Fixant la jeune femme, ses yeux s’écarquillèrent et l’émerveillement teinta ses prunelles tandis qu’elle réalisait que ce n’était pas le fruit de son imagination. Un large sourire se dessina sur ses lèvres. Elle parlait! Mais comment était-ce possible? Elle comptait bien lui poser la question, car elle ne croyait pas qu’elle avait joué la comédie durant tout ce temps. L’histoire du comment une muette retrouve la parole devait être des plus intéressantes! Elle avait déjà hâte de l’entendre.

- Auphélie! Mais tu parles?! S’exclama-t-elle. Mais qu’est-ce que j’aime ta voix! Ajouta-t-elle d’une voix des plus joyeuses. Mais comment...?

La protégée de Korentin se redressa finalement, libérant ainsi la jeune femme, et s’installa sur une chaise à ses côtés lorsque cette dernière l’y invita. Elle resta suspendue à ses lèvres, écoutant chaque mot qu’elle prononçait et surprise de voir comment elle arrivait à bien les prononcer. Durant la conversation entre Saemon et elle, Luna resta silencieuse et les écouta parler. Elle n’avait rien à ajouter de toute façon, surtout lorsqu’elle demanda comment allait Autone. C’était une information qui l’intéressait également. Elle se réjouissait de savoir que celle-ci n’avait pas été tuée par Aldakin, mais elle voulait en savoir davantage.

Un rire éclata entre les deux dames tandis que la troisième, celle qui avait apporté la bouteille à Auphélie, retournait vers elles. La gamine porta son attention sur elles tout en se questionnant sur ce qu’il pouvait y avoir de drôle. À voir la tête de la troisième, c’était définitivement d’elle qu’elles se moquaient. Elle posa ses poings sur ses hanches, les intima d’arrêter et ajouta qu’elle ne comptait pas perdre la prochaine fois. Le temps de cette distraction, une petite chope venait de se poser devant elle et elle reporta son attention sur Auphélie lorsque celle-ci parla à nouveau.

- Il s’est passé tellement de choses…! Tu peux pas t’imaginer. Mais ça va. Prononça-t-elle sur un ton las. Ça va aller maintenant. Ajouta-t-elle d’une voix plus positive, souriant afin d’éviter de l’inquiéter inutilement.

Ensuite, la jeune fille prit le verre entre ses mains et remercia la tavernière de le lui avoir servi. C’était une bonne idée. Elle n’avait pas réalisé à quel point elle avait soif et un peu d’eau, car c’est ce qu’elle croyait qu’il y avait dans le contenant, lui ferait le plus grand bien. Sans faire le moindrement attention, elle porta la chope à ses lèvres et bue rapidement une énorme gorgée. Le liquide alcoolisé descendit le long de son œsophage et les vapeurs lui montèrent au nez. Sa gorge se contracta et elle se mit à tousser. Sa main fouilla dans son sac et elle bue de son outre qu’elle ressortit afin d’apaiser sa gorge.

- Ah! Mais qu’est-ce que c’est que ça…?! Demanda-t-elle entre deux quintes de doux. Vous buvez vraiment ça? Ajouta-t-elle.

Le goût et les vapeurs l’avaient surprise. Rien d’étonnant lorsqu’on s’attend à de l’eau. Le gloussement des trois femmes s’éleva dans la pièce, probablement engendré par la réaction de la gamine face à l’alcool. Elle tenta de les ignorer du mieux qu’elle le pouvait, mais elle n’avait qu’une envie : qu’elles se taisent.

Il fallait lui donner une chance et être compréhensif avec l’adolescente, c’était après tout sa première fois qu’elle en buvait. Elle reporta son attention vers le verre et le regarda d'un air intrigué pendant quelques secondes. Finalement, elle le ramena à ses lèvres afin d'y goûter à nouveau, mais beaucoup plus lentement cette fois-ci.

L’assassin figea net après avoir entendu la réponse d’Auphélie. Effectivement, « entendre » Auphélie n’était pas chose commune. Ou chose ordinaire… Ou Normal… Ou encore supposé arriver dans l’univers actuellement. Or, c’était le cas, fait troublant. Enfin, une personne qui parle, c’était banale, mais dans le cas d’une muette, cela relevait du miracle, et miracle il devait y avoir lieu. Bien évidemment, sur le moment, il se sentit bête d’être ainsi sans mot, hébété et prit de court. Luna réussit quant à elle à briser cette stupeur dans une exclamation surprise forte et sincère. L’assassin n’avait toujours pas bougé. La fatigue était bien présente et lui travaillait l’esprit conséquemment, ce qui ne l’aidait pas à récupérer de la surprise. Il sursauta presque lorsque la pâle commanda des verres à Catherine. D’accords, il était légèrement absent… Songeur comme toujours, inquiet face à tout ce que Luna lui avait raconté. Le Néant était plus monstrueux que jamais, et le feu qui lui brulait les trippe n’avait jamais été aussi puissant de toute sa vie. Mais il n’était qu’un homme las de marcher sur le moment…

-Je… Ahem… Autone allait bien… Aux dernières nouvelles bien sûr. Cela fait environs un mois que je ne l’ai pas vu, voir un peu plus.

Convaincus par ses propres réflexions qu’un verre lui ferait du bien, il tendit la main en direction de la Colombe afin de cueillir le récipient. Sans hésitation, il fit descendre le liquide dans sa gorge, vidant expressément plus de la moitié de la chope sans même cligner des yeux en réaction au feu qui roulait sur sa langue et son palais.

-Je l’ai trouvée blessé par l’un des pièges qui protégeait mon repère… Je me suis occupée de soigner sa blessure…Elle est restée près d'un mois avec moi à mon repère, puis elle est partie.

Un croassement se leva en direction d’Auphélie. Nox… Toujours aussi possessif et désireux d’Affection. La seule chose qu’il avait de plus grand que ses yeux de biches et son cœur surdimensionné, c’était sa curiosité. Il s’envola brièvement afin de venir se poser sur l’épaule droite de l’Ombre, alors que ce dernier venait tout juste de prendre siège près de son employée et de la gamine. Il « fronça les sourcils » lorsqu’il vit Luna prendre le verre, mais ne fit rien pour l’en empêché, lança plutôt un regard interrogatif à Auphélie. Savait-elle non seulement que Luna ne buvait pas? Il ne peut s’empêcher de rire en voyant la réaction de la petite face à l’alcool… Logique, une gamine n’appréciait pas le gout fort de la boisson alcoolisé, du moins, pas autant que l’assassin l’appréciait. Au début, il avait été du genre à boire du vin pour le plaisir, puis l’évènement du vampire avait coupé court à ces petites soirées tranquilles. IL n’avait rien but pendant près d’un an avant de recommencer, sauvagement cette fois, non par simple désir, mais par besoin. D’abords pour oublier les geôles, puis pour calmer son totem déficient, et ultimement, pour se terrer en lui-même, incapable de s’affirmer, coincé dans une situation qu’il ne comprenait lui-même pas. Cette simple pensée réussit à entamé une seconde levé de coude, qui se termina de bonne grâce contre la bouche de l’Ombre fatigué. Il venait de descendre un verre en moins d’une minute… Il allait y gouter sous peu sans doute… L’alcool était traitre après tout…

-Donc, si vous me permets de te le demander : Ou êtes vous donc allé pendant tout ce temps? Pour en plus être revenu avec une voix des plus charmante?...

L’assassin ne croyait pas qu’Auphélie lui ai caché quelque chose du genre… Il ne voyait pas la raison pour laquelle une jeune femme s’incommoderait volontaire avec un handicape du genre. Elle n’avait rien à y gagner logiquement. L’Ombre se pencha vers l’avant et alla cueillir la bouteille afin de remplir son verre déjà aussi vide que la tête des servants de Néant.

-De mon côté, si vous ne l’avez pas encore remarqué, j’ai aussi retrouvé ma voix… A croire que maintenant, on peut en acheter au marché…

Il eut un petit rictus, bref et saccadé. Il ne comptait pas tourner la conversation vers lui, mais il tenait tout de même à marquer ce fait. Il tourna son attention vers la petite, qui continuait de boire malgré son dégout premier.

-La première fois que tu bois Luna, c’est un coup de fouet sur la langue, mais après, plus ça va, et plus l’alcool devient doux… Fait attention par contre, les effets arrivent toujours à retardement… Et j’aimerais que tu ne finisses pas la soirée à vomir…

Sur ces mots, l’Ombre ne joint pas les mots à la parole alors qu’il but encore une fois plus que sa part. Il n’avait pas vidé son verre, mais les gorgées s’étaient succédé. Il sentait l’engourdissement tant désiré commencer à naitre dans sa tête. Il se cala un peu plus dans sa chaise, la tête tourné vers La Colombe et la Gamine. Elles étaient encore toutes deux biens là, vivantes, présentes… N’était-ce pas une bonne chose? Oui, sans aucune doute… Néanmoins, l’Ombre ne réussissait pas à s’en réjouir autant qu’il le devrait. Il se sentait vide à l’intérieur, sans pouvoir exactement expliquer pourquoi.

Comment parlait-elle, c'était une question qu'elle savait qu'elle devrait répondre. Et c'était compliqué pour la jeune femme. Elle ne voulait pas leur dire la vérité -elle les avait mis en danger en quelque sorte- mais elle ne voulait surtout pas leur mentir. Pas à eux, et surtout pas à Luna. Et c'est lorsqu'Auphélie voulut répondre que Saemon l'enlaça, forçant toute réponse à la période de questions -chargée- qui suivrait.

" Alors, commençons par ma voix... ", dit en premier la colombe, prenant une courte gorgée. " La magie... J'ai rencontré un Baptistrel et il m'a soignée. Je ne savais pas que c'était possible. ", expliqua-t-elle, prenant bien soin de ne jamais nommer Merithyn. Elle expliqua brièvement ce qui c'était passé, mais laissa, encore une fois, un détail hors de son histoire; la date. Elle ne voulait pas leur avouer qu'elle s'était faite soignée il y a si longtemps.

Ensuite, l'ombre lui expliqua qu'Autone allait bien et elle en fut soulagée. Après tout, la tavernière ignorait toujours que leur fuite n'était pas sa faute, qu'elle n'avait rien fait pour qu'elles méritent ce traitement -et que c'était au final la faute de la gamine qu'elle aimait tant-. Et donc, savoir que le rossignol se portait bien la calma un peu. Elle prit une autre gorgée. Elle était déjà assez engourdie par le rhum, bien que sa résistance naturelle -par habitude- l'aidait à camoufler la situation à ses comparses. Ceci dit, sa concentration n'était pas sans pareille en ce moment et elle ne porta pas attention au regard que lui lança le mercenaire.

" Ça va aller maintenant ", répéta l'ancienne muette à l'égard de Luna, connaissait que trop bien l'expression de la petite demoiselle. Phé n'était pas étrangère aux sourires faux pour rassurés et ce n'était pas quelque chose qu'elle avait vu la gamine faire dans le passé, pas en sa présence. Elle se doutait qu'au final, elle avait dû avoir elle aussi son lot d'évènements. Alors, elle lui redit ses mots, espérant que les entendre d'une autre bouche l'aiderait à se calmer. Ça et l'alcool. Elle finit d'ailleurs son verre -qu'elle s'empressa d'emplir à nouveau-.

