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| Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] | |
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| Sujet: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Dim 18 Jan 2015 - 13:42 | |
| An 2 de l'âge d'obsidienne – 10 juillet. Quelques dizaines d'hommes, voila ce à quoi pouvait se résumer ce qui restait de ce qui fut jadis la glorieuse armée Alayienne. Et la responsabilité de la survie de ce fragile reliquat d'un culte dont la pérennité vacillait désormais dangereusement reposait sur les seules épaules d'un Prêcheur en quête de vérité. Avait-il été trompé ? Indubitablement oui, mais encore lui fallait-il déterminer par qui : si, comme le lui avait confessé le Voyageur, ce Vraorg manipulait Néant, alors cela ferait de lui son véritable ennemi, mais si au contraire c'était le Tarenth qui avait cherché à le tromper, alors le Serviteur n'hésiterait pas l'ombre d'une seconde à tourner sa lame vers celui à qui il devait de jouir de sa liberté présente. Si tant est qu'on put appeler cela la liberté : traqués sans relâche par les vampires, les Alayiens devaient constamment fuir, se cacher et survivre du peu qu'ils possédaient encore. Leurs armes, autrefois si meurtrières lorsque levées contre les créatures de magie telles que les elfes ou les vampires, n'étaient plus désormais que forgée d'un acier banal, dénué de toute bénédiction. Leurs armures n'étaient plus que de vulgaires plaques métalliques, protection certes efficace contre le tranchant des épées mais bien dérisoires face aux sortilèges dont usaient et abusaient leurs adversaires. Aldakin lui-même n'avait plus cette force, cette vivacité, ces pouvoirs que lui conférait autrefois la bienveillance de l'esprit qu'il vénérait pourtant encore et toujours. Dans ces conditions, maintenir le moral des troupes relevait de l'impossible et seule la ferveur religieuse, aux travers des nombreuses prières que professait le Pêcheur à ses ouailles, permettait d'encore préserver l'unité si précieuse pour affronter les difficultés qui étaient les leurs. Ainsi, après qu'ils soient parvenus à distancer leurs poursuivants rebelles, Aldakin et ses hommes s'étaient installés dans une clairière, dissimulés aux regards par une modeste forêt depuis laquelle ils menaient quotidiennement des expéditions de recherche. Leurs ''proies'' étaient les mêmes que celles des vampires : des Alayiens désemparés cherchant refuge là où il leur était possible de prendre un peu de repos après les terribles événements de la bataille de l'Aube Rouge, mais à la différence des monstres nocturnes, le Prêcheur et ses hommes essayaient de sauver ceux qui pouvaient encore l'être et de ramener à de plus justes desseins ceux qui s'étaient écartés du chemin qui était le leur. Une grange abandonnée, la demeure isolée d'un paysan ou d'un bûcheron, un campement de fortune établi à l'ombre d'un pont étaient autant de cachettes susceptibles de fournir un abri sûr, le temps d'une nuit d'angoisse et de frayeur. La nuit, justement, gagnait à présent peu à peu depuis l'est et venait jeter sur les plaines de l'Empire son voile d'obscurité, promesse de chasse et de sang pour les vampires, promesse de souffrance et de mort pour les alayiens qui seraient découverts. De leur côté, Aldakin et les quelques hommes qui l'escortaient chevauchaient en direction de leur campement pour s'y abriter avant que les vampires ne partent en chasse. A l'exception du martèlement des sabots, le silence régnait au sein du petit groupe et pour cause, La journée avait été particulièrement décevante : les seuls alayiens qu'ils étaient parvenus à retrouver avaient fermement refusé de les suivre et semblaient s'être définitivement détournés du culte qui avait autrefois été le leur. Triste et compréhensible constat que celui-là, mais le Prêcheur ne perdait pas espoir pour autant, l'enjeu était trop important que pour laisser l'échec s'interposer devant lui. Demain, il reviendrait parler à ces âmes égarées dans les pénombres du désespoir, et que Néant lui en soit témoin, il leur apporterait la lumière dont elles avaient besoin pour retrouver la seule véritable foi qui fut digne de ferveur. Plongé dans ses pensées, le Serviteur du Néant et général déchu dirigea machinalement le galop de sa monture vers le pont qui venait d'apparaître dans le lointain et leur permettrait, à lui et ses hommes, de regagner la rive opposée du fleuve, où les attendaient . En d'autres temps, une voix omnisciente serait probablement venue avertir l'alayien du danger qui, dans l'ombre de ce pont, guettait avidement le voyageur imprudent ; mais à présent que le Néant s'était détourné de ses fidèles, seul régnait le silence de cette pesante absence... |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Sam 24 Jan 2015 - 13:41 | |
| Eh bien voilà, Norwen se retrouvait obliger de se coltiner le bébé vampire et de jouer les nurses et les professeurs pour lui apprendre à manger seule. Il ne manquait plus qu'elle soit obliger de lui mettre un bavoir et lui changer ses couches et Norwen sans le savoir avait un enfant. Eh bien cet Achroma était un sacré profiteur. A croquer sans se soucier ensuite de ses vampires assoiffés de sang. Voilà pourquoi elle ne mordait jamais. Même si elle ne devait rien à ces nouveaux vampires, rien que l'idée d'avoir un lien, brrrrr, Norwen en avait la chaire de poule. C'est pour dire. Finalement la générale vampirique aurait largement préféré être une prisonnière derrière les barreaux qu'une fausse prisonnière à moitié libre à servir ce traître, ce bon à rien qui se prenait pour un prince, à la grande allure, aux airs supérieurs alors qu'il ne semblait pas capable d'assumer ses faits par la suite. Nul ne pouvait ressembler à son prince, chercher à s'en donner l'illusion et l'être.
En tout les cas, la générale sortait de la cité rebelle avec sur ses pas, le vampire dont l'arrogance transpirait au delà de toute apparence. Une si belle nuit gâchée par cette présence néfaste. Qu'importe, elle lui apprendrait le minimum, juste histoire de. Après s'il n'y parvenait pas ou pire, elle n'y était pour rien, elle n'était pas non plus un de ses rapaces qui régurgitait la nourriture dans le bec de leurs progénitures. Mais malgré tout, l'idée de sortir de sentir l'air frais sur sa peau, de voir la lune brillante, les étoiles, entendre les bruits de la nuit, de voir les créatures qui comme elle partaient chasser, ce moment de la journée, rien que pour cela Norwen appréciait cette mission. Et chasser. A peine dehors, ses sens se remirent en éveil. Ses narines recevaient les odeurs nocturnes, ses oreilles percevaient les sons environnants et les battements des cœurs. Elle en inspira même l'air nocturne.
« -Suis moi, ne te perds pas. »
Et elle s'élança dans la nuit sans un regard de plus. Après il faisait ce qu'il voulait, à lui de voir s'il désirait savoir croquer par lui même ou rester sous les jupes de son Maître. Brave toutou. Ils marchèrent quelques temps, une heure ou plus, qu'importe pour la générale, elle se trouvait dans son élément, certes, avec un boulet accroché à son pied, mais tout de même. Cette sensation de liberté, où rien ne pourrait l'entraver, pas même ce traître. Au bout d'un moment de marche, les sens aux aguets, la vampire se stoppa, faisant signe à Eliow d'en faire autant. Des cœurs, des pas de sabots, de l'eau, du sang. Norwen esquissa un sourire carnassier et reprit la route qui les mènerait vers enfin un peu d'action. Elle en avait besoin, son corps commençait à s'engourdir à rester comme une âme errante dans ces galeries putrides.
