Fructueux était le bon mot. Fructueuse, en vérité. Sa visite avait été fructueuse à plus d’un égard. Et perturbante à d’autres, sans nul doute. Il avait un dernier arrêt à faire. Une dernière personne à voir, en ce lieu, avant de le quitter en compagnie de ses deux compagnons de voyage. D’aucun aurait pu croire, en mémoire de leur dernier instant en présence l’un de l’autre, qu’il aurait entretenu quelque agressivité à son égard. Ce n’était pas le cas. Trois ans plus tôt, il avait été un animal porté par l’instinct et une loyauté aveugle et sans failles. Il n’était plus aveugle. Et l’individu qu’il allait rencontrer n’était plus un ennemi. En vérité il n’était plus grand-chose… plus grand-chose à part… mais mieux valait ne pas y penser. Pas pour le moment. Mieux valait attendre d’en être certain, de l’avoir sous les yeux. Alors il y penserait peut-être un peu. Juste ce qu’il fallait. Ce n’était guère plus dur que de circonvenir le serment baptistral quand on comprenait exactement les limites de ces chaînes. Oui, s’il s’avérait qu’il y avait à penser, il accepterait de penser. Sinon, il resterait coi. Korentin encore lové dans les méandres de ses pensées, il s’enfonça dans la fin du voyage sans une hésitation, seul. La fournaise là-dessous ne lui faisait rien. Son immunité n’était plus magique depuis l’instant où il avait ouvert les yeux sur sa nuit. Elle était empreinte dans chaque fibre de son être physique, et à ce titre, l’immunisait aux effets délétères de ce tombeau.

Là, en bas, étaient enfermés les plus grands ennemis de Vraorg. Et lui était sans doute le plus grand de tous. Il n’eut guère de mal à le trouver, ses battements de cœur lui étaient encore connu, même s’ils étaient plus lent. Guère étonnant. Trois années en ces lieux, alors même que les autres ne duraient que quelques semaines. Sa résistance était impressionnante vraiment. Il l’admettait, il était surpris qu’il ait survécu jusque-là. Mais satisfait. Sa mort aurait mis un point final à ses nombreuses hypothèses. Elles perduraient jusque-là… même s’il devait avouer que l’autre était dans un état inquiétant. Là encore, rien d’étonnant, mais cela le contraria pourtant. La controverse des sentiments sauvages au regard de l’implacable logique. Mais ce n’était d’aucune importance à l’heure actuelle. Il s’approcha de la minuscule cellule aux barreaux brûlants et laissa son regard corbeau caresser la forme affaiblie, avec ce qui se rapprochait le plus chez lui de la douceur. Un long moment il resta là sans rien dire, laissant à l’autre le temps de prendre conscience de sa présence. S’il en était encore capable. Etait-ce le cas ? Il préféra, à terme, ne pas le deviner et fit enfin connaître son arrivée d’un léger coup sur le tube de métal le plus proche. Un son grave et vibrant qui vint contrebalancer le son de sa voix, toute aussi basse mais plus douce.

« Éveille-toi Aldakin du Néant… »

De nouveau, il attendit de voir l’effet de ses paroles puis glissa une main sous le pan de sa tunique de tissu souple, détachant de sa ceinture une gourde remplie qu’il tendit d’un bras à l’intérieur de la cage morbide. En ces lieux, il avait cessé de respirer, se coupant de son odorat pour le préserver de la puanteur qu’il devinait sans mal. Sans doute cette gourde semblerait-elle un présent plein de compassion, mais son esprit restait fixé sur une autre idée : celui qu’il était venu voir ne risquait pas beaucoup de parler s’il avait la gorge sèche et la langue triplée de volume en raison de la soif. Pratico-pratique. Le reste n’avait nul raison d’être. Restait à voir s’il accepterait son présent ou non.

@Aldakin du Néant

L’acceptation le satisfit. C’était une bonne chose, car s’il n’avait pas pris la gourde, ils ne seraient pas allés très loin puisque l’autre serait resté dans son pitoyable état et il n’en aurait rien tiré. Cependant, le mouvement difficile esquissé par l’ancien prêcheur pour récupérer la gourde lui révéla un détail qu’il avait omit sans le vouloir. L’autre était… et bien, nu. Totalement. C’était légèrement perturbant. La pudeur était une vertu qu’il appréciait grandement, de la part des hommes encore davantage et quand bien même il comprenait bien que dans son état, la décence était le dernier des soucis, il ne parvenait pas à totalement se remettre de sa surprise et de son malaise. Chose plus frappante encore si c’était possible, Aldakin avait des cheveux. Pour quiconque, cela aurait pu sembler complètement anodin, et pourtant ? Et bien il n’avait vu Aldakin qu’avait un crâne lisse ou presque. Il avait gardé cette image-là. Le voir avec des cheveux était donc, effectivement, choquant, d’une certaine façon. Même si choquant était un terme un peu fort. Il se tint coi, l’observant prendre possession de ce qu’il lui avait offert.

