Par tout les esprits les choses ne faisaient qu'empirer décidément ! En plus de la chaleur insoutenable qui régnait en dehors des galeries, et des catastrophes naturelles. Ce qui était déjà une bonne raison pour Ylan de ne pas sortir d'Aigue Royale, déjà qu'il ne tenait pas spécialement à se faire attaquer par des alayens dehors. Peut-être de pitoyables sang chaud, mais le renard qu'il était préférait se méfier quand même, autant laisser d'autres prendre les risques à sa place, lui qui avait une valeur d'autant plus élevé que la chair à canon qu'elle soit sang chaud, ou froid. De plus maintenant qu'il y avait tout ces problèmes de comportement étranges, et avec cette canicule au dehors un soleil encore plus insupportables qu'auparavant Ylan se confortait dans le fait que son choix de restait en sécurité avec l'armée vampirique était un bon choix...

Néanmoins ce n'est pas pour autant qu'il fallait se tourner les pouces pensa t-il. Les problèmes de comportements après tout ne se limitaient pas qu'aux loyalistes, et aux rebelles (il ne savait pas si cela touchait, ou non les alayens...), mais aussi aux esclaves. Ce qui n'était à la fois pas pour le déplaire, ni pour lui plaire d'un autre côté... Mater les petites rébellion donnait un bon prétexte pour qu'il s'amuse un peu avec quelques esclaves, mais c'était beaucoup moins amusants quand c'était pas que deux, ou trois esclaves qui causaient des problèmes, mais une dizaine voir plus... Il y en avait certains qui étaient juste devenu un pour lourdaud, ou d'une timidité digne d'un ermite, voir se montraient excentrique de façon bénigne. Cela Ylan les ignorait volontiers pour le moment … Car à côté il y avait ceux qui étaient devenu violents, ceux qui n'arrêtaient pas de faire leurs petits manèges, certains qui étaient devenu bien trop peu productif par leurs simples bizarreries pour qu'il puisse le tolérer...

Du coup Cendremont passa une bonne partie de son temps à recadrer tout ceci... Lui même d'ailleurs savait qu'il était légèrement troublé, par simple déduction car tout le monde semblait se comportait étrangement depuis les événements du 10 Mars. D'après ce qu'il savait c'était le fait du prince noir, et d'un baptistrel nommé Merithyn qui avaient détruit la chevalière dévoreuse. Soit disant que tout le monde était touché par les conséquences de cet acte, donc lui aussi certainement … Néanmoins il ne se sentait pas pour autant étrange... Juste qu'il semblait se montrer plus prudent qu'a son habitude, voir même craintif dans certains cas. Il ne savait pourquoi, mais il faisait avec, déjà qu'il avait étrangement l'envie de se faire aider dans sa tâche . Non pas car il n'en était pas capable, mais surtout car Cendremont contrairement à ses habitudes avait envie de se décharger d'un peu de travail sur les épaules de quelqu'un d'autre . Ce qui était vraiment très inhabituel de sa part.

Tout cela était plus fort que lui, même s'il savait qu'il faudrait vite se reprendre car quelqu'un comme lui n'a pas le droit de se relâcher, et qu'il risquerait d'en pâtir si jamais quelqu'un apprenait qu'il était devenu craintif depuis quelques temps, bien plus qu'un vampire ne devrait l'être. Heureusement personne ne s'en était aperçu pour le moment, Cendremont arrivait tant bien que mal à se contrôler, et à le cacher en présence d'autrui, et vu qu'il était plutôt asocial même pour un vampire il n'avait pas à faire tant d'effort que cela, donc ça restait malgré tout supportable.

Du coup il était souvent accompagné de plusieurs gardes lorsqu'il devait aller gérer les problème que certains esclaves posaient (souvent parce que ce n'était pas qu'un seul esclave qui posait des problèmes), puis il faisait comme à son habitude. Il maté l'esclave, il en arriver vite au fouet (en tout cas plus vite que d'habitude) au vu de la situation car certains idiots semblaient moins le craindre donc il fallait vite employer les bonnes méthodes, voir faire des exemples. Tandis que certains peureux retournaient à leurs tâches dès qu'il se montrait un peu sévère. Ylan avait donc entreprit de noter tout les problèmes, et les excentricités que causaient, et dont faisait part chaque prisonnier depuis le 10 Mars. Ainsi il éviterait de trop perdre son temps avec certains idiots. Il fit d'ailleurs de même pour les vampires, et les humains avec qui il était obligé de parler pour des raisons strictement professionnelles. Pas qu'il y ait jamais éprouvé le moindre plaisir, mais que maintenant devoir converser avec là plupart d'entre-temps en était devenu fort ennuyant...

Tout cela à tel point qu'Ylan profitait d'autant plus des fois où il devait interroger des prisonniers. C'était après tout l'un de ses plus grand amusements, et c'était l'une des rares choses qui n'était pas devenu plus compliqué qu'elle ne l'était auparavant. Mieux encore les problèmes que posaient l'esprit totem de beaucoup pouvait rendre tout cela bien plus amusant. Comme quoi d'une certaine façon il y a du bon dans tout …

Néanmoins en ce moment là il n'était pas spécialement occupé à torturer quelqu'un, d'ailleurs ce n'était pas l'une des tâche qu'il devait effectuer ce matin. Il étant en train de surveiller, et de superviser les esclaves qui s'attelaient à forger des armes pour l'armée vampirique. D'ailleurs l'un d'entre-eux qui semblait ne pas travailler attira l'attention d'Ylan. Ce dernier s'approcha prudemment du dit esclave en l'intimant de se remettre à la tâche.

L'humain totalement stupide prit soudain l'une des armes forgés non loin, et l'attaqua avec. Cendremont furieux intérieurement à l'idée qu'un esclave comme cela qui avait un collier de contrainte puisse tenter de se libérer comme ça avec autant d'insolence se contenta d'esquiver agilement l'attaque de cet idiot, et activa le collier de contrainte de ce dernier.

L'humain porta la main sur son collier, et ne tarda pas à se mettre en position fœtale pendant que le collier faisait son office. L'esclave commença à chouiner, et à implorer pitié, mais Cendremont se contenta de savourer cela, et de maintenir l'effet du collier après plusieurs instants de supplice pour l'humain... Puis Ylan silencieusement relâcha l'effet du collier, et prit en main son fouet avant de sourire sinistrement à l'idée de ce qu'il allait faire. Sans doute que personne n'aurait rien à redire s'il s'amusait un peu avec cet esclave... Puis il intima l'ordre aux deux gardes vampiriques qui l'accompagnaient de surveiller les alentours pendant ce temps.

