La prison. Voilà longtemps Matis n’imaginait même pas y faire un séjour, après tout il avait été soldat impérial et les soldats ne vont pas prison. A son entrée dans la rébellion ce n’était pas la prison qu’il risquait, mais l’exécution pure et simple, au moins cela mettait les choses au clair. Mais depuis Vraorg les choses avaient tellement changé. Jamais il ne s’était attendu à quelque chose comme ça, et pourtant c’était arrivé. Un autre personnage avait fait son apparition dans le jeu politique d’Armanda et en avait fait des confettis. Vraorg n’avait pas seulement prit le pouvoir sur cette terre, il avait anéanti plus d’une culture, réduit en esclavage ou tué une bonne partie de la population… Et pour les autres ? S’étaient soit des résistants du désert, soit des tortionnaires de la « Théocratie » soit, pour les plus malchanceux, des victimes en puissance.

Et lui ? Lui était devenu un prisonnier de ce nouveau tyran qui voulait se faire vénérer comme un dieu. Qui, non seulement le voulait, mais en plus le mettait en place. Les histoires des nouveaux arrivants dans la prison sont terribles en ce qui concerne le passage des inquisiteurs. Ce nouvel ordre de fanatique ou d’opportuniste faisait respecter la « divinité » du Tyran. En fait, et s’aurait été comique si ça n’était pas si dramatique, mais il était comme les Alayiens, mais en pire. Matis n’aurait jamais pu croire cela possible, et pourtant il fallait se rendre à l’évidence… Les temps à venir allait être les pires qu’il n’avait jamais vécus.

Lui et sa compagne avait été fait prisonnier quelques temps après l’appel du Voyageur et leurs blessures respectives. Sentant que les choses tourneraient mal ils avaient tenté de se mettre en route du désert, là il savait qu’il aurait un petit temps de répit avant l’attaque du nouvel entrant. Mais jamais ils ne purent arriver jusque-là bas, le dragon avait plus d’un coup d’avance et il avait réduit l’empire en cendre principalement grâce aux vampires. Ceux-ci ne s’étaient pas fait prier pour accorder leurs confiances et leurs destins à ce nouveau venu qui le leur rendait bien. Trimballé de prison en prison pendant un an, ils avaient fini avec beaucoup d’autre, par aller dans la prison de MorneFlamme. Cette prison, ce volcan pour tout dire, avait été bâtie sur les ruines de Glacern. La fière cité du nord, rempart des vampires, avait été rasé par la magie du Dragon et cet être de malfaisance avant bâtie sa prison en une nuit sur les volcans qu’il avait créé.

Dans ce lieu il n’y avait que peu d’endroit où l’on pouvait être un tant soit peu au calme et au « frais » relatif. Les rares bâtiments étaient surpeuplés et ce n’était qu’à la force des poings que Matis et ses amis s’y était fait une place. Il y avait Aramis et Autone ainsi que deux autres rebelles qu’il connaissait bien et avec qui il avait déjà combattu. Dans ce lieu il fallait se serrer les coudes pour rester en vie mais aussi défendre sa nourriture obtenue après une longue prière au dragon. Jamais assez d’eau, jamais assez de fraicheur ou de nourriture, tout cela envoyait les résidents de ce lieu vers la folie. Certain se laissait mourir, d’autre écrasait leur congénère, d’autre grappillait ce qu’il pouvait. Ils étaient tous retombé dans une sorte de sauvagerie indescriptible. Plus rien n’avait court ici à part la volonté de survivre et c’est là que les problèmes apparaissaient en général.

L’humour du jeune homme s’était envolé, détruit par les récits des nouveaux prisonniers. Chacun racontait son histoire et en recoupant les informations Matis arrivait à avoir une vision de l’extérieur… Et pour tout dire cela ne lui plaisait pas du tout. A de nombreuse reprise il s’était presque laissé mourir, à quoi bon lutter ? Mais en regardant Autone et Aramis il savait pertinemment qu’il ne pouvait pas se laisser aller, alors il se ressaisissait. Néanmoins, il savait bien qu’il ne tiendrait pas dix ans comme cela. Cela faisait déjà trois ans de prison et deux de Morneflamme, il était presque un vétéran tant de nombreux prisonniers étaient mort en tentant de s’enfuir, en se laissant mourir ou autre… Mais ce genre de vétérance il s’en serait bien passé…

Il faisait nuit, et c’était sur le pas de la porte du bâtiment qu’il se tenait le plus dignement possible, mais il n’était plus le fier soldat qu’il fut trois ans plus tôt. De nouvelles blessures s’étaient ajoutées aux anciennes, les tortures bleues d’Althaïa étaient secondé des marques de tortures réalisés par les sbires de Vraorg. Il était faible physiquement même s’il faisait croire l’inverse, de nombreuses brulure parsemait son corps qui n’était couvert que par des guenilles. Ses tatouages, visibles par tous lui ainsi que sa réputation, l’avait servi dans ce lieu où seule la force comptait mais il n’était pas fier de ce qu’il avait dû faire pour rester en vie ou pour Autone… Il n’était pas fier mais il n’avait pas eu le choix…

Il entendit du bruit derrière lui, quelqu’un se déplaçait. Alors il se retourna prêt à découdre une fois de plus, mais ce ne fut pas la peine. Il reprit sa position et parla doucement d’une voix épuisé par les trois années de captivité et de torture…

Tu devrais te reposer tu sais…. Demain va être une dure journée…. Il soupira avant de finir. Je suis vraiment désolé de t’avoir entrainée la dedans….

