de Rouge et d'Argent (Verith) [TERMINE]

Sujet: de Rouge et d'Argent (Verith) [TERMINE] Dim 30 Mar 2014 - 17:39

Un vent glacial soufflait sur les immenses plaines de l'Est, balayant sans répit les herbes sèches, arrachant quelques larmes aux voyageurs. Le plat et désolé s'étendait sur plusieurs centaines de kilomètres, sans rien pour venir troubler l'horizon, sinon quelques pitoyables arbustes, perdues au milieu de nul part.

Courbé, afin de se protéger au mieux des puissantes rafales qui l'assaillaient de toute part et entravaient sa progression, Trissi parcourait les Terres Sauvages. Elles marchait vaillamment contre les bourrasque qui hurlaient et gémissaient tout autour d'elle, plantant fermement, à chaque mètre, ses griffes dans la terre dure et sèche. Ses ailes qu'elle tentait vainement de ramener contre elle, claquaient au vent tel les voiles d'un bateau. Ses écailles argentés ressortaient vivement sur la morne plaine envahit par les herbes sèches. Au loin le soleil déclinait, emportant dans son sommeil le peu de lumière qui avait, jusque là, réussit à percer les nuages noirs, et couvrant d'ombres aux formes étranges le paysage alentour. L'Argenté pressa le pas. Incapable de voler par cette maudite tempête, elle en était réduite à progresser en marchant, tel une dragonnette à peine sortie de son œuf,

Elle avait quitté Aigue Royal en fin de mâtiné, fuyant par la même occasion le profond sentiment d'inutilité qui l'assaillait depuis quelques temps. Dragons et dragonniers avait joué leurs rôles durant la bataille de bois sombre, en parvenant à défaire l'Esprit que vénéraient ces fanatiques qu'était les Alayiens. Mais désormais, au cœur de ces complots et autre affaires d’état, Trissi ne savait plus que faire. De plus, jours après jours le Néant semblait refermer ses griffes sur ceux qui avaient eu l'audace de lui tenir tête ; elle même n'avait été que très peu touché, mais elle ne pouvait s’empêcher de s'inquiéter pour son dragonnier qui semblait fortement souffrir de la malédiction.

Elle avait décollé dans un ciel bleu et sans nuages, chose rare en cette période l'année, et s'était rapidement éloigné de la base rebelle, survolant à toute allure les plaines immenses. Elle avait accueillit avec bonheur l'intense sentiment d'invincibilité qui l'accompagnait dans chacun de ses vols, elle reine incontesté des cieux.
Et alors qu'elle s’apprêtait à faire demi-tour, le vent s'était levé. D'abord une simple brise d'hiver caressant sa cuirasse d'écaille, puis, peu à peu, les rafales avait forcis, handicapant de plus en plus la dragonne. Les cieux s'était assombris, se couvrant de sombre nuage gorgé de pluie.
La fille du Dracos était courageuse et arrogante, mais pas folle, aussi avait elle essayer de se posé, mais les éléments, furieux, ne semblait vouloir lui accorder lui accorder le moindre répit. Durant une heure, elle avait lutté contre la tempête qui menaçait de la briser tout entière ; elle avait piqué, reprit de l'altitude, virée, chuter, rien n'y avait fait.
Finalement les vents s'étaient légèrement calmés, lui permettant enfin d’atterrir. Harassé, et profondément atteinte dans sa fierté, elle était resté quelques instant en état de choc. Elle qui avait toujours paradé dans les cieux, elle qui depuis son éclosion clamait haut et fort que là bas, nul ne pouvait la vaincre, elle avait, pour la première fois, été placé en face de la puissance que pouvait déchaîner le firmament.

Alors que l'Argenté ressassait ces sombres pensées, elle sentit, à la lisière de sa conscience, une présence. C'était un esprit ancien et sauvage, un esprit puissant...l'esprit d'un dragon manifestement.
Soudain, une ombre immense vint obscurcir encore davantage la plaine ; levant les yeux vers le ciel, la jeune dragonne resta muette, incapable de prononcer le moindre mot. Au dessus d'elle, la dominant de toute sa taille se tenait un dragon gigantesque. Ses épaisses écailles était rouge sombre et dans ses yeux, semblait brûler un flammes ardente.
Instinctivement, elle se tendit prête à fuir ou à se battre. Jamais elle n'avait rencontré ce grand mâle, et ce dernier semblait parfaitement à même de lui faire du mal. Devinant cependant qu'elle ne gagnerait rien à ce faire l'ennemi d'un tel titan, elle projeta son esprit en direction de son semblable et pris la parole :

°-Salutations Rouge, je me nomme Trissi, dragonne d'Argent et fille d'Elradya.°

Sujet: Re: de Rouge et d'Argent (Verith) [TERMINE] Dim 30 Mar 2014 - 20:49

¤ Le blizzard ¤

L’hiver, encore l’hiver. Si cette saison peut être d’une beauté sans pareille, elle peut aussi terriblement effroyable. Car derrière toute beauté, se cache le danger et plus la beauté est grande, plus le danger est redoutable. Verith observait ce danger du plus haut des cieux. Cacher parmi les nuages, le géant rouge était à l’abri du vent puissant et geler, ou tout là-haut il était à l’abri du blizzard qui s’intensifiait. La neige tombait, et portée par le vent violent, elle dansait une valse endiabler, pour s’écraser lourdement sur terre, s’entassant de plus en plus, étouffant celle-ci. La visibilité se faisait de plus en plus mauvaise, en plus de la lumière de l’astre divin qui lentement s’enfonçait à l’horizon, apportant les ténèbres de la nuit. Celle-ci serait de plus agitée, secouée par le violent blizzard qui sévirait sous peu sur toutes les plaines sauvages de l’est. Un bipède n’y passerait pas la nuit. Il mourait de froid bien rapidement ou alors d’épuisement, perdant son chemin sous le manque de visibilité. Humpf, bien fait pour eux, cela leur apprendra à se croire chez eux sur Armanda. Cette terre était celle des dragons, et à nul autre ! Arrogant bipède qui s’était approprié leur jardin laisser en friche. Fou qui ne traitait pas les dragons avec l’ultime respect qui leur était dû. Pitoyables créatures, ils n’étaient bons qu’à être mangés, et encore, leurs armures n’étaient pas des plus ragoutantes. Elles croquaient certes sous la dent, mais quand bien même, elle alourdissait l’estomac. Au moins dans les pauvres villages qu’il avait rasés, ceux-ci n’étaient pas recouverts de ses immondices servant protéger leur faible corps. Encore une preuve de leur misérabilisme, ils n’étaient par pourvu naturellement d’une épaisse cuirasse d’écailles qui les protégeait. Ils n’étaient que des bons à rien. Et dire que certains de son espèce s’étaient liés à eux, quelle mouche avait bien pu les piquer, quelle maladie les avait atteints, quelle folie brouillait leur sens ? Il n’était que gangrène. Et parmi ces fous, certains s’étaient entichés de vampire. Absurde folie ! Alors que l’un d’entre eux avait tué son frère ! Comment pouvaient-ils ? N’avaient-ils aucun amour propre, n’avaient-ils aucun honneur, aucun égard vis-à-vis de leur race ? Ceux-là, Verith les tuerait, il les tuerait tous jusqu’aux derniers. Il ne pouvait tolérer une telle chose, il ne pouvait le permettre. C’était une erreur, c’était contre nature. Oui il les détruirait… Si seulement… si seulement il n’avait pas passé cet accord avec cette dragonne par égard pour sa mère.

Verith cracha des flammes de rage embrasant le ciel. Oui il avait promis de laisser un répit d'un an à tous les dragons liés aux vampires, avec la promesse de ne plus s'en prendre à eux uniquement parce qu'ils étaient liés à un vampire après ce délai d'un an ... uniquement si... uniquement si ! Cessant un instant de ruminer cette pensée, le grand rouge laissa sa tête sortir des nuages, plus bas se tenait une petite dragonne grise luttant contre le vent, luttant contre le froid, dans ce blizzard infini. Et au loin le durcissement de cette tempête de neige se profilait. Un léger sourire malsain se profila sur les lèvres draconiques de Verith alors qu'il relevait la tête pour continuer sa route comme si de rien n'était. Qu'elle crève, cela en ferait un de moins à tuer. Une gangrène de moins à détruire pour la préservation de sa race. Mais pas uniquement. Se faire ainsi mettre à mal par un vulgaire blizzard, les dragons d'Armanda étaient d'une faiblesse criante, comment ceux-ci avaient réussi à éclore de leur oeuf s'ils étaient aussi faibles ? Ah oui, leur lier bien sûr, se voir ainsi dépendant d'un bipède était une pensée insupportable. Grondant dans le ciel Verith accéléra abandonnant là à son sort la pauvre dragonne.

Ruminant cette pensée et au bout de quelques minutes, le dragon rouge gronda bruyamment dans le ciel alors qu’il vira pour faire demi-tour, amorçant une descente en direction du sol en direction de la dragonne. Allait-il l’achever pour préserver l’honneur des dragons de voir une telle créature mourir sous la force de la nature ? Qui sait. Virant à nouveau, allant à contre vent, le rouge battant bruyamment des ails, celles-ci se faisant à peine attendre dans le sifflement du vent, étouffer par la neige qu’il transportait, s’approcha par le dessus de la petite grise. Lorsque celle-ci sentit sa présence, elle s’empressa de projeter son esprit dans sa direction.

« Salutations Rouge, je me nomme Trissi, dragonne d'Argent et fille d'Elradya. »

« Silence ! Comment un dragon peut-il être mis à mal par un simple blizzard, les dragons liés sont-ils tous vouer à déshonorer ma race ? »

De ses puissantes pattes avant et sans laisser le temps à la jeune dragonne de répondre, le colosse de flamme attrapa la petite grise, décollant à nouveau avec son colis pour filer en direction d'un endroit où ils seraient à l'abri de cette tempête qui gagnait en intensité. Les puissantes ailes du dragon les menèrent en quelques instants à une grotte située plus loin. Il l'avait découverte hier dans la soirée avec avoir provoqué un éboulis de neige, celle-ci s'étant révélé plus grande qu'il n'y paraissait, suffisamment pour lui permettre d'entrer. Mais le rouge ne s'était pas aventuré plus loin, des présences semblant se trouver profondément dans la terre au bout de nombreuses galeries qu'il avait pu voir, mais inaccessible pour lui. Il ne savait pas pouvoir de tels bipèdes c'étaient cachés dans celle-ci, mais il y était resté, dans l'attente que ses nuisibles n'en sorte pour en faire son repas.

Arrivant à destination, il largua la dragonne, entrant par la suite dans la grotte s'y installant, jetant un regard désapprobateur en direction de la dragonne qu'il savait liée, mais à qui ou plutôt à quoi, Verith ne le savait pas.

Rage et indignation se disputait férocement la première place dans le cœur de Trissi. En vertu de quel pathétique complexe de supériorité, Ce pitoyable dragon rouge osait il la traiter de la sorte ? Il ne lui avait lancé que quelque mots chargé d'une arrogance sans nom, ignorant impérialement les paroles de l'Argenté, avant de la saisir brutalement, la broyant dans son étreinte implacable. Il avait survolé avec une suffisance exécrable la plaine, semblant se jouer des vents qui tentaient en vain de ralentir son vol puissant, pour enfin la déposer, quoique le terme jeter soit plus adapté, dans une grotte souterraine spacieuse plongé dans l'ombre.

La caverne était grande, suffisamment en tout cas pour le le titan carmin puisse y pénétrer, et se terminait par une étroite et profonde galerie, plus sombre encore que l'entré, et visiblement trop petite pour que la jeune dragonne puisse s'y faufiler.
Mais l'Argenté ne se souciait guère de l'architecture naturel de la cavité, toute son attention étant diriger vers le grand mâle. En lui venant en aide, le Rouge l'avait insulté et l'avait rabaissé, il l'avait fait passé, elle maîtresse incontesté des cieux, pour une pauvre dragonne faiblarde, incapable de se sortir seul de la tourmente. Il l'avait humilié et devait désormais répondre de cela

°-Comment avez vous osez me traiter de la sorte ? L'interrogea t-elle froidement. Nous autres seigneurs des cieux, volons porté par nos ailes, pas par nos congénère. Je vous pardonne aujourd'hui cette offense mais je vous conseille de ne plus jamais retentez une telle chose à l'avenir, si vous ne souhaiter pas tâtez de mes flammes...°

Elle ne faisait nullement preuve d'arrogance. Si ce dragon s'avisait de lui manquer de respect à nouveau, ni sa taille, ni ses griffes et ses crocs ne pourrait le préserver de la rancœur de la dragonne d'argent. Elle connaissait mille et une façon de se venger de quiconque l'importunait, ce qu'elle n'hésiterait pas un seul instant à le démontrer sur le dragon, si celui-ci lui en donnait l'occasion.

Il fallait cependant admettre que jamais elle n'avait eu à affronter pareille tempête, et qu'elle s'était retrouvé incapable de lutter contre les éléments déchaîné, arrivant tout juste à ne pas s'écraser au sol. Elle n'avait été qu'un fœtus de paille entre les puissantes rafales contre lesquels elle avait lutté ; et si le dragon rouge ne l'avait pas secourue avant de la conduire en lieu sur, peut être ne serait elle, à l'heure actuelle, plus qu’un amas de sang et d'os brisé. Mais l'idée de devoir la vie à quelqu'un d'autre qu'elle même lui déplaisait souverainement.