Mais pour le moment, bien loin des galeries, la vampire s'avança telle une ombre silencieuse dans les hautes herbes pour se diriger vers le précieux sésame. D'un geste, d'un signe à peine visible, elle avait commandé au vampire de la suivre en silence. A peine penchée, féline, cherchant à se fondre dans la faune, se jouant du vent, des bruit environnant pour ne faire qu'un avec cette nature qui l'habillait tel un caméléon avant de surgir tel un lion devant sa proie, ses proies et quelles proies. Nul autre que ce prêcheur du néant en déroute avec ce qu'il reste de fidèle à ses côtés. Non par le Dracos quelle douce et belle ironie. Elle qui l'avait rencontré avec une armée gargantuesque derrière lui prête à se fondre sur l'empire des chanteurs elfiques. Et une année après, presque seul sur un pont à se cacher et voyager de nuit. Norwen en sourit de délectation. Un sourire qui laissa entrevoir au clair de la lune ses deux canines qui jubilaient. D'une voix sardonique, elle s'avança sur le pont stoppant toute avancée alayenne.
« -Eh bien, eh bien, quel grand plaisir de pouvoir enfin se retrouver, mon cher ami. Je suis vraiment désolée d'être partie aussi vite la dernière fois, mais j'avais une mission bien urgente et aucun temps à t'accorder pour des mondanités. »
Mais cette fois-ci, elle en avait. Plein. La vampire se retourna un instant vers le vampire qui se trouvait à peine derrière elle.
« -Oh mais je suis mauvaise hôtesse. Je vous prie, laissez moi chers alayens, vous présenter un tout nouveau venu dans le clan vampirique. Il est encore un peu jeune et se contiendra difficilement devant vous, mais je pense que son empressement sera pour vous une chance de voir très vite mort vous sauvez de cette douleur. » |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Mar 3 Fév 2015 - 0:24 | |
| « -Suis moi, ne te perds pas. »
Plus facile à dire qu'à faire, eut-il envie de maugréer. Surtout qu'elle filait vite la bougresse. Alors certes, il devait apprendre et ne demandait d'ailleurs que ça, tant il avait hâte de conquérir une certaine indépendance vis à vis de ce sang vital dont il avait tant besoin. Oui, il devait vaincre son infirmité honnie, la dépasser, et parvenir à la faire oublier aux autres et à lui-même. Mais si l'on pouvait lui laisser le temps d'apprendre justement et non pas simplement le mettre devant le fait accompli, dos au mur...
A peine était-il né à la nuit éternelle qu'il se retrouvait plongé en pleine bataille, sans magie, et sans yeux pour voir. A peine tentait-il de vaincre sa soif intense de sang et plus encore, qu'on le plongeait en plein bain de sang justement. A peine tentait-il de maitriser cette dépendance outrageante qu'on lui demandait de partir à la chasse, la chasse du sang... où comment raviver son obnubilation à ce sujet...
Eliowir pestait en son for intérieur contre tout et rien, contre le monde entier, contre lui-même vampire infirme et indigne, contre la vampiresse si détestable dont il aurait tant aimé rabaissé le caquet, contre son millénaire aussi qui le forçait à si mauvaise compagnie pour un tel apprentissage, au lieu de le lui apprendre lui-même.... Certes, le jeune vampire comprenait fort bien que le dragonnier n'ait pas le temps à cela. Certes, sa raison le concevait aisément. Mais le coeur a ses raisons que la raison ignore, disait-on... Et en l’occurrence son coeur pleurait d'une telle absence et d'un tel délaissement. Le nouveau-né pestait ainsi dans les limbes de ses pensées, mêlant agacement, pessimisme et négativisme à toute épreuve.
Toutefois la vampiresse devant lui allait si vite, se glissant si furtivement dans les ombres de la nuit, ombre parmi les ombres, obscurité dans l'obscurité, qu'il dut chasser ses viles pensées volatiles pour se focaliser sur son environnement et sur ses autres sens aiguisés. Sur les bruits de pas de la fière Norwen, infimes certes, quasi indétectables pour toute créature étrangère, mais qu'il entendait parfaitement à quelques mètres à peine. Sur les bruissements de ses vêtements, de leurs vêtements, certes là aussi des plus discrets mais bel et bien présents. Sur son odeur si particulière, cette odeur si caractéristique à chaque vampire, chaque créature même... Sur les petits bruissements autour aussi, grouillant de vie, de cette vie nocturne si particulière, si discrète, si secrète... Sur les saveurs qui fourmillaient à ses papilles à certaine odeur... Oui mille et un sens, mille et une sensations, un environnement foisonnant, vivant, et en constant mouvement, quand bien même il n'en voyait rien...
Oh, tout conscient qu'il était de cet environnement, ce n'est pas pour autant qu'il ne trébucha pas quelques fois sur une pierre inopportune qui avait eu l'audace de rester sur son chemin, ou sur une branche qui s'était inclinée devant lui en lui barrant chemin...
Et soudain la vampiresse se stoppa. Bien entendu Eliowir ne le détecta que trop tard et se cogna à une main levée. Une main qui avait dû lu faire signe de se stopper... Main idiote ! pesta-t-il. Faire signe à un aveugle ! Il n'eut cependant guère l'opportunité, la joie malsaine, de déverser son fiel agacé sur la vampiresse, qu'une odeur savoureuse titilla ses sens. Sang. Sang humain. Proie, jubila-t-il alors, oubliant soudain tout agacement, toute colère et toute animosité.
La chasse pouvait donc enfin commencer. Et le jeune vampire sentit une exultation monter en lui, une impatience étrange et déroutante, en même temps qu'un appel insidieux qu'il avait tenté jusque-là de juguler prenait de plus en plus d'ampleur. L'appel du sang mais plus encore l'appel de la chasse, l'appel de la Mort.
Eliowir ne dit mot alors et se contenta de suivre, du mieux qu'il le put, et le plus discrètement possible, la prédatrice qui soudain semblait suinter elle aussi d'impatience et de joies morbides. Un chant qu'il fredonnait au fond de son âme alors en choeur avec elle, en toute innocence, découvrant soudain cet instinct couvant en lui, cet instinct latent, qui ne demandait qu'à éclore, grandir et s'épanouir. Prédateur il était. Prédateur aveugle peut-être, mais prédateur quand même. Et cette nuit serait sa chasse, sa première, peut-être l'une des plus belles. Cette nuit était à lui. Et le serait peut-être pour l'éternité, jubila-t-il, tout à son euphorie. Et parvenant, étrangement, à ne faire aucun bruit, alors qu'il se glissait à la suite de la vampiresse.
Il tenta de l'imiter autant que faire se peut, mais pesta qu'elle lui en dise si peu. Devant se fier seul à son instinct, aux mouvements qu'il sentait près de lui, aux bruits environnant... Il la laissa toutefois aller seul sur le chemin. Le pont, comprit-il enfin quand le bruit des pas changea de sonorités. Ce n'est que lorsqu'elle prit enfin la parole à haute voix, s'adressant visiblement aux proies dont elle semblait barrer le chemin, que lui-même sortit du couvert des fourrées dans lequel il s'était faufilé.
Il maugréa intérieurement quand elle le présenta, et aurait voulu la rabrouer pour son insolence envers lui, cette condescendance agacante qu'elle lui offrait. Mais il décida qu'il valait mieux faire front commun face au groupe d'hommes. Oui, groupe, sentait-il. Une dizaine environ de coeur battants, certains calmement, d'autres à tout rompre. Battement de tambour alors si envoutant... Battement de tambour si prometteur... Il en salivait d'avance. Et déjà son venin lui montait aux crocs avec une suavité savoureuse.