Pourquoi était-ce si difficile de vivre? Ce monde semblait simplement trop cruel aux yeux de la petite femme…Si elle en était une, elle ne se considérait plus ainsi. Humaine. Amaigrie, sale, suant sans relâche jour et nuit. C’était tout simplement un cauchemar dont elle n’Arrivait pas à se réveiller : un long cauchemar qui avait duré 3 ans et qui n’était pas terminé. La jeune femme avait laissé pousser ses cheveux qu’elle attachait dans une longue tresse pour éviter d’être gênée. Une idée lui passait parfois par la tête que cette longueur lui en indiquait long sur le temps passé dans cet endroit, mais ces idées se balayaient rapidement : Elle avait préféré oublier à quoi elle ressemblait. Et dans les circonstances, quelle importance? Le rossignol voulait se réveiller, ça ne pouvait pas être vrai, c’était beaucoup trop violent, c’était désillusoire. Oui, le rossignol voulait se réveiller de ces terreurs nocturnes et chanter à nouveau, elle qui venait à peine de trouver un semblant de bonheur.

Au début, elle n’avait pas vraiment compris, elle s’était souvent dit que ça ressemblait à une fiction, à un livre d’aventures sans être une aventure. Puis le vide s’était doucement installé dans les yeux de la jeune femme. Elle se retrouvait souvent à fixer le vide, ne rien voir du tout même si ses yeux regardaient bien quelque chose, puis elle revenait à elle. Quand elle n’arrivait plus à espérer, elle chantait pour éviter de penser à mourir. Elle s’accrochait à Matis, à la baptistrelle, et à un espoir que les choses changent, un espoir abstrait qui ne pouvait pas être défini. Être libérés? Elle n’y pensait même pas, et ne parlons pas de l’idée de la fuite…

‘’Oh pitié Matis, la prochaine journée ne sera pas différente des autres. ‘’

La jeune femme s’approcha un peu de lui, sans pour autant établir un contact physique-il faisait beaucoup trop chaud- Autone voulait simplement sentir l’aura de douceur qui entourait son amant, qui malgré la sueur et l’insalubrité était ce qui se rapprochait le plus d’un parfum. Le rossignol regarda son amant tendrement…était-il toujours son amant? Ils n’avaient pas pu pratiquer ce genre d’étreinte dans cet endroit. Son regard était tout de même teinté de tristesse.

-Tu ne m’as entraîné dans rien du tout. Même si je ne t’avais pas connu, Vraorg aurait pris le pouvoir et je serais probablement quand même ici.

Combien de fois avait-elle cherché un moyen de se tuer rapidement? Il n’y avait pas d’armes, malheureusement, ou alors elle aurait peut-être été un peu plus avantagée. Heureusement qu’elle avait Matis, sans lui elle ne serait probablement pas vivante aujourd’hui.

La prisonnière baissa la tête en fermant les yeux, un lourd silence s’installa, comment était-ce possible qu’elle ne sache pas quoi dire? Que pouvait-elle dire d’ailleurs? Tout le monde ici avait refusé de se soumettre, et ce dragon se fichait probablement éperdument de ce qu’elle pensait de lui mais par le Dracos…qu’y avait-il à dire? Elle n’avait pas envie de parler, elle avait envie de pleurer, de crier, de demander où était l’entraide, l’amour, la persévérance, la solidarité. Pourquoi personne ne s’unissait contre lui? Il avait peut –être les pouvoirs d’un esprit, mais il était seul. Oh non, elle n’espérait pas que les Armandéens arrivent à l’anéantir, mais les autres esprits, que faisaient-ils?

-Je serais morte sans toi Matis, souffla elle entre ses dents.

Il n’est plus question de rebelles, d’Armandéens, ni d’Alayens. Il n’y a que vraorg, ceux qui le suivent et ceux qui s’y opposent. Ma présence ici n’est donc pas de ta faute…Je sais qu’on ne s’est pas beaucoup connu avant de se fréquenter mais …Je n’arrivais pas à me faire aux Alayens, je ne vois pas comment je pourrai arriver à me faire à …ça.

Le temps, la souffrance et ce lieu avait fini par avoir de l’emprise sur le corps de la jeune femme, et pourtant… Pourtant il la voyait toujours comme son amante, toujours comme la plus belle femme qu’il ait pu jamais voir sur cette terre. Elle avait beau lui rappeler avec cynisme que demain ne serait pas une journée bien différente d’aujourd’hui, il ne pouvait pas lui en vouloir… Si du cynisme elle en avait eu il y a quelques années, aujourd’hui elle ne s’en séparait jamais. Pourquoi ? Etait-ce là une méthode pour se défendre ? Il le pensait sincèrement mais il ne lui en avait jamais fait part, tout le monde pouvait mettre en place des méthodes pour tenter de se protéger de ce qu’ils vivaient tous. Certain y arrivaient, d’autre non… Les quels avaient réussi dans ce cas ? Ceux qui restaient en vie en reniant tout ce qu’ils avaient été ? Ou ceux qui s’étaient laissé sombrer pour ne pas se renier ? Il ne le savait pas.

Elle ne sera sans doute pas différente, mais ce n’est pas une raison pour ne pas tenter de se reposer…

Il la laissa s’approcher doucement de lui, il sentait sa présence, cette présence qui avait tant fait pour lui durant toutes ses années… A dire vrai ce n’était pas ainsi qu’il avait leur futur à tous les deux, et pourtant ils se retrouvaient ici, dans la chaleur suffocante d’un volcan qui n’aurait jamais du exister… En l’écoutant le capitaine savait qu’elle avait raison, mais il ne pouvait pas s’empêcher de s’en vouloir quand même. S’ils avaient été capturés s’était en partie de sa faute… S’il avait été plus fort, il aurait pu la protéger.

Peut être… Mais j’aime à penser que j’aurais pu te protéger il y a trois ans et pas uniquement te laisser capturer.. Mais tu as sans doute raison, avec quelqu’un comme lui, comment cela aurait-il pu se passer autrement ?

