Flashback printemps de l'an 1 obsidien



Les nouvelles n'étaient pas bonnes du tout. A l'arrivée de cet envahisseur inconnu sur le continent, Lorenz avait été plus surprit que véritablement inquiet. Les Alayiens n'étaient après tout que des humains et aussi nombreux qu'ils soient ils ne pouvaient résister à ses armées vampirique et à sa magie, d'autant plus qu'ils n'en utilisaient aucune, les fous... Sauf qu'il ne se doutait pas que toute l'armée ennemie serait immunisée contre elle ! Leurs généraux passe encore mais tous les soldats ? D'où donc pouvaient-ils bien tirer une telle puissance ?

Ses espions n'avaient pas été long à le renseigner, ils vénéraient le Néant et considéraient que leur force venait de là. Voilà qui était des plus intéressant... Un Esprit Supérieur pouvait donc se mêler des affaires du continent ? Dans ce cas pourquoi les leurs étaient-ils toujours restés silencieux ? Le Dracos Honoris lui-même, qui se voulait le protecteur d'Armanda, n'intervenait que très rarement et sans jamais briser l'équilibre du monde. Pourquoi celui-ci suivait-il des règles différentes ? Etait-il possible de tirer profit de la force qu'il offrait à ses adorateurs ? Lorenz n'était certainement pas du genre à adorer quiconque mais si déclarer que son peuple choisissait tel ou tel culte pouvait lui accorder un regain de puissance alors il n'hésiterait pas. Sauf que le Néant ne semblait pas vouloir des vampires dans ses rangs, ni nul part d'ailleurs.

Pas de magie sur Armanda. Pas de dragons, pas d'elfes, et pas de vampires. Voilà donc le dogme des Alayiens et il n'était apparemment pas négociable. Grand bien leur en fasse, Lorenz n'était de toutes façons pas du genre à négocier avec sa nourriture. Aussi nombreux qu'ils soient, ils étaient humains et il avait cru pouvoir les écraser dans les premières escarmouches. Il avait été vite détrompé et sa juste colère avait commencé à s'abattre sur ses troupes qu'il considérait responsables de défaites aussi lourdes. Sauf qu'en combattant finalement lui-même leur ennemi il n'avait pu que se rendre compte que le problème était ailleurs, et ce n'était pas réjouissant pour autant. Oh bien sur il avait aussi remarqué que si la magie directe ne marchait pas contre eux, il était possible de passer par des voies détournées. Mais cela rendait tout de même les choses difficiles et la décision avait dû tomber. Les vampires reculeraient, puisqu'ils ne pouvaient résister sans subir de lourdes pertes.

Et pour reculer ils avaient reculé... Perdant du terrain chaque jour et rebroussant le chemin qu'il avait conquit avec tant de panache. Bientôt ils arriveraient aux frontières de l'est et seraient boutés hors de l'empire humain. Et après ? Combattraient-ils dans les marécages pour finalement se réfugier à nouveau dans les souterrains ? Cette simple idée le rendait fou de rage.

"Convoquez le général Enaël dans ma tente. Et Norwen."

Sa voix résonna jusqu'à l'entrée de son antre et donc jusqu'aux oreilles du vampire de faction qui n'attendit pas une seule seconde pour obéir. En attendant l'arrivée de ses deux convoqués, Lorenz roula la carte qui s'étalait sur son bureau et dont il n'avait plus besoin avant d'aller s'installer dans le fauteuil qui trônait derrière. La fatigue ne touchait peut-être pas les vampires mais lui devait bien avouer qu'il était lassé de toute cette histoire. Il avait cru toucher au but, imaginait déjà la chute de Gloria et celle prochaine des elfes, et voilà qu'un débarquement imprévu venait tout remettre en question ! De quoi le rendre fou... Il n'avait toutefois pas d'autre choix que de s'adapter.

"Mon Prince ? Le général blanc et la vampiresse Ullylan attendent votre bon vouloir. Dois-je les faire entrer ?"

Il hocha la tête séchement pour donner son assentiment mais ne daigna pas se lever à l'entrée des deux concernés. Il se contenta de rejetter la tête contre son dossier afin de mieux les transpercer de ses prunelles d'acier. Attendant leurs salutations et les preuves de respect qu'un prince vampirique était en droit d'attendre. Lorsque ce fut fait et alors seulement, il parla. S'adressant avant tout au général :

"Je viens de recevoir les rapports des dernières escarmouches, et les comptes des pertes. Plus de vampires ont été détruit ces derniers jours que nous n'en avons transformés ces six derniers mois. Tes résultats récents sont lamentables Enaël. Je vais perdre patience."

Parfaitement conscient de la rivalité qui existait entre ces deux là et du plaisir que prenait sans doute la vampiresse à assister à cette scène, il tourna vers elle son regard brûlant :

"Quand aux rapports des éclaireurs... Ils sont aussi clairs que le plus épais des brouillards. Les Alayiens bougent-ils plus vite que l'éclair Norwen, pour que tes semblables et toi soyez incapables de localiser les lieux de leurs embuscades ?"