Il n’était pas un tendre. Il n’était plus un tendre, en réalité, puisque d’après Lorenz, il l’avait été. Pour autant, il n’aimait pas la cruauté gratuite. Et à ce titre, il n’aimait pas ce qu’il voyait. C’était… gratuit. Et ça n’apportait rien. Qu’y avait-il là si ce n’était la déliquescence inutile d’un homme ? Et pourtant il était en vie, et pouvait encore servir. Nulle trahison ici, il n’était venu que pour constater et parler. Mais il ne pensait pas moins qu’il était possible de trouver dans sa survie une utilité future. Il le laissa s’abreuver sans rien faire pour l’en empêcher. Ne le méritait-il pas ? Tout de même. Sans éprouver de pitié, il ne pouvait que porter un certain soutient au prêcheur. Quelle douce ironie cependant… quand on pensait à des individus écervelés et pleins d’illusions rocambolesques comme Matis Falkire, qui jouait les grands héros martyrs sans peur et sans reproches, qui s’imaginaient réellement avoir souffert et être au-delà de toute peur et douleur, d’avoir tout vu et tout subit… et quand ensuite on était témoin de l’état d’Aldakin, on ne pouvait que soupirer face à la bêtise dont certain faisaient preuve.

Même en prison, oui effectivement. Hélas, la bêtise était une épidémie qui ne connaissait nulle frontière, pas même celles du divin Vraorg. Il observa un moment encore le prisonnier, réellement soucieux. « Tu es Aldakin » affirma-t-il posément, en l’observant « Et tu es bien là, devant moi. C’est d’ailleurs à même de m’impressionner. J’ai cru comprendre que les prisonniers gardés ici ne tiennent pas plus de quelques semaines. Et pourtant, tu es retenu-là depuis trois ans complets » Ce n’était pas rien du tout. Non pas rien. « J’aimerais comprendre comment tu as réussi à survivre » Oui, avant toute autre chose, il voulait comprendre comment. C’était très important pour lui. S’il était capable de survivre, de tenir, ici, dans ce lieu terrible, il le pourrait aussi ailleurs… dehors éventuellement. A nouveau, il observa sa forme famélique, sa peau défaite, son état de presque… décomposition ? Il ne savait trop. Il contint une impulsion. Le tirer de sa misère aurait peut-être été la meilleure chose à faire. Mais non.

« J’en ai une autre pour toi » précisa-t-il après un instant de réflexion. Peut-être pourrait-il prendre un peu de confort là-dedans… mais ce n’était seulement dans cette optique qu’il le lui affirmait. C’était un test, qui devait apporter des conclusions et un début de réponse personnelle.

Ce qu’il en restait. Certes. Mais il en restait certainement plus que Vraorg n’aimerait qu’il en reste. Et c’était parfait en ce sens. Ce qui contrariait Vraorg ne pouvait que lui plaire. De plus, il en restait bien assez pour qu’il soit utilisable, ce qui ne gâtait rien. Dans l’absolue, donc, et s’il ne minimisait nullement l’atroce enfermement de trois ans qu’il avait vécu, il restait confiant quant à ce qu’il pourrait accomplir dans le futur. Alors oui, sans n’était-ce que ce qui restait d’Aldakin, mais il le redeviendrait. Cependant, cela, il ne pouvait le dire clairement. A moins que ? Peut-être devrait-il, mais ce serait se mettre trop en danger dans l’immédiat, autant attendre encore un peu. « Certes » convint-il donc en attendant. Il resta immobile à l’observer, attendant ses réponses dans un silence qui n’avait rien d’hostile. Sachant qu’il lui était difficile de s’exprimer, il pouvait se montrer d’une patience à toute épreuve et lui laisser tout le temps dont il avait besoin. Il n’eut besoin que de peu de cette patience pourtant, ce qui l’incitait à penser qu’il était plutôt bien disposé à son égard. En même temps, l’eau et les conditions actuelles pouvaient clairement l’expliquer. Sans toutefois que cela soit dérangeant.

