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| Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] | |
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| Sujet: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Ven 4 Déc 2015 - 19:25 | |
| La pièce était petite, mais agréable. Ambre n’avait pas besoin de plus pour être heureuse. Or, bijoux, parfums et tissus précieux, appartements immenses et servants à sa disposition, rien de cela ne lui manquait, bien au contraire. Elle avait retrouvé le plaisir de vivre simplement, dans le petit coin de Fort-Espérance qui lui avait été déniché. Valen était déjà dans la ville, sous les bons soins de l’une des domestiques de la jeune femme et cette dernière avait emmené avec elle l’enfant dès qu’elle l’avait retrouvé, savourant le bonheur de le serrer contre son cœur, le nez enfoui dans ses cheveux. Elle était libre de faire ce qu’elle souhaitait de ses journées, elle n’était plus regardée avec crainte, envie et haine comme c’était le cas dans la Cour de Vraorg, elle était une guérisseuse inconnue, hormis pour quelques personnes, pouvant librement exercer son art. La chaleur et la lumière qui régnait au protectorat étaient les bienvenues, de même que la douceur et l’entraide de ces âmes généreuses réunies. Enfin, elle renaissait. Il n’y avait qu’une ombre à ce soulagement, une petite ombre mais tenace et dérangeante : Lorenz. Emprisonné et surveillé comme il l’était, difficile pour elle de passer vraiment du temps avec lui. Oh, elle allait le voir, mais finalement… Que dire ? Que faire ? Elle sentait les regards des gardes sur elle et même sans cela elle se sentait quelque peu gênée en sa présence. Sans doute lui fallait-il plus de temps mais le temps, ce n’était pas cela qui lui avait manqué depuis qu’ils étaient tous revenus. Pourquoi était-elle si perturbée alors ? Il était re-mort depuis longtemps déjà, mais elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine réserve à son égard malgré la joie et le soulagement de le savoir en vie, même si c’était derrière des barreaux. Peut-être l’évolution de sa relation avec Esmelda ? Après tout, ils étaient morts tous les deux et elle savait pertinemment qu’ils s’étaient revus dans… là où ils étaient, Esmelda elle-même en ayant fait allusion. Pourtant, non, elle était sincèrement heureuse du retour de son amie et ne ressentait ni embarras, ni méfiance, ni jalousie à son égard. Quoi, alors ? Ressortant de son petit appartement, Valen accroché à son bras, elle traversa les couloirs pour sortir du château, désormais habituée à la ville de sable. Et pourtant, Dracos savait combien elle avait été surprise en découvrant les édifices qui la caractérisaient ! Une seule matière à l’origine de cet abri… Comment ne pas être impressionné ? Si fin, si petit, et pourtant devenu leur meilleur abri. Sandur était une merveille à elle seule. Se dirigeant avec assurance en direction des quartiers qui l’intéressaient, à l’entrée de la ville et facilement repérable de par leur haute taille. Désormais une habituée des lieux, elle redevenait une anonyme qui comme ceux présents et valides dans ces salles de soins offrait de son temps aux blessés ou malades. Peu nombreux étaient ceux qui dans ces lieux savaient qu’elle était la compagne de Wintel, et c’était mieux ainsi. Nul n’avait besoin de le savoir. Retroussant ses manches, elle se mit donc au travail sans plus attendre auprès d’un jeune homme qui s’était foulé une cheville, laissant Valen aller s’installer avec un livre d’images dans un coin tranquille. Le temps passait rapidement lorsque l’esprit était pris par pareille occupation. Courbaturée, la jeune femme se releva quelques heures plus tard pour s’étirer et embrasser la salle d’un regard évaluateur et habitué. Peut-être était-ce cela, la raison de sa distance avec son amant. Enfin, elle vivait ce à quoi elle avait toujours aspiré, menant une petite vie solitaire dans son appartement, son fils adoptif pour toute compagnie, et offrir les heures de son temps à ceux qui en avaient besoin, sans que nul ne vienne s’y immiscer. Etait-ce égoïste ? Oui, sans doute, sans aucun doute même. Son vampire croupissait en prison et quand bien même cela ne pourrait pas lui faire de mal d’apprendre à s’effacer un peu, il y avait meilleur endroit pour y passer le temps. Dracos merci, elle était pratiquement certaine qu’il n’avait rien remarqué, elle avait gardé ce malaise pour elle jusqu’à présent ; et puisqu’elle semblait pointer du doigt ce qui la gênait, elle pourrait enfin se débarrasser de cet étrange mal être. Après tout, ce qu’elle vivait, cette apparente paix et tranquillité, n’était qu’utopie et illusions ; ils n’étaient finalement toujours pas réellement à l’abri. Alors pourquoi vouloir entretenir cette fausseté ? Elle avait goûté, plus ou moins, à ce à quoi elle aspirait, il était désormais de revenir à de pensées moins égocentriques. Cette résolution prise et profondément honteuse d’elle-même, Ambre se dirigea vers Valen, s’assurant qu’il allait bien et qu’il trouvait de quoi s’occuper, avant de boire un peu pour se remettre à la tâche. Et le soir était déjà là lorsqu’elle se décida à quitter les lieux pour le bien du petit. Ce faisant, elle croisa toutefois un personnage, debout et une gourde à la main, qui la fit s’arrêter nette à ses côtés. - Excusez-moi, gente Dame, n’êtes-vous pas une baptistrelle ?Ce semblait être elle dont elle avait entendu parler ! Le portait correspondait tout à fait et elle l’avait déjà entraperçue de loin sans jamais parvenir à l’approcher. Et dire qu’elle croisait son chemin ! S’inclinant respectueusement devant la femme qu’elle avait ainsi dérangée, elle s’empressa d’ajouter, embarrassée par la situation : - Je vous présente mes excuses pour vous avoir ainsi importuné. Je m’appelle Ambre Orétoile, je suis guérisseuse et je suis heureuse de pouvoir enfin vous rencontrer.Et surtout, elle espérait non seulement ne pas s’être trompée de personne, mais également ne pas l’avoir gêné dans son travail ou ses réflexions. |
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Ven 11 Déc 2015 - 5:43 | |
| La femme se releva, laissant un blessé qu’elle venait d’aider se reposer. Les jours se ressemblaient tellement, les murs de cette caverne, les hommes et les femmes blessés, était-ce vraiment son destin en tant que baptistrelle que de rester dans cet endroit où la souffrance régnait? Les leçons se faisaient tellement rares, elles lui manquaient. La seule chose qui brisait réellement son quotidien était ce secret qu’elle ne pouvait pas garder, tenter d’être discrète était-il un mensonge? Aléria avait tellement peur de ce que les elfes penseraient, il y en avait tellement dans l’ordre. Sa nuit avec la princesse elfique, ses sentiments passionnels pour elle. La baptistrelle n’avait pas envie d’idéaliser cette relation, de la sublimer. Évidemment que personne ne lui avait demandé si elles étaient amantes, ce serait très insultant envers une Cawr. Mais les autres savaient, ils n’avaient qu’à lire son chant nom. Orfraie Quant à elle avait brisé son serment de vérité depuis longtemps, la baptistrelle ne savait si elle devait être rassurée ou avoir peur, elle n’avait pas envie de compter sur les mensonges d’un autre. Toutes ses valeurs étaient chamboulées, elle comprenait à présent ce qu’on lui avait dit sur la nécessité des mensonges. Ce monde n’était pas aussi harmonieux qu’elle aurait voulu le croire, elle avait vécu dans un rêve de jeune fille bourgeoise jusqu’à ce moment, elle n’avait pas compatis avec ceux qui avaient rarement le choix…La Chanteciel réalisait sa chance, se sentait mal de ne pas avoir ouvert les yeux plus tôt, mais aurait voulu que sa vie redevienne simple aussi.