Sa voix restait calme, d'un calme dangereux et tout prêt à s'embraser. Un silence profond et inconfortable s'installa dans la tente tandis qu'il attendait leurs réponses et leurs possibles excuses...

Rien de pire pour un fidèle soldat que de sentir démuni et impuissant face aux demandes et désirs de son prince, son chef, celui pour qui vous êtes prêt à suivre jusqu'au tréfonds des forets elfiques. Mais là leur nouvel adversaire n'était pas à sous estimer. Bien loin de là. Et surtout bien organisés, tout aussi nombreux et bien mieux armés que les humains, qui servaient d'hors d’œuvre un peu indigestes et les elfes, cerise sur le gâteau dans la volonté de domination du peuple vampirique.
Comment un peuple semblable à des humains, prônant un esprit unique, se basant sur la seule force de leurs armes et leurs corps pouvaient mettre à mal la force des vampires.

Stratégiquement, les vampires étaient tout aussi disciplinés, l'armée du prince avaient à sa tête de bons généraux qui menaient d'une main de maître les soldats. Leurs armes venaient des meilleurs forgerons dont certains maniaient leurs arts depuis des millénaires, sinon des centaines d'années. Et la force vampirique même valait largement celle d'un vaillant soldat humain. Alors pourquoi et comment ?

Ces fichus alayens semblaient se répandre dans tout Armanda comme une coulée de boue, et pourtant l'instant suivant la coulée semblait n'être qu'un lointain souvenir et se trouvait déjà bien loin. Pour des êtres se voulant démunis de magie, ils semblaient en regorger. Tout comme leur armures et armes qui aspiraient celles des vampires. L'éclaireuse avait eu l’occasion de le voir sur un des éclaireurs d'un autre régiment que le sien. Un vampire sept fois centenaire, qui en avait vu d'autres, fin comme une raie, agile comme un chamois, et même si Norwen le trouvait abject et pompeux, sa mort fut un choc, bien plus par le moyen que sa cause. Une mort horrible qu'elle n'espérait pas voir un jour sur elle et encore moins sur son prince.

En tout cas, depuis leur arrivée, Norwen voyait les plans de son prince mis à mal. Une offense pour elle. Même si ces Hommes venus dont ne sait où voulaient la mort des elfes (qu'ils se dépêchent, ça leur fera moins de travail) et asservir les Humains (les voleurs de dîners), ils voulaient la mort du peuple vampirique, et ça, elle ne le permettrait pas. Non, pas que se soit une grosse perte pour certains de ses semblables, loin de là. Norwen n'allait pas virer dans le sentimentalisme. Mais hélas l'union faisant la force, ils avaient leur utilité dans le règne vampirique. Il fallait juste qu'elle arrive à la place qu'elle méritait. A droit de son prince.

Et ça, Norwen y parviendrait. Quel qu’en soit les moyens. Pour diriger, son prince avait besoin de personne de valeur, de courage, de qualité, ce qu'elle était, ce qu'elle devait être pour taire à jamais la petite fille de paysan devenu fille de joie, toujours effacée. Maintenant, elle était une femme, avec une force réelle et une ambition sans aucune limite. Finit la petite fille frêle et qui obéissait à son père sans un mot, finit la jeune femme qui subissait les assauts des hommes. Maintenant, la jeune femme ne se laisserait pas marcher sur les pieds et servirait celui qui à ses yeux était le seul à avoir assez de poigne, de cran, de force pour mener son peuple là où il devait être : en haut de l'échelle armandéen, faisant la pluie et le beau temps sur cette terre.

Alors quand un de ses vampires en faction lui demanda de se rendre au plus vite dans la tente de son prince, elle ne se le fit pas dire deux fois. Elle fut surprise de voir arriver quelques secondes à peine après elle, ce glacial général des armées. Un lèche botte prétentieux et arrogant. Ils attendirent un instant se jaugeant du regard en silence.
Autorisés à rejoindre le prince, Norwen entra et salua son prince comme il se devait, avec un grand respect. Elle se tenait bien droite et attendait avant de prendre parole. Elle attendait que son prince s'exprime, jamais elle ne le ferait sans avoir eut autorisation. Car s'il était bien une personne à ne pas décevoir c'était bien lui. Étrange pour une femme qui arborait la gente masculine au plus haut point. Mais Lorenz Wintel était un être à part. Il se plaçait au dessus, comme un guide à suivre pour obtenir ce qu'elle désirait : la suprématie de sa race, des siens, d'elle. D'asservir ces hommes qui tant de fois l'on fait souffrir.