Et la première réponse lui tira un léger hochement de tête. Oui, il pouvait comprendre ça. Et sans doute étaient-ils les deux êtres les mieux à-même de comprendre pareille chose puisque tous deux côtoyaient suffisamment Mort pour prendre le thé avec lui. Ce qui était plutôt amusant à savoir lorsqu’on voyait de nombreux individus se réclamer de pareille expérience sans réellement la posséder. Lui qui ne s’amusait guère de la mort des mortels, il ne pouvait pourtant que goûter à la grinçante satisfaction de les voir réellement goûter à l’étreinte mortelle, et d’en comprendre toute la singularité. « Parce qu’on le leur fait croire, dirais-je. Tu n’y crois pas en tout cas » Et c’était une raison de plus pour le motiver à l’aider. Il allait reprendre la parole lorsqu’un long cri sinistre l’interrompit. Son premier réflexe fut de légèrement découvrir les crocs de contrariété, son esprit bien ordonné haïssant qu’on se permette le moindre manque de savoir vivre. Ne pouvait-il donc mourir en silence celui-là ? On pouvait désespérer dans son agonie sans ennuyer son entourage, c’était tout de même beaucoup plus seyant ! Mais aller savoir pourquoi, ça ne l’étonnait que pour moitié. Plutôt qu’une prison, ce lieu aurait dû être un camp de ré apprentissage de la politesse.

Il observa la pitoyable créature se tuer sur les barreaux sans réagir. Il n’agréait pas au traitement, encore une fois, mais n’y pouvait rien à part… et bien à part le tuer. Pinçant, les lèvres, et ignorant le prêcheur, il dégaina Clarion dans un mouvement vif et la passa en travers du corps de l’humain dans un moment déterminé. La lame blême luisit d’un éclat froid avant de se teinter de sang. Sans attendre, il libéra la lame d’une traction et tira de sa ceinture un carreau de tissu pour la nettoyer avant de la rengainer. Sans un regard pour le corps tombé au sol et encore fumant, il prit la seconde gourde, vint soutenir le bras tremblant du prêcheur, et la déposa dans sa main. « Doucement… ne va pas trop vite » Il accompagna le geste qui ramènerait la gourde dans sa cellule, et le relâcha avec précaution quand il fut à son maximum. Une fois qu’il l’eu en sa possession, il recula légèrement et un coup d’œil alentours lui assura qu’ils étaient seuls en dehors des loques prisonnières. Ils l’étaient… parfait, il aurait été difficile de supprimer tout le monde ensuite. Difficile surtout de l’expliquer à Vraorg, à bien y réfléchir. Il ne pouvait pas décemment expliquer que les prisonniers aient commis un massacre.

« Penses-tu réellement que ta volonté est la seule raison qui t'a maintenue en vie Aldakin ? » Il laissa un silence s’étirer entre eux, puis rajouta, plus bas encore « Je t'avais dit que tu devais la prendre… ce n’était pas pour rien » C’était jouer un peu un pari, et il n’était guère parieur. Mais pour cette fois, il n’y risquait pas grand-chose, et Aldakin seul pourrait comprendre cette référence vieille de trois ans…

Six jours seulement. C’était… Il n’avait pas les mots, se rendait-il compte. Il n’avait pas les mots pour exprimer sa pensée là-dessus. C’était fort contrariant, en règle générale il ne souffrait pas d’un tel défaut de langage et encore moins lorsqu’il s’agissait de manier ce qui était appelé langue commune. De fait, si elle était commune, elle était surtout moins approfondie, moins technique et, à ses yeux, moins riche que la langue elfique. Il l’avait rapidement cernée, et n’avait pas mis plus de quelques mois à la manier comme s’il s’agissait d’une extension de sa personne. Une extension certes méprisable, mais néanmoins utile. Six jours donc, pour ce prisonnier qu’il avait délivré de la tourmente. Ce n’était rien du tout, six jours. Absolument rien en vérité, quand bien même il admettait que six jours dans cet environnement devaient être particulièrement difficiles. Il ne fit aucun commentaire oral, suivant son adage : si tu ne peux parler justement et utilement, ne parle pas du tout. Et là, incapable de trouver ses mots, il valait certainement mieux qu’il garde le silence.