La femme se retira quelques temps afin d’aller chercher un peu d’eau, de prendre une pause, aussi petite soit-elle. C’est lorsqu’elle revint vers les blessés qu’elle fut arrêtée par une jeune femme. Aléria perçut rapidement son prénom, Ambre, légèrement déconcentrée par ses paroles. La Chanteciel sourit naturellement, ce geste était un automatisme depuis bien longtemps. Elle l’avait vu, parmi les guérisseurs, mais ne lui avait jamais parlé, peut-être aurait-elle dû l’approcher? Il y avait quelque chose à apprendre des gens autour de soi…Aléria haussa les sourcils, ne comprenant pas cet enthousiasme à la rencontrer. Elle avait ces manières, cette manière de parler, une jeune femme qui connaissait et maîtrisait les convenances. On l’avait pourtant initié à la bienséance, mais Aléria n’arrivait pas à se faire appeler ‘’gente dame’’ sans être surprise, du moins pas au protectorat, d’une femme qui aidait en tant que guérisseuse. Ceux qui abusaient de ce terme étaient des hommes qui se risquaient dans des terrains infranchissables…
-Vous pouvez m’appeler Aléria, ne vous excusez pas je vous en prie… Je suis ravie d’offrir mon aide ou mon service à ceux qui en ont besoin, en particulier si cela peut briser un peu le quotidien des jours entre ces murs…
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Mar 22 Déc 2015 - 19:39 | |
| Oui, c’était bien elle. Ainsi, elle se nommait Aléria. Embarassée d’avoir ainsi dérangé la baptistrelle, Ambre ne put s’empêcher de poser sur elle un regard admiratif et empreint de respect. Belle, oui, c’était indubitablement une femme superbe, mais plus que cela, la douceur qui émanait d’elle était saisissante. Une aura de bonté qui inspirait confiance à quiconque venait chercher sa présence. Elle ignorait si cela provenait des yeux bleus sombres, de la silhouette gracile ou du sourire délicat. Mais c’était ainsi. Toutefois, elle finit par froncer imperceptiblement les sourcils, n’appréciant pas les cernes qu’elle devinait sur la peau hâlée.
-Vous avez l’air épuisée, ma Dame, vous manquez de sommeil. Elle se figea brusquement, arborant une moue désolée. Enfin, Aléria. Excusez-moi, j’ai toujours un peu de mal à être si vite familière.
C’était parfois agaçant, pour elle-même comme pour les autres. Mais Ambre craignait toujours de se montrer trop proche, de ne pas être assez digne pour parler ainsi à ceux qu’elle considérait comme lui était bien supérieur. Elle était née parmi le petit peuple, avait été élevée parmi celui-ci ; après tout, ses réactions n’étaient-elles pas pure suite logique à cela ? Même maintenant, elle avait encore du mal à agir de la sorte envers certaines personnes. Aléria en faisait partie. Elle était si… si… Il n’y avait pas de mot pour réellement décrire le sentiment qu’éprouvait la jeune femme à l’égard de la baptistrel, car il s’agissait d’un savant mélange de respect, d’admiration, d’affection et d’émerveillement. L’art baptistral l’avait toujours attiré et provoqué en elle mille rêveries. Oh, elle savait que cette voie lui était désormais inaccessible. Comment pourrait-elle l’être alors que son cœur était tourné envers Lorenz, vampire à l’antipode complet de ce noble métier ? Non, cela n’était plus possible pour elle. Rêve il avait été, rêve il resterait. Et elle sentait en elle un pincement au cœur en songeant à cela. Mais il y avait tellement plus grave, comment aurait-elle pu se lamenter davantage sur son sort, ce destin qu’elle s’était choisi, alors qu’elle était entourée de temps de malheureux ? Promenant son regard sur les blessés, elle soupira doucement.
-Oui, hélas, chaque jour tant de nouveaux visages qui nécessitent toujours davantage de soins. J’ai parfois l’impression d’être ici depuis des siècles et que cela ne finira jamais. Tous ces êtres qui souffrent et qui se meurent… Sa voix se fit de plus en plus faible, devenant murmure pensif tandis qu’elle observait l’un des guérisseurs s’occuper patiemment d’un blessé, parlant sans même s’en apercevoir plus pour elle-même que pour son interlocutrice. Je regrette tant de n’être pas plus puissante. De ne pouvoir faire plus. De devoir choisir entre deux blessés pour décider duquel sera le premier soigné, sans toujours être certaine non seulement de le soigner mais également que son voisin ne sombrera entre temps. De ne pas pouvoir être toujours capable de connaitre avec certitude ce qui est le plus grave, et comment y remédier.
