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La lisière Elfique est en place à la frontière du 27 octobre au 27 novembre . L'entrée ou la sortie du Royaume Elfique sont donc compliquées entre ces deux dates.
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Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE

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Amyelenor Farkstein
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MessageSujet: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeMer 19 Déc 2012 - 22:52

Le froid était tombé d’un coup. Personne ne s’y attendait, mais la vie ne s’arrêtait pas pour autant. Les commerçants continuaient à vendre leurs objets, les cuisiniers continuaient à faire à manger, les enfants continuaient à grandir, … Même lorsque le froid et pénétrant vent du Nord, la Tramontane, s’insinuait perfidement dans les rues, traversant les vêtements en laine les plus épais et glaçant jusqu’aux os des gens, le peuple continuait à mener son petit bout de vie.

La différence entre le peuple et lui, toutefois, c’était que tous rentreraient se mettre au chaud, au minimum entre quatre murs, sous des couvertures, à l’abri du vent, une fois la journée finie. Mais pour les prochains jours, il dormirait certes enroulé dans une couverture, mais dehors, exposé au froid et au vent. Cependant, Amyelenor ne se plaignait pas. Porter le noir était un honneur tellement grand que, pour le mériter plus encore, il dormirait volontiers sans rien sur lui, sur le Croc du Dragon, s’il le fallait.

Six chevaux attendaient côté à côté, et leurs souffles mêlés dessinaient des volutes de vapeur dans l’air. Dans la grisaille du matin, deux silhouettes noires faisaient face à trois hommes portant l’armure Impériale lourde standard. Amyelenor était l’une des personnes portant l’armure noire, et l’autre était Astiliwan Janeher. Les deux avaient été choisis parmi les Lames Noires pour escorter un dignitaire Impérial jusque chez les Elfes, où il ferait office de diplomate de liaison. L’homme en question était un cousin au… A un lointain degré, de l’Empereur. Même s’il ne portait pas leur nom, dans ses veines coulait le sang des Kohan. Chanser Quin, ainsi se nommait-il. Il était d’un âge assez avancé, mais il dégageait encore une allure autoritaire, de sagesse, de par son passé de Général d’Empire.



« Soldats, vous connaissez déjà le but de notre mission. Nous avons été désignés pour assurer la protection de Sa Seigneurie Chanser Quin jusque et chez les Elfes. Nos éclaireurs disent que les routes sont à peu près sûres, si l’on fait fi des brigands. Néanmoins ! je vous demanderai de rester sur vos gardes à tout moment. Les Vampires, ou pire, les Lames Pourpres, pourraient décider d’attaquer des représentants de Sa Majesté l’Empereur Gregorist Kohan. Mais nous ne laisserons pas cela arriver. Non, car nous sommes ce qui se fait de mieux en matière de combattant sur tout ce damné continent ! Aussi, Messieurs, lorsque nous arriverons chez les Elfes, vous ferez honneur à la réputation de l’Armée Impériale. L’Empereur a confiance en vous ! Vive l’Empire ! Vive l’Empereur ! »


Fichu Astiliwan. Son frère noir lui avait laissé faire le discours, et tout ce que cela impliquait derrière, à savoir le commandement du détachement. Amy avait d’abord refusé, notifiant à celui-ci qu’en vertu du droit d’ancienneté, malgré leur grade équivalent, ce serait à lui de les diriger, mais… Astiliwan s’était justement servi de ce droit pour lui donner l’ordre d’être leur officier responsable le temps de la mission. La prochaine fois, il ne se ferait pas voir comme ça. Non pas que ça le dérangeait de diriger et de donner des ordres, mais il avait l’impression de s’arroger un droit qu’il n’avait pas, vu qu’il servait depuis seulement plus de six mois au sein des Lames Noires. Le point positif était que ça lui ferait une expérience de commandement. Peut-être bien que son camarade n’avait pas tout à fait tort, après tout.

Chanser arriva, et tous se mirent au garde-à-vous, avant d’enfourcher leurs montures et, sur un signal du vieux Général, de partir en direction des portes de la ville. Ils descendirent les trois quartiers, puis dépassèrent celles-ci, avant d’obliquer vers l’Ouest et la Forêt Elfique. Leurs ombres s’étiraient devant eux, tandis que quelques rayons de Soleil perçaient timidement la couche nuageuse pour tenter de réchauffer l’atmosphère.

Le Général se révéla être un agréable compagnon de route. Tout en gardant la prestance due à son rang, et à son sang, il savait plaisanter avec son escorte, discuter de tout et de rien avec elle, … Il avait dû être un Officier adoré de ses hommes, très proche d’eux. D’ailleurs, il appelait tout le monde, que ce soit Astiliwan, Amy ou les autres soldats, de la même manière avec un très paternel : « mon garçon ». Et puis son passé de militaire, même étoilé, faisait que cela ne le dérangeait pas le moins du monde de dormir dans une couverture sur un sol de pierre ou de terre. Non, vraiment, Amyelenor en était venu à réellement l’apprécier.

Enfin, après plusieurs jours de chevauchée, le petit groupe arriva à l’orée de la Forêt Elfique. Les soldats avaient tous nettoyés leurs armes et armures, tandis que Chanser avait mis une tunique et un pantalon moulant – il avait encore une carrure imposante – finement décorés, mais peu tape-à-l’œil toutefois. A l’ombre des premiers arbres les attendaient deux Elfes, qui les guideraient jusqu’à la Clairière du Grand Chêne, où devait se rendre le diplomate.

Il régnait dans ces bois enchantés une sérénité sans égale. Amy était habitué à vivre dans la nature, dans des lieux où les seuls êtres vivants n’étaient pas des bipèdes, et où la main de l’Homme n’avait pas transformé le paysage, mais ici, c’était totalement différent. La Lame avait l’impression de respirer des particules de paix à chaque gonflement de ses poumons. Son esprit était vidé de ses tourments, il ne ressentait plus aucun sentiment négatif, … Par le Dracos, c’était vraiment une sensation, une expérience plus qu’agréables. Il se posait néanmoins une question : était-ce la présence des Elfes dans ces bois qui les avait rendus ainsi, ou bien étaient-ce lesdits bois qui faisaient du Beau-Peuple une race si calme, si… Reliée à la Nature ? Pouvait-ce être un mélange des deux possibilités ? Ou alors était-ce une raison telle que son esprit, trop Humain, ne pouvait la concevoir ?

La délégation n’était pas au bout de ses surprises : lorsqu’ils arrivèrent, peu après le crépuscule, au niveau des premières habitations, tous retinrent leur souffle. On disait des Elfes qu’ils vivaient dans les arbres, ce qui était techniquement vrai. Mais la vérité était encore plus poétique. Les habitations semblaient être des extensions desdits arbres. Ainsi, tout ce qui était Elfique « vivait » en symbiose avec le reste des éléments ? Les arbres eux-mêmes semblaient émettre une lumière argentée semblable à celle de la Lune, lumière que les maisons et les constructions aériennes relayaient à travers la voûte formée par les plus hautes branches.



« Farkstein, mon garçon, vous m’accompagnerez. Les autres, suivez le guide jusqu’à vos quartiers, et prenez un peu de repos, vous l’avez bien mérité. »


Amy acquiesça comme les autres tandis que son esprit quittait la contemplation des lieux. Il ne savait pas du tout où il devait exactement aller, mais puisqu’il suivrait Chanser, cela ne posait dans l’immédiat pas trop de problème. Le cavalier mit pied à terre, et emboîta le pas au Général, qui lui-même suivait un des Elfes qui les avaient menés à travers la Forêt. Ils grimpèrent un escalier qui tournait sur lui-même autour d’un large tronc, et débouchèrent sur une sorte de plateforme recouverte d’un plafond en bois ( ?) blanc-argenté, et dont les murs étaient des arches en forme d’ogive donnant sur ce qui se rapprochait le plus des rues des villes Humaines.

