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| Soeur d'écaille, soeur de peine. | |
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| Sujet: Soeur d'écaille, soeur de peine. Dim 15 Nov 2015 - 21:10 | |
| Le 6 juillet, aux abords d'une oasis.
Une douce et chaude journée, un temps idéal pour un vol paisible. Dommage que Korentin ou Möebius n'aient pas pu être disponible pour le partager... Mais au final, comparé à l'agitation de la ville, ce calme reste agréable. Une bonne journée pour oublier un peu tout ce qui se passe et se prépare et se perdre dans des pensées plus agréables, comme ce qu'elle attend avec Möebius... Ce petit cadeau pour Armanda, pour leur race... Et tout simplement pour Möebius et elle même. L'idée de cet œuf qui attend en elle de libérer un petit être dans ce monde semble parfois si étrange... Et si apaisante en même temps.
C'est donc l'esprit léger avec ces pensées en tête qu'elle finie par se diriger vers l'oasis la plus proche pour apaiser sa soif et se baigner un peu, aller un peu sous l'eau pour revivre de bon souvenirs en oubliant ce qui viens les ombragés, pour ne pas oublier... Même si l'oasis est loin d'être comparable au lac d'Aigue pour ce qui est de la profondeur.
Symbiose, son armure, brille au soleil de milles éclats d'émeraude et de saphir, les délicates gravures représentant de jeunes dragons semblant ainsi presque prendre vie. Elle s'amuse à virevolter avec son compagnon immatériel, un dragonnet bleu saphir qui semble voler joyeusement autour d'Ashy alors qu'elle effectue quelque vrilles et autres acrobaties. Une belle journée offrant une joie que, bien qu’éphémère, rien ne pourrait gâché !
Alors qu'elle descend vers l'étendue d'eau de l'oasis, elle se prépare à plonger vers le centre quand elle sent une présence... Une présence familière mais qui semble... Qui semble tellement différente en même temps... Elle s’arrête soudainement dans son élan, redressant sa course en envoyant son esprit plus attentivement, son regard balayant la zone... … … Silarae... ? Silarae ! Son cœur se serre à la vue de sa sœur d'écaille et pour un peu elle se serait presque écrasée dans l'oasis en oubliant de battre des ailes... Elle semble si... Vide ? Mourante ? Perdue ? Peut être tout ça en même temps... Elle semble fixer l'eau sans réagir à sa présence, qu'elle l'ai remarquée ou non...
Après un instant à l'observer ainsi, Ashy finie par se poser doucement un peu en retrait et approche lentement de la dragonne, envoyant doucement son esprit caresser celui de Silarae pour annoncer sa présence et son approche... Plus elle approche, et plus la jeune verte vois à quel point sa sœur d'écaille semble faible. Ses écailles ont perdu leur éclat, elles semblent si ternes... Comme si la vie les avait déjà quittées... Et elle est si maigre ! Elle s’arrête à quelque mètres, refermant un instant son esprit en serrant les crocs, détournant le regard en fermant les yeux pour tenter de retrouver un peu de joie dans son esprit, pour tenter de trouver la force d'apporter un peu de réconfort à Silarae, si c'est encore possible...
C'est un grondement qui lui fait à nouveau observer la dragonne blanche... Grise ? Oui, la dragonne grise... Le genre de grondement qu'elle même aurait peut être fait si elle était blessée. Pourtant, elle ne semble pas saigner... Et Ashy ne doute pas que la blessure n'est de toute façon pas physique... Tout en étant plus profonde que ce qu'une arme pourrait provoquer... Un poison plus fort que tout autre poison...
Alors qu'elle approche, elle tente de lui parler, de la saluée, mais un nouveau pincement au cœur la prend en voyant qu'il n'y a pas la moindre réaction... S'est elle seulement aperçu que la jeune verte est juste à quelque mètres d'elle ? Ashy se souviens de l'époque ou Korentin était prisonnier à MorneFlamme... Elle comprend un peu mieux ce qu'à pu ressentir Möebius en la retrouvant totalement déphasée de la réalité. Tout le mal qu'il a eu à lui permettre de se raccrocher à ce monde et à ne pas simplement sombrer dans la folie en partant aveuglément droit vers Morneflamme... Mais Silarae n'a même pas cette échappatoire, il n'y a nul part ou rejoindre son lié... Du moins, nul part en ce monde...
Encore une fois, Ashy referme son esprit le temps de réprimer une vague de détresse et de tristesse profonde... Après avoir soufflé un bon coup elle tourne son regard vers Symbiose, observant un instant le dragonnet de saphir immateriel sur son dos et les fines gravures représentant pour elle son union avec Möebius. Oui, elle peut se rattacher à ça pour trouver la force de soutenir sa sœur d'écaille... Il le faut.
Après avoir pris quelque secondes de plus pour vider son esprit autant de possible de tout ce qui peut être négatif, elle s'ouvre pleinement à Silarae, sans restriction, cherchant à l’envelopper d'autant de chaleur et d'apaisement possible tout en allant à ses cotés, s'allongeant contre elle en silence et la couvrant d'une aile.
"- Je resterait à tes coté, cœur d'argent, si cela ne te dérange pas... Je suis contente de pouvoir passer un moment de plus à tes cotés. Je..."
L'esprit de la jeune verte vacille un instant, menaçant de resombrer dans une vague de chagrin avant de se ressaisir.
"- J'avais peur de ne jamais te revoir... J'aimerais trouver les mots pour te réconforter, mais je crois que tout mot dans ce sens serait futile... J'espère qu'il reste possible de te soustraire à ces sombres pensées, même l'espace d'un bref instant..."
Elle ressert légèrement son aile sur le corps de sa sœur d'écaille laissant glisser son museau le long des écailles du cou de Silarae... C'est le genre de mouvement d'afection qu'elle n'aurait pensée avoir que pour Möebius, mais elle ne savait pas très bien quoi faire d'autre pour exprimer ce qu'elle ressentait...
"- J'ai entendue dire que tu allait avoir un œuf... Nous avons donc un point commun. Une nouvelle génération qui volera dans les ceux d'Armanda... qui sait, peut être nos enfants voleront côte à côte ? Virevoletant dans les airs en profitant d'une paix à venir, il faut l'espérer."
Un espoir, oui. Un espoir de taille. L'espoir d'un futur en paix ou les dragons peuvent grandir enssembles sans avoir peut de retrouver leur lié avec une lame dans le corps. Un espoir que Silarae ne peut désormais plus partager... Peut elle au moins encore espérer sans avoir de futur autre que la mort dans ses pensées ? Si seulement il y avait un moyen de lui redonner une raison de vivre suffisante... Mais si Korentin venait à disparaître, elle n'est pas sur que même Möebius puisse la consolée... Que quoi que ce soit puisse la consolée...
Son regard s'abaisse vers l'eau, la ou regardait Silarae la dernière fois qu'elle l'avait observée, puis remonte rapidement droit vers le ciel, s'y perdant sans même qu'elle ne regarde vraiment ce qui lui fait face alors que son compagnon immatériel virevolte lentement au dessus d'elle, plus silencieusement encore qu'une ombre.
"- Si seulement il n'y avais pas toute ces guerres, tout ces conflits... Tout ces..."
Tout ces morts... Elle soupire doucement en marquant un bref silence avant de reprendre.
"- Tu... Tu n'es déjà plus vraiment la... N'est ce pas ? Reine des cieux... Coeur d'argent... Je ne sait pas s'il existe un moyen de te réconfortée... De te guider vers des temps plus cléments... De te redonner cette étincelle, cet envie de vivre... Mais si ce moyen existe, je le chercherais... Même s'il me faut affronter Vraorg lui même pour te l'apporter..."
Dernière édition par Ashy le Sam 21 Nov 2015 - 3:24, édité 1 fois |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Soeur d'écaille, soeur de peine. Lun 16 Nov 2015 - 1:38 | |
| Imperceptible, le vent faisait frémir la surface de l’eau, y dessinant des arabesques et des cercles parfaits. Ce n’était rien et pourtant, c’était fascinant. Incroyablement simple et incroyablement pur. Silarae voyait alors le reflet des quelques arbres frissonner, se tordre et plier avant de reprendre leur forme originelle. Un simple vacillement et la réalité semblait autre. Le grand devenait petit, le beau se transformait en laid. Le monde était tel le reflet de ce petit oasis où la Blanche se trouvait : un mensonge, une illusion. Il suffisait de changer d’angle de vue pour que tout prenne une autre signification. Comme les mots qui flottaient dans le vent, comme les promesses qui s’éteignaient en lui. Qui croire et pourquoi croire ? Le plus beau des rêves était soufflé de la pire façon, victime d’une force inconnue qui prenait plaisir à détruire à jamais le cœur et l’âme.