Il resta silencieux pendant un instant, un long moment qui fit planer comme une chape de plomb, il ne sentait pas bien, il se sentait tellement coupable… Il n’y avait pas de mots assez forts pour lui faire comprendre tout ce qu’il avait sur le cœur. Et il ne voulait pas qu’elle sache tout cela, ce ne ferait que la faire souffrir pour rien. Il ne voulait nullement cela, alors il garda tout cela pour lui. Il resta là, un instant à se demander ce qu’il pouvait bien faire pour l’aider ? Qu’est ce qu’il pouvait lui offrir pour qu’elle essaye d’oublier ce mauvais rêve qui prenait une tournure de plus en plus dramatique… Pourtant il ne voyait rien venir, il n’avait aucune idée de ce qu’il devait faire pour elle… Lui qui lui avait promis sa protection, il était bien beau avec ses principes qu’il ne pouvait plus mettre en pratique.

La jeune femme brisa le silence en soufflant quelques mots. Des mots que lui-même avait sur le cœur, elle lui fit part de tout ce qu’elle pensait de cette situation. Une situation que personne ne désirait et qui leur été imposé par la force d’un tiers, un dragon plus précisément. Il se rapprocha d’elle et posa une main sur son épaule fatiguée tout autant que le reste de son corps et de son esprit.

C’est la même chose pour moi tu sais…Si tu n’avais pas été là pour m’aider je crois que j’aurais craqué. Qui sais ce que je serais devenu si tu n’avais pas été là avec ta douceur…

Ce n’est peut être pas de ma faute si tu es là, mais je ne peux cesser de m’en vouloir quand même et je crois que je m’en voudrais à jamais.

Il regarda la jeune femme tendrement avant de conclure. Il savait qu’elle avait une idée de ce qu’elle représentait pour lui et, s’ils avaient été dans une toute autre situation il savait que tout aurait été différent… Ou tout du moins beaucoup de chose.

Je n’ai jamais pu me faire aux Alayiens je ne me ferais jamais non plus à cela. Prier ce dragon me coûte chaque jours un peu plus et pourtant je sais qu’on ne peut pas abandonner… C’est toi qui me donne la force de rester en vie et je ne sais pas si je pourrais un jour me pardonner tout cela…

Il déposa un baiser furtif sur le front de la jeune femme avant de la serrer dans ses bras. Cela faisait énormément de temps qu’il n’avait plus fait cela, pourquoi ? Par pudeur ? Par crainte ? Il ne savait pas vraiment… Au fond de lui chacune des prières qu’il donnait à Vraorg ne lui était pas destiné, elle allait plutôt à la jeune femme…

Sans jouer dans la mélancolie tu es mon phare… Sans toi je crois que toute la haine que j’ai en moi m’aurait tué au lieu d’être dirigé vers notre ennemi. Et je t’en fais la promesse, quand je sortirais d’ici, je ravagerais ce pays, j’anéantirais leurs espoirs et deviendrait leur peur. Plus de demi-mesure, tu as raison en cela, ils sont soit avec nous soit contre nous.

D’ici là il nous faut rester fort et tu peux compter sur moi ma belle… Je t’aiderais, même si je dois en mourir…

Si seulement…si seulement il ne faisait pas si chaud! Et si seulement ils n’avaient pas si faim…Elle avait Matis, elle voulait bien croire que c’était tout ce qui comptait mais elle n’avait plus que lui, alors comment savoir si quelque chose d’autre était important? Elle baissa la tête, il avait raison, du repos ne lui ferait pas de mal…si on pouvait appeler cela du repos. Il était impossible de dormir sans interruptions dans de pareilles conditions. La dague d’Autone lui manquait, elle ne pouvait pas se défendre, avait toujours peur que quelqu’un l’attaque au beau milieu de la nuit. Et la chaleur la réveillait, autant que la proximité des corps autour d’elle. Oui, des corps, ce n’était plus ce que certains étaient : Des enveloppes vides. Vides de volonté, vides de vie, vides de sentiments, vides de valeurs, vides de forces…

Mais battez-vous bon sang!

Elle n’en revenait toujours pas, c’était impossible, autant de cruauté, de malheur, de misère dans un seul endroit! Elle n’avait jamais vu telle chose même dans les rues de Gloria.

-Qu’est-ce que ça peut bien faire d’avoir l’espoir que dans le passé, tu aurais pu changer quelque chose? Nous ne reviendrons pas dans le passé, ça n’arrivera pas, alors cesse de t’en vouloir pour des fausses réalités temporelles.

‘’Nous allons mourir, Matis’’

Elle ne prononça pas ces mots, elle avait espoir, même si elle savait que tout ce qui l’attendait entre ce jour et la mort, c’était une durée plus ou moins déterminée à croupir dans cet endroit. Mais elle allait espérer puisqu’elle ne pouvait pas se battre, puisque c’était la seule chose qui lui semblait permise.

Si Autone avait pu rougir plus que la chaleur ne le faisais déjà, elle l’aurait fait. Il y avait longtemps qu’ils ne s’étaient pas échangés des tendresses. Du moins, tout cela s’était montré plus rare. Peut-être qu’Autone s’était retrouvée à dormir sur le capitaine, l’utilisant presque comme un lit, mais tout le monde se dormant l’un sur l’autre, cela ne la gênait pas. De plus, Matis devait préférer le poids de plume d’Autone…qui avait d’autant plus baissé dans les dernières années, que n’importe quel prisonnier coincé sur lui. La petite femme oublia la chaleur un instant, pas qu’elle ne la sentait plus, mais qu’elle s’en fichait, au moins pour ces courtes secondes. Si elle avait perdu de la stabilité, le rossignol n’était pas moins sensible. Elle laissa une larme s’échapper en posant son front contre le torse de l’ancien capitaine, presque heureuse de pouvoir encore pleurer. Elle avait vu beaucoup de gens qui n’avaient plus de sentiments, bien drôle de manière de se défendre, mais aussi bien efficace. Non, il lui restait encore ça, au moins ça. Elle était brûlée, battue, frêle et affamée mais il lui restait ses sentiments, ses valeurs, ses principes, ses convictions…qui n’étaient, tout de même, pas intactes.

-Je ne veux surtout pas que tu meurs…Je ne veux pas tu deviennes une concentration de haine et de peur…Et je ne veux pas de promesses.