Alors quand de sa voix tranchante il abaissa le couperet de inefficacité des éclaireurs, Norwen fut des plus ravies que se soit elle qui soit vue comme chef de file des éclaireurs. Certes pour de mauvaises raisons, mais qu'importe, il l'avait reconnu en tant que tel. A elle de changer la donne.
La jeune femme baissa la tête, inutile de soutenir le regard d'un prince mécontent. Elle n'avait aucune excuse, ils avaient été lamentables et leur prince avait toutes les raisons d'être déçu. Il fallait bien plus trouver une solution qu'une excuse.

« - Votre Altesse, les Alayens sont des ennemis que nous avons un peu trop méjugé au départ. Les prenant pour de simples humains venus d'ailleurs. Ils sont bien plus, une erreur de notre part. Une force anéantis toute notre magie. »

Et oui, ils avaient mal jugé cet ennemi, une lourde perte et un retard considérable pour les projets de son prince. Mais elle ne les laisserait pas faire. Norwen ne se le permettrait pas. Et les choses allaient changer. Premier objectif, attraper un de ces alayens et le faire parler. Parler non pas de leur plan, il semblait clair et limpide. Mais les contours de leurs objectifs, leur force, leur façon de faire et au contraire des humains, se fondre auprès d'eux était tout bonnement impossible.

« - Une erreur dont je suis prête à prendre la responsabilité, et vous donne en gage ma fidélité pour que cela ne se reproduise plus. »

Le silence... Ils ne lui répondaient que par lui, en espérant peut-être que ce soit la solution la moins dangereuse. Il n'était pas certain que ce soit le cas toutefois, quand il posait une question il aimait qu'on lui réponde et cette propension qu'avait Ethan de tourner sa langue quarante mille fois dans sa bouche avant de parler commençait à l'agacer sérieusement. Il n'aimait pas la bêtise et le fait de lui répondre sans réfléchir au risque de déclencher sa colère en était une, mais l'extrême opposé ne lui plaisait pas beaucoup non plus ! Il maintint donc le général sous son brûlant regard jusqu'à ce que l'éclaireuse se décide à parler.

« - Votre Altesse, les Alayens sont des ennemis que nous avons un peu trop méjugé au départ. Les prenant pour de simples humains venus d'ailleurs. Ils sont bien plus, une erreur de notre part. Une force anéantis toute notre magie. »

Elle ne lui apprenait rien de nouveau, et pourtant toute la farouche attention du prince venait de se poser sur elle. Il la maintenait dans l'étau tranchant de son regard et l'acier de ses prunelles luisait à la lueur des torches inutiles. Oubliant le général qui l'avait déçu, il jaugeait cette nouvelle interlocutrice avec soin et lenteur, soupesant ce qu'elle lui disait et ce qu'elle pouvait bien lui apporter qu'il ne possède déjà. Elle n'était pas grand chose à ses yeux, une simple guerrière parmi ses nombreux vampires et pourtant il l'avait convoquée pour représenter les éclaireurs. Elle plutôt qu'un officier... Pourquoi cela ? Simplement parce qu'il avait comprit instinctivement que c'était le meilleur moyen de toucher l'amour propre du général blanc et de l'amener à donner enfin le meilleur de lui-même. Sauf qu'il ne semblait pas capable de faire mieux... C'était... Regrettable. Infiniment regrettable.

Pensif, son regard se posa à nouveau brièvement sur Enaël avant de revenir à la vampiresse qui parlait encore, proclamant avec force sa loyauté. Une fanatique donc... Il n'était pas très difficile de reconnaître ce genre d'oiseaux rares. Ses lèvres frémirent en un presque sourire sombre lorsqu'il ironisa :

"Le poids de tes responsabilités pourrait te sembler bien lourd devant moi..."

Il parlait d'une voix onctueuse et maîtrisée, pleine d'une fausse douceur qui en aurait fait trembler plus d'un. Le général ne s'y trompait d'ailleurs pas et son regard s'était fait méfiant à l'instant où il se préparait à parler enfin. Il fut néanmoins interrompu avant même d'avoir pu commencer par un vampire qui s'arrêta à l'entrée pour les saluer :

"Seigneur Wintel, pardonnez moi. Une troupe Alayienne a été repérée au sud de notre position, ils sont en approche et trop près pour que nous puissions demonter le campement."

L'atsmophère pas vraiment détendu jusque là dans la tente monta encore en désagréable intensité et l'ancestral ferma les yeus deux secondes comme pour mieux réprimer son irritation au sujet des veilleurs et des éclaireurs qui n'avaient pas repéré le danger à temps.

"Nombreux ?"

"Nous avons peu d'informations mon prince, mais cela semble être un détachement important"

Le ton du soldat était hésitant, conscient qu'il était de l'agacement de plus en plus palpable d'un prince qui aurait payé cher pour obtenir des infos plus claires. Machoire serrée, il gronda :

"Tu peux disposer. Enaël ? Nous continuerai cette discussion plus tard. Je veux une diversion. Entraîne les où tu veux, mais loin de mon campement."