D’autant qu’ils avaient d’autres sujets sur le feu, sans jeux de mots, et que ceux-ci étaient bien plus importants. Et, satisfaction supplémentaire, il n’avait pas à se sentir perdu face à ses mots, sur les sujets en question. Le remerciement lui fit simplement hocher la tête. Il acceptait simplement sa sincérité et son remerciement sans trop en faire. Il n’avait aucun doute quant à l’usage que ferait Aldakin de ses dons. N’avait-il pas survécu tout ce temps, même s’il était dans un état déplorable ? Il pourrait survivre encore et c’était exactement ce qu’il espérait. Il voulait que le prêcheur survive. Mieux encore, il voulait que le prêcheur… Une vive douleur lui déchira le corps un bref instant, mais il grimaça à peine. Il connaissait la douleur, oh oui, il la connaissait aussi bien qu’il connaissait Mort. La douleur, il l’avait expérimenté sous toutes ses formes et de la plus puissante des façons. Ce qu’infligeaient les marques de Vraorg n’était qu’une vague plaisanterie.

Le grand lézard avait beau être mauvais et doué à ce qu’il faisait, ce n’était nullement suffisant pour lui. Il était allé bien au-delà de ce que les créatures mortelles supportaient en règle générale. Cette douleur n’était rien, et pour s’en rendre compte, il lui suffisait d’effleurer le trou béant encore présent dans son âme, marquant la perte de son dragon. Il lui suffisait de faire raviver le souvenir de son âme que l’on arrachait à Mort, et de sa transformation après qu’il eut touché… et bien justement, on y venait. « Oui » répondit-il doucement, la voix basse. Plaisanterie que la douleur infligée par la marque de loyauté, il avait vécu tellement pire que cela. Et il n’était de toute façon pas créature à se laisser briser si aisément. Son esprit était devenu depuis longtemps un roc imprenable. La souffrance était de toute façon passée. Il ne trahissait pas, personne, en cet instant, il ne faisait que discuter avec un condamné, non ?

Il reprit une pose de repos militaire, mains dans le dos, et fronça légèrement des sourcils. « Je me suis intéressé de près à cet objet. Lorsque j’ai exigé de toi que tu le prennes, j’ai eu la conviction que c’était la bonne chose à faire. Je ne me suis jamais trompé, sur de tels sujets. Alors j’ai essayé d’en savoir plus et j’ai finalement une hypothèse que me semble tenir la route… » Il s’interrompit un instant, puis reprit « Je pense qu’il s’agit d’un fragment du cœur de Néant » Voilà qui était dit. Oh certes cela semblait un peu étrange. Il n’imaginait pas forcément un cœur fait d’une gemme, mais il s’agissait après tout d’un esprit, pas d’un mortel. Mais oui, cela semblait le plus probable… un tel objet, si intimement lié à Néant, en un tel lieu, ça ne pouvait être que cela. Il n’avait jamais été stipulé que Néant s’était faite démembrer entièrement et qu’on avait semé les parties de son corps un peu partout….

« Quant à ses pouvoirs… c’est beaucoup plus compliqué à déterminer, mais je ne serais nullement surpris que tes attributs de serviteur réincarné te soient rendus. Cela paraît aller de pair avec le test que tu avais effectué grâce à mon frère » Il se tint coi, réfléchissant un long moment encore. Puis, enfin, il esquissa un sourire « Il est dommage que je ne puisse te transmettre mes souvenirs. Je suppose que tu aurais aimé voir le corps incarné de ta déesse… »

Comme prévu, le sujet intéressait le prêcheur épuisé et rudement éprouvé. Un baume sans doute, pour son âme dédiée à celle dont il lui parlait. Il hocha la tête gravement. Oui, il avait vu Néant. Etrange notion que celle-ci : voir quelque chose qui était l’existence même de… la non existence. Mais Armanda était un continent fait d’étrangetés, et celle-ci n’était qu’une goutte d’eau dans un océan de bizarreries diverses et variées. Le regret qu’il manifesta, il le goûta avec curiosité et révérence. Curiosité car lui-même n’ayant aucune foi religieuse, il s’interrogeait sur ce qu’elle pouvait signifier et ce qu’était, par l’essence, ce regret. Révérence car parmi les rares humains qu’il considérait, ce qui était déjà notable en soi, Aldakin possédait une place aussi singulière que Korentin Kohan. Il fallait dire que leur histoire n’avait rien de commun, le prêcheur avait été la seule créature vivante auprès de lui lors de sa renaissance, il portait dans son corps le fragment de Néant qui l’avait détruit, partageait un secret qui pouvait, s’il se révélait exact, changer le cours de la guerre… et il y avait cet exploit, finalement. Parvenir à survivre tout ce temps ici, dans l’antre de la folie.