Absorbée par la contemplation de la scène qu’elle n’avait pas quitté des yeux, elle demeura un instant silencieuse avant de se secouer et de retourner vers Aléria un léger sourire, quelque peu teinté de tristesse.
-Enfin, je ne vous ai pas ainsi dérangé pour vous faire part de ma propre déprime. J’ai… enfin, je souhaiterais vous parler de votre art. Accepteriez-vous de m’accorder quelques instants ? Je ne m’attarderais pas. Nous pourrions aller dans la petite salle de repos, je doute qu’il y a grand-monde à cette heure-ci.
Avec un sourire contrit, elle attendit avec inquiétude la réponse de la belle femme qui lui faisait face. Les guérisseurs disposaient d’un tout petit recoin, aménagé avec quelques paravents, pour prendre un peu de repos et s’hydrater au cours de la journée. Certains en avaient grand-besoin et Ambre n’y allait que très rarement, mais exceptionnellement, pourquoi pas ? Si Aléria l’acceptait et, bien entendu, qu’elle ne semblait pas le faire par obligation. Comme elle l’avait elle-même dit, il était bon parfois de savoir prendre quelques pauses. Reposer le corps mais aussi, surtout même, l’esprit. Le mental jouait parfois bien plus que la résistance physique. Respirer un peu, sortir du cadre purement soigneur dans lequel les deux humaines étaient baignées en quasi-perpétuité serait une bouffée d’air pure pour chacune d’entre elles. Et si elles pouvaient joindre l’utile à l’agréable, c’était encore bien mieux. |
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Sam 2 Jan 2016 - 3:22 | |
| Comment n’aurait-elle pu se sentir observée, lorsque la jeune femme détaillait ses traits, retenant la noirceur sous ses yeux et évoquant les cernes qui creusaient son visage juste avant les pommettes. Elle fut surprise, presque choquée de l’affirmation d’Ambre, fronçant légèrement les sourcils sur le coup. Étais-ce l’habitude qu’on ne se soucie pas de ses heures de sommeil ou l’inquiétude de l’image qu’elle dégageait…Une mine épuisée ne rassurerait certainement pas les blessés lorsqu’il s’agissait de continuer à parler pour garder leur attention et espérer qu’ils ne ferment pas les yeux. Elle s’était parfois demandée dans un soupir s’ils étaient reconnaissant du temps qu’elle donnait sans compter, elle s’inquiétait pour les autres bien plus qu’on s’inquiétait pour elle, avec raison en quelques sortes, considérant la situation de plusieurs. Elle se savait chanceuse d’avoir à manger et à boire, auprès des membres de son ordre. L’envie de se plaindre de la chaleur disparaissait lorsqu’elle entendait les histoires qu’on rapportait de morneflame. Savoir qu’Aramis avait vécu cela lui faisait froid dans le dos, elle ne souhaitait cela à personne…
-Eh bien, certaines personnes qui trouvent refuge dans cet endroit ont manqué de beaucoup…
Ne vous faites pas d’inquiétudes avec cela, Il y a déjà trop pour se faire un sang d’encre. Utilisez les termes qui vous mettrons à l’aise, mais je dois avouer qu’entre ces murs, j’ai bien du mal à me sentir dans la peau d’une ‘’gente dame’’. Qu’y avait-il de galant et d’élégant dans cet environnement. Plusieurs fluides peu appétissants se voyaient chaque jour, le sang était le plus propre de ceux-ci, quotidien plus ou moins glauque. Elle avait choisi cette vie, rien en la Chanteciel n’aspirait à un mariage et une vie dans la bourgeoisie, consistant à former une famille et à bien paraitre. Si elle devait se salir et avoir les mains et les manches rouges pour aider ceux qui en avaient besoin, elle le ferait.
-Choisir d’une vie ou d’une mort est la chose la plus difficile que les guérisseurs doivent faire, alors que nous soignons pour sauver et pour aider. Cependant vous n’êtes pas aussi impuissante que vous le ressentez, une vie pour un mort est déjà beaucoup mieux que deux morts.
D’un calme se voulant apaisant, Aléria lui accorda un sourire qu’elle avait gardé pour elle depuis quelques temps, jugeant nécessaire de se montrer plus sérieuse lorsqu’une prise de contrôle était de mise. Depuis qu’elle fréquentait la princesse Ataliel, elle avait appris à être un brin plus autoritaire, ce qui ne lui avait pas fait de mal, surtout auprès de soldats qui ne croyaient pas une femme capable de prendre les choses en main. Elle savait que son charisme jouait à son avantage, mais elle en avait eu assez de cet atout lorsque ce n’était pas le moment de recevoir des avances. Elle avait vraiment l’impression que parfois, certaines personnes ne comprenaient pas qu’il y avait un endroit et un moment pour tout. Je n’ai aucune opposition. Dit-elle avant de se diriger vers l’isoloir dont Ambre faisait référence. Elle tira le paravent afin de prendre congé de la vue des blessés, même si les odeurs ne pouvaient être camouflées, elle pouvait au moins essayer de penser à autre chose.
-À vrai dire la magie baptistrelle permet tellement de choses…Je doute seulement qu’il existe une limite à ses soins…Sauf bien évidemment la mort…
Ce que j’aimerais apprendre encore, c’est de guérir les âmes…Les mélodies les plus mélancoliques sont magnifique mais…j’ai mal de les entendre, je ne peux les laisser ainsi…Et puisque je suis rarement impuissante devant une blessure, ça me brise le cœur de ne pouvoir aider une âme blessée…
Elle se souvenait des mots de Dawan, de sa douleur dont il était à peine conscient. Elle l’avait presque grondé de s’être menti à lui-même…Des soldats qui perdaient régulièrement les leurs et du Chant d’Orfraie qui n’entendait plus les vibrations de l’eau. Elle aurait voulu remplir le trou qu’avait Orfraie au creux du cœur, mais sa simple présence ne pouvait recoudre cette blessure.