Où avait-elle été? Enfin une question simple à laquelle elle n'avait rien à cacher, alors elle s'exprima clairement, sans aucune hésitation. " J'ai été avec des réfugiés d'Althaïa, puis ensuite en Althaïa. " C'était court et précis, rien de plus à ajouter. Elle jeta un regard sur Luna, sachant qu'elle l'avait manqué. Elle y serait restée plus longtemps, mais avait dû suivre la colonne impériale et leur date de départ n'était pas le genre de chose qu'on négociait.

Peut-être était-ce la rapidité avec laquelle Ombre s'abreuvait, mais la colombe remarqua qu'elle avait elle aussi augmenté la cadence quant à la quantité de verre qu'elle ingurgiterait, comme si il l'encourageait en quelque sorte. Après tout, cette première semaine seule au nid avait été difficile, n'ayant comme compagnie que les dames qu'elle n'appréciait pas, dames qui avaient quitté plus tôt à son grand bonheur. Auphé savait qu'elles ne seraient pas bien loin, elles ne l'étaient jamais, mais au moins elles avaient quitté son champ de vision et d'audition.

À la remarque de l'homme sur ses propres capacités vocales, la demoiselle fit un signe de la tête, accompagné du même du genre rictus, avant de prendre une gorgée à son honneur. Si elle n'était pas la plus douée pour interagir concrètement avec les gens, elle savait tout de même lire certains sentiments et elle comprenait à ses gestes que Saemon ne désirait pas qu'ils en parlent plus. Du moins, ce fut son impression. Et le fait qu'il n'insista pas lui confirma qu'elle ne devait pas avoir tort.

Et ce fut à cet instant que Luna s'étouffa, ce qui lui valu un court rire de la part de la blonde. Elle réalisa que la petite n'avait probablement pas bu avant... Mais il était trop tard. Et puis, ça lui ferait du bien. Encore une fois, elle ne répondit que par un signe de la tête, afin d'appuyer les dires d'Ombre; la première gorgée, s'était la pire. Et vu la première gorgée que la gamine avait prise, elle serait rapidement relaxée.

Elle laissa l'homme la mettre en garde contre les conséquences des beuveries, mais n'en dit rien. Auphélie se dit, tout de même, que si jamais Luna en arrivait là en fin de soirée, elle prendrait soin d'elle du mieux qu'elle le pourrait. Elle se dit ceci, tout en remplissant son verre et celui de la petite, comme si de rien n'était.


Ils burent ainsi, discutant, pendant une petite heure. Ils burent assez qu'il fallut rappeler les ennuyantes dames pour qu'elles apportent une autre bouteille... deux même, bien que la seconde venait d'être ouverte. Le liquide portait ses fruits, l'ambiance se détendait et du moins pour les deux femmes, les rires s'élevaient sans raison apparente. La soirée allait de bon train.

" Oh, et ton cheval! ", ajouta la demoiselle dans une discussion décousue qu'elle tentait d'avoir avec la gamine. " Mais il est stupide non? ", trancha-t-elle, tout en s'esclaffant. " Un vrai homme..! Il obéit à son estomac. ", blagua-t-elle ensuite, regardant Saemon, une grimace moqueuse sur le visage dont les traits s'étaient détendus.

Et d'autres rires, et plus d'alcool, et d'autres rires, et plus d'alcool...



( Alfy! Comme convenu, tu peux arriver. J'te laisse décrire ton entrée, mais sais que si tu cognes à la porte, les trois dames te dirigeront à nous. Pour mon perso, je sais que si elle te voit, elle t'invitera à t'asseoir, sans hésiter et te servira un verre. )

Ah ce que il avait envie de se changer les idées ces temps-ci, il y avait bien peu de choses réjouissantes dans la vie d'Alford en ce moment, et toute occasion de passer du bon temps que ce soit en compagnie d'un ami (il en a peu surtout maintenant), ou bien à se beurrer la gueule n'était pas pour lui déplaire… Sérieusement les choses ne pourraient pas être plus compliqués pour lui que ces temps-ci, mais bon au final il y avait encore moyen de passer un peu de bon temps, et puis son travail n'était pas particulièrement épuisant, même si des plus déplaisants sérieusement, le seul avantage par contre c'est qu'il avait le droit de se servir gratuitement à la main sur les étals de marchand de nourriture. Privilège de bourreau disons…

Bon du coup il faisait quoi aujourd'hui ? Il n'en savait rien il avait juste envie de dormir, ou de ne rien faire, aller chez-lui ? Il ne pas savait, aujourd'hui c'était journée de repos, pas d’exécution de prévue, et donc personne n'irait l'enquiquiner, et sincèrement il préférait cent fois sa maison du quartier pauvre si on lui demandait son avis que son logement au palais, disons que c'était à la fois plus confortable, et familier pour lui…

Il y passa donc une bonne partie de sa journée puis au final il décida d'aller ailleurs, un nom en tête… "le nid de l'oiseau", sans doute qu'Auphélie ne serait pas mécontente de lui tenir compagnie pensa t-il, il proposerait peut-être son aide d'ailleurs à cette dernière. Il n'avait pas encore vu le corbeau revenir, mais il savait qu'Auphélie était bien au nid, et la compagnie de cette dernière lui était très plaisante, qui sait ? Avec un peu de chance le propriétaire de l'endroit reviendrait, mais dans tout les cas Gorder passait souvent jeter un coup d’œil quand il en avait le temps pour voir si tout aller bien.

C'est donc comme cela qu'il arriva au nid de l'oiseau, il frappa à la porte, les employés vinrent lui ouvrir bien entendu. Après quelques échanges de politesses, et de paroles aimables Alford leurs demanda où se trouver Auphélie, les employés lui indiquèrent où il devait aller voir. Alford avant d'y aller demanda si on pouvait lui passer une bouteille d'absinthe au passage, une fois-ceci fait il y alla, il avait envie d'un peu boire aujourd'hui, ça faisait du bien après tout.

Il rentra donc dans la pièce où se trouvait tout le beau monde, et commença calmement.

« Auphé…. » Il se stoppa immédiatement en voyant le reste des personnes présentes autour, une jeune femme qu'il n'avait jamais vu auparavant, mais qui devait être une connaissance du corbeau, et d'Auphélie, et cette dernière, et le corbeau.

« Vous tous ! Bon sang que ça fait du bien de te revoir le corbeau ! » Dit-il calmement en allant prendre virilement ce dernier dans ses bras. « Comment vsa-tu ? Cela fais longtemps qu'on s'est pas vu mon ami, mais content de voir que tu es encore vivant. » Dit-il aimable, puis il alla par la suite voir Auphélié à qui il fit une étreinte. « Et bonjour à toi aussi, je vois que tu es en très bonne compagnie, d'une pierre deux coup sachant que j'étais venu te voir. » Puis il se dirigea vers la jeune femme à qui il tendit la main calmement. « Ravie de faire ta connaissance petite, je ne sais pas à qui j'ai l'honneur, mais les amis du corbeau, et d'Auphélie sont mes amis on va dire. » Puis Alford s'adressa ensuite à tout le monde.

« Qu'est-ce que vous faisiez d'ailleurs avant que je vienne vous interrompre ? » Demanda t-il calmement, il vit tout les verres, et bouteilles, et particulièrement celles pas loin de la jeune femme…

« Je sais pas si c'est une bonne idée de boire à son âge, mais bon on va dire que vu qu'elle a bu pas possible de faire machine arrière... » Conclut-il en haussant les épaules avant de brandir sa bouteille d'absinthe.

« Et sinon j'ai envie de boire jusqu’à plus soif. Vous permettez que je me joigne à vous ?!? » Et pour la suite disons que l'alcool délierait sans doute sans grande difficulté les langues…

« Et pendant que je bois vous pourriez me présenter mademoiselle... » Dit-il calmement en regardant Luna avant de conclureà l'adresse de Tidus. « Et toi le corbeau je m'attend à ce que tu me raconte ce que tu as foutu pendant les derniers mois. Pour ma part ça a été aussi anarchique que la bataille de Feusacré bon sang ! » Dit-il curieux, et un peu fatigué par son train de vie ces derniers temps.

Luna était joyeuse. Il faisait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie comme cela. Comme par magie, ses soucis s’étaient envolés, ses muscles s’étaient détendus et elle ne pensait plus à ce qui pouvait l’attendre à l’avenir. Elle avait le sourire aux lèvres, écoutait ce que disait ses amis et avait facilement le fou rire. Il faisait longtemps qu’elle ne s’était pas sentie aussi bien et elle avait simplement l'envie de fêter : fêter ses retrouvailles avec Saemon, fêter ses retrouvailles avec Auphélie, fêter leur retour au Nid de l’Oiseau qui semblait être en bon état malgré l’attaque alayienne, fêter le fait qu’Autone allait bien, fêter le fait que la colombe et le corbeau avait retrouvé leur voix et fêter que ça allait bien aller maintenant. C’est ce qu’avait dit la Voix d’Or et elle avait réussi à rassurer la gamine avec ces simples mots, car c’est ce qu’elle avait voulu entendre. Il s’était passé des horribles choses et elle espérait que cet épisode de sa vie allait se terminer et qu’elle allait pouvoir tourner la page sur quelque chose de plus joyeux. Assise ainsi avec Auphélie et Ombre, un verre de rhum dans la main, elle commençait à y croire réellement.

Ah! Qu’est-ce que la magie, ou devrait-on plutôt dire l’alcool, opérait bien chez la petite Lune. La première gorgée, beaucoup trop grosse, avait été difficile et elle avait détesté le goût. Mais influencée par les adultes, elle avait continué de boire et le goût amer s’était estompé peu à peu. Elle vida toutefois son verre beaucoup plus lentement que les deux autres et le temps qu’elle le finisse, ils s’étaient resservis au moins deux fois. Des plus attentionnées, la jolie blonde s’était assurée qu’il y avait toujours de l’alcool dans le verre de Luna. C’est ainsi que la gamine continua de boire et les effets commencèrent à apparaître sans qu’elle ne s’en rende compte elle-même. D’abord, ses pommettes avaient rougi et bien que la soirée était devenue fraîche, elle n’avait pas du tout froid. Ensuite, sa fatigue s’était dissipée et elle n’avait plus l’impression d’avoir parcouru d‘innombrables kilomètres à pieds avant son arrivée à Gloria. Puis, l’alcool avait affecté son humeur. Tout bonnement joyeuse, elle souriait à tout et à rien et ne manquait pas l’occasion de ricaner à une blague, aussi mauvaise soit-elle.

- BIIILLLYYY! S’était-elle écriée sans retenue lorsqu’Auphélie avait mentionné que c’était elle qui avait pris soin de son cheval.

La nouvelle l’enchanta et savoir que son cheval était toujours en vie lui fit le plus grand plaisir. Elle s’était fait du souci concernant cette petite bête qu’elle aimait tant et s’était demandée ce qu’il était advenu de lui après qu’elle fut obligée de s’en séparer. Elle était bien contente qu’il ait pu être utile à la jeune femme.

