Ce matin qui s'était levé, ensoleillé, brillant, clair, semblait vouloir démentir l'atmosphère lourde qui pesait déjà sur ses épaules. C'était peut-être le pire, le dernier de sa vie, pourtant Matis ne devait pas se laisser aller au désespoir, ce n'était pas la première fois qu'il faisait face à une guerre et il avait confiance en ses hommes. Il les connaissait, bien même, n'avait jamais cessé d'entretenir avec eux ce lien pour que naisse avec lui une force qui les mèneraient jusqu'à la victoire. L'échec ne leur était pas permis et après la mort de leur roi, il se devait de défendre à tout prix sa régente, ses amis, ses propres convictions.
Il ne pouvait pas laisser l'empereur Glorien régner en tyran ici, jamais il n'aurait été capable de rester là à attendre et malgré son âge plutôt avancé, il n'avait rien perdu ni de son impatience, ni de ses capacités. Attendre lui semblait bien long et bien pesant lorsqu'il savait que le temps ne faisait que s'écouler et qu'une rupture allait bientôt s'amorcer alors que les troupes de leurs ennemis, déjà aux portes d'Aldaria, essayeraient de les enfoncer. Toute cette attente ne faisait que faire angoisser davantage les soldats et augmenter la tension qui planait déjà autour d'eux.

Alors il n'avait pas tenu et s'était hâté de monter jusqu'aux remparts pour se mêler parmi les sentinelles et constater les choses de lui-même, s'assurer que les soldats seraient prêts pour le combat qui les attendaient. Leurs regards étaient sombres, en colère, tristes, effrayés. Lui-même savait à quel point cela risquait d'être terrible, mais d'une démarche assurée il marchait et ne se laissait pas abattre, tentant par sa présence de les imprégner de sa force combative. L'empereur avait beau avoir déjà anéanti tous leurs alliés, même s'il ne restait aujourd'hui plus qu'eux, même si certains valeureux guerriers étaient morts et qu'ils n'étaient sans doute maintenant plus qu'une poignée, ils n'avaient pas encore perdu.
Sous ses yeux s'étendaient les lignes bien rangées de leur effroyable adversaire, sûrement déjà prêt depuis bien longtemps à donner l'assaut. Mais il n'avait pas peur, il avait avec lui sa fidèle épée et il savait ses hommes préparés, entraînés. Ils n'avaient pas de raison de perdre espoir, ils n'allaient pas se rendre sans s'être battus et puisqu'ils étaient aujourd'hui acculés, qu'ils avaient là avec eux tout ce qu'ils leur restaient et qu'une défaite signifierait tout perdre, y compris la vie pour la plupart d'entre eux, ils vibraient tous de cette force irrépressible, de cette ardeur qui leur donnerait l'énergie suffisante.

Son regard au loin, les dents serrées, sa main posée sur le pommeau de son épée, il ne souriait pas, mais guettait, concentré, les mouvements de l'ennemi. Les soldats eux-mêmes le rapportaient et il pouvait le constater simplement en voyant les rangs au loin s'agiter. Tous se préparaient, tant mentalement que physiquement à ce qui était désormais inéluctable. Bientôt, très bientôt ils allaient donner l'assaut.

Assiégés, ce ne serait pas le choc de deux armées, mais le combat n'en serait pas moins rude. Qu'importe ! Il était prêt. Ses mouvements étaient peut-être un peu plus lents qu'aux premiers jours de sa jeunesse, mais il avait avec lui son expérience, ses capacités de commandement. Alors qu'ils viennent ! Matis les attendaient et les arrêterait avec le tranchant même de sa lame.

Un regard céruléen observait les lignes ennemis. Comme Matis, ce regard ne se laissait pas abattre par la forte présence des lignes ennemis que l'empereur alignait face aux remparts de la cité d'Aldaria les assiégeant par un effectif militaire redoutable. Mais quand ces yeux se déportaient pour regarder chaque défenseur aldarien, ce n'était que pour voir le reflet de la peur, de l'angoisse et des doutes. Mais aucun n'était résignés. Ils s'étaient prêts à se battre. En eux scintillait encore la flamme de la détermination, de l'espoir. Elle brillait là dans les ténèbres de la crainte. Il fallait juste la raviver.