°-Même si je demeurais parfaitement maîtresse de la situation, commença t-elle avec suffisance, j’admets cependant que ma position était des plus...délicate. J'aurais évidemment fini par m'en sortir moi même, mais cela m'aurait coûté de l'énergie et du temps dont je ne dispose pas. Vous avez donc toute ma gratitude pour l'aide que vous m'avait apporté.°

Une question l'a taraudait cependant ; durant le bref échange que la dragonne avait eu avec son congénère, ce dernier lui avait clairement fais comprendre son mépris, voir sa haine à l'égard du Lien qui l'unissait à son compagnon d'âme, Kedrildan. Or, il avait plonger dans la tempête, et l'avait mise à l'abri, quoique à contre cœur visiblement...

Dans un sifflement aigu, une bourrasque de vent pénétra dans la cavité souterraine, apportant au deux dragon une étrange odeur, sans doute la dernière qu’il se serait attendue à trouver en un tel lieu : celle d'un être humain.
Sortant vivement dans la plaine battu par les vents, Trissi plissa les yeux. Le tonnerre grondait, les éclairs déchirait le ciel noir et la pluie tombait, plus forte que jamais.
A quelques mètres de là, marchait un homme. Enveloppé dans une cape malmené par les vents puissant, son visage était dissimulé à 'ombre d'un capuchon. Il ne portait ni bagages ni vivre, se contentant de marcher.

Relevant la tête, il planta ses yeux dans ceux, azur, de la dragonne...

[HRP/ désolé d'avoir mit tant de temps pour une réponse aussi minable:/ ]

Il était tout proche de la ville d'Althaïa, il pourrait même l'atteindre avant la nuit si il décidait d'éviter la rencontre qui se préparait. Mais il tenait à la faire, d'ailleurs elle était importante pour la suite car il n'ignorait pas que les rebelles se cachaient aux yeux de tous et qu'ils verraient d'un mauvais oeil l'arrivé d'un nouveau venu sensé ignorer la localisation de leur quartier général. Pour peu qu'ils s'en prennent à lui et cela rendrait sa tâche plus complexe qu'elle ne l'était déjà ! Il était à la croisé des chemins, les choix qu'il ferait dans les prochains jours pourraient influer sur les événements à venir. Il devait donc se montrer prudent. Et aussi étrange que cela puisse paraître, cela passait par accepter une rencontre avec deux dragons.

Sa résolution étant prise, il pu s'accorder le luxe de ralentir son pas pour adopter un rythme plus tranquille. Il n'était plus tout jeune après tout, que ce soit en surface ou en profondeur et son petit doigt lui disait que la conversation à venir aller s'avérer des plus intenses. Enrichissante aussi, ah les dragons... Il ne pu réprimer un petit sourire joyeux à peine visible sous la capuche qui le protégeait du vent glacial. Quel temps tout de même... La colère de la tempête s'était un peu apaisée mais l'Esprit du Vent ne semblait pas vraiment rasséréné. Sans doute s'énerverait-il à nouveau d'ici peu... Le Voyageur haussa les épaules à cette pensée, il avait apprit à subir les éléments sans broncher et avec humilité.

Sans s'émouvoir de la distance qui lui restait encore à parcourir, il continuait à grignoter les lieux de son pas lent et patient. Une mélodie à peine esquissée sur les lèvres, il laissait le vent gonfler la pauvre cape à laquelle il tenait tant et faire cliqueter la chaine à son cou. Il ne portait rien d'autre qu'une minuscule besace presque invisible si on ne se tenait pas tout près de lui et qui ne semblait pas contenir grand chose. En un mot comme en cent, il offrait une drôle de vision.. Silhouette fragile et incongrue lancée sur cette interminable route solitaire qui aurait pu l'engloutir à tout moment que ce soit par la simple cruauté des éléments implacables ou pas l'attaque toujours possible d'un groupe de bandits. N'importe qui l'apercevant aurait pu se demander comment un si petit homme avait bien pu arriver si loin tout seul... Mais il n'y avait personne. Personne d'autre que deux fiers dragons partageant une caverne sans doute trop petite pour contenir leurs deux égos. Son coeur se serra sur une pointe de tendresse rien qu'à cette pensée, qu'il avait hâte de les rencontrer !

Cette fois il ne pu s'empêcher de presser le pas, le moment attendu approchait et même sa légendaire patience ne pouvait plus rien face à cela. D'autant plus que... Voilà.

Le tonnerre gronda à l'instant exact où il l'avait attendu et il resserra sa cape contre lui avant que la pluie ne s'abatte à nouveau en ces lieux. Vent joua à le dévier de sa course et il ne s'y opposa pas, suivant sagement le détour qu'il voulait lui faire prendre sans s'offusquer du temps que cela lui ferait perdre. Il n'était qu'un Voyageur après tout, il ne lui revenait pas de s'opposer à la volonté des Esprits. En quelques secondes il fut trempé et contraint de frissonner, ce qui ne l'empêcha pas de ressentir une chaleur étrange jusqu'au plus profond de son âme à l'instant où la dragonne posa le regard sur lui. Il soupira d'aise en dirigeant ses pas vers la magnifique créature et ne releva le regard que lorsqu'il fut tout proche d'elle. Sa voix habituellement basse et douce prit une intensité différente lorsqu'il l'éleva pour couvrir le bruit de la tempête :

"Salutations fille du ciel ! Puis-je requérir le droit de m'abriter avec toi et ton compagnon ? Il fait froid et mes jambes sont bien lourdes pour prendre le temps d'aller chercher un autre abri..."

Il ressentait l'esprit puissant de l'autre dragon sans encore l'apercevoir mais se concentrait avant tout sur la femelle qui le toisait avec majesté. Elle était magnifique... Allait-elle le gober tout rond pour son audace ? Peut-être pas... Mais si ce n'était pas le cas alors c'est le mâle qui s'y essayerait sans doute. Il ne recula pas pour autant, impérial dans sa folie et c'est sans hésiter qu'il reprit :

"Allons ? Craignez vous que je prenne trop de place dans votre tanière actuelle ?"

Sa question ironique résonna malgré le bruit de la pluie, sa moquerie n'était pas bien cinglante mais elle savait qu'elle serait suffisante pour allumer la colère au moins dans l'esprit du mâle. Il projeta donc son esprit dans le sien sans doute avec plus de force que la fière créature ne l'avait jamais connu et ordonna :

*Discipline ton ire, Dragon. Et montre toi. Je ne suis pas là pour me battre.*

Son injonction résonna avec la même intensité que le tonnerre dans la tête du rouge et s'incrusta jusqu'à la moelle même de ses os. Quoi qu'il fasse, il ne pourrait faire autrement que de prendre en compte la consigne qui venait de lui être imposée. Le regard clair du Voyageur se posa sur les rouges écailles lorsqu'elles apparurent enfin dans son champs de vision, et de deux... Il reprit sa voix physique en s'adressant aux deux à la fois :

"Je ne cherche pas le conflit, je veux simplement m'abriter."

HJ : la phrase en cyan est un ordre mental, Verith ne peut l'ignorer et doit être assez "secoué" par l'intensité de ce commandement (qui résonne jusque dans ses os). Il n'est pas destiné à Trissi qui n'a dont pas entendu la phrase en elle même mais qui peut avoir sentit la puissance de cet échange mental.

¤ Hors normes ¤

Pitoyable créature que cette dragonne, être ainsi malmener par les éléments. L'Argentée faisait honte à la race qui était la sienne, Verith aurait mieux fait de la laisser mourir dans ce déchainement de vent et de neige, mais cela serait revenue à jeter l'opprobre sur les dragons plus qu'elle ne le faisait déjà. Si un dragon luttant contre les éléments qu'il devait dominer étaient difficilement supportables, un dragon ployé et mourir sous ceux-ci était tout bonnement inacceptable. C'est alors en grognant contre lui-même que le dragon d'ire était venu en aide, même si ce mot lui coutait, à la jeune dragonne d'Armanda. Non ce n'était pas de l'aide ! C'était un geste de pitié ! Il aurait tout aussi bien pu l'achever sur-le-champ, s'il n'en avait été de sa mère et du sermon qu'elle lui avait tenu. Ruminant celui-ci, rugissant contre ces paroles intolérables au dragon rouge. Les dragons liés étaient des abominations, une erreur qui n'auraient jamais dû être commises. Ils représentaient la décadence draconique ! Les célestes créatures qu'ils étaient, jamais n'auraient dû se soucier des bipèdes, dès leurs arrivées sur Armanda, ils auraient dû les anéantir. Les bipèdes bien que terriblement inférieure représentaient un danger par leurs langues et leurs mots aussi venimeux que le venin d'un serpent.

Ne disant mot, enserrant fermement la petite dragonne faiblarde entre ses pattes avant, l’envie de la broyer se fit aussi grande que lui dégout de la toucher. Il ferait mieux de se couvrir les mains de ses flammes de peur que les germes de la maladie ne l’atteignent et la gangrène d’un lien ne le touche lui aussi. Arrivant devant la grotte que Verith avait repérée plus tôt dans la journée, le colosse d’écaille relâcha l’Argentée, la jetant plus qu’autre chose avant de s’engouffrer dans la grotte.

« Comment avez-vous osez me traiter de la sorte ? Nous autres seigneurs des cieux, volons porté par nos ailes, pas par nos congénères. Je vous pardonne aujourd'hui cette offense, mais je vous conseille de ne plus jamais retenter une telle chose à l'avenir, si vous ne souhaitez pas tâter de mes flammes... »

Oh, son geste avait touché l'orgueil de la dragonne ? D'un coter, Verith comprenait, si on lui avait fait cela... non ! Jamais une telle chose ne se serait produite de toute manière ! Se posant dans la grotte, griffant de ses griffes d'ébène le sol rocailleux, crachant quelques flammes contrent celles-ci. Souriant légèrement, le rougeoyant s'amusait de l'offusque de la petite grise. Elle ? Un seigneur des cieux ? Elle n'était même pas capable de les dompter lorsque ceux-ci étaient agités comme aujourd'hui, comment pouvait-elle se prétendre seigneur ? L'arrogance outrageante des bipèdes avait donc atteint les nés d'Armanda. Celle-ci avait même l'audace de lui pardonne son offense, le fils de la tempête claqua des mâchoires agacer, qu'elle étale une fois de plus de vaines menaces et Verith irait la rebalancer au milieu du blizzard.

« Même si je demeurais parfaitement maîtresse de la situation, j’admets cependant que ma position était des plus...délicate. J'aurais évidemment fini par m'en sortir moi même, mais cela m'aurait coûté de l'énergie et du temps dont je ne dispose pas. Vous avez donc toute ma gratitude pour l'aide que vous m'avez apportée. »

Quelle suffisance dans ses propos alors qu'elle avouait sa faiblesse, le rouge aurait sans doute préféré qu'elle s'entête à faire l'orgueilleuse, comme il l'aurait sans doute fait dans la même situation sauf qu'il n'aurait pas tardé à défier en duel celui qui l'avait offensé, plutôt qu'elle ne s'engage sur cette voie. Se redressant lentement le rouge tourna son crâne massif en sa direction.

« Je peux très bien te renvoyer au milieu de la tempête glaciale, même si je préférerais te tuer en signe de pitié, plutôt que de te voir te dépêtrer lamentablement dans ce vent dont tu te prétends maitresse. »

Parlant sèchement, avec arrogance sur un ton réprobateur, il adressa ses paroles spirituelles à Trissi, cognant de son esprit ancien et ardent celui de la dragonne, émettant un léger grognement menaçant qui se répercuta sur les parois caverneuses de la grotte, alors qu'un nouveau protagoniste faisait son apparition, dont la voix se trouva suffisamment puissante pour masquer le fracas de la tempête qui sévissait dehors et le grognement du dragon rouge qui résonnait encore.

« Salutations fille du ciel ! Puis-je requérir le droit de m'abriter avec toi et ton compagnon ? Il fait froid et mes jambes sont bien lourdes pour prendre le temps d'aller chercher un autre abri... »

Qui traitait-il de compagnon ? Quelle folle créature était-ce là. Il sentait le bipède, mais semblait à part, une aura étrange. De sa pupille dorée le rouge le regardait dans l'ombre de la grotte, il était frêle comme tous les bipèdes, et pourtant il avait traversé la rage du blizzard sans s'envoler sous le vent glacial qui hurlait dehors. Le rouge lentement se redressa, il allait le tuer, il allait le dévorer. Celui tombait d'ailleurs bien, il servirait d'exutoire à sa colère, et d'encas puisqu'aucun bipède n'étaient sortis de sous le sol par les galeries trop petites et étroites pour lui. Alors qu'il s'apprêtait à heurter son esprit au sien, c'est l'inverse qui se produisit. D'une violence inouïe des paroles spirituelles lui vinrent en provenance du présumé bipède. Le commandement résonna comme un coup de tonnerre aussi bien dans l'esprit que le corps du dragon qui se paralysa un instant, fléchissant légèrement alors qu'il allait se redresser. Son sang ne fit qu'un tour alors que le feu monta dans le dragon qui projeta avec férocité son esprit à la rencontre du fou.

