Merveilleux…. Aigue-Royal était une caverne. Une fichue caverne ! Pas étonnant que les elfes soient encore plus bouchés qu'avant, s'ils vivaient dans un vieux trou. Bon certes, courage, rébellion, honneur, justice, toussa toussa, c'était bien beau mais fallait-il que ce soit vraiment une caverne ? Ils ne pouvaient pas se trouver un tronc d'arbre moelleux ? En plus si elle se souvenait bien l'empereur humain avait une dragonne. L'écailleuse en question ne devait pas beaucoup apprécier d'être enterrée vivante toute de même ! Enfin bon leur aimable garde personnelle n'était de toute façon pas vraiment capable d'avoir une constructive discussion sur le thème de la décoration des lieux. Pas qu'elle voulait vraiment leur parler en fait. Bref ça n'avait pas d'importance, elle s'y ferait le temps qu'il faudrait. Bras croisés sous sa nuque pour la soutenir, elle observait le plafond en s'ennuyant ferme. Bon elle s'était faite enfermer volontairement pour rester avec Tomyn, et se faire enfermer à Aigue ce n'était pas très difficile apparemment, tant mieux d'un certain côté comme ça elle était là où elle le vouait mais tout de même… c'était moins amusant qu'elle ne l'aurait cru, d'être enfermé, passé le premier instant et la tête d'ahuri du garde. Elle ne comprenait pas vraiment le besoin qu'ils avaient tous de mettre des gens dans d'aussi petites boites. Les cavernes étaient déjà des prisons en elles-mêmes, pourquoi en rajouter encore ?

C'est qu'il en mettait du temps, cet empereur ! Non mais s'il avait autre chose à faire, ils pouvaient tout aussi bien aller voir l'humain avec une couronne sur la tête non ? C'était bien SA rébellion non ? Les elfes s'étaient simplement fait jetés à coup de pied aux fesses néantique hors des forêts. Elle soupira, tourna la tête vers Tomyn en le voyant se gratter la barbe et regretta de ne pouvoir la lui papouiller. En le voyant se lever, elle haussa un sourcil. Ah ? C'était l'heure de jouer ? Non parce que s'il avait une idée, elle adhérait immédiatement ! Elle s'ennuyait beaucoup trop et la pièce était trop petite pour se tendances hyperactives. Mais elle tendit plutôt l'oreille en entendant des pas venir vers eux. Allons bon, qu'est-ce que c'était ça encore ? En voyant la file d'elfes, elle eut un petit sourire. Et bien voilà, pile au bout moment, c'était parfait tout ça ! Haut les coeurs il était temps d'aller secouer l'empereur ! Enfin le bébé qui servait d'empereur d'après les rares rumeurs qu'elle en avait. Aegnor Evanaelle ? Elle ne s'y était jamais vraiment intéressée en fait, bine trop occupée à courir partout et à choquer tous le monde. Elle répondit au clin d'oeil de son mari d'un sourire et suivit le mouvement à son rythme, manquant à chaque fois perdre le pas raide et coincé des soldats sans toutefois totalement le faire. Il fallait qu'ils arrivent à destination après tout et elle ne connaissait pas les lieux.

Une fois à destination, elle tourna le nez sur l'ensemble de la pièce puis souffla sur une mèche venue lui barrer le visage, pour tout avis. Elle avait toujours eut un soucis avec la discipline et été littéralement allergique à l'ordre établit et à toute notion de royauté. Pour expliquer simplement et en termes peu ambigus, elle ne voyait absolument aucune raison d'offrir le moindre respect à un individu simplement parce qu'il était nait avec la bonne cuillère dans la bouche. Ou le meilleur téton à téter. Si elle se taisait c’était uniquement pour ne pas aggraver la situation de Tomyn. C'était sa seule raison de rester tranquille. Pour autant, elle n'adressa qu'un signe de tête à la fameuse tête couronnée. Il ne fallait pas trop en demander non plus. Elle n'était de toute façon pas accusée de grand-chose et le peu qu'on pourrait le reprocher, elle le renverrait comme une grande. Il lui fallut d'ailleurs toute la force de sa résolution de ne pas mettre son mari en danger pour éviter de balancer dans les dents du gosse que quiconque commençant par demander de ne pas mentir, ou simplement de se mettre en avant de cette façon, n'était pas certain de ses propres capacités de jugement. Sans compter que c'était les insulter. Pour quelqu'un sensé être la justice équitable qu'il commence ainsi semblait surtout signifier qu'il ne leur accordait même pas le respect minimal qu'on devait à un interlocuteur en ne soupçonnant pas d'emblé des mensonges.

Mais bon, pour quelqu'un employant Artaher Terendul, il ne fallait pas trop en attendre.