-Si vous aspirez à devenir une guérisseuse puissante, l’ordre baptistral ouvre ses portes à tous ceux qui s’engagent à ne pas mentir et à être pacifique…Vous n’avez aucune certitude de devenir maître baptistrelle, mais les maîtres de l’ordre sont d’excellent enseignant concernant la magie. Si vous le désirez…je peux vous entraîner spécialement pour les soins.
(Je suis tellement désolé pour le retard x.x ) |
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Jeu 14 Jan 2016 - 17:13 | |
| Manquer de beaucoup, oui, cela n’était pas pour surprendre la jeune femme. Il lui aurait paru étrange de voir certains de ces blessés, malades, avoir eu une vie reluisante et gaie pour se trouver finalement allongés sur l’un de ces lits de fortune. Non, certains avaient le regard hanté d’ombres sinistres qui parlaient pour eux. Malgré leurs sourires ou leur aspect revêche, c’était surtout la douleur qui les étreignait. Qu’avaient-ils vécus ? Qu’avaient-ils perdu ? Ambre l’ignoraitn et ne cherchait pas à le savoir. Cela leur appartenait, c’était là leurs secrets, leur histoire. Bien sûr, elle était prête à les écouter s’ils avaient besoin de parler et de s’ouvrir, comme cela arrivait parfois. Mais ils étaient libres de garder leur fardeau pour eux. Après tout, la guérisseuse ne savait que trop bien combien il pouvait être essentiel de dissimuler certaines choses ; en ces lieux, nul ne savait quel était son lien avec Lorenz Wintel. La seule chose qu’elle pouvait faire pour les aider était de soigner au mieux leurs blessures corporelles en leur instillant douceur et envie de vivre. Tache bien ardue pour de si frêles épaules, mais c’était aussi le cas de celle qui lui faisait face.
-Oui, oui, nous pouvons nous réjouir de chacun de ceux que nous parvenons à sauver, mais la satisfaction ne nous mènera à rien. Pour chaque vivant, je me souviens des morts qui l’ont entouré, agonisant sur leur couche. Là est notre impuissance.
Mais la baptistrelle avait sans aucun doute des pouvoirs lui permettant de limiter ces morts, son art jouant pour elle. Lui enseignerait-elle ? Avant cela, même, lui en parlerait-elle ? Loin était le temps où Ambre pouvait parler avec de tels êtres. Elle se souvenait de Dawan, l’apprenti baptistrel qui avait enchanté son cœur et son âme de chaudes douceurs. Il lui avait montré comment retrouver ses rêves dans la tourmente, comment sourire dans le désastre. Son esprit que d’aucuns auraient qualifié d’un peu fou s’était révélé d’une pureté sans faille, d’un éclat embrasant chacun des recoins de celui de l’humaine. Qu’était-il devenu, ce petit être ? Aléria était-elle aussi forte, aussi douce que lui ? Son sourire était serein, son regard lumineux et chacun de ses gestes semblait une réconfortante caresse. Comment ? Comment faisait-elle pour donner envie de se blottir dans ses bras, à l’abri de tout malheur ? Se dirigeant vers le coin de repos en sa compagnie, Ambre s’installa posément, croisant les mains sur les genoux, pour l’écouter avec attention. Elle savait qu’elle n’oublierait jamais les mots qu’elle entendrait. Cela faisait trop longtemps qu’elle attendait des réponses qui tardaient à venir.
-Je mentirais en affirmant vouloir rejeter votre offre. Oui, cette proposition me tente beaucoup. L’ordre baptistral et ses secrets me fascinent, mais il y a tellement de choses que j’ignore à son propos. Avant tout cela, accepteriez-vous de me parler de votre formation et de ce que vous avez accompli en tant que l’une de ses membres ? Me parleriez-vous de vous ? De votre magie ?
Elle avait soif d’apprendre. Elle aurait voulu connaitre chaque fondement de cet ordre, chacun de ses avantages et chaque inconvénient. Et surtout… Etait-elle capable, elle, d’en devenir un ? Solitaire, un frisson parcourut son échine tandis que le souvenir d’un être emplissait sa mémoire. Elle qui avait tué, le pouvait-elle ? Elle qui avait souillé la terre en répandant le sang, en avait-elle le droit ? Elle qui s’était lié avec l’un des êtres les plus violents qui soient, pouvait-elle y croire ? Purs, ils l’étaient tous. Elle, elle n’était qu’une guérisseuse parmi tant d’autres. Lasse, elle passa une main dans la tresse blonde qui devait retenir ses cheveux, remettant à leur place les mèches rebelles qui s’en échappait. Sa robe grise et simple était légèrement tachée de rouge après qu’une plaie se soit rouverte, mais cela n’avait pas d’importance. Dans ses yeux brillait l’espoir d’un avenir qu’elle avait un jour écarté et qui, peut-être, commencait à se redessiner devant elle.
-Je sais que je vous demande quelque chose de personnel, alors même que vous ne me connaissez pas, reprit-elle avait que son interlocutrice n’ait pu s’exprimer sur quelque sujet que ce fut. Je le sais, et je m’en excuse, bien que cela n’efface pas la grossièreté de ma demande. Mais il y a tellement de choses que j’aimerais connaitre sur vous et ceux de votre ordre. Il y a bien longtemps, j’ai rêvé d’y entrer, mais les évènements ne m’ont guère laissé la possibilité d’en savoir davantage dessus. Aujourd’hui je vous côtoie et… cet espoir ne peut que me reprendre. Mais j’ignore si je pourrais seulement prétendre en être capable. |
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Jeu 21 Jan 2016 - 5:02 | |
| Les vibrations qu’émettait le chant nom de la jeune femme touchaient la baptistrelle, elle regrettait de voir les cordes de ces instruments troublés par la souffrance ambiante. Aléria entendait, elle savait bien que Lorenz faisait partie de la vie de l’humaine, mais qui était-elle pour juger, alors qu’elle ne comprenait pas ceux qui condamnaient l’amour? Aléria eut une pensée pour Merithyn, l’ancien gardien qui était devenu le fils de Lorenz…Elle ne comprenait certainement pas, mais elle n’avait pas à comprendre, cela leur appartenait.