Elle ne voulait pas vivre dans ce monde! Elle voulait mourir, mais elle le voulait aussi, lui, et vivre toutes les belles années qu’ils auraient pu vivre. Non…ça ne devait pas se passer ainsi…elle ne voulait pas que ça se passe ainsi.

-Si tu dois faire une promesse, promet moi de ne pas mourir.
La jeune femme leva la tête pour aller rencontrer le visage de son amant, front contre front, elle restait collée à lui.

Elle était dure avec lui mais ce n’était pas de son fait, c’était la situation qui les avait tous rendu plus tendu, plus brute ou tout simplement plus à cran. Il ne lui en voulait pas, et ne lui en voudrait jamais, comment aurait il pu de toute manière ? Elle restait tout ce qu’il avait de plus précieux et s’accrochait à elle comme à un phare depuis maintenant trois longues années.

Je ne sais pas ce que cela change en moi, mais tu as raison, il ne sert à rien de s’enfermer dans un passé révolu depuis longtemps. Néanmoins tu sais bien que je ne pourrais jamais cesser de m’en vouloir, je suis fait ainsi ma douce…

Il la regarda et vit bien que son regard et son attitude ne voulait dire qu’une seule chose. « Nous allons y rester. » Que pouvait il faire pour faire changer cela ? Il ne le savait pas. Enfin si, il le savait mais il ne pouvait pas le mener à bien. Ce qu’il devait faire était simple, il devait abattre chaque pierre de cette maudite prison, ouvrir ses murs pour laisser entrer l’air frais et permettre à tout un chacun de sortir de cette prison maudite. Autone, Aramis et tous les autres, chacun avait le droit de vivre et personne ne méritait pareille traitement.

Il laissa la jeune femme venir contre lui pour profiter d’un instant de répits. Voilà longtemps qu’ils n’avaient pas été si proche… Du moins de la sorte. Il était compliqué d’entretenir la flamme dans un endroit tel que celui-ci, pourtant les sentiments du jeune homme n’avait pas bougé d’un iota. Il s’était rabattu sur elle et avait fait ce qu’il pouvait pour l’aider dans une telle situation. Malgré tout ce qu’ils vivaient ils restaient vivants et savait qu’il finirait bien par avoir le droit à leurs années de bonheur. De toute manière, lorsqu’ils seraient sorti de là, n’importe où serait un véritable lieu de repos par rrapport a MorneFlamme... Et il pesait ses mots.

Il resta là, en silence dans cette nuit loin d’être agréable. Il restait là à profiter du contact qui durait entre les deux jeunes gens, un moment de calme, un moment où il pouvait presque oublier l’endroit. Il repensait à la nuit qu’ils avaient passée ensemble trois ans plus tôt… Un autre moment de sa vie qu’il ne regrettait nullement et voudrait vivre encore dans le futur… Mais il fallait bien avouer que pour le moment c’était mal partie.

La jeune femme resta là elle aussi… Et après un moment trop court à son goût elle reparla d’un air sombre et avec des mots lourds. Ce qu’elle disait tombait sous le sens mais il craignait que cela se passe ainsi. Elle voulait qu’il lui promette de ne pas mourir et de ne pas devenir un concentré de haine et de colère comme pouvait l’être un Alayien. Il comprenait parfaitement ses mots mais pouvait il faire de même ? Comment réagir s’il finissait par devenir tout ce qu’il avait toujours combattu… Il profita d’être encore en contact avec elle pour lui sourire difficile, un échange qu’ils avaient tous deux eu lui revint à l’esprit.

Ne t’inquiète pas Autone, je ferais en sorte de ne jamais devenir ce que j’ai toujours combattu mais il faut avouer que parfois j’ai envie de tout en voyer en l’air. Ce qui me fait tenir c’est toi…

A chaque fois je me demande ce que tu ferais à ma place et comment tu réagirais si je me laissais aller et si j’abandonnais de la sorte. Une chose est sûr, ce serait comme si je t’avais trahis. Notre combat ne pourra être mené à bien qu’une fois que Vraorg aura été jeté à bas de son trône, d’ici là nous devons tenir le coup.

Mais quand je les vois tous ici, quand je vois tous ces gens qui ont abandonné j’ai honte. J’ai honte de m’être battu jusqu’à la mort pour que ceux là abandonne à la première difficulté. Nous devons tenir, nous ne pouvons pas attendre la mort ou attendre que le grand Vraorg triomphe. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais nous ne pouvons pas faire autrement… Les temps à venir seront loin d’être une partie de plaisir..

Il soupira un instant et passa son bras autour de son cou avant de finir.

Heureusement que je t’ai ma belle… Dire qu’il y a trois ans je me demandais comment ma famille réagirait à ta rencontre, aujourd’hui la question ne se pose même plus parce que je ne vois pas ma vie sans toi… Même si elle se fini ici et demain, au moins je t’aurais rencontré et j’aurais pu vivre quelques temps inoubliable avec toi… Je pourrais presque dire que je pourrais mourir heureux, mais je ne veux pas partir maintenant… Je veux vivre jusqu’à ma mort avec toi.

Si le lieu n’était pas aussi lugubre se serait une belle déclaration non ?Fini il par dire en totale autodérision.

Si c’était une blague, ce n’était pas drôle, oh non, Dracos, ça ne l’était pas. Mais il ne s’agissait malheureusement pas du Dracos…Il ne s’agissait pas d’un jeu pour ceux d’en haut. Comment…comment une seule personne, dragon ou pas, pouvait-elle faire autant de mal, à tout le monde, ou sauf ceux qui en profitaient. Comment quelqu’un pouvait il vouloir et pouvoir faire autant de dégâts? Matis était parfois bien naïf, si il croyait qu’à sa place elle aurait tenu, il avait tout faux. Quand elle parlait de survie, elle ne parlait pas uniquement du fait que s’il n’avait pas été là, elle aurait trouvé le premier objet qui lui permettrait de se suicider mais aussi qu’elle n’aurait probablement jamais réussi à se faire une place et à manger. C’est à peine si elle arrivait parfois à obtenir de ces ressources de ses propres moyens. La petite femme n’était pas forte et l’agilité ne servait à rien dans de telles circonstances…bon, elle avait pu user de quelques coups bas et frappé à des endroits traîtres, mais elle n’aimait pas trop agir de cette manière. Où était donc passée la morale? Elle n’aimait pas non plus dépendre de Matis, et se sentait redevable…un peu trop redevable d’ailleurs. Devoir la vie à quelqu’un, plusieurs fois, c’était un peu dévalorisant. Pour l’instant, ça n’avait pas d’importance, mais dès qu’elle sortirait de cette prison, elle se rachèterait …enfin, si elle en sortait.