« Qu'as-tu osé faire pitoyable bipède ?! Crois-tu que l'on puisse m'ordonner de la sorte ?! Penses-tu qu'une faible créature comme toi peut me contrôler ?! Comment oses-tu utiliser la magie contre ceux qui en sont la source ? Dès l'instant ou ta perfide attaque aura cessé d'avoir emprise sur mon corps, sois assuré que je te tuerais ! Je réduirais ton corps en morceau et je le sèmerais aux quatre vents ! »

Le corps du rouge commença à bouger de lui-même, bien que tentant de résister, l'injonction bien trop forte de cet être inconnu prenait le pas sur la volonté et la colère du dragon qui s'avança lentement, sortant de l'ombre alors qu'à nouveau la voix du fou résonnait.

« Je ne cherche pas le conflit, je veux simplement m'abriter. »

« Tu es celui qui apporte le conflit deux-pattes ! Comme tous ceux de ton espèce. Creuse-toi un trou dans la neige si tu veux un abri et attends que le blizzard passe ! »

L'ire vrombissait dans le dragon rouge d'être ainsi museler, alors que ses griffes d'ébène se plantaient dans le sol, incapable de lever sa patte pour aller disloquer l'inconnu. Il était sans aucun doute la créature la plus inconsciente qu'il avait rencontrée, dont son audace, son arrogance et sa folie transcendait les perceptions du dragon.

[HRPG : j’espère que j’aurais correctement interpréter la chose en faisant un Verith incapable de porter un coup contre le voyageur. Si non, mp moi je modifie cela directement, mais faire un Verith sans l’ire sera bien compliquer x). Si ca passe, il se calmera au file du rp, comme il ne pourra pas mordre il écoutera. Les paroles en orange sont seulement audibles par le voyageur. Les rouges par tous.]

Quel étrange homme...un corps frêle, même selon les critères bipède, mais jamais Trissi n'avait ressenti une puissance spirituel si grande. L'inconnu se trouvait au cotés de deux dragon, bête titanesque à la force et à la sagesse sans inégalé dans tout le continent, et pourtant lui, petite créature perdue au milieu de nul part, ne semblait éprouver ni crainte ni surprise...il s'était adressé à elle avec chaleur, quoique avec le respect qui était du à sa race, Même si la mention de « compagnon » la fit grincer des dents. Jamais elle ne s’abaisserait à considérer un dragon comme le Rouge, si imbue de lui même, comme tel, encore moins à cette instant ou ses mots et ses actes était encore frais dans sa mémoire ancestral.

L'esprit sans doute dérangé par la folie, le mystérieux voyageur alla jusqu'à plaisanter avec l'Argenté, faisant remarquer avec bonhomie l'imposante carrures des deux enfants de Dracos, si imposante comparé à la sienne, dérisoire. Certes il avait fait preuve de déférence à son égard, mais la Dragonne n’aimait guère ses manières ; en tant que seigneur des cieux, elle apprenait amené dans le cœur de ses observateur, émerveillement et peur. Or si le premiers était clairement présent, nul trace de terreur ne se reflétait sur son visage franc, pour le plus grand déplaisir de la Lié vampirique.

Ouvrant la gueule dans l'intention de cracher un peu de son venin et de remettre cet impertinent à sa juste place, elle ne put emmètre le moindre son. Alors que le géant au écailles sanglante grondait puissamment à l'encontre du nouveau venu, ce dernier posa sur lui son regard profond, et projeta son esprit vers celui du mâle belliqueux.
Si Trissi ne put saisir le sens des mots qu'il lui lança, elle fut, en revanche, frappé par la puissance inouïe de sa voix mentale, qui résonna jusqu'au plus profond de son être. Stupéfié, l'Argenté dévisagea cet homme qu'elle avait eu la naïveté de croire faible. Derrière elle, elle sentit le grand dragon se tendre, et lacéré le sol de rage, tandis qu'il devait mentalement rugir d'indignation face au propos du bipède. Au mépris de toute prudence, la dragonne d'argent ne put résister à la tentation, O combien forte de s'en prendre au titan, si fière l'instant d'avant.

°-Eh bien Rouge, aurait tu trouver à qui parler ? Ou bien ta suprême fierté parviendrait-elle à t'épargner cette triste constatation ? Car lui se n'est pas en usant de tes crocs et de tes griffes que tu réussira à le faire taire, j'en ai bien peur.°

Mais la jubilation de la fille du Dracos fut de courte durée. Fanfaronné était une chose, mais faire face à un mortel en mesure de maîtriser un pareil dragon en était une autre. Le vagabond ne semblait pas animer de mauvaise intention, mais elle se refusait à lui accorder sa confiance, elle s'était déjà laisser berner par son apparence inoffensive, elle ne se laisserait pas prendre à revers une seconde fois. Elle ne parvenait pas à cerner ce mystérieux individu, et cela faisait naître en elle une vague d’anxiété à laquelle l'arrogante dragonne n'était ni habitué, ni préparé...

L'homme ne cherchait pas le conflit ? Il est vrai que celui-ci était présent avant même son arrivé en ce lieu, il n'avait cependant en rien contribuer à apaiser la colère, bien trop forte déjà, de son semblable.

°-Peut importe ce que tu cherche ou non, homme-à l'esprit-puissant, t'en prendre ainsi à mon semblable n'est guère la meilleur façon d'engager la conversation, lui fit-elle sèchement remarquer°

Mais malgré sa méfiance à l'égard de l'inconnu, il avait piqué la curiosité de l'Argenté. Il se dégageait de lui une aura de force et de sagesse étonnante, qu'elle ne se serait jamais attendue à ressentir chez un humain. D’où venait il ? Ou allait il ? Qui était il ? Quel se soit ses affirmations, la fille des cieux doutait fortement que sa présence ici ne soit le simple fait de la tempête qui faisait rage au dehors, elle n'était pas idiote au point de ne rien suspecter de plus qu'une simple coïncidence...

°-Qui es tu donc voyageur imprudent ? Donne moi une seul bonne raison de ne pas te dévorer sur le champ.°

La fureur impitoyable du rouge résonna avec force dans son crâne et lui fit plisser le front sous sa capuche. Il accueillit le début de migraine ainsi déclenché avec amusement, en voilà un qui avait du caractère... Un sauvage, c'était facile à deviner même sans ses compétences. Fière et indomptable créature qui n'avait jamais voulu sacrifier une seule miette de sa liberté même pour le bonheur de ne plus être seul. C'était un choix difficile, mais respectable en soit. En temps normal le Voyageur l'aurait laissé en paix, lui accordant le droit de faire ses proches choix. Mais la situation était particulière, il ne pouvait s'accorder ce luxe. Verith le rétif et Trissi l'argentée devraient faire l'effort de ranger leurs égos au moins pour le moment. Aussi dur que cela puisse être pour un dragon. Le temps pressait, aussi répondit-t-il sans tarder au mâle :

"Je le crois, et le fait que je sois encore en vie prouve que j'ai raison. Mais mes intentions n'étaient pas agressives, je n'ai fait que me protéger de l'attaque que j'ai pressentie. Et si mon corps doit être réduit en morceaux dès l'instant où tu retrouvera ta liberté alors soit bien certain que je ne te la rendrais pas de sitôt."

Il avait parlé sans sécheresse mais avec une autorité sans appel, il n'entendait pas se laisser déchiqueter et ces deux là feraient aussi bien de se le tenir pour dit. Le souffle de l'esprit de la dragonne taquinant sans vergogne le plus âgé ne lui échappa pas et lui tira un léger soupir sous sa capuche. Les dragonnes ne changeaient pas beaucoup plus que leurs congénères... Il haussa les sourcils en entendant le premier l'accuser d'apporter le conflit :

"Vraiment ? Il m'a pourtant semblé que vous vous débrouilliez tous très bien sans moi dans ce domaine... Dragons comme bipèdes."

Il soutint longuement et avec sévérité les prunelles quasi incandescente, refusant de se laisser intimider par celui qu'il semblait considérer comme son égal. Mais la femelle vint détourner son attention. Il accepta le titre sans s'émouvoir, le tolérant comme étant parfaitement juste. Justes aussi étaient ses paroles, et elles l'incitèrent à s'incliner humblement :

"C'est exact, dragonne. En un autre temps et dans des circonstances moins graves je ne me serait pas permis ce genre de choses. Je vous aurais laissé en paix, l'un comme l'autre et j'aurais continué ma route malgré mon désir de renouer le dialogue avec des ancestraux. Hélas je suis ici pour remplir une mission bien précise, qui passe par vous deux. Et qui inclue que je dois survivre, d'où cette petite mise au point."

Elle ne sembla pas vraiment touchée par son discours et sa question claqua sans détour, assortie d'une menace parfaitement prévisible en passant. Celle-ci lui tira un sourire :

"Je ne le permettrais pas. Ce serait une mort ridicule aux yeux des miens..."

Sa propre boutade sembla l'amuser plus que tout le reste jusqu'ici. Mais ce n'était pas ce qu'attendait son interlocutrice, même le coléreux à côté semblait concentré sur la réponse que le Voyageur allait offrir. Il ne pouvait pas leur reprocher leur curiosité quelque part, il n'avait pas cherché à cacher ses capacités et sa nature. Il haussa donc les épaules comme pour lui-même avant de répondre en choisissant soigneusement ses mots :

"Edwyn Ruddy est mon nom. Mais je doute qu'il vous intéresse beaucoup. Je suis un allié du peuple draconique, même si vous m'avez de toutes évidences oublié. Jadis, les votres voyaient en moi un égal. De là viennent sans doute nos incompréhensions... J'honore les dragons. Mais je ne m'incline pas devant eux tout comme je ne leur demande pas de s'incliner devant moi."

Il tourna légèrement la tête vers le rouge en disant ces mots, quelque peu réprobateur. L'égo des dragons avait toujours été très fort, mais il semblait avoir atteint des sommets en quelques siècles. Il jeta un bref coup d'oeil au ciel toujours sombre et orageux avant de reprendre à leur intention à tous deux :

"Surtout lorsqu'ils me laissent subir le vent et la pluie alors qu'un abri est disponible à quelques pas. Je peux continuer cette conversation à l'intérieur. Ou bien m'en aller, froissé. Et vous ne saurez jamais quelle vieille amitié vous avez allégrement piétinée... Allons rouge, ne serait-il pas plus confortable de me dévorer au sec ?"

Une nouvelle plaisanterie qui n'amusait sans doute que lui, mais il savait que leur curiosité était piquée au vif et qu'ils n'accepteraient sans doute plus de le voir partir sans leur avoir accordé des réponses. Il leur laissait un choix clair, alors qu'il aurait aisement pu imposer sa présence. Il sentit les interrogations du mâle et y répondit avant qu'il ne lui demande pourquoi il n'utilisait pas ses pouvoirs pour obtenir ce qu'il voulait :

"La politesse. Simplement. Je ne m'impose pas dans la tanière des autres, même si j'admet que mon insistance actuelle peut être considérée comme impolie. Comme je l'ai dis, je n'ai pas vraiment le choix."

Il sourit doucement d'un air d'excuse, conscient de leur trouble à tous les deux. Il était sans doute très différent des bipèdes qu'ils avaient l'habitude de rencontrer... Il les laissa à leurs réflexions, attendant patiemment leur décision.

¤ Fou, menteur, traitre ou ? ¤

Intolérable était cette effronterie, l'offense qui venait de lui être faite ne pouvait être tolérée et elle ne le serait. Il était un dragon ! Il était l'avatar de la l'ire ! Il était libre ! Personne ne pouvait lui ordonner, personne qu'il ne respectait ou ne respectait la puissance ne pouvait lui ordonner, et ce n'est surtout pas un bipède qui va en ce jour démontrer le contraire. Le four qu'il était s'alluma, fournaise il devient. Son égo ainsi touché déposa un lit de braise incandescente qui bien rapidement vint nourrir sa colère, sa fureur se fit de plus en plus grande à chaque instant, son esprit devenant plus belliqueux alors qu'il le projetait contre le fou qui avait osé lui commander de toute la puissance de son esprit et il vint le frapper, il vint le combattre pour lui faire lâcher son emprise sur lui. Il n'allait pas se laisser faire loin de là. Peu importe ce que cela lui coûterait, il retrouverait la liberté de ses mouvements. Verith balançant également furieusement son esprit contre celui de la dragonne Argentée qui en profitait. Il vint écraser toute sa colère contre elle pour la faire résonner dans chacune de ses écailles. Cette offense elle le payera aussi très cher. Qu'elle commence à prier les sept esprits pour que leur chemin ne se croise plus jamais, que ceux-ci la garde loin de sa l'ire et de son animosité. Il avait dit à sa mère qu'il essaierait de ne pas s'en prendre au dragon lié, il avait promis à Silarae de ne pas s'en prendre aux dragons qui étaient liés à des vampires pour cette unique raison. Mais si ceux-ci venaient chercher ses foudres alors c'est sans aucune retenue qu'il les ferait retentir.