-Il ne s’agit pas que de satisfaction, ou de consolation…de se déculpabiliser. Il y a réellement un choix à faire lorsque deux personnes sont en danger, et souvent le calcul que nous devons faire est bien sinistre. Par exemple, s’il y a deux blessés, sévèrement et possiblement mourant…Il faut se demander combien de secondes de souffle possède encore chacune de ces deux personnes…Souvent il faut prioriser le moins blessé, plutôt que le plus endommagé, si je ne suis pas certaine de pouvoir réanimer l’un, au risque de perdre l’autre dans la procédure, vaut mieux se contenter d’une vie et éviter deux mort…ou une vie écroulée.
Certes la baptistrelle pouvait guérir magiquement beaucoup de blessures, mais ce n’était pas le cas de tous les guérisseurs qui pouvaient se retrouver devant une personne vivante, mais complètement absente mentalement, ou alors à perdre l’usage de ses membres. Que valait le temps d’une vie si elle devait se dérouler dans un lit? Et c’était bien ce qu’il y avait de plus triste à ce métier, mesurer la valeur d’une vie, alors que cela relevait des esprits et non des êtres.
Ambre ne pouvait pas devenir baptistrelle, mais elle pouvait en suivre les enseignements et cela pouvait l’aider à devenir une meilleure guérisseuse si c’est ce qu’elle souhaitait. Aléria ne voyait aucunes objections à lui enseigner, mais il fallait dire que son emploi du temps était chargé et qu’elle avait d’autres élèves. Le plus rentable serait que la jeune femme assiste à des classes données à ses élèves. Elle esquissa un sourire bienveillant, relâchant un souffle un peu rieur, sans se moquer. Elle voyait cette tendance que la jeune femme avait à s’excuser de tout, à se sous-estimer des autres.
-Ne vous excusez pas, j’admire la curiosité par-dessus l’orgueil…Si vous avez déjà menti…ou tué…être maître baptistrelle devient impossible, mais les enseignements sont ouverts à tous.
Bien, commençons par le début, connaissez-vous qu’un peu la magie baptistrale? J’imagine que vous connaissez la relation que nous entretenons avec l’harmonie et la vérité. J’aime bien m’imaginer que les vibrations que j’entends sont de petites ficelles magiques, argentés, attachées partout autour de nous…comme un immense instrument à cordes. Mais ce n’est qu’une fantaisie comme une autre théorie … Les vibrations se retrouvent dans tous les éléments, l’eau, la terre, l’air, le feu et le dernier élément englobe tous les autres : Les étoiles. Les vibrations sont troublés par les mensonges, la souffrance et la guerre…Lorsqu’elles discordent, l’équilibre de l’énergie et d’armanda est troublé…Puisque chaque élément est essentiel à la vie et à la mort.
Chaque fois qu’elle vulgarisait, Aléria apprenait un peu plus d’elle-même et des étoiles, de nouvelles facettes qu’elle n’avait pas toujours vues. Mais elle ne pouvait que faire un résumé bref, l’art baptistral étant complexe et nécessitant des années d’apprentissages.
-Chaque personne est composé d’un chant nom, ses vibrations, ou sa mélodie comme j’aime la nommer. Et les maîtres baptistrels savent manipuler ces vibrations, pour créer quelque chose, comme un membre coupé, ou guérir les tissus brisés. J’ai été très attirée par cette magie parce qu’elle me permettait de découvrir de nouvelles choses, je sais qu’il y a encore des choses à trouver et nous ne savons quel est la limite de la magie…Lorsque j’étais plus jeune, j’étais très pieuse et j’ai eu droit à une éducation impeccable, mais j’ai toujours pensé que…Les gestes clef de la magie humaine étaient trop …comment dire…noir sur blanc, tout comme les livres où j’apprenais la géographie et la littérature par cœur. Il y a tellement plus passionnant qu’à savoir des choses par cœur!
Son sourire s’élargissait, alors que des étoiles pouvaient se dresser dans ses yeux. Elle était passionnée et lorsqu’elle parlait de son art, il était difficile de s’arrêter.
-Des questions? ajoute-t-elle, rieuse, comme si elle venait de donner un cours magistral.
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Jeu 28 Jan 2016 - 22:22 | |
| -Il est vrai. Culpabiliser lorsque ce sont les autres qui souffrent n’est finalement qu’une forme d’égoïsme, un apitoiement sur soi-même. Oui, le choix est difficile, mais sans doute est-ce aussi cela qui nous fait prendre conscience de la valeur de la vie, quelle qu’elle soit. Que celle de l’oiseau qui chante n’a pas moins de valeur que celle de l’enfant qui pleure. Qu’un boulanger a autant de mérite qu’un soldat. Ce n’est malheureusement qu’un petit éclair d’optimisme mais c’est aussi cela qui nous permet d’offrir à notre tour un peu de lumière à ce qui en ont besoin.
Parfois, il y avait des choix à faire. En médecine comme dans la vie, et il était bien souvent difficile de revenir en arrière. Il n’y avait alors qu’une seule solution, avancer et s’accrocher coûte que coûte, malgré la douleur, malgré les cicatrices invisibles que cela laissait. Mais cela dépendait de la force de chacun, de son envie de vivre, de survivre. De sa capacité à écarter les ombres qui obstruaient son chemin pour s’imposer ou se faufiler. Celui qui restait bloqué derrière le mur était voué à l’échec, tout simplement. De la même façon, chaque blessé, chaque malade avait sa façon de ressentir son propre mal. Certains étaient parfois rongés par une langueur, une mélancolie que rien ne semblait pouvoir apaisé et malgré que leur corps guérisse sans mal. D’autres qui se savaient condamnés conservaient à tout instant une joie qui leur laissait même dans la mort un sourire à jamais gravé sur le visage.
