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Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE

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Kylian Wallam
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MessageSujet: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeMer 3 Sep 2014 - 19:19

Il avait fallu son retour à Aigue-Royale pour lui rappeler qu'il ne s'était plus abreuvé depuis longtemps. Trop longtemps peut-être. Son dernier repas véritablement consistant, le vampire l'avait consommé plus d'une vingtaine de jours auparavant, peut-être même plus encore. Même pour l'objecteur de conscience qu'il était, cela commençait à faire long et son regard tenaillé par la faim glissait maintenant avec envie sur les gorges de chaque humain qu'il croisait dans les galeries. En temps normal, Kylian ne se permettait pas d'atteindre de telles extrémités : il sentait la fureur de la soif effleurer son esprit conscient, et les regards vaguement inquiets qui lui étaient adressés achevaient de lui faire comprendre que cela se voyait clairement sur son visage ou dans son attitude. Mais justement, la situation n'avait rien de normal : ces dernières semaines, le renégat vampirique se sentait glisser de plus en plus sûrement vers un abîme de désespoir sans fond, tant et si bien que le simple fait de se nourrir avait été relégué bien loin de ses principales préoccupations. Au nombre de ces dernières, on pouvait bien entendu compter le refus d'Esmelda de lui faire don de la chevalière maudite et la rupture qui en avait découlé, son échec dans la quête de la pierre enterrée, sa rencontre avec le mage Seithvelj qui l'avait probablement heurté plus profondément qu'il ne le pensait, et parce que cela ne suffisait pas encore, il se retrouvait à devoir ajouter la colère et la haine d'un tas d'écailles caractériel qui n'hésiterait pas à faire du mal à celle que le vampire avait aimée, et aimait encore d'ailleurs bien malgré lui. A chaque fois, cette même colère, cette rage qui ne le quittait plus et s'était muée en une véritable obsession : Dévoreuse, Dévoreuse, Dévoreuse. La bague, celle-là même que sa fiancée avait refusé de lui confier, incarnait une solution de plus en plus idéale, un pouvoir proche de la perfection pour les intérêts du renégat vampirique. Il en avait été si proche et si éloigné tout à la fois, pourquoi donc cette puissance devait-elle lui rester inaccessible ? Il n'y avait aucune raison, il était parfaitement capable de maîtriser ses sombres penchants et l'avait prouvé à de nombreuses reprises. A ses yeux, personne d'autre que lui n'était plus à même de faire meilleur usage de la bague et puisqu'Esmelda semblait refuser de le comprendre, il se passerait de sa confiance. Il n'y aurait plus de discussion cette fois, il était revenu à Aigue-Royale à seule fin de s'emparer de l'artéfact que l'on prétendait maléfique et ce quels que soient les moyens nécessaires pour y parvenir. Il ne reculerait devant rien ni personne pour l'obtenir, quoiqu'il en coûte, il ne repartirait pas sans.

Ainsi le vampire en était-il arrivé à arpenter les grottes de la cité souterraine, le regard rivé sur une boussole supposée lui indiquer la direction dans laquelle il trouverait son plus cher désir. Plutôt un fichu bibelot incapable de se fixer sur une direction précise, et ce en dépit des efforts que déployait son porteur pour focaliser son attention sur la chevalière. Il allait et venait d'une caverne à l'autre, d'est en ouest et du nord au sud, puis dans la direction inverse, bousculant allègrement ceux qui ne s'écartaient pas de son chemin suffisamment vite à son goût. Sans qu'il en eut vraiment conscience, ses pas le menèrent vers la caverne dites de la fertilité, là où étaient cultivés et entreposés les stocks de nourriture humaine et elfique. Cette satanée boussole avait de nouveau changé d'avis, pour la 463e fois si son décompte était juste, mais cette fois serait la bonne, il n'avait aucun doute là-dessus. Exactement comme il n'avait eu aucun doute lors de ses 462 essais précédents. Galvanisé par sa propre détermination à découvrir la cachette de la chevalière si ardemment convoitée, le pas du vampire s'accéléra encore. Tant et si bien que ce fut un vampire lancé à pleine vitesse qui vint percuter de plein fouet un chariot d'approvisionnement venu de la surface pour livrer sa cargaison de vivres aux rebelles. Sous l'impact, le chevron de bois qui maintenait le chariot fermé quitta son logement, libérant le battant arrière et dernier rempart qui s'opposait jusque là à ce que les innombrables jambons, saucissons et autres larges pièces de viande fumée ne se déversent sur le sol. L'avalanche carnée s'abattit sur un vampire rapidement submergé, alors même que s'élevait la voix furieuse du propriétaire de ce convoi alimentaire.

« Mes jambons ! Mes jambons ! Misérable ! Anarchiste ! Je savais qu'on ne pouvait pas faire confiance à un peuple de suceurs de sang ! A moi la garde ! »

Toujours effondré sous les jambons dont il était question, Kylian maugréait sa frustration à qui voulait l'entendre : encore une fois, il se couvrait du ridicule. Il dégagea la tête d'entre deux côtelettes à l'instant précis où le convoyeur s'emparait de l'un des jambons tombés à terre avec l'intention évidente de s'en servir comme d'une masse. La lourde pièce de viande vint d'ailleurs s'écraser violemment sur le crâne du renégat vampirique. Heureusement que celui-ci l'avait solide, car un tel coup n'eut pas manqué assommer une bonne fois pour toute même un solide gaillard si tant est qu'il fut humain et non vampire. L'humain releva son jambon et ne put que constater son échec, mais loin de s'en laisser décontenancer et visiblement peu enclin à attendre que la garde ne réponde à son appel, il prépara son arme improvisée pour un nouveau coup. Cette fois cependant, Kylian n'avait plus l'intention de se laisser surprendre : sa main jaillit en direction du bras armé du jambon et referma l'étau de ses doigts sur le poignet grassouillet de son agresseur. Bloqué net par la force du vampire, ce dernier protesta et s'efforça de se dégager, mais le vampire tint bon et ne relâcha pas sa prise d'un centimètre tandis qu'il achevait de se dégager des charcuteries sous lesquelles il avait été enseveli.

« Ils n'ont rien, tes jambons, alors cesse de t'égosiller et lâche celui que tu tiens si tu ne veux pas que je te transforme en boudin. »

Le convoyeur auparavant rouge de colère changea rapidement de couleur et blêmit à vue d'oeil lorsque son regard caressa les crocs acérés de son interlocuteur. Il semblait brutalement prendre conscience du caractère carnassier de celui auquel il s'était attaqué et lâcha finalement sa massue-jambon, ou son jambon-massue selon les préférences.

« C'était un accident, mais je vais t'aider à remettre tout cela en ordre si tu m'en laisses l'occasion. »

« Remettre tout cela en ordre ? Vous n'y pensez pas, ce sont des jambons d'Aldaria, les meilleurs porcs du continent. Salés au sel de Lyssa et fumés à la cendre de bois de pin, ce sont des jambons de haute qualité, personne ne prétendra plus les manger maintenant qu'ils ont été touché par un vampire. »

« J'ai compris, combien ? »

« Cent pièces d'or pour les jambons, cinquante pour les saucissons, trente pour les côtelettes mais je suis prêt à faire un geste commercial : j'arrondis le tout à deux cent pièces d'or. »

En plus de surévaluer considérablement sa marchandise, voilà que l'autre le prenait pour un abruti fini incapable d'additionner deux montants. Malheureusement pour lui, le vampire avait put bénéficier d'une éducation solide lorsqu'il était encore humain, et les deux siècles qui s'étaient écoulés depuis sa transformation représentaient un temps plus que suffisant pour lui rappeler ces quelques notions de mathématique. Sévère, et passablement agacé par cette perte de temps autant que par la tournure de la conversation, le vampire laissa le voile de la mort enrober ses mots pour répliquer avec ce timbre de glace si caractéristique des prédateurs de la nuit :

« Je t'en offre cinquante, tu sais aussi bien que moi que ces jambons n'en valent guère plus, mais je suis prêt à faire un geste commercial moi aussi : j'épargne ta vie. »

L'autre hésita un bref instant mais céda finalement sous la menace du vampire, marmonnant ses griefs entre ses lèvres. Cette affaire réglée, Kylian l'abandonna à ses jambons et s'efforça de reprendre le cours de ses recherches. Toutefois, le renégat s'interrompit de lui-même lorsque son regard croisa un visage connu parmi les badauds qui avaient assisté à cette bien étrange scénette. Magnifique ! Lui qui n'était déjà pas le plus apprécié parmi les siens venait de se couvrir une fois de plus de ridicule devant le regard d'une congénère aux dents longues. Et à la façon dont elle le dévisageait, il n'était pas difficile de comprendre qu'elle l'avait reconnu également. Passablement agacé, il fut tenté de se détourner pour s'en retourner à ses recherches et oublier cet épisode aussi rapidement que possible, mais l'idée qui venait de germer dans son esprit le retint et l'incita au contraire à s'approcher pour aborder la conversation :

« Irina, la voleuse d'Aldaria... »

Même si sa mémoire lui avait fait défaut quant à son prénom, il se souvenait de cette vampire indépendante, rencontrée deux ou trois ans auparavant déjà.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeMar 9 Sep 2014 - 13:58

Caverne de la fertilité, mais que faisait-elle ici ? Pas grand-chose à vrai dire. En réalité, Hyrriena tournait comme une âme en peine dans la ville souterraine d’Aigue Royal, cherchant désespérément de quoi s’occuper. Impossible de voir Korentin, de lui parler de Valen et de sa cousine décédée, et pourtant c’était aussi pour cela que la jeune fille était venue ; mais surtout, surtout, impossible de réussir à discuter avec un chef rebelle pour savoir ce qu’elle pouvait faire pour se rendre utile, les humains semblant considérer qu’elle était du ressort du prince vampire puisqu’étant de cette espèce. Difficile de leur faire comprendre qu’elle n’était pas pour autant lié à eux et qu’au contraire, elle les évitait autant que possible. Pour rien au monde elle ne se serait approchée du quartier de Wintel et ses troupes. Sans doute se serait-elle plutôt adressée à Wallam ou Alakor si elle avait pu croiser l’un ou l’autre, mais aucun des deux n’était joignable d’une quelconque façon que ce soit, à son grand regret. Il était de toute façon bien trop tard pour joindre le dragonnier d’Isyndar et lui parler de Gloria, depuis que la demoiselle en était partie il s’était passé bien des choses.