Soudain, son regard fut attiré par un scintillement doré, qui ressortait énormément au milieu de toutes ces lueurs d’argent. Amyelenor allait passer son chemin, comme le lui dictait sa discipline, mais quelque chose le poussa à s’approcher de plus près. Après une brève mais intense lutte interne, il décida de se détourner de sa route, et de satisfaire sa curiosité. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’il reconnut ce qui ne pouvait être qu’un œuf de Dragon. Il n’en avait jamais vu en vrai – comment aurait-il pu ? – mais ses yeux avaient caressés de leur regard nombre d’illustrations.

C’était un spectacle magnifique. Cet œuf semblait être uniquement fait d’or. Le soldat retira son casque, et approcha son visage de la surface de l’ovale, laquelle lui renvoya une image parfaite. Il n’y avait sur lui aucune rayure, aucune marque qui pouvait témoigner de son – certainement – âge ancestral. Dire qu’il devait être bien plus vieux que lui. Amy retira son gant droit, et hésita longuement avant de faire ce qu’il avait l’intention d’accomplir. C’était peut-être la seule fois où il pourrait toucher un œuf de Dragon.

D’abord ses doigts, puis la paume de sa main, rentrèrent en contact avec lui. Aussitôt il ressentit une douce chaleur, de plus en plus forte, mais sans brûler, se répandre sur sa peau. Une idée étrange lui avait fait s’attendre à toucher une surface de type métallique, mais celle-ci était encore plus douce, sans toutefois avoir la douceur de la soie. C’était une matière indescriptible avec des mots Humains.

Ses oreilles reconnurent le bruit caractéristique de l’acier râpant contre le fourreau. Agissant par réflexe, il retira sa main et la porta aussitôt sur le manche de son épée en se retournant. Face à lui étaient trois Elfes, de longues épées courbées à la main, et le visage exprimant des intentions peu amicales, tandis que celui du centre lui disait d’éloigner les mains de son corps. Zut, il ne manquait plus que ça : ils avaient dû croire qu’il avait l’intention, voire qu’il avait agi sur ordre de l’Empire, de voler l’œuf. Par le Dracos, son acte inconsidéré venait peut-être de ficher en l’air tout ce qui avait été construit entre leurs peuples, venait peut-être de déclencher un incident diplomatique de grande ampleur. Seul un miracle pourrait arranger la situation.


Dernière édition par Amyelenor Farkstein le Mar 8 Jan 2013 - 20:22, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeJeu 20 Déc 2012 - 11:21

Depuis combien de temps était-il là ? Atalos l'ignorait. Sa perception du temps qui passe était altérée par son demi-sommeil. La seule chose dont il pouvait être vraiment convaincu, c'est que cela faisait longtemps. Trop longtemps même.

Combien de personnes avaient défilé devant lui, apposant les mains sur la coquille d'or ? Atalos n'avait pas tenu les comptes. Des centaines, des milliers peut-être ?

Qu'espéraient ces gens ? Qu'attendaient-ils de lui ? Pourquoi le conservaient-ils ici ? Etait-ce là le seul rôle qu'il devait jouer dans l'Univers ? Ces questions hantaient l'esprit du petit dragon, et plus que les questions, c'était l'absence de réponses à leur donner qui le torturait. Atalos voulait repartir. Regagner son lieu originel, retrouver ses semblables, ceux qui l'avaient côtoyé des siècles durant, ceux qui avaient partagé sa peine et ses souffrances. Souffrir ensemble n'était déjà pas facile, souffrir seul s'avérait un tourment autrement plus atroce.


Soudain, une lumière se fit jour dans les ténèbres de l'esprit du dragon d'or, telle l'aube chassant la nuit, telle la lumière se profilant au bout d'un long et sombre tunnel. Une lueur d'espoir. Atalos n'avait qu'une conscience très abstraite du monde extérieur, il ne ressentait que les variations de chaleur, pouvait entendre certains sons indistincts et devinait la présence des êtres qui l'entouraient à travers une aura mystique.
L'image mentale qui permettait au dragon de situer ces êtres dans l'espace était faite d'un nuage de fumée indistinct. Or, depuis quelques instants maintenant, ces nuages s'étaient multipliés autour de lui. Ce phénomène n'avait rien d'exceptionnel et se produisait même régulièrement, mais cette fois, c'était différent. L'un d'eux était différent.

Inéluctablement, l'attention du petit dragon se focalisait vers cet être. Sa présence était rassurante et éveillait chez le dragon d'or des sentiments qu'il n'avait pas connu depuis fort longtemps. Atalos se sentit apaisé.
Empruntant les méandres du labyrinthe de sa mémoire, son esprit voyagea à travers l'espace et le temps pour revenir aux temps heureux, lorsque ses parents étaient encore auprès de lui. Car c'était bien de cela qu'il s'agissait, cette présence, cet être, lui évoquait clairement ses parents. Se pouvait-il qu'ils soient revenus ? Se pouvait-il qu'en cet instant même, après des siècles d'éloignement, sa mère ou son père se tienne à quelques mètres tout au plus du jeune dragon ? Etait-ce la raison pour laquelle on l'avait amené ici ? Encore et toujours des questions sans réponse.


Les vibrations émanant de l'être exceptionnel qui s'approchait de plus en plus de l'oeuf étaient particulièrement proches de ce qu'Atalos avait mémorisé comme étant celles de ses parents, mais certaines différences restaient perceptibles. Se pourrait-il que le temps ait affecté sa mémoire ? Après des siècles loin d'eux, peut-être le petit dragon avait-il légèrement déformé ce qu'il avait pu ressentir alors ? Atalos ne pouvait toujours pas répondre, mais il se prit à espérer avoir raison. L'espoir. Voila encore quelque chose que le jeune dragon n'avait pas ressenti depuis bien longtemps.

L'être s'approcha encore, une déferlante d'images et de sensations traversa l'esprit d'Atalos à une vitesse telle qu'il ne put en saisir qu'une infime fraction. Les flammes et la chaleur étaient les plus présentes, ainsi qu'une vaste étendue bleutée parsemée de blanc, accompagnée d'une sensation de liberté absolue. Etait-ce son avenir que le dragon avait perçu ? Ou de simples souvenirs que lui avait transmis sa mère et qui avaient choisi cet instant précis pour émerger ?


Enfin, l'être fut si près de l'oeuf qu'il en vint à le toucher. Cela n'avait été d'abord qu'un bref effleurement, puis le contact s'écrasa sur la coquille de l'oeuf, s'incrustant au plus profond de chaque organe, de chaque tissu, de chaque fibre et de chaque cellule du petit être légendaire qu'elle abritait.

La coquille de l'oeuf se mit à vibrer, imperceptiblement, comme si le matériaux dont elle était faite était entré en résonance avec l'onde de choc. Les teintes dorées de l'oeuf se mirent en mouvement, des lueurs rougeoyantes semblables à des flammes apparurent à sa surface tandis qu'une lueur éblouissante naquit de l'oeuf et qu'une intense chaleur se répandit alentour. La température de l'air ambiant s'éleva d'une vingtaine de degrés en quelques secondes. L'oeuf ressemblait maintenant à une boule de lave incandescente. La coquille à la surface cristalline, plus solide que le roc avait laissé la place à un manteau magmatique dont la composition se situait à la frontière entre l'état liquide et l'état solide.

Puis, comme une fleur s'ouvre au lever du soleil, libérant son parfum et offrant son nectar aux insectes pollinisateurs, le sommet du manteau de l'oeuf s'ouvrit pour retomber mollement vers l'extérieur, dévoilant aux yeux du monde son contenu. Les lueurs qui animaient la coquille faiblirent progressivement jusqu'à s'éteindre totalement, la température de l'air redescendit à un niveau normal, l'aspect magmatique de l'oeuf se solidifia. La coquille étincelante de l'oeuf d'or ne ressemblait maintenant plus qu'à une coulée de lave solidifiée et noircie. Le processus complet n'avait duré que quelques dizaines de secondes.