Le regard furieux, Ambre traça tout droit devant elle, s’effaçant par moment pour laisser passer ceux qui venaient à contrecourant. Dans ses bras elle serait les feuilles à demi froissées sur lesquelles elle traçait rapidement ses mots pour s’exprimer. Jusqu’à présent, elle n’en avait guère eu besoin, travaillant en silence avec ses patients. Eux parlaient, elle écoutait. Cela leur faisait du bien, et elle-même ne s’en trouvait pas le moins du monde gênée. Il n’avait été guère difficile d’expliquer aux autres guérisseurs le problème de son totem, et eux même se trouvant dans d’invraisemblables situations, certains même devant abandonner cette activité nécessitant calme et sociabilité. Quant aux autres, hormis une ou deux discussions par-ci par-là, elle n’avait guère l’occasion d’utiliser sa plume. Vivant encore dans le camp vampire, ceux-ci ne lui parlaient toujours pas, hormis Derek, toujours infaillible. Mais depuis que les totems allaient mal, même lui ne s’approchait plus d’elle et inversement. D’une agressivité insoutenable, il était difficile d’avoir la moindre discussion, le plus petit dialogue au calme avec lui. Et afin d’éviter un accident que son ami vampire aurait pu regretter, la petite humaine avait simplement cessé momentanément de le voir. Il ne semblait pas lui en vouloir, comprenant, sans doute, ce que cette amie incongrue faisait. Et c’était dans ces instants, en songeant au guerrier, que la jeune fille se souvenait des paroles du dragonnier qu’elle avait croisé dans les prisons, peu de temps auparavant, finalement. Elle comprenait mieux les paroles prononcées à son égard.
Quant à Lorenz… Elle évitait autant que possible de laisser son esprit lui jouer le mauvais tour de glisser son visage dans son esprit à elle. Elle l’avait aperçu, la veille, mais seulement de loin, et s’était dépêchée de reculer encore davantage à l’abri des regards. Ne pas le voir, ne pas l’entendre, ne pas le sentir, ne pas le toucher… Ne pas le penser. Sans quoi elle ne pouvait empêcher ses larmes cristallines de perler à ses yeux au souvenir de ce qu’elle perdu sans même s’être rendu compte l’avoir un jour possédé. Son humeur fluctuait énormément et ne pas parler du tout depuis… et bien depuis qu’elle avait découvert que l’écriture lui permettait une conversation fluide n’aidait en rien, bien au contraire.

Mais pour l’instant, ce qui préoccupait la jeune fille n’était pas relatif au relationnel même s’il en découlait plus ou moins ‒d’accord, plus proche que moins. Depuis que le prince avait claqué la porte de sa chambre, ils ne s’étaient donc pas croisés. Mais cela impliquait que le vampire ne s’était pas nourri, du moins pas d’elle. Et c’était là que le bât blessait. Il avait été difficile de ne pas remarquer la faim dévorante qui semblait les posséder, et elle doutait que Lorenz se soit simplement abstenu de se nourrir. Il n’était pas du genre à avoir le moindre scrupule ou remord. Inutile d’espérer qu’il se contrôle simplement pendant quelques jours avant de revenir, elle avait beau être naïve et rêveuse, elle savait parfaitement à quoi s’en tenir là-dessus. Mais ce qu’elle ignorait, c’était s’il se choisissait de nouvelles cibles ou bien s’était rabattu sur l’un des prisonniers actuels. Peut-être tous ne l’appréciait-ils pas, mais elle avait besoin de voir que ceux qu’elle avait côtoyés et parmi lesquels elle devrait encore être allaient bien. Surtout Nathan. C’était pourquoi elle se dirigeait à présent en direction du quartier des esclaves, revêtue d’une fine robe bleue sombre mettant en avant sa chevelure d’or, ayant accroché à ses oreilles des pendants offerts par Lorenz par mesure de protection ; certes discrets, mais nul doute que la vue aiguisée d’un vampire le verrait. L’idée de croiser Ylan, le maitre des esclaves, lui crispait le ventre, et elle voulait prouver qu’elle n’était plus sous sa domination. Qu’il ne pourrait pas la traiter comme il pouvait le faire avec les autres. A dire vrai, c’était la première fois qu’elle utilisait ce genre de stratagème, elle avait des sueurs froides dans le dos à l’idée de s’approcher si près de ce lieu de martyr. Mais elle le devait. Pour eux, pour elle.

Glissant une main sur son front, elle souffla doucement pour évacuer la tension et la chaleur insupportable qu’il faisait avant de s’approcher davantage. Elle entendait des voix, des sons prouvant une douleur certaine. Un humain souffrait, gémissait. Accélérant, la demoiselle se mit à courir, arrivant au niveau de la scène et se figeant. Du fouet ? Non ! Il n’était pas question de laisser qui que ce soit se faire battre ainsi. Passant outre les deux gardes qui l’avait repéré et stoppée, elle cria un bref « Arrêtez ! » outragé et, Dracos soit béni, entier. Cela eut au moins le mérite d’attirer l’attention du maitre des esclaves, auquel la jeune fille fit un bref signe de venir vers elle, jetant un regard malheureux au pauvre prisonnier. Elle ignorait ce qu’il avait fait, mais personne ne méritait pareil traitement, de cela elle en était sûre.

Toujours bloquée derrière les deux buveurs de sang qui la regardait sans la moindre once de gentillesse, elle recula légèrement pour éloigner l’odeur de son sang de leurs narines trop proches et, par des mimiques, fit comprendre à Cendremont qu’elle devait lui parler.. Ou plutôt, lui écrire. Le cœur battant, elle espérait que tout se passerait bien. Après tout, elle était toujours officiellement, semblait-il, la compagne du Prince Noir.

Le fouet claqua plusieurs fois de manière stridente, Ylan frappait comme le professionnel qu'il était. Pas trop fort pour ne pas tuer l'humain, mais assez pour que celui-ci laisse échapper plusieurs cris de douleurs répétés pendant que le fouet tracé des sillons sur tout son corps. Il fallait bien cela pour apprendre à celui-ci quel était le prix de la désobéissance, et puis de toute façon Ylan ne se ferait pas prier pour aller plus loin que nécessaire. Cet humain devait déjà avoir compris la leçon, mais l'idée de le marquer, et de le briser réjouissait grandement Cendremont. De plus les autres esclaves regardaient d'un œil inquiet le spectacle pensa t-il, ce serait donc une bonne idée d'en profiter pour en faire un exemple de plus... Moins il y aurait de velléités de révolte après tout mieux il se porterait...

Puis il entendit un brusque "arrêtez" d'une voix féminine qu'il reconnut immédiatement. Ylan qui avait déjà bien maté l'esclave qui gémissait à terre avec de nombreuses coupures sur lui, arrêta de fouetter, et observa son oeuvre avec une assez grande réjouissance pendant un court instant. Dommage qu'il doive s'arrêter là car il commençait à peine à s'amuser... Mais bon de toute façon il aurait sans doute d'autre occasion de se divertir conclut-il, mais d'abord se concentrer sur la visiteuse qui venait le déranger en plein travail...

