L’elfe poussa un hurlement déchirant quand la masse du Forgeron s’écrasa sur son bras droit. Et alors qu’il s’attendait à la voir se lever, elle resta figé sur son biceps. Blas s’approcha, d’un pas lent, sûr de lui. Il s’accroupit à côté de l’elfe, et le regarda dans les yeux, un grand sourire aux lèvres. Il n’allait pas le faire souffrir davantage, non. Mais rien ne l’empêchait de discuter avec lui un moment, surtout que ce serait les derniers mots que le pauvre entendrait. Il prit une grande inspiration, et commença.

Par où commencer… Il y a de cela… vingt ans si je me souviens bien, vous avez pillé un orphelinat, situé non loin de Caladon. Après avoir embarqué la majorité des ressources, vous avez décidé de ne pas vous limiter au bien, mais aussi de voler les enfants. Vous avez donc enlevé une dizaine d’enfants, c’est bien ça ?
Le guerrier approcha son visage du vaincu. L’elfe déglutit, puis approuva d’un bref mouvement de tête.

Vous avez ensuite séparé les enfants en deux groupes, pour brouiller les pistes… Très ingénieux. Quoi qu’il en soit, vous ne pouviez pas nourrir toutes ces bouches, et les faibles devaient être éliminé. Bien sûr, vous ne pouviez pas les tuer. Noooon, vous n’êtes pas des assassins, seulement des voleurs. Donc vous avez préféré laisser les enfants se battre à mort. Entre eux.
Il prononça ces deux derniers mots en soulevant légèrement la masse de forgeron. La peur pouvait se lire dans le regard de l’elfe, dont les yeux commençaient à virer au rouge.

Non, ne pleure pas, je n’ai même pas commencé lui fit remarquer l’humain en relâchant le marteau sur le bras de l’elfe, lui arrachant un second hurlement. Donc, je parlais des combats d’enfants. Une idée brillante, car le survivant serait entraîné et vous rejoindrais. Un atout de choix. Et ce fut là votre première erreur : parmi ces enfants, se trouvait un garçon et une fille, un frère et une soeur. Aussi bon guerrier l’un que l’autre, malgré leur jeune âge, tout deux survécurent. Mais comme vous ne vouliez qu’un survivant, et qu’ils refusaient de se battre, vous avez décidé de les épargner. Du moins, pour le moment.

Durant plusieurs années, vous les avez fait garder par deux membres de votre bande, afin de les faire travailler, de les endurcir, d’en faire de bons guerriers bien loyaux. Le garçon devint un homme fort et grand, la jeune fille, une belle femme. Depuis le début, vous évitiez de les laisser ensemble, à juste raison. Après une journée de pillage, dont une auberge, la bande fêta la prise du butin. Bien évidemment, le jeune homme et la jeune femme ne prenaient pas part aux fêtes. Tout au plus, ils avaient le droit à des restes, de quoi les nourrir assez pour être en forme.

Mais ce soir, la jeune femme fut invitée. Sa beauté faisait des envieux dans la bande, et quand on a trop bu, on oublie souvent que le chat est un prédateur. Elle fut emmenée dans une tente. Ses cris de désespoirs résonnèrent dans la nuit, glaçant le sang du jeune homme qui comprenait, impuissant, ce qui se passait. Cependant, les cris furent vite suivi de ceux des hommes avant que le silence ne s’installe. Bien vite, le corps de la femme fut amené, comme un avertissement. Elle avait résisté. Vous l’avez tué.

Il reprit son souffle et en profita pour faire le tour de l’elfe. Le sang coulait abondamment sur son visage, et son bras droit n’était plus qu’un amas de chair sous le lourd marteau du forgeron. Le reste de son corps était parsemé de plaies, plus ou moins profonde, qui tachaient de rouge sa tenue de cuir. Après s’être assuré que les jambes de l’elfe ne pourraient pas le porter, il souleva une nouvelle fois la masse et la posa juste à côté de la tête de l’elfe. Il posa ensuite un genou à terre, exténué par le combat qu’il venait de mener. Même si l’elfe n’était pas aussi fort que le jeune homme, il était cependant bien plus rapide et agile.

Blas avait surpris l’elfe au petit matin, alors que le soleil se levait à peine. Il suivit l’elfe depuis moins d’une semaine, mais ce dernier se savait observé, et donc avait redoublé de méfiance. Après s’être approché du campement, il s’approcha lentement de l’elfe qui dormait encore. Mais celui-ci devait l’avoir entendu car il se précipita sur son arme et fit face à son agresseur. Il para le coup de l’immense épée en la faisant glisser le long de son glaive. Il fit de même pour le second coup, ainsi que pour le troisième. Cependant, la puissance des coups commençaient à rendre douloureux les bras de l’elfe. Ainsi, au quatrième coup, il recula d’un pas, puis de deux, quand le cinquième coup arriva. Le guerrier enchaînait les coups, et l’elfe parait tant bien que mal. Mais les attaques commencèrent à se répéter, et l’elfe trouva une faille dans l’attaque. Il fit un moulinet du poignet, dévia l’épée de l’homme et enfonça la sienne dans le torse de l’homme. Malheureusement, il visa trop à droite et ne fit que lui planter l’épée dans de la chaire.

Tout en se remémorant comment il avait finit par vaincre l’elfe, en lui brisant les jambes avec son marteau, l’une après l’autre.
Quoi qu’il en soit, j’ai finis par réussir à m’enfuir, votre garde s’étant relâchée, vu que j’étais seul. J’ai donc fait ce que vous m’aviez appris depuis toujours : voler, survivre, tuer. Et maintenant, tu es le dernier en vie. Les yeux de l’elfe trahir la surprise puis la peur. Oui, tu es le dernier en vie de votre petite bande, qui ne sera bientôt plus… Dire que je n’ai pas apprécié cette partie de chasse serait faux, mais je dois admettre que désormais, je ne sais que faire. Chaque matin, je me levais avec un objectif… Je suppose que désormais, parmis tous mes buts, il ne m’en reste plus qu’un : devenir plus fort pour vaincre les adversaires qui se dresseront devant moi ! Et alors qu’il prononçait ces mots, il vit dans le regard de l’elfe, que la mort l’avait emporté.

Blas poussa un juron. La mort venait de lui refuser sa dernière vengeance. Après quelques instant, il commença à creuser la tombe de l’elfe. Et après l’avoir enterré, il reprit sa route, et se dirigea vers Caladon.