Avait-elle déjà menti ? Sans doute. Tué ? Hélas. Les baptistrels lui semblaient d’autant plus purs, d’autant plus parfaits qu’Ambre se trouvait face à sa propre médiocrité, à sa propre incompétence, à ses péchés les plus atroces. Elle eut l’impression qu’une vague de sang l’éclaboussait, la désignait, la rongeait. Oui elle avait tué, s’en était rendue malade, mais elle n’avait pas le don de rendre la vie qu’elle avait pris. Aussi n’avait-elle pas eu d’autre choix que celui de faire avec, d’accepter cet acte et pour cela une certaine elfe au visage rieur lui avait été d’un précieux secours. Mais pas assez, sans doute ; non, elle n’avait pas assez payé pour ce crime. Il était normal que ce joli rêve qui s’entrouvrait de nouveau devant elle se ferme abruptement. C’était de sa faute. Son regard azuréen se posa sur Valen, et elle se sentit beaucoup mieux. Lui avait été son pardon, sa source de bonheur et d’apaisement. Elle veillerait à ce que jamais il n’ait à se trouver confronté à une aussi horrible décision que celle qui lui avait permis de le sauver lui de cette brute de vampire. Elle tâcherait de le préserver de la violence du monde tout en ne lui cachant pas qu’elle existait. Elle l’abriterait dans une bulle de tendresse et de douceur, pour qu’à son tour il ne sème derrière lui qu’espoirs de paix et rêves paisibles.
-De la façon dont vous me le présentez, j’ai l’impression qu’il n’y a rien de plus aisé que de ressentir ces dites vibrations, sourit-elle finalement à son maître improvisé. Ces vibrations sont-elles réellement différentes de l’un à l’autre élément ? Pouvez-vous tous les ressentir, ou n’êtes-vous baptistrelle de l’un que parce qu’il est seul à pouvoir être perçu ?
Réellement curieuse, la jeune femme se sentait happée par la passion qui vibrait dans la voix d’Aléria. Comment résister face à une personne aussi ardente ? Oubliées les hésitations, rejetées les lamentations. Plus de souvenirs, seulement cet instant présent qui lui apprendrait plus de choses qu’un livre ne le ferait jamais sur le même sujet. Il fallait savoir allier la théorie à la pratique et pour cela rien ne valait un expert, ou une experte dans le cas présent, pour qu’il dévoile ses propres connaissances que l’habitude avait soigneusement rodées.
-Je ne peux que vous rejoindre, l’apprentissage par cœur n’a guère d’intérêt à moins de pouvoir s’allier aux exercices plus réalistes. Savoir comment arrêter une hémorragie, c’est très bien, pouvoir le faire, c’est beaucoup mieux ! Et si en plus l’on peut se passer du décorum, c’est réellement parfait. Mais je suis malgré tout heureuse de l’existence de cette magie humaine, gestes clefs ou non ! Dites-moi, lorsque vous parlez de chant-nom et de mélodie, seriez-vous capable de la retranscrire ? Connaitre mon propre chant-nom peut vous sembler bien vaniteux, mais je ne peux m’empêcher de m’interroger sur la mélodie de mon âme. On dirait bien que la curiosité est mon plus vilain défaut, conclut-elle en riant doucement à son tour. |
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Mer 3 Fév 2016 - 3:16 | |
| Aléria écoutait la jeune femme parler, semblant chercher à trouver un sens à sa culpabilité. Pourquoi disait-elle ainsi sans cesse qu’elle était égoïste ? Mais elle avait raison, ou elle était sur la même longueur d’ondes que la baptistrelle : Toutes les vies valaient autant l’une que l’autre, mais probablement que certaines étaient moins bénéfiques. Elle sourit doucement avant de venir s’asseoir près de la jeune femme, lâchant un moment le paravent derrière lequel elle s’était réfugiée pour regarder les blessés, s’assurer que tout allait bien.
-Je peux vous dire cent fois que vous faites plus de bien que de mal en soignant les blessés, mais si cela vous gruge à l’intérieur, si cela vous fait mal, vous ne pouvez pas vous responsabiliser ainsi de leurs vies.
Colombe ensanglantée, Aléria avait appris tôt à laisser son dégoût de côté. Elle n’avait pas perdu sa pureté, ses manières ni sa personnalité, elle avait simplement décroché, apprenant à aider le plus possible sans laisser ses émotions avoir raison de son métier et l’affecter.
-C’est difficile, certes, et…je vous l’accorde si c’est ce que vous ressentez, insultant de se faire dire cela. Mais il y a un moment où il faut penser à soi et ce n’est pas égoïste, c’est normal. N’êtes-vous pas d’abord responsable de vous-même? Et si vous ne savez-vous occuper de vous, comment pourrez-vous aider les autres? Il y a des choses que la magie ne peut faire et vous ne pouvez laisser aller vos déséquilibres d’un geste clef, mais il faut décrocher…Même si ça semble de débat de conscience, c’est l’essentiel pour vous et pour ceux qui ont besoin de vous…
Mais cela venait avec le temps et Ambre n’avait pas besoin de mentor pour arriver à cette conclusion. Compagne de Lorenz Wintel, Elle serait bientôt assez poussée à bout pour laisser aller toute la souffrance qui ne pouvait se loger dans un seul cœur.
-Les ressentir…C’est le mot juste. À vrai dire, on parle de manipuler les vibrations, c’est là où la magie baptistrelle agit. Entendre, sentir…Pour certain, c’est la subir. Un Chantefeu ne pourra manipuler les vibrations de l’eau et vice versa, alors que les Chanteciel peuvent maîtriser les vibrations de tous les éléments. Je suis une Chanteciel…baptistrelle des étoiles, élément qui a encore bien des mystères même pour moi qui les ressens et les manipulent…
Elle se souvenait de sa rencontre avec la princesse Ataliel, où elle avait tenté de résoudre plusieurs théories sur les étoiles en compagnie de Lisaë Terendul. De doux regards qui n’avaient pas lieux d’être dans une classe…
-La curiosité n’est pas un défaut, elle peut-être une arme, ou un bouclier, bien plus puissant que l’acier. Elle est l’antithèse de la naïveté, celle qui vous empêchera de vous laisser manipuler, qui vous poussera à poser des questions. Apprenez à brandir cette arme et à la ranger lorsqu’il est dangereux de pointer une épée devant plus forte que soi.
Et Aléria n’était pas un ennemi, cette discussion était donc comme un duel amical. L’idée amusa la baptistrelle qui répondit enfin à la question d’Ambre :
-Je pourrais Chanter votre chant nom, mais…Je ne crois pas que vous vouliez que je le fasse. C’est dangereux et très…intime…Je ne sais pas si vous comprenez. Ce n’est pas une question de conventionalité, c’est tabou et si je fais une erreur, cela pourrait vous tuer.