Roulé en boule, ailes repliées sur ses flancs, membres recroquevillés contre son corps et yeux clos, le petit dragonnet d'or se tenait, immobile, sur les restes de son oeuf désormais solidifiés. Le silence le plus total régnait autour de lui.

Le dragon leva doucement la tête et ouvrit lentement un oeil, puis l'autre. La lumière qui régnait dans le lieu où il se trouvait l'éblouit un instant. Mais ses pupilles s'adaptèrent rapidement et Atalos put discerner le monde extérieur pour la première fois.

En lieu et place du dragon qu'il s'attendait à trouver, il se vit entouré de créatures bipèdes inconnues. Toutes, à l'exception d'une seule, avaient posé un genou à terre et se tenaient baissées en une attitude de profond respect. L'être qui se tenait debout face à lui, un bipède lui aussi, était celui dont émanait les vibrations si familières qu'avait perçu le dragonnet encore dans son oeuf.
Il ne s'agissait ni de son père, ni de sa mère, de cela le dragonnet était persuadé. Mais d'une manière ou d'une autre, cet être qui se tenait là, debout devant lui, leur ressemblait et ce simple état de fait suffisait au jeune dragon.
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MessageSujet: Re: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeJeu 20 Déc 2012 - 22:38

Pour Amyelenor, les miracles n’existaient pas. Son esprit de combattant, à peine initié aux arcanes de la magie, ne lui permettait de ne considérer que ses propres ressources. Lors d’un combat, s’il se retrouvait isolé de ses compagnons d’armes, il ne pouvait compter que sur sa maîtrise de l’épée, son expérience, et de pleins d’autres facteurs « directs ». Il y avait certes une part de chance durant une bataille, et quelquefois, celle-ci était assez importante, mais n’importe quel soldat savait qu’il ne fallait pas trop s’y fier. Certains vétérans voyaient d’ailleurs la chance comme le résultat d’occasions que l’on avait nous-mêmes créées.

Et pourtant, ce qui était en train de se passer en ce moment même, dans une de ces maisons aériennes Elfiques, au beau milieu de leur Forêt, si loin de sa terre natale, pouvait ressembler à une intervention du Dracos lui-même. Mais si c’était le cas, cela devait être pour un intérêt supérieur au sien ou à celui de relations diplomatiques. Tandis qu’il faisait face aux gardes Elfes, il ressentit une chaleur de plus en plus importante traverser son armure et caresser son dos, alors qu’une lueur jaune-orangée se répercutait sur les murs, les colorant d’une teinte inédite jusque-là.

Amy se retourna, et fut ébloui par l’éclatante lumière dégagée par l’œuf. On aurait dit un Soleil miniature, un morceau de l’astre de feu s’étant décroché de celui-ci pour venir illuminer les endroits où la lumière de l’étoile ne parvenait pas. La chaleur et la lumière sont sources de vie. Et effectivement, sous ses yeux, « naissait » un nouvel être ; un représentant de la plus noble race qui puisse exister de par le monde. Un seigneur du ciel, un sage parmi les sages, un pilier de la magie Armandéenne : en un mot, un Dragon.

La Lame était captivée par le spectacle qui se déroulait sous ses yeux, et n’osait bouger, de peur de rompre un fragile enchantement. L’éclosion d’un Dragon n’était pas comme celle d’un quelconque ovipare. Même pour lui qui n’était qu’un novice dans les arts d’enchantement, il pouvait sentir la puissance magique qui faisait gonfler l’atmosphère autour du nouveau-né. C’était comme si des fils invisibles s’assemblaient un à un pour restaurer une vieille tapisserie et lui redonner sa splendeur passée, comme si le Destin était lui-même modifié à jamais.

Puis, alors que tout redevenait normal, Amyelenor commençait à ressentir une sombre crainte ternir son esprit. Pouvait-il avoir brisé l’œuf en appuyant sa main dessus ? Ces inestimables œuvres d’art naturelles n’étaient-elles pas censées être plus solides, être indestructibles ? Même issu de la noblesse, Amy n’était qu’un soldat, et n’avait rien de particulier qui aurait pu le désigner comme un Elu.

Seulement… Seulement, le regard que posait ce petit être sur lui ne pouvait signifier qu’une chose. Dans ses yeux d’or en fusion se lisait une sorte de… De reconnaissance, comme pour lui dire qu’il était… Qu’il était quoi, au juste ? Un Dragonnier ne pouvait sans doute pas remplacer les parents de son Dragon, mais était-il considéré comme un membre de sa race aux nombreuses différences par celui-ci ?

Alors que le soldat commençait à accepter, petit à petit, le fait qu’il n’avait pas maladroitement brisé l’œuf, mais qu’au contraire son occupant l’avait choisi, d’une manière ou d’une autre, il ne voyait rien pour l’aider à savoir comment agir. Amyelenor était complètement dépassé par les événements, pour le coup. Il jeta un coup d’œil en arrière, dans l’espoir que ceux qui voulaient l’arrêter accepteraient de l’aider, mais il eut la surprise de les trouver agenouillé dans leur direction, comme lui-même l’aurait fait devant son Empereur. Et ceux qui arrivaient ne sembler pas plus pressés que cela de lui prodiguer leurs conseils

Amy reporta son attention sur le petit… Le robuste petit, car celui-ci semblait être déjà imposant pour son si jeune âge, et fit quelques pas dans sa direction. L’épéiste se rendit compte qu’il avait retenu sa respiration durant tout ce temps, et expira enfin. Tout s’était enchaîné si vite ces derniers temps. Sept mois plus tôt, il intégrait à peine les Lames Noires et, aujourd’hui, voilà qu’il se retrouvait avec un Dragon. Tant de changements, en si peu de temps.

L’Humain tendit les mains devant lui, et saisit délicatement la jeune créature ailée, dont il pouvait sentir le puissant cœur battre à travers sa cuirasse d’écailles. Il fut surpris de son poids : il s’était attendu à quelque chose de beaucoup plus léger, même s’il avait déjà une taille assez importante. Le portant telle une précieuse relique des temps anciens, tel un précieux trésor immémorial, Amy l’amena à hauteur de ses yeux, mêlant son souffle ardent au sien, et plongeant son regard dans l’océan doré qu’étaient ses globes oculaires.

Ce contact physique et visuel activa quelque chose dans dans sa mémoire. C’était comme s’il se rappelait quelque chose qu’il avait appris très tôt, mais qu’il avait rapidement oublié. Une résurgence d’un passé depuis longtemps disparu. Des lettres semblaient inscrites en lettres de feu au plus profond de son âme, et brillaient tel un phare au milieu d’une tempête nocturne, guidant sa conscience à travers les méandres tortueux de son esprit. Elles étaient six, et formaient un nom. Le nom de celui qu’il tenait dans ses paumes.



« Atalos… Alors comme ça, tu es celui à qui mon âme est mêlée… »


Amyelenor regarda le dragonnet, et lui fit un clin d’œil avant de toucher son museau de son nez. Il était toujours sous le choc de ce qui lui arrivait, mais il se sentait plus serein, maintenant qu’il avait prononcé son nom, comme si cela avait chassé l’obscurité qui régnait dans son esprit, jusqu’alors. Egalement naissait une sorte de sentiment profond, sur lequel il ne pouvait encore mettre de nom, mais tout en sachant qu’il était déjà plus qu’attaché à ce petit être.


