11 Juillet

Où comment passé d'une humeur calme comme la brise du matin à celle d'une tempête qui couvait de l'intérieur pour mieux éclater quand elle serait libéré. L'homme qu'elle devait amener au protectorat, et qui lui avait faux bond sans qu'elle sache pourquoi était en prison ! Elle qui s'était inquiété pour lui, notamment à propos de la possibilité qu'il soit mort, ou capturé par des théocrates, et elle apprenait d'un coup qu'il se retrouvait enfermé en prison protégé depuis un certain temps, et sans qu'elle le sache, et… Logiquement il n'y avait qu'une question en tête d'Aramis à cet instant précis. Pourquoi ?

Et aussi une seule directive en tête, celle d'aller immédiatement rendre visite au corbeau qui devait être dans un sale état en plus sans avoir pu avoir le soutien de la chantebrise, et elle imaginait déjà l'état dans lequel ce pauvre homme devait se trouver. Elle imaginait d'ailleurs davantage l'état mental que physique, non mais ! Mettre un homme au bord de la folie, et désespéré dans une cellule puante, et dans un état précaire pendant plusieurs jours… Quel homme sain d'esprit pouvait donc penser que cela pouvait faire du bien à cet homme ? Enfin pour dire simplement que Thredë n'était guère de bonne humeur en cet instant… Car les choses avaient une tournure catastrophique...

Elle était donc assez en colère, autant envers le corbeau d'une certaine manière qu'envers les gardes qui avaient jeté ce dernier en cellule. Enfin visiblement c'était à elle de gérer les pots cassés encore une fois. Mais bon ce n'était pas non plus comme si elle n'était pas habitué à force… Et puis ce n'est pas comme si ce n'était pas a peu près son quotidien en tant que baptistrelle de gérer des soucis souvent très pénibles pour la patience, mais tout de même… Cette histoire là c'était assez complexe à gérer, et surtout elle s'inquiétait pour le corbeau mine de rien donc il était tout à fait normal qu'elle ne soit pas d'humeur très amène…

Elle était donc logiquement en train de se diriger à pas vif vers la prison où était enfermé le corbeau, et au passage elle vit en chemin juste devant la prison une personne qu'elle avait déjà rencontré auparavant, une certaine glacernoise nommé Sighild, et comble de la coïncidence cette dernière semblait protesté envers un garde, et cette conversation parlait notamment de la personne à laquelle Aramis voulait rendre visite, c'est donc naturellement qu'Aramis s'immisça dans la conversation en disant au garde d'un ton calme, mais inflexible.

« Cette femme m'accompagne pour aller voir le corbeau, donc je vous prie de la laissez passer au même titre que ma personne. » Le garde visiblement ne protesta pas davantage, et les laissa entrer… Ce qu'Aramis ne se gêna pas pour faire en compagnie de la glacernoise. Néanmoins elle se demandait bien qu'elle lien avait l'humaine avec le corbeau, mais sans doute que c'était une affaire privée entre-eux… Donc autant ne pas faire son indiscrète. Autant faire du vague.

« Je ne savais pas que vous connaissiez le corbeau, mais c'est une agréable coïncidence de voir que je ne suis pas le seule ayant en tête de lui offrir de l'aide. Sur ce allons y, si cela se trouve nous sommes les premiers visages amicale à venir lui rendre visite après tout... » Dit Aramis assez décidé surtout en se disant que l'homme avait dû bien avoir eu le temps de croupir dans sa cellule...

Sighild était effectivement devant la prison, bataillant verbalement avec un garde pour qu'il la laisse entrer. Depuis que le Corbeau avait été enfermé, elle n'avait pas pu réussir à venir le voir. Sous des prétextes complètement stupides aux oreilles de la Montagnarde bien entendu. Elle avait tenté à de nombreuses reprises, mais les gardes obéissaient parfaitement aux ordres. Ce n'était pas même pas de l'excès de zèle. Loin de là. C'était juste que le prisonnier qu'il gardait là-dedans avait toujours avec lui sa sinistre réputation. Même au sein des Protégés, on ne lui avait guère le temps de s'expliquer. Même marqué par Vraorg ne paraissait pas être une excuse pour certains Protégés. Mais ça, ce n'était qu'une question de temps.

Là cette fois, elle tentait une nouvelle approche, vu qu'elle avait eu vent à ses oreilles d'une libération prochaine du Corbeau. Le garde qu'elle houspillait n'avait pas pu lui confirmer cette rumeur. Mais peu importait à la Glacernoise : elle exigeait de le voir ! Et comprendre qu'elle était en train de se faire refouler une fois de plus commençait à la faire bouillonner. L'arrivée d'une tierce personne changerait la donne.

Voyons une silhouette du coin de l'œil, Sighild cessa de ''causer'' au garde pour voir la nouvelle venue. Elle fut surprise de voir Aramis. Elle le fut plus encore quand l'Elfe parla au garde et exigea que la Nordique l'accompagne. En sa qualité de ''guérisseuse'', il était clair qu'Aramis avait des accès bien plus aisé qu'une simple archère. Préférant se taire, elle profita de cette chance pour pénétrer dans la prison à la suite d'Aramis. Une occasion comme cela ne demandait pas d'interrogation personnelle. L'archère n'avait pas oublié de récupérer un petit baluchon qu'elle avait laissé à ses pieds le temps d'enguirlander le garde. Elle n'adressa d'ailleurs aucun regard à celui-là.

Une fois à l'intérieur, pendant que l'humidité et l'odeur de renfermé si particulière à ce genre de lieu commençait à agresser leurs sens, l'Elfe se permit d'ouvrir un nouveau dialogue avec l'humaine. Sighild ne fut pas étonnée qu'Aramis fasse la constatation de sa connaissance avec l'ancien assassin. Au moins, Aramis ne lui demanda pas dans quelles circonstances. Pour l'inverse, dans le cas de l'Elfe, le Corbeau avait du recevoir quelques soins de sa part, en arrivant ici, d'où le fait qu'elle connaissait aussi le prisonnier qu'elles allaient toutes deux visiter.

''C'est une chance de savoir que vous venez l'aider. Je ne compte même plus le nombre de fois que j'ai tenté de venir le voir. Le savoir ici me donne de la hargne....''

Elle redoutait de découvrir dans quel état il serait. Elle se rappela encore dans quel état il s'était trouvé quand il était venu la trouver après s'être libéré du joug de Vraorg. Il aurait besoin de temps pour se retrouver et se reconstruire. L'idée qu'il avait eu de venir à Sandur pour répondre de ses ''crimes'' envers d'anciennes connaissances l'avaient aussi inquiéter. Mais elle savait que cela lui était nécessaire. L'angoisse montait à chaque pas que faisaient les deux femmes en approchant de la cellule où était retenu le Corbeau.