« Vraiment ? Il m'a pourtant semblé que vous vous débrouilliez tous très bien sans moi dans ce domaine... Dragons comme bipèdes. »

« Prends garde à ce que tu dis ! Tu es toi-même un bipède et c’est les bipèdes qui amènent les guerres et les conflits, entrainant dans leur folie les dragons trop stupides, alors que nous avons été bienveillants à leur encontre. Que nous les avons tolérés et aidés ! »

Verith fit rugir à nouveau son esprit contre le voyageur. C’était un fou, un fou atteint d’une démence profonde. Il ne se considérait pas comme un bipède, il se considérait même comme l’égal des dragons, pire encore il se considérait comme amis des dragons. Les dragons ne sont pas les amis des bipèdes ! On ne peut être amis avec ces nuisances-là ! Le voyageur continua dans sa démence, « une mort ridicule aux yeux des miens ? », un allié des dragons ? Honorer les dragons ? Le rouge avait presque pitié de lui face à la force de conviction qu’il semblait avoir à face à ses palabres. Était-ce une telle folie qui lui avait permis de lancer une telle attaque mentale ? Dans ce cas Verith devait au plus éliminé les bipèdes avant qu’ils n’atteignent tous le même niveau que celui-là, ce qui n’était pas loin.

« Votre démence semble si profonde qu’on y croirait presque tant vous en semblez convaincu. Allié des dragons ? Un dragon n’a d’autres alliés que sa nuée. »

Le rouge grogna à son encontre.

« Nous vous aurions oubliée ? Voilà bien une insulte déguisée en excuse pour justifier vos propos. La mémoire des nôtres se transmet de génération en génération et nous revient à force de prendre de l’âge. Si vous étiez nos alliés, cette information qui semble importante devrait nous venir dans les premières, mais dans ma mémoire, qui comporte pourtant tant de faits sur les bipèdes, elle n’y figure point. Seuls les actes révoltants que ceux-ci ont commis demeurent. Si vous n’êtes ni un fou ni un menteur, c’est que vous êtes un traitre et que cette alliance a, à tout jamais, été enterrer au plus profond de notre mémoire, afin de l’oublier. »

Le rouge griffa le sol tout en fusillant du regard le voyageur.

« Je peux tout aussi bien vous sécher à l’aide de mes flammes. Alors qu’êtes vous donc Edwyn Ruddy ? Un traitre, un fou ou un menteur ? Si je peux tolérer de me battre avec l’un des trois, je ne saurais tolérer d’entendre plus longtemps leurs paroles. »

HJ : Trissi sort du RP pour délai dépassé, j'ai dû te PNJiser pour cela Trissi, ce n'est peut-être pas en accord avec la réaction normale de ta perso mais c'était indispensable et donc non négociable. Ce RP est terminé en ce qui te concerne.

Il fronça les sourcils devant l'acharnement du rouge et refuta l'accusation d'un simple signe de tête :

"Moi et mon peuple avons commis certaines erreurs, je ne le nie pas. Mais nous n'avons jamais déclenché aucune guerre. Les bipèdes ne forment pas une race, et même au sein de chaque peuple bipède il existe des gens très différents. Que dirais-tu si je te comparais à un lézard simplement parce que tu as des écailles ? A un oiseau parce que tu as des ailes ? Ou bien si j'accusais le peuple dragon tout entier des actes d'un seul ? Où est la sagesse Ancestrale dans tout ceci ?"

Le reproche n'était pas voilà, et il était parfaitement conscient qu'il allait encore le vexer mais l'honnêteté faisait partie de son être. Il ne s'attendait par contre pas à ce que la plus forte colère vienne de la femelle... Elle gronda si fort dans son esprit qu'il dû consolider ses barrières pour s'en protéger et sans les interdictions antiques qui le protégeait de toute attaque draconique ne pouvaient être transgressées. Même si elle l'avait désiré, la dragonne ne pouvait pas plus s'en prendre à lui que de s'attaquer au soleil. Il ne broncha pas lorsqu'elle lui rugit en plein visage et ne chercha pas à rétablir la communication qu'elle avait coupée. Apparemment la sagesse des dragons lui tenait à coeur, ou bien c'était autre chose... Elle le toisa avec froideur en s'apercevant sans doute qu'elle ne pouvait le toucher et daigna tout de même frôler son esprit une dernière fois :

"Vas où tu veux, langue impudente. Mais je ne veux rien avoir à faire avec toi."

Elle avait fait son choix et il le respecta, restant impassible malgré la légère étincelle peinée qui s'était allumée dans ses prunelles. L'air claqua comme un fouet lorsqu'elle déplia brutalement ses ailes avant de décoller d'une puissante poussée. La tempête était encore forte, mais bien moins que tout à l'heure. Elle n'aurait pas de mal à se trouver un autre abri, à supposer qu'elle ne préfère pas se diriger tout droit vers son dragonnier. Quoi qu'elle fasse, elle avait décidé de tourner le dos à la possibilité qui s'offrait à elle.

Le Voyageur soupira en suivant du regard le point qui s'éloignait mais reporta très vite son attention sur le dernier dragon restant. Verith ne semblait pas vouloir partir pour sa part, il était sans doute plus du genre à lutter... Difficile de deviner ce qu'il pouvait bien penser du départ de sa congénère, il choisit apparemment de ne pas s'y attarder et préféra grogner au sujet de sa démence, lui tirant un sourire compréhensif :

"Tu te trompe. Vous avez bel et bien eu un allié particulièrement proche de vous. Plus qu'alliés, nous étions amis. "

La suite ne fut pas suffisante pour le décontenancer et il ne répondit que par une question :

"Ta mémoire est-elle claire ? Y-as tu accès à volonté et sans limites ?"

Cela ne nécessitait pas vraiment de réponse, il la connaissait déjà et il ne pensait pas que le dragon ne s'abaisse à lui mentir. Les ancestraux n'avait pas un accès illimité à leur mémoire, tout comme lui n'avait pas un accès illimitée au futur. Ainsi l'avaient voulu les esprits. Mais il pouvait remédier à cela au moins en partie et temporairement, à condition qu'il le laisse faire, ce qui n'était pas forcément gagné... D'autant plus qu'il semblait lui lancer un ultimatum :

« Je peux tout aussi bien vous sécher à l’aide de mes flammes. Alors qu’êtes vous donc Edwyn Ruddy ? Un traitre, un fou ou un menteur ? Si je peux tolérer de me battre avec l’un des trois, je ne saurais tolérer d’entendre plus longtemps leurs paroles. »

Il inclina la tête pour répondre :

"Ce ne sera pas nécessaire. J'ai peut-être un grain de folie, c'est du moins le point de vue de mon peuple mais je ne mens pas et je ne veux trahir personne. La cause des dragons m'est chère, et cette terre me l'est plus encore. Je ne veux que le bien d'Armanda, je tremble à l'idée de me tromper et de finalement faire le mal. J'ai besoin d'aide, Dragon. Je la demande maladroitement, mais avec humilité. Si tu ne m'aide pas, ton peuple est condamné"

On pouvait exiger le respect de la part de son interlocuteur et tout de même mettre les formes dans sa demande. Conscient néanmoins que ça ne serait pas suffisant il proposa :

"Si tu me laisse faire, Verith Dragon de l'Ire, je peux prouver mes dires en quelques secondes. Laisse moi entrer et toucher tes écailles brièvement. Si j'ai menti alors mes protections s'abattront et il te sera possible de verser mon sang. J'en fais le serment par tous les Esprits"

¤ Pouvoir te tuer me comblerait ! ¤

Edwyn Ruddy, ce bipède maudirait le jour où il avait croisé la route du dragon rouge. Il maudirait sa langue et sa bouche insolente d'avoir prononcé les paroles qui provoquèrent la colère du grand rouge. Il maudirait également son esprit effronté d'avoir cru pouvoir parler à Verith en égal. La folie des bipèdes ressemblait à un gouffre sans fond à présent pour la céleste créature aux écailles grenat. Pour autant, celui qui se tenait face à lui ne semblait pas comme ses autres elfes, humains ou vampires. Il le disait d'ailleurs lui-même. L'esprit buter du dragon de l'ire ne voyait ici qu'arrogance extrême. Ce n'est pas parce que ce dernier avait un esprit aussi puissant que celui d'un dragon qu'il pouvait se permettre de telle chose.

« Moi et mon peuple avons commis certaines erreurs, je ne le nie pas. Mais nous n'avons jamais déclenché aucune guerre. Les bipèdes ne forment pas une race, et même au sein de chaque peuple bipède il existe des gens très différents. Que dirais-tu si je te comparais à un lézard simplement parce que tu as des écailles ? À un oiseau parce que tu as des ailes ? Ou bien si j'accusais le peuple dragon tout entier des actes d'un seul ? Où est la sagesse Ancestrale dans tout ceci ? »

Lui et son peuple ? S'il n'était ni elfe, ni humain, ni cadavre articulé par la magie qu'est ce qu'il était ? Quelle divagation son esprit dément avait-il encore inventée ? Jetant un regard à la jeune dragonne d'argent qui semblait perdre patience, Verith fronça ses sourcils draconiques en reportant son attention sur le voyageur. Un bipède est par définition un être qui se tient sur ses pattes arrière, ils sont certes différenciés entre plusieurs peuples, mais même en dépit de cette différence, un bipède reste un bipède. Comment osait-il remettre en doute le point de vue empirique du colosse de flammes ? Les deux créatures ailées soufflèrent d'énervement aux exemples du petit être. Comment osait-il prendre de pareils exemples pour illustrer ses paroles ? Verith fouetta l'air de sa gigantesque queue qui se cogna contre une paroi de grotte, provocant un léger éboulement. Les dragons étaient des créatures incomparables ! Elles étaient bien plus puissantes, bien plus intelligentes et bien plus sages que les bipèdes. Le discours que tenait le voyageur était le même que tous les dragons qu'il avait rencontrés jusqu'ici, rabaissant la suprématie de leur race ! Il ne pouvait l'accepter. Si un dragon faisait une chose, c'est qu'il avait ses raisons. S'il tuait, c'est parce que cela était justifié. Si Verith avait attaqué de nombreux villages depuis son arrivée sur Armanda c'était parce que ceux qui les habitaient étaient et sont des nuisibles, qu'ils représentent un danger pour sa race, mais pas uniquement, car ils occupent un territoire qui n'est pas le leur, parce que leur folie avait poussé les dragons à partir et laisser dépérir la magie. Les sagesses n'avaient point de raison d'être, car ici c'est une justice draconique ! Rien de plus, de moins ! Verith avait rendu aux bipèdes ce qui leur était dû, c'est-à-dire le châtiment approprier pour leurs crimes.

La sagesse ancestrale ne signifie pas que l'on doit se laisser faire qu'on doit se laisser domestiquer et tuer lorsque l'on gène trop par des bipèdes insignifiants, faibles et nuisibles pour tous ! Corriger une erreur voilà ce qui est sage, et les bipèdes en étaient une ! Ses écailles grondant sous sa colère, il regrettait de ne pas pouvoir la laisser exploser en ravageant cette créature face à lui. Mais la dragonne à coter de lui le pouvait. Elle n'avait pas subi la même attaque que lui. Cette sotte ferait peut-être preuve d'intelligence en le faisant taire définitivement une bonne fois pour toutes. Mais Trissi n'en fit rien. Non elle se contenta de pester avant de partir. C'est ainsi que se comportaient les dragons sur Armanda ? Dès qu'il entrait en conflit avec une plus faible créature et se faisait insulter par elle, il partait comme ça, sans lui faire payer son audace par la mort ? Le monde était-il devenu fou ? Reportant son attention sur le traitre, le fou ou le menteur, il ne savait pas encore, le rouge lui préfèrerait attendre et le suivre pour le tuer dès qu'il en aurait l'occasion plutôt que laisser ses diffamants propos sans punition.

« Ce ne sera pas nécessaire. J'ai peut-être un grain de folie, c'est du moins le point de vue de mon peuple, mais je ne mens pas et je ne veux trahir personne. La cause des dragons m'est chère, et cette terre me l'est plus encore. Je ne veux que le bien d'Armanda, je tremble à l'idée de me tromper et de finalement faire le mal. J'ai besoin d'aide, Dragon. Je la demande maladroitement, mais avec humilité. Si tu ne m'aides pas, ton peuple est condamné. Si tu me laisses faire, Verith Dragon de l'Ire, je peux prouver mes dires en quelques secondes. Laisse-moi entrer et toucher tes écailles brièvement. Si j'ai menti alors mes protections s'abattront et il te sera possible de verser mon sang. J'en fais le serment par tous les Esprits. »

Le scénario d'extinction des dragons laissait le dragon impassible, il avait bien trop confiance en ses capacités et celles de son peuple... celles des vrais dragons... ceux sur son continent et non les chiffes molles d'Armanda, pour croire pareille sornette. Ce n'est pas les Alayiens et leur esprit du néant qui provoquerait la fin des dragons. Celui-ci avait par ailleurs étaient défait par les dragons et leur dragonnier, c'est qu'il devait être d'une puissance des plus risibles. Où était donc le danger dont parlait ce fou ? Non ce qui piqua au vif le grand rouge fut la possibilité de tuer le voyageur, il n'y avait pas besoin d'en dire plus. Le simple fait de pouvoir réduire ce bipède en charpie le comblait. Levant sa patte massive, le rouge la planta en face du voyageur grondant.

« Soit, la proposition me convient, la simple possibilité de prendre ta vie me suffit. Mais prend garde bipède ! Si jamais tu m'as menti, cela réduira à néant la potentielle confiance que je pourrais un jour accorder aux peuples d'Armanda. Je les effacerais de la surface du continent sans la moindre sommation et rendrait aux dragons ce qui leur appartient. »

Il allait accepter, le Voyageur le voyait nettement sans avoir besoin de recourir à ses pouvoirs. Evidemment la perspective de le tuer était plus qu'alléchante surtout après leurs premiers échanges... C'était perturbant quelque part que de rencontrer pour la première fois un dragon le haïssant tellement, l'âge d'or de son peuple lui manquait décidément... Mais il était bien placé pour savoir que nul ne pouvait jamais revenir en arrière. C'était ainsi, il fallait se contenter de ce que l'on avait et il était déjà chanceux de pouvoir échanger avec l'une de ces créatures aussi agressive soit-elle.