Frisson. Encore un. Qui montrait une lumière, aussi. Là-haut, dans le ciel, une petite étoile volait au-dessus d’elle. Ashy ? L’esprit mort, la Blanche observa sa semblable évoluer avec grâce, sans bouger. Elle était bien où elle était après tout. Enfin, bien… L’était-elle vraiment ? Pouvait-elle seulement encore l’être ? Non, il y avait peu de chance en fait. Elle ne se souvenait même plus ce que cela voulait vraiment dire. Mais elle n’était pas vraiment mal non. Le désert était silencieux pour ceux qui ne savaient écouter, mais les bruits qu’il produisait étaient de douces et apaisantes mélodies. Pas d’activité bipède alors que la chaleur était écrasante. Les quelques plantes du petit oasis offraient un contraste intéressant avec le paysage sec et brûlant alentour. Non, elle n’était pas mal. Pour une fois, elle était en paix, pas même tourmentée par le visage de celui qui lui manquait.
Frisson. Encore, oui, mais plus fort. Cette fois l’eau protesta au mouvement des ailes qui s’arrêtaient, au souffle provoqué par la dragonne qui se posait. Elle était donc venue ? Oh. Qu’importait. Elle ne pouvait rien faire. Nul ne pouvait plus rien faire. Qu’était une existence, même celle d’un dragon ? Qu’était sa propre existence ? Une seule avait compté, et elle n’était plus. La douleur revint, un instant, pic d’acier, lame de glace. Elle lui traversa le cœur, mutilant son corps, transperçant son esprit. Un grondement, presqu’un hoquet de douleur, franchit le barrage des longues dents d’ivoire. Et puis la souffrance reflua, aussi vite qu’elle était venue, traitresse et sournoise, le venin qu’elle laissait derrière elle rongeant peu à peu ce qu’il restait de cohérent dans les pensées de la dragonne. Elle avait l’habitude et pourtant, elle ne s’y faisait pas. Ces sursauts la prenaient parfois quand elle s’y attendait le moins. Parfois elle restait plusieurs heures, plusieurs jours à souffrir sans interruption, à rechercher par tout moyen comment s’ôter cette peine insupportable, ce fardeau trop lourd pour elle. Puis elle replongeait, apathique, dans son état de contemplation qui était le sien à l’instant. Elle se nourrissait lorsque son corps n’avait d’autre choix que celui de lui imposer de le faire, et encore. Elle ne prenait plus aucun soin de ses écailles, se détournant de la vanité qui était sienne autrefois. Son miroir s’était brisé lors de cette terrible nuit de bataille, et elle n’avait plus nul envie de se contempler dans un autre.
Un effleurement, cette fois. Non, pas en surface. Plus profond. Plus intime. Plus caressant. Plus draconique. Elle était venue à elle, finalement. Silarae l’avait presqu’oubliée, cette petite créature silencieuse qui l’observait. Pourquoi se manifestait-elle, soudainement ? Pourquoi troublait-elle la brume qui envahissait son esprit, chassant les ombres, perçant les ténèbres ? Ne pouvait-elle pas la laisser tranquille ? Elle était si fatiguée, pourquoi ne pouvaient-ils pas le comprendre ? Si dure était déjà l’épreuve qu’elle traversait, si cruelle le secret que son ventre protégeait… réconforter. Futile. Sombres pensées. Tant de mots qui s’inscrivaient en elle, glissant sans qu’elle ne les retienne, sans qu’elle ne les comprenne. De quoi parlait-elle ? Cela n’avait pas de sens. Elle ne devait pas rester à ses côtés. Non, il n’y avait rien à attendre ici. Rien hormis la mort.
L’étincelle renaquit dans ses yeux, un instant. Dans un rare sursaut de lucidité, la Blanche se reprit d’intérêt pour quelque chose. Quelque chose de vivant. Son regard d’or hagard se fit plus lucide tandis qu’elle rendait à Ashy son salut d’un effleurement du museau. Elle l’avait tirée de sa torpeur, et l’écailleuse en était la première surprise. Une partie d’elle était encore engourdie, comme un baume pour la protéger de sa propre faiblesse, mais une autre s’était éveillée et contemplait sa semblable, stupéfaite de ses paroles. Un œuf, oui. C’était cela qui l’avait réveillée.
*Bienvenue à toi, dragonne d’émeraude. Voilà longtemps que nos routes ne s’étaient pas croisées.*
Elle était hésitante, encore. Sa mémoire, comme le reste, se débattait au milieu de sa folie, cherchant où s’accrocher. Elle n’était pas certaine de leur dernière rencontre. Elle n’était jamais sûre de l’écoulement du temps, d’ailleurs. Il était tellement… fluctuant. Et tellement… inutile.
*Oui, il y a la vie en moi. La vie dans la mort, quelle étrange ironie. L’une réclamait-elle la seconde ? Je ne te le souhaite pas, Ashy-aux-écailles-sylvestres. J’ignorais que ton corps abritait aussi un petit…*
Comment l’aurait-elle su, d’ailleurs ? Elle l’avait ignoré si longtemps pour elle-même. Peut-être aurait-elle aimé continuer à l’ignorer ; mais cela, elle ne le saurait jamais. La paix viendra à elle avait qu’elle ne se pose sur ces terres désolées. Jamais sans doute ne verrait-elle sa progéniture parcoure les vents et se rire des tempêtes.
*Je ne sais, mon amie. Je me suis perdue il y a si longtemps… Je ne vois que brume et désolation, n’y a-t-il rien d’autre autour de moi ? Les chants les plus purs ne m’effleurent même plus. Où suis-je, je l’ignore. Mais je crois que c’est là où je suis le mieux. Je suis navrée, petite sœur d’écailles. Il est des vents qui ne tolèrent souffle contraire. Vis sans douleur et sans ombre, ne te laisse pas toucher par ma peine. Elle te détruirait.*
Et sa voix n’était qu’un murmure qui oscillait, lointain, se perdant de nouveau dans d’autres contrés. Et son regard s’éteignait déjà, orbe sombre, replongeant dans un paysage sinistre qu’elle était seule à voir. Et le monde à nouveau cessa de fonctionner comme il l’avait pourtant toujours fait, se figeant pour mieux la préserver. Pourtant à nouveau l’étincelle fut là, qui la réveillait, sans même qu’elle ne sache comment, sans même qu’elle ne le veuille.
*Qui donc est le père de ton petit, le compagnon que tu t’es choisi ? Est-il digne de toi ? Sais-tu combien seront ces porteurs d’espoir qui grandissent en toi ?*
Elle s’accrochait au monde qu’Ashy lui tendait, elle refermait les crocs avec désespoir sur ce qui semblait être une échappatoire. Quelques instants, encore. Oui, quelques instants, car elle l’effleurait. A nouveau, Silarae se sentait vers le « se sentir bien ». Elle en était loin, hélas… Mais, sa douleur anesthésiée par son propre corps, elle pouvait presque le frôler.
Dernière édition par Silarae le Sam 28 Nov 2015 - 16:11, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Soeur d'écaille, soeur de peine. Sam 21 Nov 2015 - 4:26 | |
| L'inquiétude monte doucement en Ashy alors qu'elle parle, se demandant de plus en plus si Silarae l'entend ou non... Est elle perdue dans un rêve étrange ou son lié serait encore vivant ? Elle semble si maigre... Ses écailles semblent si ternes... N'y a il donc rien qui puisse lui ramener un peu de vie ?
Alors qu'Ashy allait presque se demander si elle n'allait pas simplement rester allongée ainsi en silence écailles contre écailles, la voix de Silarae résonne dans sa tête. Faiblement, mais bien présente. La jeune verte caresse doucement l'esprit de sa sœur d'écaille soulagée d'obtenir une réponse qui devenait de plus en plus inespérée.