Elle écouta le récit sans mot dire, observant simplement son époux relater des faits à la fois lointains et frais. Lointains, car avec tout ce qui s’était passé, cela semblait être à un monde de la situation actuelle, et frais car on le leur avait tout juste remit en tête. Maudit soit ceux qui ne pouvaient se défaire du passer et avancer sur le chemin de l’avenir. Toujours à ruminer des fautes véritables ou illusoires datant de l’antiquité… Elle s’en tint au silence, c’était encore le plus simple, le moins difficile, pour elle. Moins dur que d’essayer de ne pas exploser à la moindre parole pour peu qu’on remit en cause son mari, chose qui arriverait, elle le savait parfaitement. Elle faillit cependant grogner sur son humain en l’entendant lui jeter la cougourde chaude. Hey ! Mais non enfin ! Zut… Evidemment qu’elle saurait mieux dire, mais bon tout de même, ça ne lui faisait pas envie, de devoir adresser la parole à ce petit princelet –là. Elle ferait un effort, évidemment, enfin si tant est qu’il ne reçoive pas son poing sur le nez avant. Le geste qu’il eut lui fit rouler des yeux mais elle se contint de son mieux et encore plus durant la suite, bras fermement croisés dans une position qui dénotait ouvertement son manque d’enthousiasme à l’idée de prendre part à ce débat. Pour elle, cet elfe-là avait déjà son jugement de prêt et ce procès n’était qu’une farce. Il donnerait raison à son général quoi qu’il arrive, qu’y avait-il à en tirer ?

En fait c’était même pire et elle crut exploser de colère. Il ne pouvait encourager leur relation ? Mais qui lui demandait de donner son avis exactement ? C’était cette saleté de couronne sur son petit front immaculé qui lui donnait l’impression de pouvoir émettre un jugement sur tout et n’importe quoi comme un chien pisserait pour marquer son territoire ? Elle n’en avait strictement rien à faire qu’il l’encourage ou non ! Elle en avait même strictement rien à faire qu’il l’accepte ou non d’ailleurs ! Qu’on leur fiche juste la paix enfin ! C’était dément cette façon qu’ils avaient tous de se faire des gorges chaudes de leur relation ! Ils pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient, même si c’était aussi grotesque qu’hypocrite et opportuniste, mais qu’ils arrêtent d’agir comme si on demandait leur bénédiction ! Et celui-là, là ? Il ne voulait pas non plus les traiter comme un vulgaire élevage tant qu’il y était ? Elle n’était pas une pouliche à parquer avec un mâle pour la reproduction comme les humains se plaisaient à le faire ! Elle ne savait pas du tout d’où ça venait, mais il était strictement hors de question qu’elle n’essaye pas de le faire changer de mentalité, c’était plus qu’inquiétant à ce stade c’était même carrément alarmant ! A tous les coups, ça c’était les vieux et les individus comme Artaher !

Mais chaque chose en son temps. Finalement ça lui faisait au moins une bonne raison de ne pas lui exploser le nez. C’est dans cette optique qu’elle prit une grande bouffée d’air pour se calmer, avant de soupirer profondément. Rester calme. Exploser ne servirait personne. « Je pense que vous mélangez beaucoup de chose, Aegnor » Elle s’avança légèrement en poursuivant « Je pense que vous voulez voir les faits dans un esprit d’ensemble et je vous l’accorde, en temps normal c’est une bonne chose. Cependant puisque nous sommes dans un tribunal, peut-être faudrait-il couper un peu dans ce fouillis et dégager d’abord plusieurs grands faits » Elle s’arrêta face à lui, l’observant comme un égal plutôt que comme un souverain « Ce que reproche Artaher à Tomyn , et à moi je suppose ? C’est de n’avoir pas fait ce que lui voulait. Son accusation, c’est celle-ci, n’est-ce pas ? Nous avons refusé de lui obéir. C’est une première affaire, dans laquelle il est l’accusateur » Elle se forçait à parler calmement et lentement afin de juguler ses propres tendances impulsives « En sens inverse, notre accusation envers lui, c’est d’avoir tenté de tuer mon époux, Tomyn. Ce sont donc deux affaires, imbriqués l’une dans l’autre »

