Cela faisait plusieurs jour que la petite dragonne de l'ombre, au caractère pourtant conciliant, avait envie de croquer toute personne s'approchant trop d'elle ou bien lui souhaitait le bonjour de façon respectueuse et solennel. Isyndar avait même réussi à me mettre à dos, du moins à préférer partir voler au dehors de ces maudites galeries que d'entendre son lié. Et pourtant il lui fut difficile de prendre son envol. Son ventre bien arrondit et pesant sur le bas n'aidait en rien. Que lui arrivait-il donc ? La présence trop longue dans ces galeries bien loin du ciel et de leur liberté autrefois quotidienne ? Ou bien enfin ce futur attendu arrivait ?

Les galeries ne lui avaient jamais sembler aussi étroite et trop petite. La dragonne grise aimait pourtant se rendre vers la galerie des forges, l'odeur de feu, le son des flammes, la chaleur plus importante en ce lieu. Une galerie à moitié effondrée lors des combat attira son attention, à l'écart, avec un peu d'aide et de coup de griffes, Isyndar pourrait en faire son nid, son cocon pour les jours à venir. Un endroit assez sûr, à la roche solide, loin de tous, terré sous la pierre, proche et loin de toute menace.

Et pourtant Roëric avait besoin d'elle en cette période, plus que jamais. Il venait de perdre un ami, un fils, une personne chère à son cœur. Et on pouvait compter sur une main ces personnes pour qui il était prêt à tout et dont le départ était un crève cœur. Même pour ces êtres qu'on disait démuni d'un tel organe. Mais Isyndar ne parvenait pas à rester avec lui, à le voir souffrir en silence, même s'il ne le montrait pas et qu'il se plongeait dans la création de la caste draconique. Mais Isyndar pouvait sonder son cœur et son esprit et sentait son esprit blessé. Était-ce cela aussi qui la rendait en colère ? De ne pouvoir rien faire d'autre que de le voir ainsi ? L'envie de cracher un bon coup une belle flamme de rage lui titillait les écailles.

Mais c'est tout autre chose qui vint lui occuper l'esprit en cette nuit bien tranquille dans la cité rebelle. La dragonne de l'ombre déambulait dans les galeries l'envie grandissante de se coucher, de cracher du feu et de manger un ou deux bœufs sans les croquer auparavant. Elle se dirigea instinctivement vers son nouveau repère. Le tapissant avant toute chose de sa douce chaleur réconfortante. Son feu chaud et âpre vint tamiser les lieux pour lui donner l'apparence du creux d'un volcan. Isyndar chercha à couper toutes communications avec son lié pour le moment. Elle ne devait que se concentrer sur elle et l'avenir qui se dessinait de plus en plus. Le temps venu, elle lui dirait de venir, de mettre à l'abri comme il se devait ce trésors dans l'attente et la venu de celui ou celle qui sera l’élu de ce fils tant attendu et aimé déjà par beaucoup et avant tout par elle.

Le temps était venu de ne plus être seule. De partager ce moment, de reprendre le lien avec son lié. L'orage était passé. Le temps était aux lendemains et à l'avenir. Et de présenter cet œuf à celui qui comptait le plus pour son âme. Son lié, sûrement entrain d'entraîner son nouvel apprenti.

« -Roëric, mon lié, vient à moi, à nous. J'ai besoin de toi. »

La dragonne de l'ombre lui envoya l'image du nouveau né.

« -Il est arrivé. Il est enfin là. Cet avenir. »

Isyndar ne cessait de l'admirer en attendant que son lié la retrouve. Elle lui envoyait des images du lieu où elle se trouvait. Elle avait hâte qu'il arrive pour compléter ce tableau.
Quand le vampire arriva, Isyndar vint vers lui pour poser son bout du nez contre son lié dans une sorte de ronronnement sourd, avant de se retourner vers l’œuf qui se trouvait au fond de la caverne à moitié recouvert de terre chaude.