Elle posa ses mains sur le rebord froid et pierreux des remparts, fixant une fois encore l'adversaire qui se tenait là, dressant les armes pour répondre au désir insatiable de pouvoir et de conquête de leur empereur. La pierre paraissait froide et mordante au toucher, malgré ses paumes qui reposaient sur la texture granuleuse qui composait chaque morceau de cet rempart. Elle la serra de ses doigts, même ceux qui lui restaient de sa main droite. Non, Aldaria ne périra pas. Elle ne se rendra pas. Elle se battra ! Le jour où la peur la saisira... Non, ce jour n'était pas encore arrivé !

Une légère bise fit voleter quelques mèches à la blondeur fantomatique qui s'étaient échappées de sa longue tresse. Un regard observateur arriverait à déceler parmi elles la couleur grisée, marque du passage du temps. Mais en rien cela n'avait affecté sa volonté et sa détermination. Elle adressa un dernier regard à leurs ennemis et décida de descendre des remparts. Quelques soldats la saluaient d'un hochement de tête auquel elle leur rendit d'un sourire ou d'une tape sur l'épaule. Elle aperçut Matis, toujours fidèle à son poste et à voir son visage, sa hardiesse et sa détermination ne faisait aucun doute. Cela fut comme un baume sur le cœur, l'encourageant plus dans ce qu'elle préparait.

Le bruit de ses bottes résonnaient doucement dans le silence pesant des remparts quand elle entama la descente de l'escalier qui la mènera à la grande cour, celle qui se dressait devant la grande porte, ultime rempart entre la survie et l'annihilation. Un immense dragon la fixait, se tenait droit et fier, comme n'importe quel membre ailé de sa fière espèce. Elle le regarda, plongeant ses yeux azurés dans les siens. Nul mot, nul geste pour échanger ce qu'ils ressentaient chacun. Le Lien, ce don unique, était devenu puissant, qu'un rien, à peine un frémissement de pensées échangées suffisaient à bien des mots. Alkhytis, Dragon de Cuivre, attendait qu'elle vienne le rejoindre.

Elle gravit sa longue patte musclée pour se juger sur ses épaules puissantes. D'un coup d'un seul, le dragon déploya ses ailes et prit vivement son essor pour franchir le dessus des remparts. Il se posa juste devant les remparts, pour être bien vu des soldats debout aux remparts de la cité. Quelques murmures les parcoururent. Mais que faisait donc la Régente ? Pourquoi s'exposait-elle comme cela à l'ennemi ?

Luna fit quelques mouvements fluides de la main. Elle prit une longue inspiration. Même si n'y paraissait, elle sentait la pression de sa charge et percevait la morsure insidieuse de la peur. Oui, la peur était aussi présente pour elle. Mais elle se raccrochait à cette lumière vacillante que les ténèbres tentaient d'éteindre à jamais

Une voix cristalline repoussa le lourd silence, portée en puissance par la magie.

''Fils et filles d'Aldaria ! Mes frères ! Mes sœurs ! J'ai lu dans vos yeux la même peur qui ferait faillir mon cœur. Un jour peut venir où notre courage faillira, où nous abandonnerons, où nous préférons fuir, terrassés par la peur et rongés par la honte et le doute. Mais ce jour n'est pas arrivé ! Ce sera l'heure des épées brisées et des boucliers fracassés lorsque notre courage s'effondrera... mais ce n'est pas arrivé ! Aujourd'hui nous combattrons pour tout ce qui nous est cher ! Nos familles, nos enfants ! Notre cité ! ''

Son cœur battait fortement dans sa poitrine. Ses mains tremblaient à la forte émotion qu'elle ressentait à travers ses propres mots

''Ne craignez aucune obscurité ! La flamme de l'espoir est là en chacun de vous, n'attendant que votre volonté de vous battre pour se raviver. Tant qu'elle scintille, même dans l'obscurité certaine des ténèbres, même si elle apparaît vacillante, elle est là! Là et présente ! Tel le phare dans la tempête du désespoir, elle est le symbole que ce qu'on croit perdu est toujours là ! Il suffit d'y croire.
Fils et Filles d'Aldaria, haut les cœurs ! Que le fracas de vos lames soit le signe que le jour de notre fin n'est pas arrivé !