La vie dans la mort... Se considère elle déjà comme morte ? En un sens, elle l'est à moitié... Du moins, c'est ce que beaucoup connaissant la force du lien diraient... Et c'est aussi ce qu'Ashy pense, même si à présent qu'elle est à coté de Silarae elle aimerait qu'il n'en soit rien... Une vie pour une mort... Non, ce prix n'est ni juste, ni acceptable... Achroma avait encore tant à voire... Il aurait du être la pour soutenir Silarae, pour découvrir les petits de sa liée, pour partager ses joies, pour absorber ses peines... Mais il n'est plus la, et Ashy a beau réfléchir à tout les moyens possibles et imaginable, elle ne vois pas ce qui pourrait apaiser durablement sa peine si Korentin venait à disparaître... Mais peut être provisoirement ?
Soulager la peine de Silarae, même pour un instant... Si c'est possible, alors elle doit faire son possible pour égayer un peu la journée à sa sœur d'écailles. Elle a déjà pu capter son intérêt en parlant de leurs œufs à venir, peut être qu'il est possible de faire plus ? Et si elle ne parviens pas à donner un peu de joie à Silarae... S'il semble impossible de la soustraire à l’éteinte de l'ombre de son lié... Alors elle la fera sentir vivante, malgré tout, même si elle doit attiser sa colère... Faire naître une rage à son encontre... Même si cela veut dire être détestée, ce sera un sentiment fort. Quelque chose qui face bouillir son sang, la faire vivre à nouveau...
La vie par la rage... Cette idée aurait plu à Verith...
Brume et désolation... Insencible aux chants les plus purs... Ne plus se soucier des lieux ou même du temps qui passe... Ashy l'avait vécue au même titre que Silarae, et pourtant ce n'était probablement rien à coté de ce que sa sœur d'écaille ressentait à présent... Même loin de lui, si elle a tenue si longtemps, c'est sachant que Korentin était encore en vie... S'il avait été mort à Morneflamme... … Elle l'aurait suivie dans la tombe, sans aucun doute. Peut être aurait elle même finie par précipiter sa propre chute malgré tout en allant seule droit sur Morneflamme si Möebius n'était pas venue... Ne l'avait pas apaisée... Soulagée... S'il ne lui avait pas redonné espoir... Mais quel espoir pourrait elle aujourd'hui offrir à Silarae ? S'il existe un chemin pour sortir des ténèbres de la solitude, alors Edwyn en a probablement emporté le secret dans la tombe...
Le seul espoir qu'elle puisse apporter est celui d'une prochaine génération qui connaîtrait la paix. Ses petits... LEURS petits... Mais elle n'a pas besoin d'être encore la pour ça, et elle y a déjà probablement songé elle même... Alors que le silence est retombé un instant, les yeux de la jeune verte se perdent dans l'étendue d'eau, observant les reflets qui y dansent... Tout semble en mouvement, comme épris de joie et ne pouvant se forcer à rester immobile... Un monde en mouvement perpétuel qui respire la vie. Est-ce ce que Silarae vois dans l'eau également quand elle y plonge son regard ? Un simple coup d'oeil sur le coté lui indique que c'est peu probable... Les yeux de la blanche semblent comme éteins, comme s'il n'observait rien qui existe dans ce monde, mais autre chose, sur un autre plan... Chercherait elle le reflet de son lié à ses cotés ? L'ombre de sa présence ? Le murmure de sa voix ?
"- Qui donc est le père de ton petit, le compagnon que tu t’es choisi ? Est-il digne de toi ? Sais-tu combien seront ces porteurs d’espoir qui grandissent en toi ?* "
La question tire l'émeraude de ses rêveries et de ses doutes. S'il est digne d'elle ? Elle ne s'est jamais vraiment posée la question de cette façon...
"- Nous sommes si peu nombreux que tu le connait probablement... C'est Möebius aux écailles de saphir qui est désormais mon compagnon. Il n'est probablement pas le plus imposant, mais je sais que je peut lui faire confiance en toute circonstance. Depuis le jours ou je l'ai rencontré, il a toujours été la quand j'en ai eu besoin. Surtout quand..."
Surtout quand Korentin était loin d'elle... Mais parler de son lié n'est probablement pas une bonne idée... Après une seconde d'hésitation, elle reprend sur sa lancée.
"- Surtout pendant la période la plus sombre de ma vie... Je doit avouer que j'ignore combien d’œufs sont à venir en moi... Peut être que je n'arrive pas vraiment à le savoir car il n'y en a qu'un, ou peut être que c'est simplement trop tôt... Cela fait environ deux mois à présent."
Et des fois, elle se demandait encore si les choses n'avaient pas été faites trop hativement... La période semblait propice, les armées de Vraorg avaient été repoussée et l'espoir d'une victoire était au plus haut. Puis quelque jours plus tard, la situation s'est à nouveau inversés... Mais les choses sont faites, il est trop tard pour avoir des regrets. Non, il faut en être fière. Ils sont l'avenir d'Armanda, l'avenir de leur race... Leur propre avenir. Des petites choses si fragiles... Destinées à devenir des êtres formidables.
"- Et toi, raconte moi. Combien attend tu d'eufs ? Et qui en est le père ? Est il... Au courant de ce qui se passe ? S'occupera il des œufs ? Si jamais le besoin s'en faisait sentir, je pense que chaque dragon lié en Armanda s'occuperait volonté de tes petits... Moi y compris. Je tiens à ce que mes propres dragonnets, même une fois éclos et liés, restent près de moi... Du moins, pendant un temps. Jusqu'à leur premier vol peut être... J'aimerais assister à ça, et surtout ne pas les laisser grandir comme moi, sans croiser de membres de ma propre race pendant des années... Grandir et s'épanouir aux cotés des leurs tout en apprenant à connaître le monde et ses dangers... Mais également ses saveurs, les choses formidables qu'il à a offrir."
Et des choses formidables, il en est d'innombrables qui existent, n'attendant qu'à être découverts... Silarae a bien du en découvrir. Peut être qu'en parler lui redonnerait quelque bon souvenirs ? Ou de nouveaux ? Elle ouvre à nouveau pleinement son esprit à Silarae, partageant des images et des sensations de ces instants partagés chaque fois que possible à mesure qu'elle parle.
"- Je leur raconterais par exemple le lagon perdu, qui semblait emplis de mystère à chaque recoin... Ces feu folets flottant au dessus de l'eau, illuminant la surface de leur lueur fantomatique... L'étonnante transformation d'un bipède en hérisson alors qu'il s'approchait de l'eau du lagon... Les terribles créatures qui se cachent dans les profondeurs de ses eaux, capable d'attraper un dragon dans ses tentacules pour tenter de l’entraîner au fond... Une créature si fragile qu'elle se cache d'illusions multiples, si difficile à cerner qu'il faut être déphasé mentalement du monde réel pour en être capable..."
Oui, ce lagon, malgré ses dangers, était un endroit formidable et emplis de magie...
"- Je leur raconterait les étendues nuageuses qui semblent s'embraser au lueurs du soleil couchant, recouvertes d'un ciel bleu pur alors que juste en dessous s'abat une terrible tempête... Cet endroit ou le chaos et le calme ne fon't qu'un, qui semble si terriblet vu d'en dessous... Et si paisible vu d'au dessus. L'ombre et l'orage d'un coté... La pureté ces cieux et le calme de l'autre. Un étrange union entre deux choses pourtant opposées... Comme quoi, même dans la plus terrible des tempêtes... En sachant ou regarder, on peut encore trouver l'espoir."
Mais hélas, trouver un espoir ne veut pas forcément dire trouver une raison de vivre quand la blessure est trop profonde... Mais qui sait... Peut être que sa sœur d'écaille tiendra jusqu'à trouver un tel espoir ? Esmelda est bien revenue après tout... Mais si Achroma devait lui aussi revenir, mieux vaut qu'il se dépêche... Ou il ne trouvera personne pour l'attendre à son retour...
"- J'ai vu dans les profondeurs du lac d'Aigue des créatures comme je n'en ai vu dans nul autre endroit. Des êtres ressemblant à des poissons... Mais dans le corps est transparent. Des méduses aux même propriétés, capable de piquer à travers les écailles du museau d'un dragon... Des tunnels sous marins dont le courant est plus fort qu'un vent de tempête. "
Un souvenir partagé avec ce traître d'Alford avant qu'il ne se révèle... Il semblait pourtant être quelqu'un de bien, quelqu'un de droit... Comment quelqu'un comme lui peut il changer à ce point...