« Atalos, tu as nom de Roi, mon grand. »
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MessageSujet: Re: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeVen 21 Déc 2012 - 17:10

A mesure que les secondes s'écoulaient, le petit dragon se familiarisait avec son nouvel environnement. Atalos cligna des yeux, sa vue se précisait de seconde en seconde. L'endroit dégageait un charme particulier, rien de ce qu'il voyait ne lui était vraiment connu, mais l'architecture si particulière des constructions elfiques permettait au jeune dragon de faire le lien avec la Nature.
Ses poumons aspiraient et expiraient de larges goulées d'air frais, chargées de molécules odorantes que le dragonnet analysait, classifiait et enregistrait. Quelque part dans les méandres de son cerveau étaient stockées les senteurs des forêts de l'ouest d'Armanda, aussi pût-il associer au parfum de l'air l'image d'une vaste étendue boisée.
Sa compréhension du lieu où il se trouvait était encore largement incomplète, mais cela lui suffirait pour l'instant.

Atalos reporta son attention sur les êtres qui l'entouraient et plus particulièrement sur celui qui lui faisait face. Le dragonnet l'étudia des pieds à la tête. A la fois semblable mais étrangement différente de celles qui se tenaient agenouillées autour d'eux, plutôt petite d'un point de vue de dragon et se tenant debout sur ses pattes arrières, la créature semblait dotée d'une carapace sombre, probablement destinée à la protéger des prédateurs. Sa tête en revanche était dépourvue de protection extérieure et arborait une fourrure claire.


L'être s’avança et tendit les bras vers Atalos. Parfaitement détendu, ce dernier le laissa faire. Le contact chaud et doux des mains de la créature sur la peau écailleuse du dragonnet éveilla en lui une étrange sensation. Comme lorsqu'il avait éclot, l'esprit du jeune dragon fût noyé dans une déferlante d'images et de sons, des paysages, des animaux, des constructions, des cris, des voix, des mots, mais aussi des humains, beaucoup d'humains et d'autres créatures dénommées elfes ou encore vampires. L'avalanche d'informations qui submergea le jeune dragon lui donna le vertige au point que le dragonnet dû prendre sur lui pour dominer son esprit et retrouver ses facultés.

Cet humain avait décidément beaucoup à lui offrir mais le dragon aurait besoin de temps, de beaucoup de temps, pour tout assimiler.
Atalos venait à peine de se remettre de ce choc spirituel lorsque Amyelenor, puisque tel était son nom, le souleva. Le dragon d'or sentant se dérober le sol sous ses pattes esquissa instinctivement quelques maladroits mouvements d'ailes mais la douceur des gestes le rassurèrent rapidement et il se laissa porter.

Finalement, les yeux aux reflets d'or du dragon se plongèrent dans les pupilles de celui qui l'intriguait tant. De toute évidence, l'esprit de son vis-à-vis était en proie à un savant mélange de bonheur, d'étonnement et d'inquiétude, saupoudré d'un zeste de soulagement et peut-être même d'une pointe de fierté.

« Atalos… Alors comme ça, tu es celui à qui mon âme est mêlée… »

Atalos, le nom avait été prononcé d'une voix tendre et chaleureuse. Oui, c'était bien là le nom qui lui avait été attribué. Amyelenor s'approcha encore, jusqu'à le toucher du bout du nez. Les deux liés restèrent un instant dans cette position. Le regard plongé dans celui de son nouvel ami, Atalos se sentait étrangement serein. A bien y réfléchir, cette sensation était pour le moins incongrue, il venait de naître, loin de ses parents, loin de ceux de son espèce, en présence d'inconnus et dans un lieu qu'il ne comprenait pas vraiment mais il ne s'inquiétait pas. Un instinct ancestral lui dictait qu'aussi longtemps qu'il resterait avec cet humain, il serait en sécurité, comme il l'aurait été auprès de ses parents.

« Atalos, tu as un nom de Roi, mon grand. »

* Un Roi ? Mais de quoi s'agit-il ? *

Le dragonnet cligna rapidement des yeux et laissa échapper un couinement de surprise. Se pouvait-il que ? L'étincelle qui illumina son regard et le sourire qui se dessina sur le visage de l'humain ne laissait que peu de place au doute : il l'avait entendu penser. Quelque part dans son subconscient, Atalos se savait doté de ce pouvoir, il l'avait plus ou moins déjà utilisé alors qu'il n'était encore qu'un oeuf choyé par ses parents.
Mais il ignorait que ce pouvoir pouvait également s'appliquer à des créatures différentes des dragons, et ce qui intriguait d'autant plus le dragonnet était le fait qu'il ait utilisé la télépathie naturellement, comme s'il s'était adressé à un autre dragon.

Alors qu'Amyelenor ouvrait la bouche pour répondre au dragonnet, une voix sage mais autoritaire le coupa dans son élan :

« Ainsi donc, c'était vrai. L'oeuf a éclos.»

Atalos redressa la tête, cherchant du regard la provenance de la voix. Au fond de la salle, des bipèdes correspondant au signalement de ce qu'il avait compris comme étant des elfes se tenaient dans l'embrasure de la porte.

L'un d'eux, vêtu différemment des autres, tenait son bras levé, paume ouverte vers le dragonnet, c'était lui qui avait parlé. L'elfe observa attentivement le dragonnet, toujours niché dans les bras d'Amyelenor. Atalos n'apprécia que modérément l'oeil inquisiteur de l'elfe et enfouit tant bien que mal son museau dans la chevelure de l'humain en grommelant.

L'elfe reprit de sa voix calme :

« Mon enfant, vous comprendrez que nous allons avoir des choses à nous dire.»




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MessageSujet: Re: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeDim 23 Déc 2012 - 23:48

C’était une sensation étrange que d’entendre une voix à l’intérieur de sa tête. Ordinairement, ses oreilles, comme pour tout être vivant, captaient les vibrations de l’air, lesquelles étaient retranscrits en signaux par le cerveau. Or, là, c’était comme si on avait court-circuité cet organe sensitif pour que lesdits signaux arrivent directement formés à son cerveau. C’était vraiment une expérience particulière : il avait l’impression que quelqu’un se trouvait sous sa boîte crânienne et lui parlait. Cela provoquait une sorte de résonance, aussi, une voix au tintement de cristal en arrière-plan.

Amyelenor ignorait comment cela pouvait fonctionner dans le sens inverse, mais déjà ses traits s’illuminèrent à l’idée de pouvoir communiquer avec le Dragon. Pour le moment, il s’adresserait à lui oralement, de la voie normale, mais par la suite, une fois qu’il aurait saisi la méthode, il pourrait lui aussi lui parler sans un bruit. Et puis… Ce devait être sacrément rapide, comme moyen de locution.

L’Humain allait répondre à la question du petit être, mais quelque chose, ou plutôt quelqu’un, l’en empêcha. La personne qui parlait avait une voix chantante, comme celle des Elfes, mais le ton employé, bien que doux, ne laissait aucun choix au soldat. C’était une voix sans âge, naturellement chargée d’une certaine forme de fermeté. Cet homme, enfin cet Elfe, n’avait pas besoin de hausser le ton pour se faire obéir.

De même qu’Atalos dirigea son museau vers l’origine de la voix, Amyelenor se retourna et observa l’Elfe en question. Il ne portait aucunement l’armure Elfique, mais plutôt une sorte de complexe toge vert et or. Assurément ce devait être un personnage important, sans doute un Membre du Conseil, même s’il ne le connaissait pas. L’inconnu ne les quittait pas du regard, surtout son Lié, lequel n’avait pas l’air d’apprécier puisqu’il vint se fourrer dans ses cheveux en… Se pouvait-il que le dragonnet, à peine éclos, râle déjà ? Amy retint un sourire – ce qui aurait pu être mal interprété par le sage et les gardes – mais s’étonnait que l’ailé fasse déjà montre d’un caractère ronchon ; mais bon, peut-être était-ce dû à la fatigue de l’éclosion. Amusé, le soldat grattouilla un instant sa peau d’écailles.