- Depuis quand prévient-on ainsi de sa présence les viles proies ? osa-t-il toutefois susurrer en un murmure grave où menace et impatience s'entrechoquaient. Ne devrions-nous pas montrer les crocs plutôt que de bavasser à tout va ?
Et se disant, il joignit le geste à la parole, en un sourire carnassier dévoilant l'ivoirin de ses crocs sur lequel se reflétaient si bien les pâles rayons lunaires, telle une dernière lumière mortuaire. Sans savoir qu'en cet instant il imitait presque parfaitement son enseignante improvisée...
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Lun 9 Fév 2015 - 18:38 | |
| Ce furent les chevaux qui les premiers perçurent le danger qui se profilait dans l'ombre du pont sur lequel venait de s'engager le petit groupe de cavaliers. Quelques secondes à peine avant que la première silhouette vampirique ne jaillissent des ténèbres nocturnes, les animaux freinèrent littéralement des quatre fers, certains se cabrèrent même en laissant entendre leurs hennissements affolés. La surprise fut telle que l'un des alayiens bascula vers l'arrière et perdit l'équilibre, s'effondrant lourdement sur les pierres du pont tandis que sa monture désormais libérée de ce poids inutile prenait la fuite. Les cris d'alarme se firent aussitôt entendre, agrémentés du son caractéristique des lames jaillissant de leurs fourreaux, avant que la petite troupe surprise par cette soudaine apparition ne se regroupe autour du général déchu. Chacun d'entre eux savait les vampires lancés sur leurs traces, et tous craignaient ces crocs luisant dans la nuit dont le venin les transformerait en l'une de ces créatures honnies par les préceptes de leur foi, quand bien même celle-ci se révélait vacillante. Pourtant, en dépit de la peur qui les animait alors, peur d'autant plus importante qu'ils étaient parfaitement conscients que leurs lames n'étaient plus désormais bénies par la mortelle bienveillance du Néant, aucun ne fit mine de chercher à fuir. Ils conservaient une confiance aveugle en la parole de leur Prêcheur et n'hésiteraient pas l'ombre d'une seconde à sacrifier leurs vies pour garantir la pérennité de la sienne. Une chance pour le principal concerné d'ailleurs, car à en juger par l'identité de leurs agresseurs, les sacrifices risquaient bien d'être... nécessaires.
Aldakin lutta durement avec ses propres instincts pour conserver un faciès faussement désintéressé tandis que défilaient dans son esprit le répertoire des jurons les plus couramment proférés en Alayia. Au vu de la situation dans laquelle ses hommes et lui se trouvaient, n'importe quel vampire aurait déjà été un problème plus que sérieux, mais celle qui venait justement de se dévoiler devant eux promettait de l'être plus encore. L'ancien général n'eut en effet aucune peine à se remémorer de cette voix aux intonations suaves et félines, une voix qu'il avait déjà entendue à l'époque de la bataille des Bois Sombres quoique dans des circonstances bien différentes. La réplique du Prêcheur résonna dans l'air, portée par ce timbre froidement maîtrisé qui le caractérisait :
« Plaisir partagé, vampire, j'ai toujours regretté de n'avoir pas eu le loisir de finir ce que j'avais commencé lors de notre première rencontre et je suis heureux de constater que tu es parvenue à survivre jusqu'ici. »
Une fois n'était pas coutume disait le proverbe, et de fait, Aldakin ne pensait pour cette fois pas un traître mot de ce qu'il venait de déclarer, à l'exception peut-être des regrets qu'il éprouvait à l'idée de n'avoir pas pu achever la prédatrice lorsqu'il en avait eu l'occasion. Pourtant, quelques semaines plus tôt encore, pareille rencontre n'aurait guère été plus qu'une formalité, une exécution sommaire sans la moindre difficulté aucune, mais à présent que Néant s'était détournée de ses fidèles, que le verre noir ne permettait plus de surpasser l'avantage des vampires sur les humains et que le Serviteur avait perdu les extraordinaires capacités que lui conféraient jadis ses pouvoirs, le rapport de force était autrement plus incertain. Toujours fermement campé sur son destrier, Aldakin dominait sa respiration du mieux qu'il le pouvait pour ne pas laisser voir les doutes qui étaient venus étreindre son esprit. S'il parvenait à donner une image suffisamment assurée, peut-être la vampire ne se risquerait-elle pas à vérifier ce qu'il en était réellement. Peut-être. Ou peut-être pas : l'irruption d'un second vampire vint un peu plus encore peser du mauvais côté de la balance des forces en présence. Toutefois plus encore que l'apparition d'un second prédateur, ce fut la présentation qu'en fit la vampiresse qui éveilla la méfiance du Serviteur : un jeune vampire, bestial et brutal, peu enclin à raisonner en terme de danger ou de survie, et la tigresse aux dents longues n'attendit pas longtemps pour souligner le sort funeste qu'elle réservait effectivement au Prêcheur et à son escorte.
Aldakin sentit ses mâchoires se crisper tandis que son ténébreux regard alternait de l'une à l'autre des paires de crocs qui se présentaient devant lui, son esprit méthodique traquant les différentes possibilités qui s'offraient à lui. La situation n'était heureusement pas totalement désespérée. Certes, il y aurait immanquablement des morts, mais ses hommes étaient de solides guerriers et au moins l'un de leurs deux adversaires manquait d'expérience : dans un camps comme dans l'autre, il eut sans doute été présomptueux de prétendre la victoire acquise en cas d'affrontement.
« J'ignorais que les vampires pouvaient avoir la fibre maternelle, touchant spectacle que celui-là, vraiment. Malheureusement, il semble que le Néant ne favorise pas nos entrevues, très chère, car c'est en effet à mon tour aujourd'hui d'être pressé par le temps. Aussi, nous excuserez vous, je l'espère, de ne pouvoir profiter de votre compagnie plus longtemps. »
Joignant le geste à la parole, le général déchu fit claquer les rênes de sa monture et lança son destrier à pleine course vers l'autre extrémité du pont, alors barrée par les deux vampires. Comme un seul homme, la dizaine de cavaliers qui l'accompagnaient l'imitèrent, y compris celui qui avait perdu sa monture et suivait ou du moins essayait de suivre au pas de course : celui-là était d'ores et déjà condamné, mais si les autres, eux, parvenaient à forcer le passage, alors peut-être seraient-ils en mesure de distancer leurs prédateurs. Si Néant le voulait, bien entendu. |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Jeu 12 Fév 2015 - 21:38 | |
| L'attitude du prêcheur avait changé. Et pour cause. Norwen ne pouvait que sourire et se délecter de pareille situation. Le voir bien moins fier et arrogant que lors de leur première rencontre. Il n'était plus là en conquérant à l'aube du bataille. Non, il était fuyant un lendemain de défaite. Cherchant à se débarrasser d'elle, et non plus lui faisant la leçon sur la magie, les vampires et leur malédiction, race à éradiquer. Là, non, pas de discours possible, du moins de l'alayen. Mais Norwen se ferait un plaisir de le retenir et de jouer encore un peu avec lui. Une vraie chatte avec une souris.
« -Il y a proie et proie et bientôt leur ôter le semblant de vie qui les maintient encore debout ne nous exempt pas de quelques douces paroles. Surtout quand la proie est une ancienne connaissance des plus amicales. Nous avons devant nous pas moins que le serviteur du Néant, grand prêcheur de son état. En tout cas, je ne peux que remarquer que ton statut de serviteur du Néant n'a jamais autant bien porté son nom. »
Prêcheur d'un esprit absent à ses côtés. Comment pouvait-il encore y croire ? Même cet esprit unique les avait abandonnés comme des malpropres, comme si tout leur effort n'était que vent à ses oreilles. Norwen n'était pas très croyante envers tous les esprits, mais au moins, elle appréciait leurs discrétion. Et rien que pour cela ils méritaient son attention.