Ce n'était pas spécialement une mission pour un général, et ce n'était sans doute même pas une bonne idée de lui faire risquer sa non vie de cette façon mais l'ancestral n'en avait cure. Il en avait assez de l'incompétence notoire de tous les membres de son entourage et le silence rageur qui pesa sur la tente bien après que les deux vampires ne soient parti le démontrait assez bien. Plongé dans ses pensées, il semblait presque avoir oublié la vampiresse jusqu'au moment où il revint brusquement à elle pour l'interroger :

"Qui est ton officier supérieur parmi les éclaireurs ?"

Il n'écouta pas vraiment sa réponse, ce n'était pas ce qui l'intéressait.

"Tu le tuera. Lentement."

Sous entendu qu'il la chargeait de le faire de sa part, il n'avait pas le temps de se préoccuper de ce genre de chose mais l'erreur qui avait permi à ce détachement Alayien de s'approcher si près sans que les vampires ne soient prévenus était très grave. Pensif à nouveau, il continua :

"Tu peux prendre sa place puisque tu brûle tant de faire tes preuves. Je récompense toujours la fidélité au centuple. Mais j'aime aussi l'efficacité. Est-ce que tu sais être efficace Norwen ? Tu saura faire en sorte de ne pas me décevoir ? Je n'aime pas me mettre en colère contre mes fidèles... Mais c'est parfois nécessaire. Fera-tu en sorte que ce ne le soit pas ?"

Il fallait se lancer, à se murer dans le silence on n'obtenait rien. Hormis le sentiment de ne servir à rien. Et Norwen ne semblait pas prompt à ne servir à rien dans cette guerre contre les elfes ou les alayens. Alors non se taire quitte à déchaîner les foudres que semblaient pouvoir décrocher son Prince ne serait pas la solution. Il fallait savoir souffrir pour prouver sa valeur. Et l'éclaireuse savait que sa valeur, sa force, son être tout entier pouvait servir au dessein de son dirigeant. Alors même si son regard pesant semblait prêt à lui donner mort à la moindre parole de travers, Norwen savait aussi que la couardise n'était pas de mise dans ce cercle de la nuit.

Et s'excuser, plus que de reconnaître ses torts. Non, ce qui était fait était fait. Maintenant, il fallait avancer et palier aux erreurs du passé.

« -Et il l'est mon Seigneur, je ne m'en cache nullement et je suis prête à répondre de mes fautes. Une erreur que j'assume et dont je suis prête à tout pour prouver qu'il n'en sera plus par la suite. »

Un soldat entra et annonça l'arrivée d'ennemis proche du campements. Oui l'incapacité des éclaireurs étaient une épine dans le pied de l'armée des vampires. Il fallait que ça change. Donner plus de poids et de moyens pour mieux réussir. Si seulement.
Ethan partit, ce seulement sembla s'être fait entendre. Son prince, son seigneur lui proposa un avancement en or. Une aubaine qu'elle ne ferait pas rater. Bien au contraire.

« - Ichtar, Seigneur. »

Le tuer. Ok cela était dans ses cordes et cela la réjouissait même. Ce vampire était un incapable, ayant une trop haute opinion de lui même. Simplement, parce qu'il avait été choisi par le prince noir.
Mais lentement. Lentement comment ? Norwen avait l'habitude de faire cela vite. Sauf quand d'humeur joueuse, la vampire aimait se sentir chatte et jouait avec sa souris avant de abattre. Mais lentement ? Un jour, deux minutes ? Qu'il est le temps de voir la mort arrivée ? En tout cas, l'éclaireuse sentait ses mains et ses crocs fébriles quand à cette idée. Puis elle avait l'autorisation de son Prince. Mais face à un éclaireur le challenge serait autre. Pas un humain incapable d'entendre un vampire arrivé, pas un soldat vampirique lambda juste basé sur sa force. Non, ce vampire reconnaissait un ennemi qui arrivait et Norwen n'était pas alayenne, vu que ceux là on semblait ne pas les voir. Norwen improviserait, l'importance était sa mort non ?

« -Vos désirs sont des ordres. Je me chargerai de son dernier souffle. »

Dit-elle en posant sa main droite sur ce qui fut un jour la place de son cœur.

« -Je vous remercie votre altesse. Et je ne vous décevrai pas, mes attentions ne sont pas là. Nous suivons le même but, celui de voir les nôtres à la place qui est leur. Je serai efficace pour satisfaire cette volonté qui est la votre. Et je ne cherche nullement votre colère, mais l'hégémonie du peuple de la nuit et la puissance du prince qui est sien. »

En effet, Norwen n'avait pas vraiment envie de suivre le chemin de son prédécesseur. Son prince lui faisait passer un message au passage et elle l'avait bien saisit. Droite et déterminée, humble et respectueuse, elle se permit d'ajouter.