A peine Aramis approcha que le garde présent dans le couloir reconnut l'Elfe et déverrouilla déjà la porte ferrée. Sighild s'était approché des lourds barreaux pour tenter de discerner la silhouette de Saemon qui était camouflé par la pénombre. Quand elle réussit à l'apercevoir, ses mains serrèrent à s'en faire mal les tiges de fer de la geôle. Elle désirait déjà offrir un coup de poing à celui ou celle qui avait ordonné de l'enfermer. Pitoyable, nu, crasseux.... Sans doute couvert de son propre sang, elle se pinça les lèvres à savoir qu'on l'avait laissé dans ces conditions. Les protégés n'étaient donc pas humains même envers leurs anciens adversaires ? Ou se trouvait le bénéfice du doute ! Ne pouvaient-ils donc pas comprendre ! Peut-être s'était-il débattu contre ses entraves, qu'il s'était battu contre ses propres cauchemars ou sa folie. PErdu qu'il était quand elle l'avait revu puis amené à Sandur après avoir traversé ensemble le désert, son cœur se serrait à l'idée que la souffrance qui le dévorait de l'intérieur avait pu s'étendre.

''Oh Corbeau....''

Qu'elle s'en voulait de pas s'être plus démenée pour réussir à le voir ! Elle ouvrit son baluchon et pénétra dans la cellule, approchant doucement, guère certaine qu'il la reconnaisse de suite.

''C'est moi, Epervier...

Elle s'était encore approchée, toujours prudemment. Ce qu'elle tenait sous le bras était une couverture de laine propre et sèche. Peut être que Saemon réagirait, mais elle n'en démordrait pas et réussira à lui poser la chaude couverture sur ses épaules, sans nul doute sale vu comment il était couvert de crasse. Peu lui important l'odeur pestilentiel. Seul le Corbeau lui importait. Elle resserra les pans de la couverture sur les épaules du prisonnier pour mieux le couvrir et qu'il ressente moins le froid humide de sa prison.

Elle ne savait quoi dire pour le moment. Elle aurait voulu le réconforter par des mots et bien autre chose encore. Mais elle ne pouvait encore savoir dans quel était mental se trouvait le Corbeau. Elle le saura bien assez vite et prit quand même le risque d'entourer de son bras le haut des épaules de l'homme. Rien que cela pourrait apporter beaucoup.

Il ne comptait plus, il n’espérait plus. Il était. Il ne savait pas s’il serait, mais il était. Il existait, c’était un début. Crasse et méprisable, détestable et repoussant. Il était, mais il n’était pas certain qu’il serait. Mourir dans un trou crasseux? Une option, une option parmi tant d’autre. Le froid était une torture. La séquestration en soit était aussi très pénible. Le manque de nourriture était horrible. Mais surtout, les visites… Cliquetis venu le rabaisser… La petite qui était venue le voir… Et le passage de la Douce… Comment rester sain d’Esprit avec tout cela? Il ne pouvait pas, tel était la réponse la plus simple et logique qui soit. Il ne pouvait rien faire, alors rien ne lui servait de bouger. Il ne pouvait pas converser avec les gardes, excluent dans un silence bien triste. Nox était toujours avec lui. Lui aussi était dans un piètre état. S’il avait la possibilité de quitter la geôle pour aller se nourrir et se nettoyer, il ne le faisait pas aussi souvent qu’il ne le devrait. Conséquemment, il était tout aussi sale et mal en point que son maitre. Mais il était encore là. Il ne l’avait pas abandonné… Son fidèle ami de longue date, un mince fil de raison dans sa prison souillée.

Des bruits? Bien entendu, il y avait des bruits! Autrement, le monde serait mort! Le Corbeau voulait entendre des bruits! Il voulait la balance! L’harmonie! L’équilibre! La prison était trop bruyante parfois, ou alors trop silencieuse. C’est ce qu’il avait tenté de faire comprendre à l’elfe, qui ne suivait plus la balance. En ce moment, l’équilibre venait drastiquement balancer de l’ordre absolu à un chaos grandissant. Le silence était rompu, le vent était lever. Quelque chose allait advenir de la situation. Des voix. Étrange bruit gutturale tordus par l’effet de réflexion contre les parois des murs de la geôle. Des sons cauchemardesques, clairs et vicieux. Puis, le cauchemar se dilua lentement, laissant place à des voix claires et fermes. Le Corbeau ne comprenait pas ce qu’il entendait, il ne faisait que ressentir les sons. Sentir, rien de plus. Les bruits étaient près, le timbre des voix s’était d’avantage affermit. Le Corbeau continuait de regarder devant lui, sa fatigue intense l’empêchant de se dynamiser d’avantage. Le hurlement du métal, le grincement de l’Acier, ou du fer. C’était tout proche, une forme floue, quelque chose de suffisant pour que Nox s’agite et croasse maladroitement.

Un nom sonna plus que les autres. Le Corbeau voulait y mettre du sens. Quelque chose le toucha, partout à la fois, mais il ne réagit pas. Il n’en avait pas la volonté. Une petite pression l’enveloppa, le contacte était doux… Il sentait le tissus raclé contre les irrégularités sur sa peau, et arracher au passage quelque résidu de son propre corps enchâssé à sa peau. Ce nom… Que signifiait-il?... Une autre pression, encore sur ses épaules. Chaude, une présence chaude. Il sentait cette chaleur traverser le tissus, envahir ses muscles endolories, brulants ses nerfs au passage. Faiblement, l’homme tourna la tête en direction du bruit. Une silhouette. Chaude, une silhouette chaude. Et un nom… Ce nom… Sa tête lui faisait mal. Il ferma les yeux, forçant ses paupières, agitant ses yeux sous ces dernières, cherchant à éclaircir sa vue. Il rouvrit les yeux. Le monde était flou, mais plus clair. Il tourna ses yeux de nouveaux vers la silhouette. Il sentait de petits déchets sécher irriter la commissure de ses yeux. La silhouette… Il la connaissait. Il connaissait ce nom. Cette voix. Cette présence. Il tremblait.

L’Épervier. Elle était là! Cette révélation ne s’arrêtât pas à un constat. Malgré la douleur et sa faiblesse, l’homme leva ses bras, tourna lentement son torse et enlaça la silhouette à côté de lui. Il avait écrasé sa tête contre l’épaule de la femme qu’il reconnaissait à présent. Elle était là! Il ne savait pas pourquoi, il ne savait pas combien de temps elle serait là, mais sur le moment, juste la savoir près de lui suffisait. L’émotion fut violente, et le Corbeau fut pris de forts spasmes. Puis un sanglot, et enfin les larmes. En silence, il pleurait, le corps secoué par ses sanglots, et son énergie consumé par ses pleurs. La douleur dans le creux de sa poitrine lui fit resserrer son emprise sur les épaules de l’Épervier. Il doutait fortement que sa poigne avait un tant soit peu de force, mais il resserra malgré tout sa poigne. Incapable de parler, il restait en silence, profitant de cette si soudaine chaleur qu’il n’aurait pas osé espérer.