Silencieuse, la petite silhouette s’arrêta un instant pour regarder autour d’elle avec prudence, notant les quelques personnes qui se trouvaient dans la caverne. Puisqu’elle était là, autant en profiter pour trouver de quoi nourrir son petit protégé, mais elle n’avait aucune envie de dépenser ses quelques pièces d’or pour cela alors même que la possibilité de se servir sans demander se pavanait devant elle, ne demandant qu’à devenir réalité. Oh, ce n’était guère généreux de se servir ainsi en sachant que tous ici avaient besoin de nourriture et d’argent, mais les vampires ne se nourrissaient pas de ces fichues patates bleues que l’on voyait dans tous les repas des sang-chauds et la voleuse ne se sentait donc pas concernée. Et puis c’était la guerre, à chacun de savoir survivre comme il lui était possible de le faire. De toute façon, elle n’avait pas à se justifier de quoi que ce soit, non ? Impossible de joindre qui que ce soit, alors puisqu’elle devait se débrouiller seule comme elle l’avait toujours fait, autant en profiter. Et que nul ne vienne le lui reprocher ensuite.

De son pas dansant, elle frôla les parois, cherchant ce qui était le mieux à prendre. Il n’était pas difficile d’échapper au regard des humains, sa longue habitude des vols jouant très nettement en sa faveur. Les champs avaient beau être surveillés, il y avait toujours une faille ; toujours. Ni une, ni deux, elle récupéra quelques patates, qu’elle glissa délicatement dans sa cape. Cuites et broyées, elles seraient parfaites pour nourrir Valen qui mangeait un peu trop au gout de la jeune femme, et tant pis pour le gout qu’elles pouvaient bien avoir, l’essentiel était de lui remplir l’estomac. Depuis quand les enfants étaient-ils si goulus ? Certes, auparavant, c’était eux qui la nourrissait, bien qu’involontairement, aussi ne connaissait elle pas grand-chose de leur vie mais tout de même. Il ne faisait pas grand-chose de fatiguant, se contentant de la suivre nuit et jours quand elle voyageait en dormant dans son dos, et de rester sagement dans son coin quand ce n’était pas le cas. La vie devait être bien ennuyeuse pour lui. Afin de l’occuper, Hyrriena lui avait rapidement, pendant son périple, taillé des silhouettes humanoïdes dans du bois abimé afin de le laisser jouer avec quand il le souhaitait. Pas sûr que cela lui suffise, mais éduquer un petit garçon, ce n’était pas pour elle. Peut-être pourrait-elle lui apprendre à lire plus tard, mais elle espérait que d’ici là elle aurait trouvé de quoi occuper ses longues journées. Au moins développait-il lentement sa connaissance du langage.

Satisfaite de sa petite récolte, la voleuse poursuivit son chemin de ses longues enjambées souples, décidée à faire un tour au marché noir. Et pas forcément pour y acheter quelque chose. Mais tant qu’elle ne se faisait pas prendre, tout irait pour le mieux. Cela lui permettait également de ne pas perdre la main. Concentrée sur ses objectifs, elle n’en demeura pas moins prudente et, lorsqu’un bruit sourd se fit entendre non loin, elle se plaqua instinctivement au mur en observant la scène, par ailleurs des plus étranges. Un marchand de charcuterie était en train de s’offusquer après que son chargement eut été renversé sans douceur par badaud, et en retenant un sourire moqueur la demoiselle se décolla de la paroi protectrice en s’approchant imperceptiblement, abaissant sa capuche. Etre vue ne la dérangeait plus puisqu’elle avait, le temps de voir la scène, décidée de se montrer. Peut-être, si les deux hommes se battaient-ils, pourrait-elle en profiter pour récupérer l’une des charcuteries discrètement et l’ajouter aux tambouilles douteuses qu’elle offrait à l’enfant ?

Fort divertie par le spectacle qui s’offrait à elle, elle haussa un sourcil surpris en se rendant compte qu’il s’agissait de l’un des siens qui se trouvait sous le chargement de viande. Et pas des plus aimables de toute évidence. L’ouïe fine de la jeune femme lui permit sans mal de capter les paroles échangées, dont la menace du boudin ‒de la transformation en boudin, ce n’était pas son semblable qu’elle appelait ainsi, après tout il ne semblait pas bien grassouillet. Un des sbires du prétendu Prince peut-être ? Qui se faisait assommer par un morceau de jambon. C’était d’un risible… A demi tourné comme il l’était, la jeune fille ne voyait guère son visage et ne parvenait pas à le reconnaitre ; pourtant, elle était sûre que ce profil lui était familier. Elle se décala légèrement tandis que lui émergeait totalement de la pile rose-brune, et avec surprise elle reconnut immédiatement le rebelle qu’elle cherchait depuis si longtemps. Wallam… Après avoir renoncé à l’espoir de le trouver un jour, voilà que le hasard se chargeait de le mettre sur sa route. Et de façon bien peu… honorable. C’était lui, celui qui avait combattu Lorenz et s’était attiré ses foudres, celui qu’elle avait croisé il y avait de cela deux ou trois ans, peut-être davantage même. Elle n’avait pas oublié son visage, mais il fallait aussi dire qu’il était l’un des rares à ne pas avoir cherché le conflit. Un des rares vampires pour lequel elle puisse avoir un peu d’estime, en soit. Elle fut tentée de s’approcher de lui et de l’interpeller, mais voyant la colère qui semblait luire dessus, jugea plus prudent de s’en abstenir. Elle se détourna donc pour battre en retraite et s’apprêta à reprendre sa route lorsque le bruit mat des pas de son congénère se fit entendre, venant vers elle. C’était donc lui qui se décidait à l’interpeller. Elle lui fit face et leva les yeux vers les siens, méfiante, avant de rectifier automatiquement son nom.

-Hyrriena, non Irina.

Elle l’observa d’un œil scrutateur, confirmation intérieure de l’identité de son interlocuteur.

-Kylian Wallam… Que voulez-vous ?

Il n’était pas venu la voir pour rien, elle le savait et s’en doutait. Hormis un jeune humain et descendant des Svenn, peut-être, personne ne venait la voir si ce n’était dans un but précis, mais elle n’en offusquait pas. Cela lui permettait de rester à distance et de garder tranquillité et indépendance. Et le vampire en face d’elle savait parfaitement qu’elle était voleuse. Les coïncidences de ce type, elle n’y croyait pas. « Je vous ai cherché longtemps, Wallam, vous devrez m’écouter également » songea-t-elle en attendant sa réponse.


Hrp: en espérant que cette réponse te convienne
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeSam 13 Sep 2014 - 14:50

Hyrriena, Irina, les deux prénoms se prononçaient sensiblement de la même façon, son erreur ne portait donc pas vraiment à conséquence finalement. De son côté, la demoiselle vampirique n'avait pas écorché son nom à lui, mais il n'y avait rien de très surprenant à cela : il était autrement plus connu parmi ses semblables qu'il ne l'était chez les humains. Célèbre même pouvait-on dire, et ce quand bien même il se serait volontiers passé de la renommée qui était la sienne.

« Je veux ce qui m'est dû, et vos talents pourraient m'y aider. »

La voleuse n'avait pas attendu bien longtemps pour mettre les pieds dans le plat et cela lui convenait très bien, il n'avait certainement pas de temps à perdre en convenances et autres formules de politesse à rallonge. A quoi bon lui faire croire qu'il était curieux de ce qu'elle était devenue depuis leur première et dernière rencontre ? Tous deux étaient vampires après tout, ce seul fait suffisait à justifier qu'ils n'aient pas à se préoccuper l'un de l'autre plus que de raison. Il n'avait donc aucune raison de culpabiliser, il ne faisait qu'agir comme chacun de ses congénères et se comportait de la manière dont il aurait dû aborder les choses depuis le début : elle pouvait se révéler utile dans son projet de s'emparer de Dévoreuse, il aurait été idiot de sa part de ne pas en tirer parti. Et si, comme les autres, elle devait lui tourner le dos et le laisser se débrouiller seul, et bien ainsi en serait-il, ce n'était pas comme s'il n'y était pas déjà habitué. On partageait un rêve, on donnait sa confiance, on promettait de toujours être là, et lorsque venait finalement le temps de passer des paroles aux actes, on préférait abandonner, délaisser, chasser et même trahir. Les mâchoires du vampires se crispèrent machinalement, il n'aimait pas voir le fil de ses pensées s'égarer en direction du souvenir d'Esmelda et de la façon dont la jeune femme l'avait répudié alors même qu'il avait été si proche de concrétiser ce pourquoi il s'était battu ces dernières années.

« Je ... »

Il s'était interrompu de lui même lorsque ses rétines s'étaient vues agressées par la teinte jaune canari que venait de prendre le visage de la voleuse. Un instant décontenancé par cette fantaisie colorée, le vampire haussa un sourcil dubitatif et se surprit à observer avec une étrange fascination les changements qui s'opéraient sur la peau de sa congénère. Le jaune de son visage s'était lentement mué en un vert citron particulièrement éclatant, lequel semblait à son tour déjà s'orner de stries turquoises, certes du plus bel effet mais qui ne manquaient pas conférer à la vampiresse un petit air grotesque.