« -Je vous remercie de me laisser prouver mes qualités. Votre déception de ce jour sera vite éclipsée par la victoire des nôtres. Les promesses sont faites pour être rompues. Mais ma volonté non, mon prince, votre colère restera pour d'autres que moi. »

Il n'avait pas prêté attention au départ d'Ethan, le général blanc était déjà loin dans son esprit, juste au bord de se faire classer parmi les êtres inutiles, voir irritants. Il ne savait pas lequel de ces groupes étaient le plus en danger dans son ordre de priorité mais il était clair qu'il devenait urgent pour Enaël de faire preuve de plus de résultats si il ne voulait pas en payer de lourdes conséquences.
Lorenz était d'autant plus déçu qu'il savait que celui-ci pouvait s'avérer bien meilleur que cela, il possédait des qualités appréciables y compris son totem de troisième niveau. Serait-ce judicieux de se débarrasser de lui simplement pour faire un exemple ? Peut-être pas tout à fait, mais il ne pouvait garder un général inutile, là pour le coup ce serait vraiment contre productif. Après tout ce n'était pas comme si il ne possédait pas des centaines de vampires prometteurs dans ces rangs...

Prometteurs mais jusqu'à quel point ? Cette Norwen par exemple, saurait-elle faire ses preuves à la tête des éclaireurs ? La loyauté était une denrée précieuse, mais pas forcément suffisante, il suffisait de voir Ethan. L'ancestral chassa cette pensée avec indifférence, après tout il n'y avait pas une urgence vitale, il aurait le temps de l'observer dans ce nouvel élément et de voir si elle méritait son intérêt ou pas. Ce ne serait pas la première à tenter de prendre du galon, certains y réussissaient plutôt bien d'ailleurs. Il ne mentait pas lorsqu'il assurait toujours récompenser la fidélité, trop conscient qu'il était de l'importance de ces soutiens dans la guerre et les objectifs qu'il menait.

« -Vos désirs sont des ordres. Je me chargerai de son dernier souffle. »

Elle n'avait pas hésité, c'était une bonne chose. Appréciait-elle seulement son chef ou se réjouissait-elle te prendre sa place, voir de la faire souffrir ? Il avait tendance à pencher pour cette dernière option, elle dégageait cette aura sombre des êtres maléfiques ayant depuis longtemps dépassé le stade de la rédemption. Il n'avait rien contre ce fait, l'ayant déjà dépassé lui-même depuis fort longtemps et qu'il l'ai voulu ou pas. Au moins cela garantissait que ses serviteurs exécutaient ses ordres sans sourciller, quelque en soit la nature.

Visage de marbre, il écouta la vampiresse qui renouvellait ses promesses de loyauté et d'efficacité, caressant un instant l'envie de lui répondre sèchement qu'il voulait des actes plutôt que des mots mais l'impatience n'était pas de mise à cet instant. Une ombre furtive passa dans son regard lorsqu'elle estima suivre les mêmes objectifs que lui. Elle ne pouvait pas se douter que son objectif principal était bien plus sombre qu'un simple désir de pouvoir que ce soit pour lui-même ou pour leur peuple. Oh bien sur c'était un bonus qu'il prenait avec joie, mais son désir premier restait le même. Le sang... Le sang de la vengeance pour ceux qui avait brisé son âme et ses espoirs. Sa priorité restait l'élimination du peuple elfique et si il espérait que cela lui permettrait au passage d'obtenir plus de pouvoir et de placer son peuple en haut de l'échelle, il gardait bien en tête que cela ne passerait qu'après son serment.

Ses vampires le suivaient-ils si ils se doutaient de cela ? Si ils devinaient qu'ils étaient avant tout un outil dans sa main pour obtenir ce qu'il voulait ? Il préférerait tout réussir bien sur, mais si ce n'était pas le cas il ne se faisait pas d'illusion. Il sacrifierait tous les vampires jusqu'au dernier si cela devait être le seul chemin vers l'accomplissement de sa promesse. Pas avec joie non, pas vraiment, mais sans remords non plus. Le fanatisme de Norwen résisterait-il si elle comprenait tout cela ? Pas forcément... Il ne la connaissait pas encore suffisamment pour s'en assurer mais cela n'avait de toutes façons aucune importance, elle n'avait pas à savoir. Impassible, il gardait ses pensées pour lui sans lui permettre de seulement imaginer ce qui se tramait dans son esprit et c'est avec fermeté qu'il reprit :

"La priorité pour le moment est de survivre à cet envahisseur et de trouver rapidement le moyen de le vaincre. Le reste d'Armanda devra attendre, j'espère simplement qu'ils auront l'intelligence de tourner toutes leurs forces contre les Alayiens plutôt que contre nous..."

Cela l'inquiétait quelque peu. Les humains et les elfes étaient assez idiots à son propre avis pour chercher à combattre les vampires si ils en avaient l'occasion entre deux batailles contre les Alayiens. Même son grand mépris pour ces races ne pouvait empêcher son esprit stratège d'estimer les dégâts que pourraient faire ce genre de choses. Les peuples Armandéens avaient peu de chances de s'en tirer à eux seuls déjà, alors si ils se tapaient dessus par dessus le marché... Le soucis étant qu'il voyait mal comment faire autrement, on arrêtait pas des siècles de haine et de guerre sur une simple décision. Ce n'était pas un jeu où il suffisait de lever le pouce.