"- J'ai emporté Möebius haut, très haut dans le ciel. Si haut que les bipèdes souffriraient trop du froid pour pouvoir en profiter... Monter tout droit en traversant les nuages pour se vêtir des millier de gouttelettes, et continuer de monter plus haut... Encore plus haut... Toujours plus haut, jusqu'à en avoir du mal à voler, à respirer... Jusqu'à ce que chaque gouttelette d'eau devienne comme autant de pierres précieuses... Des milliers de petits fragment de glace brillant de milles éclats au rayons du soleil."
Elle montre alors plus en détail ce passage, l'arrivée de Möebius à ses cotés dans les étendues célestes, si loin au dessus du sol... Leurs corps brillant de milles éclats aux couleurs de leurs écailles et du soleil, reflétant toute sortes de couleurs semblant sortir de nul part... Le regard du bleuté alors qu'elle l'observe de la même façon, perdant leurs regards l'un dans l'autre... Le chant elfique partagé à ce moment par Möebius pour accompagner cette beauté visuelle par une beauté sonore... Un moment parfait aux yeux d'Ashy... Puis elle laisse ces dernières images s'évanouir doucement, attendant quelque secondes pour les laissées s'imprimer dans leurs mémoire à toute deux, pour en savourer les détails en espérant que Silarae arrivera à apprécier ces instants qui n'ont pas été les siens...
"- Et toi, dis moi... Quel sont les instants que tu souhaiterait partager avec tes petits ? Que voudrait tu qu'il vivent ? Qu'il sachent ? Raconte moi si tu en a la force et le courage... Raconte moi ta vie. Tes plaisirs, tes douleurs... Tout ce que tu veut, je t'écouterait avec plaisir." |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Soeur d'écaille, soeur de peine. Sam 28 Nov 2015 - 16:32 | |
| Moëbius ? Le nom réussit à attirer son attention un instant. Observant la jolie dragonne qu’elle avait face à elle, Silarae chercha dans ses souvenirs. Oui, un dragon bleu, lié à un elfe. D’où venait cette étrange image du passé, elle ne le savait pas ; laissé par Achroma ? Croisé d’elle-même ? A moins que… Aussi brutale qu’une pierre jetée dans un puits, la pensée remonta et la percuta de plein fouet, ébranlant les quelques murs de paix intérieure qu’elle s’était construit. La bataille. Il était là à la bataille qui les avait opposés à Trissi et la mère dragonne. Il était là quand le monde s’était effondré. Il était là quand la boue était devenue linceul, là quand l’éclat était devenu terne. Il avait su, il avait vu. Elle l’avait oublié, noyant cette scène dans un océan de douleur, l’enfouissant au plus profond d’une abîme noire de déni. Comment aurait-elle seulement pu repenser à cette terrible scène sans se focaliser sur ce qui avait brisé son cœur et sa vie ?
*Oui, je me souviens de lui, bien que je regrette de n’avoir pu le connaitre davantage, répondit-elle après un silence douloureux. Il a combattu à nos côtés. C’est bien. Je suis heureuse pour toi. Pour vous deux. Il est important que vous puissiez compter l’un sur l’autre pour fonder votre famille. Pour la protéger. Tu seras sans nul doute une bonne mère, toi au cœur pur.*
Oui, ses petits auront de la chance. Celle d’avoir une mère pour veiller sur eux, d’avoir même leurs deux géniteurs. Un instant, la Blanche songea à Isyndar, la mère de Cynoë. Elle aussi avait eu de la chance de pouvoir veiller son petit. Malheureusement, elle avait dû dire adieu à son compagnon… Et elle-même, que pouvait-elle dire d’Atalos ? Alors même qu’ils se plaisaient, qu’ils étaient proches, la douleur qu’avait ressentie Silarae lorsque son lié avait été enlevé par Vraorg avait été trop forte pour qu’elle songe davantage à leur relation. Oh, ils s’étaient revus, cherchant un peu de réconfort et d’apaisement, une petite bulle de douceur ; preuve en était d’ailleurs les œufs qu’elle attendait. Mais c’était tout. Ils n’avaient pas discuté de l’avenir, de ce qu’ils voulaient ou espéraient. L’esprit de la dragonne, surtout, était trop concentré sur le sort de son lié. Puis, lorsque ce dernier était revenu, peut-être avait-elle espéré quelque chose de plus, avait-elle songé à son compagnon. Oui, peut-être, elle ne se souvenait plus guère d’autre chose que du réconfort qui l’avait inondé à ce retour inespéré. Et depuis la bataille, cela n’avait plus la moindre importance. Elle n’était pas même certaine qu’il sache être bientôt père.
*Atalos, le dragon d’or. Il est le père de ces petits et mon compagnon de vol –son regard se fit tourmenté– mais je ne crois pas qu’il en sache davantage. Il est avec son lié, et cela est peut-être mieux ainsi. Il apprendra tout cela le moment venu, en des temps plus propices à ces préoccupations.*
Détournant la tête, elle trempa le museau dans l’eau de l’oasis, savourant avec un vague plaisir le contact de l’eau. Ecoutant Ashy, elle laissa les images que la dragonne lui relatait se refleter en songes sur le clair liquide, miroir des pensées. Oui, l’espoir. La beauté. Toutes ces choses existaient pour qui voulait les voir et les conserver. Toutefois, il y avait encore une chose que Silarae pouvait faire. Que sa semblable lui offrait. Relevant la tête pour plonger ses yeux d’or dans ceux qui lui faisaient face.
*Vraiment ? Ferais-tu cela pour moi ? Accepterais-tu d’être la dépositaire de mon passé ?*
Cette fois, la surprise avait clairement chassé la brume de son esprit. Elle considérait cela comme un acte important. Pouvait-elle vraiment transmettre ainsi ce qu’elle avait de plus cher, de plus intime, à la jeune dragonne ? Oui. La réponse lui vint dans ce regard franc et sincère, empli d’amitié. Oui, elle pouvait.
*Te raconter ? Non, je ne le peux. Mais je peux te montrer.*
Et elle lui transmit. La beauté enchanteresse des étoiles un soir d’hiver, tandis que la neige étincelait, plus bas, et que le froid giflait ses ailes. Le chant délicat des oiseaux au petit matin dans la lueur de l’aube. Le goût onctueux et savoureux du sang coulant dans sa gorge, sa proie gisant au sol, devant elle. Le fracas des armes bipèdes qui résonnaient dans les airs. La douceur des forêts elfiques et le refuge enchanteur qu’elles abritaient. L’immensité majestueuse des montagnes invaincues, grandioses et sauvages. L’étonnante ville-sous-la terre où s’étaient réfugiés les rebelles et le grand lac paisible qui s’y cachait. Les étranges plantes carnivores et le puma suicidaire alors que le continent se détraquait. Le désert chaud, doré, silencieux et d’une beauté à couper le souffle tandis que la mer de dunes se colorait de sang sous le soleil couchant. Elle lui montra la haine, coulante, brûlante, envahissante, qui traversait ses veines tandis que son propre sang faisait fondre le manteau glacé du sol, le dragon rouge face à elle. La jalousie amère de la rencontre avec un vieil elfe, finalement pas si désagréable. Les petits bipèdes qui avaient croisés sa route, vampiresse étrange, humain respectable ou petit curieux. Le respect de rencontrer la mère des tempêtes, la mère-dragonne, Skade, et de côtoyer son infinie sagesse. Son affection pour ses semblables, Trissi, Isyndar, Ashy. La mort qu’elle avait frôlée en combattant l’une des Perles du Néant, sauvée par le Fondateur après s’être reçu un plafond sur le corps. Le petit-elfe-au-morceau-de-bois-chanteur et petit-homme-une-orbite, ses compagnons de détresse qu’elle avait appris à connaitre et aimer. Puis Atalos et ses écailles aux reflets d’or, leur rencontre au bord du lac, leur envolée dans le ciel tandis que la voûte sombre refermait ses ailes autour d’eux dans le silence des hauteurs enneigées. Elle s’attarda sur son faciès, sur la couleur de sa carapace massive. Sur la paix qu’elle ressentait près de lui et le bonheur timide de sa compagnie. Et, enfin, Achroma. L’euphorie de leur premier vol. La douleur d’en être séparée. La fureur de le voir lié au vampire-indigne, celui qui se prétendait chef des sang-froid, et l’animosité à l’égard de celui-ci. La torture de voir son esprit malade. L’amusement, la peur, l’amour. Son odeur. Son visage. La caresse de sa main légère. L’harmonie de leur lien. Son regard, ses expressions. La puissance de sa magie. La sagesse de son âme. Leur premier vol, leurs rêves du futur, son projet de la caste, sa force guerrière. Chaque détail de son être et de son cœur. Mais surtout, surtout, l’amour infini, immense, inconditionnel qu’elle lui portait. Puis la violence du choc de sa mort soudaine, l’horreur qu’elle avait ressentie en comprenant la situation, le choc atroce, affreux, de l’amputation d’une partie d’elle-même. Et dans un dernier élan, elle lui transmit le désespoir, le vrai, seule émotion qu’elle puisse encore ressentir ; cette solitude qui la grignotait, la rongeait, la tordait de douleur et la rendait folle, lui faisait mal à n’en plus finir, hantant ses jours et souillant ses rêves. Le désespoir dans lequel elle absorba Ashy, déversant sans même le contrôler le flot de sa détresse. Puis elle coupa tout, brusquement, après un immense effort de volonté. Elle ne voulait pas noyer son amie dans sa propre désespérance. Alors, timidement, craintivement, elle se rapprocha de nouveau mentalement.