« Jolies couleurs, mais assez peu professionnelles si vous voulez mon avis. C'est de me revoir qui vous met dans cet état ? Cela peut se comprendre je suppose, par le passé je collectionnais les conquêtes. Moins depuis que je suis vampire évidemment, allez savoir pourquoi les femmes se méfient d'un homme susceptible de les vider de leur sang, mais du temps où j'étais encore humain, ça défilait. L'avantage d'être de bonne famille, je suppose, c'est fou ce que certaines sont prêtes à faire à la seule perspective de faire un bon mariage. Etrange aussi que j'en aie gardé le souvenir, alors que je suis incapable de me remémorer le visage de mes parents ou même simplement si j'avais des frères et soeur. D'un autre côté, ç'aurait été dommage d'oublier ça, je manquais peut-être de pratique quand j'ai défloré la princesse, mais au moins je savais ce que je faisais et comment ça se faisait, elle pourrait en témoigner. »

Son propre discours l'agaçait prodigieusement, car en plus de dilapider joyeusement ce qui relevait de sa vie strictement privée, et plus encore de celle de la princesse, il faisait remonter à la surface des souvenirs particulièrement douloureux. Mais encore une fois, il était incapable de s'en empêcher, exactement comme il s'était laissé aller à parler et parler encore devant le colossal fiston de sa non moins titanesque future liée, il semblait avoir totalement perdu le contrôle de sa langue et des mots qui s'échappaient de ses lèvres :

« D'ailleurs, nous avons depuis rattrapé le temps perdu... enfin, du moins était-ce le cas avant qu'elle ne décide de me tourner le dos. Tu le crois ça ? J'étais prêt à mourir par amour pour elle, j'ai même été à deux doigts de me faire exécuter par son cousin parce que je refusais de la quitter, elle me sauve, et voila qu'elle me poignarde dans le dos ensuite. Je ne lui demandais pourtant pas grand chose, juste de me faire confiance. De croire en moi. Ça te semble exagéré ? Dans un couple, on est supposé se soutenir l'un l'autre, mais elle m'a laissé tomber quand j'avais le plus besoin d'elle. Elle m'a trahis. En définitive et malgré ses beaux discours, elle est comme les autres humains, à croire que parce que nous sommes vampires, nous sommes forcément mauvais, qu'il faut se méfier de nous... c'est ridicule, mais j'entends bien le prouver ! Et tu vas m'y aider, du moins si tu voulais bien arrêter de changer de couleurs sans arrêt, c'est agaçant à la longue. »

Et d'autant plus ridicule quand on considérait l'expression plus que stupéfaite qui se dessinait sur le visage de la voleuse. Et quoi ? C'était elle qui avait proposé de l'aider non ? Certes pas directement, elle n'avait fait que lui demander ce qu'il attendait d'elle, mais cela n'équivalait-il pas à offrir son aide ? Bien sûr que si, alors elle n'avait aucune raison valable pour jouer les effarouchées maintenant. Ce d'autant plus qu'elle ne pouvait nier qu'il lui faisait de l'effet, cela se voyait sur son visage désormais franchement écarlate, et ce dans le sens le plus littéral du terme.

« Il faut que je me procure Dévoreuse, j'en ai besoin pour vaincre Lorenz et ramener la paix dans notre peuple. Esmelda l'a cachée quelque part mais j'ignore où et cette tête de mule n'a pas prétendu me révéler sa cachette. Aide moi à l'obtenir, et je m'engage à t'offrir tout ce que tu peux désirer en retour : argent, pouvoir, tout. Car je ne suis pas un ingrat, et lorsque j'aurais détrôné Lorenz pour lui ravir le titre de prince, je saurais me souvenir de ceux qui m'ont aidé... et de ceux qui m'ont défié. »

A l'image d'un certain Seithvelj, par exemple.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeVen 19 Sep 2014 - 14:47

Kylian était, du moins dans ses souvenirs et l’impression qui était sorti de leur première rencontre, bien des années plus tôt, un homme, ou plutôt un vampire, intelligent, discret et plutôt humble ‒après tout, il avait reconnu avoir potentiellement besoin d’une voleuse, ce qui semblait se confirmer aujourd’hui. Mais il fallait croire que ces idées étaient totalement hors de la réalité, à en croire le comportement adopté à l’instant présent. Et pourtant, le début était bien parti ; simplement et sans cérémonie, il l’avait interpellé avant de lui annoncer qu’il aurait besoin d’elle pour… ce qui lui était dû. Cette formulation invitait à plus amples renseignements, mais Hyrriena avait accepté, les yeux curieux, d’en apprendre davantage. Du travail, peut-être ! Enfin ! Cette idée ne lui déplaisait pas le moins du monde, bien au contraire. A force de tourner en rond, elle commençait à se sentir devenir poisson, et ce d’autant plus que sa peau continuait à lui jouer des tours. De quoi la rendre folle, purement et simplement. Comment une voleuse vampire pouvait-elle mener à bien son travail quand elle était repérable de loin ? Heureusement qu’elle ne brillait pas dans la nuit.

-Je vous écoute. Que me proposez-vous exactement ?

Elle n’ignorait pas que voler quelque chose au sein même de la rébellion entrainait, comme toute autre infraction, une punition, mais après tout c’était son métier, on n’allait tout de même pas lui reprocher d’exercer. Et quand bien même le ferait-on, la récompense qu’elle recevrait devait être à hauteur du risque prit ; si tel n’était pas le cas, elle n’accepterait certainement pas la tâche. Mais elle ne doutait pas que Kylian savait parfaitement comment réaliser un contrat, et elle attendait donc de lui qu’il soit clair et précis. En fait, elle avait hâte de savoir ce qu’elle devrait récupérer. A moins, bien sûr, qu’il ne s’agisse d’espionner, ce qui lui convenait tout aussi bien. Les voleurs avaient, de par leurs talents de discrétion et d’adresse, la possibilité de faire plusieurs travails variés mais tout aussi excitants les uns les autres.
Attentive, elle attendait donc que son interlocuteur reprenne la parole, mais ce qui lui dit la déstabilisa tout à fait. Elle n’y était pour rien si sa peau changeait du tout au tout ! Et lui non plus n’y pouvait rien, le voir ne la mettait pas spécialement dans des états particuliers. Seul Aristarkh aurait pu prétendre poser pareille question et obtenir une réponse positive ; ou plutôt un silence gêné ou un mensonge éhonté. Où était-il, d’ailleurs ? Elle l’avait vu le 10mars et se demandait quand de nouveau leurs routes se recroiseraient, ne pouvant qu’espérer et craindre à la fois que cela arriverait rapidement. Et pourtant, ce n’était qu’un humain… Parfois, elle ne se comprenait pas elle-même.
Cessant de penser au jeune nordien, elle essaya de se concentrer sur ce que racontait Wallam avant de le regretter profondément. Non pas que sa vie privée et sexuelle n’intéressait absolument pas la jeune fille mais.. en fait si, c’était exactement ça. Elle s’en moquait complètement, d’autant qu’il lui semblait qu’il ne s’agissait que de vantardise.

-La princesse ? Quelle princesse ?

C’était elle qu’elle devait voler ? Mais la princesse de quoi, au juste ? Les paroles du vampire n’avait aucun rapport avec ce pourquoi il l’avait interceptée, semblait-il, et la vampiresse peinait à suivre, ne comprenant absolument pas la raison de tout cela. Un sourcil levé en signe de surprise, elle laissa passer les questions sur la vie de couple sans chercher à y répondre, se confirmant intérieurement que ce vampire était fou. Pas fou amoureux, fou furieux ou Dracos savait quoi d’autre, non : fou dans le sens le plus strict du terme. Et elle comprenait quelque peu Lorenz de vouloir le tuer. A vrai dire, elle se demandait même comment qui que ce soit pouvait réussir à le supporter, que ce soit comme ami ou ennemi. Son discours parvenait toutefois à prendre quelque peu une forme intéressante, et, passant outre son évocation des couleurs, elle écouta avec un peu plus d’attention, ne sachant que penser de tout cela. Et elle ne fut pas déçue. En attendant ce qu’il attendait d’elle, elle ne sut si elle avait réellement envie de pleurer, de rire, ou simplement de fuir à toutes jambes. Elle ne parvint toutefois pas à masquer l’étonnement que cette demande provoqua chez elle et dû laisser passer un court silence pour remettre en ordre ses pensées dérangées par la quantité d’informations ‒inutiles‒ engrangée et s’assurer que le bavard face à elle ne reprendrait pas la parole de suite.

-Vous… voulez vraiment Dévoreuse ? La chevalière du Néant ?

Elle avait quelque peu de mal à croire qu’il ne soit pas au courant de ce qu’il lui était arrivé, après tout pour qui laissait trainer ses oreilles il n’était pas difficile d’obtenir rapidement plus amples renseignements sur les évènements actuels. D’autant que les informations circulaient vite, cette nouvelle aurait dû parvenir jusqu’au chef des vampires rebelles.

-Mais c’est impossible ! Ne savez-vous pas qu’elle a été détruite ?

Elle fronça les sourcils avant de reprendre, la peau à présent d’un délicat bleu pervenche qui contrastait de façon intéressante avec sa chevelure châtain. Savoir que la bague qui l’avait hanté pendant un long moment avait été irrémédiablement perdue lui avait fait un choc étrange, mélange de soulagement et de colère sans nom.

-Le continent est sans dessus-dessous, et la magie perd la tête ; si ce n’était pas le cas, j’aurais déjà stoppé ces idiotes et grotesques couleurs, ajouta-t-elle pour elle-même avant de reprendre un timbre de voix plus compréhensible : vous ne pourrez pas l’utiliser, vous devez trouver un autre moyen de vous venger.

