Il s'en était passé des choses depuis que le conseiller elfique Eliwyr Meraennon s'était présenté à elle, leur annonçant un bien terrible nouvelle. Était-ce la conséquence direct de la mort du grand dragon blanc de leur peuple, mais les événements semblaient s’enchaîner chaque jour, entremêlant de terribles et horribles événements et des instants de bonheur immense.

Le Dracos avait offert à son capitaine de garde, la lame noire qui lui avait sauvé la vie, ce même jour où le grand elfe était là, un dragon. Un être noble qui était la vie même d'Armande et c'était un homme bon et juste qui avait sous sa garde un tel cadeau de la vie. Esmelda en était fière. Le Dracos ne pouvait pas mieux choisir. Ce petit dragon serait protégé comme il se devait et grandirait dans un univers que son dragonnier ferait sûr. Et elle qui vénérait ces créatures qui pour elle n'était que légende se voyait des plus combler d'en accueillir un au palais.

La lame noire était revenue hier et elle n'avait pas eu le loisir de l'accueillir comme il se devait, mais son frère, à peine revenu de mission, était tombé malade. Un mal inconnu, tout comme son origine. Il y avait une grande quantité de possibilité, mais pour un empereur, la principale était la paranoïa d'un attentat contre sa personne. Simple et efficace.

Cela changea quand Gloria et ses alentours furent toucher par un mal étrange. Une épidémie qui frappait les nobles, les marchands, les pauvres...tous sans distinction. Il semblait s’amplifier de jour en jour sans qu'aucun mage ne sache comment en venir à bout.
Les plus faibles s'éteignaient rapidement, les autres luttaient de toute leur force contre un destin funeste.
La princesse, qui avait pris la régence en main, aux grands damnes de certains conseillers, avait mis en place un peu partout en ville, des sortes d'accueil de malades, avec des mages, des guérisseurs à la disposition des malades. Au palais, aussi, une salle de bal servait de salle de malades. Mais le mal persistait.

Les elfes étaient partis à la recherche de réponse quand aux conséquences de la mort du dragon blanc. Son principal conseiller était avec eux, ainsi qu'une garde rapprochée minimale. Il fallait savoir comment chacun réagirait à cette perte et qu'elle en était la cause. La mort d'un dragon si soudaine n'était pas normal.

Leur retour venait de lui être annoncé et Esmelda les attendait dans la salle d'audience, entourée de conseillers, encore et toujours, surveillant ses moindre faits et gestes. Qu'ils étaient gonflant.
La présence des lames noires fut quand à elle indispensable au vue de l'intrusion de la dernière fois. La princesse avait demandé à ce qu'Amylienor, devenu dragonnier de son état, soit aussi présent. Il pouvait peut être ressentir, savoir quelque chose. Puis après tout son emploi était de se trouver là auprès d'elle. Et elle avait hâte d'être présenté au dragon.

Lorsqu'ils arrivèrent en vue des hautes fortifications de la ville, le dragon d'or avait été subjugué par l'importance de cette dernière. Véritable montagne faite de pierres taillées, Gloria n'avait rien de comparable avec l'architecture elfique.
Semblant se complaire dans la démesure, les constructions humaines n'accordaient qu'un intérêt très limité aux notions d'équilibre et d'harmonie que l'on retrouvait chez les Elfes : les contours rectilignes et anguleux des murs et des tours manquaient profondément de naturel. De vastes terres défrichées et transformées en champs pour l'agriculture encerclaient la ville, formant une bande de plusieurs kilomètres de large de nature domestiquée par l'Homme, pour l'Homme, tout autour de la ville. Certes, Atalos s'était préparé à certaines différences, les Hommes ne sont pas les Elfes, mais le contraste demeurait plus important qu'il ne se l'était imaginé.