- Oh! Mais tu exagères quand même! Billy est adoooorable avec ses petites taches blanches, il est tout gentil, tout mignon, tout docile. Bon… d’accord. Il est aussi têtu qu’une tête de mûle quand il veut, mais n’empêche… Il est pas si stupide que ça! Tu dois juste pas avoir le tour avec lui…! Mais c’est vrai qu’il n’obéit qu’à son estomac! Ah! Ah! Il ferait tout pour avoir une pomme! Tu savais qu'il adorait les pommes?

La discussion s’était poursuivie un moment à propos de Billy et elle n’avait pas pu s’empêcher de rigoler à chaque blague à son égard. Ainsi, elle avait appris qu’il reposait dans l’étable annexée à l’auberge et elle comptait bien aller le voir un peu plus tard.

Le temps avait passé rapidement sans que Luna ne s’en aperçoive et elle se retourna lorsqu’elle entendit une voix masculine derrière elle. Posant son regard sur le nouvel arrivant, elle l’observa un moment et elle fixa longuement son œil qui louchait. Ce ne fut qu’après un moment pouvant être considéré comme étant impoli que son cerveau ralenti lui rappela les bonnes manières et elle lui fit un sourire gêné avant de détourner son attention. Il se joignit au groupe et salua amicalement Saemon et Auphélie. Était-ce parce qu’ils le connaissaient et qu'il devait déjà être passé à l'auberge qu’elle avait cette impression de l’avoir déjà vu? Pourtant, elle n’arrivait pas à placer un nom sur son visage. Pendant leurs échanges, la jeune fille resta bien silencieuse, cherchant en vain pourquoi il lui disait quelque chose, jusqu’à ce que le mercenaire lui adresse la parole.

- Hey! Je suis pas petite! Riposta-t-elle en premier. Mais sa moue frustrée se transforma aussitôt en sourire et elle partit à ricaner. Elle lui serra fermement la main. Enchantée de faire votre connaissance! Appelez-moi Luna. Dit-elle d’une voix joyeuse.

Le ragoût qui chauffait commençait à sentir bon dans l’auberge et lui donnait l’eau à la bouche. Laissant les adultes parler et répondre aux questions de l’homme de fer, elle se leva. Elle dût cependant maintenir son équilibre à l’aide du dos de la chaise. Mais non, qu’est-ce que vous dites, elle n’était pas du tout sous l’effet de l’alcool! Elle se dirigea ensuite d’un pas chancelant vers la cuisine et voulut remplir des bols du ragoût qu’Auphélie avait préparé. Bien heureusement, la surnommée Corneille la vit et vint à son aide. Elle apporta même les bols et les ustensils qu’elle déposa sur la table devant chaque personne. La seule chose que Luna eut à faire fut d’apporter le pain et ça ne parut pas être une tâche facile. Une fois près d’eux, elle posa sa main droite, celle qui manquait deux doigts, sur l’épaule gauche d’Alford afin de garder son équilibre tout en plaçant la miche sur la table.

- J'espère que tout le monde a faim! Ça sent tellement bon! dit-elle en même temps. La main toujours posée sur l'homme, elle se retourna vers lui. D’ailleurs, tu ne m’as pas dit comment tu t’appelais Papillon. Ajouta-t-elle, lui souriant.

Normalement, l’Ombre aurait questionné Auphélie à propos du Baptistrel et ce, de long en large, sans exclure le moindre détail, mais sur le moment, au plus profond de son être, il n’en avait tout simplement rien à battre. L’alcool était en cause, mais pas encore assez à son gout… Sa vie était un chaos inconditionnel et sur le moment l’alcool semblait être une solution très salutaire. Il continua donc de boire sans vraiment compter les verres, laissant son esprit vogué sur une mer alcoolisé et turbulente.
____

Il ne s’éminça pas vraiment dans les discutions entre Auphélie et la gamine, préférant d’avantage se perdre dans ses pensées, oscillant entre une sorte d’Allégresse et une tristesse à l’origine inconnu. L’assassin avait une constitution très respectable, et l’alcool prenait un temps fou à atteindre son plein potentiel. Le sentiment de légèreté venait rapidement, mais le reste arrivait plus tardivement. Bien qu’il ajoutait son mot à quelque rare occasion, il restait généralement de côté encadré par son oiseau et son chien. Enfin, il resta dans cet état jusqu’à ce qu’Alford débarque, prenant le Corbeau par surprise. Peut-être était-ce l’alcool, mais l’Ombre participa avec force à l’accolade.

-Hey bien, salut le grand! Content de te voir en un seul morceau!

Une information manquait forcément à l’assassin, puisque Alford semblait connaitre Auphélie, chose que le rôdeur ignorait. Mais encore une fois, comme avec le baptistrel, il n’en avait rien à faire.

-On se rince la tronche, comme si c’est pas assez clair…

Il rit, même si au fond, il se dit qu’il n’aurait peut-être pas dut de saouler à ce point.

-Bah, même si tu ne voulais pas qu’elle boit, il est pas mal trop tard! Mais bon, dans son cas, c’est une célébration! Cette gamine est devenue une femme!...

Bon, une femme… C’était une façon de parler. Elle agissait toujours comme une enfant, mais elle avait eu ses règles, ce qui l’approchait plus du monde adulte que de l’enfance. L’assassin ne pouvait pas encore concevoir Luna comme étant une femme. Il l’avait vu naitre, il l’avait retrouvé gamine, et elle resterait ainsi, peu importait le nombre d’Années qui allaient s’écouler… Si jamais il avait la possibilité de la voir adulte, donc qu’il ne meurt pas égorgé dans son sommeil.

-Tu es petite, petite… Donne toi quelque années avant de provoquer des types plus grands que toi, autrement, je ne donne pas cher de ta peau… Et J’y tiens, alors fait gaffe!

Il rit encore. Mais pourquoi au juste? Ce qu’il avait dit n’était pas drôle, pas du tout… Et pourtant, il trouvait la scène comique, une souris devant un dragon, et pourtant, c’était la gamine qui crachait du feu. Il regarda Alford, alors que ce dernier venait ultimement les rejoindre près du foyer. L’Ombre éclaircie sa voix, obstrué par sa propre salive et l’Alcool qui imprégnait l’intérieur de sa bouche.

-J’avais le Néant au derrière, pour faire court… J’ai dut passer un moment dans la Tanière… Ma piaule en forêt.

Il jeta un coup d’œil en direction de où se trouvait les trois oiseaux, qui semblaient avoir compris que cette rencontre était entre Auphélie, Luna et le Corbeau. Elles ne s’étaient pas interposées. Et l’assassin les dévisageait quelques seconde, ayant instauré un silence momentané dans la conversation.

-Z’ont.. M’enfin, les fou du Néant, ils ont débarqué et ont choppé deux de mes employés comme s’ils avaient été des buches prêtes à fendre… Je n’ai pas encore trouvé la raison de l’Attaque… M’enfin, je suis un hors la loi, je joue dans la cours du roi, je m’opposais au Néant même si je ne suis pas un de ces rebelles… Alors du coup… C’est surement de ma faute s’il y a eu une descente…

Il sentait ses yeux brûlés, il allait pleurer, mais ce n’était ni le moment ni l’endroit de le faire. Il descendit son Xième verre d’Alcool d’une grande traite, rejetant sa tête vers l’arrière, laissant un profond soupir sortir de sa gorge maintenant en bonne état. L’attention revint vers Luna alors que cette dernière proposa de manger. L’alcool engourdissait tellement l’assassin qu’il n’avait même pas remarqué l’odeur délicieuse de la viande du ragout flotter dans l’air. En réponse à ce constat, son ventre cria famine. Un repas chaud… il ne pouvait espérer mieux sur le moment. Tout oublier… Il en avait besoin. Jana apporta le repas, alors que la petite la suivait avec le pain chaud. Elle semblait vraiment sous l’influence de la boisson alcoolisé, et malgré son état avancé, l’Ombre réussit dans un moment de clarté à se demander s’l ne devait pas s’interposer afin d’Arrêter une chute qui s’Avérait inévitable. Mais la gamine réussit à utiliser le nouvel arrivant comme appuie.

-L’papillon… Ou plutôt le gros gorille s’appelle Alford Gorder… Le « prestigieux » bourreau impérial, m’enfin… il choppe des gens et est payé pour, comme moi…

Il lança un regard moqueur, sourire aux lèvres en direction de l’homme concerné.

-La différence, c’est qu’il fait ça de jour et que les impériaux l’acclame quand une tête roule… Dans mon cas, c’est souvent de nuit, et je fou les chocottes aux gentils citoyens… Que la vie est étrange!

Il rit encore, cette fois ci, sans arrière réflexions. Il avait seulement pensé à l’expression que les gens avaient habituellement lorsqu’il le croisait dans une ruelle le soir. Il lança un sourire en direction de la Corneille alors que cette dernière quittait la pièce, après avoir apporté tout ce qu’il fallait pour déguster le repas : bols, cuillères ainsi qu’une grande louche pour se servir. L’assassin commença à remplir les bols pour tout le monde, puis fit la tournée des verres, laissant un fond dans celui de, alors qu’il tendait la bouteille à moitié vide à Alford.

-Tu es arrivé en retard, c’est le temps de te rattraper, je te laisse dix seconde pour descendre cette bouteille! Aller, on attend!

Elle exagérait? Non, clairement pas. Était-elle aveugle lorsqu'il s'agissait de Billy? Auphélie en étant si surprise, qu'elle laissa échapper un rire, laissant la gamine défendre sa bête. Les jeunes femmes continuèrent de discuter, la blonde ne réalisant pas que Saemon était de côté. L'alcool coulait toujours à flot lorsqu'elle entendit la voix d'une des dames qu'elle avait chassée.

La tavernière allait râlée lorsqu'elle vit Alford s'avancer. Rapidement, elle s'écria " Alford! ", démontrant que depuis la dernière fois, elle s'était améliorée dans la prononciation du prénom du mercenaire. Alors qu'il s'approcha pour enlacer Ombre, elle se leva tant bien que mal, mais ne bougea pas pour autant de son emplacement.

Lorsque le bourreau la serra dans ses bras, elle lui rendit l'étreinte et profita de sa proximité pour parler à voix basse. Du moins, c'est ce qu'elle croyait; son volume n'était pas ce qu'elle pensait et donc elle parla à voix normale et non un murmure. " Heureuse de te revoir. "

Lorsqu'il la laissa, elle s'assied presque instantanément, afin de ne pas tituber, cachant ainsi aux autres présents l'étendue de son état. Si la demoiselle ne semblait pas très affectée par l'alcool qu'elle avait ingurgité lorsqu'elle parlait, elle l'était tout de même. Merci Dracos qu'elle n'eut pas à marcher. " Prends-toi une chaise, joins-toi à nous! ", ajouta-t-elle, pointant rapidement les bancs plus loin.

Elle laissa ensuite les hommes discutés, ne voyant pas -ou plutôt ne désirant pas- y placer des mots. Ceci ne l'empêcha pas de leur sourire, de rire sans raison et de boire. Et ciel qu'elle but lorsque Saemon commença à discuter de la descente Alayienne. Elle avait pris gorgée après gorgée, après tout, la jeune femme s'en sentait coupable. Surtout lorsque l'assassin indiqua qu'il ignorait la cause, à quoi elle pensa qu'elle l'était.