Et autre chose qu’elle puisse voler, si possible.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeSam 27 Sep 2014 - 12:14

Finalement, il en venait à se demander s'il était bien judicieux de sa part de s'adjoindre l'aide de cette voleuse pour ce qu'il projetait. Dans son souvenir, la vampire qu'il avait interpellée au détour d'une ruelle d'Aldaria lui avait renvoyé une image nettement plus dégourdie que celle qu'il avait présentement sous les yeux, et il ne pensait pas cela uniquement à cause des couleurs ridicules qu'elle affichait. Il n'y avait tout de même pas des centaines de jeunes femmes susceptibles de prétendre au titre de princesse, alors pourquoi leur faisait-elle perdre du temps avec des questions ridicules ? Cela ne faisait que mettre à mal une patience déjà considérablement amoindrie par l'épisode des jambons, et il ne fallut guère plus que les questions suivantes pour lui attirer définitivement le courroux du renégat vampirique. Sauf erreur de sa part, il s'exprimait en langue commune, à haute et intelligible de voix, mais le perroquet multicolore qui se tenait devant lui ne semblait pas capable de le comprendre et s'évertuait à répéter ses questions idiotes. Cette constatation eut au moins le mérite de lui faire comprendre la raison pour laquelle la voleuse s'était tenue à l'écart du reste de leurs congénères, demeurée comme elle l'était, elle se serait faite tuer en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Ou le penser, en l'occurrence. Et c'était pourtant là tout ce qu'il avait à sa disposition pour lui venir en aide, fallait-il qu'il soit désespéré pour en arriver à de telles extrémités.
Sa voix lorsqu'il répondit était chargée de colère et de rancoeur à l'égard de celle qui se tenait devant lui :

« Oui, la chevalière de Néant, tu connais beaucoup d'autres anneaux baptisés Dévoreuse, sans doute ? »

Il n'avait pu s'empêcher cette pointe de sarcasme, mais la tournure candide de ses questions et les teintes changeantes de la peau de la vampiresse l'énervaient considérablement. Il n'aurait pas vraiment été capable d'expliquer pourquoi, et une part de lui demeurait consciente que sa réaction était des plus excessives voire même injuste, mais à l'image du bois qui venait nourrir les flammes d'un brasier, sa colère alimentait copieusement sa détermination et affermissait son arrogance. Après tout, la colère et la haine avaient donné à Lorenz la force de se hisser au sommet de la hiérarchie des vampires, comme le diamant de pureté lui avait permis de le comprendre, alors pourquoi en serait-il autrement pour lui ? Ne disait-on pas qu'il fallait combattre le feu par le feu ? Jamais l'empathie et la considération qu'il éprouvait jadis à l'égard d'autrui ne lui avaient apporté le moindre bénéfice, sa retenue avait au contraire été sa faiblesse mais désormais, ils combattraient à armes égales. Ou plutôt non, car ce serait lui, Kylian, qui combattrait avec l'avantage écrasant que lui conférerait l'anneau du Néant. Et alors il écraserait Wintel comme il aurait écrasé un insecte, puis il se tournerait vers Seithvelj et ... Quoi ?! Impossible ? Dévoreuse détruite ? Une lueur particulière traversa le regard du renégat vampirique à cette annonce, une étincelle de rage et de folie mêlées, tandis qu'il jetait instinctivement son corps vers celui de la voleuse, l'empoignant par ses vêtements comme si s'accrocher à elle pouvait la convaincre de ravaler ses paroles.

« Tu mens ! TU MENS ! Dévoreuse est indestructible, les Esprits eux-même n'étaient pas capables de nous en priver, comment Esmelda aurait-elle pu y parvenir ? Je me fiche que le continent perde la tête, je me fiche que la magie n'ait plus de sens, je veux cette bague ! »

C'était le seul espoir auquel il pouvait encore se raccrocher, comment osait-elle le lui enlever ? Pourtant, s'il se refusait encore à la croire, il ne pouvait totalement écarter cette lueur de vérité qu'il pouvait lire dans le regard de la voleuse... et cela le rendait fou. Fou de rage, fou de désespoir, fou de douleur aussi. L'une de ses mains relâcha brutalement son emprise sur la tunique de la voleuse, et avant même que celle-ci n'eut vraiment l'opportunité de comprendre, il lui administrait une claque retentissante. Il devait chasser cette vérité qu'il ne voulait pas entendre, et pour une raison qui lui échappait, le meilleur moyen qu'il avait trouvé pour cela était encore de s'en prendre directement à celle qui la lui avait apportée.

« J'ai besoin de cette chevalière, tu comprends ? Elle est notre seule chance, et tu voudrais me faire croire qu'elle a été détruite ? Je dois ... »

Déjà sa main se redressait tandis que se préparait une nouvelle gifle, mais son geste fut interrompu par l'intervention d'un humain témoin de la scène et visiblement épris d'un élan de chevalerie aussi stupide qu'admirable. L'individu avait refermé sa propre main sur le poignet vampire dans l'espoir de lui interdire de frapper de nouveau. Un humain face à un vampire ? Ce pauvre imbécile comprendrait rapidement son erreur.
Un feulement bestial s'échappa des lèvres du renégat, dont la bouche ressemblait davantage à la gueule du prédateur qu'il était désormais, et son ire se retourna sur l'intrus. D'un geste sec, le vampire se dégagea et vint refermer sa propre main sur la gorge du misérable avec la vivacité d'un crotale. Il perdait totalement le contrôle sur son propre corps et en demeurait conscient, mais pour rien au monde n'eut voulu qu'il en fut autrement : il y avait quelque chose de jouissif dans le fait de se laisser aller à ses pulsions sanguinaires, trop longtemps rejetées. Son regard sombre, injecté du ténébreux sang vampirique, débordait de haine tandis qu'il affermissait lentement mais inexorablement son emprise sur le cou du preux chevalier et le contraignait à s'agenouiller devant lui. Il était incapable de desserrer les doigts, tant la sensation qu'il éprouvait à sentir l'autre suffoquer sous sa mortelle étreinte lui était agréable.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeVen 3 Oct 2014 - 20:56

Le vampire qui lui faisait face avait pourtant la réputation d’être différent de la majorité de son peuple, et pourtant Hyrriena ne voyait face à elle qu’un être arrogant et méprisant, comme tant d’autres. S’être trouvé à lutter contre Wintel devait lui avoir sérieusement joué des tours, et il avait probablement trouvé de nombreux alliés depuis la seule fois où ils s’étaient vus. La vampiresse ne put s’empêcher de retrousser légèrement les lèvres sur ses canines en percevant l’agressivité qui émanait de son interlocuteur, avant de se braquer légèrement. Non, elle ne connaissait pas d’autres chevalières du Néant baptisées Dévoreuse, d’ailleurs aucun autre bijou de ce nom, mais il allait rapidement connaitre le pourquoi de sa question. Si elle la lui avait posé, ce n’était pas pour rien, elle avait été surprise de son ignorance sur les évènements actuels, tout simplement. Et il osait la critiquer. Rouge de colère, ou plutôt d’un joli fauve parfaitement accordé à son regard d’or puisque l’écarlate était passée pendant qu’ils discutaient, elle fronça le nez avant de lui apprendre la vérité sur un ton de prudente évidence. Inutile non plus de trop provoquer, après tout un vampire de plus ou moins ne changerai pas grand-chose dans les accords politiques ; et aucun ne pouvait être puni par leur prétendu prince puisque ni l’un ni l’autre ne s’estimait sous sa domination. Finalement, ce devait avoir quelques bons côtés, d’être fidèle au plus fort. Eviter, par exemple, l’agression de l’un de ses semblables.

La lumière de colère pure qui traversa le regard de Kylian la fit se tendre nerveusement, mais elle ne bougea pas puisque n’ayant pas, malgré la méfiance et le peu de considération qu’elle éprouvait désormais pour lui, pas songé qu’il l’agresserait réellement. Et pourtant les mains qui l’agrippèrent violemment étaient le signe distinctif de son erreur de jugement. Le rebelle était définitivement fou, mais elle n’avait pour l’instant pas le temps de disserter dessus. La seule chose à laquelle elle songeait était qu’elle aurait mieux fait de ne pas venir dans la caverne. Les yeux écarquillés de peur et de surprise mêlées, elle eut gronda légèrement comme un chat en colère, portant instinctivement la main à ses armes, mais avant même qu’elle n’eut esquissé le moindre mouvement le choc de la gifle lui projeta la tête en arrière, la laissant l’espace d’un instant privée de ses esprits, les tympans vibrant du bruit du claquement sur sa joue. Vaguement, elle se demanda s’il ne s’agissait pas simplement des dérèglements du totem de l’autre qui le faisait agir comme cela, mais cette idée disparu rapidement, engloutie par l’urgence de la situation et la colère montante. Quitte à lui ouvrir le ventre s’il le fallait, elle devait se dégager.
Toutefois, les quelques précieuses secondes qu’elle avait perdu à se remettre du coup porté par surprise avaient été suffisantes à son adversaire pour relever la main, et la demoiselle ne dû son échappatoire qu’à un… humain. Lorsqu’elle s’en rendit compte, elle faillit redemander une gifle à Kylian pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas, mais non. Un fou avait décidé de se mêler de la querelle de deux êtres capables de le vider de son sang comme bon leur semblait. Un mélange d’agacement et de gratitude l’étreint en voyant qu’une proie écartait d’elle, du moins provisoirement, le danger. La prise sur sa tunique se relâcha, et la vampiresse recula d’un bond avant de porter son regard sur celui qui l’avait vaillamment défendue. Lui était désormais en fort mauvaise posture, face à un être à la force dix fois supérieure à la sienne. Il commençait d’ailleurs à suffoquer, la main agrippée à celle de son agresseur qui l’avait mis à genoux, tentant vainement de se débattre. Hyrriena grimaça ; elle détestait les conflits. Se battre, cela allait bien pour un vol mal tourné, mais autant que possible, elle évitait. Surtout face à des adversaires plus puissants. Mais il semblait qu’elle n’avait guère le choix.

D’un pas glissant, elle se glissa dans le dos de Wallam concentré sur sa victime et, après avoir dégainé Firmament d’un mouvement fluide, elle attrapa violemment les cheveux du vampire pour lui tirer la tête en arrière dans un même élan, et poser sa lame froide sur la peau nue du cou à présent largement découvert. En partie sur la pointe des pieds pour compenser sa petite taille, elle était collée dans son dos pour limiter les possibles adversaires, faisant pression sur sa lame.

-Lâchez-le, tout de suite !

La prise devait déjà s’être desserrée, peut-être sous l’effet de surprise, puisque l’homme toussait à présent en défaisant les doigts qui enserraient sa gorge. Il semblait tout à fait paniqué ; sans doute ne jouerait-il plus les héros à l’avenir, encore que certaines âmes restaient follement courageuses quoi qu’il arrive. Un grand mystère pour Hyrriena.