« Je m’en doute, Maître Elfe. Je ne m’attendais vraiment point à cela, comme tout le monde ici, sans doute, et j’avoue être quelque peu dépassé par la tournure qu’ont pris les événements. »

« Cela peut se comprendre, mon enfant. Je suis Lómemir Silmandor, du Conseil Impérial. »

« Enchanté, Maître Silmandor. Je suis Amyelenor Farkstein, Lame Noire de Sa Majesté l’Empereur Gregorist Kohan. Et voici Atalos, fier représentant de la race Draconique. »



Lómemir les invita à le suivre, et les deux Liés traversèrent plusieurs ponts suspendus avant d’arriver sur une nouvelle plateforme, plus petite, dégageant une aura plus intime. Durant tout le trajet, Amyelenor s’était demandé comment installer confortablement Atalos sur lui, craignant qu’il ne glisse sur les plates de son armure s’il le mettait sur son épaule. Il avait finalement décidé de le garder aux bras, comme s’il portait un nourrisson. Plusieurs fois il avait failli trébucher et tomber dans le vide, comme son regard se portait sans cesse sur le Dragon. Les lumières se reflétaient sur la moindre de ses écailles, transformant Atalos en une nébuleuse d’étoiles d’or toutes plus scintillantes que les autres.


« Tu es vraiment magnifique… Je suis sûr que tu vas avoir un succès fou, mon grand. »


La Lame lui adressa un clin d’œil, pur réflexe Humain de sa part, car il ignorait totalement si les Dragons avaient un équivalent pour ce geste. Ah ça, sûr qu’il aurait beaucoup de choses à apprendre sur eux, que ce soit par l’intermédiaire des Elfes, qui devaient avoir nombre de connaissances sur eux, que par celui de son Lié, avec qui il vivrait chaque jour que le Dracos ferait.

On les fit asseoir sur ce qui ressemblait étrangement à des chaises basses et larges en osier, bien qu’il ne s’agissait pas du tout de ce bois-là. Amy posa délicatement le dragonnet sur un coussin, lui-même surmontant ses genoux. Il aurait bien aimé pu enlever son armure, mais cela aurait été malvenu qu’il le fasse remarquer.



« Dîtes-moi, jeune Farkstein. Que savez-vous des Dragons ? »


La question prit l’épéiste au dépourvu. Tout ce qu’il savait sur cette race et sur les Dragonniers provenait de livres d’histoire et de légendes, mais les ouvrages qu’il avait pu consulter lui avaient toujours donné l’impression d’être incomplets. L’Humain plongea ses yeux dans ceux d’Atalos, y cherchant de l’inspiration, mais il se noya plus dans cet or liquide qu’il ne trouva une réponse.


« Sur les Dragons en général, mes connaissances sont pleines de lacunes. Mais sur celui-ci en particulier, Atalos… Eh bien, j’ai l’impression qu’il s’agit d’une part de mon esprit… Plutôt une sorte de fusion. Je veux dire… C’est encore récent, et c’est encore un peu le désordre à l’intérieur de moi-même, mais je sens clairement quelque chose qui n’est pas moi, sans m’être étranger ; quelque chose qui est moi, sans être mon esprit conscient… »


[HRP : Si tu veux que je change quelque chose, n'hésite pas à me le dire Wink ]
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MessageSujet: Re: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeJeu 27 Déc 2012 - 12:05

Le museau toujours dissimulé sous les cheveux de son dragonnier, Atalos se contentait d'écouter paisiblement les présentations d'usage. La voix d'Amyelenor était empreinte de respect, celle de l'elfe dénommé Lómemir Silmandor gardait cette intonation autoritaire qui n'était pas vraiment du goût d'Atalos.

Lorsque l'elfe leur demanda de les suivre, Atalos redressa instinctivement la tête, dévorant du regard les majestueux décors qu'ils traversaient. Les arbres semblaient ne faire qu'un avec les constructions elfiques. Partout où son regard se posait, Atalos ne voyait qu'une parfaite symbiose entre la Nature et ce qu'en avaient fait les Elfes. L'impression de grande beauté qui se dégageait de cet environnement était vraisemblablement le fruit de cette symbiose.

Pendant qu'ils empruntaient les ponts suspendus, Atalos pouvait admirer le plafond végétal que formait la canopée, percée des timides rayons du soleil automnal. Visiblement gêné par son fardeau, Amyelenor avançait maladroitement. Atalos hésita un instant à lui proposer de le poser à terre, mais il se ravisa lorsqu'il comprit que l'humain n'était pas tant gêné qu'en pleine admiration de son nouveau compagnon.

Alors que son lié le complimentait, le dragonnet remarqua le rapide mouvement de l'oeil que l'humain avait exécuté. Cela faisait la deuxième fois qu'Amyelenor se livrait à cet exercice dont Atalos ignorait la signification. Par deux fois cependant, il avait remarqué que le geste était accompagné d'un sourire et d'une lueur pétillante dans le regard, ce qui lui permit d'associer ce geste à un comportement de sympathie ou de bonheur, à moins qu'il ne s'agisse d'un geste destiné à rassurer le dragonnet ?
Atalos n'osa pas se risquer à demander des explications par télépathie, craignant de surprendre Amyelenor et de le faire chuter, aussi se contenta-t-il d'essayer de reproduire le geste, ne parvenant qu'à rapidement cligner des deux yeux simultanément.

Le dragonnet en était encore à s'exercer lorsqu'ils arrivèrent à destination. Elfes, humain et dragonnet s'installèrent confortablement. Alors qu'Amyelenor tentait de mettre des mots sur ses émotions, Lómemir leva la main pour apaiser l'humain, affichant sur son visage un sourire amical, et d'une voix qu'il s'efforça d'être rassurante répondit :

« Ne vous inquiétez pas, cette sensation est parfaitement normale. Les liens qui unissent le dragon à son dragonnier sont d'une complexité telle que même nos plus grands érudits ne peuvent les comprendre parfaitement. Le temps seul vous permettra de mieux appréhender votre nouveau statut.

L'elfe laissa quelques secondes au dragonnier pour assimiler la nouvelle, c'était vraisemblablement la première fois que quelqu'un le qualifiait de dragonnier et cela devait lui paraître un titre inestimable, peut-être même la phrase de l'elfe avait-elle permit à Amyelenor de prendre véritablement conscience de sa nouvelle identité.

Lómemir posa ensuite les yeux sur Atalos. Finalement peu intéressé par la conversation, le jeune dragon d'or exerçait tranquillement ses mâchoires sur le coussin sur lequel il était installé. Sans se détourner du dragonnet, l'elfe poursuivit, imperturbable :

« La première chose que vous devez savoir à propos des dragons est qu'ils sont intimement lié à la magie. Ils sont elle, et elle est eux. Un dragon est un véritable concentré de magie d'une exceptionnelle pureté et à ce titre, ils sont les êtres les plus précieux au monde.

Amyelenor Farkstein, Atalos vous a désigné, vous et vous seul, comme son âme soeur. Au cours des mois, des années et des siècles à venir, votre existence ne devra avoir pour seul but que de prendre soin de votre dragon. Il vous appartient de le guider dans la vie, de veiller à son développement et d'assurer sa sécurité. Au besoin, vous donnerez votre vie pour lui, car il n'hésitera pas donner la sienne pour vous.»


Après une nouvelle pause, Lómemir reprit :

« Vous n'êtes pas sans savoir que nous vivons une période de troubles, votre tâche n'en sera que plus ardue mais sachez, dragonnier, que si le peuple Elfe sera prêt à vous soutenir en toutes circonstances, vous seul avez entre vos mains le destin d'Atalos. »

L'elfe avait légèrement durcit le ton de sa dernière phrase, reprenant une voix plus autoritaire. De toute évidence, il eût préféré qu'Atalos éclose pour un elfe plutôt que pour un humain mais puisque le dragonnet en avait décidé autrement...