« Concentrez vous sur l'instant présent, et ce qui importe pour vous, l'homme à qui nous allons rendre visite. Car si vous semblez énervé, ou troublé en sa présence il pourrait le sentir, et àa ne lui ferait aucun bien.. » Dit calmement Aramis comme pour apaiser Sighild. Après l'indignation de cette dernière se comprenait parfaitement, mais maintenant il n'était plus trop temps pour les regrets, car malheureusement le passé ne pouvait être changé, autant donc se concentrer sur l'instant présent, et en cet instant elles se rendaient vers la cage du corbeau. Et ce dernier irait mieux si on ne venait pas l'angoisser de toute manière.

Et donc après qu'un garde les aient laisser passer, et qu'elles constatèrent plusieurs autres soldats veillant sur la cellule du corbeau elles arrivèrent enfin proche de cette dernière, ou Sighild s'empressa de faire quelque chose de très très imprudent après avoir cherché de l’œil le corbeau. Ce dernier étant dans un état apeurant ce qui fit esquisser une grimace à Aramis aussi, après tout traité un prisonnier comme cela s'était jeté sa dignité à la trappe, et cela était tout bonnement difficile à voir pour quelqu'un ayant subit Morneflammes comme elle de plus...

Et pour parler à nouveau du fait que SIghild ce soit approché soudainement des barreaux… la chose était si imprudente qu'un garde visiblement allait s'empresser d'écarter la nordique des barreaux. Un elfe vit Aramis, mais le garde renonça finalement quand il vit la baptistrelle s'approcher avant… Qu'allait-elle dire ? Que Sighild avait fait preuve d'imprudence ? Merci la chose était si évidente que la baptistrelle s'en passerait bien, pour sortir des vérités comme cela on n'avait pas besoin d'un membre de la raphsodie après tout. Et puis vu l'état mental de Saemon, il se trouvait que ce dernier pourrait peut-être réagir de manière indésirable si on éloignait ainsi Sighild de lui, après tout tellement peu de choses peuvent séparer un homme fragile d'un état de calme apparent de la folie furieuse des fois… Et elle dit calmement à l'égard de la nordique.

« Son état est encore plus préoccupant que je le pensai. Sighild si vous me le permettez… Il faut que je pourvoie à quelques soins sur sa personne, car cela ne m'étonnerait pas malheureusement qu'il ait pu possiblement attrapé une maladie dans ce cachot. » Et elle doutait encore plus que si c'était le cas on l'ait soigné avant son passage… Et puis il était… Le pus, le sang, comment ne pas finir malade dans un tel état ?

Et elle s'adresse ensuite à Saemon. « Je dois vous soigner, vôtre enfermement ici a assez durée. J'ai discuté avec les instances dès que j'ai su que vous étiez enfermé ici, vôtre procès va donc avoir lieu dans quelques heures, j'y serai, et nous devons faire en sorte que vous y soyez le plus présentable possible. Voyez ceci comme la fin prochaine de vôtre enfermement corbeau... » Dit-elle d'un ton qui se voulait apaisant en grande partie, après tout elle lui avait promit d'aider à sa rédemption, et un baptistrel tenait toujours ses promesses. Sauf si il était prêt à trahir les préceptes de son ordre…

Et elle regarde courtement Sighild en lui disant. De manière à ce qu'elle seule entende.

« Cette homme vous fait confiance, et a beaucoup souffert… Je peux soigner les souffrances physiques, mais celles de l'esprit sont moins à ma portée… Et en tant que soigneuse je vous demande donc de faire en sorte qu'il se confie à vous un jour au sujet de ses tourments, pour que cela sorte enfin… Car mieux vaut que ce genre de chose sorte un jour de cette manière que de rester enfermé dans son esprit jusqu'à éclater un jour à force de s'accumuler... Cela ne lui fera probablement pas plaisir d'en parler, mais c'est pour son bien. Seulement ainsi ses souffrances pourront s'apaiser sinon elle ne feront que s'aggraver… Néanmoins cela prendra du temps, et l'instant actuel n'est pas forcément le bon moment pour cela… Mais sachez qu'il a besoin de vous Sighild. » Et sur ce elle se prépara à offrir les soins au prisonnier...

« Je vais donc procéder à vos soins corbeau... » Acheva t-elle à l'égard du prisonnier.

AU début, à le voir complètement amorphe l'avait grandement inquiété. Mais son inertie ne dura pas. Il avait commencé à réagir, et quand enfin il leva ses yeux vers elle.... Une lueur passa dans son regard fatigué et dès qu'il mena ses bras vers elle, elle ne bougea pas, le laissant faire. Il l'enlaça du peu de force qui lui restait et à ses légers soubresauts, elle comprit qu'il relâchait tout ce qu'il avait enduré dans cette prison, toute cette souffrance accumulé à être enfermé ici comme un animal. Il resserra même un peu plus son enlacement, comme s'il redoutait de la voir s'en aller. Elle sentit ses propres yeux s'embuer à le savoir pris dans cette détresse totale. Il ne méritait pas ça. Mais absolument pas. A son tour, elle l'entoura de ses bras pour lui offrir le réconfort qu'elle aurait tant désirer lui dispenser des jours avant.

''Que je regrette de pas avoir réussi à venir plus tôt...Quoi qu'on m'ordonne, je reste auprès de toi... Je refuse que tu te retrouves plongé seul dans les ténèbres de cette geôle....Je refuse de te laisser seul. ''

Quand Aramis prit la parole, Sighild comprenait parfaitement le besoin que ressentait l'Elfe à vouloir dispenser de ses connaissances et de sa magie pour aider et soigner le Corbeau. Pourtant, elle voulait qu'on accorde encore un moment au malheureux. Elle la connaissait assez pour savoir que de voir la souffrance chez les autres étaient une préoccupation primordiale à régler à ses yeux.

''Attendez encore un instant.....''

Le brusquer ne servirait à rien. Un peu de temps, c'était tout ce qu'avait besoin le Corbeau pour revenir doucement à la réalité qui était la sienne, même en présence de l'Epervier et d'Aramis. Aramis d'ailleurs apporta des éléments plus qu'important. La Nordique comprit que la guérisseuse avait réussi à intercéder en la faveur de Saemon pour sa libération... mais en contrepartie, il aurait droit à un procès dans quelques heures. Cela la révoltait. Après tout ce que le Corbeau avait subi, on exigeait presque l'impossible... A voir la détresse de cet homme qu'elle entourait encore de ses bras, elle trouvait cruel de pas lui laisser plus de temps pour se remettre et de lui offrir tous les moyens possibles pour se défendre.

''Quelques heures seulement.... Ont-ils oublié là-haut depuis combien de temps le Corbeau est ici et dans quelles conditions ? ''

On sentait bien à son ton que cela la révulsait....Oh non, elle ne laisserait pas le Corbeau se défendre tout seul à ce procès ! Puis quand Aramis s'adressa à elle, presque en un murmure lui prodiguant conseils avisés, Sighild les prit en note dans son esprit. Elle savait déjà au fond d'elle même et bien avant que Saemon ne prenne la décision de venir au Protectorat qu'il aurait besoin de temps et de soutien pour se reconstruire et ne pas plonger dans la folie. Elle se sentait honteuse de pas s'être démenée plus que cela pour venir le voir dans sa geôle les jours précédents.