« -Il est beau, n'est-ce pas? Tu sens son cœur ? Tu l'entends, il bat vite, on sent son empressement à venir. »

Isyndar l'espérait maintenant qu'il était, elle avait de le voir, de l'entendre, de le sentir, de savoir quel sera son choix. Qui le ferait sortir. Elle espérait quelqu'un de digne. Vampire, elfe ou humain qu'importe. Se serait son choix, mais la jeune mère ne tolérait pas un lié imbu de lui même ou bien trop fière. Même si elle n'aurait pas son mot à dire.

« -Mais avant ça nous devons le protéger. Et crois-tu que ici soit l'endroit le plus sûr ? Roëric qui nous dit pas que l'empereur des Humains ne reviendra pas avec une armée plus grande ? Ou bien Lorenz. Sa fuite en avant est pour mieux revenir, plus puissant et mettre à mal la rébellion. Nous le savons. Et il sait où nous sommes, nos faiblesses, nos points forts. Et pour l'heure, nous sommes tous à terre. »

La dragonne de l'ombre envoya à son lié les images de la guerre, de ce qu'ils avaient vécu lors de différentes batailles. Besoin inutiles mais la dragonne en avait besoin pour expier son angoisse. S'enroulant encore plus autour de l’œuf comme un rempart infranchissable, Isyndar le couvrait de sa chaleur mais aussi de sa présence. Son dragonnet devait la sentir, cette présence douce et réconfortante. Isyndar ne serait pas comme sa mère. Elle ne partirait pas loin sans ce futur. Elle serait là, le laissant grandir avec son lié, mais là. Présente dans une partie de sa vie.

« -S'il lui arrivait quelque chose... »

Isyndar ne se le pardonnerait jamais. Et en ce sens la tout jeune mère devait faire ce qu'il fallait pour mettre cet œuf à la fois fort et si fragile. L'être à l'intérieur devait mûrir et attendre, attendre son lié, sa moitié, celui qui lui permettra de faire un tout. Et cette seule responsabilité lui incombait. Alors maintenant, elle devait le faire. Et rien ne se mettrait sur son passage pour que cela arrive. La dragonne était déterminée. Et la première chose, mettre l’œuf loin de Wintel et sa haine des dragons.

Le vampire était perdu dans ses pensées lorsqu'il reçut l'appel de sa liée. Elle renouait le lien, le contact, elle avait besoin de lui et de sa présence. Étrange comme ce constat pouvait le rasséréner. Peut-être avait-il été moins tranquille qu'il avait essayé de le faire croire, à lui-même comme aux autres. Quoiqu'il en soit, l'heure n'était plus à aiguiser des épées. Le guerrier reposa le dit matériel et prit congé sans un mot, un signe de tête pour tout salut. Sans hésitation, il se dirigea vers la dragonne et ne mit pas bien longtemps à la trouver, elle et son œuf.

En effet, elle lui avait envoyé, tout au long du chemin, des images pour le guider. Sans compter que l'idée d'apercevoir de visu ce nouveau-né était suffisamment enthousiasmante pour que Roëric se presse un peu. Une fois dans la grotte, il fut accueillit par la dragonne avec chaleur. Il lui rendit cette attention par une bouffée d'affection mentale, mais aussi quelques pincés de fierté et d'admiration.

"Il est... très vivant, en effet."

Une constatation étonnante car on ne voyait finalement qu'un œuf, mais les sens supérieurs du vampire ne se trompaient pas. C'était bien plus que cela. L'essence même de la vie. C'était un spectacle émouvant à contempler, même le fier guerrier ne pouvait le nier, quoiqu'il ne l'aurait pas non plus avoué pour le moins du monde. Bien sûr, étant donné qu'elle partageait son esprit, sa liée savait tout cela.