*Ils sont trois, attendant le moment de voir le jour. Si tu le peux, montres-leur cette vie que je t’ai dévoilé. Qu’ils connaissent l’histoire de leur mère. Et n’oublie pas ceci.*
De nouveau, celle que l’on disait Cœur d’Argent lui transmis une vague de tendresse étouffée, celle qu’elle ressentait pour ces petits êtres qui attendaient. Ils n’avaient pas besoin de savoir qu’ils avaient été son malheur et la cause de son actuelle souffrance, non. Silarae ne voulait que leur laisser l’affection qu’elle leur portait déjà, en dernier souvenir, en ultime cadeau. Enfin, ne s’adressant qu’à son amie cette fois, elle l’illumina de sa reconnaissance dans une étreinte mentale.
*Je ne sais comment te remercier, dragonne d’émeraude, gardienne du passé. Si je puis faire quelque chose pour toi en retour, parles-en moi. J’espère que nos petits pourront grandir ensemble, éprouver la même affection les uns pour les autres que celle qui nous lie, nous dragons liés. Qu’ils voudront la paix plutôt que la haine.*
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| Sujet: Re: Soeur d'écaille, soeur de peine. Dim 20 Déc 2015 - 22:49 | |
| Silarae sembla rester songeuse un instant, avant qu'un voile sombre ne lui recouvre le regard... Visiblement, quoi qu'elle ai pensée, cela n'a rien de très réjouissant, et la jeune verte a bien peur de savoir à peu près de quoi il était question...Le silence qui suivit laissa Ashy hésitante... Devait elle le rompre d'une façon ou d'une autre ? Ou laisser la dragonne au destin brisé se ressaisir en paix ? Finalement, avant qu'elle n'ai fait son choix, c'est cœur d'argent qui reprend la parole.
Oui, Möebius a combattu à leurs cotés quand Trissi et Skade se sont présentées face à eux, puis pour tacher de faire pencher la balance vers les protégés dans la bataille qui suivit... Il était la quand Achroma... … Pas étonnant qu'elle soit restée silencieuse ainsi pendant un instant. Même si elle se doutait déjà de ce à quoi Silarae avait songé pendant ce silence, en avoir la confirmation reste douloureux...
Heureusement, ce sujet ne resta pas bien longtemps. Parler de ça, offrir une "oreille" attentive à Silarae pendant qu'elle parle de sa perte... Elle l'aurait fait volontiers pour sa sœur d'écailles si cela avait été nécessaire, mais visiblement elle n'est pas prête à aborder ce sujet aussi profondément. Le sera elle un jours...
Se reconcentrant sur les parolles qui lui sont offertes, Ashy reste pensive. Pourvois compter l'un sur l'autre... Oui, ils le peuvent. Möebius a déjà largement prouvé son attention envers elle, et elle même sait qu'elle ferait tout pour le protéger et rester à ses cotés, veillant sur tout œuf qui serait fruit de leur union. Pourtant, les derniers mots lui font détourner le regard, observant le sable fin en silence, l'air un peu peiné...
Au cœur pur... Qui après toute ces guerres peut prétendre à ça ? Qui après avoir goûté le sang des bipèdes peut encore prétendre avoir un cœur pur ? Qui après avoir sentis son ventre grondé de faim ace à l'odeur du sang des bipèdes, peut être désigné comme un cœur pur ? Sans parler de tout ceux qu'elle a du tuer en dehors de ces batailles massives, lors de raides ou simplement pour empêcher des groupes d'aller porter l'alerte à un camp... Non, elle n'a pas le cœur pur. Mais elle espère que tout le sang qui coule aujourd'hui, qui qui coulera encore tant que Vraorg sera la, permettra aux futur générations de pouvoir y prétendre. L'espoir fou que leurs petits ne connaîtrons jamais le goût du sang des bipèdes, ne vivrons jamais ces batailles ou la mort est omniprésente, n'auront jamais à regarder par dessus l'épaule de leur lié pour guetter un possible assassin tapis dans l'ombre.
Pourtant, les yeux de la verte s'ouvrirent au nom d'Atalos, le regard se tournant vers Silarae alors que de nombreux souvenirs reviennent dans sa tête. Atalos, le dragon citron, le dragon statue... Le premier de sa race qu'elle ai croisée, qu'elle a escaladée, qu'elle a tourmenté à sa façon quand elle n'était encore qu'une petite boule d'écailles qu'un bipède pouvait porter dans les bras. Beaucoup de bon souvenirs... Parfois, elle se demande comment lui même se souviens d'elle.
Des souvenirs... Après avoir partagé une partie des siens avec Cœur d'argent, elle semble presque être surprise par la proposition d'Ashy. Elle observa calmement sa sœur d'écaille, tachant de paraître rassurante, sur d'elle, amicale... De lui montrer que cela ne serait pas un travail ou un service proposé dans le vent, mais bien une proposition faite de bon cœur. Une chose qui lui semble aussi normale qu'importante. Après tout, c'est la moindre des choses qu'elle puisse faire pour elle...
alors que des souvenirs commence à arriver dans son esprit, elle laisse ses yeux se perdre sur la surface ondulante de l'oasis, épousant ces images venant d'un passé étranger au sien avec attention, prenant grand soin de garder chaque détails plus précieusement encore que ses propres souvenirs.
Certaines choses étaient de toute beauté, mélangées à de terribles souvenirs... Des sentiments de paix et de joie, mêlée à sa haine la plus profonde, à sa colère, à sa peur... Des personnes qu'elle reconnaît, d'autres totalement inconnus... Un vague sentiment de colère s'empara de la verte en percevant Fabius au détour d'un souvenir, mais il disparaît très rapidement pour se concentrer à nouveau sur ce flot d'images.
Alors qu'elle recevait les premiers souvenirs de la mort d'Achroma, Ashy ferma les yeux, serrant un instant les mâchoires en acceptant chaque image, chaque son, chaque sentiment partagé... Puis le désespoir qui résultat de ce choque... Un océan sans fin, s'étalant sur tout les horizons, mais recouvrant également les cieux... Cette solitude intolérable qu'elle même n'avait fait, elle le comprend à présent, qu’effleurer lors de sa séparation avec Korentin quand il était à Morneflamme...
Ses yeux se rouvrirent d'un coup alors qu'elle avait l'impression d'étouffer, de s'enfoncer dans des ténèbres solides lui couvrant la vue et la privant de ses sens, le vertige d'une chute infinie dans un abîme de solitude... Son esprit cria en direction de Korentin dans un affolement invisible, cherchant cette présence si vitale pour elle ! Puis, alors qu'elle s'appétait à se lever, à bondir quelque part sans savoir ou ni dans quel but, elle eu l'impression de se réveiller après un long cauchemars, le flot de sentiments s'interrompant comme s'il venait d'être tranché net par une épée.
Elle resta un instant à observer l'oasis face à elle sans comprendre exactement ce qu'elle observait, le souffle rapide et les yeux grands ouverts. Elle fut tentée l'espace d'un instant de se lever et de partir pour rejoindre son lié, sentir sa main contre son museau, caresser avec tendresse les membranes de ses ailes... Mais une voix raisonna à nouveau dans son esprit, stopant net tout envie de bouger.