Atalos aurait souhaité en voir davantage, découvrir ce que dissimulaient ces hauts murs disgracieux, mais Amyelenor s'y était opposé. D'après lui, chez les Hommes, le danger est partout et un dragonnet ne manquerait pas d'attirer l'attention de personnes malintentionnées. Belle ironie en vérité : les humains construisent de hauts murs pour se protéger, mais on y est pas vraiment en sécurité.
Soit, le dragon d'or avait daigné se dissimuler sous une cape et avait promis de ne pas pointer le bout de son museau avant d'en avoir reçu l'autorisation de son dragonnier. La traversée de la ville se révéla d'ailleurs un supplice pour le dragonnet : tant de bruits, tant d'odeurs (pas toutes agréables d'ailleurs) et l'interdiction stricte d'y jeter un oeil. Amyelenor avait bien essayé d'abreuver la curiosité du dragon d'or en lui faisant partager de nombreuses images mentales de ce qu'ils croisaient, mais cela n'avait rien de comparable avec le fait de voir par ses propres yeux.


Atalos avait donc pris son mal en patience. Ce n'est qu'une fois au palais impérial que la Lame l'invita à se montrer. Lorsque la cape le découvrit, il eut l'impression de revivre sa naissance, tout autour de lui, dans le grand hall du palais, une bonne vingtaine de personnes dévoraient du regard les écailles d'or du dragonnet. La seule différence, c'était que lors de sa naissance, son public était composé d'elfes, ici, il s'agissait d'humains.

Quelqu'un s'approcha, souhaita la bienvenue aux voyageurs et échangea quelques mots avec Amyelenor. Atalos avait saisis quelques bribes de conversation mais pas suffisamment pour comprendre en détail. Tout ce qu'il avait pu apprendre était qu'il avait été question d'une personne malade. En revanche, le dragonnet n'eut aucune peine à entendre l'homme leur proposer de se restaurer et de prendre un peu de repos. Un bon repas ! Et un endroit confortable où dormir ! Enfin !


Le dragonnier salua son comité d’accueil et s’éclipsa, menant son lié à travers les couloirs du palais. Visiblement impatient de retrouver ses frères et soeurs d'arme, Amyelenor avançait vite et Atalos peinait à le suivre. Il faillit même se perdre au détour d'un couloir, mais le jeune homme demeurait attentif et était revenu sur ses pas.

Finalement, ils arrivèrent devant une lourde porte de bois. Sûr de lui, Amyelenor l'ouvrit sans prendre la peine de frapper et déclencha par la même occasion un véritable déluge de cris de joies. Les retrouvailles étaient particulièrement heureuses et le dragonnier disparut rapidement sous une avalanche de bras. Lorsque l'euphorie retomba d'un cran, ce ne fut que pour mieux repartir lorsque Amyelenor présenta le dragonnet aux Lames Noires, et les questions ne tardèrent pas à fuser de toutes parts. L’exubérance des Hommes n'avait décidément rien de la tranquillité des Elfes, et l'avenir allait confirmer au petit dragon qu'il n'avait encore rien vu : quelqu'un lança un "Il faut fêter ça !" qui fut approuvé à l'unanimité.

Le soir venu, la troupe s'était réunie dans la salle à manger réservée aux Lames Noires et un véritable banquet leur fut offert. Les cuisiniers humains n'avaient rien à envier aux cuisiniers elfes, que du contraire même puisque la viande semblait ici faire partie intégrante des plats principaux et les portions étaient autrement plus généreuses que chez les Elfes. Quant à la boisson, les délicats breuvages elfiques avaient cédés la place à la bière et au vin.
Pour son premier vrai repas depuis son départ du Royaume Elfique, Atalos n'allait pas faire dans la modération, aux dépends de l'une des Lames Noires qui devant l'appétit vorace du petit écailleux avait parié avec ses camarades qu'il mangerait plus que le petit dragon. Pour la plus grande joie des parieurs, Atalos remporta le défi haut la patte et avait même continué à manger bien après que son concurrent n'ait déclaré forfait.

La musique et les danses vinrent compléter agréablement les activités du groupe et la nuit s'écoula ainsi, au rythme des chopes, dans une bonne humeur et une insouciance croissante.