Quand Aramis eut terminé, Sighild comprit aisément qu'elle avait été la seule à avoir eu les mots de l'Elfe à ses oreilles.

''J'en tiendrai compte, mais n'oubliez pas qu'il peut aussi bénéficier de vos mots vous savez....''

Qu'Aramis n'aille pas croire que Saemon était encore totalement plongé dans un mutisme perdu et irréel. S'il avait su reconnaître l'Epervier, sa raison saura comprendre les paroles de l'Elfe. Puis quand la Baptistrelle se prépara à recourir à ses soins, la Montagnarde posa une main douce et chaleureuse sur la joue humide et couverte de crasse du Corbeau. Elle attendit qu'il lève ses yeux sombres vers les siens pour se plonger dans l'intensité émeraude qui les emplissait.

''Je suis là et je resterai jusqu'au bout. Au procès, ils entendront ma voix. Crois moi qu'ils m'entendront S'ils ne comprennent pas... alors ils comprendront avec moi. Aramis va t'aider à aller mieux et juste après, elle veillera à te faire sortir d'ici pour que tu puisses être mieux pour ce qui reste encore à franchir. Je le franchirai avec toi....''

Elle s'écarta ensuite un peu du Corbeau, mais veillant à garder une de ses mains entourés dans les siennes, pour lui faire sentir qu'elle était toujours là. Là et bien là, bien réelle, et non une hallucination qui serait né de son épuisement et de la sordide solitude que lui imposait son emprisonnement.

Un roucoulement délicat à ses oreilles encore bourdonnantes. Il n’était plus habitué d’entendre des voix de façon aussi claire. Le moindre son était projeté à une force désagréable contre ses tympans. Il n’allait pas se plaindre cependant. Le bruit lui avait manqué. Grandement. Il ne savait encore ce qui se passait, mais tant qu’il sentait la femme entre ses bras, peu lui importait le reste. Des bruissements à ses côtés? Des voix… il y avait l’Épervier… et… L’Elfe? La baptistrel était là. Sa voix était présente. Elle était bien là. Elles étaient tous deux biens présents. Près de lui, à un degré différent bien entendu. Le Corbeau se concentra, tentant de faire taire ses sanglots, mais ils étaient si soulageant qu’il ne put que les laisser le secouer. Entre deux secousses, il tentait de revenir à lui. Percevoir les sons plus distinctement, voir plus clairement. Les larmes aidaient à nettoyer ses yeux encrassés… Comme tout le reste de son corps en fait. Il était d’une saleté repoussante, et pourtant, le voilà qui était lové contre l’Épervier, sentant une chaleur des plus délicieuse envahir ses muscles et embrassé ses nerfs engourdies.

Il entendit des voix encore. Celle de l’Efe. « Corbeau »… Elle lui parlait. Il avait compris ce mot. C’était lui… Que voulait-elle? L’Épervier parla encore. L’homme se calmait. Il ne comprenait pas, mais sa voix était douce. Comme un enfant après une crise, le prisonnier était au prit avec des spasmes qui ne voulaient plus arrêter. Ils diminuaient tranquillement, à chaque expiration. L’homme força ses paupières à se fermer fortement, afin de dégager ses yeux. Il réussit en partie, voyant de façon plus claire, mais sans que sa vision de s’éclaircisse totalement. L’esprit du chasseur gela sur place lorsqu’il perçu un mot en particulier : sortir. Sortir d’où? De cette geôle? Aramis était présente… L’homme réussit à faire le lien, même si la conclusion trainait lentement derrière son résonnement. Cela prenait du temps, mais l’homme nu allait revenir à lui sous peu, conscient pour quelque secondes au moins.

Il sentit la pression entre lui et la femme se détendre. Craintif, il releva vivement la tête, couverte de larme et de saleté. Il planta son regard dans celui de la femme. Il réalisa aussitôt qu’il s’était crispé de toute part. Il regarda sa main, puis le bras de l’Épervier, avant de revenir à sa main et relâcha la tension de façon hésitante. Il ne lâcha pas la main de la femme pour autant, mais il ramollie sa poigne, tentant de comprendre pourquoi la femme s’était reculé. Il tourna sa tête de côté et vit Aramis. Il ne lui avait pas donné une réelle attention depuis le début de sa présence. Si l’Épervier lui cédait l’espace, c’est donc qu’elle voulait faire quelque chose. Docile, l’homme ne bougea pas, malgré son cœur battant et la terreur volatile qui le clouait sur place. Il tourna un peux la tête et réalisa que Nox était à ses coté, près de son genou. Silencieux, chose qui était rare avec ce piaf vu son tempérament possessif, voir hostile. Il était calme, regardant son maitre de ses yeux doux habituel. Un faible sourire égailla le visage crispé du chasseur lorsque la petite bête grimpa sur ses cuisses, restant immobile a regarder ce qui se passait. Pareil à son maitre, profitant de la chaleur… Et du contacte délicat qui envoutait ses mains. Il avait faim au point ou son estomac grondait. Il avait soif au point où sa gorge pouvait être comparé au désert voisin de la prison. Il était si fatigué qui aurait dormit une vie entière. Mais surtout, il commençait à se réchauffé…

Les sentiments entre les deux êtres étaient plus qu'évident pour Aramis, après tout une telle affection ne pouvait qu'être de l'amour, surtout s'ils n'étaient pas frère, ou sœur. Quand à savoir comment ils étaient ainsi tomber amoureux l'un de l'autre ce n'était guère important, après tout c'était leurs choix, pour leur part Thredë espérait que pour eux une telle idylle ne se finisse pas tragiquement… Ce qui malheureusement risquait fort d'arriver dans le contexte actuel des choses en Armanda. Mais rien n'était dit, et c'étaient à eux protégés de faire en sorte que les choses changent pour le mieux après tout.

Enfin malgré le fait qu'elle devait soigner rapidement le corbeau Sighild demanda à Aramis d'attendre un peu… Cette dernière fit donc ainsi, il est vrai qu'il n'y avait pas besoin non plus de brusquer l'homme, mais la chantebrise gardait l'idée en tête que plus vite cette histoire compliqué serait terminer, mieux ce serait pour tous. Surtout que mine de rien elle avait un joli paquet de monde à qui passer un savon… Et beaucoup de choses à devoir faire car beaucoup de monde avait agit sans lui demander son avis avant...

« Malheureusement les autorités protégés n'ont aucune bienveillance envers le corbeau, et cela a déjà été un exploit d'obtenir une libération éventuelle aujourd'hui. C'est donc une chance qu'il faut saisir. » Dit calmement Aramis quand à la non bienveillance des supérieurs du protectorat cela pouvait malheureusement se comprendre au vu de la réputation du corbeau. Et puis bon au pire il était toujours temps de commencer à réhabiliter ce dernier donc autant agir en ce sens plutôt que se mettre tout Sandur à dos...