Il se retourna, et regarda cette dernière d'une expression dénué de toute émotion... Ennui? Sévérité? Dur à dire dans tout les cas. Cendremont savait que celle qui venait de le déranger n'était pas une esclave comme les autres, mais à ses yeux elle restait une esclave. Celle du prince. Soit disant que ce dernier avait déclaré qu'elle était sa compagne comme le démontrait les bijoux que portait cette dernières. Au final Cendremont n'en avait a peu près rien à faire des excentricités de Lorenz Wintel, et du fait qu'il se soit entiché d'une humaine. Néanmoins il était assez intelligent pour savoir qu'elle était immédiatement entrée par les faveurs de Lorenz dans la sphère des humaines intouchables. Cela l'enquiquinait un peu, mais bon... Après tout il avait déjà bien assez d'esclave sur la main pour le moment. Autant ne pas tomber dans les défaveurs du prince en s'en prenant à la mauvaise personne surtout que c'était grâce à ce dernier qu'il occupait sa position actuelle, et Cendremont lui était fidèle dans la mesure du possible pour un vampire.

Il la dévisagea courtement, et bien elle semblait bien émotive pour une outre à sang. Il ne comprendrait jamais ce genre de petite nature, mais bon. Comme il n'avait aucune envie d'être dans les défaveur du prince il devait être poli avec elle, et tâcher de ne pas la gripper. Eh bien soit pensa t-il autant ne pas perdre de temps. Il alla donc d'un pas calme, et régulier à sa rencontre...

Salutations compagne du prince. Dit-il d'un ton totalement dénué de toute émotion. Il ne s'impliquait absolument pas émotionnellement dans cette conversation car après tout ce n'était là que les obligations de sa position...

Il lui lançait un regard impassible, il était très dur de deviner ce qu'il était en train de penser en cet instant. Même si son regard était bien moins mauvais que celui des deux gardes. Si on peut dire que l'indifférence vaut mieux que le mépris d'une certaine façon... Mais où en étions nous? Ah oui si elle était venu le déranger ce n'était sûrement pas uniquement pour l'empêcher de s'amuser avec un esclave réticent tout de même...

Que puis je faire pour vous mademoiselle? Il disait cela d'un ton ni réticent, ni aimable. Il ne faisait que dire ce qu'il devait dire en cet instant après tout. Ce n'était pas la partie le plus plaisante de son métier pour lui de devoir gérer les caprices de certaines personnes...

D'ailleurs? Il se demandait bien pourquoi elle était venu le voir toute seule... Elle aurait pu venir accompagnée de un, ou deux gardes sans doute vu sa position auprès du prince. Ou bien c'était qu'elle ne le craignait pas ce qui était assez vexant pour lui, mais au final d'un point de vue méthodique aussi important que de rendre service à son prochain. Que du superflu tout cela, Cendremont ne s’encombre pas de superflu, il ne se sert que ce qui peut lui permettre d'arriver à ses fins rien de plus, rien de moins...

Puis par la suite il fit un geste à l'un de ses garde pour que celui-ci ailla s'occuper de l'esclave encore tétanisé par terre, et le remette au travail. Après tout deux garde c'était un peu du superflu juste pour la compagne du prince qui ne représentait pas vraiment un grand danger, et qui n'avait pas vraiment l'air de mijoter quelque chose contre lui... D'ailleurs il se disait qu'un garde aussi c'était su superflu, mais depuis quelque temps Cendremont était bien plus prudent qu'a son habitude. Il préférait prendre le moins de risques possible même si c'était minime. D'ailleurs il n'en avait pas l'air, mais il scruter chacun des gestes de son interlocutrice...

Le cœur battant, Ambre observa le maitre des esclaves se diriger vers elle. Elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver de la crainte envers cet homme et son fouet, et instinctivement son regard angoissé se porte vers l’homme à terre. Il était crispé au sol, le visage figé dans un mélange de haine, de colère et de douleur, ainsi qu’une pointe de soulagement de voir son sort momentanément interrompu. Pourtant, quand il croisa le regard de la jeune femme, celle-ci n’y lut pas la moindre sympathie, pas plus que de gratitude. Plutôt un mépris frappant à l’égard de sa personne. Elle pinça les lèvres, retenant un frisson d’émotion. Lui comme nombre d’autres la voyait comme une traitresse, surement. C’était blessant, mais elle ne pouvait rien y faire, si ce n’était leur montrer qu’ils n’avaient rien à craindre d’elle. Et même qu’au contraire elle les aiderait autant qu’elle le pourrait.

-Salutations compagne du prince.

Ambre se mordilla la lèvre inférieure tandis que ses yeux s’attristaient en entendant l’appellation. Non, elle n’était pas sa compagne, ne l’avait jamais été et aujourd’hui elle n’était plus rien. Rien qu’un vague souvenir dans la mémoire d’un être tellement plus vieux qu’elle. Rien qu’un fantasme d’un séducteur et chasseur. Elle souffla lentement, laissant s’évacuer la tension, comme si ses émotions et sentiments étaient contenus dans cette petite expiration. Ce n’était pas le cas, mais cela la rassurait. Elle se sentait plus sereine, plus maitresse d’elle-même. D’ailleurs, si elle avait mis ses boucles aux oreilles, c’était aussi pour se faire respecter en tant que celle partageant le quotidien du prince noir. Ne pas avoir d’ennui et obtenir plus rapidement les renseignements qu’elle cherchait. Sans doute n’aurait-elle jamais osé utiliser pareil stratagème quelques années plus tôt, mais la présence quasi constante de Lorenz et l’habitude de le voir à l’œuvre lui avait appris à développer certains comportements qu’elle aurait jugés comme mensongers et opportunistes auparavant. Elle porta machinalement la main à son pendentif d’ambre avant de chercher ses mots pour s’expliquer. Que ce soit par ecrit ou oral, autant faire au plus simple dès qu’il était possible de le faire.

- Pardonnez-moi, je ne souhaite nullement vous déranger. Je ne peux guère parler depuis les soucis avec les totems, j’espère que vous ne prendrez pas ombrage de cela.

Elle lui présenta le papier avant de relever un regard grave et sérieux sur lui. Sans doute ne prenait-elle pas cette peine avec les quelques autres interlocuteurs avec qui elle échangeait, mais celui-ci, elle s’en méfiait. Il pouvait être dangereux. Comme les autres vampires, mais elle avait parfois l’impression que celui-ci était plus… indépendant. Elle ignorait à quoi cela était dû et si c’était vrai, mais elle préférait ne pas prendre de risque. Après tout, bien que lui l’ignore, elle avait perdu beaucoup en laissant le prince s’éloigner.
Ambre le laissa lire et absorber l’information, qu’il ne s’interroge pas sur ses manières de s’exprimer alors même qu’elle l’avait interrompu avec un cri ‒faire des phrases complètes oralement, c’était épuisant‒ avant de reprendre ses explications.

- Je cherche Nathan, l’un des prisonniers. J’ai besoin de lui parler s’il vous plait. Où puis-je le trouver ?

Elle fronça les sourcils avec inquiétude avant d’ajouter rapidement :

- Nathan Erven.