Le lendemain matin, Atalos fut éveillé en sursaut par les exclamations de son dragonnier. Réveil d'autant plus pénible que la voix du dragonnier parvenait aux oreilles du dragonnet considérablement amplifiée par une caisse de résonance qui se serait située au beau milieu de son crâne tandis qu'une douleur lancinante lui vrillait littéralement le cerveau. Que lui arrivait-il ?

Recouvrant peu à peu ses esprits, le dragonnet comprit alors pourquoi Amy avait tant insisté pour l'empêcher de boire ces breuvages humains qui avaient coulés à flots cette nuit. Mais la curiosité avait été la plus forte et au fur et à mesure que la vigilance de son lié s'étaient émoussée, Atalos s'était aventuré à goûter. Juste goûter. Du moins avait-il commencé par goûter, mais ces breuvages lui avaient paru fort agréables, bien plus que ne l'était l'eau, et puisque le dragonnier n'y prêtait pas attention, il aurait été dommage de se priver. Mais par le Dracos quel imbécile il avait été, car il regrettait amèrement à présent de ne pas avoir suivi les consignes qu'Amy lui avait prodigué.


Néanmoins, alors que le duo avait regagné les quartiers réservés aux Lames Noires,il semblait évident qu'Amyelenor lui même n'avait pas vraiment suivi ses propres conseils et regrettait tout aussi amèrement ses excès. Bien que le dragonnet ne se remémorerait pas vraiment ce dont parlait le jeune homme, il garda le silence ; surtout parce qu'il lui semblait présentement trop difficile d'envisager le moindre effort télépathique. Fichus breuvages.

Après s'être rafraîchi et changé, la Lame Noire semblait parfaitement remise et rien dans son attitude ne dénotait un quelconque malaise. Atalos en revanche ne tenait pas la grande forme. Ailes mi-dépliées et tête basse, ses yeux d'or ne dégageaient pas cette impression de chaleur qu'ils répandaient habituellement. Même ses écailles qui en tant normal semblaient constamment rayonner étaient ternes.

Le dragonnier sembla s'amuser un instant de la situation :

" Dis donc, j'ai l'impression de ne pas être le seul à avoir fait des folies hier soir. Ne bouge pas, je reviens. "

Amyelenor s’éclipsa un instant et revint avec une bassine d'eau fraîche.

" Plonge la tête là-dedans, ça devrait te faire bien."

Le dragon doré hésita un instant, mais une nouvelle vague de douleur déferlant dans son crâne lui rappela ce qu'il arrivait lorsqu'il n'écoutait pas les conseils de son lié. Atalos plongea donc vivement la tête dans l'eau froide. Le contact doux et frais de l'eau sur ses écailles le soulagea considérablement, à tel point qu'il se serait volontiers noyé pour en profiter plus longtemps. Mais le temps pressait, ils étaient attendus. Amyelenor aspergea le dragonnet pour le nettoyer et ses écailles retrouvèrent finalement leur éclat naturel.

Désormais un peu plus présentable, Atalos emboîta le pas de son dragonnier et le suivit jusque dans une grande salle, richement décorée. Des gardes, parmi lesquels Atalos reconnut plusieurs des Lames Noires rencontrées la veille, avaient été répartis tout autour de la pièce. Devant eux se dressait une jeune femme, plutôt bien habillée et au maintien élégant, entourée d'autres personnes aux faciès nettement moins sympathiques. De toute évidence, il s'agissait de la Princesse Esmelda que lui avait décrite Amyelenor peu de temps auparavant. Enfin, faisant face à la princesse, un elfe semblait attendre quelque chose ou quelqu'un.

Toujours suivi du dragonnet, le dragonnier s’avança jusqu'au centre de la pièce avant de s'agenouiller et présenter Atalos.
Le dragonnet fit quelques pas lorsque la Lame Noire prononça son nom et inclina légèrement la tête vers la Princesse en guise de salut, plongeant son regard d'or dans celui de la jeune femme.