Le rossignol laissa son visage se rapprocher du cou de Matis afin de se blottir contre lui. Tant pi pour la chaleur…elle avait besoin de lui, de sa tendresse. Autone repensait à ses paroles, elle n’avait pas été très douce…Du plus loin qu’elle se souvienne, elle avait toujours eu un humour un peu tranchant, une franchise un peu cynique, mais elle avait dû se contrôler pour ne pas perdre toute sa clientèle. C’était comme si il n’y avait plus de conséquences, maintenant qu’ils étaient dans cet endroit maudit…Puisque de toute manière, il y avait peu de chances qu’autre chose que la mort ne les attende. La jeune femme se retira en prenant une grande inspiration, la chaleur devenait insupportable.

-Tu ne peux pas leur en vouloir d’abandonner Matis…tout le monde n’a pas ta force, tes capacités et ta résistance.

Mais tu as raison. Essayons, au moins, de vivre…il faut bien commencer quelque part.
La petite femme baissa la tête, se faisant plus timide.

Je suis désolé…je ne suis pas…douce, ni gentille. J’ai toujours été cynique tu sais, et pas que peu...

Il sentait bien qu’elle n’allait pas bien, de toute manière il n’aurait pas fallu être un génie pour comprendre tout cela. Cela l’obsédait sans cesse car il voyait bien qu’elle se sentait redevable, mais redevable pour quoi ? Parce qu’il l’aidait ? Parce qu’il se battait pour elle ? Parce qu’il l’aimait ? Etait ce là des raisons pour être redevable ? Au fond de cette nuit qui ne l’était pas vraiment à cause de la chaleur et de la lumière émanant du volcan, il ne voulait pas réfléchir à tout cela car il ne savait pas vers quoi tout cela l’orienterait. Il avait peur de ce qu’il pourrait découvrir.

La jeune femme vint vers lui encore un peu plus et vint se blottir contre lui, il appréciait le contact et le laissa perdurer le temps qu’il fallait… Et ce qu’il voulait c’est qu’un contact de la sorte ne se termine jamais. Avec son contact la jeune femme exprima ce qui lui sembla être des regrets, des remords par rapport à ce qu’elle était, sans doute s’en voulait t’elle d’être dure de la sorte avec lui ? Il n’en savait rien mais c’était son travail de la rassurer et de la réconforter le mieux possible dans les conditions actuelles.

Tu n’es pas comme cela, peut être es tu cynique qu’est ce que cela change ? Est-ce que cela fait de toi quelqu’un de mauvais ? Peut être est ce que tu pense que tu me dois quelque chose mais c’est très loin d’être le cas.

Il soupira un instant et s’orienta vers la sortie du batiment. Il voyait des mouvements dans l’ombre de la nuit et n’y fit pas tout de suite attention.

Regarde-les, la majorité d’entre eux n’attend que la mort ou la libération. Que peut on espérer à attendre de la sorte ? Moi je ne veux plus attendre je veux prendre ma liberté, je veux sortir de là et je sais que cela finira par arriver. Nous ne pouvons pas attendre plus.

Je ne leur en veux pas de perdre courage, je leur en veux d’avoir abandonné tout ce qu’ils étaient pour rester en vie. Je ne me voile pas la face, j’ai moi-même du mettre mes principes entre parenthèses pour survivre, mais je serais juger pour tout cela, le reste n’a que peu d’importance.

Les mouvements se rapprochait, il se détacha de l’étreinte de la jeune femme et s’éloigna doucement du bâtiment en faisant attention à tout ce qui l’entourait. Il savait qu’il y avait des mouvements dehors, d’un geste il demanda à la jeune femme de rester silencieuse. Non loin de lui un corps tomba au sol dans un bruit d’étouffement et il eu à peine le temps de se retourner avant de sentir l’impact contre lui.

Un corps en mouvement venait de se jeter sur lui avec une violence incroyable et une force certaine. Il comprit tout de suite qu’il avait affaire à une personne en chasse et commença à se débattre et à tenter de se libérer de l’étreinte de la créature nocturne qu'il ne reconnaissait pas. Tout ce qu’il espérait à cet instant c’était que la créature ne s’attaque pas à Autone qui ne se trouvait qu’à quelques mètres de là.

Cours !

C’était tout ce qu’il réussit à dire, l’autre essayait tant bien que mal de le faire taire mais il avait déjà combattu pareil monstre, il savait donc comment se débrouiller pour rester en vie. Arriverait il à s’en sortir malgré sa faiblesse physique évidente ? Il n’en savait rien mais il ferait tout pour. D’un coup de coude dans les côtes il arriva à reprendre un peu de place dans ce combat et se tourna pour faire face à la personne qui l'attaquait.