Elle espérait qu’il allait bien. Si elle se tournait vers lui maintenant, ce n’était pas pour obtenir une quelconque aide ou que ce soit qui y ressemble. Elle s’inquiétait sincèrement de savoir qu’il était l’un des plats de résistance des sang-froid alors que ces derniers avaient de plus en plus d’appétit, et ce depuis le 10mars. Elle en profiterait pour lui demander comment aller son frère… Brandon avait toujours été un peu froid et distant envers elle, mais la guérisseuse ne lui en voulait pas. Chacun réagissait selon sa manière d’être.
D’un geste discret, elle effleura doucement de sa main les quelques potions qu’elle avait prises rapidement avec elle avant de partir. Si elle pouvait soulager son ami esclave d’une quelconque façon, elle le ferait avec plaisir. Son regard suivi la silhouette de l’homme fouetté jusqu’à ce qu’il retourne à son poste ; hélas, Nathan ne serait pas le seul à avoir besoin d’aide.

Attentive, elle attendait la réponse du maitre des lieux avec anxiété, espérant simplement ne pas l’entendre lui annoncer la mort du jeune homme pour une quelconque et sombre raison. S’ils n’avaient pas été réellement proches, cela n’empêchait pas qu’elle se souvenait d’agréables moments en sa compagnie à bavarder timidement et se soutenir, bien que chacun ayant accepté sa condition. Et les souvenirs, parfois, étaient la seule chose qui restait.

Il sentait qu'elle était intimidée par lui même si elle le cachait bien il le voyait par son visage, les invisibles signes que presque personne ne peut dissimuler, par le fait que c'était logique, et surtout qu'après plus de 200 ans à inspirer la crainte à plusieurs degrés l'on devine facilement le niveau de cette dernière. Mais elle semblait bien se contrôler ce n'était qu'une légère intimidation compréhensible pensa Ylan, mais il restait quand même dommage qu'il ne puisse pas tirer parti du sentiment qu'éprouvait cette jeune femme, mais bon il s'en passerait. Il aurait bien d'autre occasion de s'amuser pensa t-il. De plus se mettre à dos le prince par ce genre de stupidité n'est absolument pas une bonne idée...

Il vit que la compagne du prince au lieu de parler écrivit. Bien étrange que cela il n'avait jamais entendu dire qu'elle était sourde, mais il en conclut bien vite que soit c'était parce qu'elle avait énervé le prince, et que celui-ci lui avait coupé la langue, ou bien car elle avait un léger souci avec les derniers événements. Le genre de souci que tout le monde a y compris Ylan... Soit! Il se contenta de lire silencieusement les écrits de la jeune femme sans décrocher de son regard sérieux comme la pierre avant de répondre calmement.

Je vois... Poursuivez je vous prie. Dit-il calmement. Il n'avait pas vraiment envie de pardonner quoi que ce soit car pour lui le pardon était vraiment inutile, et une perte de temps prodigieuse. Elle avait expliqué pourquoi elle ne pouvait pas parler point. La politesse restait une donnée superflu surtout qu'il n'était pas du genre à se vexer aussi facilement. Si elle n'était pas bête elle devinerait qu'il s'en fichait presque, mais bon... L'avantage quand quelqu'un écrit car il ne peut pas parler c'est qu'il ne dispose pas vraiment de l'avantage, ni de l'initiative dans la conversation...

Il lui lança un regard aussi grave, et sérieux que celui qu'elle le lançait, mais de façon dénuée d'émotion évidente. Ces humains ont tellement l'habitude de tenter de décrypter les autres par leurs expressions, ou bien de veiller à prendre en compte les sentiments de tout le monde. Ou bien c'est car elle le craignait un peu plus qu'il ne le pensait, pourtant il n'y a pas vraiment de raison au vu du statut de cette esclave auprès du prince noir... Mais bon humanité, et logique pure sont deux choses totalement différentes pensa t-il, si les humains étaient aussi pragmatique que cela il seraient bien moins amusants pour lui.

Pendant ce temps la compagne du prince lui posa par écrit la raison de sa venue... Elle cherchait un esclave nommait Nathan, sans doute ce Nathan là pensa t-il après une courte réflexion avant de conclure de toute façon que les esclaves nommés Nathan il n'y en avait pas des centaines par ici...

Le dénommé Nathan disons sert de domestique, et sans doute de repas à une conseillère vampirique ce matin. Vous devriez sans doute attendre cet après midi pour le revoir.

Dit-il d'un ton morne en essayant de faire clair, et concis si possible. Néanmoins se doutant que la jeune femme risquait de repartir sans demander son reste il eu soudain une idée en tête... Qu'il donna clairement à la compagne du prince d'un ton un peu moins plat.

Néanmoins si jamais vous ne savez pas quoi faire compagne du prince j'aurai quelque chose à vous proposer si vous le permettez. J'ai entendu dire que vous aviez des talents de guérisseuse, et disons que certains esclaves auraient besoin de soins surtout depuis ces temps-ci...

Surtout depuis les événements du 10 Mars. Ylan savait que les baptistrels sont surchargés en ce moment avec tout ce qu'il se passait, et etc... Et déjà que l'idée de faire appel à eux pour éviter de perdre trop de main d'oeuvre le rebutait celui de demander l'aide d'une humaine encore plus. Néanmoins il préférait largement cela qu'une baisse notable de la production dû à des accidents, des égarements, ou des mutineries, et qui l'obligeraient à s'expliquer auprès du prince, ou bien à retenir ses coups. De plus il préférait si possible ne pas guérir lui-même les esclaves car cela dégraderait son image solidement bâtie, et puis bon même si elle n'offrait son aide qu'une, ou deux heure cela lui enlèverait déjà une belle épine du pied.

Bien entendu ce n'est qu'une proposition. Même s'il connaissait déjà la réponse de la jeune femme, ou du moins pensa la connaître. Cette dernière comme elle l'avait démontré il y a très peu de temps était soucieuse du sort des esclaves, et n'avait pas l'air d'apprécier de voir de la souffrance. Une tentative de manipulation? Non ce n'était pas le genre d'Ylan, ah mais si en faîte... De plus cela l'arrangerait pour tout dire, et elle n'aurait aucune raison de refuser...

Au moins, il l’écoutait. Ou plutôt la lisait. Ambre se détendit un petit peu, son regard inquiet se teintant de soulagement. Elle avait eu peur d’être rejetée mais ce n’était pas le cas. Finalement, il n’était peut-être pas si effrayant que cela, il avait fini par renvoyer l’un de ses gardes. Bon, Ylan gardait le second, pourtant la demoiselle ne se considérait pas spécialement dangereuse ‒en fait, il était même difficile de l’être moins qu’elle‒ mais c’était déjà un bon début. Peut-être voulait-il montrer qu’il était important, qu’il avait des hommes pour le défendre, ou simplement avait-il pris l’habitude d’avoir toujours cette compagnie avec lui. Cela dit, toute cette histoire n’avait aucune importance dans la mesure où la guérisseuse n’était pas venue pour étudier le comportement et le caractère de maitre Cendremont, et que tant qu’elle n’avait rien à craindre de lui ni à lui reprocher, hormis le fait d’être, justement, le gardien des esclaves, le nombre de gardes était anodin. La vraie question était surtout de savoir où était Nathan. Voilà un moment qu’elle n’avait pas vu ni entendu parler de son ami, et avec le « contrat » rompu avec Lorenz elle s’inquiétait pour lui. Sans doute pourrait-elle profiter pour lui demander comment il allait d’une manière générale et s’il n’était pas trop incommodé par les problèmes survenus depuis le 10mars. S’il était en vie. Mais l’idée que ce ne soit plus le cas la secouait trop pour qu’elle puisse lui accorder de l’importance. Il devait être en vie. Peut-être saurait-il l’aider, la conseiller. Il avait toujours été gentil avec elle, et inversement, et bien qu’elle soit libre, elle ne se sentait pas supérieur pour autant au jeune homme.