Esmelda accueillit avec un sourire qu'elle cherchait détendu, mais demi teinté de la peine qui régissait son sœur actuellement. Mais en tant que régente du royaume humain, elle ne devait plus faire passer ses émotions en premier. Seul comptait son devoir et que celui-ci soit fait comme il se devait. Elle devait faire face aux tumultes de son âme et recevoir avec la meilleure bienséance possible le conseiller elfique.
La princesse baissa la tête en signe de respect et de salut, puis fit de même pour les deux autres elfes qui l'accompagnaient.

« - Je suis heureuse de voir que vous n'avez rien. Et je vous remercie de vos paroles chaleureuses. Bien des choses sont arrivées depuis votre départ. Mon peuple souffre sans que je sache qu'elle en est la cause. Et il n'y a rien de pire. Une famine, on peut toujours la contrée. Mais là, ce mal n'est pas palpable et touche tout le monde. »

La princesse se tourna vers un des pages présents dans la salle et lui demanda des chaises pour leurs hôtes. Après un tel voyage rien de plus normal.

Revenant à ses invités, pendant qu'on installait comme il se devait de quoi s’asseoir dans la salle d'audience, la régente continua.

« - J'ai peur de vous demander si votre voyage a bien confirmé vos craintes ? »

Au même instant, la large porte en bois s'ouvrit laissant entrer la lame noire, Amyelenor Farkstein, qui après quelques pas s'agenouilla face à elle. Il était accompagné par la plus noble et belle créature qu'il avait été possible de voir pour la jeune princesse. Un dragonnet à l'allure majestueuse suivait les pas de son lié se demandant sûrement dans quel lieu étrange il devait se trouver.
Esmelda laissa un sourire d'émerveillement apparaître sur son visage. Elle était subjuguée et ça se voyait. Elle n'avait d'yeux que pour la petite créature. Quand celui-ci la regarda, son cœur fit un bond. Les dragons, elle avait toujours été fasciné par leurs dessins et leurs légendes, mais en avoir un devant soi, c'était tout autre.

Avec empressement elle fit un non de main en l'agitant.

« - Noble créature, et vous aussi dragonnier Farkstein, vous n'avez pas à nous saluer de la sorte. Il conviendrait que se soit nous qui nous nous inclinions devant le choix et la présence d'un tel être en ces murs. »

Esmelda inclina la tête et la main sur le cœur.

« - Votre présence à tous les deux est ici un grand honneur et une joie immense. En ces jours sombres, elle redonne courage et détermination. »

La princesse les invita à s'assoir à leurs côtés, ne quittant toujours pas des yeux le dragon.

[HRp : Désolé de la mauvaise qualité du rp, mais la lettre "p" à ne pas mettre m'a beaucoup gêné X,) Et Eli, ma réplique est dure à un moment, mais je ne veux surtout pas te vexer ^^" ]

Contrairement à son lié, le jeune dragon d'or n'était pas particulièrement réticent envers les honneurs, aussi accueilla-t-il les salutations de la princesse et de la délégation elfique avec satisfaction. Il prenait même un certain plaisir à voir les conseillers humains qui entouraient la princesse courber l'échine, visiblement à contre-coeur et dissimulant mal les grimaces qui déformaient leurs traits.
Ce n'était pas que le dragonnet se soit réellement estimé supérieur aux bipèdes mais les concepts de hiérarchie qui régissent ces peuples ne lui étaient pas naturels. Aussi, et quand bien même était-il conscient de ce qu'il représentait, le petit écailleux n'attendait donc ni plus ni moins que d'être considéré d'égal à égal quelle que fut l'importance de son interlocuteur.

Amyelenor pour sa part encaissait visiblement assez mal cette idée et se prosterna davantage. Le dragonnet essaya de le rassurer en lui envoyant autant d'ondes positives que possible mais il faudrait encore du temps au jeune homme pour accepter totalement l'idée qu'il méritait ces honneurs.