- Ils sont trois, attendant le moment de voir le jour. Si tu le peux, montres-leur cette vie que je t’ai dévoilé. Qu’ils connaissent l’histoire de leur mère. Et n’oublie pas ceci.
Trois ? Trois œufs, attendant patiemment d'offrir trois dragonnets à Armanda ? Trois heureux élus pour partager leur vie avec leur futur lié ? Elle aurait aimé pouvoir sincèrement répondre que cela serait mieux si elle leur racontait elle même l'histoire de sa vie, mais cela serait probablement inutile... Après avoir ressentis les souvenirs de sa sœur d'écaille, elle ne peut hélas que le comprendre... Si seulement il existait un moyen pour faire revenir Achroma...
Les sentiments partagés à présent par Cœur d'argent sont beaucoup plus sereins, plein d'amour... Plein d'espoir... Un dernier cadeau pour sa descendance... La preuve de l'amour de leur mère envers eux. Voila une chose qu'elle partagera avec plaisir et sans aucune retenue avec les trois petits êtres à venir...
alors que Silarae exprime sa reconnaissance à la fois par des mots et des sentiments partagés, Ashy tache de faire le tri dans la masse d'informations qu'elle viens d’emmagasiner. L'héritage précieux qu'elle partagera avec les dragons qui en sont les héritiers... Aussi terrible, que beau... L'histoire de toute une vie... D'une vie trop courte...
Si elle peut faire quelque chose en retour ? Elle pourrait, oui... Du moins, techniquement, elle le pourrait... Tout simplement rester en vie. Ne pas ajouter sa propre mort à toute ces tragédies qui ont déjà eu lieu... Survivre, franchir cette épreuve, aussi insoutenable soit elle... Accepter de continuer, sachant qu'elle aurait du monde pour l'aider, la soutenir. Du monde prêt à passer le temps qu'il faudrait pour l'aider à tourner la page, à reprendre goût à la vie. Techniquement, c'est possible. Mais en pratique... Pourrait elle demander à sa sœur d'écaille de vivre dans la souffrance et la solitude ? A quoi bon vivre si tout n'est que vide et mort... Le lien est une chose formidable, mais le prix à payer peut être au delà de l’entendement...
Lentement, après avoir hésité un instant , la jeune verte bouge la tête de gauche à droite, imitant ce geste que les bipèdes utilisent pour dire "non". Même si elle aimerais voire Coeur d'argent survivre, elle ne se voit pas lui demander de souffrir ainsi pour des années et des années... Même si elle retrouvait un nouveau lié, certaines choses ne peuvent être effacée... Pourtant, qu'il est tentant de lui demander de tenir, de survivre, de vivre...
- Je ne sait pas si je peur partagerait tout ça d'un coup... C'est avec joie que je leur offrirait tout l'amour que tu a pour eux, mais pour ce que tu m'a donné de ta vie... Je... J’attendrai qu'ils grandissent un peu, si cela ne te dérange pas... Qu'ils puissent grandir sans avoir ces terribles images en tête, mais qu'une fois grands ils n'ignorent pas qui tu était, qu'ils sachent tout ce que tu leur a laissé en héritage à travers moi. Sauf si tu désire qu'ils sachent tout sans exeption le plus tôt possible...
Un choix qui pourrait se comprendre... Mais cela serait il bon pour des dragonnets encore tout petit d'avoir les terribles images de batailles sanglantes et les sensations qu'un dragon peut avoir en perdant son lié ? Ne serai-ce pas les priver de l’insouciance qu'ils ne pourront jamais retrouver une fois quelque années passées ?
- Et... Si tu le désire... Je peut également donner de tes nouvelles à Atalos quand je le recroiserait... si tu a un message pour lui, ou quoi que ce soit... Je lui dirait qu'il a trois petits venant de toi qui l'attendent quelque part... Et tout ce que tu aimerait lui transmettre. Je sais... Je sais que cela peut être un peu indiscret de ma part de proposer ainsi de transmettre tes sentiments vers ton compagnon de vol... Mais si tel est ton désir, alors je le ferais avec joie, pour toi. |
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| Sujet: Re: Soeur d'écaille, soeur de peine. Ven 8 Jan 2016 - 18:22 | |
| Etonnante. Cette dragonne était toujours aussi étonnante. Si douce et gentille, un peu espiègle aussi… Elle lui rappelait Trissi, finalement, la dragonne d’argent au verbe acéré. Les dragons étaient vraiment les plus belles créatures qui n’aient jamais foulé cette terre.
*Oui, c’est plus sage en effet. Je ne suis pas certaine que de petits dragonneaux puissent pleinement intégrer tout ce que j’ai pu te transmettre. Je te fais pleinement confiance dans tout ceci, Ashy d’émeraude. Je t’ai offert ces souvenirs, je ne doute pas un instant que tu en feras le meilleur usage. Je te laisse libre de la façon de les distiller, ma sœur d’écailles.*
Plus que Silarae la verte savait prêter attention à ses semblables, les encourager, les apaiser. Elle possédait en elle une immense douceur et capacité de compréhension que la Blanche n’aurait jamais pu égaler. Trop brusque, trop vive. Trop colérique et trop pleine d’entrain pour le combat. Voilà ce qu’elle était elle-même. Quelle chance que celle de connaitre des sœurs si pleines de compassion. Sans elles sans doute, elle n’aurait rien laissé derrière elle ; ni souvenir, ni trace de son existence si ce n’était trois petits œufs patients.
Puis, alors même que la dragonne se sentait rassurée de cette tâche effectuée, sa compagne évoqua un nom. Atalos. Le dragon d’or. Son compagnon, le père de ses enfants. Elle l’avait fui, évité alors qu’elle dépérissait dans sa caverne, maudissant sa rencontre qui malgré de doux souvenirs avaient introduit dans sa chair ce qui l’avait empêché de suivre son dragonnier. Lui-même avait suivi le sien, obéissant à son devoir, protégeant et chérissant un lien qu’elle-même ne connaitrait plus jamais. Elle se souvenait des provocations de son Frère-d’Âme envers le grand écailleux, du mépris et de l’antipathie de ce dernier à l’encontre d’Achroma. Qu’aurait-il pensé en connaissant les nouvelles ? Aurait-il été triste pour celle que l’on appelait Cœur d’Argent mais satisfait de la disparition du bipède qu’il rejetait ? Peut-être, oui. Ou peut-être pas. Il n’aurait pas été si cruel, de se réjouir de pareille situation, n’était-il pas ? Mais dans de tels moments et alors que l’esprit de Silarae ne connaissait que quelques sursauts de lumière au milieu des ténèbres, elle ne savait que penser de ce qui aurait étreint Atalos. Et elle avait trop peur de la douleur qui se répandrait en elle si elle était déçue de ce qu’elle sentirait dans l’esprit de celui qui avait été son amour. Non, mieux avait valu ne pas se revoir, simplement, laisser le temps couper le lien qui les avait uni. Ne le laisser être qu’un souvenir doux et resplendissant. Voulait-elle réellement lui dire quelque chose ? Et… quoi ? Elle garda le silence un peu plus longtemps encore, fixant sa semblable sans la voir avant de se décider.
*Dis-lui simplement que mon âme partie, je suis morte avec elle à cet instant, mais que je regrette de n’avoir pu lui dire adieu à lui, mon compagnon de vol. J’ai malgré tout été heureuse de ces instants partagés en sa présence. Ce sont de doux souvenirs que je n’oublie pas, même maintenant. Et de nouveau, je te remercie pour tout ce que tu fais pour moi.*
C’était tout, cela suffisait. Rien d’intime, mais l’intimité n’était plus de mise depuis longtemps maintenant. Il y avait maintenant une barrière dans son cœur qui l’empêchait d’aimer vraiment. Aimer était dangereux, douloureux. Et demandait bien trop d’énergie pour cela. Sa voix devint lasse tandis que le découragement envahissait son esprit petit à petit.