-Le dénommé Nathan disons sert de domestique, et sans doute de repas à une conseillère vampirique ce matin. Vous devriez sans doute attendre cet après-midi pour le revoir.

L’après-midi ? Elle allait devoir revenir, donc ? Pour Nathan, elle le ferait bien sûr, mais elle devait reconnaitre être décue de ne pas le trouver, bien que le soulagement de le savoir encore vivant atténue sa déception. Bien sûr, il était en train de se faire croquer par une vampire assoiffée. Optimiste, il avait toujours supporté plutôt bien sa condition mais maintenant que les sang-froids avaient des envies de sang plus importantes qu’auparavant, il devait être extrêmement fatigué. Et inutile d’espérer qu’il obtienne de se reposer comme il l’aurait dû, probablement, après tout il n’était qu’un esclave. De nouveau, l’inquiétude envahit le regard de la jeune fille tandis qu’elle restait plantée devant Ylan. Elle n’avait plus qu’à faire demi-tour.

- Merci. Désolée pour le dérangement.

Elle lança un regard vers la direction prise par le garde pour raccompagner l’esclave et commença doucement à reculer. Inutile de s’attarder, bien qu’elle aurait donné cher pour s’approcher davantage et apporter un peu de réconfort à ces pauvres hères. Mais c’était impossible, elle le savait et ne souhaitait pas risquer de voir les prisonniers être punis par sa faute sans même qu’ils en soient responsables pour quoi que ce soit. Ce fut donc avec une immense surprise qu’elle entendit la proposition du vampire et elle le dévisagea un instant pour être sûre d’avoir vraiment bien compris. Elle pouvait ? Pour de vrai ? Oh oui ! Est-ce qu’il avait dit cela car il la voyait déçue et souhaitait lui faire plaisir ? Peut-être, elle n’en savait rien. Quoi qu’il en soit, cela la satisfaisait totalement et un délicat sourire fendit son visage triste tandis qu’elle opinait du chef. Bien sûr qu’elle était d’accord ! Et pas qu’un peu !

-Je… viens.

Dommage qu’elle n’ait pas toutes ses affaires, mais au moins les quelques potions et bandages qu’elle avait prise avec elle pour le cas où Nathan en aurait eu besoin allait servir. Pour le reste… De l’eau allait nécessaire pour le nettoyage des plaies. Elle suivit donc le vampire qui la mena à un prisonnier dont la vilaine plaie à la naissance du cou et qui zigzaguait sur l’épaule était nettement visible. Elle s’approcha de lui, désireuse de l’aider, mais devant son refus total de la laisser s’approcher elle finit par se tourner vers Ylan :

-Vous.. aidez ?

Elle lui jeta un regard sévère en complétant avec détermination :

-Doucement !

Pas de fouet ou de quoi que ce soit avec elle, la timidité maladive de l’individu qu’elle souhaitait voir devait probablement venir aussi de son totem, d’accord c’était peut-être pour cela qu’il n’avait jamais été soigné auparavant, refusant tout contact avec d’autres. Mais Ambre n’avait malheureusement guère le temps de passer la journée auprès d’une seule personne, et il fallait bien le soigner malgré tout. Mais qu’Ylan ne l’effrayait pas.

Si il avait été un vampire comme un autre il ce serait bien demander ce que le prince trouvait à cette faible humain si fragile, mais Ylan n'était pas un vampire comme un autre, et puis cela l'intéressait autant que sa première chemise pour tout avouer. Tant que le prince lui laissait son poste de maître esclave, et restait prince, et compétent Cendremont lui était loyal jusqu'au bout. Il pouvait s'enticher d'une humaine, d'une elfe, d'une dragonne, ou même d'un chien que Ylan n'en serait pas choqué du tout. Ce genre de question futiles, et de choses futiles n'avaient absolument aucun intérêt pour quelqu'un comme lui...

De plus il devait avouer que d'un point de vue a humain cette femme avait des atouts. Beaucoup d'humain seraient charmés par ce genre de beauté, et l'innocence dont faisait preuve la compagne du prince pouvait laisser l'opportunité à quelqu'un d'habile d'en profiter. De toute façon ce ne sont pas ses oignons, et pour tout dire il préférait faire au plus vite, ou essayer de tirer parti de la situation. Après tout Ylan s'il le peut ne rend jamais de service sans intérêt caché derrière. Après tout il faudrait être idiot pour ne pas tirer parti de l’opportunité d'avoir quelqu'un qui vous doit quelque chose. profiter de quelqu'un est souvent très utile après tout.

Elle voulait voir ce Nathan? Ylan connaissait bien cet esclave là. Pour tout dire c'était l'un des rares esclaves sur lequel il n'avait jamais porté la main, à la fois car celui-ci ne se faisait pas trop remarquer, et car le prince ne voulait pas qu'il soit trop abîmé. Et la volonté du prince était loi chez les vampires telle est la loi du plus fort. Et quand tu n'es pas le plus fort essaye de plaire aux puissants, ou en tout cas d'attirer leurs bienveillances. C'est un peu l'une des sales façons d'avoir la paix dans la société vampirique. Cela, et d'autres moyens vicieux dont disposait Ylan pour arriver à ses fins...

Eh bien si elle pouvait se révéler utile à son auguste personne, et le tout sans qu'il ait à lui donner quoi que ce soit à part une rencontre avec un esclave Ylan aurait été sot de ne pas en profiter. Après tout comme le disent tout les humains, tout est mieux quand c'est gratuit. Surtout que le prince n'aurait rien à lui redire vu qu'il n'a absolument pas l'air de la maltraiter, et d'abuser d'elle. Ce qui est derrière bien rare quand il était en présence d'une humaine, mais bon elle n'était pas accessible comme esclave pour lui, et puis même comme repas elle serait vraiment de piètre qualité sachant que c'était une immunisée... Au moins elle avait ses talents de guérisseuse, elle lui était donc assez utile d'une certaine façon, comme moi il y avait toujours moyen de tirer profit de n'importe quelle situation.

Il emmena donc la jeune femme voir certains esclaves qui avaient besoin de soins...

La jeune humaine avait même sourit à sa proposition preuve qu'il avait vu juste, très juste. Comme quoi Ylan n'avait absolument pas perdu de sa jugeote, et il se demandait courtement comment une humain pouvait rester aussi candide en fréquentant le monde vampirique. Mais il avait d'autres chats à fouetter, et ce genre de mystère au final ne lui apporterait pas grand chose s'il le résolvait... Dans tout les cas s'il pouvait avoir les bonnes grâces d'une proche du prince il ne dirait pas non même si au final cela ne changerait pas grand chose... Il resta impassible lorsque l'humaine lui dit qu'elle venait, et il se contenta de lui emboîter le pas pendant qu'elle le suivait...