Le temps sembla se suspendre avant que l'Ancestral ne donne sa réponse et Edwyn s'aperçu qu'il avait retenu son souffle. Il le laissa s'exhaler lentement, se détendant lorsque l'acceptation vint enfin. On était sur le bon chemin... Enfin il était sur un croisement plutôt. Il voyait son avenir très nettement en deux possibilités fort différentes. La première le montrait trouvant la mort, déchiqueté par une patte pleine de griffes, son sang argenté se répandant sur le sol tandis que son peuple se figeait pour chanter sa fin. La seconde était plus acceptable, et il priait fermement les esprits de la lui accorder. Verith devait le croire, et cela devait suffire à le persuader de l'aider. Sinon sa mort aussi violente qu'elle soit serait la toute dernière de ses préoccupations.

Plus calme qu'il ne l'avait jamais été, il s'avança dans la caverne dont on lui autorisait enfin l'accès. Le rouge lui tendait une patte plus grosse que son corps tout entier, lui offrant un formidable aperçu sur ses griffes acérées mais sans vraiment l'émouvoir. Il ne craignait pas la mort, ce qui l'ennuyait c'était plutôt l'avenir sombre du continent si sa mission échouait. Et ce qui l'apeurait c'était tout autre chose... Car il avait peur à cet instant, pour l'une des premières fois de sa vie il tremblait et devait discipliner son esprit pour se forcer à faire ce qui devait être fait. Il leva la main pour toucher les écailles coupantes mais suspendit son geste hésitant pour relever les yeux vers la gigantesque créature à qui il parla d'une voix bien moins impérieuse tout à coup :

"Je sais que tu le feras si cela arrive, mais je préfère que tu sois prévenu. Mes défenses vont tomber à l'instant où je toucherai tes écailles... Et il est possible que je... Que je perde mes esprits. Fais moi cette faveur dragon, ne me laisse pas perdre le contrôle. Si tu sens que je m'éloigne de ce monde alors tue moi très vite."

A nouveau il leva la main, laissant ses doigts à quelques centimètres des écailles qu'il n'osait effleurer. Son souffle s'était accéléré, il avait pâli sous sa capuche et il se mordit les lèvres en cherchant à lui expliquer son trouble et ses hésitations :

"Je suis content que ce soit toi, Verith de l'Ire. Je ne sais pas si je suis assez fort pour résister à ce que je vais faire, j'ai crains ce moment pendant des millénaires. Mais ce que je sais, c'est que toi tu es assez fort pour m'arrêter si je deviens un danger."

Et avant de lui laisser le temps de répondre, il posa ses deux paumes sur les chaudes écailles.

Citation :: Ce que voient/ressentent Verith et Edwyn

Un tourbillon, le fracas terrible du temps qui se déchire. Il déchira les tympans d'Edwyn en même temps que ceux de Verith et la fusion devint totale. Le Tarenth ne pouvaient plus décoller ses mains des rouges écailles, pas plus que le dragon ne pouvait se soustraire au contact. Ils étaient liés plus profondément qu'aucun dragonnier ne l'avait jamais été à son dragon, car les Tarenths étaient les liés originaux de cette race. Leurs frères, leurs maîtres, et leurs esclaves. Si fort était le lien entre ces deux peuples, qu'il n'était pas descriptible.

Edwyn haletait, les paumes brûlantes fusionnées avec l'armure brillante de Verith. Leurs esprits communiaient plus profondément que cela n'était sans doute jamais arrivé au sauvage, ils communiquaient mentalement par un simple échange de sensations, affranchis des mots et des langages inutiles entre eux. Par ce biais, il lui expliqua :

"Oui, c'est ce que je suis... Tu as oublié comme tout ceux de ta race parce que les Esprits dans leur sagesse ont voulu que votre mémoire ancestrale soit faillible. Vous n'avez pas entièrement accès au passé, comme nous n'avons pas entièrement accès au futur. Mais ensembles, nous n'avons plus de limites. Je peux t'offrir un accès total à ta mémoire ancestrale, et toi tu m'offre un pouvoir de voyance illimité auquel je ne peux que difficilement résister"

Il se crispa sur un gémissement, tremblant de plus en plus à mesure que leur communion se faisait plus complète. Il errait à présent dans les profondeurs les plus obscures de l'esprit de Verith, là où même un dragonnier n'aurait pu aller. Bientôt il arriverait au coeur même de son pouvoir, et alors il verrait si il avait assez de force en lui... Mais si ce ne devait pas être le cas alors il devait se dépêcher de lui prouver sa bonne foi. Il voulait bien mourir, mais il préférait que ce soit sous la main d'un ami plutôt que d'un ennemi ignorant tout de lui. Il se concentra donc sur la mémoire ancestrale du dragon, y insufflant son pouvoir afin de l'éveiller...

Citation :: Ce que voient/ressentent Verith et Edwyn

Un temps très lointain, révolu depuis des millénaires... Aujourd'hui connu sous le nom d'âge de Platine, mais appelé Âge d'Or par les Tarenths. Les dragons étaient beaux déjà à cette époque, et terribles... Ils étaient les prédateurs les plus efficaces et terrifiants de toute la chaîne alimentaire et ne craignaient que ce peuple de bipèdes qui ne leur faisait jamais de mal mais avaient le pouvoir de les repousser. Les dragons ne comprenaient pas vraiment cela, mais ils ne le pouvaient pas bien sur puisqu'ils ne possédaient qu'une intelligence limitée. Superbes animaux, ils n'obéissaient qu'aux Septs qui les prenaient comme monture pour se déplacer à travers Armanda. Et les Sept les aimaient et s'étaient tant attachés à eux qu'ils finirent par leur offrir le plus beau des cadeaux. Encouragés par des Tarenths enthousiastes, ils offrirent la conscience supérieure et la mémoire ancestrale à ce qui allait devenir un véritable peuple. Les dragons s'étaient élevés de par la bénédiction des Esprits et sous l'oeil bienveillant des Tarenths

Le coeur d'Edwyn battait trop vite, mais c'était agréable. Il commençait à ressentir l'appel de la puissance colossale du dragon et cela le terrifiait. Il repoussa le besoin quasi viscéral qu'il ressentait de se plonger dedans et préféra se concentrer sur la mémoire de Verith et sur ce qu'il venait de lui montrer :

"Tu vois ? Mon peuple a vu votre naissance en tant que créatures évoluées, je le sais, j'étais là ! Les Sept Esprits vous ont fait ce cadeau mais c'est nous les Tarenths qui vous avons ensuite guidés dans votre évolution. Vous étiez des enfants, et nous avons pris plaisir à vous apprendre tout ce que nous savions. Votre sagesse a vite rattrapé la notre, et vous êtes devenus comme nos frères et nos soeurs. Nous vous aimions et nous vous aimons encore. Nous avons dû partir sans vous et veiller à ce que vous nous oubliiez, mais tu ne peux imaginez comme vous nous manquez... Vois, ressent notre peine !"

Citation :: Ce que voient/ressentent Verith et Edwyn

Une douleur sans nom, et la honte... Une honte indescriptible, incrédule. Un peuple désespéré par sa propre bêtise et comme assommé d'avoir chuté du rang de peuple préféré des Esprits à celui de création en disgrace. La peine des Tarenths à la fin de l'âge de Platine était indescriptible, et la déchirure provoquée par leur éloignement forcé des dragons ne se referma jamais. Mais ils acceptèrent cette sentence, la honte d'avoir bafoué leurs principes les plus purs était profondément ancrée en eux...

Des larmes d'argent coulaient sous la capuche d'Edwyn mais il ne faisait rien pour les retenir. Son peuple tout entier pleurait à chaque fois qu'il était question de la faute qu'ils avaient commise, il n'avait donc pas à changer cet état de fait... Il se lova dans l'esprit de Verith en cherchant à se freiner pour ne pas arriver au point de non retour trop rapidement :

"Oui, nous avons fait une terrible erreur. C'est trop difficile pour moi de te l'expliquer maintenant, notre faute est inexcusable et notre honte immortelle. Mais notre repentir est sincère, et les dragons l'ont senti. Ils ne nous ont jamais reproché notre erreur, vous étiez de vrais frères... Nous n'avons jamais pu vous remercier pour cela. Alors merci... Et pardon."

Citation :: Ce que voient/ressentent Verith et Edwyn

La dernière étape de leur fusion... Aussi complète que soit leur communion, elle n'était pas encore totale et le devient au moment où leurs magies se relient. Celle du dragon est en perpetuel changement, il transforme la Magie Supérieure venue directement du plan astral et la renvoie dans tout Armanda sous la forme de la Trame. Le Tarenth maîtrise déjà la Trame et possède aussi un accès limité à la magie Supérieure, mais sa communion avec le dragon lui permet de s'affranchir de ses limites... Il se rue vers cette puissance, incapable de se contenir....

La peau d'Edwyn s'était comme illuminée de l'intérieure, elle était si fine et si transparente à cet instant qu'il était possible d'apercevoir les milliers de petites stries argentées qui chariaient la vie et la magie en lui. Il avait levé la tête, rejetant involontairement sa capuche en arrière et ses traits s'étaient figé en un masque extatique. Son visage changea lentement, les traits burinés de l'homme dont il avait prit l'apparence s'effaçant pour laisser place à la créature la plus étrangement belle qu'il n'avait été donné de voir en Armanda depuis plusieurs âges. Merveilleuse perfection, il semblait parfaitement à sa place ainsi installé tout contre un dragon et l'expression de pure plaisir qui émanait de lui n'était en aucun cas malsaine. Aucune scène n'aurait pu sembler plus naturelle que celle là en vérité... Ensembles ils puisèrent dans la Magie Supérieure et ensembles encore ils se jettèrent dans les méandres du futur...

Citation :: Ce que voient/ressentent Verith et Edwyn

La fin d'un monde, un déséquilibre si profond qu'Armanda ne pouvait que sombrer dans le chaos et le sang. Ils tremblèrent ensembles devant les abominations qui prenaient vie sur leur terre bien aimée et qui la dévastait sous le regard impuissant des Esprits agonisants. Ils virent aussi un espoir, un chemin presque invisible qui permettait de changer ce futur et qui, même si il était lui aussi plein de noirceurs et de souffrances, offrait un avenir lointain mais radieux. Une chance existaient de sauver Armanda, ils la voyaient tous les deux. Mais Edwyn perdait pied et s'éloignait peu à peu de Verith afin de s'approcher du plan Astral et de la magie Supérieure qui l'attirait comme un phare. Leurs visions à tous les deux devenaient de plus en plus nette à mesure qu'il s'en approchait, mais sa santé mentale vacillait comme il l'avait prédit.

La peau d'Edwyn s'était ternie à mesure qu'il s'éloignait de ce plan pour s'approcher du plan Astral. Il grinçait des dents, incapable de repousser l'appel de la magie qui menaçait de le rendre fou et de faire de lui l'un des dangers qui pouvaient amener Armanda sur le chemin du futur atroce qu'ils avaient vu. Il eut un sursaut lorsque cette pensée l'effleura, et parvint à émettre une dernière pensée avant de commencer à glisser pour de bon :

"Verith ! Aide-moi !"

Le moment était celui de la vérité. Le dragon de l'Ire avait vu le lien indescriptible qui reliait leurs deux peuples depuis toujours. Il avait aussi vu ce futur qui détruirait à tout jamais Armanda et le monde tout entier. Il devait à présent prendre une décision. Le Voyageur poussa un cri lorsque ses dernières résistances de sa volonté s'étiolèrent avant de claquer brusquement, le laissant seul devant la noirceur en lui qui le poussait à se précipiter vers le plan Astral. Il chercha à se raccrocher à ce qu'il pouvait dans un dernier espoir, mais il n'avait personne... N'est-ce pas ?

¤ Passé, Présent, Futur ¤

« Soit, la proposition me convient, la simple possibilité de prendre ta vie me suffit. Mais prend garde bipède ! Si jamais tu m'as menti, cela réduira à néant la potentielle confiance que je pourrais un jour accorder aux peuples d'Armanda. Je les effacerais de la surface du continent sans la moindre sommation et rendrait aux dragons ce qui leur appartient. »

La réponse de Verith tomba, après tout c'est lui qui avait demandé à l'arrogant bipède s'il était un fou, un menteur ou traitre. La nécessiter d'un contact n'enchantait guère le grand rouge, mais la possibilité de tuer l'insolent couvrait largement se désagrément. Verith n'hésiterait pas une seconde dès qu'il aurait l'occasion de le tuer, il se jetterait dessus comme un mendiant sur une piécette. Du moins il l'aurait fait si les paroles du voyageur n'avaient pas fait échos à celle d'Ashy la dragonne d'émeraude rencontrée plusieurs jours auparavant. Les nauséabondes images et sensations qu'elle avait partagées avec lui à cet instant lui revinrent en mémoire. Peut-être pouvait-il faire un effort, ou plutôt poser un ultimatum, une condition qui pourrait plus tard venir sceller ses convictions à tout jamais. Oui, la perspective de faire de ce bipède un témoin de tous les vices des bipèdes, était plus qu'alléchante, ainsi personne ne pourrait venir le combattre sur le champ de la raison, seuls les duels de griffes et de crocs apparaîtraient comme l'unique voie pour convaincre les autres dragons et espérer les sauver de leurs folies. Et ce domaine-là était le sien, il était donc sûr de le remporter. Grondant, le rouge accepta, déposant sa main armée de griffes face au dénommer Edwin Ruddy. Qui sembla se satisfaire de la réponse et pourtant celui-ci semblait moins assurer qu'avant. Il était toujours temps de faire machine arrière.