Elle inspira de nouveau profondément « Dans cette optique je débuterais par l’accusation d’Artaher. Alors oui, nous n’avons pas obéit. Quant à savoir pourquoi, c’est très simple, nous sommes libres. Qu’il soit empreint de toute l’autorité du monde ne lui donne pas le droit d’ordonner quoi que ce soit à des individus n’étant pas sous sa juridiction. Hors c’est précisément le cas. Tomyn est un humain, je suis une exilée, donc nous ne sommes pas citoyens elfiques. De plus, nous nous trouvions en territoire humain, impérial de surcroît, donc pas non plus dans une zone où son autorité s’applique. C’est déjà une première chose. Nous ne sommes pas non plus membres de la rébellion, ce qui aurait pu influer » Nouveau silence, puis reprise « De plus, je vais vous dire de mémoire quelques-unes de ses affirmations… ‘Cette affaire est du ressort de l’armée elfique’ et bien non, Aegnor, ce n’est pas seulement du ressort de l’armée elfique. Si j’ai bien compris, ces perles faites par Néant vont détruire tout Armanda, donc tout le monde est concerné. Une autre encore, de mémoire, j’ai plutôt bonne mémoire pour ça ‘si vous tenez tant que ça à vous faire tuer, toi et le…’ ah le terme m’échappe… ‘Scélérat’ je crois ‘qui t’accompagne, trouvez-donc une souche où attendre que j’en ai terminé avec cette perle. Je me ferais alors un plaisir de m’occuper de vous comme il convient de le faire’ »

Ça parlait de soi-même non ? Elle ne retenait pas tout évidemment, mais avec ce qui s’était passé, ces mots-là c’était gravés en elle. Ça se comprenait non ? Elle poursuivit « Honnêtement, je ne rejette pas la haine d’Artaher, je l’assume même parfaitement. Mais qu’on ne vienne pas me dire qu’il est général et qu’il sait mieux qu’il sait mieux que les autres. Qu’il soit général ne l’empêche pas d’être une personne avec ses sentiments et vous savez comme moi que ses sentiments influent beaucoup sur sa conduite. Ou dois-je vous rappeler sa scène devant le conseil avant qu’il ne le quitte ? Il nous a demandé de partir pour toute autre chose que la stratégie militaire, et si vous voulez une autre raison pour étayer cela, sachez que j’ai été soldate à ses ordres, dans son unité. Ne me dites pas après que j’aurais été une gêne. Et d’ailleurs je reprends votre argument, ses jambes le prouvent. Si elles sont dans cet état ce n’est pas que nous étions incapables et une gêne pour lui, si elles sont dans cet état c’est à cause de moi, parce que j’ai défendu mon mari. Ce qui nous fait venir à notre seconde affaire il me semble »

A nouveau elle croisa les bras, mais moins agressivement et durement « Il a le droit d’accuser Tomyn, d’accord. Mais moi je l’accuse également, de tentative de meurtre, et je veux qu’il soit jugé et sanctionné comme il se doit. Tomyn a accepté de mettre ses propres griefs de côté pour détruire cette perle, si un simple humain peut le faire pourquoi ce si apprécié général, en militaire chevronné, ne pouvait-il pas faire de même ? Et je ne parle pas du fait qu’un elfe de la rébellion agresse un humain qui ne lui avait rien demandé. C’est l’image que vous montrez de vous désormais ? Et des elfes ? Ça ressemble plus à un bout de propagande impériale que j’ai examiné en passant dans un village humain… mais je crois que ça vous le comprenez, n’est-ce pas ? En dehors du tort qu’il a causé de façon immédiate, il est également une menace pour votre image. Personnellement j’ai franchement tendance à mettre les gens qui prient de telles personnes dans le même sac. Mais laissez-moi simplement vous dire ce qu’il m’a dit après avoir laissé Tomyn pour mort. ‘Toutes mes condoléances’ à première vue rien d’anormal n’est-ce pas ? Sauf que c’était la blague que j’avais faite à son encontre à son mariage. Je reconnais volontiers que mon sens de l’humour ne plait pas à tous et j’en suis fière. Cela dit ça prouve également qu’il n’avait pas en tête la bonne marche de son opération en s’en prenant à mon époux »

Elle s’approcha encore, aussi près que les gardes le permettrait et accrocha fièrement le regard de l’autre « Encore une chose, qui a à voir avec ce que vous avez dit plus tôt. Nous ne demandons à personne d’encourager ou d’accepter notre union. Nous n’avons pas besoin de votre avis. Cependant sachez une chose, si les elfes ont peu de fertilité ce n’est pas la faute de l’amour c’est le simple fait de l’écoulement du temps et de la magie. Que vous puissiez encourager ou non ne vous servira à rien Aegnor. Plutôt que de tenter de passer ce qu’il reste de temps à votre… à notre peuple, en Empereur aigri voyant les siens comme des machines à reproduire la race, gardez v… nos valeurs. Celles qui promulguent l’amour. Ou bien les avez-vous oubliés ? Plutôt que de vous borner à une simple grandeur par le nombre, pourquoi ne pas simplement conserver nos valeurs et les faire fleurir ? Vous voulez être un Artaher, qui tranche tout ce qui lui déplait ? Ou bien vous voulez guider notre peuple durant ses dernières années, avec la dignité sensé être la nôtre, et qu’il s’éteigne, s’il doit s’éteindre, en ayant transmis ce qu’il y a de bon en lui à la race qui préservera plus tard le monde que nous avons aimé ? »