Il la mena d'abord à un prisonnier humain qui était assez marqué, et qui ne s'était pas trop fait remarquer dans le mauvais sens. Car faire attendre ceux qui souffraient après avoir fait leurs tête brûlés était aussi une bonne façon de les punir parmi tant d'autres. L'humain par contre était un peu timide comme l'avait remarqué la compagne du prince. Quand elle lui demande de l'aider, il partit du principe de maîtriser l'humain pour obliger celui-ci à se laisser faire de grès, ou de force. Néanmoins le jeune humain fit remarquer qu'elle préférait qu'il fasse doucement.

Il ne grimaça pas, et ne démontra aucun signe de mécontentement, ou de déplaisir. il gardait son air totalement stricte, et agit.

Il se contenta de se caresser simplement les lèvres pour utiliser le sort Charme. Pour tout avouer il n'aimait pas utiliser ce genre de magie, mais cela était assez efficace pour tout dire au niveau de la persuasion. Il se contenta ensuite de dire calmement à l'humain.

Laissez là s'occuper de vous. L'esclave sembla hésiter avant d'obtempérer finalement. Ylan lança un regard dénué d'émotions à l'humaine guérrisseuse comme pour lui dire que c'était bon avant de laisser celle-ci faire ce qu'elle savait faire. Cela avait était vite fait bien fait, et c'était tant mieux pour tout dire car il n'avait pas envie de perdre de temps avec un seul esclave.

Pour l’instant, tout allait bien. Nathan n’était pas disponible, certes, mais Ambre ne doutait pas, aux dires d’Ylan, qu’il allait bien ; du moins aussi bien qu’il était possible de l’être dans les conditions dans lesquelles il vivait. Malgré tout, la jeune demoiselle se sentait toujours aussi fébrile. Oh, non pas qu’elle regrette d’être venue, après tout cela lui donnait la possibilité de soigner des prisonniers qu’elle n’avait, souvent, pas de le droit de voir comme patients. Cela lui rappelait ses moments où elle était véritablement prisonnière, comme eux. Il s’en était passé, des choses, depuis cet instant… aujourd’hui elle était pour ainsi dire libre, et profiterait sans doute sans tarder de cette liberté récupérée. Mais ce n’était pas le cas de tous ceux qui étaient là, hélas. Eux devaient encore souffrir, et sans doute pour un long moment. Paix ou guerre, pour eux, cela ne changeait pas grand-chose à leur captivité. Ils s’y étaient, pour certains, résignés, mais d’autres avaient encore dans le regard une lueur de défi et d’espoir, parfois renforcée par un totem belliqueux qui cherchait bagarre et liberté. Ce qui n’était visiblement pas le cas de celui qu’elle avait en face d’elle, dont la timidité surdéveloppée l’empêchait d’accepter l’aide et les soins proposés par la demoiselle. Et pourtant, Dracos savait qu’il en avait besoin au vu de la vilaine plaie qui lui barrait l’épaule, et qui semblait d’une couleur tout à fait douteuse. A moins qu’il ne ressente pas la douleur, elle devait en plus de cela être extrêmement douloureuse chaque fois qu’il bougeait le bras ou la tête d’une facon ou d’une autre. Mais c’était une forme de courage, que de souhaiter évoluer seul, quelques soient les difficultés, et de n’accorder sa confiance à quiconque. Pour lui, c’était dû à la magie en partie, mais il devait il y avoir du vrai dans son comportement. De l’authentique.

Après un regard sévère à Ylan, bien qu’elle n’en mena intérieurement pas large de commander ainsi le commandant vampire des esclaves, elle commença à tenter d’apprivoiser doucement le jeune homme, sans grand succès. Cendremont eut plus de chance puisqu’il usa visiblement de magie pour donner ses ordres au concerné. Heureusement qu’il n’avait une force mentale extrêmement développée, sans quoi il aurait fallu trouver autre chose. Et autre chose, ce n’était pas toujours facile à découvrir.

- Chttttt…. Doux… viens.

D’une main délicate, elle lui effleura l’épaule intacte pour lui apprendre doucement à tolérer et accepter son contact. C’était comme pour les animaux sauvages : il fallait qu’ils acceptent la présence étrangère pour supporter un contact prolongé et se laisser soigner par un inconnu. Mais les Hommes étaient des animaux, après tout. La même méfiance, la même crainte de l’étranger et pourtant le même désir d’amour et de tendresse. Mais il leur manquait quelque chose qui, aux yeux d’Ambre, rendait chevaux, chats, lapins et autres bêtes bien plus attirants ; cette espèce de naïveté craintive, d’espoir apeuré, d’authenticité des sentiments qui brillaient dans le regard, cette loyauté indéfectible aussi. Les chevaux en étaient les rois. De toutes les créatures peuplant Armanda, la demoiselle n’en voyait pas d’autres plus dignes que celle-ci. Un mélange brut de puissance, de compréhension, de délicatesse, de beauté, de fragilité et de maintes autres choses.
Sa main glissa dans la chevelure en désordre tandis qu’elle apprivoisait doucement le blessé en étudiant la plaie. Ylan aurait sans doute préféré qu’elle se dépêche davantage mais elle mettait plus d’importance au bien être de son patient qu’à celui du vampire. Il pouvait tout de même faire preuve d’un peu de patience. Enfin, elle se décida à ausculter davantage son patient, palpant légèrement la blessure et ses contours, et, sortant son couteau, perça une poche de pus avant d’appliquer sur l’ensemble une épaisse couche de crème un peu rosée.

- Voilà.

Elle se tourna vers Ylan avec un léger signe de tête et un regard soulagé, avant de tracer rapidement quelques mots par l’écrit.

- Pourrais-je revenir ? La plaie s’était légèrement infectée, il a besoin d’une surveillance pendant quelques jours.

En attendant sa réponse, elle promena son regard autour d’elle, prenant garde à tous ceux qui l’entouraient et notant deux figures amochées, d’une bagarre visiblement.

- Il y a donc des conflits ici aussi, entre eux. En avez-vous d’autres à faire soigner ?

Si ce n’était pas le cas, elle prendrait congé. Sans doute tous avaient-ils besoin d’être auscultés mais les vampires ne faisaient souvent soigner que les blessures les plus graves et donc les plus problématiques.

Il se contenta de regarder calmement l'humaine faire. Il avait tout son temps après tout, sa journée n'était pas vraiment des plus chargée aujourd'hui. Aucun interrogatoire, il s'était nourri hier donc pas de repas, et rien de particulier n'attirait son attention en ce moment. A part la gestion de la main d'oeuvre il n'avait pas vraiment grand chose à faire, mais bon avec les derniers événements ce n'était plus aussi facile qu'avant. Même si cela n'était de toute façon pas ingérable non plus pour lui. Les esclaves pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient il restait le maître à bord avec les siens. Comme le démontrait si bien les blesser qui se trouvaient non loin. Il ne valait mieux pas chercher à se rebeller, encore moins maintenant qu'avant. Car si l'indulgence n'était absolument pas une de ses qualités en temps normal, là son caractère influencé par son totem le rendait craintif au point de préférer prévenir que guérir...