Radoucissant sa voix, l'elfe détourna les yeux du dragonnet qui s'émerveillait du spectacle des plumes s'échappant du coussin éventré et virevoltant sous son souffle pour les reposer sur Amyelenor.

« Avez vous des questions ? »
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MessageSujet: Re: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeDim 30 Déc 2012 - 0:32

Amyelenor se sentit à peine rassuré de savoir que c’était normal, qu’il finirait par s’habituer aux mouvements actuels de son esprit. Non pas que le changement l’effrayait, mais c’était surtout qu’il ne savait plus où il en était, à tous les points de vue. Hier encore, il chevauchait un cheval en direction de la Forêt Elfique, escortant un dignitaire Impérial, et aujourd’hui, voilà qu’il se retrouvait avec un Dragon sur les genoux, face à un Elfe que son rang n’aurait jamais permis d’approcher. Et celui-ci l’appelait « Dragonnier », un titre que seuls certains de ses ancêtres avaient porté, parmi un faible nombre d’Humains.

Sa main caressait doucement le long cou et le corps recouvert d’écailles d’Atalos, tandis qu’il réfléchissait aux paroles de Lómemir. Ses pensées erraient également vers l’esprit du dragonnet, effleurant la surface de sa conscience tel le futile contact des doigts sur une bulle d’air qui n’éclaterait jamais. Par ce geste mental, il voulait faire comprendre au petit être qu’il l’acceptait totalement, qu’il lierait son âme à la sienne. Un vœu que rien ne pourrait briser, pas même la mort.

Donner sa vie pour lui ? Il y a peu, quelqu’un lui aurait dit de mourir pour un autre que l’Empereur, il aurait regardé d’un air hautain la personne en lui rappelant ce qu’il était : un garde personnel du souverain Humain. Mais la venue d’Atalos dans sa vie avait modifié cette manière de penser. Oui, il n’aurait aucun regret à se sacrifier pour son Dragon, à donner sa vie en échange de la sienne. Les liens de l’âme sont plus forts que les liens de sang.

Ne sachant comment communiquer des phrases par la pensée, Amy se contenta de la tentative de transmettre l’image d’une cheminée de pierre dans laquelle brûlait joyeusement un feu, réchauffant l’intérieur d’un salon protecteur au sol recouvert de tapis. Le soldat, par le biais de cette vision, essayait de dire au Dragon qu’il n’aurait pas à se soucier de sa sécurité, que où qu’il serait, Amy serait à ses côtés pour le protéger. Ce n’était peut-être pas la meilleure des illustrations pour ce qu’il voulait dire, mais pour lui, c’était une parfaite estampe de chaleur et de sûreté, une sorte de nid douillet où rien ne pouvait nous atteindre.

Amyelenor saisit une des plumes qui volaient devant lui, et la fit tourner devant ses yeux, avant de baisser ceux-ci sur l’origine de leur apparition. Au moins, Atalos avait de sacrés dents, il fallait en convenir. Il espérait juste que les Elfes ne tenaient pas trop à cet ornement… Le coussin était de très belle facture, ce qui était superflu à préciser vu qu’il s’agissait d’un objet fait par le Beau-Peuple, mais il n’était désormais plus qu’un… Qu’un réservoir à plumes. De la main qui tenait l’une d’entre elles, le soldat chatouilla le museau du dragonnet qui regardait leur vol lent et poétique.


« Mon petit Atalos… Essaierais-tu de me dire que tu as faim ? »


Lui chuchota-t-il. Mais il n’eut pas le loisir de le regarder ni de le titiller plus longtemps, Lómemir se raclant la gorge pour se rappeler à eux. Et effectivement, Amy avait quelque peu ignoré sa dernière question. Eh bien, on pouvait dire qu’il enchaînait les fautes de comportement et les manquements aux règles de politesse Elfiques. Si cela arrivait aux oreilles aux spécialistes des questions de protocole qui vivaient au Palais Impérial, ceux-ci s’arracheraient les cheveux. Amyelenor s’éclaircit la gorge d’un air gêné, et reporta son attention sur son interlocuteur.


« Ahem, excusez-moi, Maître Silmandor… En vérité, j’ai beaucoup de questions, mais je suppose que pour la plupart, les réponses viendront d’elles-mêmes, au fil du temps et du renforcement de notre lien. Et sans doute que pour d’autres, Atalos sera plus à même de me répondre que vous, sans vouloir vous vexer, Maître. Je sais que les Elfes ont un immense savoir sur les Dragons, mais qui mieux que l’un d’entre eux peut me parler d’eux ? »


Aie, et deux gaffes enchaînées coup sur coup. Il s’était rendu compte de son erreur au moment où celle-ci sortait de sa bouche, et il en avait commis une deuxième en essayant de se rattraper. S’il eût entretenu quelques illusions quant à une reconversion, Amy sût qu’il ne se serait jamais dirigé vers la diplomatie : il manquait beaucoup trop de tact pour cela.


« Vous avez raison… Néanmoins, comme je vous l’ai dit, si vous agissez pour le bien du Dragon qui s’est lié à vous, nous-mêmes n’hésiterons pas à vous aider, vous guider lorsque la voie deviendra sombre. »

« Cependant, Maître Silmandor, si les Dragons sont si importants pour la magie d’Armanda, qui donc pourrait souhaiter leur disparition ? Je comprends que le devoir d’un Dragonnier soit de s’en occuper et de veiller sur lui comme… Non, plus que la prunelle de ses yeux, mais contre quel être noir les protéger ? Toutes les races du continent ont besoin de la magie de cette terre, alors qui aurait l’intérêt – et quel intérêt, également – de briser ces… Ces piliers ? »

« Dragonnier Farkstein, vous êtes un militaire. Je pense qu’il est inutile de vous dire que certains actes sont parfois dénués de la plus simple logique. Lorsqu’il y a une guerre, certains camps sont prêts à tout pour remporter la victoire, même si cela demande d’immenses et désastreux sacrifices. Il se peut qu’un jour Atalos soit la cible d’un de ces actes impies. Aussi il vous faudra être prêt. Le serez-vous, jeune Farkstein ? »



Amyelenor regarda tour à tour Atalos et le Conseiller. Lorsqu’il avait assisté à la rencontre entre l’Elfe Eliwyr et la Princesse Esmelda, il avait appris qu’un Dragon avait été tué. Sur le coup, comme maintenant, il ne comprenait pas comment l’on pouvait en arriver à de telles extrémités, même pour un triomphe, qui ne manquerait pas de se colorer du sang de l’être majestueux déchu.


« Je serais prêt, Maître Silmandor. Tout comme j’ai fait vœu de protéger mon Empereur, je fais vœu de protéger de ma vie mon Lié… Mais dîtes-moi, à part de la viande, que mange un Dragon ? »


Il est vrai que cette question brisait la solennité du moment, mais celle-ci commençait à lui prendre la tête. Amyelenor voulait bien protéger Atalos contre les dangers extérieurs, mais s’il ne savait pas le nourrir, cela ne ferait que déplacer le problème. L’Elfe le regarda d’un air impénétrable, puis soupira et se leva, l’invitant à faire de même. Amy décolla le Dragon de ce qui restait du coussin, et le remit au creux de ses bras, avant d’emboîter le pas à Lómemir qui, espérait-il, se dirigeait vers l’équivalent Elfique des cuisines.