D'une pensée elle demanda à son lié de se tourner vers les troupes gloriennes. Elle leva la main et fit apparaître dans sa main Éclat, offerte par Korentin Kohan en personne bien des années en arrière. Sous le soleil, cette lame fin étincela, comme si elle-même représentait cette lumière avide de chasser les ténèbres que Luna avait évoquée dans ses paroles.

Ses yeux bleus azurés prirent la teinte de la dureté. Toujours Éclat brandi vers les cieux, elle cria en direction de l'ennemi :

''A mort ! ''

Face aux Gloriens, face à cet empereur trop ambitieux, elle haranguait les siens, pour les convaincre que le siège n'était pas la défaite ! Que le jour de la perdition n'était pas arrivé ! Ils pouvaient vaincre ! Il fallait y croire ! Et en se dressant face à l'ennemi, elle y croyait ! Sa propre flamme réchauffa tout son être.

Serait-ce la fin ?

Après avoir tout traversé, il en était là, les mains tournées vers sa poitrine, apputant sur la douce pierre des remparts, certains diront qu'elle est rugueuse, lui répondrait que les paumes de ses mains le sont plus. Là, au seuil de la mort, à l'aube d'un combat à l'issue incertaine... Oh, mais il en avait vu des pires... Que pensait-donc ce misérable "empereur" ? Qu'ils se laisseraient avoir sans combattre ? Qu'il suffirait d'un siège et d'un assaut pour le vaincre ? Ah ! Non, on élimine pas comme cela un homme qui voulait se battre, alors une armée toute entière... Cette décision ne dépendait pas que de lui, mais de tout les hommes présents sur les remparts avec lui, cela dépendait de leur courage, de leur capacité à vaincre leur peur. Mais au fond pour lui cela n'allait pas être difficile.

Ses cheveux d'un blancs purs flottaient dans le vent, cachant son visage meurtrit par la vieillesse qui revenait à la charge malgré les mesures prises pour l'endiguer, pour une fois que cette couleur de cheveux avait un sens... si tenté qu'ils ne soient pas devenus carmin à la fin de cette journée. Ses yeux déterminés fixaient l'horizon. Il se reconcentra sur ses pensées, et sur ses mains : il tentait de sentir cette pierre écorcher sa peau, mais rien. Elle était trop douce. Ses mains trop dures, ce n'était pas un problème, bientôt elles tâteraient du glorien, il ne fallait que vérifier si son épée n'était pas trop douce non plus... Aha... non, impossible.

Alors c'est ce matin là, par une matinée ensoleillée quoi que lourde de la tension vibrant dans l'air. Que le guerrier s'était précipité de lui-même pour constater de ses propres yeux l'agitation parmi les armées gloriennes, chaque hommes se préparer pour le combat, l'assaut était imminent, mais leur défaite avec ? Oh que non ! La détermination, même, la soif de sang brillaient dans ses yeux. Ce n'étais pas une question d'honneur ou simplement de haine, c'était une question de principe, ils leur avaient fait du tort, alors il le leur rendrait double, triple, peut-être même au quadruple s'il le pouvait ! Il vérifia les sangles se son armure vampirique et s'assura la présence de sa fameuse épée. Il était prêt, et le regard des hommes l'entourant lui apprirent qu'eux aussi malgré la promesse d'un issue sombre. Il jeta un rapide coup d'oeil à Matis déjà sur les lieux, et à la régente dragonnière. Cette dernière regagna vite son compagnon à écailles pour qu'ensembles ils décollent devant les remparts : l'heure était aux discours enflammés. Peur ? Doute ? Mais de quoi parlait-elle ? Alauwyr ne pouvait nier le voile de qui recouvrait son coeur, mais cette pression intense qu'il ressentait, c'était l'excitation de la bataille ! Car il avait brûlé le voile fait de peur comme il brûlerait bientôt les cadavres de ses adversaires. Qui d'autres ?

Après cette vie de combat, d'honneur et de sang, ils périraient tous sous le joug de ce soit-disant empereur ? Après avoir affronté les armandéens, puis s'être allié à eux pour vaincre le tyran, pour vaincre le mal sombre qui s'emparait de ce qu'il considérait maintenant comme son royaume. Sa nouvelle maison, son chez-lui. Il avait combattus aux cotés de ses frères d'armes et de sang, pour détruire toutes les menaces, tout ces obstacles, et maintenant, tous étaient morts, retourné au néant, à néant, Weren comptait également parmi les victimes, et il avait hérité de ses commandes , il avait hérité de l'honneur de son ami, mais pas de sa fierté, pas de sa gloire, pas de sa puissance.