Elle ne le contredit pas lorsque le corbeau indiqua croire qu'il était probablement responsable, vidant son verre et baissant son regard, une expression sombre pendant un court instant sur son visage. Elle tendit le bras vers la bouteille, emplit son verre et en profitant pour faire de même avec celui de Luna -trahissant qu'elle était la cause de l'état de la larme du Néant- puis se força un sourire, prenant une autre gorgée.

Qu'importait. Ils n'avaient pas à savoir. Mieux valait chasser cette idée de sa tête, et c'est ce qu'elle fit. De plus, l'arrivée de Luna avec le ragoût était un bien nécessaire changement de sujet, en quelque sorte. Elle avait même oublié qu'elle avait mis au feu ce repas plus tôt. Elle laissa la corneille poser devant elle le repas, sachant qu'il était trop chaud pour qu'elle l'avale. Phé décida d'attendre, mais elle ne put nier qu'elle avait très faim en ce moment.

Papillon. Elle y échappe un petit rire, posant son regard sur Alford. Papillon. Non, mais sérieusement, où avait-elle trouvé ce sobriquet qui n'allait pas du tout au mercenaire? Probablement Saemon avait-il remarqué lui aussi? C'est ce qu'elle en déduit lorsqu'il s'empressa de présenter le bourreau, ne manquant pas de stipuler son statut, ce qui n'était pas très joyeux, en quelque sorte. Si c'était elle, elle aurait laissé de côté cette information, afin de ne pas assombrir la scène.

Sauf que l'alcool aida la situation et ils passèrent à un autre sujet très rapidement. Ombre voulait encourager Alford à boire la bouteille et Auphélie embarqua dans la pression de groupe. " Allez! Bois! Bois! Bois! ", clama-t-elle avec joie, portant son verre à ses lèvres en même temps, prête à accompagner le bourreau dans la beuverie. S'il descendait la bouteille, elle descenderait son breuvage -qui oui, était encore bien rempli-.

« C'est clair ! Clair comme de l'absinthe ! Haha. » Se permit-il de dire au passage au corbeau qui semblait plutôt chaleureux pour le coup, Alford vit avec joie que ce dernier était de bonne humeur.

« Bah je ne juge pas, c'est une façon comme une autre de fêter ce genre de choses. Et tu veux dire quoi par elle est devenue une femme ? Elle a perdu son pucelage ? » Demanda t-il curieux, même s'il se rendit compte juste après que la question était sans doute très indiscrète… Trop tard pensa t-il.

Puis il serra ensuite Auphélie dans ses bras, visiblement cette dernière semblait plutôt heureuse de le revoir, ce qui était totalement réciproque pour tout dire. Alford après tout apprécier la compagnie de la jeune femme qui lui était grandement sympathique, et amicale surtout. « Moi aussi je suis contente de voir. » Dit-il à voix basse à son tour de manière chaleureuse.

« Sans doute » Ajouta t-il ensuite à propos de la chaise...

Ensuite la première chose que fit Alford par réflexe en voyant Luna le fixé c'était détourné les yeux de manière gênée en voyant que la jeune fille les fixait étrangement. Non mais ! Elle allait arrêter avec ça ? Pensa t-il affreusement gêné lui qui n'aimait vraiment pas qu'on regarde son strabisme à vrai dire. Mais heureusement cela s'acheva bien vite, et Alford lui rendit son sourire gêné sans arrière-pensée, il était clair qu'elle avait l'air bien ivre… Dans tout les cas il ne connaissait pas cette jeune femme, mais il conclut que c'était là une connaissance de Tidus, et Auphélie… Peut-être même la fille de l'assassin ? Il n'en savait rien, mais il présumait…

« C'est pas la taille qui compte petite ne t'inquiète pas. » Dit-il taquin du haut de son mètre 90 à la jeune femme. Il lui serra aussi la main quoique avec douceur après tout il avait des doigt plus gros, et puis il préférait si possible faire attention pour ne pas faire mal à la jeune femme. « Ravie de faire vôtre connaissance Luna. C'est un bien joli nom que tu as là je dois dire. » Répondit-il tout aussi aimable, pour la peine il lui fit même une étreinte à elle aussi. Après tout vu qu'on était dans les familiarités autant aller jusqu'au bout !

« D'ailleurs corbeau. C'est ta fille ? » Demanda t-il juste après se demandant pourquoi l'assassin était aussi proche de cette jeune femme… « Ou ta sœur ? » Conclut-il tout aussi innocemment, curiosité quand tu nous tiens… Au passage il en profita pour enfin s'asseoir comme Auphélie le lui avait proposé.

Puis l'on passa à autre chose, Saemon raconta pourquoi il s'en était allé de Gloria pour un temps, et au vu de ce qu'il racontait c'était plus que largement compréhensible en faîte.

« Bah c'est passé à va dire. La passé c'est le passé, autant ne pas remuer le couteau dans la plaie plus que de nécessaire vieux. » Acheva t-il calmement, après tout autant ne pas se faire de mouron surtout que ce soit visiblement ils avaient voulu que le ton soit donner à la joie, alors autant éviter la déprime pour ce genre de raison.

Puis il sentit Luna qui posa la main sur son épaule, Alford la laissa faire, et écouta cette dernière parler. « Effectivement ça a l'air de sentir fort bon ! » Conclut-il en reniflant à son tour. Puis il écouta la jeune femme qui lui demanda la sourire au lèvre, et en lui donnant un drôle de surnom tiens comment il s'appelait. Ah oui ! C'est vrai qu'il avait oublié de le dire… Mais où avait-il la tête ? Pensa t-il un instant pour le coup...

« Ah oui c'est, désolé de mon impolitesse Luna. » Dit-il un peu gêné quand celle-ci lui demanda comment il s'appelait.

Et visiblement le corbeau avait décidé de faire les présentations à sa place. C'était très, mais vraiment très gênant, Alford avait visiblement l'air troublé de voir le corbeau dire tout ce qu'il était d'un coup sans aucune subtilité. Ah bon sang il arriva à peine à rendre une grimace à Tidus quand ce dernier lança un regard moqueur.

« Ouais, bon… ne parlons pas de cela s'il te plaît car c'est gênant... » Enfin il préférait ne pas parler de son travail si possible, il en avait juste ras-le-bol à vrai dire… Et il préférait si possible passer à autre chose.

Enfin dans tout les cas il se détendit quand le corbeau lui passa la bouteille à moitié vide, et lui propose de la vider en moins de dix secondes.

« Ah, mais vieux la bouteille est à moitié vide ! Je te fais ça en cinq secondes même ! » Dit-il en ricanant de façon joviale, et en regardant calmement la bouteille un instant, comme s'il voulait voir s'il y avait des trucs dedans au cas-où…

Et c'est donc sous les encouragements d'Auphélie, et de tout ce beau monde qu'Alford siffla la bouteille en même pas 6 secondes, une fois ceci fait il secoua un peu la tête, et posa le breuvage avant de dire à voix haute d'un ton festif.

« Une autre ! » Qu'il s'enfila aussitôt d'ailleurs avant de faire une pause par la suite calmement, et de rajouter.

« C'est qui qui a préparé ce ragoût ? Il a l'air très bon effectivement. » Dit-il en regardant la plat qui semblait mitonné, pour le coup il avait assez faim effectivement, presque l'eau à la bouche d'ailleurs, néanmoins il se permit de rajouter un dernier commentaire.

« Pourquoi papillon d'ailleurs ? » Finit-il curieux car après tout il ne voyait pas vraiment en quoi il pouvait faire penser à un papillon à vrai dire.

Une grande partie de la discussion entre Auphélie, Alford et Saemon s’était déroulée pendant que Luna était allée en cuisine. Mais avant d’y aller, elle n’avait pas manqué de lancer des dards de ses yeux à l’assassin qui se moquait du fait qu’elle était « devenue une femme ». S’il ne s’était pas moqué, c’était comme ça qu’elle l’avait pris du moins, car elle considérait cette notion comme étant personnelle. Elle n’avait point l’envie qu’il commence à déblatérer sur la façon dont elle avait cru mourir lorsqu’elle avait vu du sang à un endroit qui n’aurait pas dû y en avoir normalement. N’importe qui aurait paniqué, non?! Elle ignorait s’il allait ajouter quoi que ce soit à ce sujet et elle profita de l’opportunité qui s’offrait à elle pour ne pas être présente, si tel était le cas. Elle laissa à son maître la tâche de répondre aux interrogations du nouveau venu dont celles de son statut auprès de lui. La réponse, qu’elle soit sa « sœur », sa « fille », son « apprentie », sa « pupille », son « amie » ou tout autre, lui importait peu. Une fois dans la cuisine, elle pouvait continuer d'entendre ce qu’il se disait dans l’autre pièce sans souci surtout que l’alcool ne venait pas tamiser leur voix, mais avait plutôt l’effet contraire.

Heureusement qu’elle n’avait pas été avec eux lorsqu’ils avaient parlé de la descente alayienne qui s’était produite quelques mois plus tôt au Nid de l’Oiseau. Seule la Corneille avait pu voir le visage de la gamine se changer en un air troublé. Elle se mordit la lèvre afin de contrôler ses émotions et il lui fallut d’autant plus d’effort avec l’eau de vie qui coulait en ses veines. Si seulement ils savaient… La culpabilité la frappa de plein fouet et elle évita le regard de la dame qui était avec elle. S’ils savaient la vérité, ils ne la regarderaient pas du même œil, elle en était certaine. La raison de l’attaque, c’était Luna. C’était parce qu’un certain prêcheur avait voulu la briser qu’il s’en était pris aux proches de la gamine et à cela, il y avait eu beaucoup de dommage collatéral. Même si ce n’était pas elle-même qui avait instigué cette destruction, elle considérait tout de même qu’elle en était la cause. Par l’intervention de Dracos, elle parvint à ne pas craquer sous ses émotions et à poser un faux sourire sur ses lèvres lorsqu’elle regarder à nouveau Jana.

Lorsque la princesse des Lumières rejoignit finalement ses compagnons, elle avait ce sourire forcé aux lèvres et pour s’amuser, elle avait donné un joli petit surnom au mercenaire histoire de se changer les idées. Elle était peut-être encore assez « sobre » pour penser, mais ce n’était pas le cas pour son équilibre précaire. Elle se cramponna à son épaule afin d’éviter de chuter.

- Tu n’as pas besoin d’être désolé, Papillon. On est ici, entre amis, pour s’amuser. Pas pour être désolé… Triste… ou je-ne-sais-quoi. Alors, fais-moi plaisir et fais-moi ton plus beau sourire!

Luna lui avait souri suite à ses mots, un vrai sourire et pas comme celui qu’elle avait fait à la Corneille. Elle lui avait d’ailleurs parlé d’une voix joyeuse, plus mielleuse qu’à l’habitude et pour cela, on pouvait remercier la magie de l’alcool qui agissait chez elle. D’un geste devenu machinal, sa main libre avait porté son verre, qui semblait magique à quel point il n’y avait pas de fond (merci Auphélie ♥), à ses lèvres afin de faire descendre le liquide dans sa gorge. Elle s’asseyait sur sa chaise tandis que Saemon présentait leur invité et s’amusa à comparer leur emploi par la même occasion : deux tueurs, mais l’un qui était « bien vu » et l’autre « mal vu ». Exceptionnellement, elle ne mêla pas son rire au sien et resta pensive aux mots « Alford Gorder » et « bourreau impérial ». Elle avait l’impression d’avoir toutes les pièces du casse-tête, mais son esprit ralenti n’arrivait pas à faire le lien. Si elle ne trouvait pas pourquoi cet homme lui disait quelque chose, c’est que ce ne devait pas être important, non?