-Vous êtes complètement fou, gronda-t-elle en même temps, ne se privant pas de continuer à enfoncer son arme dans la chair du vampire. Dévoreuse a été détruite, et vous ne pourrez pas la récupérer. Mais en plus de cela vous risquez de briser les alliances. Vous comptez détruire les alayiens seul, peut-être ?

Pour l’instant, il ne bougeait pas, mais elle avait profité de l’effet de surprise pour le mettre provisoirement hors d’état de nuire. A présent, elle craignait qu’il ne se laisse de nouveau aller à la colère. Les muscles toujours crispés, elle pinça les lèvres avant de reprendre, sa voix se voulant plus diplomate que précédemment mais les mots s’égrenant rapidement de sa bouche, dénotant une certaine tension :

-Vous feriez mieux de vous calmer, d’autant que vous trouverez peut-être quelque chose d’autre pour vous aider. Ce n’est pas en agressant vos alliés que vous y arriverez, à moins que vous soyez aussi dérangé que celui que vous voulez combattre; ca ne réparera pas votre fichue babiole.

Elle ne savait même pas pourquoi elle avait posé cette nuance, parce que pour l’instant, elle était convaincu qu’il l’était, dérangé. Il était peut-être même le pire.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeMar 7 Oct 2014 - 18:42

Peu à peu, le renégat vampirique prenait conscience du gâchis qu'avaient été ces dernières années, ces dernières décennies même. Tout ce temps passé à astreindre son corps à un rationnement qui eut rendu fou assoiffé tout autre vampire d'un âge similaire, le refus qu'il s'était imposé de tuer plus qu'il ne lui était absolument nécessaire, et plus encore, cette volonté de tuer proprement qui avait été la sienne depuis ses plus jeunes années vampiriques. Il avait toujours mis un point d'honneur à prendre la vie d'autrui sans douleur, sans peur, avec respect et empathie pour ceux qui s'étaient vu désignés pour le nourrir. Belle preuve d'imbécilité, en vérité, et cela lui apparaissait de plus en plus clairement au rythme de l'agonie du preux chevalier dont il écrasait lentement mais sûrement la trachée. L'effort douloureux avec lequel l'humain se cramponnait au bras du vampire dans l'espoir de parvenir à desserrer son étau suffocant lui apparaissait délicieusement risible, mais c'était surtout de la peur panique qui transpirait dans le regard de sa proie dont il se délectait véritablement. Car l'importun s'était cru capable de le défier, comme lui-même s'était cru capable de défier Lorenz par le passé, et comme Kylian avant lui, le courageux imbécile se découvrait à présent n'être qu'une misérable larve dont la vie reposait exclusivement dans le creux de la main de son prédateur, de son supérieur, de son dominant. Qu'y avait-il de plus à en dire ? C'était l'ordre naturel des choses, la place que chacun était amené à occuper : l'humain à genoux, le vampire debout. C'était d'ailleurs une sensation vraiment jouissive que celle de se savoir capable d'écraser son adversaire comme il le faisait en ce moment, et l'espace d'un instant, le visage apeuré de l'humain se déroba pour laisser apparaître devant le regard du renégat les traits d'un certain prince vampirique. S'il avait pu s'emparer de Dévoreuse avant qu'il ne soit trop tard, c'est ce visage dont il aurait pu contempler les traits déformés par la peur d'une mort imminente. S'il avait pu...

Un nouveau torrent de haine se déversa brutalement dans l'esprit du vampire au souvenir de ce que lui avait annoncé la voleuse vampire, mais il n'eut guère le loisir de le savourer bien longtemps. Une poigne aussi solide que la sienne venait de se refermer sur ses cheveux et le tirait vigoureusement vers l'arrière, le contraignant à lâcher prise tandis que son esprit prenait conscience du contact froid caractéristique d'une lame venue poser son fil tranchant contre la peau de sa gorge. Instinctivement, le vampire grogna et se risqua même à tenter de se dégager, mais la douleur du métal cisaillant qui menaçait ses chairs le rappela rapidement à davantage de raison. C'est qu'elle le tenait fermement, cette voleuse, et la frêle demoiselle se révélait finalement plus adroite et plus menaçante qu'il ne l'en avait estimé capable quelques instants auparavant.

Contraint et forcé, comme le lui rappelait éloquemment la douce caresse du filet sanguinolent qui lui dégoulinait lentement dans le cou, le renégat vampire n'eut d'autre choix que d'écouter ce qu'elle avait à lui dire. Elle le prenait pour un fou ? Que d'originalité ! Mais qu'elle le lâche seulement, et il se chargerait alors de lui montrer qui des deux était le plus fou, ou plutôt devait-on dire, la plus folle. Pourtant, aussi amer pouvait-il être à le reconnaître, elle marquait un point en lui rappelant que la bague avait été détruite et qu'il n'y avait rien qu'il put faire pour la ramener. Toujours maintenu en équilibre précaire et sous la promesse d'un égorgement en bonne et due forme, Kylian grogna de nouveau et laissa transparaître une grimace de mépris et de colère mêlés avant de parvenir à formuler une phrase intelligible :

« Briser les alliances ? Quelle importance ? Si rien n'est fait pour l'arrêter, Lorenz les brisera de lui-même au moment qu'il jugera le plus opportun pour poignarder Korentin dans le dos. »

Il n'avait même pas pris la peine de se défendre contre l'accusation de folie, d'une part parce qu'il avait depuis longtemps appris à laisser glisser sur lui les insultes de ses semblables, et d'autre part... simplement parce qu'une certaine portion de son esprit ne parvenait pas à lui insuffler l'envie de la contredire et, au contraire, eut même préféré l'approuver avec vivacité. Mais qu'importe, le chant du diamant suffisait à faire taire cette lueur inconsciente.

« Quelque chose d'autre ? Pour vaincre Lorenz et l'écraser sous ma botte ? Parce que tu crois que je n'y ai pas déjà pensé, sans doute ? Je ne sais pas dans quel monde tu vis mais dans celui-ci, cela n'arrivera pas : j'ai étudié le problème sous tous les angles, Dévoreuse était notre seule chance. Mais tout est perdu à présent, et je... »

Un cri l'interrompit, bientôt suivi par d'autres clameurs aussi menaçantes que le crissement métallique des lames que l'on pouvait déjà entendre quitter leurs fourreaux. L'humain dont le renégat vampirique était passé bien près d'écourter l'espérance de vie avait profité de l'intervention de la voleuse pour prendre la fuite, et revenait à présent avec le conséquent renfort d'une troupe en armes. Faire cohabiter vampires et humains dans un espace aussi restreint que pouvaient l'être les souterrains de la ville rebelle ne se faisait pas sans heurts, et les accords d'alliance prévoyaient très clairement les mesures à prendre dans le cas d'une altercation entre races différentes : le souverain attitré des belligérants appliquait sa loi. Autrement dis, c'était devant nul autre que Lorenz Wintel en personne que la garde envisageait conduire les deux vampires, et le prince aurait alors toute autorité pour faire respecter l'ordre en appliquant la justice. En appliquant sa justice.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeLun 13 Oct 2014 - 21:56

Sa lame contre la peau nue du vampire, les yeux étrécis par la méfiance et les pupilles légèrement dilatées par la peur et la colère, la voleuse avait cessé de respirer, supprimant ce geste automatique mais inutile qui la faisait sembler humaine. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas trouvée dans pareille situation, mais il lui semblait que cette nouvelle rencontre ressemblait, plus ou moins, à la première où elle avait croisé Wallam à Aldaria. Chacun à couteau tiré, encore que cette fois elle venait de prendre l’avantage. Et qu’il ne l’avait pas giflé la première fois. Hyrriena eut un léger mouvement de la bouche, tirant la peau pâle de sa joue meurtrie. Le choc avait été relativement douloureux, encore que c’avait surtout été la surprise qui l’emportait, mais plutôt que sa joue c’était son orgueil qui se trouvait meurtri par ce geste inexpliqué et violent. Si c’était ainsi qu’il remerciait ceux qui lui offraient leur aide, ce n’était pas la peine de chercher à l’aider d’une façon ou d’une autre. Et l’avoir senti chercher à se dégager quelques instants plus tôt n’avait fait qu’attiser sa colère. Finalement, elle comprenait ce qu’il avait dû ressentir, à soumettre l’humain comme il était en train de le faire quelques instants plus tôt. Avoir quelqu’un en son pouvoir, quelqu’un d’extrêmement contrariant, ne pouvait qu’être source de réjouissance. Cela dit, le tenir comme ça c’était bien beau, mais elle n’allait pas y rester indéfiniment. Il faudrait bien qu’elle le lâche, qu’il soit (non) vivant ou (totalement) mort. Et dans le premier cas… Il faudrait qu’il soit suffisamment calmé pour ne pas chercher à se venger de cette prise en main de la situation par la petite brune. En attendant… Elle ne pouvait que lui faire valoir ses arguments, qui passaient d’ailleurs par la lame qui s’enfonçait dans sa chair. C’était fou comme ce type de raisonnements parvenaient à convaincre foule d’obstinés parfois. Malheureusement, Kylian était un peu plus que simplement borné visiblement. A croire qu’il s’agissait de Lorenz déguisé, encore que de ce qu’elle avait entendu de lui Hyrriena doutait que le prince proclamé des vampires se soient ainsi laissés aller dans aussi mauvaise posture.

-Ah oui, c’est d’une intelligence remarquable, dites donc ! Briser les alliances au cas où votre ennemi le fasse ! Donc au lieu de poignarder, vous préférez étrangler ? Quel raffinement !