Mais il était tombé, et pas lui... alors il combattrait, lui, Alauwyr Isukar en son nom. Il crierait vengeance dans cette ultime bataille qui approchait.

Sur ces pensées, motivées par l'esprit de la guerre, il tira cœur d'obsidienne et la brandit en l'air, les mâchoires écartées, le visage étiré par la haine.

"A mort !"

Sur les remparts, alors que la régente avait lancé l'assaut, l'alayen, et aldarien, commanda la bandaison des arcs, il n'y avait plus qu'à attendre l'assaut final des gloriens, et l'ultime bataille serait entamée.

Le dragon pleins de vie, et d'entrain qu'était Alkhytis en temps normal semblait tout à coup mortellement plus sérieux… Car il savait que si en ce jour Aldaria était vaincue, sa douce liée mourrait, et il ne voulait pas que cela arrive. Il n'avait jamais voulu cette guerre, qu'est-ce qu'avait les bipèdes à s’entre tuer ainsi ? Il ne saurait le dire, mais s'il était bien sûr d'une chose c'est que cette guerre ne lui prendrait pas Luna. Ainsi le dragon joyeux en temps de paix était devenu grave en ce jour-ci, semblant presque rappeler Verith le rouge par certains aspects, arborant une attitude qui peu de monde aurait pu envisager qu'il puisse avoir.

Qu'ils viennent ! Il ne comptait pas les laisser toucher un cheveux de sa liée-dorée ! Et s'il devait pour cela déverser le feu sur les rangs gloriens, et se battre comme une bête sauvage impitoyable il n'hésiterait pas. Sans oublier qu'il était aussi assez triste au fond que l'alayien en armure qu'il trouvait amusant soit mort, il penserait certainement à lui en même temps qu'il se battait, ainsi qu'à ses amis, et à Luna. Et il penserait à eux lorsqu'ils l'auraient emporter car aussi désespérée que pouvait paraître la situation, une évidence restait aux yeux d'Alkhytis. Ils l'emporteraient, car il ne ne pouvait en être autrement !

Et il contemplait sa liée qui se tenait non loin, et venait le rejoindre. Partageant avec elle sa confiance, et tout ce qu'ils pouvaient tout deux penser, et espérer car ils ne faisaient qu'un. Ils étaient liés à la vie, à la mort. Et ils ne feraient qu'un pendant cette bataille, et ils sortiraient tout deux vivants de celle-ci, voici la promesse qu'il se faisait à lui, et à Luna d'une simple pensée, sans mot, mais juste un simplement sentiment. L'espoir.

Et c'est emplit de ce sentiment qu'il laissa sa liée grimper sur lui en s'abaissant pour l'aider, après tout le cuivré avait bien grandit en 15 ans, et avait atteint dorénavant une taille plus que respectable pour un dragon adulte. Cela bien entendu en prenant en compte qu'il restait assez fin pour un dragon, mais détail à part depuis longtemps son aile handicapé avait été soignée, et c'est ainsi qu'il put d'un bond s'élancer pour atterrir sur les remparts devant les défenseurs d'Aldaria, et en vue des ennemis se tenant en bas. Comme un défi adressé à leurs encontre, et surtout une annonce. S'ils désiraient faire tomber Aldaria ils devraient affronter la colère d'un dragon ! Et c'est fièrement, et courageux qu'il se tenait alors que sa liée dorée élevait sa voix pour inspirer ses troupes, ce pendant que le cuivré tâché par sa posture de contribuer ce que désirait accomplir Luna.

Et le discours que prononça cette dernière était inspirant, que ce soit pour les soldats d'Aldaria, ou pour le dragon de cuivre qui se prenait au jeu du discours de sa liée dorée, oui il n'était pas venu le jour de leurs défaite ! Et il n'hésita pas à émettre un rugissement puissant lorsque sa liée prononça « à mort » ! Un rugissement adressé aussi bien aux gloriens vers lesquelles il s'était tourné qu'aux aldariens. Normalement un dragon était une vision terrifiante pour beaucoup d'hommes, mais pour les aldariens cette vision fut un symbole d'espoir de même que le discours de la régente. Et d'une pensée qu'il transmit à Luna il s'envola à nouveau dans le ciel pour que tout les aldariens puissent le contempler lui, et Luna pendant un court vol. Qu'ils puissent voir cette vision d'espoir, et surtout que Luna puisse commander ses hommes de la haut, et pouvoir une fois encore, peut-être l'une des dernières profitait tout deux ne serait-ce qu'un court moment du fait de pouvoir voler ensemble.