"Il ne se trompera pas, ne t'inquiètes pas pour ça. "

Une remarque surprenante venant de l'être qui avait tant douté de cette capacité des dragons à bien choisir celui qui partagera leur vie. Mais c'était comme un certitude qui venait de s'ancrer en lui alors qu'il contemplait ce spectacle. Certitude qui l'aidait lui aussi à faire la paix avec ses propres démons, et à enfin accepter ce qui était depuis le début l'évidence même.

"Cet endroit n'était sûr que quand il était secret. Ce n'est plus le cas. Les rebelles ne changent pas de lieu pour la simple et bonne raison qu'ils n'ont nulle part d'autre où aller. Mais ce ne sera pas le cas de cet œuf. "

Le Maître-Lame partagea en silence les images de guerre qui lui envoyait Isyndar. Il ne chercha pas à l'apaiser, car la peur, lorsqu'elle ne nous maîtrisait pas, était parfois bonne conseillère. Mais il ne chercha pas non plus à exacerber ses craintes.

"Il ne lui arrivera rien. Il nous faut juste trouver un endroit sûr où le mettre à l'abri du danger."

Que les mortels meurent était dans l'ordre des choses. En revanche, ce ne serait pas le cas de ce futur dragon.

Fière, oui il n'y avait pas d'autres mots pour expliquer ce que pouvait ressentir en cet instant la dragonne de l'ombre. Elle était fière de son œuf, fière de cette avenir qu'elle offrait à ce monde qu'elle aimait malgré tout. Et fière de le présenter à son lié. Même s'il était assez difficile de présenter un œuf à qui que se soit. Mais qu'importe. Pour le moment, Isyndar répandait sa douce chaleur pour son avenir et son lié. Elle se sentait plus forte et déterminée que jamais. Oui, une force en elle naissait dans son cœur, celle de l'avenir qu'ils dessinaient avec la caste.

Mais il restait avant une inquiétude que n'importa quel courage ne pouvait apaiser : les craintes d'une mère. Envoyant ses craintes à son lié, elle lui offrit ensuite une toute autre image. Une de leur passé commun. Un moment de paix et de quiétude quand le monde tombait en ruine sous leur pieds.

« -Tu es donc d'accord avec cette idée de partir le cacher, le mettre à l'abri bien loin de la rébellion ? Elle est traquée, et pour l'heure personne ne sait en dehors de cette grotte qu'il est là. Il n'est pas encore menacé. Pas comme nous tous ici. Je ne peux prendre un tel risque. Pas avec l'ombre de ce maudit prince noir et encore moins avec ce voleur de Fabius Kohan. »

Car les rebelles n'avaient peut être pas d'autres lieux où se cacher mais eux, lui si. Et bien loin du tueur de dragons, de celui qui a juré aussi la perte de son lié. Les rebelles étaient toujours entre trois feux, car ajouter à l'empereur des Humains, les alayens restaient aussi tapis non loin de là. Et une coalition des trois n'étaient pas impossible. Que feraient-ils dans leur grotte ? A part attendre la mort.

« -J'avais pensé à la montagne d'une de nos dernières escapades. Loin de tout là où personne ne pourrait venir le chercher. Le froid, le vent, la neige mais aussi la hauteur, et la difficulté à s'y rendre sont des avantages certains et indéniables, mais caché loin de tout pourra-t-il trouvé son lié, son protecteur. »

Car là était le soucis. Dans l’œuf, il était vulnérable. En dehors, il avait au moins l'assurance d'avoir un lié aussi fort que le sien, aussi robuste qui le protégera comme Roëric avait su le faire avec elle. Elle lui envoya son inquiétude par des douces images de ce qu'il avait vécu.

« -Éviter les casseurs d’œufs mais pas lui interdire ce que nous vivons. »

Mais combien de temps cela allait durer ? Un an, un siècle, bien plus. Il fallait un abri de confiance et aussi fort que les écailles de sa peau.

« -Mais où ? As-tu une idée mon lié? »

Isyndar pencha sa tête avant de venir la poser contre son bras.