Il était satisfait néanmoins de voir que son sort avait marché, sans doute qu'il avait eu de la chance, avec l'exacerbation de la puissance magique dernièrement cela avait du rendre le sortilège de charme plus puissant qu'il n'aurait du l'être réellement. Mais heureusement pas trop, Ylan n'aurait pas vraiment apprécié les conséquences sinon, comme quoi cette fin du monde avait des avantages. Il se demandait bien s'il pourrait en trouver d'autres pour compenser tout les problèmes que ça amener.

Il se contenta donc de regarder calmement ce qu'elle faisait, il fallait dire qu'elle ne se pressait pas vraiment. Au pire cela n'avait pas d'importance. Lui il avait tout son temps, ce n'est pas lui qui souffrirait de temps en trop qu'elle prenait à soigner une seule personne, mais les autres esclaves qui ont besoin de soins. Ylan sincèrement s'en lavait les mains, on ne pourrait pas rejeter la faute sur lui de toute façon, et au moins la douleur apprendraient à ces "instruments" à ne pas se rebelles contre leurs maîtres... Il se fit la réflexion qu'elle prenait peut-être son temps aussi uniquement pour faire en sorte que les esclaves puissent revenir à leurs travail le moins vite possible. Non cela n'avait aucun sens, et de plus il n'en voyait pas l'intérêt. Dans tout les cas elle avait intérêt à ne pas prendre toute la journée pour faire son travail si elle voulait voir l'esclave Nathan. Même si étant la compagne du prince il ne pourrait pas vraiment de permettre de refuser une demande de cette femme. Cela faisait bizarre à Cendremont de sentir que l'on devait obéir du moins en partie à une humaine...

Néanmoins il n'eu pas le temps de réfléchir plus sur ce sujet ci qu'elle avait déjà finit avec cet esclave ci.

Ylan se contenta d'attendre qu'elle écrive ce qu'elle voulait dire. Il resta silencieux un court moment pendant qu'il réfléchissait en arborant un air sévère. Au final c'était très simple, et il n'y avait qu'une réponse possible de toute façon...

Comme vous le désirez. De toute façon elle pouvait bien faire ce qu'elle voulait, elle l'aidait gratuitement, et de plus il préférait avoir un esclave en bonne santé de préférence pour le travail. C'est plus productif disons...

Puis elle lui posa une autre question. A laquelle il répondit immédiatement car après tout la réponse s'imposait un peu d'elle-même...

Oui avec les derniers événements beaucoup d'esclaves se comportent de façon irréfléchies, disons qu'il a fallu y remédier. Puis il emmena la jeune femme voir un autre blessé non loin. Dans un état bien pire cette fois-ci. Disons que pour ne pas rentrer dans les détails il était ressortis d'une bagarre avec d'autres esclaves, et que l'un des dits esclaves était arrivé à mettre la main sur une dague, et qu'un garde vampirique a du intervenir pour les séparer. Les bagarres ne se faisaient pas rare depuis quelques temps entre les esclaves, mais la situation restait sous contrôle.

Voyez ce que vous pouvez faire compagne du prince. Faites attention cependant celui-là est un peu... Agressif disons. Ylan restait distant par prudence, mais était prêt à intervenir. D'un geste il pouvait activer le collier de contrainte de l'esclave s'il le fallait. De plus un garde vampirique se trouvait non loin.

Dîtes moi... Comment se fait-il que le prince vous laisse vous balader ici sans rien dire? Surtout avec les perturbation des totems... Se demanda t-il soudainement. Après tout si le prince tenait à cette humaine au point de la faire passer du rang d'esclave personnel à celui de compagne, et le clamer haut, et fort. C'est qu'elle devait revêtir une certaine importance tout de même pour le prince... Néanmoins il ne lui arriverait rien en tout cas ne présence d'Ylan. Ce dernier ne tenait absolument pas après tout à attirer le courroux de Lorenz Wintel, sans doute la chose la plus stupide à faire chez le peuple vampirique. Il n'y avait que les renégats pour être assez stupide pour agir ainsi de toute façon.

-Oui avec les derniers événements beaucoup d'esclaves se comportent de façon irréfléchies, disons qu'il a fallu y remédier.

Ambre ne souffla mot, se contenta d’un regard pensif sur Ylan. Elle n’était pas sûre de vouloir savoir quelles étaient les méthodes du vampire pour remédier aux comportements des esclaves sous influence de leurs totems. Brutales, sans doute. Hélas, un jour viendrait peut-être où les prisonniers vampiriques seraient tous traités avec, si ce n’était douceur, au moins un brin de compassion dans cette plaine de sévère cruauté. Mais c’était trop espérer. Ce jour ne viendrait probablement jamais, bien que le traitement des concernés put être plus cruel qu’il ne l’était. Mais il fallait toujours voir le meilleur plutôt que le pire, et les améliorations possibles, elles étaient nombreuses à faire.
Reportant son attention sur ses patients, la guérisseuse plissa le front en voyant les dégâts. Rien de grave, en soit, mais elle trouvait toujours navrant de devoir soigner quelqu’un parce qu’il s’était battu. Après tout, il y avait bien assez de façon de mourir pour se permettre de mettre sa vie en jeu dans une rixe stupide. Mais dans le cas présent, c’était encore pire, car ces hommes n’auraient peut-être jamais agit ainsi s’ils avaient été dans leur état normal. Tristement, la demoiselle se demanda ce qu’ils ressentaient, tout au fond d’eux. Avaient-ils conscience de leur comportement exagéré ? En souffraient-ils ? Se sentaient-ils prisonniers d’eux-mêmes ? Double prison, mais était bien plus cruelle celle de la chair, leur douceur liée par des chaînes anormales en eux.

- Merci.

S’exprimant doucement, la demoiselle tenta de chasser de son esprit cette allusion à Lorenz. Après tout, c’était ici sa protection la plus efficace, pas question de faire quoi que ce soit qui puisse fendiller le masque. Elle se contenta donc de fixer avec douceur le blessé, apercevant le tissu mouillé de sang sur la jambe. Le pantalon était déchiré, et un bandage sale était visible au travers des trous miteux du vêtement. Cela devait avoir été fait rapidement avec un bout d’habit trainant dans les alentours, et la guérisseuse avait besoin d’en voir davantage pour juger de l’importance de la blessure. Aussi s’avança-t-elle doucement, les mains en évidence pour montrer sa volonté de non-agression, tentant d’amadouer le jeune homme face à elle, sans se laisser déstabiliser par les questions du maitre esclave. Si elle paniquait ou montrait la moindre brusquerie, le prisonnier le ressentirait et elle n’en avait aucune envie, cela risquerait de provoquer une réaction brutale et violente de sa part.