« -La réciproque est tout aussi réelle mon cher ami, nous n'avions guère eu le loisirs et le temps de finir notre discussion lors de notre première rencontre. Le temps me pressait tout comme toi. »
Il avait une guerre à mener et elle son prince à prévenir ou une armée à déplacer et reformer pour attendre à l'arrière. Norwen ne broncha presque pas quand le prêcheur s’émut presque de la voir maternelle. Elle ou un autre vampire. S'il savait ce qu'elle pouvait penser de ce vampire accroché à ses basques. De ça et de devoir en créer de nouveau. Ce n'était pas son travail. D'autres le faisait bien mieux qu'elle. Mais là la situation était tout autre, et avoir Eliowir de son côté en bon petit élève serait bien plus avantageux.
« -Certains l'ont, d'autres se servent de cela pour en modeler de parfaite machine à tuer. Inutile de courir bien loin cher prêcheur, aujourd'hui vous allez, toi et tes condisciples, nous chanter quelques chants à la gloire de Vie et priant Mort que nous abrégions au plus vite vos souffrances. Ce vampire est jeune et il a très faim. Peut être n'entendez-vous pas le cri de retenu de ses crocs de lait mais moi si ?»
Norwen marmonna un « ttttt » entre ses dents. S'il croyait pouvoir se débiner ainsi devant elle, il se mettait le doigt dans l’œil. Norwen était d'humeur joueuse et encore plus face à lui.
« -Allons allons prêcheur, toi qui aime tant discourir sur la magie et ses méfaits, les vampires et leur ignominie, tu as bien quelques paroles bénit de ton esprit pour nous accompagner dans notre repas. Promis, je te garderai en dernier, pour voir jusqu'à la fin la déchéance de ton peuple. »
Non, non, non, croyait-il qu'il allait s'en sortir avec une pirouette de ce genre ? Voyons, il avait perdu de sa subtilité et de sa verve en même temps que ses pouvoirs que Néant lui procurait ? Il fallait se rendre à l'évidence que oui. Comme si la vampire et son bébé du soir allait les laisser passer sur le pont en toute tranquillité. N'était-il pas devenu stupide aussi ?
Norwen s'avança d'un pas se décalant encore plus sur le pont barrant la route. S'il fallait d'un geste vif, elle attraperait les rênes de la monture et le stopperait par ses propres moyens. Ils ne faisaient que commencer à discuter.
« -A moins que mon cher ami se retienne assez pour juste laisser le venin attaquer tes hommes. Se sont de bon guerriers parfait pour mon armée. » |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Mer 18 Fév 2015 - 2:17 | |
| Instinct maternel ? La vile et égoïste Générale Ullylan avoir un instinct maternelle ? La décence l'en eut permis, qu'Eliowir en aurait ri. Il ne put empêcher un fin sourire sardonique de s'esquisser sur ses lèvres fines, dessinant alors sur son visage anguleux un rictus pouvant évoquer impatience et cruauté.
Il se retint de répliquer quelque acerbe commentaire à cette ridicule assertion de l'homme. Et se contenta d'écouter avec une fausse nonchalance et une feinte patience les échanges de politesse entre les deux connaissances. Il aurait été cruel d'interrompre pareilles retrouvailles, songea-t-il, même si l'odeur âcre du sang l'appelait déjà à hauts cris tout près de lui.
"Faim, il avait faim, mais pas de paroles !" avait-il envie de rugir. Certes, il était assez attaché aux civilités et à l'étiquette toute de politesse pétrie, mais... Mais pas en cet instant. Là, il avait faim et il avait envie de chasser. De sentir pour la première fois ses crocs s'enfoncer dans la chair qu'il avait chassée lui-même, et non celle qu'on lui avait offerte tel un cadeau tombé du ciel. Faim, oui, il avait. Et déjà il en trépignait.
Mais il s'intima à rester impassible. Patience, se morigéna-t-il, patience. Et au lieu de laisser ses bas instincts lui dicter sa voie, il se força à ouvrir ses sens à l'environnement alentour. Certes ils avaient là devant eux des Hommes, rien que des Hommes, mais il s'agissait apparemment de guerriers aguerris. D'anciens adeptes du Néant, de ce qu'en disait Norwen, qu'il remerciait intérieurement de lui décrire subrepticement ce qu'ils avaient devant eux, et surtout de lui indiquer à qui ils avaient à faire. Et quand bien même l'ancien guide de ces pitoyables humains, leur souffle de foi, les avait quelque peu abandonnés, ils avaient encore des armes et savaient encore se battre. Même sans les pouvoirs de Néant, ces Hommes en nombre pouvaient s'avérer un certain danger pour deux vampires. Dont un aveugle qui était, il devait bien l'avouer, bien loin d'être aussi aguerri, que le plus médiocre des combattants de l'équipée ennemie.
Il avait beau sentir l'appel du sang, mourir d'impatience de goûter ce fin et délicieux nectar, le jeune vampire n'était pas assez fou pour ne pas comprendre les risques en ce sombre soir. Pas encore du moins... L'enseignement constant d'Achroma et de ses vampiresses à son service portait un minima ses fruits. Un minima...
Même si, vraiment, il avait faim... très faim !
« - Ce vampire est jeune et il a très faim. Peut être n'entendez-vous pas le cri de retenu de ses crocs de lait mais moi si ?»
Voilà au moins une parole sensée au milieu de tous ces futiles palabres, pensa-t-il, son sourire cynique s'agrandissant encore. Mille et un sarcasmes lui venaient soudain en tête, mais il préféra les retenir en ce moment fatidique. Il n'était nul besoin de se mettre à dos sa seule et unique alliée du moment.
Et, alors qu'il s'attendait à ce que ces fastidieuses civilités s'éternisent encore entre les deux compères ennemis, il entendit soudain des rênes claquer au vent et des sabots battre le pont de bois furieusement. Ils chargeaient, fous qu'ils étaient ! Ils chargeaient ! Espéraient-ils passer de cette façon et les semer ensuite ? Etaient-ils si stupides que cela pour croire qu'il suffirait de les dépasser sur leurs chevaux apeurés pour que les deux vampires abandonnent cette chasse à peine commencée ? Ou pensaient-ils pouvoir ainsi atteindre les deux créatures de nuit par cette attaque se voulant surprise et fourberie ?
Eliowir chassa toutefois bien rapidement toutes ses pensées parasites et s'empressa de faire appel à tout le peu qu'il connaissait.
Paume fermée, et bouche grande ouverte, il s'empressa de lancer un sort d'ultrasons, qui lui permit alors de percevoir par la magie ce qui arrivait sur eux. Il perçut ainsi une dizaine d'hommes chargeant sur leurs fiers destriers armes brandies, et Norwen les attendant fermement à l'extrémité du pont où tous deux étaient. Il n'était lui-même qu'à quelques pas derrière elle.
Il n'attendit pas plus pour enchainer sur un autre sort qu'il avait appris. Un sort simple, rapide, efficace. Un sort qu'un petit baptistrel lui avait montré. Et balayant l'air de la gauche vers la droite, main grande ouverte, il lança un sort de glissade en milieu de course entre les chevaux et Norwen. Il lui restait peu de temps, si ses estimations étaient justes, avant que les chevaux n'arrivent sur Norwen. Il lança alors rapidement un dernier sort, le premier qui lui était venu à l'esprit. Il joignit deux doigts devant lui en montrant la zone approximative où il voulait faire apparaitre son sort. Aranea*. Beau sort que celui-là. Si toutefois, aveugle qu'il était, il était parvenu à bien cibler l'endroit.