Ses pensées étaient rapidement passées sur un autre sujet : faire boire Alford! Oh oui! Elle se joignit avec énergie à Auphélie afin de l’encourager à vider sa bouteille et éclata de rire lorsqu’il eut fini. Pourquoi riait-elle? Était-il vraiment nécessaire d’avoir une raison?

- ♪ Il est des nôtttrrees! Il a bû son verre commeeee les auuutreees! ♪ Chantonna-t-elle, répétant une chanson qu’elle avait entendu lors d’une soirée festive à Aigue-Royale.

Luna leva son verre et trinqua avec ses compagnons dont Auphélie s’était donné la lourde tâche de s’assurer que tous avaient quelque chose à boire qui n’était pas de l’eau. Elle déposa son verre et souhaita un bon appétit à tout le monde. Mais avant de manger, elle posa son regard sur Alford qui venait de lui parler.

- Papillon? Papillon. Papillon! Pourquoi pas Papillon? Tu n’aimes pas les papillons? J’aime les papillons. Ils ont plein de couleurs. Ils sont sympas. Tu préfères que je t’appelle Alford? Qu’est-ce que tu as au juste contre les papillons? Prononça-t-elle.

L’alcool… Ça ne lui faisait pas bien du tout, je crois. Elle avait parlé avec un débit très rapide et sa voix se voulait quelque peu moqueuse. Elle avait une fixation sur ces papillons dont seul Dracos pouvait en connaître la raison. Ce n’était juste pas logique. Mais pouvait-on vraiment lui en vouloir dans l’état qu’elle était?

- Dis-moi…? Alfooooord? Mon petit Papillon? Est-ce qu’on s’est déjà vu à quelque part…? Tu me dis quelque… Mais la phrase resta en suspens.

La révélation! La Larme de Néant s’était relevée brusquement de sa chaise, les deux mains sur la table. Elle avait les yeux grands écarquillés et fixait intensément Alford. Le casse-tête prenait forme dans sa tête. Les liens se faisaient dans son esprit. Elle savait que la personne qui avait attenté à la vie de Korentin Kohan était le bourreau impérial. Or, le bourreau impérial était l’homme ici présent du nom d’Alford Gorder. N’était-ce pas le même nom que Matis lui avait donné en décrivant le traître qui avait balancé l’emplacement des rebelles à Fabius?

- SALE TRAITRE! Vociféra-t-elle.

Elle avait eu l’impression de crier et elle avait donné un coup sur la table avec ses poings, coup qui lui aurait probablement fait mal si l’alcool n’anesthésiait pas tous ses sens. Les mots s’étaient faufilés hors de sa bouche sans qu’elle ne puisse les retenir, sans même qu’elle puisse penser à les adoucir.

- Non… Non… Non! C’est pas vrai…! Avait-elle lâché d’une voix déconcertée. Alford aux mains souillées?! T’es pas ce sale traître qui a poignardé Korentin?! poursuivit-elle, d’une voix sifflante mais sans crier, prononçant tout bonnement le prénom du régicide sans se soucier des règles protocolaires et des conséquences qu'un tel nom pouvait évoquer. S’il était présent, ce dernier ne serait certainement pas content de la façon dont elle se comportait. Ah! L’alcool!

Une partie d’elle-même voulait qu’il réponde qu’elle se trompait, qu’elle se faisait des idées et qu’elle confondait de personne… Mais avec tous les indices qu’elle avait, il lui était impossible de faire autrement que de croire qu’Alford était le traître auquel elle pensait.

Elle était en colère devant cette révélation, mais elle était tout autant effrayée de se retrouver face à l’homme qui avait tant nui aux rebelles. S'il avait tenté de mettre fin à la vie du chef de la rébellion, réservait-il le même sort à tout rebelle? Elle voulut sortir de la table. Pour faire quoi au juste? Le frapper? S’enfuir? Pour elle-même, ce n’était pas clair. Mais ce qui était certain, c’est qu’elle perdit l’équilibre lorsqu’elle lâcha la table. Elle tituba sur la chaise en essayant de la contourner. Elle s’effondrait par ses jambes qui ne voulaient plus la retenir. Peu importe ce qu’elle ferait, elle n’irait pas bien loin et le plancher arrivait à grande vitesse.

-Heu… Non… Pas vraiment… M’enfin, je ne sais pas si c’est le cas, mais je ne serai pas celui qui lui demandera hein! Non… Je parlais de menstruation… Mais bon…

La question l’avait surpris sur le coup, mais encore une fois, la légèreté qu’il ressentait grâce à l’alcool banalisa la question d’Alford, en plus de sa réflexion sur le sujet. Lorsqu’il essayait de songer à savoir si la jeune avait déjà eu pareil aventure, la seule réponse que son esprit modélisait était une gracieuse insulte à son encontre, comme quoi réfléchir profondément à un truc n’était pas la meilleure décision du coup.

-Ma fille? Non… J’aurais bien aimé remarque! Une belle jeune fille intelligente et vive comme elle aurait probablement tété une erreur des Esprits si elle était de moi…

Il regarda Luna, un mélange de fierté et tristesse luisant dans ses yeux devenu luisant et légèrement vide à cause de l’alcool. Fier de son élève, honteux du rôle qu’il avait joué dans sa vie. Le repas arriva ultimement, prenant la concentration à tous et chacun. L’Ombre ne profita pour faire le vide, tentant de réfléchir au minimum. Bien entendu, Autone lui revint en tête, puisqu’il avait passé les derniers mois à ses côtés. Il regardait également les trois personnes à la tablé, s’attardant bien évidement sur Luna, qui semblait d’avantage tanguer qu’un navire dans la tempête. Bon… C’était métaphorique : l’homme n’avait jamais vu un bateau de sa vie, autre les petites embarcations de pêcheurs, loin d’être les grands navires décrient dans les bouquins. Quoi qu’il en soit, le sens de l’équilibre semblait faire un grand doigt d’honneur à la gamine, alors que cette dernière semblait soudainement loquasse comme il l’avait rarement vu. Bon, elle déblatérait des choses incompréhensibles à propos d’un papillon, de ce que l’esprit confus de l’assassin pouvait percevoir de la « conversation » qu’il n’écoutait que d’une oreille distraite, mais elle parlait malgré tout.

Puis L’Ombre sursauta vivement, allant même jusqu’à renverser son bol de ragout sur le sol. Heureusement, ce dernier ne brisa pas, mais ce fut un beau gâchis du coup. Il avait tellement intériorisé sans s’en rendre compte que le coup sur la table et le cri de Luna lui avait fait perdre un battement cardiaque ou deux. Ironiquement, c’était là la récolte de ce qu’il avait semé : Le Corbeau connaissait l’histoire de la tentative d’assassinat de Korentin par Alford, et bien évidement, il savait pertinemment que ce genre de fait devait profondément tenir à cœur tous les Rebelle avide de vengeance face à la violence exercé à l’encontre de leur meneur. En bref, l’assassin avait testé Luna, et cette dernière avait mordue à l’hameçon… et la canne à pêche au complet en fait… Sur le coup, la peur avait ranimé les sens de l’homme masqué, et énervé à la fois Dies et Nox, qui vinrent tout deux chercher du réconfort à l’endroit de leur maitre. Ce dernier concentra toute la raison qu’il put obtenir sur le moment, décidant d’intervenir avant que quelque chose de fâcheux n’arrive, comme une rencontre fort malencontreuse entre une boule de feu et les parties génitales de Gorder…

-Oui, c’est bien Gorder, le même type que l’on ACCUSE d’avoir agressé TON Kohan…

L’Ombre avait durcit sa voix et s’était levé sur le coup, mais bien évidement, sa phrase n’Avait pas tout à fait sortit comme il l’avait voulu. Il était jaloux de Korentin à bien des égards, aucun concernant son titre ou sa richesse, mais plutôt tous les aspects qui le connectait à Luna…

-Et puis quoi Gamine? Parce que tu as entendu une histoire, tu vas la gober sans te poser de question? Tu vois… En ce moment… Tu veux castrer un homme par simple prétention… Non, pas prétention… Je veux dire, par… Ah non… je l’ai sur le bout de la langue…

Voilà qu’il venait de foirer sa belle lancé qui n’était pas si insensé sur le coup.

-En tout cas… Tu te fies à des informations qui ne viennent que d’un côté bon!... Tout n’est pas noir ou blanc Luna… Et cette histoire, elle est ficht… Fichtrem… AAAAHHH!... Elle est compliquée bon! Alors aux lieux de t’affoler, écoute donc ce qu’il à dire!

Il se tourna vers Alford, essayant de lui lancé un regard entendu, même si tout tournait joyeusement autour de lui.

-Je suis CERTAIN qu’Alford sera heureux de t’expliquer qu’il n’est pas un imbécile qui s’amuse à poignarder des Kohan dans ses temps libres…

Sur cette joyeuse déclaration, il se rassit sur sa chaise, Nox sur le dossier à sa gauche, la tête de sa chienne plongée sur le plat renversé sur le sol.

-C’est ça, prendre une cause… On se met à ne voir qu’une couleur…

Il avait d’avantage maugréé cette phrase pour lui-même plutôt que pour le reste des gens, avant de finir son verre pour la troisiè… Pour une autre fois encore. Une fois à sec, il déposa son verre et se cala contre son siège, tombant sur un fixe devant lui, où Auphélie se trouvait du coup. Réalisant qu’il la dévisageait, il sourit, gêné, avant de reporter son attention sur l’Ours et la grenouille, s’Attendant à voir un éclair fuser de la fenêtre pour venir faucher le colosse en deux...

« Je vois c'est moi qui dois avoir l'esprit mal tourné... » Dit-il sur le ton de la plaisanterie à la réponse de son ami sur la possible première nuit d'amour de la jeune femme, bon ça ne le regardait sans doute pas à bien y réfléchir, c'était même assez indiscret, mais Gorder était comme ça, curieux, et la curiosité avait un talent certain pour rendre indiscret celui qui en faisait preuve.

« Je vois… C'est donc ta sœur ? » Demanda t-il ensuite . N'en démordant pas, il ne savait vraiment pas lui-même pourquoi il insistait, mais il en avait envie… N'était ce pas une justification en elle-même que ceci ?

Alford sourit ensuite aux paroles de la jeune femme, celle-ci visiblement voulait être rassurante, elle avait raison il n'y avait aucun intérêt à être désolé, ou triste, s'il était ici c'était pour passé du bon temps avec des amis après tout ! Enfin oui il n'allait pas les contraindre à supporter sa morosité de bourreau, autant prendre exemple sur eux donc qui semblaient de fort belles humeurs...