Dans ce cas de figure n’importe qui aurait eu peur, lui-même était un peu effrayé, mais il en avait tellement combattu, tellement tué qu’il ne laissa rien transparaitre. Tout ce qu’il laisser transparaitre sur son visage c’était une immense envie de meurtre, une envie qui l’obligeait à laisser s’écouler toute sa haine sur son adversaire d’une nuit. Il n’avait pas le choix s’il voulait rester en vie et sauver Autone…

La jeune femme hocha la tête, pour démontrer son accord avec l’ancien capitaine, d’accord, bon, elle ne l’était pas, mais elle avait décidé d’arrêter d’en parler, de faire comme si ce n’était pas grave ni important. Après tout, considérant les circonstances, ça ne l’était pas du tout. Mais Matis avait beau parler de liberté, c’était impossible, ils n’allaient pas sortir maintenant et ils allaient clairement encore attendre. Qu’y avait-il d’autre à faire de toutes manières? Ah, oui, prier l’homme qui les avait jetés dans cet endroit maudit. Quelle ironie, et c’était pourtant logique… Même dans l’empire Kohan, les humains qui étaient en prison y étaient pour apprendre à respecter la société mise en place, ainsi que ses lois. Dans le cas de Vraorg, il s’agissait plus de totalitarisme que de lois…Lui et les protégés…rien d’autre.

-Peu de choses ont encore de l’importance, tu sais. Sans nourriture et sans dignité, la plus part des gens ne deviennent plus que des animaux. Mais si tu les avais connus avant …avant la théocratie, tu ne pourrais pas leur en vouloir.

Car il était difficile de voir les gens derrière les bêtes…Mais Autone se souvenait de Matis, elle se souvenait aussi d’Aramis et elle ne pouvait pas oublier leur manière d’être, le petit quelque chose qui les rendait unique.

La petite femme fronça les sourcils en remarquant que son amant s’éloignait d’elle, il semblait troublé par des mouvements qu’Autone avait remarqués…mais elle ne s’en inquiétait pas, il y avait tellement de personnes regroupées, entassées dans cet endroit, il était normal de voir des gens bouger, tout comme le rossignol et l’ancien rebelle. La petite femme constata assez rapidement qu’elle avait eu tort de ne pas faire attention à ces mouvements. La jeune femme eu le réflexe de reculer rapidement de quelques pas, mais n’obéit pas à l’ordre de son amant, non, elle n’allait pas le laisser comme ça tout seul…À vrai dire, elle craignait qu’il n’arrive pas à repousser la femme qui s’emblait avoir une très bonne poigne. L’air paniqué, elle s’approcha rapidement, se faufilant entre les corps à moitié endormis pour se retrouver au dos de son ennemie…si seulement elle avait ses armes! Et sa magie! Elle n’avait aucun moyen de se défendre...Sa force n’arrivait pas à la cheville de son adversaire. Que faire alors? La jeune femme sauta pour attraper les cheveux de l’agresseur et parvint à en arracher quelques-uns…ou plutôt, une mèche. Elle agissait sur l’impulsion, mais ne savait pas du tout ce qu’elle faisait…diversion? Oui, peut-être…

Effectivement, la femme ne sembla pas très joyeuse de ce que le rossignol venait de faire et elle lâcha Matis afin de se retourner vers Autone. La petite femme recula assez rapidement, presque en courant, elle trébucha sur une jambe couchée. Elle implora son amant des yeux, espérant lui avoir donné un petit avantage de position ou de temps.

Il ne comprit pas tout de suite ce que la jeune femme venait de lui dire, pour tout dire il n’avait pas vraiment fait attention sur le coup. Il savait ce qu’elle voulait dire, et c’est seulement maintenant qu’il s’en rendait vraiment compte. Maintenant alors qu’il était aux prises avec une femme qui voulait sans doute le voir mort, mais pour quelle raison ? Il n’en savait rien, peut-être n’était-ce que de la folie, peut être était ce bien plus que cela. Pour le coup il ne savait pas, mais il savait qu’il était en mauvaise posture.

La force de la jeune femme qui l’attaquait venait surtout de l’avantage qu’elle prenait à être au dessus de lui, de son agilité et surtout de l’effet de surprise qu’elle était en train de perdre. Lui se débâtait autant qu’il pouvait pour arriver à maitriser la jeune femme sans lui faire de mal mais c’était compliquer d’arriver à gérer pareille situation. Il ne s’était pour autant pas attendu à la suite, il ne s’était pas attendu à ce que sa compagne ne l’écoute pas et se jette sur son adversaire comme cela. Il la savait faible physiquement, il savait à quel point il devait l’aider et ne pas la laisser ainsi mais que faire ?

Lorsque la femme qui l’attaquait le lâcha pour aller s’en prendre à sa compagne il essaya de se lever mais un autre spécimen entra en scène. A tous les coups c’était un ami de celle qui venait de l’attaquait, et qu’un nouveau combattant entre dans la ronde n’aurait pas été pour lui déplaire mais il ne savait pas si la jeune femme s’en sortirait. Il devait donc en finir le plus rapidement possible avec lui pour s’attaquer à l’autre greluche.

Il attrapa le regard d’Autone qui était en mauvaise posture, lui-même n’était pas dans une posture bien meilleure. Néanmoins il ne pouvait pas laisser la jeune femme dans la mouise où elle se trouvait car c’était grâce à elle qu’il s’en était tiré, il savait donc ce qu’il avait à faire.

Il se mit à courir vers l’homme qui lui barrait la route et le souleva avec le peu de force qui lui restait, heureusement c’était pareil pour l’autre et il ne put pas vraiment se défendre. Il le laissa tomber au sol brutalement et continua sa route vers la jeune femme qui s’était retourné en l’entendant arrivé et qui paru presque choqué de voir son ami au sol. Ils ne s’étaient sans doute pas attendu à ce qu’ils se défendent. D’un geste d’épaule associé à une droite il arriva à se faire de la place pour atteindre sa compagne et essayer de l’aider d’un mieux qu’il pouvait.

Il lui tendit une main aimante en gardant à l’œil les deux spécimens qui se remettaient debout. Dans un chuchotement il lui expliqua comment procéder.

Je pense qu’on va devoir se battre contre eux… Je ne pensais pas qu’on aurait des ennuis à cette heure là de la nuit, en général les gens sont trop mort pour faire quoi que ce soit… Il semblerait que je me sois trompé. Il lui sourit fugacement et termina. Tu va encore m’engueuler mais je suis désolé de te mettre dans cette situation.