Sur un signe de la princesse, hommes, elfes et dragonnet s'installèrent sur les sièges qui leur avaient été réservés. Atalos profita de cet instant de flottement pour observer plus attentivement la princesse. Elle était jeune, tout au plus pouvait-elle avoir l'âge d'Amyelenor, mais les similitudes ne s'arrêtaient pas là. Sans pour autant s'introduire dans son esprit, le dragonnet pouvait ressentir dans son regard des émotions qu'il avait si souvent lues dans celui de son lié : l'inquiétude et le désir de bien faire, mais le doute et la peur de ne pas y parvenir.
Le dragon d'or en conclut qu'à l'instar du soldat devenu dragonnier, la princesse avait hérité de lourdes responsabilités sans vraiment avoir eu le temps de s'y préparer, mais elle relevait le gant et s'efforçait de faire de son mieux pour être à la hauteur. Assurément, cela dénotait un caractère bon et un courage exemplaire. S'il osait... Et puis après tout, pourquoi pas ? La princesse le regardait toujours, le dragon d'or en profita pour lui décocher un clin d'oeil. Ce simple geste qu'il avait appris de son lié et dont il s'était longuement exercé à le reproduire avait souvent eut d'excellents résultats sur le moral du dragonnier, peut-être en serait-il autant pour la princesse.


L'elfe qu'Amyelenor avait appelé Meraennon fut le premier à prendre la parole, évoquant d'abord une épidémie, mais ce fut surtout le deuxième sujet dont traita le conseiller elfique qui accapara l'attention du dragonnet : la mort d'un dragon. Ou plus précisément, le meurtre d'un dragon. C'était impossible ! Il devait y avoir une erreur. Pourtant, l'elfe semblait parfaitement sûr de lui et quelle raison pourrait-il avoir de mentir ? La tentation fut grande pour le dragonnet de s'insinuer dans l'esprit de ce Meraennon afin d'en avoir le coeur net, mais il préféra s'abstenir. Au cours de ses premières semaines de vie chez les Elfes, Atalos avait remarqué l'importance qu'ils accordaient à la hiérarchie et mieux valait éviter d'attirer des ennuis à son dragonnier.
Néanmoins, si c'était vrai, cela expliquait la méfiance d'Amyelenor lors de la traversée de la ville et son insistance lorsqu'il avait demandé au dragonnet de rester caché. Le dragonnier le lui confirma d'ailleurs bien assez vite.

Assis aux côtés de son dragonnier, Atalos fulminait à mesure qu'il prenait conscience que l'elfe ne mentait pas. Sourcils écailleux froncés, la gueule légèrement entrouverte dévoilant ses crocs, son regard d'or semblant s'animer d'un feu ravageur, le dragon d'or essayait de reprendre son calme mais n'y parvenait pas vraiment. Il avait déjà eu l'occasion d'être agacé, que ce soit par l'elfe Lómemir le jour de sa naissance ou par le dragonnet bleuté qu'il avait rencontré quelques semaines plus tard, mais jamais il n'avait connu la colère à proprement parler. Le contact de la main du dragonnier sur sa peau écailleuse l'aida à évacuer sa frustration.
Amyelenor avait probablement perçu les tourments du dragonnet, à vrai dire il était peu probable que son agitation soit passée inaperçue même du reste de l'assistance, et avait donc poursuivi la réunion en évoquant le message du Dracos. Ce n'était pas forcément un sujet plus joyeux, mais cela avait au moins le mérite de détourner la discussion de l'assassinat du dragon.

Mais Atalos n'avait pas l'intention d'en rester là, il voulait comprendre ce qui pouvait justifier qu'un simple bipède puisse délibérément ôter la vie d'un dragon. Et il comprendrait. Tôt ou tard, le temps n'était pas un problème, mais il comprendrait. Quels noms l'elfe avait-il prononcés déjà ? Lorenz Wintel pour qualifier le meurtrier et Lyroë Tuwiel pour la dragonnière, c'était bien cela. Tout dragonnet qu'il était, le dragon d'or ne pouvait espérer interroger le premier, pour l'instant du moins, mais s'il pouvait rencontrer la dragonnière, elle serait probablement en mesure de lui en apprendre davantage.