« Je sais que tu le feras si cela arrive, mais je préfère que tu sois prévenu. Mes défenses vont tomber à l'instant où je toucherai tes écailles... Et il est possible que je... Que je perde mes esprits. Fais-moi cette faveur dragon, ne me laisse pas perdre le contrôle. Si tu sens que je m'éloigne de ce monde alors, tue-moi très vite. »

Verith renâcla l’air, faisant comprendre son agacement face à l’évidence que l’encapuchonner soulignait. Bien sûr qu’il le tuerait, il n’avait pas en s’en faire pour cela. Même si celui-ci s’avérait avoir raison au final, le rouge le punirait pour les paroles infamantes où il comparait les dragons à des reptiles ou volatiles. Ce n’était pas les motivations qui manquaient à Verith pour châtier ceux qui le méritaient.

« Je suis content que ce soit toi, Verith de l'Ire. Je ne sais pas si je suis assez fort pour résister à ce que je vais faire, j'ai craint ce moment pendant des millénaires. Mais ce que je sais, c'est que toi tu es assez fort pour m'arrêter si je deviens un danger. »

Content que ce soit lui qui le tue ? C'est vrai qu'il y avait de quoi être content, cela pouvait même être un honneur, bien que le rouge n'en ait que faire, considérant les bipèdes comme des fourmis et ses griffes comme la botte qui les écrasaient. La botte n'est pas en guerre avec les fourmis. Il s'agit juste de l'ordre naturel des choses. Les faiblesses périssent de la main des forts... du moins, seuls les faibles qui ne sont pas dignes d'un quelconque intérêt. Alors que le rouge s'apprêtait à vociférer pour intimé aux bipèdes que sa patience avait des limites, deux paumes se posèrent contre ses écailles, plongeant les deux êtres un déluge indescriptible. Un bruit inconnu résonna avec fracas, encore et encore comme un glas, devenant brouillon, sans harmonie, gagnant en puissance à chaque résonance, crispant le dragon rouge qui venait à souffrir de cela. La queue du grand rouge se tendit, que lui faisait-il, qu'est-ce que c'était que cela ? Le rouge voyait dans cette douleur une attaque, mais le bipède lui aussi souffrait. Que mijotait-il ? Devait-il l'abattre tout de suite ou attendre, ceci n'étant peut-être qu'un aléa ? Ou peut-être devait-il simplement rompre le contact ? Le rouge tenta de bouger sa patte, mais celle-ci semblait sceller au sol, soudé aux paumes du voyageur.

Une chose arrive ensuite, se produisant, se créant. Une sensation inconnue, ni agressante, ni reposante. Le rouge ressentit quelque chose de familier, l’esprit du voyageur, qui venait s’approcher du sien, mais en douceur, non comme l’attaque dont il avait été la cible précédemment. Un lien se formait. Un lien ? Quoi ? La créature osait se lier à lui ? Impossible, c’était cela que le bipède avait en tête ? L’enfoiré comment osait-il, Verith ne finirait pas comme les dragons d’Armanda, devoir se le trimbaler une gangrène, posséder une faiblesse aussi apparente. A nouveau Verith se prépara à attaque le Tarenth… le Tarenth comment savait-il cela ? Lentement la mémoire du dragon sembla s’éveiller, ou du moins, des souvenirs, non, c’était plus comme un rappel. Un rappel en provenance d’un autre âge, lointain, si lointain, trop peut-être. Le dragon se détendit, sa l’ire sembla se calmer, son animosité aussi, face aux souvenances des temps anciens. Les Tarenths, les liés originaux de la race draconique. Il les vit, il les ressentit, avant de voir la relation entre sa race et celle Edwyn Ruddy. Ce lien si fort entre les deux races que même le jugement du rouge eut dû mal combattre. Lentement le calme revint, les glas du déchirement du temps s’évanouissant dans le vide.

« Oui, c'est ce que je suis... Tu as oublié comme tous ceux de ta race parce que les Esprits dans leur sagesse ont voulu que votre mémoire ancestrale soit faillible. Vous n'avez pas entièrement accès au passé, comme nous n'avons pas entièrement accès au futur. Mais ensemble, nous n'avons plus de limites. Je peux t'offrir un accès total à ta mémoire ancestrale, et toi tu m'offres un pouvoir de voyance illimité auquel je ne peux que difficilement résister »

Le dragon rouge resta perplexe et ne dit mot, son regard habituellement orageux transpercé par une accalmie. Les dragons voyaient le passer, les Tarenths le futur. Seuls, ils étaient faillibles, ensemble, rien ne leur était impossible. Est-ce pour cela que le lien dragon dragonnier existait ? Le rouge devait en savoir plus avant de rendre sa sentence, mais l'Armandéen originel semblait défaillir. Il n'avait pas intérêt à lui claquer dans les pattes. Bientôt le glas du temps résonna à nouveau avec plus de force alors que les yeux de Verith furent plongés dans l'obscurité de sa mémoire, les méandres oubliés de celle-ci. Qu'est-ce qui lui serait remémoré cette fois ?

L'Armanda de l'âge de platine lui apparut alors, elle était considérablement différente. Un rugissement retentit alors que des dragons apparurent. Plus grands, plus beaux, plus forts, plus féroces et sauvages qu'à l'heure actuelle. Il vit ce que sa race était autrefois, de simples bêtes. Il vit ensuite les sept esprits incarnés sur le dos de ses congénères. Il vit les dragons repousser par la magie Tarenth comme on éloigne un prédateur avec une torche enflammer. Les Armandéens originels apparurent ensuite en compagnie des esprits, suivis d'une colossale concentration magique dont les flux semblèrent frapper les dragons, leur offrant conscience et mémoire, faisant d'eux ce qu'ils sont aujourd'hui. Elever du simple stade de bête à celui de civilisation.

« Tu vois ? Mon peuple a vu votre naissance en tant que créatures évoluées, je le sais, j'étais là ! Les Sept Esprits vous ont fait ce cadeau, mais c'est nous les Tarenths qui vous avons ensuite guidés dans votre évolution. Vous étiez des enfants, et nous avons pris plaisir à vous apprendre tout ce que nous savions. Votre sagesse a vite rattrapé la nôtre, et vous êtes devenus comme nos frères et nos sœurs. Nous vous aimions et nous vous aimons encore. Nous avons dû partir sans vous et veiller à ce que vous nous oubliiez, mais tu ne peux imaginer comme vous nous manquez... Vois, ressens notre peine ! »

L'esprit de Verith revint brutalement à la réalité. Ce que le Tarenth disait était vrai. Dans ce cas, pourquoi les avaient-ils laissés ? Pourquoi avaient-ils fait en sorte que les dragons les oublis ? Le dragon rouge se moquait bien de la peine que ceux-ci avaient éprouvée, Edwyn Ruddy n'avait toujours pas répondu totalement à sa question. Il n'était certes plus un fou, il n'était certes plus un menteur, mais pour le moment le traitre restait en suspens. Peut importe que ces derniers soient les liés originels des dragons, peut importe qui les aient aidés à grandir et évoluer. Si ceux-ci avaient commis une faute envers eux, Verith ne saurait la pardonner, car il était colère et haine et non pardon et miséricorde. Les remontées de souvenirs ne démontraient pas le contraire au dragon dont la l'ire se réveillait lentement allumer par cette nouvelle étincelle.

Honte, tristesse, désespoir, déchirure, repentir et enfin pardon des dragons. Le rouge les soupesait, en tenait compte, mais sa l'ire renouveler n'en démordait pas, l'occasion pour sa comparse de voir un nouveau reproche, une nouvelle raison de brûler était bien trop grand. Les prunelles d'or de l'écailleux revinrent s'assombrirent d'un orage de colère, l'accalmie étant passé. Alors que le voyageur reprenait lentement sa forme naturelle. Des larmes d'argent glissaient le long de ses joues, ses traits se déformaient son sort de métamorphose se levant. Petit à petit le Tarenth prenait des allures d'elfes qui étaient la moins disgracieuse des apparences bipèdes, mais semblait s'embellir à chaque instant. Edwyn s'illuminait, la lumière gagnant en intensité, la peau de celui-ci semblait devenir transparente, laissant apparaitre des stries argentées parsemées de petites lumières clignotantes et mouvantes.

Les deux êtres furent finalement plongé non pas dans l’obscurité du passé, mais celle du futur qui rapidement se révéla à eux. Ruine et sang recouvraient Armanda, des formes semblaient prendre vie, créatures inconnues qui semaient encore plus de mort et de dévastation. Pour la première fois, le dragon rouge éprouva du dégout face à ce spectacle qu’il affectionnait pourtant. Les esprits étaient là étendus au sol en agonie. Mais dans cette scène emplie de noirceur, un éclat survint. Parmi la multitude de branches qui menaient vers un avenir différent, une seule rayonnait, une seule menait vers un destin différent. La vision apocalyptique du futur s’étiola lentement alors que Verith sentit l’esprit de Tarenth se détacher du sien. Était-ce terminer ? Lui avait-il montré ce qu’il voulait ? Non ce n’était pas cela, l’être aux larmes d’argents n’empruntait pas le même chemin par lequel il était venu. La lumière qui jaillissait de lui il y a peu disparaissait. La peau parcourue d’étoiles clignotantes et mouvantes était effacée. L’être devint terne, gris, sans lumière, sans…

« Verith ! Aide-moi ! »

L'appel au secours résonna violemment dans l'esprit du dragon rouge qui se contentait de regarder le Tarenth disparaitre aspirer par une force invisible. Qu'allait-il lui arriver ? Il n'avait pas encore répondu à sa question, et quelle était cette faute qui pouvait se vanter d'avoir obtenue le pardon des dragons ? Peut-être allait-il mourir ? La l'ire du colosse de flamme vrombit furieusement à cette idée. Cette force invisible allait le tuer à sa place ? Impensable, inacceptable ! Ceci finit de convaincre Verith dont l'esprit rugit violemment. Le hurlement du dragon se fit aussi bien entendre dans le spirituel et que le terrestre. Le rouge vint avec violence percuté la force qui attirait le Tarenth, pour la faire vaciller, frappant de même de tout sa l'ire l'être aux larmes d'argent le sommant de revenir avant que sa queue de viennent fouetter le voyageur l'expulsant hors de la grotte pour le faire tomber dans le lit de neige qui amortirait sans doute le choc.

Sortant à son tour de la grotte pour se placer face au Tarenth, soufflants de l'air de ses naseaux contre lui.

« Je n'en ai pas fini avec toi. Redresse-toi Edwyn aux larmes d'argents ! À moins que tu tiennes à finir dans mon estomac sans avoir pu sauver Armanda ? La perspective d'un avenir où ce ne serait pas moi qui mettrais à genoux le monde ne m'enchante guère, je ne saurais le permettre. »

Il avait fait preuve d'arrogance en croyant avoir la force suffisante pour s'affranchir de toutes les règles élémentaires de sécurité imposées par son peuple au sujet de la voyance avancée... Si ses visions ne le rendaient pas fou, c'était la Magie Supérieure qui le ferait et qui sait alors ce que son corps deviendrait ? Un énorme réceptacle de magie au service d'un cerveau malade... Au final c'était peut-être lui qui allait causer la perte d'Armanda.

Mais il avait prévu cette possibilité. L'arrogance n'était pas, ou plutôt n'était plus, une particularité des Tarenths. Il avait envisagé ce scénario depuis bien longtemps et c'est ce qui l'avait poussé à choisir ce dragon plutôt qu'un autre, c'était aussi pour cela qu'il lui avait demandé expressement d'intervenir. Une mort digne valait mieux que l'avenir qu'il entrevoyait de plus en plus nettement, pas question qu'il devienne cela ! Il voyait clairement l'embranchement qui pourrait l'y mener, mais ce n'était pas à lui de faire le choix. Verith tenait l'avenir du Tarenth entre ses crocs, et celui de tout Armanda en passant. Quelle serait sa décision ?

La réponse vint comme un coup de tonnerre et le percuta avec une telle force qu'il cru un instant que son esprit avait éclaté. Le passage qui lui offrait l'accès à la Magie Supérieure se referma avec brusquerie, lui tirant un grondement de fureur parfaitement incontrôlé. On venait de le priver de ce qui était la chose la plus attirante et la plus importante à ses yeux à l'heure actuelle, le manque lui éclatait à présent en plein visage et il ne réprima sa fureur que d'extrême justesse en s'empêchant de relever ses défenses pour châtier le dragon comme il se devait. Cette petite seconde de folie meurtrière acheva de le destabiliser tout à fait et c'est avec un mélange d'intense surprise et de douleur incrédule qu'il décolla suite au coup de queue ravageur de la créature.