La question ne lui tira aucune expression. Ne répondant d’ailleurs pas immédiatement, pas à cela en tout cas, mais à une formulation muette… avec autant de précision qu’il le pu, il lui décrivit Néant. Progressivement durant son récit, la pression de la douleur qui parcourait son corps se fit plus forte. La marque était puissante, mais il se força d’autant plus à plonger dans la douleur de son âme, la béance du manque provoqué par la perte du lien. Feu et gel ferraillaient en lui, sans que sa voix tremble plus d’un instant, tandis qu’il retraçait le portrait de celle que l’on disait belle à pleurer. Il fut autant d’efforts qu’il le pu, pour fournir une image vivace de cette beauté, sachant que le serviteur pourrait user de cette image pour s’en faire un bouclier contre la souffrance et l’agonie. Puis, quand il en eut terminé, il s’interrompit et inspira, par la bouche, précipitamment. Ses doigts tremblèrent légèrement, et la douleur décrut avec la disparition de son blasphème. Raide, il vint serrer les barreaux brûlants de ses doigts, posant son front contre sans qu’une seule brûlure n’apparaisse.

« Un jour, j’ai appris l’histoire de Néant » Immédiatement, la douleur revint à la charge, rugissante, mais il l’ignora, encore. « Et un jour, je lui ai juré que je l’a guérirais, et lui rendrait son cœur, et ce que je jure, je le fais toujours, peu importe le temps que cela me demande, ou les moyens que je dois utiliser » Et une fois encore, il y parviendrait, il n’avait absolument aucun doute là-dessus. Il ne pouvait pas se permettre de douter de sa réussite. Douter, c’était offrir sa gorge aux crocs de ses ennemis. Néant devrait être libérée et rendue à son intégrité. Vraorg perdrait alors toute sa puissance et ce serait la fin de la théocratie. « Et toi Aldakin du Néant, tu vas m’aider à venir en aide à ta maîtresse » Cette fois, il manqua céder un moment à la douleur tant elle se fit intense. Serrant les crocs, ceux-ci grincèrent atrocement, et pourtant, l’émail ne se rompit pas. Il lui fallut rester quelques instants complètement immobiles, frémissant, avant de pouvoir parler à nouveau. Il avait répondu à sa demande, son interrogation, son… pourquoi.

Et pourtant il reprit « J’aurais aimé connaître la foi. Mais je crains que ce ne soit un bienfait dont je doive faire le deuil… je ne la respecterais pas moins, et toi de même, prêcheur. Compte moi comme ton allié, car je le suis sincèrement »

L’ennemi de mon ennemi est mon ami, oui. Il connaissait cette expression effectivement. Mais il n’était pas son allié simplement parce que Vraorg était son ennemi. C’était un mode de pensée négativiste et, partant de là, un mode de pensée entraînant un effet destructeur quoi que délétère. Non s’ils étaient alliés c’était pour d’autres raisons. Du moins à son sens. Cela étant dit, ils revenaient de loin… aussi était-ce simplement un premier jalon. Un bon départ. Oui, voilà qui était très bien, le reste viendrait à son rythme. Un allié de circonstance était un ennemi déguisé. Il voulait un véritable partenaire dans le ‘crime’. La fin de Vraorg ne serait pas la fin de leurs ennemis ou de leurs labeurs. Il y aurait bien plus à accomplir… car il ne faisait aucun doute, à ses yeux, qu’ils parviendraient à abattre le blanc. Cette pensée fit fuser un éclair de douleur intense qui manqua lui fendre le crâne, alors qu’Aldakin s’exprimait une fois de plus. La surprise éclipsa le reste. Chacun peut découvrir la foi… Il avait pourtant l’impression qu’il n’était pas du tout fait pour ça.

La foi était un concept, un bienfait peut-être, que son esprit froid et raisonné avait bien du mal à appréhender. Il demandait une passion qu’il n’était plus certain de posséder. Peut-être que de son vivant, il aurait effectivement fait un bon dévot mais à présent ? Et même sans être dévot, il n’était pas de ceux qui affirmeraient croire sans réellement vivre la croyance en question. Ce serait terriblement hypocrite que de faire cela. Et il haïssait l’hypocrisie, une forme comme une autre de mensonge. Revenir sur le passé… et pouvoir changer cela, raviver sa flamme ? Pouvoir se découvrir capable de croire en quelque chose comme un Esprit supérieur ? Oui, il aimerait cela. Il pensait en être certain. Voilà quelque chose qu’il aimerait découvrir et apprécier. Avec sincérité, il vint lui serrer doucement la main, ne voulant pas le blesser.

« Alors je l’aurais »

HRP : Comme prévu, rp terminé ^^ Un grand merci à toi !