Esmelda regarda avec une tendresse particulière le dragonnier. Son lié avait bien choisit. Un homme humble qui devrait, sûrement grâce à ce compagnon d’écailles, être bien plus sûr de lui et de cet honneur qui devait lui être rendu. Être choisit par une telle créature. La princesse ne connaissait que trop peu le nouveau dragonnier. Et pour cause. Ce n'était pas son rôle de converser avec les hommes d'armes. Et pourtant, il lui avait sauvé la vie, donnant presque la sienne pour que la princesse ne souffre en rien. Oh, bien sûr cela était normal. Il était payé et formé pour ça. Mais quand même, il l'avait fait avec justesse.

Observant le dragon, elle se laissa surprendre par son regard curieux, un peu honteuse, elle lui sourit avec retenue, avant de laisser un malaise le voyant lui adresser un clin d’œil. Amusée, elle l'était quelque part, mais elle ne pouvait se laisser aller à un tel comportement pour le moment. Surtout pas face aux conseillers de son frère. Maudits hommes de peu de foi. Elle espérait que le dragonnet ne lui en tienne pas rigueur. L'ambiance était austère, et en rien accueillante pour l'arrivée chaleureuse et aussi bénéfique qu'est celle d'un dragon, surtout auprès des Hommes. Il était synonyme de renouveau, d'espoir et de lutte pour le voir déployer ses ailes au dessus de leurs têtes.

Reprenant un peu son sérieux, elle écouta ce que le conseiller elfique avait à leur annoncer concernant l’épidémie qui frappait Armanda. Eux aussi étaient touchés. Elle n’épargnait personne. Mais heureusement, il semblait que les elfes aient trouvé un moyen de la contrer. Elle ne gagnerait pas.

« - Je vous remercie. Votre aide serait la plus que bienvenue. Je me sens démunie face à cette maladie qui ne cesse de gagner du terrain et emporter les miens. Je suis reconnaissante de votre aide. Dites moi de quoi vous avez besoin, je vous le donne. »

La main sur le cœur, on sentait dans la voix de la princesse une inquiétude grandissante pour son peuple, dont elle se sentait responsable.
Et la suite du récit de l'elfe ne fut guère encourageant. La perte d'un dragon. Cette tragédie confirmée, Esmelda regarda le dragonnet. Etait-il un de ces œufs ???
Oh, elle donnerait tout pour qu'il ne lui arrive pas la même chose. Ce malaise ressentit en elle ces derniers jours était-ce ça ??? La perte de cette magie ancestrale et sacrée. Et ce maudit vampire dont le nom ne cessait de revenir à ses oreilles. Maudite créature des ténèbres. Il fallait coûte que coûte lui lier les mains.

« -Les conséquences ne peuvent qu'en être funeste pour celui qui croit qu'ôter la vie d'un fils du Dracos apporte force et puissance. Le sacrifice de ce dragon ne restera pas vain. »

Esmelda parlait avec une voix beaucoup plus terne qu'il y a quelques instants. Comment pouvait-on tuer une telle créature, synonyme de vie et de magie en Armanda. Ils leur insufflaient la vie. Les tuer revenait à leurs pertes. Voilà ce que voulait cet être abjecte et déjà sans vie ? Esmelda ne le permettrait pas. Même avec ses faibles moyens.

Et ses faibles moyens se révélèrent être sa nouvelle crainte. Sieur Farkstein leur annonça que le Dracos, lui-même s'était annoncé à lui. Un message.

Heureusement qu'elle était assisse, sinon, elle se serait laissé glisser sur la grande chaise. Le dracos avait lui aussi senti la perte d'un de ses fils.
Elle n'avait qu'un choix à faire.

« Dans ce cas, Maitre dragonnier, vous savez ce qu'il vous reste à faire. Je vous nomme à la tête de cette lourde charge. Vous aurez le nombre d'hommes dont vous avez besoin, les armes, la nourriture. J'ai en vous pour cette mission une confiance absolue. Votre inquiétude est légitime, sinon, je vous prendrai pour un fou. Mais le Dracos fait légence sur nos peurs. Nous devons avoir en lui une foi infaillible et croire en ses paroles sages. Voilà peut être un moyen pour nous de contrer la folie de ce vampire. »