Un demi sourire salua l'assurance de la vampiresse, elle était presque amusante quelque part... Il hocha la tête :

"Ce serait une bonne chose pour toi..."

Il aurait sans doute dû lui signifier son congé à présent mais elle l'intéressait et il était d'humeur à approfondir cette discussion, aussi continua-t-il :

"Il faut qu'on repère les armées humaines, elles ont beaucoup reculé devant les Alayiens et je pense qu'elles ont dû subir bien plus de pertes que nous mais nous avons peu d'informations. Il ne faudrait pas tomber sur elles sans le vouloir... Ce sera une mission prioritaire pour tes éclaireurs, cela et la surveillance des déplacements Alayiens bien sur. Garder le camp en sureté est vital, surtout en ce moment. Les choses sont déjà bien assez compliquées comme cela. As tu des questions sur tes nouvelles attributions, ou sur autre chose ?"

Sa bonne humeur était revenue, c'était donc le meilleur moment pour elle, d'autant plus qu'il accordait rarement autant de temps à ses vampires...

« -Si je puis me permettre mon Prince, les négociations sont la preuve qu'il y a au moins une chance que les elfes et humains cherchent notre utilité et notre force dans ce problème alayen. Nous passons du statut de paria à celui d'invité. Même si la démarche reste bien étrange, la pensée que nous allons au moins un temps pouvoir retourner dans l'ombre de leur pensées est un avantage. »

Et qu'elle n'hésiterait pas à plonger dans cette faille proposée par les elfes et humains pour avancer des pions vampiriques, dans la pénombre, aveugle aux yeux de tous pour mieux servir les fins de son Prince par la suite.

« -Je sais qu'un détachement venu de Lyssa se dirigeait vers la capitale humaine. Mais les informations qui m'ont été donné se sont arrêtées à cela. »

Un peu honteuse, elle n'osa pas avouer qu'elle avait eu la main un peu trop forte avec l'indicateur humain. Mais il était bien difficile de jauger sa force face à un homme soldat. Ne devaient-ils pas être fort et robuste ? Certes les nombreuses blessures ne devaient pas avoir aidé.

« -Mais j'enverrai autour des principales villes des éclaireurs, les humains vont sûrement regrouper leur force dans leurs enceintes fortifiées. Le temps où des unités circulaient dans tous l'empire sera révolue. Il faudra cependant trouver le trajet de la délégation humaine pour les négociations. Tant qu'elles n'ont pas eu lieux, les humains restent à mes yeux une sacré épine. »

Mais dans ses yeux luisaient l'envie de l'arracher et vite. A moins que se ne soit dans ses canines. En tout cas la détermination de l'enlever et vite s'affichait sur chaque pores de son être. Mais avoir conscience de ses ennemis et de leur force, ici, le simple nombre, était une chose que l'éclaireuse ne pouvait nier et mettre de côté par simple arrogance. Ce serait une terrible erreur qu'elle n'était pas, plus prête à commettre.
Quand aux louvoyant alayens, c'était autre chose. A la défier ainsi, ils étaient devenus un ennemi dont elle ne lâcherait pas la peau avant de l'avoir senti ployer sous ses crocs.

L'éclaireuse donna les dernières informations connues. Peut être le prince les savait mais dans le doute, elle ne put se permettre de lui cacher des bribes d'informations. Certes cela était son travail de le savoir mais si bon tacticien il l'était, la maîtrise de tout devait couler dans ses veines.

« -Les alayens descendent du nord vers la capitale, ce selon là les dernières informations. Mais leurs trajets est changeant. Il semblerait qu'il n'empruntent pas la voie directe entre ces deux villes, mais passent par l'est et l'ouest. Deux bataillons distincts pour deux attaques au lieu d'une seule frontale. A voir si une troisième par le sud de la capitale est envisageable. Il leur faudrait traverser la Wylorel.»

Les alayens tout homme qui semblaient être, du moins de constitutions, agissaient comme des vraies soldats nés pour la guerre. De par ce statut, employer des méthodes contre ce qu'on pouvait nommer des cousins de sang, ne devaient pas les déranger outre mesure. Tout comme, abuser de leur force pour extorquer quelques informations. Là dessus, Norwen ne pouvait pas les blamer. Sauf peut être de le faire avant elle.

« -La possibilité qu'ils aient eu vents des négociations n'est pas à exclure. Pour la pression ou torture des humains ont pu laisser filtrer cette information. »

Des questions, non. Elle savait ce qu'elle avait à faire et comment. Et même si un autre éclaireur revendiquait une erreur de choix de leur prince à choisir la vampire, elle saurait le faire taire et le remettre à sa place en un cri de voix. Juste une seule lui vint à l'esprit. Pas vraiment une question, mais un signe de son empressement à commencer sa nouvelle tâche et à rendre satisfaction à leur Seigneur, chose qui fut mis à mal ces derniers temps.