Aucun bipède n'aurait pu résister à un tel coup, et certainement pas un Tarenth vu leur faible constitution physique. Il fut projeté à plusieurs mètres jusqu'à l'extérieur de la grotte, sa chute fut rude même si amortie par la neige. La blancheur de celle-ci se teinta du fluide argent qui était le sang des membres du premier peuple. Depuis combien de siècles un dragon n'avait-il pas fait couler le sang d'un Tarenth ? Il ne le savait plus très bien... Comme la majorité des siens, il n'avait jamais connu la douleur physique. Elle lui était une parfaite inconnue et il l'accueillit sans sa sérénité coutumière puisqu'elle était une totale surprise. Il avait eu beau chercher souvent à voir son futur après l'échange prévu avec le dragon, il s'était toujours heurté à un mur brumeux. Trop de choix à faire qui n'étaient pas les siens, trop d'intersections qui multipliaient les possibilités à l'infini... Il avait prévu sa totale réussite, sa possible folie, ou sa mort. Mais il n'avait pas prévu d'être blessé et sauvé par celui avec qui il ferait cette expérience... Tout cela était des plus déconcertant...

Mais ça n'avait pas été en vain, il le voyait à présent. Avant même d'atterrir rudement sur le sol, il fut assaillit par des visions plus nettes et plus claires du futur proche. Le mur brumeux avait disparu, il avait passé l'épreuve et fait tous les choix qu'il devait ! Allongé sur le sol, méprisant totalement l'état de son corps et la possible gravité de ses blessures, il se concentra avidement sur ces visions et poussa un soupir rassuré en constatant que le chemin qui évitait le futur sanglant qu'il avait vu existait toujours. Il ne s'était pas trompé... Ses choix avaient été les bons, l'espoir demeurait. Il en aurait pleuré à nouveau, de soulagement cette fois. Mais le souffle chaud du dragon sur sa peau le ramenait à l'instant présent.

« Je n'en ai pas fini avec toi. Redresse-toi Edwyn aux larmes d'argents ! À moins que tu tiennes à finir dans mon estomac sans avoir pu sauver Armanda ? La perspective d'un avenir où ce ne serait pas moi qui mettrais à genoux le monde ne m'enchante guère, je ne saurais le permettre. »

Il décrocha de ses visions avec réticence, déjà pressé de s'y pencher à nouveau afin de trouver le meilleur moyen de sauver Armanda. Ce n'était néanmoins pas le moment, si il mourrait ici il ne pourrait pas faire grand chose. Il cligna des yeux lentement, constatant avec un peu de retard qu'il était décidément très sonné. Le sang qui coulait attira son regard et il en chercha la source instinctivement. Rien de grave, un bras éraflé sans plus. Il y passa l'autre main doucement, et l'écorchure se referma sans faire d'histoires. Alors seulement il s'accorda le droit de relever le regard vers la créature penchée sur lui, l'observant avec intensité et goûtant avec curiosité toute la dangerosité de la situation. Il pouvait relever ses défenses à tout moment, mais il avait fait une promesse et il s'y tiendrait même si il se sentait comme nu sans cette protection de naissance. Il pouvait encore mourir à tout moment, mais cette possibilité s'éloignait et il retrouvait peu à peu son assurance. L'avenir était net de nouveau...

"Ce n'est pas ton destin que de mettre le monde à genoux. Tu es un bâtisseur, Verith de l'Ire. Né pour t'opposer à la destruction .Tu t'apercevra un jour que tu le peux, et le destructeur te craindra. Je suis fier d'avoir vu cela, je ferai tout mon possible pour que ce futur se réalise."

Il roula sur lui-même afin de se relever souplement, aussi frais et dispo que si rien de tout ceci ne s'était passé. Puis, debout face à lui, il le fixa calmement :

"Tout ceci n'était sans doute pas très clair pour toi, mais saches que tu m'as sauvé d'un danger terrible. Mon peuple interdit de procéder à ce genre de voyance par le biais d'un dragon sans une préparation et un accompagnement particulier. Je n'avais pas le choix pour cette fois mais la Magie Supérieure est comme une drogue pour nous, elle nous appelle à tout moment. Tu ne devras pas me laisser recommencer, quoi que je te dise. Jamais."

Il sourit en voyant tous les doutes qui brillaient dans les prunelles flamboyantes et interrogea doucement :

"Va-tu me tuer à présent ?"

C'était encore un choix possible même si moins probable maintenant. Comprenant que le dragon exigeait de plus amples explications, il inspira profondément comme pour se donner le temps de trouver par où commencer :

"Mon peuple n'est plus très nombreux, nous sommes presque éteints de par la volonté des Esprits. Nous avons quitté Armanda il y a très longtemps afin d'échapper à un destin qui nous déplaisait, et depuis nous vivons dans le remord. L'écrasante majorité des miens ont choisit de purger leur peine et leur honte au loin, comme les Esprits l'ont exigé. Mais j'ai vu un autre chemin, je crois que nous pouvons être pardonnés. Je suis donc revenu dans cet espoir en utilisant ceux que vous appelez les Alayiens comme moyen de transport."

Il sourit à cette pensée, cela n'avait pas été difficile du tout de se faire passer pour un Alayien. Et eux étaient trop loin d'imaginer qu'ils avaient emmené un tel représentant de la magie avec eux ! Son regard se fit néanmoins plus sombre lorsqu'il reprit :

"J'essaye de suivre le chemin que j'ai vu en faisant les bons choix, mais pour tout dire il s'agit plutôt d'un sentier presque invisible. Le moindre pas de travers pourrait nous le faire quitter et nous mener tout droit aux visions que tu as vue... La fin des esprits, des dragons, de ce monde... Je suis écrasé par cette responsabilité, et j'ai vu que tu pouvais m'aider. Viendras tu avec moi, Verith ?"

L'instant était décisif, un nouveau choix s'offrait ici au dragon rouge. Ce qu'il avait apprit lui suffirait-il ? En voudrait-il plus ? Bien sur qu'il en voudrait plus... La faute Tarenth en question avait été éludée habilement par Edwyn, et elle allait revenir d'un instant à l'autre sur le tapis. Une intense souffrance passa dans ses prunelles à cette pensée, et il murmura :

"Ne me demande pas... S'il te plait. Pas maintenant..."

Etrange supplique qui ne serait pas forcément suivie. Que ferait-il alors ? Il ne le savait pas encore. Il ne voulait pas voir le futur à ce sujet, il y avait des choix qui ne devaient s'appuyer que sur l'instinct...

¤ Soit ! ¤

Le Noir, l'obscurité, une terre détrempée par le sang des bipèdes et des dragons, devenant aussi rouges que les écailles de Verith. La seule source de lumière était les gigantesques brasiers provoqués par la destruction, des colonnes de fumée noire s'élevaient vers le ciel venant l'obscurcir, le soleil ainsi voiler par les épais nuages de cendres et dans noirceur environnantes, seul restait en vie les huit esprits cependant à l'agonie. Et face à eux se tenaient des ombres mouvantes, créatures abominables sorties des tréfonds de l'inconnu. Qu'est ce qu'elles étaient ? Qu'elles étaient ces créatures, d'où venaient-elles, qu'elles étaient la mesure de leur puissance destructrice ? À quoi ressemblaient-elles ? N'étaient-elles qu'ombres aux yeux rougeoyants ? Verith était intrigué, peut être qu'Edwyn avait une idée de ce qu'elle était ? S'il le savait, il le lui dirait, même si le rouge devenait lui arracher les réponses. Et il en serait de même de cette faute qui provoquait les pleurs du Tarenth.

Mais si la créature aux larmes d'argents n'avait pas la moindre idée de ce qu'elles étaient, il y avait fort à parier qu'ils ne le sauraient qu'au moment où l'inévitable se produirait. Alors que le rouge se posait toutes ses questions, le bipède venu d'une autre terre gisait au sol, son sang argenté couvrant la neige. Le dragon grenat se demanda qu'elle goût celui-ci pouvait avoir, était plus appétissant que celui-ci du gibier ou des autres bipèdes qui étaient rouges ? S'il le laissait aller à sa curiosité, l'avatar de la l'ire aurait déjà croqué dans la chair du Tarenth. Venant approcher sa tête d'Edwyn Ruddy, il souffla de l'air de par ses naseaux pour tout en sommant de revenir à lui. Le fils de l'orage n'en avait pas encore fini avec lui, loin de là. En plus de sa l'ire qui ronronnait au coin de son coeur, il avait l'esprit empli de questions auxquelles il fallait des réponses, et vite !

Le bipède au sang d’argent mit du temps à revenir à lui, normal, le rouge n’y était pas allé de main morte avec lui, quoi qu’en même temps, il ne le trouvait pas suffisamment amocher, avait-il retenu la puissance de son coup en raison de cette expérience ? Aller savoir, à moins que cette race-là soit plus résistante que les autres d’Armanda ? Intéressant, des deux pattes qui ne se brisaient pas au premier coup de patte. Le Tarenth vint se soigner avant de se relever avec difficulté.

« Ce n'est pas ton destin que de mettre le monde à genoux. Tu es un bâtisseur, Verith de l'Ire. Né pour t'opposer à la destruction .tu t'apercevras un jour que tu le peux, et le destructeur te craindra. Je suis fier d'avoir vu cela, je ferai tout mon possible pour que ce futur se réalise. »

Le dragon rouge fit les gros yeux, ses écailles venant être secouées par un grondement de mécontentement. Comment savait-il cela ? Il l'avait vu dans ses visions ? Qui mettrait le monde à genoux à part lui ? Le rouge ne saurait permettre cela, si ce n'était pas lui qui le ferait, alors personne ne pourrait le faire ! Il les en empêcherait. Plissant les yeux, observant les traits plutôt gracieux d'Edwyn aux larmes d'argent. Lui un bâtisseur qui s'oppose à la destruction, s'il n'avait pas partagé l'expérience récente de voir dans le passé et le futur, le rouge l'aurait pris pour un fou et l'aurait tué sur-le-champ de se voir ainsi insulter. En réponse le dragon aux écailles grenat se contenta de renâcler et de souffler d'exaspération contre le Tarenth.

« Tout ceci n'était sans doute pas très clair pour toi, mais sache que tu m'as sauvé d'un danger terrible. Mon peuple interdit de procéder à ce genre de voyance par le biais d'un dragon sans une préparation et un accompagnement particulier. Je n'avais pas le choix pour cette fois, mais la Magie supérieure est comme une drogue pour nous, elle nous appelle à tout moment. Tu ne devras pas me laisser recommencer, quoi que je te dise. Jamais. »

C'est ce que le rouge avait cru comprendre en effet en ressentant l'esprit d'Edwyn être absorbé par une force invisible et en voyant la peau de celui-ci se ternir alors que quelques instants plutôt il illuminait comme les étoiles. Quant à ne jamais le laisser recommencer, il n'y avait pas de risque que celui-ci s'avise à nouveau de lover son esprit contre le sien et il lui apprendrait le véritable sens du mot colère.

« Vas-tu me tuer à présent ? », la question resta en suspend dans l'esprit du dragon, celui-ci n'avait pas encore totalement répondu à sa question, et en dépit de ce qu'il lui avait montré, il l'avait délibérément attaqué et brider sa liberté, cela ne se pardonnait pas facilement. Le dragon laissa un silence s'installer faisant comprendre au Tarenth que toutes ses interrogations n'avaient pas trouvé de réponse alors celui-ci continua, expliquant son périple ainsi que la condamnation de sa race par les esprits et son espoir de se voir un jour pardonner par eux, mais jamais il ne précisa la nature de leur faute. Et c'est exactement cela que voulait connaitre le dragon rouge pour rendre son verdict. Une faute punie par les esprits, mais non retenue par les dragons voilà bien une chose intéressante et qu'il se devait de savoir.

« Je suis écrasé par cette responsabilité, et j'ai vu que tu pouvais m'aider. Viendras-tu avec moi, Verith ? … ne me demande pas... S'il te plait. Pas maintenant... »

L'avatar de la l'ire continua de se montrer silencieux, toisant de son regard orageux le Tarenth avant de se redresser ses écailles secouer par un grondement intérieur.

« Je réserve mon jugement pour plus tard tu n’as pas craindre pour ta vie dans l’immédiat… Soit je ne te le demanderais .... Pour l'instant !! »

Le dragon rouge fit claquer sa mâchoire dans l'air, le son bruyant se répercutant un peu dans la plaine et la grotte derrière lui.

« Et je viendrais avec toi ... pour m'assurer que tu me le dises ... et t'aider si l'envie m'en prend ou si cela est possible, car si comme tu le dis ce n'est pas mon destin que de mettre le monde à genoux, alors personne ne le fera, j'empêcherais quiconque le prétendra. En commençant par les créatures que nous avons vues. »

Le dragon de l'ire frappe le sol de sa patte le faisant trembler, bien décider, son regard toujours sévère planant sur Edwyn Ruddy. Il restait vague quant à son implication et son aide prenant soin de préciser la condition de son bon vouloir et de ses envies afin de rester libre de ses choix même s'il comptait suivre le voyageur.

« Par ailleurs, quels sont ses êtres capables de mettre à mal les esprits ? En as-tu une idée? Serait-ce des esprits également ? Ou une entité qui leur serait supérieure si tant est que cela puisse exister.