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Jeu 11 Fév 2016 - 20:03 | |
| Petit rire léger, qui s’envola au-dessus de leurs têtes pour se perdre rapidement dans l’air morose de la salle de soin. Petit rire délicat, qui ne s’attarda qu’une fraction de seconde, mirage pour certains, apaisement pour d’autres, offense pour quelques-uns. Petit rire surprenant dans ce lieu ce lieu où la mort côtoyait allègrement la souffrance et le désespoir, où les larmes et le sang étaient bien plus présents que les sourires sincères. Petit rire qui disparut bien vite pour laisser place à un franc regard et une grimace de soulagement.
-Et bien, j’espère leur faire plus de bien que de mal, j’aurais été peinée d’apprendre le contraire et serais sans doute partie en courant.
Une guérisseuse qui rendait plus faibles ou davantage malades ses patients serait bien maladroite et d’aucune aide, au contraire. Les autres soignants avaient bien assez à faire que de réparer ses erreurs et les hommes, femmes et enfants allongés sur ces lits n’avaient besoin de personne pour être souffrants. Non, il n’y avait pas que la bonne volonté quand une vie était en jeu, mais aussi un ensemble de connaissances, une pratique certaine à mettre en œuvre pour parvenir n’était-ce qu’à espérer améliorer la situation. Mais la baptistrelle avait raison sur bien des points et s’affliger de sa propre condition ne servirait à rien, si ce n’était à se miner le moral et à perdre un temps précieux en vaines lamentations. Après avoir observé un court instant de silence pensif, Ambre hocha la tête pour fixer Aléria avec un sourire d’excuse.
-Vous avez raison. Si je ne puis m’occuper de moi-même, je deviens même un danger pour les autres dont je souhaite prendre soin. Veuillez excuser cet instant d’humeur sombre, je crains que la fatigue et la souffrance qui nous entoure ne vienne me chambouler. Elle eut un sourire en regardant son interlocutrice sans vraiment la voir. Depuis que Valen est entré dans ma vie, j’ai pourtant appris à concilier mon temps avec le sien, ma vie au rythme de la sienne, et lui ai appris à faire de même. Mais je crains que cela ne m’ait tout appris sur la façon de s’occuper des autres tout en prenant soin de soi-même. Mais ainsi qu’on le dit… il n’est jamais trop tard pour apprendre, et broyer du noir ne me servira à rien.
Ambre préférait de loin les enseignements que pouvaient lui offrir les baptistrels. Bien qu’elle ne puisse jamais devenir l’une d’elle après ce que lui avait dit celle qui lui faisait face, elle n’en conservait pas moins l’envie de baigner dans leur apprentissage, quitte à ne rester qu’une étrangère possédant quelques notions de ces magnifiques êtres. Un instant, elle resta à écouter les propos qui lui étaient prodigués, écoutant avec attention et prenant le temps de réfléchir avant de répondre à son tour à tout ce qui lui avait dit.
-Dans ce cas… Non, alors je préfère ne pas l’entendre ; bien que j’avoue que j’en serais réellement enchantée. Ce n’est ni le lieu ni le moment pour prendre pareil risque si c’est aussi dangereux que vous le dites – et je ne doute nullement de votre jugement. Peut-être, un jour, aurais-je l’occasion de l’entendre.
Elle pencha la tête, observant Aléria de ses grands yeux clairs, détaillant les traits fins et délicats de la belle humaine. Elle aurait aimé la rencontrer en d’autres temps plus paisibles, en d’autres lieux plus chaleureux. Au bord d’une rivière, dans l’herbe tendre d’un pré et sous le ciel bleu, au coin d’une cheminée ou à l’abri d’une bibliothèque. Elle aurait aimé avoir une journée entière pour l’interroger sur tous les détails que comportait son art, sur sa vie, ses envies, ses rêves, ses expériences. Elle aurait aimé la connaitre et la découvrir, se pencher sur ce cœur ouvert, empli de gentillesse et de compréhension envers autrui. Ambre avait toujours apprendre à connaitre les autres, quels qu’ils furent, savoir ce qui se cachait, en toute honnêteté, derrière leur regard. La baptistrelle ne faisait pas exception à la règle et d’autant plus qu’elle avait un charme naturel qui donnait envie de se lier d’amitié avec.
-Bien aussi… dites-moi si ma curiosité menace me tuer, j’ai encore des choses à faire dans ce bas monde. Elle eut un nouveau sourire avant de reprendre : pourquoi chanter mon chant-nom pourrait-il me tuer si vous vous trompez ? Cela le modifierait-il ? Et quelle différence exactement entre chacun de vos… domaines : étoiles, feu, eau… ?
Se passant une main lasse dans sa coiffure à demi défaite, la jeune humaine se massa un instant la nuque, rejetant les épaules en arrière pour éliminer le point douloureux qu’elle sentait dans le dos avant de se confesser à mi-voix, le regard perdu dans un autre monde : celui de ses pensées.
-Vous savez, cela fait bien longtemps que cet art me fascine, et pourtant… j’avais peur, je crois, de me lancer dans pareille aventure. Que ma vie prenne un tel virage alors qu’il en avait tant connu. Peur aussi, sans doute, de l’effleurer avant que l’on ne m’arrache à ces enseignements. Aujourd’hui, je me dis que j’aurais peut-être dû m’affirmer davantage, chercher le bonheur là je pensais qu’il était plutôt qu’hésiter et tâtonner. Il est trop tard maintenant et je ne puis y songer sans une pointe de regrets. Et pourtant, je me sens totalement différente de celle que je fus il y a de cela quelques années. Sans doute la guérison n’est-elle qu’une des rares choses qui m’unit à mon moi plus jeune. Le même désir d'en apprendre davantage dessus coule en moi. |
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Mer 24 Fév 2016 - 5:56 | |
| Elle s’excusais, encore, la baptistrelle ne lui ferait pas comprendre aujourd’hui. Peut-être la jeune femme saurait-elle faire son bout de chemin après la conversation, un apprentissage n’était jamais instantané. Encore une personne qui oubliait de penser à elle, retournant toujours ses priorités vers les autres par peur d’égoïsme. Comment les gens faisaient-ils pour craindre ainsi le bonheur? Qu’est ce qui pouvait attacher un être si fermement à la souffrance? La Chanteciel commençait à comprendre, tout doucement, elle avait vu cette histoire des dizaines de fois. L’amour pouvait être une chaine des plus puissantes, elle avait tenté de fuir Orfraie, les problèmes que cela allait causer…Elle avait hésité entre ce sentiment et la sécurité, la tranquillité et à présent elle comprenait ce qu’ils y trouvaient d’aussi addictif. C’était une fois qu’on y goutait réellement qu’on ne voulait plus partir, parce qu’il est encore temps, lorsque tout est encore en surface…
L’humaine posa ses yeux sur Valen, son fils, mais pas tout à fait. Mais ça n’avait aucune importance, la baptistrelle croyait aux liens qui se formaient avec le temps, ils étaient plus sincères et plus solides, puisqu’on les choisissait.