Ah!!! Les batailles. Pourquoi nous nous plongeons toujours en premier pour nous massacrer les uns les autres? Pourquoi ne parvenons nous pas à rester sage et à être capable de partager cette terre qui s'est si longtemps offerte à nous? Pourquoi devons nous baigner notre chère Armanda de notre sang?

J'ai pris la route il y a déjà de nombreuses années, renonçant à l'héritage de mes humbles parents pour pouvoir voyager. J'ai pu croiser de nombreuses personnes et des diverses race de ce beau continent qu'était Armanda. Humains, Vampires, Elfe et même Dragons. Tous avaient quelques choses à offrir.
Oui, mais voila. Il a suffit de la folie destructrice d'un seul homme pour en tuer des milliers dans une guerre que personne ne désirait. J'entends ici, sur le rempart de la cité d'Aldaria qu'il s'agit de la der des ders. Mais combien de fois l'a-t-on dit? J'ai arrêté de compter.
Lorsque j'ai comprit dans quoi se lançait cet empereur fou, je me suis précipité pour rejoindre les forces aldariennes et pouvoir apporter ma contribution à repousser cette folie digne de celle qu'avait répandu Vraorg du temps de son règne de terreur et de sang.
J'avais vu les elfes et le vampires tomber sans pouvoir rien faire. Mais aujourd'hui, je me tenais aux côtés de solides soldats, attendant le moment de l'assaut final sur notre cité.
Je préparais mon arbalète, faisant les dernières vérifications d'usage. J'avais huilé un peu plus tôt les mécanismes pour m'assurer qu'elle ne me lâche pas en plein combat, tandis que mon épée pendant tranquillement à ma taille, rangée dans son fourreau. Comme tous le monde, j'attendais le moment ou les cris allaient nous indiquer le début de l'assaut ennemis. Je serais prêt à les accueillir à coup de carreaux hurleurs. Les gloriens voulaient inspirer la terreur aux autres peuples. Je leur donnerais de leur propre médicamentation. Je ne suis pas de nature belliqueuse, mais au bout d'un moment, même le plus tendre des chiens se met à mordre.

Je jetais un oeil autour de moi et sentais clairement les tensions de chacun. Tous appréhendait le moment ou la bataille allait commencé. Mais je voyais bien que tous étaient également conscient des enjeu de cette bataille. Je n'avais pas besoin de leur remuer le couteau dans la plaie pour cela.
Un battement d'aile attira mon attention et je vis la Régente, la jeune Luna, juchée sur son dragon, qui haranguait ses troupes, leur remontant le moral, pour ceux qui pouvaient en avoir besoin. Car il fallait bien avouer les choses. Nombres des soldat présent en ce jour n'avait même pas connu la bataille de Sandur ou d'autres tout aussi violente et sanglante. Pour certains, il était même probable qu'il s'agissait tout simplement de leur première bataille.
D'autre encore s'étaient engagé en pensant pouvoir avoir une carrière paisible et une vie facile. Mais aujourd'hui, vétérans comme bleus, nous étions tous logé à la même enseigne.

-Vous avez entendu la Régente, les gars. Pas de quartier pour les envahisseurs. Mais surtout, arrangez vous pour survivre. je préfère vous offrir des bières que des larmes. Déclarais-je à la cantonade.

J'avais l'expérience pour moi, même si pour nombre d'entre eux qui ne me connaissait peut être pas, je paraissais avoir à peine 35 ans. Et pour ceux qui me connaissaient, ils m'adressèrent un sourire en coin. Je n'avais pas la réputation d'être un bon vivant pour rien. Alors autant que cela serve aussi à motiver les gens autour de moi.