« -En tout cas, il nous faut nous hâter, avant que le murmure de la naissance de cet œuf soit ébruité dans l'empire. »

Et qu'on cherche à venir le toucher se prenant pour son futur dragonnier.

Roëric n'était pas indifférent à ce que ressentait sa liée, loin de là. Sa force, sa détermination et sa fierté déteignaient sur lui et l'emplissait d'une vigueur nouvelle pour faire face aux épreuves à venir. Les craintes de le nouvelle mère dragonne étaient cependant légitimes et il fallait y faire face. Le monde était un endroit dangereux, trop pour un être aussi précieux mais sans défense. Enfin pas tout à fait sans défense. Cet œuf le protégerait de toute attaque physique en attendant qu'il trouve son lié (ou sa liée).

Ce n'était pas rien, mais peut-être pas suffisant lorsque l'on attisait toutes les convoitises et particulièrement celles des êtres les plus retors et malveillants du continent.

Nous devons le mettre à l'abri.

Mais sans pour autant céder à la panique. Cela il ne le dit pas, mais Isyndar lisait en lui comme dans un livre ouvert. Et ce n'était pas une métaphore. Il secoua donc la tête devant la suggestion qui suivi.

Il faut mettre l'œuf en sécurité mais seulement le temps qu'il trouve celui ou celle avec qui il partagera son existence. Grandir auprès de lui et devenir adulte et suffisamment fort pour pouvoir s'occuper de lui-même. Voilà la meilleure des protections possibles.

Il posa sa main sur le museau de sa liée lorsque celle-ci toucha son bras. Un geste d'affection et de réconfort.

Si les rebelles nous ont appris quelque chose, c'est que s'enterrer ne mène nulle part, cela ne change rien et c'est dangereux. La sécurité c'est la mobilité.

Roëric le savait d'autant mieux qu'il avait un mode de vie nomade depuis aussi loin qu'il s'en souvint. Mode de vie qu'il avait partagé avec Isyndar. La mine sombre mais néanmoins déterminé. La voix basse mais qui ne tremblait pas, plus dure que nécessaire peut-être.

Nous pourrions le confier à la Horde.

Voilà, c'était dit.

Posant un regard doux sur son œuf la jeune mère envoya un sentiment rassuré de le savoir près d'elle.

« -Tout ce qui compte pour moi en ce moment, c'est que tu me suives dans cette idée. D'avoir ton soutien. Il m'est primordial que tu me suives dans cette voie, car c'est un choix délicat. Pas seulement, car il est mon tout petit, mais car cet œuf porte aussi beaucoup sur sa coquille. Déjà. »

Le saurait-il plus tard en grandissant ? Ce poids le comprendrait-il ? Différent de celui des premières générations.

« -En effet, nous sommes bien plus vulnérable coincés sous terre sans pouvoir s'envoler dans les airs et prendre de la hauteur. Que nous prenions ce risque est de notre fait, notre choix, mais lui. Je veux lui donner la possibilité de faire ses choix. Pas les nôtres. »

Son futur dragonnet ferait ses choix, ceux de son lié, des erreurs sûrement, mais il apprendra ainsi, comme elle et son lié il y a quelques années.

« -La Horde? J'avais aussi pensé à eux ? Ils sont aussi ma famille et ont pris tellement soin de moi, de toi, de nous. Et souvent cet âge bénit et plus calme au creux de leur foret, dans leur camp. Le ciel comme seul toit et les arbres comme murs solides et tout aussi protecteur que cette pierre et roche bleue. »

Et voler. Isyndar avait besoin de revoler, mais pas un soir pour chasser. Non, plus longtemps, plus loin, plus vite, plus haut. Mais une inquiétude se dessina dans son esprit.

« -Mais avec la guerre, la Horde a dû changer de région, comment les retrouverons-nous ? Je sais que tu fais confiance à mon regard perçant et mon flair irréprochable, mais l'empire des Hommes est vaste. »

Et ils en savaient quelque chose, pour l'avoir déjà traversé en long et en travers. Câlinant son lié du bout de son nez, Isyndar lui envoya des images d'elle auprès de la Horde, petite et son sentiments de bien être auprès d'eux.