'' Ce que vous me demandez relève d’un peu plus compliqué, vous devriez vraiment venir assister à quelques leçons, si vous avez un peu de temps libre. Chaque note qui peut être entendue et chantée possède sa signification et vous voyez, nous n’avons pas vraiment le temps d’un cours magistral…Je crois que ça relève simplement du fait de manipuler les vibrations. Et puis, c’est un peu…gênant, de se retrouver dans la plus profonde intimité d’une personne…’’
Elle ria doucement, tentant de blaguer un peu pour ne pas mettre de tension inutile.
''Je sais ce que c’est de se retrouver un peu toute seule…Devant l’inconnu. Il aurait été bien plus facile pour moi de rester sous la tutelle de mon père, de me marier, d’avoir quelques héritiers, de gagner en pouvoir et ainsi en sécurité financière. J’ai l’immense chance d’avoir l’appui de mon père…Mais c’était un peu difficile de devoir le convaincre de partir, me lancer dans les livres, la magie, la guérison. Mais moi, je n’avais pas un prince noir pour me retenir… Il vous donne probablement un autre genre de bonheur, je ne vous juge pas Ambre. Mais, rien ne vous empêche de penser un peu à vous en restant auprès de lui. Si apprendre vous rend heureuse, visitez les baptistrels, assistez aux cours, ils ne vous tiendront pas compte de votre vie amoureuse. ''
Elle observa la salle, un homme arrivant dans la caverne, visiblement blessé, la baptistrelle échappa un ''d’ailleurs…’’ Elle se leva pour aller venir en aide à l’homme, la guérisseuse aurait une démonstration technique à la théorie…
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| Sujet: Re: Au plaisir simple d'une rencontre [Aléria] Sam 12 Mar 2016 - 18:07 | |
| Est-ce qu’Ambre avait du temps libre ? Elle pourrait en trouver, en tout cas. Elle aimait à passer ses journées auprès des malades, à leur consacrer son temps et son attention, mais il fallait aussi qu’elle pense à son futur et ses capacités de guérisseuse ne pourraient qu’être décuplées par un apprentissage auprès des baptistrels. Oui, elle pourrait trouver un moment pour se consacrer aux leçons d’Aléria. Il faudrait toutefois qu’elle arrive à concilier cela avec son travail, Valen et ses visites à la prison. Peut-être pourrait-elle tout simplement cesser de dormir pendant quelques temps ? Cela semblait une bonne idée, quel dommage que son corps ne soit pas du même avis. Ah, les contraintes matérielles… Si seulement l’esprit pouvait en être affranchi, quelles merveilles pourraient être réalisées ! Osmose, symbiose, le monde serait empli d’amour et de lumière. Ni peur ni douleur, adieu guerres et maladies.
-Oh, et bien je… m’excuse de vous avoir demandé une telle chose, dans ce cas. Je tenterais de venir assister à quelques uns de vos enseignements, si vous me le permettez. J’en serais même ravie.
Mariage, tutelle… La baptistrelle semblait effectivement beaucoup mieux, libre qu’elle était. En se souvenant de sa propre histoire, Ambre eut un sourire un peu nostalgique. N’était-ce pas ce à quoi elle avait également échappé, presque malgré elle ? Un mariage simple pour une vie sans fioritures ? A présent qu’elle y songeait, elle se demandait ce qu’elle aurait pu penser de cela. Sans nul doute en aurait-elle été heureuse, puisqu’elle aurait ignoré qu’autre chose pouvait lui être accessible. A présent, s’en satisferait-elle ? Peut-être, oui. Mais l’homme qu’elle aimait n’était pas de ceux qui s’installaient dans une tranquille petite cabane pour élever ses enfants ou lire un bon livre au coin du feu, les soirs d’hiver. Il n’était pas ceux qui aimaient à parcourir la campagne pour venir en aide à ses voisins. Comment avait-elle pu tomber amoureuse d’un être comme lui ? Elle ne se comprenait pas elle-même, mais quelle importance. Elle avait toujours fait passer rêves avant réalité, cœur avant raison. Ce ne serait probablement pas aujourd’hui que cela changerait. Mais tous ne réagissaient pas comme elle le faisait, ou ainsi que résonnait son interlocutrice. Pour ceux qui connaissaient sa relation avec Lorenz, ils la considéraient comme un être sournois, sans aucun doute plein de mauvaises intentions. Non, mieux valait qu’un maximum ignore ses relations privées. A la belle humaine, elle ne pouvait rien cacher, mais au moins savait-elle qu’elle ne dirait rien.
-Je vois. Nul secret que je ne puisse vous cacher, visiblement. Je repenserais à vos paroles, ma da… Aléria.
Avec attention, la guérisseuse la suivit auprès d’un malade, observant patiemment chacun de ses gestes, surveillant du coup de l’œil que son fils adoptif ne se sauve pas. Elle resta ainsi un long moment, aidant lorsque sa mentor le lui demandait, se reculant lorsque nulle aide n’était requise, jusqu’à ce que Valen ne vienne tirer sa jupe, demandant à manger. Alors, elle prit congé d’Aléria, satisfaite de cette rencontre qui lui avait apporté bien plus qu’elle ne l’aurait cru. Sans doute ne serait-ce pas la dernière fois que sa route croiserait celle des baptistrels.
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