« Je le sais. » Dit-elle ensuite quand Sighild lui dit qu'il pouvait bénéficier de ses mots, et ce serait le cas, mais elle avait précisé à Sighild tout d'abord que c'était d'elle dont aurait besoin avant tout le corbeau pour se reconstruire. Cet homme l'aimait ça se voyait, et il ne fallait jamais sous estimer le pouvoir qu'avaient de simples mots qu'ils soient bon, ou mauvais sur quelqu'un...

Sur ce il fallait procéder à des soins à l'égard de ces derniers, des soins bien tardifs vu l'état de l'homme, mais au moins il serait dans un bien meilleur état lors du procès qu'actuellement…

« Cela va bien se passer, je vais mener la vie dure au tribunal jusqu'à obtenir gain de cause. » Dit Aramis calmement, et décidé. Après tout elle était très efficace quand il s'agissait d'obtenir gain de cause en insistant, le conseil elfique pouvait en témoigner, Thredë devait être en quelque sorte sa bête noire à bien y réfléchir…

Mais alors qu'elle finissait ses soins, et que les plaies du corbeau se refermer, elle fit un léger un geste à l'égard d'un garde pour que celui ouvre la cellule même si avec prudence vu que les gardes semblaient être sur le qui vive… Après tout on ne pouvait pas laisser le corbeau ici sans le préparer pour son futur procès.

Et alors que le garde ouvrait la cellule, et qu'elle avait terminé ses soins Aramis demanda à Sighild de soutenir le corbeau qui devait se sentir faible, et dit.

« Nous allons le sortir de cellule, et aller chercher de la nourriture, et de l'eau pour qu'il puisse se sustenter convenablement, et aussi se laver pour qu'il puisse être en meilleur forme. Suivez moi. » Dit calmement Aramis à Sighild, et Saemon, alors qu'elle les emmena vers le lieu dit où faire cela.

Sighild avait craint que Saemon n'ait une réaction contraire à celle voulue. Heureusement, il sut rester calme. Peut-être que la présence de son plus fidèle compagnon à plumes y fut pour quelque chose. Le corbeau après s'être perché sur les cuisses de son maître était resté parfaitement serein. Un bon signe quand on observait le regard et le pâle sourire émis par le prisonnier. Elle regarda brièvement Aramis, hochant de la tête pour approuver ses dires.

''Si c'est déjà un exploit en soi d'avoir eu gain de cause... Je ne remets pas en questions vos relations et vos capacités, mais c'est bien ce que je redoute... même en menant la vie dure au tribunal, il sera difficile de les faire ployer. Croyez moi, s'ils ont besoin de m'entendre en complément, ils entendront une voix à faire vibrer les rocs des montagnes...''

Aramis avait fait un geste pour faire venir le garde et une fois qu'elle eut terminé les soins auprès du Corbeau, elle précisa ses besoins auprès de lui. Sighild pendant ce temps n'avait pas lâché la main du malheureux, croisant par moment son regard terne. Y avait-il eu un moment un bref éclat ? Elle n'osait imaginer à quel point la fatigue physique et émotionnelle devait le ronger. Certes, l'Elfe avait soigné ses blessures, mais cela n'aidait pas à regagner de l'énergie. Déjà, quand Saemon sera en dehors de cette prison, elle espérait le voir reprendre espoir, se sentir à nouveau lui-même. Mais elle avait conscience que son enfermement l'aurait refermé sur lui-même. Un peu de temps et la reprise de ses forces devraient contribuer à l'aider à remonter. Après toutes ces épreuves, après tout le chemin qu'il avait parcouru pendant et après le joug de Vraorg...

Quand Aramis lui demanda d'aider à soutenir le prisonnier, elle acquiesça sans mot dire. Bien sûr qu'elle l'aiderait. Elle se rapprocha donc de Saemon tout en murmurant :

''Je vais t'aider à te lever et sortir de cette immonde cage... Et je reste auprès de toi, quoiqu'il arrive. ''

Elle veilla à ce que la couverture qu'elle avait sur ses épaules couvertes de crasse reste bien en place avant de passer un bras sous les épaules de Saemon et de l'aider à se relever. Elle prit le temps nécessaire, autant pour ne pas le brusquer que pour lui éviter des douleurs inutiles à ses muscles. Elle ne pouvait savoir depuis combien de temps il était resté prostré. Elle savait néanmoins que des muscles qui restaient sans exercice perdait rapidement leur vigueur. Elle avait donc besoin de mesurer dans quel état sur ce plan là Saemon se trouvait.

Une fois qu'elle se sera assurée que Saemon ne manquerait pas de s'écrouler, tout en le soutenant bien sûr, elle suivit Aramis. Au moins le côté sinistre et écoeurant de la geôle resta derrière. Dans le couloir de la prison, il y avait un peu plus de lumière, en raison de la présence des moyens d'éclairage. Puis toujours en suivant Aramis, Sighild jetait parfois un regard à Saemon, pour voir comment il réagissait à la sortie de son cachot. Elle s'assurait aussi de la présence de Nox. Puis Aramis les mena à une pièce, suffisamment éloigné du reste de la prison pour qu'on n'en ressente plus les relents nauséabonds. Il restait ceux émis par Saemon, mais pour Sighild, c'est largement supportable.

Dans la pièce, une douce odeur de potage s'élevait déjà. Posé sur une table, un bol n'attendait plus qu'une personne vienne se délecter de son contenu, d'où venait le fumet alléchant. Un petit pain trônait à sa droite. Un broc en étain et son verre était à côté. Sighild repéra déjà un seau d'au où un morceau de tissu propre reposait sur le bord du lourd récipient. Elle aida Saemon à s'asseoir sur une chaise qui meublait la pièce en complément de la table en bois. Elle lorgna la soupe. Elle paraissait encore tiède du précédent repas des soldats, mais ce sera largement plus consistant que le maigre repas de prisonnier qui avait été son quotidien...

Il ne réagit pas, laissant les soins entre les mains de l’elfe, concentrer pour sa part sur sa propre personne. Lunatique, dérangé, confus, il se devait de redevenir ce qu’il était réellement. Un assassin, un chasseur, un archer hors norme, un traqueur surdoué, un homme brisée… Malgré la noirceur de ses pensées, mal logé en son esprit, il savait pertinemment que la lumière se trouvait à portée de main. Aussi près de lui que sa liberté. Mais pour franchir la distance qui lui manquait, cela lui demandait un effort immense, quelque chose d’intense, bien plus lourd et encombrant que tout ce que le Corbeau pouvait prétendre être apte à porter. Le prisonnier avait cependant une personne pour qui se battre. En fait, il avait une nation tout entière pour qui se battre! Il savait que son existence était synonyme de peur, de terreur, de cauchemars même! Mais cela étaient ses actions passés. Si les Esprits Supérieurs étaient destiné à mourir comme le Salvateur lui avait dit avant qu’il ne prenne la route en direction de Sandur, alors le peuple se retrouverait sans guides. Une nation de moutons sans berger. Un monde de loup sans meneur, prêt à s’entredévorer. Et au milieu de tout cela, au fin fond d’une prison de pierre, un homme se battant pour s’élever au-dessus de tout cela.