« Vous avez raison ! Content d'être en vôtre compagnie vous tous ! Vous voir me suffit à être content, c'est rare de passer des bons moment ces temps avec tout ce qui se passe par Armanda... » Dit-il calmement, un simple constat après tout, qui mettait bien en évidence que les moments agréables étaient rare, et donc de ce fait précieux…

Pour le coup d'ailleurs la bonne humeur de la jeune ami de Tidus semblait communicative, Alford ne savait fichtrement pas ce qu'elle faisait ici pour l'instant, mais il appréciait déjà sa compagnie, décidément aussi assassin qu'il soit le corbeau avait le chic pour s'entourer de gens formidables… Cela montrait bien que l'homme en lui même devait être un chic gars au fond.

Puis il fallu passer au moment de la beuverie, après tout il fallait bien qu'il se joignent au mouvement, bon ce n'était pas de l'absinthe, mais cela lui suffirait ! Et puis il avait fichtrement envie d'avoir des raisons d'être content ces temps-ci, et jusqu’à preuve du contraire pour cela l'alcool était un excellent exutoire.

« Euh je n'ai rien contre les papillons. A vrai dire je demandai juste par pur curiosité, après tout je ne sais pas, enfin après il est vrai que j'aime bien porter des vêtements colorés. » Dit-il sur le trait de l'humour, et c'était bien visible qu'il aimait les vêtements hauts en couleur avec ses habits très rouges, c'était une couleur qu'il appréciait beaucoup, bon ce n'était pas du tout discret, mais par son ours qu'il trouvait le rouge joli...

« Euh… » Dit-il ensuite assez décontenancé, dans l'état où il était après tout il n'était pas encore rendu joyeux par l'alcool, et disons qu'il avait encore l'esprit assez clair, est-ce qu'il devait en parler à la jeune femme ? Hmm celle-ci devait être une ami de Tidus… Sans doute que ce dernier s'en était déjà occupé… Mais il ne savait pas… C'était un sujet gênant, dans tout les cas il préfera ne rien dire, et de toute façon la jeune femme ne lui en laissait pas la possibilité. Déjà que son regard n'était pas de bon présage, alors ce qu'elle dit l'était encore moins.

« OUI C'EST MOI ! » Dit-il calmement, mais à haute voix aux paroles de la jeune femme, il connaissait le refrain, et cela le fatiguait déjà d'avance, même s'il se sentait toujours aussi peiné d'entendre ce genre de chose… Il posa sèchement sa main sur la table pendant que la jeune femme parlait, et il en déduit à toute la fougue qu'elle mettait dans ses propos qu'elle devait être une rebelle, après tout aucun autre type de personne n'aurait eu l'air aussi vindicatif envers lui. Et malheureusement tout ceci n'était pas pour l'arranger...

« Non je n'ai pas poignardé Korentin, mais effectivement c'est moi Alford Gorder. » Son ton ne laissait pas la place au doute dans ses propres mots. Dans tout les cas il ne savait pas pourquoi, mais la réaction de la jeune femme l'avait immédiatement mit sur ses gardes, il savait qu'elle n'était pas dangereuse au pire il userait de son anneau de lierre pour la neutraliser sans la blesser, mais il préférait éviter que tout ceci ne dégénéré si possible.

Néanmoins son léger agacement se transforma en surprise lorsqu'il vit la jeune femme trébucher ! Bon sang ! Bon à vrai dire il usa finalement de son anneau de lierre pour ralentir la chute de la jeune femme… Puis il rajouta au dessus des paroles du corbeau qui venait à son secours visiblement.

« Tu ferais mieux d'écouter ton frère petite, comme il le dit tu ne connais pas tout sur ce qui s'est réellement passé. » Puis il se gratta légèrement la barbe, et rajoute après avoir pousser un léger soupir.

« Et fichtrement compliqué effectivement ! Bon sang est-ce que j'ai la tête du type qui trahirait du jour au lendemain sans raison ? Enfin dans tout les cas je connais un baptistrel qui te dira non si cela t'intéresse, et nous savons que les baptistrels disent toujours la vérité, pour ma part je te conseillerai la réflexion, si j'avais vraiment été le traître dont tu parle je n'aurai pas hésité à t'éventrer à l'instant jeune rebelle, laisse moi donc le bénefice du doute en retour. » Dit-il très conciliant.

« Je pense personnellement qu'il est bon de se battre pour un idéal, mais des paroles sont juste en effet corbeau. » Dit-il ensuite à propos des causes, et de la vision des monde que cela imposait si on choisissait un camp plutôt qu'un autre.

Enfin dans tout les cas il reprit calmement en s'asseyant à nouvau à l'adresse de la jeune femme.

« Je n'ai effectivement, Pas poignarder Korentin Kohan. En tout cas ce n'est pas moins qui lui ait planté cette bon sang de lame ! Mais on m'a quand même accusé de trahison pour ça ! » Dit-il amère. Bien entendu avant de rajouter. « Par contre j'ai bien vendu Aigue, mais je n'avais pas le choix. Entre choisir de sauver le monde sans la rébellion, ou de sauver la rébellion sans le monde le choix est vite fait. Si je n'avais pas fais cela les conséquences auraient été terribles. » Quoique au vu de ce qu'il fait avec la dague… Il… Enfin de toute façon il aurait ce qu'il méritait si le monde était détruit, et son âme avec, mais il n'était pas déterminé à ce que cela finisse ainsi, il n'était pas du genre à renoncer, mais plutôt à sa battre vaille que vaille tant qu'il restait un espoir.

« D'ailleurs si je suis ami avec le corbeau, et Auphélie c'est qu'il y a bien une raison jeune femme, je ne pense pas que eux deux soient du genre à faire confiance à un sale traître méprisable, en tout cas ils savent qui je suis, et ils m'apprécient, je ne les trahirai jamais. Les vrai amis sont rares, si j'étais un traître en tant que bourreau j'aurai pu faire décapiter l'assassin, je ne l'ai pas fait pourtant, si j'étais un félon je pourrai tous vous faire tuer pour me protéger, pourtant je ne le fais pas. Bien étrange qu'un monstre comme je suis censé l'être fasse preuve d'autant de scrupule n'est-ce pas ? » Dit-il du fond du cœur.

« Auphélie… Ombre… Qu'en pensez-vous ? » Acheva t-il ensuite à l'attention de ces derniers, il en conclut finalement que leurs paroles seraient plus sensés aux yeux de la rebelle que les siennes, celles « d'Alford aux mains souillés ».

Le monde tournoyait dangereusement autour de Luna et le plancher arriva beaucoup plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru. Levant les bras en un geste défensif et fermant les yeux, appréhendant la collision imminente, quelque chose amortit cependant sa chute. Ses sens étaient-ils si défaits qu’ils confondaient le plancher de bois pour quelque chose de moins rigide? Ouvrant les yeux, elle réalisa que des lianes se retrouvaient sous elle et elle jeta un coup d’œil, perplexe, aux trois autres personness présentes. Auphélie était affalée sur sa chaise à boire son alcool. Dies et Nox avaient rejoint Ombre qui semblait énervé. Quant à Alford, son expression était difficile à déchiffrer pour Luna, qui arborait quelque chose entre la surprise, la colère, l’exaspération, un mixte de tout cela ou tous autres sentiments, elle n’aurait su dire exactement. Son regard s’arrêta longuement sur la bande de cuivre gravé qui formait un bracelet sur le mercenaire, le même bijou qu’elle avait à son poignet et dont la capacité était de former des lianes. Non, c’était impossible! C’était le traître, titre qu’il avait confirmé, qui l’avait empêchée de se faire mal?! Non, il n’avait pas fait ça par de bonnes intentions. C’était impossible! Il devait y avoir une autre raison, non?

La gamine ne prononça pas un seul mot pendant que son maître parlait et ne lui accorda pas un seul regard, fixant intensément le lierre sous elle. Elle n’essaya pas non plus de se relever : avec la pièce qui tournoyait autour d’elle, ça n’aurait pas été une bonne idée. Au moins, sur le sol, elle ne pouvait pas aller plus bas. Elle se redressa cependant en position assise. La frustration se lisait très bien sur son visage. Mais ça se voyait également qu’elle était confuse, elle fronçait les sourcils et se mordait la lèvre. La voix du Corbeau était emplie de reproches et de sous-entendus qu’elle capta comme des coups de couteaux. Des doutes s’installèrent rapidement et elle se sentit des plus fautives. Il avait raison, elle appréciait énormément Korentin Kohan. C’était peut-être une relation compliquée puisqu’elle ne savait pas trop comment elle devait le considérer, mais elle le tenait haut en estime et elle aimait sa vision du monde. Elle était devenue une rebelle et elle s’était attachée à lui, peut-être trop même à en devenir aveugle? Elle aimait également énormément Ombre, mais ce n’était pas plus simple avec lui. La détestait-il au plus profond de lui-même, peut-être se voilait-il même la face à ce sujet? Son cœur eut mal à cette pensée. Il devait être déçu de ce qu’elle était devenue… Était-elle devenue le contraire de tout ce qu’il aspirait? Était-il déçu lorsqu’il la regardait? Pourquoi pensait-elle à tout cela d’ailleurs?

Ce devait être l’alcool, magie qui la faisait parler trop et penser trop… Avec tout cela, il était évident qu’elle faisait partie de la rébellion. La Larme de Néant appréciait beaucoup Auphélie, mais maintenant que cette dernière connaissait la vérité, l’estimerait-elle moins qu’avant? Pourquoi avait-il fallu que ça se sache?! Tout ça, c’était de sa faute! Personne n’aurait dû savoir qu’elle était rebelle, c’était beaucoup trop dangereux! Des gens s’étaient fait pendre pour moins que cela et si le bourreau impérial voulait sa mort, il l’aurait facilement étant donné l’état dans lequel elle se trouvait. D’ailleurs, elle aurait pu ne plus être de ce monde s’il l’avait voulu. Elle était confuse de toute cette situation et ne pourrait pas le croire tant qu’elle n’aurait pas plus de détails. Il ne lui avait pas semblé que Gorder était un monstre. Il était l'ami d’Auphélie et de Saemon également. Mais il l’avait également été de Matis et cela ne l’avait pas empêché de « vendre » Aigue-Royale, non? Cependant, une vérité était incontestable: s’il était vraiment le traître qu’elle pensait qu’il était, il l’aurait déjà éventrée depuis bien longtemps. Or, il l’avait même protégée et cela eut l’effet d’une gifle pour elle.

- C’était Néant…? Prononça-t-elle finalement après un long moment.

La princesse des lumières avait parlé d’une faible voix. Comment cela se faisait-il qu’il était Alford aux mains souillées, ce traître qui aurait poignardé l’empereur des rebelles, mais qu’il disait ne pas l’avoir fait? Elle voulait bien croire qu’il ne mentait pas et qu’il s’agissait d’un complot. S’il avait été manipulé, ne serait-elle pas la meilleure personne à le comprendre, elle qui avait agi sous les ordres de l’Esprit du Rien? Si c’était le cas, le mercenaire n’aurait sûrement pas eu droit au même traitement qu’elle avait eu puisqu’elle avait eu la chance d'avoir le bénéfice du doute parce qu’elle était la protégée de Korentin.

- Je suis désolée... Je me suis emportée. Je n’aurais… pas… dû. Dit-elle ensuite, cherchant ses mots dus à l’alcool.

Et elle ne s’excusait pas seulement auprès d’Alford, car elle lâcha enfin son coussin des yeux pour regarder chacun d’entre eux à tour de rôle. Elle reconnaissait qu’elle s’était emportée et qu’elle avait gâchée la soirée par son comportement. Ils étaient censés s’amuser et ce n’était plus le cas par sa faute.