« -Oui, Seigneur. Une seule. Puis-je effectuer ma tâche envers Ichtar rapidement. Il y a à faire et le temps nous manque. »

La vampire regarda son Prince dans l'espoir qu'il lui dise oui, le seul soucis était presque là.

« -Si des alayens approchent du camp, c'est que leur plan de trajectoire a encore été modifié. Il nous faut donc connaître au plus vite les nouvelles modalités. Et je crains que le général Enael ne soit prompt en ce moment à se projeter en avant de leurs projets. »


[Je la fais un peu beaucoup parler, mais sinon, je me dis qu'un monologue Lorenzien peut tourner vite court )

Ah la lettre... Comme quoi les nouvelles allaient très vite dans le camp vampirique. Il ne l'avait reçue que la veille mais il fallait bien se douter que cela ferait très vite le tour du campement, d'autant plus qu'il avait dû réunir les membres du conseil pour en discuter et donner à sa décision la légitimité nécessaire pour ce qu'il devait accomplir. Non pas qu'il le voulait vraiment, l'idée même d'aller négocier avec les elfes ou même avec les humains le mettait de mauvaise humeur, mais il y avait des priorités à respecter et survivre en était une. Les Alayiens avaient été clairs sur le sort qu'ils réservaient aux vampires. Oh ils n'y parviendraient sans doute pas, on éteignait pas une race ainsi après tout et des siècles de guerre avaient fait de son peuple un maître dans l'art de la survie. Néanmoins l'idée de devoir se cacher pendant encore quelques centaines d'années, voir plus, lui déplaisait fortement. Ils devraient donc passer par ces négociations, c'était indispensable.

Ses prunelles s'étirèrent lorsqu'il ressentit la légère hésitation dans la voix de son interlocutrice. Que lui cachait-elle ? Des informations si fragmentaires étaient plus que décevante. Soit son informateur lui avait échappé, soit elle n'avait pas pu le faire parler, ou soit il était mort avant... La première hypothèse était difficile à croire, un humain ne pouvait échapper à un vampire ainsi. La deuxième était risible, la troisième restait donc sans doute la plus pertinente. Comme tout vampire elle avait sans doute encore des efforts à faire pour apprendre à contenir ses instinct meurtrier. Mais cela viendrait en son temps, ou pas d'ailleurs... Il ressentait instinctivement toute la violence qui sommeillait en elle, n'attendant que l'instant de se mettre au service du prince noir. Soit... Il saurait utiliser tout cela. Il avait l'expérience nécessaire. Il haussa les épaules devant l'affirmation de la vampiresse :

"Ils seront une épine tant qu'ils ne seront pas à leur juste place, mais cela viendra. D'ici quelques siècles ils auront tout oublié du temps de leur grandeur et trouveront naturel de nourrir leurs maîtres. En attendant tes projets sont corrects, nous les surveillerons tant que nous serons forcés de combattre les Alayiens."

Il secoua la tête un instant :

"Même si les négociations ont lieu et qu'elles se déroulent bien pour nous, je n'aurai pas plus confiance en l'espèce humaine qu'ils n'en auront en nous. Nous devrons rester sur nos gardes..."

Le conversation se tourna vers l'avancée de l'armée Alayienne, le plongeant dans de sombres ruminations. Faire traverser une rivière à une armée n'était jamais aisé, et c'était même particulièrement dangereux car encaisser une attaque au moment de reprendre pied, ou pire, au moment où les troupes étaient coupées en deux, pouvait avoir des conséquences gravissimes. Cela le rendit plus pensif encore et il marmonna presque pour lui-même :

"Si nous avions perçé le mystère de leur invulnérabilité à la magie j'aurai sans doute utilisé ce moment de faiblesser pour lancer une attaque... Pour peu qu'ils traversent de nuit pour échapper aux humains nous aurions pu déferler sur leur arrière garde au milieu de leur opération de traversée... Bien des guerres ont basculé ainsi, mais c'est trop dangereux en l'état actuel des choses."

C'était frustrant de ne pas profiter de l'occasion, mais le moment était mal choisit. A force de reculer les vampires n'étaient plus en position pour se réorganiser en attaque et il y avait ces négociations à venir qui allait obliger les plus hauts gradés à s'en aller. De plus il n'y avait aucune garantie que les Alayiens allaient bien traverser la rivière. Le mieux était donc de mettre cette idée de côté, il y aurait sans doute d'autres occasions plus sures. La stratégie consistait parfois à savoir refuser les combats qui n'offraient pas les meilleures garanties de victoire. Le nom d'Enaël résonna à nouveau entre eux et il fronça les sourcils :

"Enaël sera de la délégation qui se rendra aux négociations, d'autres devront donc veiller à la sureté du camp, y compris toi. A mon retour je verrai si tu t'es montrée à la hauteur. Tu es autorisée à t'occuper d'Ichtar dès maintenant, nous n'avons pas de temps à perdre. Nous devons nous montrer efficace pour passer ce cap difficile. Nos projets en dépendent..."