Au milieu de ses hommes, Matis pouvait-il montrer la moindre inquiétude ? Son regard aguerri, trop vieilli peut-être, dardait les lignes ennemies du haut des remparts. Déjà il réfléchissait, évaluait les enjeux, ses opportunités, ses chances. Il devrait diriger d'ici même s'il aurait préféré se trouver dans un véritable champ de bataille plutôt qu'un siège. Mais ils n'en avaient pas eu le luxe, il avait été finalement impossible pour eux de se confronter au tyran et voilà qu'ils se trouvaient acculés. Acculés ? Un sourire se dessinait à peine sur ses lèvres. Il ne tremblait pas, n'avait peur ni de ce qui allait arriver, ni de cet homme qui pensait pouvoir s'approprier à lui tout seul Armanda toute entière. La résistance ne céderait jamais, tout comme Vraorg était tombé, il finirait par s'effondrer lui aussi, qu'ils gagnent cette guerre ou non.
Oui, ils étaient acculés et cela jouait en leur faveur. Ici, ils devaient gagner sinon mourir, personne n'allait manquer de détermination, ils ne devaient pas se laisser gagner par le désespoir et alors, ils pourraient donner tout ce qu'ils avaient dans leur ventre, frapper en refusant toujours de tomber, frapper encore et encore, jusqu'à ce qu'ils repoussent, jusqu'à ce qu'ils gagnent. C'était là leur seule issue, il n'y avait pas d'autre alternative, ils ne pouvaient plus qu'emprunter ce chemin. Acculés, ils allaient se dresser face à l'ennemi avec toutes leurs forces et leur montrer de quoi ils étaient capables.

Son regard s'était tourné vers le dragon de cuivre, Alkhytis, chevauché par sa liée, leur régente, mais aussi son amie, Luna. Il leur faisait parfaitement confiance, les savait à la hauteur de cette tâche. Il écouta avec attention le discours qu'elle fit et en fut plutôt satisfait. Elle non plus était bien loin de renoncer et elle cherchait à motiver les troupes autant que possible.
À mort. Oui, c'était le cas de le dire.

À son tour, le militaire offrit son propre discours à ses hommes. Un discours rempli de sa force qui ne laissait aucun doute sur sa détermination quant à cette bataille et son issue. Son regard brillait d'une lueur ardente, il était prêt maintenant et combattrait à la hauteur des talents qu'il avait aiguisés jusqu'à aujourd'hui. Il protégerait à tout prix ses hommes, les guiderait vers le meilleur chemin pour qu'ils servent chacun cette victoire qu'ils allaient prendre avec toute leur force.
Il connaissait chacun d'entre eux tout comme chacun de ses hommes le connaissaient. Ensemble, ils étaient plus unis que jamais.

Finalement, les tours ennemies roulaient jusqu'à eux. Croyaient-ils qu'ils allaient se hisser si facilement jusqu'au sommet de leurs remparts ? Mu par son instinct de soldat, il avait autant envie de rire que de trancher ces insolents.

Tenez-vous prêts les gars et ne leur faisons pas de quartiers ! Lança-t-il.

Aussitôt les cris de ses soldats lui firent écho. C'était d'une voix unanime qu'ils exprimaient autant leur approbation que leur volonté de fer.

Ils attendaient, attendaient encore un peu, juste le bon moment et puis, d'un seul coup, à son unique signe, une pluie de flèches vola dans leur direction, décimant les empressés qui pensaient si facilement grimper, survivre. Ils étaient poussés sans doute par les autres lignes encore cachées. C'était la cruelle loi de la guerre et les premiers étaient inexorablement sacrifiés. Il ne se souciait pas de leurs vies, se préoccupait seulement des siens, pour le moment, c'était tout ce qui devait compter et pour cela, il restait parfaitement concentré.
Plusieurs salves s'ensuivirent, jusqu'à ce que ce ne soit plus tout à fait suffisant. Mais ils étaient tous prêts, lui aussi, sa main enserrant déjà le manche de son épée, prête à la faire surgir de son fourreau. Ils allaient accueillir les premiers envahisseurs comme il se devait !

À mort ! Cria-t-il.
À mort ! Crièrent tous les soldats, d'une seule voix qui sonna alors comme un terrible grondement.

Son épée brandie était éclatante à la lumière du jour, irradiant de cette couleur bleutée qui composait la surface de la lame. Une étincelle d'espoir, une flamme de courage, un phare pour guider la détermination aldarienne pour repousser la peur qui s'était fait sentir. Non ! ils ne céderaient pas ! Ils se battront !