« -Mais oui, si je dois le confier et me retourner pour suivre la caste sans inquiétude c'est auprès d'eux que nous devons confier l’œuf. Ils sauront en prendre soin comme un membre des leurs, mais devons-nous leur laisser un tel poids, une telle charge de responsabilités en plus des leurs ? N'est-ce pas leur donner encore plus qu'ils n'ont déjà à faire ? »

La Horde avait aussi de nombreuses vie à défendre. Les leurs et celles des populations qu'ils aidaient en risquant leur vie. L’œuf serait-il vraiment en sécurité là bas ? Même si cela ne faisait aucun doute que les loups le défendrait corps et âme. Et la dragonne de l'ombre voulait aussi s'assurer d'une chose. Car même s'il ne le montrait pas, pour Roëric la Horde signifiait Melusine. Pour un vampire la vie et la mort était deux choses qui différait de la vision humaine de ses amis, mais l'absence d'un être restait la même. Inquiète, elle voulait s'assurer que cela ne le peinerait pas. Même si jamais il ne lui dira ou avouera, mais elle pouvait lire en lui.

« -Et toi, te sens-tu prêt à retourner auprès d'eux ? Je peux comprendre que cela soit des plus étranges et complexes et je peux y aller seule, même si ta présence me rassura dans ce choix, et le voyage du retour...sera moins pénible. »

Car quoiqu'elle en dise et fasse, laisser son œuf au loin de ses yeux et de ses griffes étaient un déchirement. En cet instant Isyndar comprit le rude choix de sa mère. Mais à sa différence, elle ne le laissait que à quelques heures de vol, une courte distance, et ils se reverraient, dans quelques années. Isyndar ne partirait pas avant d'avoir vu son petit plonger son regard dans le sien.

Décidément il était très étrange de voir Isyndar comme une mère. Il se souvenait encore d'elle dans son œuf, puis quand elle était toute petite. Associer les deux images était troublant. Pourtant, le temps avait passé, nul n'aurait su dire le contraire; et les épreuves avaient fait grandir la petite dragonne bien plus que les années elles-mêmes. Il n'en restait pas moins que c'était là un étrange exercice pour Roëric. Que dire alors de cet œuf ? Lui aussi trouverait son lié, grandirait, gagnerait en sagesse... et ferait à son tour des petits.

Voilà qui filait un coup de vieux à notre vampire pourtant immortel.

La Horde... Sujet sensible. Le Maître-Lame aurait autant aimé ne pas avoir à l'aborder. Mais son esprit de stratège ne lui laissait pas vraiment le choix. Toutes les options avaient été pesés, et c'était la meilleure qui revenait encore et toujours, éveillant de vieux fantômes que le vampire aurait préféré laisser enfouis.

Nous les trouverons, je n'en doute pas. Nous les connaissons et nous savons comment ils pensent. Nous n'avons pas besoin de grand chose d'autre. Et vu que grâce à toi nous pouvons faire cela en volant, cela ne devrait pas nous prendre trop de temps.

Si Isyndar et Roëric avaient bien une chose en commun, c'était leur nature profonde, celle de chasseur. Ce n'était donc pas ça qui inquiétait le vampire, mais plutôt ce qu'il ferait quand ils les trouveraient.

Ce sera à eux de prendre cette décision Isyndar. Mais nous savons déjà qu'ils ne refuseront pas. Ils sont mobiles et suffisamment insignifiants aux yeux de Fabius Kohan et de Lorenz Wintel. Deux avantages que nous n'avons pas. Non seulement l'œuf sera protégé, mais il rencontrera aussi de nombreuses créatures, ce qui lui permettra de se lier.