[ * Aranea Le sort de toile d'araignée crée une masse à plusieurs couches de fils épais et gluants semblables à ceux d'une toile d'araignée, mais beaucoup plus gros et résistants. La toile couvre un rayon maximum de 4 mètres. Les créatures prises dans ces toiles d'araignées ou qui les frôlent simplement restent collées aux fibres gluantes.
Si souci, n'hésitez pas, je peux éditer, bien entendu^^]
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Mar 24 Fév 2015 - 18:10 | |
| Ils allaient aux devants d'un carnage, un de plus à vrai dire, il n'y avait aucune autre issue. Aldakin pouvait bien s'efforcer de sauver les apparences, il n'était plus un secret pour personne à présent que l'Alayia se portait mal, très mal, et la moindre perte se révélait désormais particulièrement catastrophique pour les adeptes du Néant. Alors quand bien même sa foi inébranlable en celle qu'il vénérait continuait de lui dicter son implacable détermination, le général déchu ne pouvait qu'envisager avec amertume le dénouement de cette désagréable rencontre. Car il n'était pas ici question de faire des prisonniers ou de renoncer à combattre, les paroles autant que l'attitude défiante de la vampire étaient plus qu'éloquentes sur le sujet : les deux vampires ne se contenteraient pas de prélever un homme ou deux pour assouvir leur bestiale soif de sang, non, ils planifiaient un carnage pur et simple. Un juste retour des choses envers ceux qui avaient proclamé l'extinction des races magiques, finalement, mais les Alayiens et leur général déchu en particulier pouvaient se révéler aussi combatifs que des vampires s'il était nécessaire de l'être. Ce parce que Néant avait besoin de leur aide, en fut-elle inconsciente pour l'instant, et celui qu'on surnommait le Prêcheur ne pourrait tolérer que deux vampires purent mettre en péril l'accomplissement des desseins de l'Esprit du Rien.
« Délicate attention de votre part, vampire, mais je n'ai pas l'intention de vous laisser mettre le point final de mon oeuvre aujourd'hui. »
Là encore, elle ne faisait jamais que rendre la politesse à son adversaire : lors de leur précédente rencontre, lui aussi s'était offert d'épargner la vampire et lui avait réservé l'honneur d'être la dernière de sa race à périr sous le glaive du Serviteur du Néant, en échange de quelques renseignements stratégiques. Mais à l'époque, la mortelle demoiselle avait refusé de négocier, quoi de surprenant donc à ce qu'aujourd'hui, Aldakin en fit autant ? Malheureusement, tout comme l'Alayien avait par le passé tenté de convaincre la vampire de la nécessité de réviser son jugement, cette dernière venait de se placer précisément sur la trajectoire du destrier du néant, dans l'intention évidente d'arrêter son cavalier. Espérait-elle vraiment pouvoir s'opposer à la charge de la troupe qui s'élançait vers elle ? Ce n'était plus là de l'assurance, ni même de l'arrogance, mais une pure folie. Lentement, la lance du Prêcheur se baissa pour aligner sa pointe sur la silhouette de la prédatrice. Galopant à cette vitesse, il n'y avait nul besoin de verre noir pour transpercer de part en part un corps, fut-il celui d'une vampire en armure.
Aldakin n'eut malheureusement pas l'opportunité de vérifier la véracité de cette dernière affirmation, un premier sort venant déséquilibrer la course de plusieurs chevaux qui s'effondrèrent en projetant leurs cavaliers soit sur le plancher du pont, soit directement dans les sombres eaux du fleuve qui s'écoulait en contrebas. Préoccupé qu'il avait été par son ancienne connaissance, le général avait presque complètement oublié le jeune vampire, lequel ne paraissait d'ailleurs plus si jeune que ça vu de plus près, et celui-ci en avait profité pour user de son hérétique magie. La peste soit de ces pouvoirs blasphématoires ! Et comme pour mieux insister encore sur la lâcheté qui était la sienne, le mage vampirique réitéra ses exploits en projetant cette fois une toile magique qui vint engluer la course des quelques cavaliers qui étaient parvenus à échapper à son premier sort, brisant l'élan qu'ils étaient parvenus à prendre. Conscient que sa lance ne lui serait désormais plus d'une grande utilité, le Prêcheur l'abandonna aux fibres magiques et dégaina son épée, taillant dans la toile pour essayer d'en dégager sa monture. Son regard ténébreux glissa alors sur la silhouette de l'autre vampire, la jeune femme, beaucoup plus proche à présent qu'il n'avait pu le penser de prime abord. Trop proche peut-être. Une fois n'était pas coutume, Aldakin haussa le ton, agacé, découragé, peut-être également tout simplement résigné.
« Maudites créatures, votre lâcheté n'a d'égale que la corruption de vos âmes damnées ! Aucun de ces hommes ne rejoindra votre armée, car chacun d'eux préférera la mort et le néant qui l'accompagne au poison impie dont vous prétendez les gratifier : aucun ne suppliera votre pitié et il vous faudra les tuer bien avant d'espérer les transformer. »
Un nouveau coup d'épée sur la gauche, et le Prêcheur sentit son destrier sur le point de parvenir à se dégager. Autour de lui, ses hommes se démenaient, soit pour se dégager eux aussi, soit simplement pour tenir à distance les deux vampires le temps que leurs camarades soient en mesure de prendre le relais.
« Tu voulais un sermon, vampire, alors entends celui-ci : lorsque les temps seront sombres et que l'espoir disparaîtra, garde la foi en la seule chose qui restera, car à jamais le Néant demeurera. Troisième livre d'Aldakin, chapitre sept, verset quarante et un. »
Dernier effort, et la monture du général déchu s'extirpa finalement de l'emprise de la toile d'Aranea, se cambrant sous l'effort au point de se dresser quelques instants sur ses pattes arrières, alors même que son cavalier levait son épée vers le ciel de la nuit pour rallier le courage de ses hommes tandis qu'il se frappait du poing sur la poitrine, proférant avec l'énergie que confère la perspective d'une mort certaine :
« Je sers le Néant jusqu'à la mort et au delà, alors toi qui prétends vouloir me tuer, viens donc me chercher ! »
Puisqu'ils ne pouvaient plus fuir, ils combattraient donc, jusqu'au dernier s'il le fallait. |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Sam 28 Fév 2015 - 14:58 | |
| Tout se passa très rapidement. Le nouveau vampire avait le venin qui devait lui titiller les canines. Alors que les chevaux fonçaient sur eux brides battues, trois cavaliers glissèrent sur le pont dans un fracas sonores, avant que les autres ne s'engluent dans les toiles du bébé vampire. Il n'y voyait rien et peinait sur les sorts vampiriques, mais la faim laissait parvenir à de grande chose. Norwen lui porta aide pour stopper le dernier téméraire non prit dans les filets de l'araignée Eliowir. Un sortilège de mille lames fit chuté le cavalier. Tant pis, lui ne lui servira pas.
Se tournant vers le jeune vampire percevant dans ses yeux aveugles la hargne, elle ne put que constater avec amusement.
« -Effectivement, tu as faim... »
Norwen lança un sourire carnassier et l'invita à se faire plaisir. Norwen s'avança sur le pont en direction du prêcheur. Ou du beau parleur. Féline, les yeux luisant de la chasse qui se préparait Norwen rectifia en observant l'alayen se dépatouiller de la toile.