''A mort !"qu'on entendait rugir sur les remparts. ''A mort !''qui sortait de toutes les bouches des combattants aldariens revigorés de courage. Tous, tous l'avaient prononcé d'un seul bloc, jetant à leurs ennemis gloriens un unique message. Cette même vague qui avait été renforcé d'un puissant rugissement claironner par le dragon Alkhytis. Puis d'une pensée de sa liée, il s'envola avec une grâce guerrière, pour bien se faire voir lui et Luna de tous les yeux de tous ces hommes qui la suivraient au combat. Le soleil se reflétait sur ses écailles non protégées par son armure draconique, luisant presque d'or et se joignant à l'étincellement azuré pour être le fanal de la lutte, de cette résistance qu'ils allaient devoir imposer contre les forces de Gloria l'Envahissante.

Luna sentait toute la force de son dragon par le lien qui les unissait depuis si longtemps. Elle percevait son courage, ce qui l'aidait à garder le sien à la surface des craintes et des doutes qui l'envahissaient par moment. Car dans cette ultime bataille où tout se jouait, elle perdrait bien des hommes. Des hommes qu'elle menait elle. Chaque vie était dans ses mains. Elle posa le front de sa tête contre l'encolure cuivrée et musclée de son âme soeur draconique tout en fermant les yeux. Comme si elle faisait le vide dans son esprit, elle se raccrochait à l'espoir qui vibrait dans son dragon, celui là même qu'elle avait insufflé précédemment. Le sang coulerait, la mort emporterait bien des âmes, elle en serait malheureusement une des instigateurs... Mais elle ne faillirait pas. De la mort découlera la paix... Enfin la paix.

D'une voix presque murmurante, qui était couverte par l'air qui sifflait autour d'elle, elle soufflait à Alkhytis, son merveilleux dragon :

''Quoi qu'il puisse arriver, je serai avec toi... jusqu'au bout. ''

De l'autre côté, on entendait aussi l'éclat des Gloriens, harangués par leur Empereur. Que cela ne tienne. Alkhytis poussa un autre rugissement, lâchant là une provocation ultime, un défi de bataille digne des plus puissants Dragons d'Autan. Même Vraorg le Blanc, Verith l'Ecarlate ou son Père-Dragon, Cynoë l'Améthyste n'en avait jamais poussé un tel d'aussi retentissant. Qu'ils viennent ! Qu'ils s'approchent !

D'imposantes tours de sièges furent mirent en branle, grinçant à chaque tour de roue qu'elles exécutaient pour se rapprocher doucement des murailles protectrices d'Aldaria. Telle une colonne de géants, elles avançaient de front, se rapprochant lentement mais sûrement. Luna veilla à guider son lié pour le mettre hors de portée des possibles tirs des Gloriens. Qui sait quels artifices ils possédaient pour contrer les effets du souffle dévastateurs de son dragon. Mais elle ne craignait pas cette grande inconnue. Auprès de ses hommes et de ses plus fidèles amis, elle savait qu'eux aussi avaient de quoi offrir une sacrée surprise à leurs adversaires.

Plusieurs volées de flèches obscurcirent le ciel, suivant toutes les mêmes trajectoires courbes. Chaque archer caressait déjà l'espoir de voir leur tir toucher un Glorien, pour en retirer un des futurs assauts des ennemis quand ils arriveront à mettre pied sur les remparts.

Luna et son Liée veillèrent à ne pas entraver les tirs alliés tout en se tenant à bonne distance et à employer sa hauteur de vol pour transmettre via Alkhytis des informations sur la progression des troupes et bien d'autres détails encore. La puissance mentale de son dragon contribuerait à bien agencer les efforts à mettre en place pour ce début de bataille en joignant communément les esprits d'Alauwyr, Alford et Matis ; sans omettre les autres chefs militaires qui trônaient à des pérties stratégiques des remparts de la cité.

Tout devait être fait pour résister et faire pencher la bascule de la victoire en leurs faveurs... Bien des choses se jouaient déjà pour cette bataille...Qui sera sanglante malheureusement. Mais Luna et Alkhytis ne seraient pas en reste. Eux aussi seront du combat !

Et que de mieux que d'aller frapper les tours de sièges les plus à l'extérieur de leur ligne de progression, celles qui seront les moins protégées contre la venue d'un dragon cracheur de feu et de sa cavalière aux yeux d'océan qui luiront de l'usage de la magie pour le couvrir des attaques qui viendront du sol.

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