Sa voix était douce et posée mais ses paroles suintaient son ironie et son mépris. Les justifications évoquées par le renégat n’avaient aucun réel fondement et ses preuves tombaient bêtement dans l’océan immense de sa bêtise. Qu’il continu et cherche à l’apitoyer ou Dracos savait quoi ne la perturbait pas plus que cela, au moins Dévoreuse n’était-elle pas être les mains d’un fou furieux. Le continent avait probablement échappé à une catastrophe… Encore qu’au vu de la dernière qui avait eu lieu, songer que la destruction de la chevalière était bénéfique par rapport au fait que le vampire l’ai en sa possession était quelque peu… optimiste ? Ou alors elle devenait folle elle aussi en plus de multicolore. Ou bien en voulait encore plus à ce rebelle que ce n’était le cas pour les idiots qui avaient fichu le désordre sur Armanda.
Sifflant un instant entre ses dents, elle n’eut toutefois pas le temps de répliquer pas plus qu’il n’eut celui de terminer sa phrase puisque des signaux sonores fort peu élégants et prometteurs d’un très mauvais moment se firent entendre à cet instant. Une paire d’yeux vampiriques se posa sur le petit groupe armé et visiblement contrarié qui avançait dans leur direction et Hyrriena écarquilla les siens. Pas question d’atterrir devant Wintel ! En soi, ce n’était pas elle qui craignait le plus mais en tant que partie du litige, nul doute qu’elle n’y couperait pas. Elle jura brièvement entre ses dents et en une fraction de seconde, sa lame disparu et elle avec. Elle rabattit sa capuche sur sa face colorée et fila à toute vitesse, profitant de son agilité de voleuse et ses capacités à se fondre dans l’environnement pour mettre autant de distance que possible entre elle et les humains. Pour le rebelle, c’était raté, il la suivait au même rythme, encore qu’elle était un peu plus rapide, mais dans une ville comme celle-ci difficile de jouer sur la vitesse pour se débarrasser de ses poursuivants.

Elle finit par s’arrêter dans l’une des galeries les plus désertes et, s’appuyant contre la paroi, quasiment invisible, elle vrilla son regard sur l’homme à ses côtés.

-Vous êtes là.

C’était plus un reproche qu’une simple constatation au vu de la tonalité de sa voix, et elle croisa les bras sur sa poitrine en lui jetant un regard méfiant. Pour l’instant, il n’avait pas eu de réaction agressive mais il fallait dire qu’il venait d’arriver et devait probablement s’inquiéter de savoir s’il finirait ou non devant la « justice » vampire. Encore qu’il était difficile de savoir ce qu’il pouvait bien penser.

-Pourquoi m’avez-vous suivi ? Que voulez-vous ? Je ne peux pas vous trouver votre fichue bague de toute façon ni vous la ramener, alors qu’attendez-vous ?

Ah non, elle ne voulait pas travailler pour lui, pas après tout cela! Mais savoir si sa présence se voulait encore querelleuse.
Sur le qui-vive aurait-été un euphémisme pour parler de la tension que la vampiresse ressentait. En réalité, elle était prête à bondir, pour tuer ou s’enfuir, elle-même n’aurait pu le dire.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeMer 15 Oct 2014 - 21:01

La pression de l'acier sur sa gorge s'évanouit aussi brusquement qu'elle était apparue et le renégat vampirique récupéra aussitôt sa liberté de mouvement. Curieuse ironie que ce soit à une troupe de gardes venus l'arrêter qu'il dut d'être libéré, mais il n'avait ni la possibilité ni l'envie de prendre le temps de les en remercier. Pas plus qu'il ne se risquerait à leur expliquer que le mener devant Wintel équivalait à le condamner à une mort certaine : il avait toutes les raisons de douter être entendu, la faute à la stupidité de l'être humain et à son adoration des préjugés. Des ingrats incapables d'accepter l'idée que ceux qu'on leur décrivait comme mauvais pussent vouloir les aider, voila ce qu'ils étaient. Et si Kylian avait jadis pensé des exceptions possibles, tel n'était plus le cas depuis qu'Esmelda elle-même lui avait tourné le dos en lui refusant Dévoreuse. La seule évocation de ce pénible souvenir lui arracha un froncement de sourcils furieux, mais le moment n'était pas particulièrement bien choisi pour ressasser le passé : la garde approchait et la voleuse d'Aldaria s'éloignait déjà à grandes enjambées. Instinctivement, le renégat vampirique s'élança dans le sillage de sa congénère, tant pour échapper à leurs poursuivants que pour rattraper la fuyarde. Au risque de la décevoir, il n'en avait pas terminé avec elle et ne la laisserait certainement pas s'en tirer à si bon compte. Après tout, elle l'avait menacé, blessé et surtout humilié en le prenant en otage, rien d'étonnant donc à ce que les pulsions d'arrogance vampirique du prédateur qu'il était réclament vengeance.

Favorisés par l'obscurité relative qui régnait dans les souterrains, les deux vampires semèrent rapidement les gardes humains qui avaient espéré les talonner mais il fallut plusieurs minutes d'une course-poursuite étrangement familière pour que la voleuse daigne ralentir son pas et finalement s'immobiliser au détour d'une sombre galerie. Le décor mis à part, tout cela ressemblait furieusement à leur première rencontre, à croire qu'ils étaient condamnés à se courir après avec des gardes humains aux trousses. Et cette fois encore, la voleuse finit par disparaître dans l'ombre dans l'intention probable de ne plus reparaître devant lui. Eut-elle été en pleine possession de ses moyens, sans doute serait-elle parvenue à échapper à la vigilance de son poursuivant, mais si la pénombre et les rochers qui encombraient cette partie du souterrain fournissaient quantités de cachettes où disparaître, il était autrement plus difficile de se soustraire aux regards lorsqu'on pouvait prétendre rivaliser de couleurs avec un perroquet. Elle-même devait en être consciente puisqu'elle ne se priva pas d'accueillir son poursuivant froidement lorsqu'il la rejoignit. Vampire peut-être, mais femme avant tout : elle le menaçait, et c'était encore elle qui se permettait d'être en colère. Bon, c'était peut-être oublier un peu vite que lui-même l'avait giflée, mais après tout, elle l'avait bien mérité. On avait pas idée d'annoncer aussi brutalement à quelqu'un que l'objet sur lequel reposaient tous ses espoirs avait été détruit.

Le renégat vampirique s'immobilisa à son tour, mais il ne commettrait pas l'erreur de la sous-estimer une nouvelle fois : sa main s'était immédiatement portée à hauteur de la garde de son épée, pour le cas où il serait amené à en faire usage. Il préféra cependant limiter le risque que sa semblable ne décide de prendre la fuite à nouveau et s'abstint donc de dégainer sa lame... pour l'instant.

« Nous n'en avons pas terminé il me semble, à moins que ton courage ne se résume à frapper dans le dos pour mieux prendre la fuite. »

Ses doigts se crispèrent nerveusement sur la poignée de son arme tandis qu'il se remémorait la façon dont il s'était laissé dominer quelques instants plus tôt seulement. Mais avant de céder la bride à son désir de revanche, il lui fallait obtenir certaines réponses :

« Esmelda n'a pas pu détruire la bague, elle ne savait pas comment s'y prendre et à supposer même qu'elle ait découvert un moyen, elle en aurait eu bien trop peur que pour la détruire elle-même, comme elle en a eu trop peur pour me la confier. Alors qui ? Qui l'a détruite ? »

La flamme de la folie furieuse qui brûlait encore dans le fond de ses yeux sembla s'être ranimée tandis qu'il avait posé cette dernière question et il posa instinctivement un pas en avant comme s'il avait voulu par ce geste signifier clairement à sa semblable qu'il n'avait pas l'intention de la laisser avant d'avoir obtenu une réponse. Il voulait savoir, non seulement parce qu'il aurait à s'expliquer avec le responsable mais aussi et surtout parce que cette révélation signifiait qu'Esmelda avait consentit à céder Dévoreuse à un autre que lui. Et c'était cette constatation qui avait achevé de terrasser sa raison ou plutôt ce qu'il en restait : celle qui lui avait promis son amour l'avait trahis, elle s'était méfiée de lui, elle s'en était détournée, et voila qu'il découvrait qu'elle avait en réalité attendu de se débarrasser de lui pour remettre la chevalière à un autre. Et elle avait osé prétendre qu'elle lui faisait confiance, pouvait-on faire plus hypocrite ? Reniant le grognement que lui évoquait la réponse à cette question, le vampire poursuivit sèchement son interrogatoire :

« Et puisque tu sembles si maline, je suis persuadé que tu auras également la bonté de m'expliquer comment cela a pu être rendu possible. »

Car enfin, on ne détruisait pas la création d'un Esprit Supérieur aussi facilement, les rebelles avaient dû s'y mettre à plusieurs pour y parvenir, peut-être même avaient-ils eu recours à l'aide des dragons. A moins qu'ils ne soient parvenus à découvrir une arme plus puissante que la chevalière maudite encore, et cette perspective se révéla rapidement particulièrement alléchante pour le vampire agité. Après tout, le raisonnement n'était pas bien difficile à faire, en particulier pour un esprit qui semblait avoir perdu jusqu'à la plus simple notion de réflexion : Dévoreuse pouvait détruire Lorenz, donc ce qui pouvait détruire Dévoreuse pourrait également détruire le prince vampirique. Voila la solution, voila l'espoir. La destruction de Dévoreuse n'était plus une fatalité, tout au plus un contre-temps fâcheux. Tout ce qu'il avait à faire était de découvrir une arme plus puissante encore, et d'une manière ou d'une autre, il avait la ferme intention d'obtenir l'aide de celle qui se tenait face à lui pour y parvenir.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeMer 22 Oct 2014 - 22:47

Il l’avait suivi, bien sûr, comme la première fois. Mais si leur rencontre à Aldaria avait été placée sous un signe amical et un espoir d’une possible alliance, il ne s’agissait aujourd’hui plus de cela. Davantage de menaces, de mépris et de colère. De la part de Kylian, sans doute par le fait de s’être fait dominé l’espace d’un instant par un membre de sa race plus jeune que lui, et pour la jeune responsable suite à la gifle reçue quelques minutes à peine plus tôt. Elle ne savait toujours pas réellement pourquoi ce geste d’ailleurs, mais il était trop tard pour demander, la guerre avait été déclarée entre eux et elle doutait même qu’il en sache plus qu’elle. C’avait été, probablement, juste un signe de folie furieuse qui ressortait. Et dire qu’elle, Hyrriena, l’avait cherché pendant un long moment en espérant que quelque chose de bien sortirait d’une alliance entre eux, qu’elle aurait ainsi l’opportunité de lutter contre le tyran actuel de leur peuple. Mais l’image qu’il lui avait donné quelques années plus tôt était bien loin de la réalité, et la vampiresse se rendait compte aujourd’hui de la perte de temps qu’avait été cette recherche pourtant réussie. Elle aurait mieux fait de se tourner vers d’autres horizons, d’autres espoirs encore qu’elle ignorait lesquels.
Le visage de Roëric traversa son esprit, accompagné de la silhouette impressionnante d’Isyndar, et elle se demanda si les deux savaient le caractère réel de leur chef de file ou si eux-mêmes étaient d’habiles menteurs. Pourtant s’ils voulaient battre Lorenz, ils auraient besoin de soutien, dragonne ou non. Après tout, de ce qu’en savait plus ou moins la jeune fille, le Prince avait lui aussi son dragonnier, en plus de son incroyable puissance et de sa vaste armée. Wallam aurait davantage intérêt à tenter de gagner l’amitié et le respect d’un maximum de vampires pour le soutenir plutôt que d’accumuler les ennemis ; hormis, là encore, s’il ne s’agissait que du déraillement de son totem.