Il en avait terminé. Aussi passionnante qu'elle soit, il n'avait que peu de temps à accorder à son interlocutrice, c'était à elle à présent de faire ses preuves. Restait à avoir si elle en serait capable...

Les grands yeux clairs de la vampire brillaient de fierté, de volonté de faire ses preuves, saupoudrés d'un brin de violence certaine. Oh oui, il avait en face d'elle, une personne de confiance, un peu trop surement, sa grande faiblesse, mais tout comme lui, Norwen voulait montrer que les créatures de la nuit avait un avantage certain sur toutes les autres races. Alayen comprit.

Elle osa lui répondre avec sa douce voix qui tranchait avec les idées qu'elle défendait.

« -Leur crédulité sera leur perte. Ils ont besoin de nous pour la liberté de leur peuple et ils le savent, même si ça les rend malade et bourré de rancœur. La surveillance se fera de près, dans le sens du poil, en leur sens pour mieux resserrer l’étau par la suite. Ce plan me convient, car il n'y a pas plus beau que de voir la lueur de la mort planer dans leurs prunelles mortelles. Je vous fais confiance mon Prince pour réussir à louvoyer entre la méfiance des humains et l'arrogance des elfes. Utilisons ces pions sur ce vaste échiquier pour mettre échec et mat. La chute n'en sera que plus délectable et je gage de continuer à leur raconter cette belle victoire qui est la notre quand l'esclavage ne sera plus que leur quotidien.»

Norwen se tut un instant. En avait-elle trop dit, s'était-elle laissée emporter par la passion de la guerre et la douce caresse de sentir ployer sous leurs doigts ces poupées de sang. Les alayens voulaient la perte de la race vampirique, de la magie, au final ne seraient-ils pas ce cintre-temps qu'il fallait aux vampires pour avancer bien plus vite par la suite ? L'éclaireuse le voyait ainsi. Oui, une plaie en cet instant, un danger non négligeable et à prendre au sérieux, mais aussi la chance, la bénédiction de leur esprit unique à venir ici, pour mieux piégés par la suite les sangs vivant. Un peu de nourriture en plus quoi. De distraction. Si c'était trop facile est-ce que la satisfaction de la victoire serait la même ? Non, là il y avait en plus un enjeux de taille. Devoir chercher à comprendre et trouver la faille d'un nouvel ennemi. C'est que la vampire se serait presque ennuyée face à ce peuple elfique à deux doigts de tomber sous la coupe vampirique. Deux petits doigts. Encore une alliance non tenue avec les humains et ce lien serait brisé pour de bon, et Norwen les aiderait s'il fallait. Par pure charité. Couper de cette aide factice les humains se sentiraient encore plus déstabiliser. Une aubaine, plus qu'à les cueillir presque à même le sol. Trop facile.

Mais en attendant, les alayens lui causaient bien des soucis. Ces humains habillés de verre noire. Des humains, avec un esprit au basque. Rien de plus. Ils se croquaient de la même façon après tout.

« -Nous attendrons le bon moment, Seigneur. Et une fois que nous aurons dans nos mains le creux de leur vie, nous saurons les refermer et avoir la poigne qu'il faut pour retirer cette épine. Plus la patience est grande plus la vengeance est belle.»

Certes Norwen n'était pas réputée pour sa patience, quoique parfois... quand cela pouvait être plaisant de voir, admirer sa proie glisser entre ses griffes, couiner, se débattre pour se rattacher à cet infime espoir qu'est un souffle de vie. Une armée alayenne c'était presque Noël pour elle, enfin si Noël existait sur Armanda.

« -Bien mon prince, soyez sûre que à votre retour votre armée sera prête à reprendre service et combattre. »

Cet abruti d'Enael allait donc aux négociations. Normal en même temps, il était général, mais un général incapable trop imbu de sa personne pour pouvoir faire honneur à son grade. Mais son prince lui offrait une belle possibilité : surveiller son armée. Il ne pouvait lui faire plus beau cadeau et elle se montrerait digne de cela. Personne, rien, pas même le Néant lui même ne toucherait à l'armée vampirique. Même si la principale menace serait interne. Sans le prince au commande certains tenteraient de montrer les crocs et leur force. Elle les ferait taire, du moins, elle tenterait. Il faudrait aiguiser ses griffes.

« -Il est déjà mort mon Seigneur. »

Enfin tout comme. Cet imbécile de vampire avait une faiblesse : son arrogance. Elle le lui ferait avaler. Ou pas, elle préférait lui faire traverser ses griffes dans sa large couenne décharnée.

« -Prince, avez-vous encore besoin de moi ? Oui je peux commencer à éclaircir les mauvaises herbes de votre armée ? »