Dernière édition par Amyelenor Farkstein le Mar 1 Jan 2013 - 14:48, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeLun 31 Déc 2012 - 14:24

Amyelenor avait posé Atalos sur un coussin douillet, tissé d'une précieuse étoffe et brodé de fils d'or, le coussin était un chef d’œuvre de l'art elfique. Alors que l'elfe et l'humain discutaient, Atalos huma doucement le parfum du coussin. L'odeur qui s'en dégageait évoqua au jeune dragon l'image de vastes prairies couvertes de fleurs.
Cependant, la texture du velours sous ses pattes intriguait le dragonnet. La sensation qu'évoquait le contact avec une matière si douce et soyeuse ne faisait pas partie des souvenirs que lui avaient transmis ses parents et, pour cette raison, ne lui était pas familière. Gueule légèrement entrouverte, le dragonnet effleura la surface du coussin avec la langue mais ne décela aucun goût particulier. De plus en plus intrigué, le dragon d'or caressa le coussin avec l'une de ses pattes. L'objet était mou et semblait contenir quelque chose. La soif instinctive d'apprentissage et la curiosité naturelle du dragonnet prirent rapidement l'ascendant sur toute autre forme de raisonnement. Accentuant la pression qu'il exerçait sur le coussin, Atalos finit par percer l'enveloppe de tissus avec l'une de ses griffes. Une petite plume à la blancheur immaculée s'en échappa et s'envola lentement. Ravis par le spectacle de la plume virevoltant dans les airs, le dragonnet se montra plus insistant et attaqua son nouveau jouet plus fermement. Il saisit un repli de l'étoffe entre ses crocs puis tira la tête en arrière, déchirant le tissus sur plusieurs centimètres et libérant d'autres plumes identiques à la première.

Alors que le jeune dragon s'émerveillait du spectacle des plumes virevoltant devant lui, il ne put retenir un éternuement lorsqu'Amyelenor vint lui chatouiller les narines avec l'une des plumes. Cela n'avait été qu'un bref sursaut de la tête accompagné d'un jappement réflexe, mais cela avait suffit à le ramener à la réalité présente.

« Mon petit Atalos… Essaierais-tu de me dire que tu as faim ? »

Le dragonnet leva les yeux vers son lié. Celui-ci le regardait toujours avec la même douceur, la même chaleur et le même amour. Malheureusement, leurs regards ne firent que se croiser à cause de l'intervention de Lómemir. Décidément, cet elfe commençait sérieusement à agacer le petit dragon qui ne put que se féliciter de la réponse de son lié, au point de laisser échapper un * Et toc ! * télépathique.
Atalos grogna. C'était la deuxième fois qu'il avait recours à la télépathie involontairement. L'elfe avait-il lui aussi perçu la pensée du dragonnet ? Apparemment pas, ou si cela avait été le cas, celui-ci reprenait sa discussion avec l'humain en ne laissant rien transparaître. En l’occurrence, il importait bien peu au dragonnet que l'elfe ait pu capter ses pensées, mais cela aurait vraisemblablement placé Amyelenor dans une position inconfortable vis-à-vis de son interlocuteur, aussi le dragon se promit-il de travailler à ce que cela ne se reproduise pas.


Laissant là son raisonnement, Atalos redressa la tête lorsque son dragonnier laissa échapper les mots « viande » et « mange ». Le jeune dragon d'or n'avait rien avalé depuis son éclosion et si le spectacle offert par le coussin se vidant de ses entrailles duveteuses s'était avéré des plus divertissant, cela ne nourrissait pas un dragonnet.

L'elfe se leva finalement, invitant l'humain à faire de même, et le petit groupe se remit en route. Portant toujours le dragon d'or dans les bras, Amyelenor avançait d'une démarche à peine plus assurée que la première fois.

Ils traversèrent de nouvelles passerelles et atteignirent bientôt une large plateforme nichée au creux d'un arbre immense. Les parois de l'arbre formant les murs de la pièce étaient délicatement décorées, de larges étoffes de tissus semblaient courir sur tout le pourtour de la plateforme. Solidement accroché au plafond, un grand lustre dont on ne pouvait dire s'il était fait de métal ou de végétal surplombait une grande et lourde table de chêne trônant au centre de la pièce. Tout autour de la table se tenaient des sièges plus ou moins élaborés mais tous parfaitement ciselés. L'ensemble dégageait un curieux mélange de luxe et de simplicité.

L'elfe les mena à l'autre extrémité de la pièce où se trouvait une table basse, plus petite mais non moins travaillée, sur laquelle d'autres elfes disposaient divers mets. Il y avait là un festin que n'eut renié un Roi : volailles, gibiers, poissons mais aussi des corbeilles débordant de fruits et légumes multicolores.

D'un signe, Lómemir indiqua au jeune dragonnier de poser son dragon sur le sol. Après un bref instant d'hésitation, ce dernier s'exécuta. C'était la première fois depuis qu'il l'avait pris dans ses bras à la sortie de l’œuf, qu'Amyelenor et Atalos rompaient le contact physique. Il y eut un instant de flottement lorsqu'Atalos perdit la sensation des mains de son dragonnier sur ses écailles, mais Amyelenor rassura bien vite son compagnon d'une caresse accompagnée d'un sourire et d'un nouveau clignement de l’œil auquel le dragon répondit plutôt maladroitement.

Comprenant qu'Amyelenor souhaitait le voir manger, le dragonnet s'approcha des victuailles installées à son intention. C'est à ce moment que l'elfe reprit la parole :

« Voyez vous, dragonnier, à bien des égards les dragons n'ont rien de commun avec les animaux. S'il est facile de classer les animaux comme herbivores ou carnivores, les dragons ne suivent pas de règle aussi générale. Chacun possède ses propres goûts, son propre régime alimentaire et il vous appartiendra de vous y adapter. »

Sous le regard à la fois curieux et amusé de son lié, Atalos huma le parfum envoûtant de la nourriture et se dirigea instinctivement vers les plats de viandes. Il dévora rapidement la volaille et une bonne partie du gibier avant d'attaquer le poisson. Ses crocs ne lui permettant pas vraiment de mâcher, Atalos arrachait de gros morceaux de viande qu'il engloutissait tout rond. Bien cuite, les viandes se détachaient des os sans difficulté. Pour le poisson en revanche, Atalos n'avait pas encore la dextérité requise pour se débarrasser des arêtes mais le cartilage souple dont elles étaient composées ne résisterait pas longtemps aux acides de son estomac. Il avala donc le poisson en entier, ne délaissant que la tête qu'il abandonna dans le plat. Entre deux bouchées de viandes, le dragonnet avait bien reniflé les fruits et légumes mais il ne leur accorda pas davantage d'attention.

Finalement repus, le dragonnet revint vers son lié, lequel n'avait pas détourné les yeux du dragon pendant la durée de son repas.

« Il semble évident qu'Atalos éprouve une certaine préférence pour les viandes et le poisson. Si vous n'êtes pas encore familier de ces activités, je ne saurais trop vous conseiller de vous initier aux arts de la chasse et de la pêche. »

Sagement accroupi face à son dragonnier, Atalos finissait de nettoyer ses pattes antérieures à grands coups de langue, soucieux de maintenir ses écailles propres et évidemment de ne pas perdre une miette de son repas. Ce n'est qu'une fois satisfait de sa toilette que le dragonnet laissa échapper un long bâillement, gueule grande ouverte.
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MessageSujet: Re: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeJeu 3 Jan 2013 - 16:50

Amyelenor rigolait encore intérieurement du « Et toc ! » de son dragonnet, et se retenait à grand-peine de sourire. De manière ténue, il sentait que son Lié n’éprouvait pas une immense affection pour l’Elfe. Atalos venait à peine de naître, et il avait déjà ses têtes. Cette fois-ci, cette pensée faillit déclencher un fou rire, ce qui, mêlé à son habitude de marcher en regardant le Dragon, faillit les faire chuter des passerelles. Lómemir devait le prendre pour un fou.