« -Lâcheté ! Voyons cher ami, Je suis face à vous et je vous ai prévenu. Il n'y a nulle lâcheté. Bien au contraire, j'ai avec soin et minutie édicter la fin de votre nuit. Je trouve bien au contraire que c'est un cadeau précieux que je vous ai fait. En souvenir du votre. Cette délicate attention m'avait tellement touché. »
Norwen s'approcha d'un des alayens qui était trop englué pour se battre et se débattre face à elle, tandis qu'un cri fendit le silence de la nuit. Bébé vampire devait être trop empressé, il ne devait pas avoir prit la peine de faire taire sa victime avant. La générale brisa le cou de l'alayen dont les deux bras étaient collés au sort du bébé vampire avant de plonger ses crocs dans sa chaires. Se redressant, elle répondit au prêcher, du sang coulant sur ses lèvres.
« -Néant est bien loin et se moque de vous ! Moi je vous offre bien plus, une vie éternelle, sans aucun Esprit pour vous abandonner, juste la gloire et la puissance ! Avec pour seul espoir ta force et on épée, lié simplement à une force qui jamais ne t'abandonnera. Pas comme ton Unique qui ne voit aujourd'hui qu'en toi un lâche, un perdant, un impie. »
Du bout de la langue, elle lécha la goutte qui restait. Un délice !
« -Quand à tes livres, tes suprêmes paroles auréolées d'une gloire passée et vide de sens face au vide aujourd'hui de ton peuple, je t'offre une reconversion sur ces terres, auprès du peuple qui marquera l'histoire d'Armanda. »
Faisant face au beau parleur qui tentait toujours en vain de s'enfuir. L’araignée se rapprochait de son moucheron.
« -Je ne prétends rien, j'affirme. Tout est dans la nuance. Mais si cela est une proposition, je l'accepte. J'ai toujours aimé jouer au jeu du chat et de la souris. Et te voir te débattre entre mes griffes sera un moment des plus... délectables. »
Et les esprits le voulurent, le cheval se cabrant il libéra ainsi son cavalier, qui semblait déterminer à lutter jusqu'à la fin. Tant mieux, rien ne valait un repas qui cherchait à se débattre, cela rendait la mort plus désirable. Sortant sa dague, elle n'attendait qu'une chose, qui mette pied à terre. Elle n'avait jamais aimé le cheval. Du coin de l’œil, elle vit l'ombre vampirique empoigné de nouveau une autre proie.
« -Tu vois, mon petit ce délecte déjà de ses premières victimes. Plus ils sont jeunes plus ils ont faim. Et je ne peux que les comprendre. Doucement croc de lait, garde-en un ou deux à ramener en vampires. Enfin si tu y parviens... » |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Dim 5 Avr 2015 - 18:40 | |
| « -Effectivement, tu as faim... »
Oh oui, faim il avait. Faim, ce chant puissant qui résonnait soudain à ses oreilles pointues, qui le berçait de son lent et vigoureux leitmotiv. Faim, ce lancinant tambour qui lui battait les tempes menaçant de le rendre sourd à tout autre son, ce torrent venimeux qui charriait son sang et submergeait tous ses sens. Faim, faim, oui il avait faim !
Et, ses sorts semblant faire leur funeste office, il n'en attendit pas moins pour se jeter sur le premier homme à sa portée. Un de ceux qui avaient été projetés dans les eaux très certainement mais qui avait eu la mauvaise idée de regagner la terre ferme sur cette berge-ci. Funeste berge pour lui alors, songea le jeune vampire, avec un sourire carnassier en direction, du moins lui semblait-il, de sa proie du moment. Une proie qu'il ne voyait pas, certes, mais dont il entendait parfaitement le coeur battre chamade, le sang pulser dans ses veines palpitantes, et dont il percevait parfaitement la peur, la terreur et le désespoir corrompre son âme endeuillée. Ô noble Dracos, quelles merveilles des sens que ces sensations là.
Déjà le jeune vampire avait sauté sur sa proie d'un agile bond et ses crocs venimeux mordaient la chair ferme sans l'once d'une hésitation. C'est avec une délectation sans commune mesure qu'il goûta ce succulent nectar à la fois si suave et si épicé. Un nectar d'homme, un nectar aux âpres nuances, un nectar où se mêlaient l'âcreté d'un sang guerrier et l'amertume d'un âge avancé, le tout nappé de cette suavité fraiche et acide de la délivrance. Délivrance de l'âme pour cet esprit humain désespéré. Délivrance de cette vie dépourvue de but et qui s'était vue dénudée de ses espérances et de ses ultimes croyances. Oui, délivrance.
Une délivrance qu'Eliowir ne put que lui offrir. Non pas qu'il s'était décidé à la lui accorder en se faisant officier de la mort. Mais, trop pris lui-même par sa dégustation, ou plutôt sa soudaine voracité, il ne parvint à s'arrêter pour laisser au venin jouer de ses atouts. Et au lieu des cris d'agonie d'une transformation, ce fut les ailes du corbeau que l'aveugle entendit. Mort était l'homme, mais sans offrir la satiété à son faucheur.
Faim, il avait faim encore. Il n'entendait que d'une oreille bien distraite les pourparlers et autres palabres futiles et inutiles des deux compères qui semblaient tout aise de se retrouver. Qu'ils palabrent donc, il avait faim lui et continuerait à savourer ce sang humain qui, décidément, chantait bien trop fort pour lui. Grognant quelque peu quand il entendit vaguement parler de lui, il ne s'en jeta pas moins sur une autre victime. Plus jeune cette fois. Moins âcre, plus suave. Mmmhh... Plus savoureux oui. Peut-être un brin trop acidulé, moins épicé... Manquant un peu de ce sel qui donnait toutes ces saveurs au doux nectar si savamment offert. Ou plutôt si savamment volé. Et d'un coup de crocs, le jeune vampire vola une autre vie, incapable encore de se contenir, de se retenir.
Il entendit un cheval hennir, battre des sabots... Et à la discussion qui semblait se dérouler un peu plus loin entre le savant prêcheur et la sauvage chasseresse, il en déduisit que le chef des alayiens avait dû réussir à se dégager de sa toile. Toutefois, le doux crissement de lames qu'on sort de leur fourreau le rassura. Ullylan semblait avoir dégainé et était sans doute prête à faire face à sa proie. Qu'elle s'amuse donc... Il s'occuperait, quant à lui, des autres hommes qui soudain lui faisaient face. Deux là, devant lui, entendait-il, tant leur coeur martelait tambour. Peur... Ils avaient peur. Et pourtant, malgré la terreur qui glaçait leur sang dans son étau féroce, ils lui faisaient face. A lui, jeune vampire avide de sang et affamé, aveugle certes, mais aux crocs bien aiguisés. Si, un court instant, Eliowir hésita, bien rapidement le bruit de leur pas se rapprochant et de leurs lames sifflant au vent le décidèrent.
D'un preste bond en arrière il évita le fer menaçant, et n'attendit guère davantage pour sauter furieusement sur le deuxième compère. Il atterrit sur le torse de l'homme qui bascula à terre sur le dos. Le jeune vampire se saisit rapidement de la tête qu'il tourna brusquement de côté sans même réfléchir à ce qu'il faisait. Un bruit sec, un craquement, et un dernier souffle. Le tambour de l'humain prit fin aussitôt, et les ailes du corbeau rugir de nouveau aux sens du jeune vampire. Qui, étrangement, sembla revenir à un semblant de raison à cet étrange son. Il ne s'éternisa nullement toutefois, car déjà l'autre homme réattaquait.