- Je suis… libre. J’ai… des gardes, mais… je pré…fère être… seule. Persssssonne ne me… fera de… mal pour ne pas contredi... ‒elle fronça les sourcils sous l’effort que cette longue phrase lui demandait pour lutter contre les effets de son totem‒ contrarier le… Prince.

Décidément, c’était insupportable, de devoir parler. Vivement, vraiment, que tout cela cesse, d’autant qu’ainsi disparaitrait aussi cette boule constante qu’elle avait sur le cœur lorsqu’elle était loin de sa jument. Mais cela l’avait distrait de son travail, et à présent l’esclave était tendu, se méfiant de cette femme qui parlait tranquillement, du moins si l’on pouvait appeler cela parler, à Cendremont. Et ce fut sans doute cela qui le poussa, lorsqu’Ambre s’approcha encore et effleurer le bandage de fortune, à la repousser violemment sur le sol avant de lui bondir dessus, peut-être dans la simple idée de l’étrangler. Quoi qu’il en soit, la jeune fille ne dû sa sécurité qu’à l’intervention éclair du garde vampire qui, sans hésitation, bondit pour intercepter l’humain qui maitrisa sans peine.

- Atten… dez !

Difficile de s’écrier quand on parlait comme un jeune enfant, mais Ambre se remit debout et pivota Ylan, le suppliant du regard de ne pas punir l’esclave pour cet acte un peu violent.

- Ce n’est… pas…de sa faute.

Il n’était coupable que d’avoir subi les effets de la destruction de Dévoreuse… Faisant signe au garde d’allonger en douceur, du moins autant qu’il en était capable, le pauvre bougre, la jeune fille défit le bandage avant de prodiguer ses soins. Ce n’était pas bien profond et la cicatrisation semblait étonnement en bonne voie, mais mieux valait prendre des précautions. Ceci fait, la jeune fille se passa la main sur la tête, palpant doucement la petite bosse qui commençait à enfler là où elle était tombée. Elle aurait besoin de mettre quelque chose de frais dessus pour la désenfler. Mais hélas, ce n’était pas le seul problème : ses remèdes, qu’elle avait pris en petit nombre, touchaient à leur fin.

Merci? Elle le remerciait, alors qu'il n'y avait aucune raison de faire ainsi. Bien entendu qu'il préférait la prévenir, et faire attention à elle. Elle restait la compagne du prince, en tant que serviteur du prince Ylan préfère largement être dans les bonnes grâces de ce dernier que le contraire, mais bon. Après il n'en avait rien à faire. Tant qu'elle ne trouvait pas le moyen de mourir juste à côté de lui il n'aurait rien à redire. Il ne manquerait plus que cela. Que Cendremont meurt des mais de Lorenz Wintel, ou du moins soit déchu de sa position de maître des esclaves uniquement car l'esclave personnelle du prince serait morte non loin de lui. Oui une belle ironie sans doute, dans tout les cas il préférait faire attention. C'était après tout une seconde nature pour lui au vu de sa position dans le peuple à sang froid.

Dans tout les cas il se demandait bien ce que le prince pourrait penser du fait que sa compagne humaine soigne les esclaves. Sans doute rien, après tout Ylan estimait que cette femme faisait tout pour ne pas contrarier le prince noir. Néanmoins le fait qu'elle dise qu'elle était libre était assez curieux. Oui en plus de cela elle n'avait pas de collier de contrainte à croire que le prince noir faisait confiance à son esclave personnelle pour que cette dernière ne s'enfuit pas. Et qu'elle se balade seule en toute liberté, alors que son statut est connu. Ylan n'avait jamais vu cela auparavant pour tout dire, cette humaine était un cas intéressant, mais sincèrement il espérait que Lorenz Wintel ne fasse pas cela du jour au lendemain avec tout les esclaves... C'était sans doute fort peu probable, mais cela restait quand même inquiétant pour le maître des esclaves …

Mais elle avait raison, personne ne lui ferait de mal pour ne pas contrarier le prince, enfin personne à part un éventuel renégat suicidaire, mais même l'un de ses idiots ne serait pas fou au point de faire cela au risque de contrarier l'alliance, et d'encourir une mort atroce. Cette femme n'avait ni garde du corps, et n'avait pas l'air d'être une grande guerrière, mais personne à Aigue Royale ne se risquerait à porter la main sur elle... A part peut-être cet esclave là, et un éventuel passant rendu agressif par ses totems. Au final beaucoup agissaient maintenant sans raison à cause des totems, les seuls à être indemne doivent être les alayens . Quelle ironie encore. Mais pour compenser eux devaient subir la canicule en haut comme tout les surfaciens. Sincèrement l'on n'était mieux dans les souterrains d'Aigue Royale ces derniers temps. Et Ylan n'était sûrement pas le seul à l'avoir compris, toute l'armée vampirique à Aigue Royale... Le désavantage serait que si les alayens, et les loyalistes venaient pour massacrer les rebelles le peuple de Lorenz Wintel risquait de grandement en souffrir. Dangereux de mettre tout les œufs dans le même panier.

« Effectivement. » Se contenta t-il de dire calmement, et silencieusement à la jeune femme. De toute façon lui se contenterait de faire bonne figure si possible. Il n'avait pas envie d'être enfermer éternellement à sa position de maître des esclaves sans espoir d’ascension uniquement à cause d'une étourderie avec une humaine …

Mais bon il n'eut pas le temps de penser à cela plus profondément que l'esclave blessée s'excita, Ylan réagit, mais le garde fut plus rapide, et maîtrisa l'esclave sans problème. Un peu plus, et il serait passé à côté de la catastrophe, et il faudrait sans doute faire un exemple avec cet esclave pour qu'il ne s'y reprenne pas... Enfin c'est ce qu'il aurait fait, mais la compagne du prince qui montrait une compassion bien frivole envers son compagnon humain lui demanda de faire preuve des clémence. Il aurait bien eu envie de répondre qu'est-ce qu'est le clémence avant de passer à l'acte, mais comme il ne fallait pas la contrarier au risque de contrarier le prince. Ylan se détendit, et chassa son idée de corriger l'esclave de sa tête. Si cela ne la dérangeait pas de se faire sauter dessus à tout bout de champ, il n'allait rien lui redire.

« Je vous propose que vous en finissiez avec celui-ci, et je vous emmène à vôtre ami compagne du prince. » Dit-il d'un ton neutre. Oui il valait mieux que ce petit moment de faiblesse qu'il était obligé de concéder se fasse vite oublier. Surtout qu'il n'avait aucune envie qu'on commence à croire qu'il s'est ramollit...
Dans tout les cas l'esclave Nathan devait avoir finit de servir de repas depuis le temps. Enfin s'il n'a pas était vidée de son sang accidentellement par la vampire. Il se rappelait d'une conseillère qui après avoir goûté un immunisé ne s'était pas arrêté à temps. Ce qui est dommage car les esclaves immunisés ne sont pas nombreux. Mais bon il doutait cette fois-ci que la chose ce soit reproduite.

[Hrp : Tu me dira si tu veux qu'on s'arrête là^^.]