Il se tourna vers les deux attaquants et se plaça entre eux et sa compagne. Il ne les laisseraient pas passer cette fois, il était hors de question qu’il touche ne serait ce qu’à un cheveu de la jeune femme. Plus jamais il ne laisserait qui que ce soit faire du mal à celle qu’il aimait, c’était sans doute trop mielleux mais il le pensait vraiment et cela devait être l’une des seules choses qui le faisait encore tenir.

Qu’est ce que vous nous voulez ?

L’ancien capitaine essaya donc d’établir le contact, ne serait-ce que pour reprendre son souffle et peut être obtenir quelques informations.

Certaines personnes s’étaient réveillées, enfin, la plus part l’étaient déjà mais faisaient semblant de dormir pour ne pas être mêlés à la bagarre. Quelques-uns se levaient, d’autres s’asseyaient. Ça ressemblait étrangement à une bagarre de Taverne, mais pas une bagarre pour une fille ni un duel amical…La jeune femme bouillonna de voir Matis se placer devant elle, pas qu’elle se sentait comme si il ne la considérait pas assez forte…ce qui était un peu le cas dans les circonstances. Mais elle voulait l’aider et refusait qu’il se frotte seul à ce problème.
Dans l’obscurité, et légèrement cachée par Matis, Autone put apercevoir un sourire cynique sur le visage d’un des deux agresseurs…un sourire effrayant et étrange. Elle avait déjà vu ce genre d’expression et n’en gardait pas des souvenirs très précieux.

‘’Nous avons faim. ‘’

La jeune femme comprit quelques secondes après avoir entendu la phrase. Il y avait de la viande partout, seulement elle était vivante et représentait toujours des bouches à nourrir. Si la petite femme fut apeurée, elle n’était pas étonnée. Ils ne devaient même pas être les premiers à y avoir pensé ou à l’avoir fait.


-Matis…Qu’est-ce que tu dirais de convaincre nos gentils amis qu’on peut leur offrir mieux que notre chair à manger?

Comment? En troquant les aliments de demain. Elle avait vu plusieurs personnes le faire, contre un service aujourd’hui ils devaient donner leur pain demain. C’était assez efficace et surtout, ça crée des liens un peu plus humains que de se bagarrer pour l’eau et la viande.

-Mais puisque tu es fort Matis, tu es capable de leur prendre de la nourriture à l’autel, n’est-ce pas?

Elle faisait à moitié diversion, Autone préférait vraiment que Matis leur règle leur compte et qu’ils gardent la nourriture pour eux mais si il s’agissait du seul moyen d’éviter de se faire manger pour ce soir, alors pourquoi pas? Les deux personnes se regardaient, interrogés mais semblait considérer ce que la petite femme avait prononcé assez haut pour qu’ils entendent.

Des cannibales, c'était devenu des foutus cannibales. Des gens presque sans volonté qui avaient fait le choix de l'horreur pour rester en vie. Ils ne trouvaient pas assez de nourriture alors ils avaient fait le choix de se servir de leurs compagnons d'infortunes. Ils avaient franchit le point de non retour, et ils l'assumaient tellement qu'ils se sentaient assez fou pour faire cela à même le bâtiment des humains et des elfes. Qu'espéraient ils donc ? Imposer la peur et la crainte à leurs comparses prisonniers ? N'avaient ils pas à l'idée que plus rien ou presque ne pouvait les effrayer ?

Après avoir passez des mois si ce n'est des années dans un enfer comme la prison de MorneFlamme plus grand chose ne pouvait vous faire peur. Mais rien ne pourrait un jour faire changer d'avis le jeune homme sur ce que ces deux là, et sans doute beaucoup d'autre, étaient en train de faire. C'était immoral, et ils étaient dans cette situation à cause du Dragon ainsi que par leur manque de volonté.

Il observait qu'autour de lui personne ou presque ne bougeait. Tous faisaient semblant de dormir ou regardait ailleurs, comme s'ils ne souhaitaient pas s'impliquer dans une énième bataille de prisonnier. Matis n'avait pas vraiment besoin d'eux, mais il était consterné par le manque de soutient des prisonniers. Tous ne se battaient plus que pour rester en vie, le reste n'avait plus aucune importance. Et si, pour rester en vie, il fallait faire ou laisser mourir les autres, alors ils laissaient faire. Est ce que ces trois années de prison avaient réduit à néant toute volonté et tout sens des réalités ? Il ne savait pas vraiment quoi dire tant il était subjugué par l'indifférence qui l'entourait.

Autone essaya tant bien que mal de faire diversion, comme pour essayer de gagner du temps, mais du temps pour quoi ? Pour leur permettre de s'enfuir ? Matis ne pouvait le permettre car s'eut été une faiblesse, et les faiblesses étaient rapidement exploité dans un endroit tel que celui là. Ces deux là avaient fait un choix, un choix qui leur sera fatal car ils ne pouvaient plus partir d'ici vivant.... Sinon à qui d'autre s'en prendraient ils ? Il ne pouvait pas prendre ce risque.

Bien sûr, il y a toujours mieux à manger que de la chair humaine...

Autone émit l'hypothèse qu'il récupèrent de la nourriture pour les deux prisonniers, il sourit car il savait ce qu'elle voulait qu'il fasse. Il hocha la tête calmement et sourit à la direction des deux prisonniers qui hésitaient encore à s'en prendre à eux. Maintenant qu'ils n'avaient plus l'effet de surprise, ils savaient que ça n'allait pas être une simple ballade.

Bien sûr, tu sais à quel point je suis serviable comme garçon...

Les deux s'avancèrent d'un pas ou deux en marmonnant quelques mots qu'il ne comprit pas tout de suite. Lui même s'avança d'un pas, mais pas pour les attaques, il cherchait à atteindre une vieille chaise qui traînait non loin de là.

Je vous propose une chose, partez tout de suite et vous resterez en vie. Restez et vous mourrez.

Cela ne leur fit pas peur et un sourire machiavélique se dessina sur leur visage tandis qu'ils avançaient toujours plus. Matis soupira.