Futile attaque face à un vampire, aussi aveugle soit-il. Se fiant à ses sens, n'écoutant que ce coeur encore martelant, ce sang qui l'appelait tant en pulsant ainsi si fortement, le vampire se rua sur l'autre homme. La lame toutefois ripa sur son flanc. Mais n'écoutant guère la soudaine douleur qui fulgurait à son côté, il mordit à pleins crocs le cou soudain offert et se reput, encore, et encore, du sang qui dans sa gorge soudain s'écoulait.
Ce ne fut qu'une fois ce misérable corps de son nectar vidé, que le jeune vampire revint quelque peu à lui et à réalité, relevant la tête, et envoyant ses sens de tout côté en quête de ce qu'il pouvait bien se passer autour de lui. Près de lui, tout près de lui, on se battait. Ullylan, sentit-il. Et le prêcheur très certainement.
- Alors, chère professeur, vous n'avez donc pas encore vaincu ce prêcheur maudit ? nargua-t-il de sa voix grave et suave, osant, dans sa fougue soudaine, se moquer de celle qui si souvent avait voulu le rabaisser. Où sont donc passé futiles pourparlers et prêchi-prêcha honnis ? Seriez-vous donc trop occupés à croiser le fer que vos langues ne puissent plus se délier ?
Il se permit un petit ricanement, écoutant toutefois si d'autres hommes tentaient de l'attaquer de nouveau ou de se ruer sur lui en traitre. mais tous semblaient se tenir quelque peu éloignés. Devrait-il alors aller les chercher ? Les... chasser ? Hum... Quel doux mot soudain qui teintait à ses oreilles... Chasser. Il sentait tous ses sens de prédateur frétiller à cette idée.
- Auriez-vous donc besoin d'aide, chère amie vampiresse, pour votre proie chasser ? ajouta-t-il, sa voix ne pouvant s'empêcher de ronronner à ce dernier mot. |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Dim 12 Avr 2015 - 13:54 | |
| Même dans la pénombre de la nuit, il était facile de voir les sombres marques que traçait le sang des Alayiens massacrés, venu gorger le bois avec lequel avait été bâti le pont qui accueillait ce carnage. Et au milieu des râles des mourants, du bruit des chairs déchirées par les crocs ou du sang qui s'écoulait des plaies, se faisait entendre la voix féline et arrogante d'une vampire particulièrement satisfaite par la tournure des événements.
« C'est dans l'épreuve que se forge la foi véritable, vampires. C'est là que réside la force du peuple d'Alayia, une force qui surpasse de loin l'hérétique illusion de supériorité à laquelle se raccroche encore ceux de votre espèce. Ceux qui vont mourir aujourd'hui seront sanctifiés dans les saintes écritures, car de leur sacrifice renaîtra le Néant. »
S'il usait volontiers du discours blasphématoire de la vampire en feignant y répondre, c'était surtout à ses propres hommes que le Prêcheur destinait ses mots, ravivant leur ferveur religieuse pour les assister dans ce qui, il le savait déjà, serait leur dernier combat. Conscient de l'avantage que lui procurait la position surélevée de sa monture, Aldakin lança son destrier libéré des entraves magiques vers la vampire afin de la contraindre à esquiver non seulement ses coups d'épée, mais également les dangereux sabots susceptibles de la piétiner à la moindre erreur de sa part. Il n'était pas assez orgueilleux que pour imaginer pouvoir ainsi la mettre en difficulté, mais au moins parvenait-il à équilibrer le jeu des forces en présence : aussi longtemps qu'il continuerait d'attaquer, elle devrait se retrancher sur la défensive. Malheureusement, dans ce combat, le temps jouait en faveur de ses adversaires, plus endurants que ne pouvaient l'être de simples humains, et aussi jeune pouvait-il être, le vampiret balafré n'en continuait pas moins à voler les vies des ouailles du Prêcheur. Tant et si bien qu'il ne resta bientôt plus que le général alayien toujours aux prises avec son homologue vampirique et une poignée de soldats incapable de s'opposer à la férocité des crocs de leur prédateur.
Interposant son bouclier pour se protéger d'un nouveau coup qu'avait dirigé vers lui sa féline adversaire, Aldakin profita de ce que le plus jeune vampire s'était approché pour asticoter son aînée : d'un habile coup du talon, le Prêcheur fit bondir son destrier en direction de l'aveugle, le bousculant brutalement de telle sorte à le repousser directement dans les bras de sa gardienne. Une brève, très brève seconde de diversion que l'homme de foi s'empressa de mettre à profit, abandonnant son bouclier pour plonger la main vers la sacoche qui lui ceignait la taille. Il en extirpa une paire de boules en terre cuite munies de mèches imbibées de térébenthine, lesquelles n'attendaient guère plus qu'une étincelle pour s'embraser. Embrasement que le général déchu leur apporta à l'aide de la fibule en acier qui maintenait la toge grisâtre dont il était vêtu, frappant le métal du bijou contre celui de son épée pour produire l'étincelle désirée. Ceci fait, ses yeux ténébreux croisèrent brièvement les visages des deux prédateurs tandis qu'il levait la main en un geste grandiloquent pour s'adresser à ses adversaires vaincus :
« Par le feu soyez purifiés ! »
Il n'avait pas encore prononcé le dernier mot que déjà son bras amorçait le geste fatidique et projetait les deux bombes incendiaires sur le plancher du pont, un vieux pont de bois fatigué qui, à n'en pas douter, n'apprécierait que très modérément un tel traitement. Sous l'impact, les vases ardents éclatèrent et explosèrent en projetant leurs gerbes d'huile enflammée tout autour des alayiens et de leurs prédateurs, brûlant atrocement ceux qui n'avaient pas été assez vifs pour s'écarter. La fuite n'était plus à présent une option pour l'un ou l'autre des camps, et déjà la structure du pont rongé par les flammes craquait sinistrement dans l'air. Soudainement enhardis par l'assurance affichée de leur guide spirituel, à moins qu'ils ne furent simplement rendus fous par la perspective de sacrifier leurs vies en martyr et ainsi emporter avec eux les ennemis du Néant, les Alayiens survivants fracassèrent leurs armes sur le bois déjà affaibli par le feu, accélérant un peu plus encore sa dégradation. Un long et puissant craquement se fit bientôt entendre tandis que sous eux, le pont s'affaissait lentement. Lorsqu'il devint évident que son effondrement ne serait plus guère qu'une question de secondes, Aldakin plongea son regard le plus absolu dans celui de la générale ennemie et énonça avec un calme qui ne manquait pas contraster avec la fureur flamboyante des flammes qui les entouraient :
« Tu as eu tort de sous-estimer notre ferveur, vampire. Je t'ai promis qu'aucun de ces hommes ne deviendrait vôtre, et je tiendrais parole. »
Et finalement, comme s'il avait attendu ce signal pour abandonner toute résistance, le pont céda... |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Mer 15 Avr 2015 - 21:06 | |
| Du coin de l’œil, Norwen surveillait son élève du moment. Il n'était que trop empressé, avide de sang, de chairs ouvertes, se fiant à ce qu'il pouvait ressentir et cherchait juste à faire taire et à nuire. Mais ce spectacle était magnifique. Peut être qu'un jour il comprendrait que l'art de la chasse n'est pas juste un festin bestial et dénué de sens. Mais un art, une chasse digne et noble. Un amusement qui demandait certaines règles et codes. Un combat bien plus noble parfois qu'un duel d'épéistes. Un jeu auquel la vampiresse aimait jouer. Elle était chatte et de ses griffes guidait la souris dans un dédale sans fin sauf celle qu'elle avait décidé. Et quand elle avait désiré.