*Dis-moi, dragonne d’émeraude, quel monde laisserons-nous à nos petits ? Que découvriront-ils en sortant de leur coquille ? La liberté ou la soumission ? Je leur souhaite de vivre en paix, mais le pourront-ils sur pareille terre ? N’as-tu pas la moindre crainte pour tes œufs ? Comment demeures-tu si sereine, étoile paisible que tu es ?*
Elle était aveuglante d’optimiste et de douceur. La Blanche sombrait et la Verte s’illuminait. Quel étrange duo formaient-elles… |
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| Sujet: Re: Soeur d'écaille, soeur de peine. Sam 30 Jan 2016 - 16:50 | |
| Calquant la façon d'acquiescer des humains, la jeune verte remue lentement la tête de bas en haut pour approuver les paroles de sa sœur d'écaille. Elle donnerait la totalité du message aux petits de Silarae, oui. Mais en plusieurs fois, à mesure qu'il grandissent... Qu'ils mûrissent pour devenir de grands, forts et fières dragons. C'était probablement mieux ainsi, même si le mieux aurait été que Silarae le leur transmette elle même en survivant, en faisant face au destin... Mais cette option semblait bien peu probable hélas...
Puis le silence... Un silence pesant qu'Ashy n'osa pas rompre, voyant bien que sa sœur d'écaille réfléchissait à sa proposition pour Atalos. Trouver quoi dire ne devait pas être facile, surtout sachant que ce sera probablement l'ultime message qu'elle lui destinera... Porter ces mots sera une lourde tache, mais une tache nécessaire. Pour le bien de Silarae, pour l'apaiser ne serai-ce qu'un peu en lui permettant de parler, même indirectement, avec ses dragonnets et leur père.
Quand la blanche repris la parole, Ashy écouta avec attention, gravant ce moment dans sa mémoire. Le message en lui même semblait beaucoup plus simple qu'elle ne l'aurait imaginé... Mais en y réfléchissant bien, qu'aurait elle vraiment pu dire de plus ? Un message simple, mais qui a le mérite de ne pas remuer de maux tapis dans l'obscurité. Des paroles d'apaisement, dans ce moment de douleur et de cauchemars. A nouveau, elle remua doucement la tête pour acquiescer. Ainsi, sa tache est écrite. Elle retrouverait ses petits pour leur donner le message de leur mère, et elle retrouverait Atalos pour qu'il sache...
- Dis-moi, dragonne d’émeraude, quel monde laisserons-nous à nos petits ? Que découvriront-ils en sortant de leur coquille ? La liberté ou la soumission ? Je leur souhaite de vivre en paix, mais le pourront-ils sur pareille terre ? N’as-tu pas la moindre crainte pour tes œufs ? Comment demeures-tu si sereine, étoile paisible que tu es ?
Une question lourde, que la jeune verte se pose elle même parfois. Son regard se porta vers le ciel alors qu'elle réfléchissait à une réponse adaptée, hésitant entre donner ses pensées véritables ou les enjolivées un peu pour donner un peu plus de réconfort. Mais au final, elle décida de se tenir à ses propres pensées. A quoi bon enjoliver les choses alors que l'incertitude reste présente pour assombrir tout espoir ? Non... Mieux vaut des paroles sincères qu'un espoir illusoire.
- Je pense que les temps les plus difficiles sont derrière nous... Toute ces guerres, tout ce sang... Toute cette peine et cette haine qui a déferlée sur le monde uniquement pour servir les intérêt de deux ou trois individus... Si Vraorg venait à gagner, alors... Oui, nous ne pourrions vivre que dans la servitude... Mais même si c'est loin, très loin d'être ce que je souhaite, je ne peut renier que si Vraorg venait à tenir tout Armanda, une sorte de paix s'installerait... Il n'y aurait après tout plus de guerre, et les dragons seraient au dessus des autres dans son règne. Ce ne serait pas un monde idéale, loin de la... Mais même si cela venait à arriver, tes petits... NOS petits... S'ils ne connaissent que ça, la liberté ne leur manquerait pas autant qu'à nous. Ils iraient de l'avant, jusqu'au jours inévitable ou le tyran finira par tomber.
Après tout, à ce qu'elle a compris, seul la force permet de décider de sa place dans la hiérarchie pour Vraorg. Qui mieux qu'un dragon peut faire preuve de force ? En espérant juste qu'il ne décide pas d'être le seul dragon vivant en Armanda, ou qu'il ne décide pas d'aller faire la guerre sur les autres terres de la planète... Que cela soit chez les Alayiens, ou pire, chez les dragons libres...
- Mais je pense encore que nous avons une chance. Qu'il y a un espoir raisonnable de le vaincre. Il est trop sur de lui pour son propre bien... Sa plus grande faiblesse risque au final d'être sa grande puissance elle même. Et quand il tombera... Je pense que jamais Armanda ne sera à nouveau comme avant. Les guerres qui ont ravagée Armanda ces dernières années ont été terribles... Mais elles ont apporté un espoir. Elles ont permis d'apporter la lumière la ou seul les ténèbres et l'incertitude régnaient avant. De vielles rancœurs ont été mises de cotés. Les hommes, les elfes, les vampires et les dragons travaillant ensembles, comme des amis, comme des frères. Il y a encore un long chemin à faire... Mais ce chemin est désormais balisé, et il suffis de vouloir le suivre pour éventuellement finir par y parvenir. Une terre unie dans la paix, ou tout les peuples vivent ensembles sans préjugés, sans méfiance... Voila ce en quoi je crois. Voila l'avenir que j’aperçois. Le futur que je veut laisser à nos enfants.
L'esprit de la jeune verte ne laissait aucun doute venir perturber ses morts. Non, au contraire. Elle parlait en partageant un sentiment de résolution ferme. Pour elle, aucun doute possible, c'est le seul chemin envisageable. C'est ce pour quoi Armanda est destinée. C'est pour cet avenir qu'elle se bat encore. C'est pour ce futur que Korentin se bat. C'est pour ce destin que les protégés résistent, et qu'il gagneront, d'une façon ou d'une autre. Et quand le regard de la verte se tourné à nouveau vers sa sœur d'écaille, c'est cette même certitude qui brillait dans son regard. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Soeur d'écaille, soeur de peine. Lun 1 Fév 2016 - 19:51 | |
| Espoir, espoir, mais il arrivait un moment où l’espoir n’était plus rien d’autre qu’un lointain souvenir, vite chassé par l’anxiété ou le dégoût. Pour la Blanche qui laissait derrière elle ce qu’elle avait de plus précieux, l’espoir ne voulait plus rien dire quand elle finissait sa vie dans l’amertume et la solitude de ce que la vie lui avait infligé.
*Hélas, quel triste destin que celui qui ne connait de la liberté que le mot vide de tout sens. S’ils ne souffrent pas… mais non, même ainsi je ne puis tolérer d’imaginer mes petits vivre dans la servitude, l’esprit brisé par l’Albinos. Je préfère imaginer qu’ils n’écloront que lorsque la paix sera rétabli, que lorsque leur place sera définie et que lorsque leurs ailes pourront s’ouvrir grandes sans risquer d’être entravées par la folie d’un être aussi abject que Vraorg. Non, je ne puis supporter que celui qui m’a volé mon dragonnier puisse ainsi être le geôlier de mes enfants.*
Cette idée creusait une nouvelle fois dans la plaie déjà béante de son cœur. Non, si Ashy pouvait trouver une certaine paix dans cette idée, Silarae ne le pourrait jamais. Elle qui s’était battue pour sa liberté, elle qui avait souffert pour elle, qui avait attristé Achroma en s’y accrochant au préjudice de ce dernier, elle qui n’avait désormais plus que cet ultime réconfort, elle qui était la fille des torrents, sœur des rivières, elle qui vivait du vent qui la portait jusqu’aux montagnes lointaines, elle qui connaissait mieux que quiconque ce que le ciel pouvait offrir de liberté ne pouvait seulement accepter que sa progéniture n’y puisse goûter.