LA chaleur, le confort, il commencerait à les ressentir sérieusement. Cette boule qu’il sentait dans son estomac s’estompait, ne laissant que la faim pour le tiraillé. Sa peau ne lui brulait plus, ses articulations semblaient soudainement s’évaporer à même l’air. Et surtout, le mal de tête cinglant qui lui minait l’esprit depuis deux jours avait été levé. Comme une brume soufflé durement par un vent puissant. Un coup, et tout s’était éclaircit. Sa vision, sa pensée, sa douleur. Tout était plus vif, tout était plus réel encore qu’il ne l’avait été auparavant. L’homme leva la tête afin de regarder ses bienfaitrices. Il voulut les remercié. Il tenta de parler, mais seul un cillement aigu traversa ses lèvres mobiles, sans succès. Ce n’était pas grave, il se réessaierait… Sur l’heure, il se concentra sur l’Épervier, sur ses paroles. Il entendait ce qu’elle disait, il comprenait même! Certes, pas tout, puisque ses oreille s’étaient encrassé d’immondices, mais il comprenait le principale. Elle allait le faire sortir. Un faible sourire fendu de larme se grava sur le visage du chasseur. Dans un grognement, il concentra ses forces sur ses jambes. En même temps, il forçait du mieux qu’il le pouvait afin de balancer une partie de son poids sur sa compagne. Ses jambes tremblaient ridiculement. Nox, maintenant au sol, semblait pour sa part avoir une certaine facilité à se déplacer, contrairement à son maitre.

Néanmoins, de peine et de misère, au prix de long instant d’effort, le chasseur marcha enfin. Il marchait et marchait, sans réellement savoir où il allait. Au fond de lui restait cette petite crainte que tout autour de lui ne soit qu’une illusion, une réalité trouble. Il avait peur de cela, mais rien ne L’empêcherait de profiter du moment, qu’il soit illusoire ou pas. Avec difficulté, il suivait donc Aramis, avec l’aide de Sighild, suivis de près par Nox, sautillant au sol derrière le trio d’humain, curieux, mais également faible. Ils débarquèrent tous dans une pièce qui semblait être un air de repos pour les gardes. L’estomac du Corbeau s’attisa de plus bel lorsque le nez de l’homme huma l’odeur de la nourriture présente dans la pièce. Avec grand mal et insistance, l’homme a moitié nu et malodorant s’assied sur une chaise, devant de la nourriture encore posée sur la table. Sans demander son reste, il empoigna une cuillère et la plongea d’une main tremblante dans le potage, avant de la porter à ses lèvres et d’ingurgiter le contenu. La salive abondait à présent dans la bouche du Corbeau. La nourriture liquide était tombée lourdement dans son estomac, lui arrachant une grimace de douleur. Néanmoins, il continua, plus lentement, laissant des grondements grave sortit de sa gorge. Un éclat de lucidité le reprit. Il lâcha son ustensile ainsi que la nourriture qui y reposait et se retourna vers les deux femmes, le visage couvert de larmes silencieuses.

-M…Merci…

Un sourire plus clair fendit son visage. Les yeux fatigué du Corbeau alternèrent entre l’elfe et l’humaine, s’attardant d’avantage sur le visage de cette dernière. Maladroitement, faiblement, l’homme replaça la couverture sur ses épaules. Il suivit son ami à plume des yeux. Ce dernier vint se poser sur la table, contemplant le repas d’un air interrogatif, laissant un long croassement rauque quitter sa gorge. L’homme arrache un petit bout de pain, le trempa dans le potage et le tendis à son familier, qui le goba sans demander son reste. Le chasseur répéta le geste, une fois pour lui, une fois pour l’oiseau, calmement, laissant sa tête refroidir à la lumières des récents évènements, et son ventre de remplir, douloureusement. Il prit une pause, afin de laisser la douleur le quitter lentement.

-Q… Que va… Va-t-il… arrivé?... Que…v…a-t…Il… Lui arriver?...

Il toussa. Sa gorge commençait à prendre du mieux, mais elle était douloureuse, pareil à sa dernière sortie en prison. La seule différence était que cette fois ci, tout allait aller pour le mieux, il en était convaincu. Pourquoi? Parce qu’elle était là, avec lui. Il n’était plus seul.

Il était bien d'avoir cet attitude pensa Aramis en écoutant les paroles de Sighild, oui le tribunal allait avoir mal à la tête aujourd'hui, et puis de toute manière Aramis serait charger de faire en sorte que tout le monde sache si le corbeau disait la vérité donc cela devrait faciliter les choses, enfin sauf si ce dernier provoquer le tribunal, mentait, ou autre… mais elle espérait bien que ce ne soit pas le cas, sinon même une baptistrelle comme elle aurait du mal à défendre la cause du pauvre homme. Enfin dans tout les cas il était bon de savoir que Sighild coopérerait de son mieux, peut-être qu'elle n'était pas une grande oratrice, mais la détermination était toujours une bonne chose, et puis le corbeau avait autant besoin d'elle que d'Aramis. Juste que pour chacune c'était sur des plans assez différents…

Et surtout pour le moment elles n'étaient guère sortit d'affaires malheureusement, mais bon le jour où la vie serait simple du côté des affaires judiciaires les poules auront des dents… Mais Aramis avait bon espoir, surtout que s'il était révélé que Saemon avait été victime de Vraorg cela irait très facilement en sa faveur, ça ne ferait pas tout, mais ce serait déjà un bon début…. Restait donc à se montrer astucieux….

Ils se rendirent donc dans une pièce qui ne ressemblait absolument pas aux cachots de la prison heureusement. Là elles pourraient faire en sorte que le nécessaire soit fait avant le procès, et que déjà le corbeau aille mieux car vraiment malgré les soins l'état de ce dernier n'était guère enviable, et il aurait besoin d'un examen plus approfondi après tout ceci, car on ne savait jamais… Mais pour l'instant c'était surtout le procès qui importait.

Et le corbeau s'installa donc pour manger, et peu après les remercia… Pour sa part Aramis se contenta d'afficher un léger sourire à ces paroles mais guère plus car pour elle il n'était pas encore sortit d'affaire malheureusement, et elle se contenta donc de garder le silence alors qu'elle réfléchissait, ceux jusqu'à ce que le corbeau demande au sujet de ce qu'y aller lui arriver, et ce à la troisième personne... Aramis décida donc d'être franche.