-Le vôtre semble se restreindre à attaquer par surprise ou face à des adversaires bien plus faibles que vous, nous sommes donc sur un pied d’égalité je crois.

Elle le foudroya littéralement de son regard d’or liquide tandis que ses lèvres se retroussaient légèrement en dévoilant ses canines blanches. Elle avait beau savoir qu’il avait les mêmes, cela n’empêchait pas cette tentative d’intimidation. En plus, bien évidemment, de garder une main sur le manche de ses poignards, son adversaire faisant de même avec son arme. La tension était là, palpable, mais il demandait en plus des réponses… Dont elle ignorait les réponses complètes. Bien sûr, quelques éléments étaient connus, mais quant à tout savoir exactement, il ne fallait pas exagérer, d’autant qu’elle ne parlait pas assez au monde extérieur ‒donc, aux autres qu’elle-même‒ pour être réellement à jour dans les évènements. Sa voix se fit suave mais pleine de colère tandis qu’elle lui répondait plus ou moins.

-On peut aisément comprendre pourquoi elle ne vous l’a pas confiée. Quant à son destructeur… Je suppose que vous n’avez pas besoin d’une raison de plus de haïr Wintel.

Elle-même avait une furieuse envie de meurtre depuis que sa peau jouait au caméléon qu’elle était, mais Kylian souhaitait déjà vaincre Lorenz avant cet incident pour le moins… notable. Et puis, il l’avait cherché, et comme elle avait l’étrange impression que parler du vampire tristement célèbre à travers tout le continent l’énervait, c’était un juste retour des choses. Une vengeance basse et mesquine mais après tout elle était loin d’être une femme d’honneur.

-Je n’ai pas la connaissance infuse, maligne ou non. Vous devriez le savoir vous-même.

Elle haussa les épaules et rabaissa sa capuche : de toute façon, elle continuait à changer de couleur dans une jolie palette de couleurs pastelles, Kylian l’avait déjà rattrapé et leurs poursuivants humains devaient tourner en rond dans la ville souterraine à la recherche des vampires rebelles. Qu’ils tournent, qu’ils tournent à en avoir le vertige… Les deux concernés devaient auparavant régler leurs comptes entre eux.

-D’ailleurs comment pouvez-vous ignorer tout cela ? N’êtes-vous pas censé être un rebelle, ou êtes-vous simplement un dément qui cherche à vaincre un ennemi bien plus puissant que lui ?

Elle plissa les yeux, attendant de voir la réponse qui lui serait faite. Non, ce n’était pas prudent au vu de son comportement passé et de son agressivité mais la demoiselle était quelque peu exaspérée par la prudence constante dont elle devait faire preuve. Cet ennemi-là ne lui était pas beaucoup supérieur, et elle devait se reconnaitre en elle-même que l’avoir maitrisé pendant quelques secondes lui avait donné confiance en elle, assez pour qu’elle ose lui parler comme elle le faisait. Sans oublier qu’à cela s’ajoutait le désir de s’éloigner d’ici mais surtout de lui, car en plus d’être un danger ambulant en lui-même il amenait les malheurs.

-Vous n’auriez rien de plus de ma part, laissez-moi donc tranquille à présent, à vous de chercher ce que vous voulez. Adieu.

Et sans un son de plus, elle se détourna pour s’éloigner, ne l’estimant pas assez lâche et sournois pour l’attaquer par derrière et par surprise. Visiblement, c’était encore l’estimer.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeDim 26 Oct 2014 - 11:59

Wintel... Evidemment... Encore et toujours lui. A l'instar de son plus fervent détracteur, le prince vampirique avait décelé le potentiel que la bague pouvait représenter pour quiconque voudrait le défier. Il était l'un des plus grands mages du peuple vampirique, l'un des plus grands mages tous peuples confondus même, alors quoi de surprenant à ce qu'il craigne un objet susceptible de le priver de ce pouvoir dont il dépendait tant ? Sa peur était telle qu'il avait préféré la détruire plutôt que de prendre le risque d'en faire usage pour son bénéfice personnel, c'était... c'était... il ne savait plus même comment exprimer l'intensité de la colère que cette constatation éveillait en lui. Et cette imbécile aux couleurs chatoyantes qui n'était pas même fichue de lui expliquer comment l'ancestral avait procédé pour accomplir cette prouesse. Personne. Il ne pouvait donc vraiment compter sur personne pour l'aider, c'était... à devenir fou, tout simplement. Il se battait sans relâche depuis des années, il avait tout sacrifié pour ramener la paix, il avait renoncé jusqu'à celle qu'il aimait pour offrir un avenir décent à des milliers d'individus. Et quelle reconnaissance en recevait-il ? On lui tournait le dos, on le laissait continuer à se débattre seul, on ... on le critiquait, encore et encore. Mais que croyait-elle cette petite peste ? Qu'il avait pris des vacances sans doute ? Qu'il était parti se dorer la peau au soleil – ce qui soit dis en passant eut été un bien désagréable moment à passer pour un vampire – pendant que les soi-disant rebelles se terraient dans leurs grottes ? Bien sûr qu'il était un rebelle, il l'avait été depuis le début, il avait même été le premier à oser dire non ou plus exactement, il avait été le premier à se dresser devant Lorenz et à y survivre. Et c'était une minable voleuse sans envergure aucune qui se permettait de le qualifier de dément, de lui... de lui manquer de respect. L'écho de sa dernière discussion, si tant est qu'on put la qualifier ainsi, avec Seithvelj vint résonner sinistrement dans l'esprit du renégat vampirique. La douleur des coups, mais plus encore, la douleur des mots qui l'avaient de toute évidence atteint plus profondément qu'il n'aurait voulu l'admettre. Héros théâtralisé, figure de pacotille, rampant à abattre... les vampires te méprisent, tous sans exception... à l'image de la voleuse qui s'était donné le droit de l'insulter avant d'achever la conversation sans même que son aîné n'eut son mot à dire. Jamais elle n'aurait agis ainsi devant Lorenz, jamais elle n'aurait osé tourner le dos à un vampire qu'elle craignait.

Le renégat vampirique sentit ses mâchoires se crisper plus fort encore, ses lèvres frémissant sur une paire de crocs menaçants tandis que les dernières lueurs de ce qui le différenciait encore de la majorité de ses congénères achevaient de s'éteindre dans son regard. Les vampires voulaient de la violence ? Les vampires refusaient d'entendre et de plier autrement que par la force ? Les vampires n'étaient qu'un ramassis d'animaux qui attendaient de leur maître qu'il se comporte avec eux comme un animal ? Très bien, alors les vampires auraient ce qu'ils voudraient !

Joignant le geste à la parole, ou plutôt à la pensée, Kylian joignit les mains devant lui pour projeter vers son imprudente congénère un sort de malédictions de chaînes, lequel ne manqua pas puiser dans la trame surabondante pour enserrer sa cible dans un étau inexpugnable. Mais les chaînes de magie ne se limitèrent pas à entraver les mouvements de leur victime : instable, le sort resserrait lentement mais sûrement sa douloureuse étreinte et comprimait de plus en plus fortement le corps de la vampiresse dont la résistance fut plus que mise à l'épreuve. Eut-elle été humaine que ses os eussent déjà été broyés par l'écrasante pression que le sort exerçait sur elle, mais qu'aurait été un sort de magie vampirique sans douleur après tout ?

« Je te laisserais tranquille lorsque j'en aurais décidé ainsi, lamentable loque. »

De plus en plus sordide, le vampire accentua son premier sort d'une nouvelle attaque, infligeant à sa semblable le châtiment des aiguilles de douleur tandis que son orgueil si longtemps refoulé se repaissait avidement de cette opportunité qui lui était donnée de s'exprimer. Il était le plus fort, il dominait, exactement comme lorsqu'il avait senti l'humain agoniser entre ses doigts, et cette sensation comblait un appétit qu'il ne se connaissait pas mais dont il n'était pas précisément impatient de se défaire.
Désormais totalement soumis à cette part de bestialité qui sommeillait dans le poison qui alimentait ses veines, le vampire vint violemment écraser le visage de la voleuse sous sa botte pour reprendre :

« Je ne voulais pas en arriver là, je ne voulais pas imposer ma volonté, je voulais donner le choix, je voulais que les vampires puissent trouver une alternative. Mais ils ne comprendront jamais de cette manière ! Alors avec ou sans Dévoreuse, je vais renverser Lorenz, je vais prendre le pouvoir, j'écraserais quiconque osera se dresser devant moi, et tu vas m'y aider parce que je n'ai pas l'intention de te laisser la possibilité d'agir autrement. »

Sans écarter le pied, le renégat vampirique fouilla une poche de la sacoche qui lui ceignait la taille et en extirpa un objet bien connu du peuple de la nuit. Désignant le bracelet de contrainte qu'il tenait entre les doigts, il poursuivit :

« Je réservais ce bracelet à Lorenz, je voulais lui faire comprendre ce qu'il infligeait à ses esclaves, je voulais qu'il souffre autant qu'il a fait souffrir avant de rendre son âme damnée à l'esprit de la Mort. Mais maintenant que Dévoreuse n'est plus, je dois changer mes plans. »

Lentement, il vint refermer le bracelet autour de l'avant-bras de la voleuse multicolore avant de se redresser pour finalement consentir à relâcher les sorts dont il avait usé pour immobiliser sa proie. Son regard se baissa alors dédaigneusement sur la vampire toujours à terre tandis qu'il concentrait son esprit pour lui envoyer une douloureuse décharge au travers du bracelet, en guise d'avertissement sur les conséquences d'une quelconque tentative de rébellion.