- Même si… Même si c’est compliqué. Tu veux bien m’expliquer…? Demanda-t-elle d’une voix douce au mercenaire. Je t’assure que… Je t’assure que je peux comprendre. Dit-elle finalement.

S’il ne voulait pas en parler auprès des oreilles potentielles indiscrètes, peut-être voudrait-il en parler un autre moment? Ou à un autre endroit? Quoique dans l’état de Luna, il était peut-être préférable pour sa sécurité qu'elle ne tente pas de se déplacer.

Bon, la guerre était déclarée, chaque front pointait leurs catapultes sur l’autre. Auhélie et à présent lui-même restaient spectateur du carnage futur à venir, même si les deux parties semblaient étrangement et soudainement enclins à traiter un accord. L’alcool l’engourdissait respectablement à présent, et il se sentit stupide de s’être ainsi laissé enivrer alors que quelque chose de sérieux arrivait. Mais il était incapable de se concentrer sur une chose en particulier… Enfin… il n’était pas capable de garder sa concentration sur un sujet bien longtemps du coup. Il sentait léger, léger léger léger!.... Mais un peu coupable de ce qui arrivait. Il aurait peut-être dut ne pas parler d’Alford tout de suite… Non, c’était idiot, il se serait présenté et Luna aurait éclaté malgré tout. Et ça n’aurait pas été de sa faute! Ah ça non! Ce n’était pas de sa faute donc! Et l’alcool ne faisait pas seulement troubler son esprit, mais son corps aussi. Il était mou, instable… Ses réflexes atrophié n’avait pas pu lui permettre de soutenir la gamine dans sa chute, aidé contre toutes attente par le bourreau. Rassuré, bien qu’encore inquiet, l’Ombre se calla de nouveau dans sa chaise.

Un fixe le prit, fort, intraitable. Il dévisageait ce qu’il voyait de sa chaise entre ses jambes, de la paille tressé. Un effet percutant prit l’assassin bancal : une conception universelle de son existence sur cette terre, lié intrinsèquement à l’existence de tous les êtres l’entourant, près ou non de sa personne dans un horizon individuel. Cela s’exprimait d’une façon rudimentaire dans son esprit : quelqu’un, quelque part, avait cueillit de la paille, l’avait tressé, puis avec des morceaux de bois, avait conçu une chaise, LA chaise sur laquelle il se reposait. Tout comme quelqu’un avait conçu l’alcool que tout le monde ingurgitait en ce moment. Le monde était uni, pareil à l’homme qui avait conçu sa chaise… Et qu’est-ce que l’assassin faisait pour cet univers, ce même univers où des bons hommes concevaient des chaises de pailles? Il éliminait des fabricants de chaise de pailles! Il les tuait, payer par d’autre fabriquant, peut-être par jalousie, ou par caprice… Et par sa faute, plusieurs personnes ne pourraient pas profiter de bonne chaise en paille tressé comme lui il le faisait actuellement… Cette réflexion intense et profonde sur l’origine de la vie… Et de la conception des chaises en pailles tressé ne dura qu’une seconde, voire deux, avant que l’Ombre masqué ne soit durement ramené à la réalité par une envie viscérale, puissante et incontrôlable : le besoin d’uriner…

Il se leva afin de constater son état : chambranlant, mais stable… Un vrai miracle. Il leva un doigt en l’air, comme s’il voulait dire une chose importante, et lança :

-Je vais de ce pas me soulager dans l'al… Dehors... Essayez… De ne pas… Mourir en mon… Mon absence… D’accords…?

Sur ce monologue digne des grands dramaturges, Le Corbeau quitta la pièce, puis le bâtiment, débouchant dans l’arrière court, collé aux murs donnant sur la haute ville. Sans grande gêne ou précaution appliqué, il se relâcha sur ledit mur, sifflotant maladroitement et allègrement. Un tir de trébuchet n’aurait pas suffi à attirer l’attention de l’Ombre à ce moment précis. Une fois terminée, il reprit le chemin vers l’intérieur de l’auberge et décida, d’un coup de génie, de faire un détour dans le sous-sol, ramenant une bouteille d’hydromel froide par la même occasion. Il stoppa net devant le trios, si on oubliait Dies et Nox bien sûr, laissant un commentaire fuser joyeusement;

-Bon! Heureux que tout le monde existe encore…Enfin, que vous soyez vivant… Genre… Vous n’êtes pas mort… Ce qui est bien… Vous êtes là… Et je vous aime!...

S’étonnant un peu lui-même sur le moment, il décida de ne pas en faire un cas et alla s’asseoir par terre près du feu, à droite d’Auphélie. Aussitôt rejoint par ses familiers, il fut instantanément recouvert d’amour, poil et plume compris dans le lot. D’un acte de pur courage, il alla empoigner son verre, seulement pour constater, après en avoir renversé un peu, qu’il était encore plein. Il se tourna vers la Colombe à ses côtés, de l’alcool coulant le long de son bras, sans en être incommodé.

-Hey bien!... Merci d’entretenir l’étourdiss… L’alcool général…

Puis, il lanca en direction de tout le monde :

-Ce serait bien… J’sais pas… Arrêter de gueuler et de vouloir… Chopper tout le monde… Vous savez… Aujourd’hui disons?... On se battra demain… D'accord...

Il bu une partie de son verre. C’était conclu et officielle, l’Ombre n’allait pas s’endormir naturellement ce soir-là… Après cela, s’il était malade, il accepterait entièrement les conséquences de ses actions. Il était bien pour une fois par Dracos : ses amis et la gamine étaient là… Même si Autone était manquante… Le Corbeau tourna son attention vers la femme, sentant son masque chaud contre sa peau.

-Vous savez… Mademoiselle… Je trouve cela dommage… de ne pas vous connaitre. Vous semblez être… Une personne respectable… J’aime bien vous dire mon amie… Je ne suis pas vraiment un… un « bon type »… Mais j’espère avoir la chance d’être un ami pour vous….



@Dawan Sywel (il m’a défié de parler de paille… )

Au moins la gamine ne s'était pas fait mal par accident, après tout Alford n'aurait pas vraiment apprécié ceci, déjà que la scène prenait une ambiance qui ne lui plaisait aucunement… A croire que sa réputation de traître allait le suivre longtemps, bien plus longtemps qu'il ne l'aurait désiré. Il aurait bien voulu être connue pour une autre raison franchement, mais bon ce n'est pas comme s'il avait eu le choix, pour sa part il savait clairement qu'il y avait toujours moyen de se rattraper avec des efforts, après tout tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir.

Dans tout les cas il pouvait bien contempler l'ampleur de la haine que toute la rébellion avait à son égard chez cette jeune femme, elle qui avait l'air si joyeuse, et innocente avait était soudainement telle une vipère prête à mordre quand elle avait su qui il était, c'était dur de se dire que l'on avait sur soi la haine de personnes qui ne sont pas pourtant de mauvais bougre, surtout qu'Alford ne considérait pas vraiment l'avoir mérité, ses anciens frères rebelles… Ses frères d'armes qui voulaient tous sa mort, c'était un constat qu'il ne pouvait pas facilement admettre.

« Non ce n'était pas Néant. » Se contenta t-il de répondre calmement aux propos de la jeune femme, légèrement moins mal à l'aise en voyant qu'elle semblait se tempérer dans ses propos… Dans tout les cas cette histoire restait assez sordide selon lui… « Cela ne fait rien, au moins il y a eu plus de peur que de mal. » Dit-il calmement, préférant se montrer conciliant si possible, après tout elle s'était excusé. Et puis il n'était absolument pas le genre d'homme à en vouloir pour si peu à quelqu'un. Et puis d'une certaine façon la réaction de la jeune femme était légitime… Triste constat.

« MMMhhh je vais tâcher de l'expliquer. » Dit-il en paraissant réfléchir, avant de conclure un peu embêté. « Mais par mon ours je jure que c'est vraiment une histoire compliqué, et alambiqué. » Puis il rajouta un peu souriant, et triste à la jeune femme qui semblait s'être montré bien plus douce. « Dans tout les cas je suis sincèrement désolé pour tout ce qui s'est passé, je ne voulais rien de tout cela... » Et il était plus que sincère dans ses propos…

Il se rassit donc calmement. Avant de parler de sa petite histoire il accueillit avec un sourire le retour du corbeau qui semblait visiblement en forme, et aussi très gai… Au point que sa bonne humeur était communicatif.

« Nous aussi on t'aime mon ami. » Dit-il aimablement avant de laisser le corbeau aller tenir la conversation à Auphélie . Sur cela Alford reporta son attention sur Luna, décida qu'il allait aider cette dernière à 'asseoir à nouveau puis tâcha de commencer calmement son récit.

« En faîte c'est compliqué vois tu, tu connais Edwyn le voyageur ? L'homme qui s'est tant fait connaître ces temps-ci ? Eh bien il y a moins d'un an de cela il m'avait confié une certaine pierre magique, une pierre de prophétie qui dévoilerait ce qu'il faudrait faire pour qu'Armanda soit sauvé de l'emprise du Néant. J'ai passé plusieurs mois à rassembler cette prophétie, au final j'y suis arrivé assez vite… Puis il est arrivé le jour du 10 Mars, celui où j'ai revu Korentin à la surface, je t'assure on m'avait bien fouillé avant de me laisser aller voir l'empereur rebelle, il n'y avait aucun moyen que je cache une quelconque arme sur moi... » En somme il avait du se passer autre chose pour que Korentin ait pu finir avec une dague plantée en plein ventre…

"Avez vous bien compris jusque là? Auriez-vous des questions sinon? Je peux comprendre si mon récit n'est pas très clair après tout j'essaye de résumer très peut être trop simplement quelque chose de vraiment compliqué..." Pour preuve quand il avait raconté la chose détail à la clé cela lui avait prit plus d'une bonne heure avec Tidus... "Au pire vous pourrez demander des détails à Tidus plus tard si vous le souhaitez." Acheva t-il calmement, puis il réfléchit à nouveau un peu en écoutant les réponses de la jeune femme avant de reprendre à nouveau son récit.

Luna fixait Alford, silencieusement, et attendait qu’il s’explique. Elle ne savait pas encore s’il le ferait, mais elle espérait qu’il éclaircirait toute cette histoire. Elle se concentra sur lui, essayant d’ignorer le monde autour d’elle qui voulait danser. La gamine avait décidément trop bu pour sa constitution, son jeune âge, sa fatigue, mais surtout pour sa première fois. Elle avait grandement dépassé les limites que son corps lui permettait, mais cela, son esprit n’avait pas eu le message. Tout allait pour le mieux, non?

La Larme de Néant fut soulagée en entendant le mercenaire parler et commencer à expliquer ce qu’il s’était passé pour qu’il soit ainsi accusé de trahison en poignardant Korentin Kohan. Si ce n’était pas Néant, qu’était-ce? Étrangement, malgré son esprit brumeux, elle arrivait encore à penser et à soulever des hypothèses. En supposant qu’il n’était pas le traître qu’elle croyait qu’il était, qu’est-ce qui aurait pu l’emmener à faire un tel geste? Un sort? Un mot de commande? Quelqu’un l’avait-il obligé en lui faisant du chantage quelconque?