« Un procès se tiendra pour décider de vôtre libération. Bien entendu nous devrons prouver pour cela que vous avez été abusé par Vraorg, et comptez lutter contre lui dans les rangs protégés, mais j'ai bon espoir d'y arriver. » Dit-elle en ayant un sourire encouragent. Après tout elle partait décidé à l'emporter de base, et elle tâcherait de son mieux d'obtenir gain de cause, et une fois ceci dit elle acheva calmement.

« Pour cela il faudra donc nous mettre d'accord sur une manière de procéder corbeau… Mais je sais que vôtre séjour en cellule a été rude, et de ce fait je propose que nous nous concertions sur ceci quand vous vous sentirez prêt à le faire. » Après tout elle ne tenait pas à la brusquer plus que nécessaire, il fallait juste que certains choses soient faîtes et surtout efficacement, mais Dracos merci ils avaient encore un peu de temps pour ceci...

A peine assis, assailli par l'odeur de la soupe, le Corbeau s'était jeté sur la cuillère pour commencer à se nourrir. Au début trop rapidement, mais il sut calmer sa faim tenaillante pour la manger plus lentement. A voir la grimace, son estomac avait du exprimer sa fureur de se faire remplir avec autant de précipitation. Cela en disait long aussi sur le peu de nourriture qu'il avait pu se mettre sous la dent. Une soupe tiède devait être un délice de roi pour son palais et sa gorge tiraillée.

Sighild était toujours peinée de voir cet homme dans un tel état. Il était venu de son propre gré, pour se rendre et voilà comment on le traitait. Même un loup ou un autre prédateur plus nuisible aurait été mieux traité. Elle ne put s'empêcher de faire un léger sourire rasséréné à son égard quand il réussit à parler pour les remercier. Et à observer ses gestes lents, elle voyait bien qu'il lui faudrait plusieurs jours d'un vrai repos et de quelques repas bien chauds et consistants pour commencer à récupérer des forces. Là, il aurait à peine le temps de savourer un air plus frais et plus sain en dehors de sa geôle qui lui faudra déjà affronter un procès. Injuste !

Mais au moins, le Corbeau redevenait doucement lui-même. Il n'omettait pas son fidèle Nox, qu'il nourrit par petits morceaux de pain imbibés de soupe. Une fois pour lui, une fois pour son compagnon et il fit cela plusieurs fois de suite. Puis il réussit à reprendre la parole, s'inquiétant de la suite qui l'attendait. Il était légitime de s'inquiéter. Aramis expliqua les grandes lignes, proposant de trouver une stratégie pour renforcer sa défense, pour finalement aboutir à sa totale libération. La Nordienne s'était rapproché de Saemon pour lui poser une main chaleureuse sur l'épaule.

''Le Corbeau ne sera pas seul à être à ce procès. Mes mots seront plus lui. ''

Servant les protégés depuis la perte de sa patrie, elle espérait que sa position servirait de poids pour sa bonne foi. Elle regarda Aramis pour s'adresser ensuite à elle.

''Déjà ne pas omettre un détail important... Il est venu de son plein gré pour se rendre dans les mains des protégés, avec la pleine conscience d'être une marionnette de Vraorg. Ca c'est très important à mon sens et pas une seule fois, le Corbeau n'a tenté de faire violence contre qui que ce soit. Je l'ai aidé à franchir le Désert car son désir de prouver sa rédemption était dans chacun de ses mots. ''

Ses yeux à la teinte émeraude se posèrent sur Saemon, cherchant à croiser son regard.

''Quoiqu'il arrive par la suite, ils m'entendront. Qu'ils le veulent ou non. Tu arriveras enfin au bout de ce rude chemin et je resterai à tes côtés. Ce procès ne sera que la dernière ligne droite. J'y veillerai et Aramis aussi. ''

Un regard vacillant se promena entre l'elfe et l'humaine, écoutant ces dernière, l'esprit aussi instable que la flamme d'une bougie. Il allait rester conscient, il le devait... Mais il était si fatigué! Si exténué! Il travaillait fort afin de faire en sorte que les mots prononcés par ses interlocutrices fassent sens. De plus en plus, il comprenait ce qui était dit. Il ne faisait plus seulement entendre les sons. Il comprenait les mots, et leur sens aussi. Cette opération pourtant passive était beaucoup plus complexe pour un homme qui comme lui, avait été incarcéré alors qu'il était aux bords de la folie. Les dommages n'étaient pas permanent, pas tous. Le Corbeau allait progressivement lisser ses plus, raffermir ses muscles et voler à nouveau. D'ici là, il mangeait au point où la douleur était saisissante. Il se réchauffait ou point ou la laine frottait contre ses plaies, brûlant sa chair progressivement. Mais il ne se plaignait pas, car cette douleur lui prouvait qu'il respirait toujours... Près de l'Épervier, il se sentait bien... Et cette Elfe... Elle promettait de l'aider... le ferait-elle? Elle semblait être la cause de sa sortit de prison... Enfin... "Sortie", puisqu'il se trouvait toujours dans l'enceinte du bâtiment. Néanmoins, hors de sa geôle, il se sentait déjà libre.

D'un œil triste, il regarda son ami sur la table devant lui. Il avait tellement grandit depuis qu'il l'avait trouvé dans la forêt elfique. Mais même avec son bec cassé et sa patte en moins, jamais il n'avait paru plus misérable qu'en ce moment. Ses plumes étaient froissés et sale, son duvet jaillissait sous les grande plume. Sa patte artificielle et son bec métallique étaient usés comme ils l'avaient rarement été. C'était une chose qu'il ferait aussitôt sorti de cette prison... S'occuper de son ami qui s'était lui-même occupé de lui. L'homme savait que sans sa pierre de vivacité, l'oiseau n'aurait certainement pas laissé son apparence dépérir pour la survie de son "maître"... C'est ce qui rendait cet animal unique. Il avait une personnalité, et un cœur plus grand que certain humain. Tranquillement, il posa sa main sur l'oiseau, caressant délicatement son corps et sa tête, arrachant quelque saleté à chaque mouvement. Il allait s’en sortir… Ils s’en sortiraient tous les deux, les deux Corbeaux, et ils reviendraient, plus fort que jamais…

Il posa sa main gauche sur la table, puis son avant-bras droit. Ses jambes tremblaient, mais il n’en avait rien à faire. Il était maitre de son domaine, gardien de son être, seigneur de son corps, et ce dernier lui obéirait. De peine et de misère s’il le fallait, mais ses muscles n’allaient pas faillirent. Tremblant, il se leva, les bras fermement campé sur la table, les jambes instables, s’obstinant contre le sort que leur réservait leur propriétaire. Il réussit à se dresser, même si ce n’était pas de toute sa hauteur. Il était un oiseau blessé, le seul fait de pouvoir étirer ses ailes lui suffisait amplement pour le moment.