« Il existe une légende à propos d'un arc d'os aux pouvoirs extraordinaires, à la corde tissée de toile d'araignée et fabriqué par l'un de nos semblables dans les profondeurs du royaume vampirique. Mythe ou réalité, je n'ai pas le temps de m'en assurer mais toi qui me préconisais de trouver une autre solution, je suis persuadé que tu te feras un plaisir de le rechercher pour moi... n'est-ce pas ? »

Impatient, le maître ne laissa pas même à sa nouvelle et première esclave le temps de répondre une première fois avant d'insister violemment, accompagnant la question d'une nouvelle dose de souffrances gratuites et inutiles :

« N'est-ce pas ? »

A supposer qu'il demeura encore une trace de ce qu'avait été Kylian Wallam chez celui qu'il était devenu, celle-ci semblait s'être réfugiée profondément dans les méandres de son âme de plus en plus tourmentée.
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MessageSujet: Re: Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Quinze petits jambons [PV Hyrriena] TERMINE Icon_minitimeJeu 6 Nov 2014 - 19:34

Déçue, c’était le mot, et encore n’était-il pas assez profond pour exprimer ce que ressentait Hyrriena. Dégoûtée du comportement de Kylian, écœurée d’avoir fait tout cela en vain, frustrée et enragée à l’idée qu’elle avait cru pouvoir encore croire en un membre de son peuple alors que celui-ci lui avait pourtant bien montré qu’elle ne pouvait pas s’y fier, comme à aucun autre d’ailleurs. Bien sûr, les apparences avaient joué en sa défaveur, mais les vampires savaient s’y prendre pour tromper le monde, elle était bien placée pour le savoir, elle dont l’innocente apparence l’avait parfois sortie de situations embarrassantes. Mais là, Wallam semblait être maitre en la manœuvre. Mieux valait laisser tomber et rejoindre Valen, voir ce que deviendrait la résistance face aux alayiens. Lorenz, c’était trop tard à présent ; si la vampiresse était bien au courant de tout, le prince vampire n’était pas la priorité, loin de là. Tout cela, c’était un peu dépassé maintenant. La fin du monde était bien plus alarmante.
Tournant le dos à son interlocuteur pour mettre fin à la conversation, ayant toutefois encore assez d’estime ‒juste un filet, mais c’était encore trop‒ pour ne pas le croire capable de l’attaquer dans le dos, la vampiresse ne se rendit compte de son erreur qu’au dernier instant. Qu’elle avait été bête, que d’avoir encore un peu d’espoir dans le comportement de son semblable ! N’avait-elle jamais appris que présenter ainsi une cible si facile était une monstrueuse erreur ? Pourtant, elle avait suffisamment dû apprendre à se protéger pour ne pas faire une erreur aussi grotesque. Et elle en payait le prix maintenant. Cela lui servirait de leçon à l’avenir, mais justement, de cet enseignement elle n’aurait pas dû en avoir besoin. Corlina aurait été profondément anéantie d’assister à pareille bêtise. Mais elle était morte et pour l’instant, son élève ne pouvait compter que sur elle-même pour se tirer de son mauvais pas. Et des chaînes qui l’avaient attrapée.

La torture, elle n’y avait goûtée véritablement qu’une seule fois, lorsqu’un chasseur de vampires avait eu la bonne idée de la prendre pour cible. Mais elle n’avait jamais regretté ce peu d’expérience en la matière. Et aujourd’hui, son sentiment était toujours le même, aussi surprenant puisse-t-il paraitre : elle n’aimait pas avoir mal. Elle n’appréciait pas du tout ces liens de métal qui venaient enserrer sa chair en un étau impossible à défaire. Le corps peu à peu comprimé, la voleuse serra les dents en contractant ses muscles, tentant de se dégager de cette douloureuse épreuve, les yeux plissés et un pli de souffrance sur le front. Peu importait ce qu’il pouvait lui dire, peut-être était-elle une loque à ses yeux mais au moins n’avait-elle jamais pareil comportement au combien méprisable. Néanmoins, prudente, elle préféra se taire plutôt que d’aggraver les choses. Cela ne lui servit guère puisqu’un sort supplémentaire s’ajouta à celui qui la retenait déjà, et en plus de sentir ses os prêts à céder sous la pression, sa chair même devint objet de malheur, quatre aiguilles perçant sa peau sans que celle-ci, semblait-il, n’offre la moindre résistance. Fichu vampire et fichue magie. Avec le dérèglement de celle-ci, la violence des sortilèges était encore davantage décuplée, et il était inutile de préciser que cela se ressentait. Ô intense et brusque souffrance, instrument de pouvoir et de domination, mais surtout déchirement de l’âme et du corps. Le sort s’arrêta toutefois sous le coup brusque de la botte de Kylian sur son visage, et une larme noire, discrète, de pure douleur glissa sur la tempe de la jeune fille pour finir sur le sol de la galerie. Dracos, une douleur pour une autre, ce n’était pas un marché très agréable. Sans doute aurait-il mieux valu pour elle que s’arrête ici, maintenant. Mais ce n’était pas pourtant, son cœur s’était déjà arrêté, elle ne verrait pas Mort tout de suite. Non, elle devait juste ressentir cette parcelle de sa peau qui la faisait souffrir, chaque fibre de son âme qui rageait, impuissante, et surtout la peur terrible qui l’étreignait doucement dans un carcan sournois, petite araignée perfide tissant sa toile autour de sa proie. C’était cette sensation que plus rien n’allait mais qu’elle ne pouvait rien faire, et l’esprit focalisé sur l’idée de chercher à s’échapper et mettre fin à ce supplice, associée à celle, terrible, de l’incertitude de ce futur proche. A l’angoisse de ne savoir pas jusqu’où son tortionnaire pouvait aller. Lui qui avait parlé de paix, d’égalité, c’était ainsi qu’il mettait en pratique ses utopies ? Quelle ironie, terrible et brutale. Lui, qui voulait les débarrasser d’un tyran sanglant ? Quelle douloureuse hypocrisie.
Le regard fixe, vide, tentant de rejeter en bloc toutes les sensations que son corps lui apportaient, Hyrriena sentit se corps se geler totalement lorsqu’elle comprit ce qui l’attendait. Contrainte. Servitude. Douleur, encore, toujours. Elle qui avait échappé, toutes ces années, à la domination d’autrui, elle se trouvait donc réduite au rang d’esclave dans le sens le plus pur du terme et le plus cruel. Elle savait ce que ce bracelet si innocence d’apparence signifiait. Elle l’avait déjà vu, même sans jamais y avoir recours. Mais pas besoin de ce dernier point pour le reconnaitre. Pas besoin de lui pour le fuir, tenter une fois encore de briser ces chaines tandis qu’inexorablement s’approchait l’objet honni. Magie quand tu nous tiens… Pourquoi ne pouvait-elle pas l’utiliser, elle ? Pourquoi ne parvenait-elle pas se libérer, riposter ? Pourquoi n’était-elle pas puissante, et pourquoi avait-elle tourné bêtement, stupidement le dos à son adversaire ? Pourquoi se posait-elle toutes ces questions, maintenant, alors qu’elle savait qu’il était trop tard ?

Elle n’était pas courageuse, elle n’était pas forte, mais elle n’avait pas émis le moindre son depuis que sa cage magique s’était enroulée autour d’elle. Pourtant, à l’instant où le bracelet se referma sur sa peau, dont la manche avait été légèrement relevée par Kylian, elle ne put retenir un gémissement d’angoisse et de désespoir. Peut-être avait-elle eu, au fond, l’espoir que quelqu’un ne vienne les interrompre, mais ils se trouvaient dans un endroit suffisamment peu fréquenté pour que les rares personnes s’apprêtant à passer choisissent de ne pas tenter le sort en se mêlant à une rixe de vampires. A moins qu’elle n’ait simplement pas de chance, qu’elle ait mal choisi ce lieu trop désert. Toutefois, une fois le lien d’esclavage passé, elle dû se rendre à l’évidence, comprenant que désormais, elle n’était plus libre. La fin de cette vie indépendante venait de commencer, une autre démarrait.
Roulant sur elle-même lorsque les chaines disparurent, elle glissa sur le ventre pour se redresser sur ses avant-bras pour s’aplatir face contre terre sous le choc de la décharge. Le visage plus blanc que d’ordinaire, le corps meurtri et une faim dévorante la rongeant, elle ferma les yeux en refusant de se laisser abattre par cette sensation qui lui brûlait le ventre et lui soufflait de tout cesser. Le visage de son petit protégé glissa dans son esprit, que la jeune mère adoptive enveloppa dans une bulle d’affection. Ce petit être la faisait devenir plus humaine que vampire, semblait-il, mais qu’importait, pour l’instant elle était juste heureuse d’avoir quelque chose. De ne pas se sentir totalement vide.

«N'est-ce pas ? »

La seconde décharge avait, comme précédemment, vrillé son être de douleur, mais cette fois elle n’eut aucune réaction autre que celle d’hocher la tête sans qu’aucun mot ne soit prononcé de sa bouche depuis le début de cette séance de brutalité. S’il voulait un arc, il l’aurait, et elle retrouverait sa liberté ; coûte que coûte. Cette décision ancrée en elle, elle ferma les yeux, savourant, enfin, la disparition des supplices. Son esprit n'en avait pas fini mais son corps, pour l'instant, en profitait. Tant qu'il le pouvait encore.
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