- Compliqué? Répéta-t-elle en un murmure suite aux mots prononcés par l’homme.

Rien n’était jamais simple, elle le savait bien. Magiquement, ou pas, la jeune fille s’était retrouvée assise sur sa chaise sans qu’elle ne s’en rende réellement compte. Elle commençait à perdre la réalité des événements se passait autour d’elle. Saemon venait-il tout juste de revenir? Mais une seconde plus tôt, n’avait-il pas été avec eux autour de la table? Était-ce vraiment important? Non, vraiment pas… La jeune fille avait du mal à focaliser son attention sur quelque chose plus de quelques secondes, oubliant ce qu’elle était en train de faire l’instant d’avant. Que faisait-elle d’ailleurs?

La question d’Alford ramena la petite lune à se concentrer sur lui. Ah! Oui, c’est vrai, il allait expliquer cette histoire de traitrise. Que venait-il de lui demander?

- Euh… Edwyn…? Amais vu. Amais rencontré perso... Mais… oui… J’connais. J'ai voulu ram… ramener la… Balbutia-t-elle.

La Larme de Néant cherchait ses mots et ils semblaient commencer à bien se cacher. Ne sachant plus trop où elle voulait en venir, elle ne termina pas sa phrase d’ailleurs et ainsi, ne précisa pas que c’était à cause du Voyageur qu’elle était partie dans le désert à la recherche de la Pièce de Feu. Elle se concentra finalement sur la suite du récit de l’homme. Donc, il avait eu une fameuse pierre pour contrer Néant. Même dans son état, elle trouva cette idée des plus intéressantes. Mais il lui sembla manquer un bout ou était-ce elle qui n’avait pas suivi? Quel lien avait la pierre dans la blessure infligée à son protecteur?

- Euuh… Et? Marqua-t-elle. Cela lui prit un petit moment avant de saisir que sa question n’était pas précise, mais qu'elle ne l'était pas du tout. Que s’est-il… passé? Qui… poignardé si c’est pas… towa? Dit-elle.

Elle laissa le temps au traître de donner plus de détails. Mais tandis qu’elle ne l’écoutait plus qu’à moitié, son esprit se questionnait sur la personne qu’il venait de nommer, ce « Tidus ». Le connaissait-elle? Parce que si c’était le cas, ça ne lui disait rien du tout. La jeune fille n’était plus assez lucide pour comprendre qu’il s’agissait du Corbeau.

Ouvrant la bouche pour poser la question, Luna eut un haut-le-cœur et posa instinctivement sa main sur sa bouche. Elle semblait avoir blêmi ou peut-être son teint était-il tourné plutôt au verdâtre? En tout cas, elle n’avait pas l’air bien du tout.

- Je… me… sens… pas bien. Constata-t-elle, un peu trop tard malheureusement.

La nausée la prit à nouveau. Rapidement, elle se releva et s’accrocha à la table pour garder son équilibre. La sortie! Elle devait se rendre à l’extérieur. Un peu d’air frais lui ferait le plus grand bien également. Titubant entre les tables, se tenant ici et là, et par l’intervention de Dracos, ses jambes la soutinrent jusqu’au bout et elle sortit hors de Nid de l’Oiseau.



[ Alf, tu peux donner plus détails si tu veux sur ce qu'il s'est passé. Il se passe un petit moment avant que Luna sorte. Il s'agit d'une conclusion pour ma part sinon. Merci d'avoir RP avec moi ♥ ]

Elle semblait songeuse, à savoir pourquoi… L’Ombre n’Avouait pas impunément ses considérations envers les autres, ainsi que l’importance que les personnes présentes avait pour l’homme masqué. Il ne se l’Avouerait pas à lui-même, sauf pour Luna bien entendu. Mais c’était cette idée, cette idée d’Avoir des « amis »… Un peu comme sa famille… Étrange, hétéroclite, horriblement dysfonctionnel, mais SA propre petite famille d’étranges comme il les aimait. Malgré le silence d’Auphélie face à sa déclaration et l’animosité forte, mais maintenant décroissante entre Alford et la gamine, une espèce de complicité était belle et bien présente. Luna restait attentive au bourreau, le calme recommençait à régner. On pouvait même par moment entendre les autres oiseaux rires dans l’Autre pièce.

Avec un certain orgueil, il s’affaissa légèrement sur sa posture actuelle sous la pensé qu’il avait réussi, enfin… Réussit à s’entouré de personne qu’il aimait, ou appréciait fortement. Il n’avait pas de femme, ni d’enfant, mais il avait un équivalent sans lacune. Entouré de personnes agréables qui le respectaient, voire plus, il ne savait pas trop de ce côté-là. Il aimait Luna, et cette dernière ne pouvait comprendre la limite même de cette affection que l’Ombre lui portait. Elle était jeune, et elle pouvait encore être sauvée… Pas lui… Non. Il était perdu, mais il avait la chance de vivre bien ce cauchemar quotidien. Ce calme… cette paix dans laquelle il baignait Au nid de L’Oiseau compensait parfaitement ses journées sombres et ses nuits violentes.

Et pour le futur… Non, pourquoi il penserait au futur au juste? Il était ivre et entouré d’amis dans son commerce pour l’Amour des Esprits! Il n’allait certainement pas commencer à s’imaginer de sombres trucs et démolir l’ambiance par le fait même. Quoi que… La soirée était bien avancé et sans doute que les personnes présentes allaient aller dormir sous peu, ou bien se canter dans un coin afin de cuvé l’alcool déjà ingurgité. Avant qu’il ne puit ouvrir la bouche pour demander maladroitement les intentions des personnes présentes, Luna eu un malaise et déguerpie presque aussitôt. L’assassin lança un regard interrogatifs aux deux autre personnes présentes, mais avant qu’il ne put se décider à réagir, était ralentit par la boisson, Auphélie avait déjà quitté la pièce par la même direction que celle prise par la jeune.

Seul avec Alford, l’Ombre songea à ce dernier. Il ne le connaissait pas depuis bien longtemps, mais ce type avait inspirait la confiance, en plus d’être sympathique. Il n’avait pas de mauvaise impression sur ce dernier, alors il comptait en profiter. Il sortit de la pièce en faisant signe à l’homme de l’attendre et alla fouiller sur le comptoir principal de l’auberge, là où les invités étaient accueillis à l’habitude. Ses deux hirondelles et la corneille s’y trouvait, ayant elles aussi décider de fêter malgré le récent malheur. L’assassin intoxiqué à l’alcool eu beaucoup de mal à ne pas s’Attarder sur les hanches de l’une des jeunes femmes, chose que Jana remarqua sans mal. Un homme ivre et la subtilité était deux monde à part après tout. Après un regard séducteur, la Corneille disparue en direction des escaliers. L’assassin en oublia presque ses invitées sur le moment, mais se ressaisit ultimement. Il alla rejoindre l’homme en lui balançant la clef qu’il été partit cherché, encore distrait.

-La chambre cinq… au deuxième étages… La nuit est… Sur mon bras… L’ami…

Après cette « touchante déclaration d’amitié virile », Le Corbeau tendis la main à son interlocuteur, afin de lui souhaiter la bonne nuit. Il ne s’inquiétait pas vraiment du sort de Luna, sachant pertinemment les effets d’une surdose d’alcool sur le corps, pour l’avoir expérimenté tant de fois. Il n’aurait qu’à aller revoir la gamine le lendemain avec un repas solide et la forcer à manger ce dernier, car elle n’aurait sans doute pas faim. D’ici là, il la laissait aux bon soins d’Auphélie.

-Maintenant, si tu m’excuses, je vais aller mourir dans mon… Dans mon lit… On m’y attend…

Il lança un sourire attendu après sa remarque à Gorder. Ce n’était pas son comportement habituel, loin de là, mais l’alcool et la paix changeait les gens, parfois pour le mieux… Parfois pour une nuit…


(Conclusion pour moi aussi, au plaisir de rps avec vous gens! )

Donc elle ne connaissait pas Edwyn ? A bien y réfléchir ce n'était pas vraiment étonnant, après tout pas grand monde aurait pu se vanter de toute manière de connaître Edwyn, mais tout le monde avait sans doute entendu parler du voyageur, et de la prophétie, prophétie qu'Alford avait aidé en grande partie à faire découvrir. Néanmoins il avait échoué, pas qu'il n'était pas arrivé à découvrir la prophétie dans sa totalité, juste que… la dague devait être vitale dans tout ceci, pour sauver Armanda, et elle avait disparue, il ne savait pas qu'elles affreuses conséquences tout ceci aurait, mais ce qui était sûr c'est que c'était sa faute, et il ne pouvait accuser personne d'autre de ceci. Restait à espérer qu'il puisse se rattraper, mais ne sachant même pas sur l'instant surqui la dague aurait dû être utilisé il n'avait pas trop d'idée… Sauf… Si c'était Vraorg, cela semblerait logique… Cela voudrait donc dire qu'il faudrait le tuer sans la dague ? Mais était-ce possible ? Cette dernière était peut-être vitale pour ceci, si l'on ne pouvait point l'utiliser, eh bien tout empirait...

La jeune femme dans tout les cas l'écoutait attentivement, il n'aurait sans doute pas dû interrompre son histoire pensa t-il. Il tâcha donc de l'achever.

« Au moment où je remis la pierre une lumière aveuglante illumina les environs, quand je pu revoir à nouveau Korentin se retrouvait avec une dague planté dans son ventre, la pierre avait disparue. Cette dernière avait dû causer ceci, néanmoins comme j'étais la seule personne présente dans les environs suspectes je fus donc immédiatement accusé du meurtre. Avant que je ne sois enfermé Edwyn me contacte mentalement, et me permit de m'échapper par ses pouvoirs, sans oublier de me donner une dernière mission. Me rapprocher de Fabius Kohan pour lui donner la dague qui avait servit à poignarder Korentin Kohan. C'était nécessaire pour sauver Armanda, voilà pourquoi pour gagner la confiance de Fabius Kohan j'ai été contraint de vendre la position d'Aigue Royale… Si seulement j'avais pu m'en passer... » Dit-il las. Le fait qu'on l'accuse de tentative d'assassinat sur l'empereur rebelle n'était rien par rapport au fait qu'il avait été responsable de milliers de morts même si pour sauver le continent...

Puis suite à cela il vit la jeune femme sortir car elle ne se sentait pas bien. Alford pour sa part la regarda faire compatissant, et but un verre… Il se retrouvait seul avec le corbeau dorénavant… Il regarda ce dernier qui lui fit signe d'attendre, se demandant pourquoi.

Puis l'assassin revint, et lui passa des clés après avoir marmonné… « Bonne nuit à toi aussi. » Dit calmement Alford en lui serrant la main avant de rajouter avec une gentille taquinerie. « Ok, mais meurt pas trop longtemps où je vais devoir sinon venir avec ces demoiselles te ranimer avec un seau d'eau froide. » Une dernière tape sur l'épaule, et il rejoignit sa chambre. Pour le coup c'était sympathique une chambre gratuite, il ne se doutait pas du tout du fait qu'il pouvait y avoir, ou non une surprise à l'intérieur...

[Hrp : Conclusion, je m'occupe des demandes^^. Merci pour le rp . C'était super^^.]