-Procès?.... Il… ne com… Non… Il… Il comprend…

Il hocha faiblement la tête. La douleur dans ses jambes était cinglante, particulièrement au centre de ses mollets. Mais il la supportait. Parce que la baptistrelle était là, parce que l’Épervier était là, parce que Luna était passée... On ne l'avait pas oublié, on ne l'avait pas abandonné. Malgré ses crimes et ses horreurs. Il respirait toujours, il souffrait toujours, mais par les flammes des dragons, il vivait toujours! Ses yeux se plantèrent tout d'abords dans les yeux de l'elfe, ferme, bien que faible.

-Le Corbeau... Il se repose... Sur vous... Baptistrelle...

Puis, jouant sur ses bras afin de pivoter légèrement, il fit pratiquement face à la femme qui lui inspirait tant de chose. Les yeux de l'oiseau noir criaient, des millions de mots silencieux, alors que sa bouche avait peine a articuler une phrase. Sa gorge douloureuse n'était plus aussi sèche, son esprit fou n'était plus aussi tordu. Néanmoins, lorsqu'il la regardait, tout semblait s'éclaircir. Il voulait lui dire tant de chose, la remercier tant de fois, mais il n'y arrivait pas. Précaire, il posa sa main sur l'épaule de l'Épervier, puis sa seconde main fit de même. Son poids balançait sur le corps de la femme, afin de lui permettre de se tenir encore debout. La couverture sur ses épaules tomba au sol en silence. L'homme passa lentement ses bras le long du dos de la femme, lova sa tête à la droite de celle de sa salvatrice. Il la serra contre lui, omettant la douleur, le mal, les odeurs, les saletés... Des émotions si claires avaient-elles leur place dans un endroit si triste? Sa voix ne fut qu'un faible murmure, un faible souffle, le soupire d'une tornade.

-Il... Il... Il vous... Aime... Il.. Je... Je t'aime...



[Rp fini pour moi ]

Le procès était une épreuve nécessaire, et ô combien compréhensive même si cela été injuste. Après tout les protégés avaient de solides raisons de se méfier du corbeau après tout ce qui s'était passé ces dernières années, il était juste malheureux que cela ait prit une telle tournure, mais en y pensant le fait que l'on n'ait pas tuer le corbeau avant le procès était en soit déjà un progrès conséquent… Ou plutôt un coup de chance salvateur.

« Nous ferons de nôtre mieux pour réussir, et effectivement cet argument pourrait être utile, mais il faudra surtout démontrer par la suite qu'il veut bien faire, et ainsi le protectorat lui laissera une chance. » Dit-elle, et même si cela serait difficile, au moins il y aurait une chance d'atteindre le résultat espéré car contrairement à la tyrannie permanente dans laquelle vivait les théocrates, au protectorat l'on cohabitait déjà avec de vieux ennemis, et si beaucoup devaient se faire à la fréquentation des alayiens, il n'y avait aucune raison qu'il ne tolère pas celle du corbeau si ce dernier désirait sincèrement se rattraper.

Et Aramis hocha donc calmement la tête à l'intention du corbeau quand ce dernier souligna qu'il se reposait sur elle pour ce procès. Au moins ce serait une bonne chose de faîte, quand à la suite… Cela appartiendrait surtout à l'épervier, et au corbeau, que le fait qu'ils puissent ne pas faire d'erreur à l'issue funeste, ou tout autre chose de ce genre à l'avenir. Même si cela semblait mal partit avec la situation actuelle du protectorat elle ne pouvait que leur souhaiter bonne chance intérieurement… Sur ce le procès allait bientôt commencer, et Aramis décida donc de les laisser en tête à tête en attendant. Histoire qu'ils puissent vraiment profiter de leurs retrouvailles, quand à la suite la baptistrelle s'y préparait fermement. Cette histoire terminait ils pourraient enfin tous passer à autre chose. Pour sa part elle serait satisfaite d'une bonne conclusion, car cette affaire c'était au final révéler être un vrai casse tête, surtout avec son lot considérable d'imprévus...

[Hrp : Conclu pour moi aussi^^.]

Après avoir posé une main affectueuse sur Nox, le Corbeau chercha à se relever par ses propres moyens. Ses muscles épuisés tremblait sous cet effort pourtant d'ordinaire simple. Sighild fut un pas pour l'aider, mais se retint. Elle veilla à rester à une distance suffisante pour le soutenir si jamais ses jambes venaient à le trahir dans son désir de quitter sa chaise. Si le malheureux avait demandé de l'aide, il en aurait fait part d'une certaine manière. Là, il lui fallait reprendre doucement confiance en lui, sentir qu'il était bien lui et son corps meurtri pour comprendre qu'il était bien dans la réalité. Il était bien dans la réalité et Sighil ne put s'empêcher de se pincer les lèvres. Elle fut certaine qu'il redevenait lui-même quand il réussit à comprendre la portée du procès qui l'attendait, acceptant de se fier entièrement à Aramis

Une fois qu'il fut totalement debout, Sighild était tout proche de lui, le regardant et guettant le moindre de ses gestes. L'épuisement pouvait le trahir à tout moment. Elle fixait son sombre regard, qui avait retrouvé un semblant d'éclat plus vivant, plongé dans une profonde émotion. Elle lui souriait en même temps. Les choses allaient se dérouler au mieux maintenant. Il approchait enfin de la fin de ses calvaires ! Et quand le Corbeau posa sa première main sur elle, elle ne tressaillit point. Elle ne bougea pas d'un cil et quand elle sentit son étreinte contre elle, corps à corps, elle en avait complètement oublié la chute de la couverture. Elle aurait pu se sentir rougir et embarrassé. Mais au lieu de cela, elle passa à son tour ses bras autour de Saemon, lui offrant la chaleur de sa propre étreinte et de son soutien, car elle avait bien senti qu'il s'appuyait sur elle pour soulager la souffrance de ses efforts à se remettre debout. Peu lui importait la crasse qui collait à sa peau et de l'odeur qui l'avait marqué durant tout le long de son infâme séjour dans cette prison.

Elle ne put empêcher son coeur de battre plus rapidement, dans une étrange panique quand elle comprit son faible murmure. Elle ne put s'empêcher de raffermir son étreinte contre lui. Un tel murmure affirmait ce qu'elle pensait au plus profond d'elle-même sans totalement le comprendre. A son tour elle ne put s'empêcher de murmurer

''Le roc qu'est mon coeur s'est fendu, pour totalement le dévoiler. Il est tien désormais...Un coeur des hautes montagnes pour un coeur insoumis''

Une façon très glacernoise pour avouer ce qu'elle ressentait envers lui et le tout dans le même sens. Elle n'espérait qu'une chose, mais elle devra attendre et veiller sur lui avant qu'il ne se sente mieux pour en avoir la certitude : que ce pénible séjour en prison ne lui avait pas obscurci ses émotions. Au fond d'elle même elle connaissait la réponse. Puis elle tourna la tête vers Aramis.

''Merci pour tout. ''

Maintenant ne restait plus qu'à aider Saemon à se laver, se vêtir et à le soutenir pour le procès désormais de plus en plus proche