Elle fit un gros effort pour ne pas éclater de rire tout de suite. Et pourtant c'était très difficile. Elle pouffait, se plaquant une main sur la bouche, les épaules tressautant violemment par instant tant elle se contenait. Mais non enfin ! Si elle éclatait de rire maintenant elle allait lui couper la parole – vilain – et en plus il croirait presque à coup sûr qu'elle se payait sa tête –vilain vilain… mais pas si faux que ça en un sens ! Pourtant ce n'était pas méchant du tout, bien au contraire. Il avait beau lui débiter un tissu d'âneries, il y avait tout de même quelque chose qui la rassurait affreusement. Non plutôt deux choses. Déjà un, il n'était pas influencé par Artaher. Un soulagement certain. Et de deux il ne tenait pas ses opinions des conseillers. Un autre soulagement. Malheureusement, elle ne put se contenir quand il en eut finit et éclata d'un rire sonore qui la plia en deux. "PPfffAAAAAAAaaaaaahhahahahahahahahahah…. Pardoooooooooooon !" Elle vacilla et manqua s'écrouler sur l'épaule de Tomyn. Ah oui bon finalement elle avait explosé. Au milieu de sa crise de rire, elle s'avança sans laisser à personne le temps de réagir, et enlaça le petit bout de chou qui se prenait pour un Empereur. "Trop mignon!" Et elle s'écroula presque littéralement dans ses bras sans se poser la question de savoir si les gardes avaient fait une attaque devant son geste ou si Aegnor les avait retenus. L'un comme l'autre aurait sans doute participé de son fou rire violent de toute façon.

Lorsqu'elle réussit enfin à se calmer, elle chassa les larmes de rire qui lui étaient venus et le serra plus fort encore, lui caressant les cheveux. "Ah lalaaaaaa Aegnor…." Un profond et lourd soupire lui vint et elle se détacha de lui suffisamment pour le regarder dans les yeux et lui caresser la joue d'une main. "Vous réagissez comme un enfant prit en faute, qui lance la première chose qui lui vient à ses parents pour prouver qu'il a raison" Elle sourit avec douceur et secoua un peu la tête "Personne ici n'a dit que vous étiez son ennemi, voyons. Ce n'est pas parce que quelqu'un agit de façon stupide, ou qui ne plait pas, qu'il est un ennemi. Désolé si j'ai eu l'air de vous accuser, ce n'est pas le cas, même si, oui, je suis très très en colère. Mais quand vous aurez une compagne à vous, vous comprendrez mieux ce que je ressens et comment je réagis" Lui prenant le visage à deux mains, elle le regarda dans les yeux "Lorsque vous aurez un moment, examinez de nouveau ce que je vous ai dit. Sans avoir la pression de devoir paraître à votre avantage comme empereur. Ré examinez vraiment attentivement ce que j'ai dit, et vous comprendrez que beaucoup de ce que vous venez de me dire ne tiens pas debout"

Malicieuse, elle poursuivit "Vu que je viens de marcher joyeusement sur toutes les bonnes mœurs elfiques, je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin. Je VEUX que vous ré examiniez cette conversation. Ce n'est pas souvent que je décide de me mêler des affaires des autres, alors pour une fois que je le fais, je ne vais pas m'arrêter. Vous n'avez pas du tout saisi ce que je vous ai dit, et je suppose que c'est en partie ma faute. Mais vous comprendrez. Et à ce moment-là, je pense, nous pourrons discuter" Avec une petite moue, elle examina attentivement son visage puis secoua légèrement la tête "Je ne crois pas pouvoir jamais reconnaître votre autorité. Pour moi vous n'êtes pas un empereur ou un roi, vous êtes une personne. Mais je crois que je vous aime bien finalement. Prenez soin de mon mari" Elle fit les gros yeux sans vraiment être sérieuse "Attention hein ! Il est fragile ! N'allez pas me le casser sinon je ne serais pas contente ! Mais !" Et elle lui mit une tape sur l'épaule "J'accepte de vous le prêtez. Et puis ça va faire rager Artaher donc ça me va ! héhé…"

Souriante une fois de plus, elle lui colla un baisé sur le front puis s'éloigna et vint faire de même avec Tomyn, avant d'en piquer un sur ses lèvres "Je te retrouverais plus tard, vous avez à discuter tous les deux !" Et là-dessus, elle quitta la salle sans laisser à personne le temps d'en placer une, lançant juste, sur le pas de la porte, et de toute la force de sa voix "Et je ne suis pas une dame !!!!"