Pour être tout à fait franc, Roëric n'avait presque aucun scrupule à utiliser la Horde comme bouclier. Mélusine était morte et sans elle, celle-ci n'avait plus aucune raison d'être à ses yeux. Quand bien même avait-il sympathisé autrefois avec certains d'entre eux... Puisqu'ils avaient eu le culot de survivre à leur chef, qu'ils se rendent un peu utiles !

Le vampire laissa échapper un profond soupir, comme une soupape pour sa colère grandissante. Ce n'était pas bon pour lui de penser à ce genre de chose.

Je serais à tes côtés. Tu te rendras seule dans leur camp mais pour le reste, je serais à tes côtés.

C'était dur pour elle aussi. Pour elle surtout. Il ne devait pas l'oublier. Mais malgré tout, il y avait certaines choses qu'il n'était pas prêt à faire...

Oui ses yeux perçants et la connaissance du terrain seraient leur principaux alliés. Mais la tâche ne serait pas aisée. Trouver un groupe d'hommes qui cherchent à se cacher de tous.

« -Je suis encore faible et fatiguée, le voyage ne se fera pas sans escales, si cela ne te pose pas de soucis. Je ne sais pas si tu as des affaires en cours qui ne peuvent être différées, mais sache que nous partirons un bon moment. »

Quoiqu'il en dise ! Elle voulait aussi assurer cet état de fait auprès de ce dragonnier qui construisait l'avenir d'une nouvelle caste. Pour le moment, il fallait la mettre de côté pour un tout autre avenir. Même si c'était lié indirectement.

« -De Wintel sûrement, du moins pour le moment. Mais les alayens, et les loyalistes...c'est autre chose. Tu sais bien que la Horde est une vie...différente. Mais oui, c'est bien auprès d'eux que cet œuf trouvera allié et peut être mieux. Et il sera choyé comme un de leur membre. Et protéger bien plus qu'ici. Mais que veux-tu ? Je ne peux que prévoir le pire et m'inquiéter de ce choix bien difficile. Si je me trompais ? »

Car c'était là son angoisse et les seuls mots de son lié arrivait à la persuader du contraire. Même si jamais cette idée ne partira de son esprit.

« -Les conséquences seraient terribles. Et pas que pour moi. »

Non, Isyndar ne devait pas penser à cela. Juste penser à un avenir meilleur et où son enfant son dragonnet aura sa place et surtout un allié de taille pour construire une vie bien meilleure. Là ils pourront voler tous les deux. Ensemble dans un ciel sûr.
La dragonne vint reposer son museau contre le bras de son lié. Oui il ne la suivrait pas auprès des loups. Trop de souvenirs. Elle respectait ce lourd choix. Car la dragonne savait qu'à sa manière, il appréciait ces hommes. Mais le souvenir de la jolie brune restait encore vivace. Et Isyndar savait ce que ce manque pouvait être. L'image de Shaynar se dessina dans son esprit. Et quelque part sa présence lui manquait. Sa façon d'être, l'idée d'être compris par un des siens. Car même si elle aimait les moments seule avec son lié vampirique, le contact avec un des siens, aussi simple que se fut avec le premier né, lui rappelait le manque des siens et de sa famille. Cela changerait avec cet œuf.

« -Je respecte ton choix mon lié. Je n'en dirai plus sur ce sujet. Hâtons-nous de partir avant que je change d'avis ou que nous nous fassions attaquer une nouvelle fois. »

Laissant son souffle envelopper une dernière fois son œuf qui trônait tel le joyau qu'il était à ses yeux, Isyndar espérait que ce choix fut le meilleur et le plus judicieux. Malgré tout le doute qui l'envahissait, au fond d'elle, la dragonne de l'ombre savait que le laisser à Aigue était une erreur. Isyndar laissa son lié aller préparer ses affaires et prévenir de leur départ. Se retrouver seule une dernière fois avec son œuf permit à la jeune mère de tenter de lui faire passer son ressentis quand à ce voyage et cette séparation. Gardant l'espoir qu'elle ne soit que courte.


HJ: Petite conclu pour moi mon dragonnier adoré