Tant pis pour vous...

Il courut vers son objectif qu'il atteignit avant que l'homme en face de lui ne l'attaque. D'un mouvement il l'esquiva et frappa sa compagne de toute ses forces avec la chaise qui explosa devant la violence de l'impact. La jeune femme fut projeté contre un mur tandis que l'homme se jetait sur Matis pour l'affronter.

Tout ce qu'il espérait c'était qu'Autone ne fasse pas l'imprudente... Mais il la connaissait et cela l'inquiétait un peu...

Serviable? L’exemple qu’elle avait eu de sa serviabilité en disait long sur les intentions de l’homme, mais la jeune femme ne tiqua pas. Elle n’avait pas envie de partager sa nourriture, peut-être était-ce égoïste, mais c’était presque tout ce qui importait dans cet endroit et personne ne pouvait le lui reprocher. Non, elle voulait garder la nourriture pour elle et ne pouvais possiblement la partager qu’avec Matis et Aramis. Si d’autres liens se créaient, elle pourrait probablement considérer une autre alliance, mais elle n’allait certainement pas partager de bon cœur avec des cannibales qui les avaient attaqués.

-Matis! S’exclama la jeune femme lorsqu’il formula des menaces.


Il n’était définitivement pas assez sournois, ni discret ou subtil. Il avait besoin de travailler cela, combien de fois lui avait elle donné l’occasion de les attaquer par derrière? Il fallait rester silencieux jusqu’au moment de l’attaque pour éviter que l’adversaire se doute d’une possible attaque. Le compagnon du rossignol entama une attaque assez flagrante qui surprit la petite femme. Elle ne savait pas du tout quoi faire, elle ne pouvait rien devant ces personnes et ne savait pas se battre sans ses armes. Mais le bruit que la chaise fit sembla faire déborder le vase, ils dérangeaient déjà les prisonniers endormis mais jusque là, personne n’avait osé se lever. Jusqu’à ce qu’un gaillard assez bien bâti se lève, l’air intimidant, le torse gonflé. Le genre d’homme avec qui l’on ne veut pas avoir trop d’ennuis. La brute poussa quelques autres personnes à se lever et à se plaindre…tout le monde semblait d’accord : Ils voulaient dormir.

‘’Taisez vous et régler vos problèmes demain ou alors je vais vous régler vos cas à tout les quatre. ‘’

La jeune femme acquiesça timidement, posant la main sur le bras de son amant pour lui signifier de ne pas s’emporter. Ce n’était pas le moment de déclencher une bagarre générale. Elle attira le plus discrètement l’ancien capitaine plus loin, alors que leurs agresseurs se chamaillaient un peu avec le gaillard pour les avoir provoqué. Mais ceux-ci ce calmèrent rapidement, du moins, le temps que la jeune femme et son compagnon s’éloignent.

-On ferait mieux de se coucher, chuchota elle avant de s’allonger.

Cependant la jeune femme ne dormit pas très bien, sans cesse sur ses gardes de voir réapparaitre leurs deux adversaires.

(Conclu pour moi ^^ Tu me mp pour me dire si tu veux poster? N'oublie pas de mettre une date au début du rp )

Le jeune homme n’était pas des plus sournois, il n’était pas discret, il n’était pas vicieux. Et il savait à quel point cela pouvait lui poser des problèmes, et il savait à quel point sa compagne était différente de lui. Sur quel point l’était-elle ? Sur de très nombreux points, notamment en ce qui concernant la discrétion et l’art de ne pas foncer dans le tas. Mais le jeune homme était un fonceur, il était un soldat de front et il se comportait comme tel. Il n’avait jamais eu l’envie d’être un assassin pour mettre en place des techniques de combat misant avant tout sur la surprise ou les coups bas… Alors il s’était élancé sans plus de calme dans le combat et avait pris de front ses adversaires du moment.

Néanmoins et même s’il se battait bien et aussi vite qu’il le pouvait, il dut se rendre à l’évidence, ce n’était pas du goût des autres prisonniers. A dire vrai ce n’était pas comme s’il en avait jamais eu quelque chose à faire, mais il ne pouvait pas se permettre d’avoir de nouveau ennemi. Il marqua le coup où résistant un peu à l’envie d’aller se coucher calmement mais la jeune femme géra parfaitement son caractère volcanique. Pour éviter d’avoir de nouveaux embêtements avec d’autres personnes du camp elle avait fait le choix de suivre les recommandations qu’une véritable montagne de muscle venait de lui faire. En le regardant Matis essaya de comprendre comment il faisait pour rester tel quel, peut être n’était il ici que depuis peu de temps car il ne lui semblait pas l’avoir déjà rencontré. Et heureusement soit dit en passant.

Matis ne dit rien mais observa ses deux précédents attaquants en leur faisant bien comprendre qu’ils s’en étaient tirés de justesse et qu’à la prochaine occasion ils n’auraient pas cette chance. Il garderait un œil sur eux ne serait ce que pour ne plus avoir d’ennui avec ces deux là. Il avait déjà suffisamment d’embêtement avec tout le reste pour s’en rajouter des nouveaux.

Il suivi sa compagne qui ne le lâchait pas d’une semelle, peut-être avait-elle peur qu’il ne s’attaque à la montagne, mais le jeune capitaine n’était pas fou à ce point là. Il fallait néanmoins avouer que l’idée lui avait passablement traversé l’esprit comme quoi il n’était pas totalement sain d’esprit ce garçon. Mais il n’en fit rien, il n’avait ni la force ni l’envie de se lancer dans un nouveau combat qu’il était quasiment sur de perdre. Il avait besoin de force pour le lendemain et leur nouvelle journée de tentative de survie.

Il se laissa donc guider par la jeune femme et vint prendre place à ses côtés… Tout ce dont il avait envie c’était de sortir d’ici… Mais même en dormant il n’arrivait pas à s’échapper de cette foutue prison qui lui avait volé trois années de sa vie.