*Si ce que tu dis est vrai, si l’avenir quitte le carmin pour se revêtir du blanc pur de la paix, alors oui, je partirais sereine également. Si loin semble le temps où nous n’avions pas à craindre de finir entre les griffes de Vraorg… Et pourtant, nous avons vécu, avant qu’il n’arrive. Oh, je sais que tout tyran finit un jour par disparaître à son tour, que la terre n’a pas conscience de ces existences si éphémères qui se succèdent sur elle, que les nuages ne cesseront point d’être quel que soit la tournure des événements. Mais si tout cela pouvait s’achever rapidement… La situation actuelle ne peut plus durer, bientôt l’un ou l’autre des camps gagnera définitivement... du moins, jusqu’à ce qu’un nouvel événement majeur ne vienne bouleverser Armanda.*
Et alors, ce jour-là serait décisif, non seulement pour tous ceux qui vivaient sur ces terres mais aussi pour ceux à venir. Le présent rejoignait toujours le futur, quelles que soient les conséquences qu’il y provoquait. Et un rien pouvait le modifier, influer sur son cours. Une mort accidentelle, une tempête imprévue, un mariage contrarié. Mais cela, elle n’y pouvait plus rien. Si ce n’était espérer, et cela même lui était difficile. Si elle y songeait, elle s’inquièterait et il n’était plus temps pour elle de cela. Elle n’avait plus la force de mettre ses espérances ou ses déceptions dans un futur incertain qu’elle ne connaitrait même pas et sur lequel elle n’avait pas la moindre force de changement. Non, elle qui n’avait pas même pu trouver comment contourner le sort terrible de son lié, comment échapper à cette fin solitaire qui l’attendait… Comment aurait-elle pu prétendre œuvrer pour le bien des siens ?
*Je sais que ce combat n’est plus le mien, que mon heure de combattre est déjà passée. Il n’y a désormais que vous, dragons vaillants, qui pouvez réellement œuvrer pour la paix. Les bipèdes sans vous ne parviendront pas à vaincre l’ennemi.*
Les dragons avaient toujours été supérieurs, indispensables. Sans eux, Armanda ne serait pas ce qu’il était. Et c’était à eux de réparer la terrible erreur qu’était la présence de Vraorg. A eux tous, appuyés par les elfes, les Hommes et les vampires. A eux tous, mais pas à elle, Silarae. Elle était déjà dans un autre monde, plus lointain, plus froid, plus calme aussi peut-être. Pour elle, aucune étincelle combative pour briller dans son regard. Plus jamais.
*Je m’en vais te laisser, dragonne d’émeraude. Je retourne dans les ombres, où mon âme trouve un peu d’apaisement. Je ne pense pas que nos routes se croiseront de nouveau aussi… Je ne puis que te souhaiter de trouver ce que tu veux. Je te remercie pour ta présence, ton amitié. Tu demeures précieuse à mes yeux. Puisses-tu toujours protéger ton dragonnier et tes petits, Ashy, et que le vent te porte où tu le veux.*
La saluant avec délicatesse, elle effleura doucement les ailes repliées de sa semblable du bout des siennes, alors qu’elle repartait, avant de prendre son envol d’un geste puissant, emportant avec elle des tourbillons de sable doré. |
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| Sujet: Re: Soeur d'écaille, soeur de peine. Ven 19 Fév 2016 - 18:37 | |
| Oui, le temps ou nous n'avions pas à craindre de finir entre les griffes de Vraorg semble loin... Mais même avant cela, la guerre était le quotidien, enfermé sous la terre à Aigue Royale, ou encore avant, enchaînée dans les donjons de Fabius... En y réfléchissant bien, Ashy se rend compte qu'elle n'a que très peu connu la "paix". Ses premières années de vie ont été paisibles, mais ensuite tout a très rapidement changé... Maudit soit Fabius, sans lui tout aurait été tellement différent... Vraorg n'aurait jamais pu avoir un tel pouvoir, les Alayiens n'auraient jamais pu faire de tel ravages, et des milliers de vies n'auraient pas été envoyées sur les champs de bataille pour faire couler le sang de leurs frères...
Cela dit, il est vrai que la situation ne peut plus durer très longtemps. Non, bientôt l'un des deux camp l'emportera définitivement sur l'autre. Et malgré tout les espoirs que la jeune verte tache d'entretenir, malgré les victoires récentes des protégés... La puissance écrasante de Vraorg tant à laisser penser qu'il n'y a pas beaucoup échappatoires qui puissent conduire à la paix et la liberté... Et pourtant, c'est une chose en laquelle elle veut croire. Il est impensable qu'un être comme Vraorg puisse l'emporter durablement, tout comme Fabius devra un jours répondre de ses actes.
Continuant d'écouter sa sœur d'écaille, Ashy baisse doucement la tête, observant les reflets ondulants de ces eaux qui semblent si paisibles, accompagné du murmure du vent dans les sables dont les dunes semblent imiter les vaguelettes de l'oasis, copies sereines et sans reflet, semblant comme figées dans le temps. Dragons vaillants... L'est elle vraiment ? Ou se contente elle de suivre un chemin tracé par un destin dont elle n'a aucun contrôle ? Cette question la hante parfois, se demandant si tout ceci n'est pas qu'un vaste jeux d'êtres qui les dépassent de loin, si la moindre de leur action a véritablement une importance, ou si tout est écrit à l'avance... Pourtant, elle se refuse de croire que rien ne peut être changé malgré les doutes qui reviennent de temps en temps.
Elle aurait aimé lui dire que ce combat pouvait encore être le sien, qu'il "suffisait" de se battre pour se forger un futur différent de ce qui semble inexorablement arriver... Mais ces mots seraient inutiles. Silarae ne semble pas douter de ce qu'elle dit, ni même hésiter... Ce n'est que constatation brute, l'annonce d'un fait qui lui semble immuable... Et sans son lié à ses cotés, la verte répondrait probablement à l'appel du destin de la même façon, malgré Möebius ou le reste de son entourage... Pourtant, savoir ce que se réserve elle même sa sœur d'écaille est un déchirement profond, un déchirement qui la fait saigner intérieurement, une hémorragie dont elle refuse de laisser ouvertement apparaître les traces... Ce n'est pas de ça dont la blanche a besoin. Cela ne l'aiderait en rien. D'ailleurs, la verte se demandait si quoi que ce soit pouvait vraiment encore l'aider après la terrible perte qu'elle a subie...
A l'annonce du départ de la blanche, le cœur de la verte se met à aller de plus en plus vite. Elle observe sa sœur d'écaille, écarquillant de plus en plus les yeux, des milliers de mots se bousculant dans sa tête sans parvenir à s'ordonner. Retourner dans les ombres... Leurs routes ne se recroiseront plus... Les mots raisonnent dans la tête de la verte alors qu'elle tache de rester immobile, sentant son souffle se faire plus lourd et rapide malgré tout. Devrait elle écouter son envie ? Se jeter sur sa sœur pour l’enlacer d'une aile ou d'une patte comme un humain le ferait avec ses bras ? L'envie est grande, pourtant son corps refuse de bouger, ses ailes tremblant doucement sans qu'elle ne puisse les en empêcher.
Alors que leurs ailes se touchent doucement et que Silarae s'éloigne, Ashy se tourne vers elle, l'observant et marquant ces images dans sa mémoire malgré la confusion de son esprit. N'y a il donc rien à faire ? Ne devrait elle pas dire quelque chose ? La retenir ? Trouver une issue pour sa sœur d'écaille, n'importe quel issue autre que ce destin qu'elle s'est choisie ? Finalement, son corps lui permet de faire un pas en avant sur les traces de la blanche, mais trop tard. D'une poussée puissante, l'ombre blanche s'élève dans les cieux, laissant la verte derrière elle. Ashy tente de garder son esprit au coté de celui de Silarae aussi longtemps que possible, lui disant adieu en lui donnant ses sentiments, ses regrets de ne pas savoir quoi faire de plus, de ne pas comprendre suffisamment le mal qui la ronge pour l'en soulager... Des images imprécises d'un futur imaginaire ou la paix est maîtresse de ces terres, faites en utilisant les souvenirs de son passé heureux avec des brides du présent...
Si son esprit embrouillé et tourmenté par trop de sentiments n'arrive pas à former de véritable phrases convenablement, son instinct la pousse vers un autre moyen de communication plus primitif, inadapté pour les bipèdes mais tout à fait adapté à la situation. Après une profonde inspiration, la verte pousse un puissant rugissement vers les cieux. Un cri emplis de tout ces sentiments qui bataillent pour maîtriser son esprit. Une plainte raisonnant au loin et revenant vers elle en écho. Un appel à la raison... Mais pour suivre quel raison ? Couvrant le bruit du vent dans les sables dorés du désert, ce rugissement se transforme en gémissement, jusqu'à disparaître lentement, ne laissant qu'un vague écho de son existence, avant de finalement disparaître totalement, comme toute chose fait finalement en ce monde... Mais plus qu'un message, c'était avant tout un cri d'adieu pour cette amie que jamais elle ne reverrait... |
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