Les autres représentants du Beau-Peuple qu’ils croisaient les regardaient avec un mélange de craint et de respect, certains s’inclinant sur leur passage, honorant l’éclosion d’un Dragon. Amy ne savait pas trop comment réagir : cela faisait longtemps qu’il avait quitté la compagnie des nobles pour celle des militaires, où il saluait ses supérieurs et s’agenouillait devant la Famille Impériale. Il n’avait pas l’habitude que ce soit à lui que l’on rende hommage, mais sans doute qu’avec Atalos, il devrait s’y habituer désormais. Aucun des deux Liés ne pourrait rester anonyme, à l’arrière. Le Conseiller Silmandor avait raison : ils seraient toujours sur le devant de la scène.

Le soldat perdait la notion des durées, dans cette Forêt. La lumière arrivait de manière étrange, et le temps lui-même semblait s’écouler différemment, un peu comme si le lieu se trouvait dans un autre plan du monde, un plan immémorial, que ses sens de mortels ne lui permettaient pas d’apprécier à sa juste valeur, lui imposaient une compréhension incomplète, comme s’ils étaient enfermés dans un étroit carcan de pierre. Atalos percevait-il le monde différemment, lui aussi ?

Leur guide les mena à travers les passerelles aériennes des habitations, les guidant à travers un véritable enchevêtrement ordonné d’une main de maître. Il ne semblait y avoir rien en trop, tout était parfaitement ajusté, à sa place. Même les plus belles constructions Humaines avaient des inepties architecturales, qui ne se retrouvaient pas ici ; et s’il y en avait, ce n’était pas son œil de militaire qui allait les lui révéler.

Ils arrivèrent enfin dans ce qui ressemblait à une salle de réunion, ou une salle à manger, vu les odeurs de nourriture qui y flottaient. Odeurs qui provenaient d’une table plus basse que la principale, sur laquelle étaient disposés des mets tous plus raffinés les uns que les autres. Amy fut toutefois surpris de trouver de la viande et du poisson, car, comme beaucoup, ils pensaient que les Elfes étaient, sinon totalement, principalement végétariens. Amyelenor regarda le Conseiller, pour avoir la confirmation qu’il s’agissait bien du repas destiné au dragonnet, et lorsque celui-ci acquiesça, il se pencha pour poser le petit être sur ses pattes, contre le parquet. Il eut un pincement au cœur en sentant la séparation physique de leurs deux corps, et le dragonnet lui-même ne semblait pas très rassuré.



« Allez, va te régaler, Atalos. Tout est pour toi. »


Le soldat le caressa en lui souriant, sourire qui s’élargit encore plus lorsqu’il vit la tentative de clin d’œil du Dragon. Amy le trouva extraordinairement craquant, et tout concentré sur lui, écouta à moitié l’Elfe, acquiesçant distraitement d’un hochement de tête à ses explications. Il était par contre ébahi de la quantité de nourriture que pouvait ingurgiter un si petit corps. Par le Dracos, où cachait-il tout ce qu’il mangeait ? Amy voulait bien croire que les Dragons avaient un appétit dévorant, mais à ce point… De même, voir son Lié avaler les arêtes des poissons, qui seraient capables de blesser n’importe quelle trachée Humaine, et peut-être même Elfique, comme s’il s’agissait de beurre l’inquiétait. Il se garda toutefois d’intervenir : le dragonnet avait l’air de savoir ce qu’il faisait.


« En effet, Maître Silmandor, je vais sans doute devoir investir dans du matériel. »


Le budget nourriture à prévoir serait très important, également. Mais après tout, à bien y réfléchir, vu la taille que doivent atteindre les Dragons, qu’ils mangent autant n’avait rien d’étonnant en lui-même, bien que cela restât impressionnant. Mais cela semblait rester un exercice épuisant pour son jeune âge, vu le bâillement qui retentit depuis le museau du petit dragonnet.

La Lame s’agenouilla devant son Lié, et le reprit dans ses bras. Il se tourna ensuite vers Lómemir, et lui demanda s’ils pouvaient se retirer dans un lieu calme pour que le dragonnet se repose. Celui-ci acquiesça, visiblement contrarié de ne pouvoir continuer à prodiguer ses conseils à l’Humain, et les amena dans une nouvelle pièce, un peu plus loin, constituée d’un lit et de quelques chaises. Amy aurait préféré retourner avec ses hommes, mais pour le moment, peut-être valait-il mieux attendre quelques heures au moins.

Le soldat posa le Dragon sur le lit, retira son armure dont il entreposa les pièces sur les chaises libres, et vint ensuite s’allonger à côté de son Lié, le prenant au creux de ses bras, et ne tarissant pas de caresses envers lui. Il essayait de lui envoyer au possible des ondes apaisantes, agréables, se demandant si cela fonctionnait, mais continuait quand même. Puis son corps chaud contre le sien finit par le faire glisser lui aussi dans une douce inconscience.



[HRP : A toi de voir si tu veux conclure, Ata ^^ ]
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MessageSujet: Re: Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Une Goutte d'Or dans un Océan d'Argent [Eclosion d'Atalos] TERMINE Icon_minitimeVen 4 Jan 2013 - 11:14

Dormir. Se reposer. Voila bien une bonne idée. Depuis sa naissance, le petit dragonnet avait dépensé beaucoup d'énergie, tant physiquement lors de l'éclosion, de sa séance de jeu avec le défunt coussin elfique ou encore pendant son repas, qu'intellectuellement, lorsque son esprit et celui d'Amyelenor avaient fusionné pour la première fois ou encore pendant que son cerveau avait consciencieusement analysé, classifié, enregistré toutes les images que ses yeux avaient décryptées, toutes les odeurs que ses narines avaient reniflées, tous les sons que ses oreilles avaient captés et toutes les sensations que sa peau écailleuse lui avaient retransmises. Désormais, le dragon doré avait besoin de repos, cela lui assurerait une bonne digestion et à son réveil, ses batteries seront totalement rechargées.

A peine Atalos eut-il rejoint le cocon protecteur des bras de son lié qu'il avait déjà commencé à chercher la position la plus confortable, ailes soigneusement repliées, pattes recroquevillées contre son petit corps, yeux mi-clos. Mais alors que le dragon allait s'endormir, Amyelenor le déposa sur une large surface moelleuse qui évoquait sensiblement le coussin sur lequel Atalos s'était retrouvé plus tôt dans la journée. A n'en pas douter, cette grande surface était elle aussi remplie de ces magnifiques petites plumes à la blancheur éclatante, mais le petit dragon n'avait vraiment plus la force ni même l'envie de jouer.

Sentant à nouveau se dérober le contact, le dragonnet rouvrit en grand ses yeux d'or, cherchant son lié d'un regard vaguement inquiet. Il le retrouva facilement, Amyelenor s'était simplement reculé de trois ou quatre pattes et avait entrepris d'ôter sa carapace. Le jeune humain sembla s'amuser de la lueur perplexe et curieuse qui illuminait alors les yeux du dragonnet. Ce dernier ne s'était en effet pas attendu à ce que son dragonnier soit capable de se séparer de sa carapace. Une fois débarrassé, Amyelenor semblait nettement plus frêle et fragile, quoique son maintien se montrait plus assuré et sa démarche plus gracieuse. Etrange métamorphose qui n'en finissait pas d'intriguer Atalos, mais encore une fois, la fatigue l'empêcha de pousser plus en avant sa curiosité.

Le dragonnier vint rejoindre son lié et tous deux s'installèrent confortablement. Amyelenor ne se ménageait pas pour le rassurer et l'apaiser, au point que la respiration du dragonnet, lente et régulière, vint jusqu'à se synchroniser parfaitement avec celle de l'humain. Parfaitement détendu, le petit dragon sombra peu à peu dans l'univers cotonneux du sommeil.

Pour la première fois depuis des siècles, Atalos ne s'endormait plus seul.
Pour la première fois depuis des siècles, Atalos se sentait heureux.
Pour la première fois depuis des siècles, Atalos rêva.



Fin du RP
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