Le grognements mécontent du dragon ne trompait pas. Il n'aimait pas ce qu'il avait vu, il n'aimait pas ce qu'il entendait, et le futur probable à venir l'irritait au plus haut point. Il avait sans doute nourrit d'autres espoirs pour son avenir... Cette idée amena une lueur amusée dans le regard du Tarenth qui garda néanmoins le silence sur ce point. Nul n'était totalement maître de son destin, il était bien placé pour le savoir et il faudrait que Verith l'apprenne et l'accepte, aussi dur que cela serait. Mais il y avait d'autres priorités comme le prouvait l'échange de regard entre les deux anciennes créatures et Edwyn ne pouvait s'empêcher de serrer les dents en se demandant si il aurait la force de tout raconter à son interlocuteur, là maintenant. Il ne se sentait absolument pas prêt, mais le serait-il seulement un jour ? Il n'aurait pourtant pas le choix... Ce qu'il voyait de l'avenir proche le lui prouvait. Les choses allaient singulièrement se compliquer pour lui, très bientôt... Mais au moins n'allait-il pas se faire dévorer comme le prouvait la décision du rouge. Assez satisfait de la tournure qu'avait prit la situation, il lui répondit avec tranquillité :

"Je t'en remercie. Je ne peux néanmoins pas garder mes défenses en berne pendant trop longtemps, cela nécessite un effort de ma part. Tu ne pourras plus me tuer tant qu'elles sont en place, bien que le destin risque fort de s'en charger tout seul si je n'y prend pas garde... Es-tu bien sur de ton choix ?"

L'assentiment fut peut-être un peu grognon, mais il le considéra comme tel et la magie défensive qui le rendait intouchable par n'importe quel ancestral se réactiva rapidement. Dans le même temps il passa sa main devant son visage en un geste furtif qui eut pour effet de lui rendre sa fausse apparence humaine. Il s'en expliqua en remettant sa capuche :

"Attirer l'attention ne me gêne pas vraiment dans ma quête. Mais une apparence telle que la mienne pourrait inspirer de la méfiance, je m'intègre mieux aux différents peuples Armandéens en m'arrangeant pour leur ressembler."

Et bien s'intégrer cela voulait dire avoir plus de chance que ses interlocuteurs coopèrent avec lui. Le voir s'illuminer comme un feu follet ne parviendrait au mieux qu'à les faire fuir, et au pire à attirer la convoitise pour cette forme de magie inconnue. Il ne risquait pas grand chose de la part de ce qui n'étaient à ses yeux que des enfants, mais il ne voulait pas non plus les blesser. Il haussa les épaules suite à ce que le dragon lui disait et répondit avec lenteur :

"Aucune créature du monde réel ne devrait avoir le pouvoir de mettre les autres à genoux. Ce n'était pas la volonté des Esprits lors de la Création. Ils recherchaient l'équilibre, un monde qui ne finirait pas par s'autodétruire. C'est plus difficile à faire qu'il n'y paraît... Peut-être même n'ont-ils pas réussi au final..."

Il haussa un sourcil sous sa capuche, comme perturbé par ce qu'il venait de dire. Si c'était le cas alors il n'y avait aucun espoir, quoi qu'il fasse les choses finiraient par se dégrader et tout le plan réel sombrerait. Peut-être devrait-il essayer de voir l'avenir très lointain pour s'en assurer... Cela nécessiterait qu'il se relie à Verith une nouvelle fois et que... Non. Il avait dit non, pas question de se laisser mener par le bout du nez par ce besoin viscéral qu'il avait déclenché de par ce premier contact.

La question du rouge lui fournit une diversion appréciée à ce manque qu'il ressentirait désormais pendant très longtemps. Sa réponse ne tarda pas, indiscutable :

"Il n'y a pas d'entité supérieure aux Esprits. Ils n'ont pas seulement créé le monde réel, ils règnent aussi sur le plan Astral depuis toujours. Ils n'ont pas la prétention d'être parfaits à ce que je sais, mais ils sont au dessus de tout le reste."

Son interlocuteur était trop intelligent pour ne pas tiquer sur ce qu'il venait de dire, et il ne s'étonna donc pas de la lueur d'intérêt qu'il lui avait semblé voir dans les prunelles flamboyantes. Avec patience, il expliqua :

"Vous ne connaissez rien du plan Astral ici, d'ailleurs vous ne connaissez pas grand chose des Esprits comparativement aux Tarenths. Vous n'avez pas eu la chance de les cotoyer... Si seulement vous saviez à quel point leurs personnalités sont riches. Nous avons moins évolué en mille ans loin d'eux qu'en un seul siècle à leurs côtés ! Les Armandéens ont tendance à ne voir que les créateurs en eux, ou les éléments naturels éventuellement. Mais ils sont plus que cela...."

Il soupira en cherchant ses mots, comment était-il sensé décrire ce que pouvaient-être les Esprit ? C'était rigoureusement impossible... Il renonça à essayer, et se concentra plutôt que la question posée :

"Le monde réel n'est que leur création, ils l'aiment beaucoup mais ce n'est pas leur royaume. Là où ils vivent, le plan astral, c'est un monde aussi riche que celui-ci. Avec ses propres règles, ses propres décors, et ses propres habitants... Quel souverain règne sur un monde vide ?"

Il leva les yeux vers le ciel, appréciant de constater que le temps avait finit par s'améliorer. Puis il reprit en réajustant ses manches :

"Ces créatures font partie du plan Astral, elles ne peuvent descendre ici car elles sont repoussées par la Trame. Elles se nourrissent indifféremment de Néant ou de Magie Supérieure, mais la magie basse d'Armanda est un poison pour eux. Tant qu'elles sont dans le plan Astral, elles sont soumit aux Esprits et leur doivent obéissance. Dans notre monde, elles n'auraient pas de limites. Elles ont bien des noms, Chimères, Ombres, Spectres... Leur grand plaisir est de se glisser dans le corps des vivants et d'orienter le destin des peuples. Pour elles, nous ne sommes qu'un gigantesque terrain de jeu..."

Mais autant dire que les conséquences n'avaient rien de drôles pour les vivants... Il frissonnait rien qu'à l'idée de ce qui se passerait si elles avaient le pouvoir de se matérialiser dans le monde réel, mais il chassa cette peur d'un sourire :

"Armanda est un monde riche en magie, la Trame est très puissante ici. Nous sommes à l'abri de ces choses tant qu'elle existe. Jamais les Esprits Supérieurs ne les laisseront se glisser parmi nous, même Néant est d'accord avec ses frères sur ce point. Nous ne devons pas nous en inquiéter pour le moment, nous avons d'autres priorités. Je dois me rendre à Aigue-Royal, puis j'aurai besoin de tes ailes pour me déplacer à travers le continent. Si nous suivons le chemin que j'ai vu, tout ira bien."

Son regard se porta sur le chemin qu'il restait encore à parcourir jusqu'à Althaïa et donc jusqu'à Aigue. Ils étaient tout proches. Mais il avait un partenaire de route à présent, et cela allait tout changer. Calmement il interrogea :

"Nous mettons-nous en route ?"

Il s'y mettrait de toutes façons, n'ayant pas de temps à perdre dans sa mission. Mais il tenait à lui faire comprendre qu'il avait bien entendu ses désirs. Verith de l'Ire était libre, il le suivrait uniquement jusqu'à ce qu'il décide qu'il en avait terminé...

¤ Paradoxe ¤

« Je t'en remercie. Je ne peux néanmoins pas garder mes défenses en berne pendant trop longtemps, cela nécessite un effort de ma part. Tu ne pourras plus me tuer tant qu'elles sont en place, bien que le destin risque fort de s'en charger tout seul si je n'y prends pas garde... Es-tu bien sûr de ton choix ? »

Un grondement sourd s'échappa de Verith, il tenait tant que ça à ce qu'il le tue sur champs ? Si tel était ce qu'il voulait alors ce ne serait pas pour déplaire au rouge, même s'il avait dit quelques secondes plutôt qu'il lui laissait la vie sauve . . . Du moins pour le moment. « Pour le moment » étant particulièrement vague, car cela avec le colosse de flamme pouvait s'agir de quelques secondes, de quelques heures, de quelques jours, de quelques ans ou de quelques siècles. Se réservant de changer d'avis ainsi à tout instant.

« Je viens de te dire que je te réservais mon jugement ! Alors profites en avant que ne change d'avis. »

Le rouge fit à nouveau claquer ses mâchoires dans le vide pour signifier son mécontentement et son agacement, comme si le timbre de sa voix spirituelle ne suffisait pas. Bien rapidement la magie qui entourait le Tarenth revint, Verith sentant qu'il ne pouvait plus s'en prendre à lui, pour le moment. Il serait patiemment. Et de toute manière, protection ou pas, s'il avait décidé de le tuer, il le tuerait, Verith savait se montrer extrêmement buter quand il le voulait. L'être au sang d'argent vint reprendre une apparence humaine, la même qu'il avait en venant vers lui la première fois, lui expliquant que c'était pour passer inaperçu et s'intégrer plus facilement. Qu'il fasse comme il souhaite, qu'il prenne l'apparence désagréable des humains ou qu'il garde celle plus gracieuse de sa race au final cela importait peu au grand rouge, qui prit tout de même soin de mémoriser cette apparence pour ne pas le confondre avec les autres bipèdes.

« Aucune créature du monde réel ne devrait avoir le pouvoir de mettre les autres à genoux. Ce n'était pas la volonté des Esprits lors de la Création. Ils recherchaient l'équilibre, un monde qui ne finirait pas par s'autodétruire. C'est plus difficile à faire qu'il n'y paraît... Peut-être même n'ont-ils pas réussi au final... »

L'écailleux couleur grenat n'était pas d'accord, chez les dragons, le plus fort quel que soit l'origine de sa force était à la tête de la nuée. Le monde ne pouvait être rien d'autre qu'une gigantesque nuée. Cela était également plus simple ainsi, car rien qu'en observant les bipèdes, Verith avait pu clairement voir que ceux-ci n'étaient pas capables de s'entendre, de se mettre d'accord, il fallait donc quelque chose de fort, bien au-dessus d'eux pour les coordonner.

« Il n'y a pas d'entité supérieure aux Esprits. Ils n'ont pas seulement créé le monde réel, ils règnent aussi sur le plan Astral depuis toujours. Ils n'ont pas la prétention d'être parfaits à ce que je sais, mais ils sont au-dessus de tout le reste. Vous ne connaissez rien du plan Astral ici, d'ailleurs vous ne connaissez pas grand-chose des Esprits comparativement aux Tarenths. Vous n'avez pas eu la chance de les côtoyer... Si seulement vous saviez à quel point leurs personnalités sont riches. Nous avons moins évolué en mille ans loin d'eux qu'en un seul siècle à leurs côtés ! Les Armandéens ont tendance à ne voir que les créateurs en eux, ou les éléments naturels éventuellement. Mais ils sont plus que cela.... »

À l'entendre, on pouvait presque croire qu'il les avait déjà vus de ses yeux vus et parler. Ce qui était par ailleurs le cas. Tout autre individu l'aurait pris pour un fou à n'en pas douter, Verith le premier, mais il avait vu le passer, l'instant ou les dragons avaient reçu leur conscience sous la volonté et le soutient des Tarenths. Pendant combien de temps cette race avait-elle côtoyé les esprits ? Il devrait peut-être lui poser la question à l'occasion, pour en savoir un peu plus.

Finalement, la question de Verith trouva réponse, les créatures les ombres qui étaient apparues dans leur vision. C'étaient les habitants du plan Astral ? Dans ce cas c'était les sujets des esprits non ? Les huit devaient dans ce cas les contrôler pour éviter les débordements. Cela ne plaisait pas au dragon de l'ire d'entendre la comparaison de leur monde à celui d'un plateau de jeu, d'être réduit à une simple pièce. Il renâcla visiblement agacer.

« Armanda est un monde riche en magie, la Trame est très puissante ici. Nous sommes à l'abri de ces choses tant qu'elle existe. Jamais les Esprits Supérieurs ne les laisseront se glisser parmi nous, même Néant est d'accord avec ses frères sur ce point. Nous ne devons pas nous en inquiéter pour le moment, nous avons d'autres priorités. Je dois me rendre à Aigue-Royal, puis j'aurai besoin de tes ailes pour me déplacer à travers le continent. Si nous suivons le chemin que j'ai vu, tout ira bien. »

Dans ce cas, si la trame était là, ils n'avaient rien à craindre. La magie n'était pas prête de disparaitre et les esprits veillaient dessus puisqu'ils ne voulaient pas voir les habitants du plan astral déferler sur celui qu'ils avaient créé. Dans ce cas, comment la vision du futur qu'ils avaient vu pouvait bien arriver ? Serait-ce à cause des Alayiens qui détruisaient la magie, qui détruisait la trame ? Mais... cela ne tenait pas debout ? La trame était ce qui permettait aux ombres, spectres et autres chimères de rester loin d'eux et d'après Edwyn, même Néant ne voulait pas les voir venir en Armanda. Alors pourquoi ses adorateurs s'employaient-ils à combattre la magie ? Verith resta perplexe, pensif, un petit instant avant que la voix du Tarenth ne lui vienne.

« Nous mettons-nous en route ? »

Une question se mit à brûler les lèvres du dragon rouge, il décida de la garder pour plus tard, peut-être lorsqu'ils seraient en vole.

« Tu veux te rendre à Aigue... l'entrée la plus proche y menant et par laquelle je pourrais également passer se trouve à Althaïa. »

Verith déploya ses ailes avant de se jeter sur Edwyn Ruddy et l'attraper entre ses pattes avant, s'envolant ensuite, gardant son passager à l'abri entre ses griffes.

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