« -Apprends jeune élève que se nourrir ne demande pas toujours sauvagerie et bestialité. Ceci c'est pour les jeunes incapables de tenir sur place. Plus tard tu prendras toi aussi à jouer avec ta proie. La voir tenter de s'échapper de tes griffes, la supplier de la laisser en vie et de vaines paroles qui chercheront à attendrir un cœur mort depuis des siècles. »
Sinon, il perdrait beaucoup. Non pas que cela lui fasse quelque chose de plus que lui friser les poils du nez un peu plus ou un peu moins. Dès qu'elle le pourrait, Norwen serait bien loin de ce bébé impotent et elle cesserait de devoir se le coltiner dans l'espoir qu'un jour il devienne un grand vampire. Le traître espérait quoi ? C'était bien stupide de sa part de lui flanquer dans les pattes un bébé vampire. Soit elle tentait de le modeler à sa manière ou bien elle lui apprenait les bases, minimum pour le laisser en un vampire toute juste bon à survivre une guerre. Elle remplissait son contrat. Rien ne lui arriverait par sa faute, le reste était un dommage collatéral. Tant pis pour lui, que pouvait-elle ! Norwen, le corps louvoyant, regarda son adversaire d'un regard provocateur.
« -De plus nul fer n'a besoin d'être croisé, quand je sortirai le mien se sera pour découper sa jolie langue de sa bouche et la jeter dans un temple dédié à son esprit, si tenter qu'il en reste encore un qui tient debout. Mais lui, il est à moi. Il est ma petite douceur, comme les humains aiment à appeler ce qui est bon pour leurs babines affables. »
Mais Norwen abandonna bien vite les questionnements du bébé vampire pour revenir à son adversaire.
« -Cesse ton blabla prêcheur, tu parles dans le vent. Autant pour nous pauvres pêcheurs que pour ton Esprit qui a préféré mettre une belle distance entre vous et elle. A se demander pourquoi ? Peut être que tes discours et ton manque d'action ont eu raison de sa foi en vous. »
Toujours aussi aguicheuse et charmeuse que jetant son venin et montrant sa détermination à le faire taire une bonne foi pour toute, Norwen haussa les épaules et déclara comme un fait qui paraissait pourtant bien logique.
« -Et ma force n'est pas illusion, elle est une vérité que nulle ne peut défier en cet instant. Tu n'es qu'un petit moucheron humain et je vais te le montrer. »
Mais le prêcheur de malheur ne semblait pas en accord avec la fin que lui avait préparé la vampire. Il avait plus d'un tour dans son sac et plus d'une boule de feu. Élément craint par la jeune demoiselle à crocs. Et pour cause, ça brûle ! Et le feu les encercla bien vite, elle et son poupon en goguette. Et le feu sur un vieux pont en bois, il ne fallait pas être ingénieur pour savoir que cela allait bien vite céder sous leurs pas. Et une baignade nocturne ne lui disait pas plus que cela. Cria-t-elle dans un flot de jurons qui suivirent.
« -Maudit sois-tu Prêcheur ! Tu préfères tous nous tuer que te battre. »
Mais pour seul réponse le pont céda sous leur poids et sous le feu dévastateur du feu. L'eau transperça ses vêtements, l'odeur du feu et du bois brûlé ne pouvaient que lui chatouiller son odorat délicat ? Mais au moins, il était dans le même bateau ou du moins pétrin qu'eux. Ne regardant même pas si le bébé vampire savait nager et le se noyait ou pas, Norwen s’agaçât de cette situation. Dégainant sa dague elle se dégagea de quelques débris qui flottait fumant autour d'eux, cherchant à ne pas se faire brûler. Rien de pire que la peau de vampire grillé.
« -Si ce n'est ceux là se serait d'autres. Ton armée sera mienne et tu finiras à mes côtés en sous-fifre de mes moindres folies.
Et en attendant, la générale s'avançait dangereusement vers le crétin qui les avait mis dans cette situation. |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Jeu 23 Avr 2015 - 1:21 | |
| Il avait beau prêter tout ouïe aux bruits alentour, et notamment à ceux du combat engagé non loin de lui entre le prêcheur et la chasseresse, il dut avouer s'être fait surprendre. Maudit soit-il de s'être montré ainsi si négligent. Indigne de lui de s'être ainsi fait surprendre. Il aurait pourtant dû entendre les sabots du cheval changer de direction vers lui. Il aurait dû...
Mais il n'avait pas. Et au lieu de cela, il fut percuté de plein fouet par le cheval, recevant par là même un coup de sabot dans le bras, tandis qu'il reculait violemment sous l'impact pour atterrir sur Norwen. A peine se redressaient-ils tous deux que ce fut un feu soudain qui rugit non loin d'eux. Juste devant... sur le pont-même... le bois crépitait déjà sous la chaleur des flammes, la chaleur virevoltait furieusement dans l'air leur léchant presque la peau, au déplaisir du jeune vampire. Tous ses sens étaient soudain submergés par cet élément enragé. Un goût âcre de poussières embrasées commençaient déjà à palpiter sur sa langue, lui donnant la nausée, tandis qu'il entendait le vent mugir mille et un chuchotement dans les flammes que l'aveugle devinait danser sur le pont, faisant écho aux sinistres plaintes du bois qui menaçaient de céder...
Auxquels se joignirent bientôt les coups sourds de sombre métal sur le bois fatigué. Par le Dracos, étaient-ils devenus fous ? Ils allaient tous les faire se noyer, songea le jeune vampire. L'espace d'un instant... Avant de réaliser qu'étant vampire, il avait peu de chance de se noyer. De couler au fond telle une vieille pierre, peut-être, s'il ne parvenait à nager... D'ailleurs savait-il seulement nager ?
Ce fut là ses seules et uniques pensées, entendant à peine les glapissements coléreux de la vampiresse à ses côtés, avant que le pont ne cède enfin sous eux et les projettent dans l'eau glacée, dans un craquement assourdissant qui menaça de le rendre sourd. Eliowir sentit l'eau le happer, l'enfoncer dans ses lourdes profondeurs, comme l'entrainant dans sa vase pour mieux l'y engluer. Pas un son ne lui échappa toutefois, aucune peur ne le terrassa étrangement. Et, son esprit entouré de cette force tranquille, il se laissa un instant ainsi immergé, se laissant transporter par toutes ces nouvelles sensations... jusqu'à ce que son corps, mu par un instinct lointain qui lui était pourtant inconnu, ne réagisse et se mette à nager. Nager. Il savait donc bel et bien nager.
Et il nagea tout d'abord sous l'eau, tentant de s'écarter quelques peu du lieu d'incident. Pas assez toutefois, constata-t-il, dépité, quand, remontant enfin à la surface, sa main se brûla à une planche encore en flammes non loin. Maugréant entre ses crocs, il tenta de localiser les autres, de retrouver au moins sa guide chasseresse.
« -Si ce n'est ceux là se serait d'autres. Ton armée sera mienne et tu finiras à mes côtés en sous-fifre de mes moindres folies. »
Voilà bien au moins un avantage au côté bavard et vantard qu'elle pouvait avoir : elle était ainsi plus facile à trouver. Et, tâchant cette fois de ne pas se bruler plus encore, il se guida à cette voix. Alors qu'il s'en rapprochait, il entendit non loin des glapissements, des gémissements, et des bruits de clapotements dans l'eau. Des hommes nageaient non loin de lui. Et l'odeur... certes un peu atténuée par toutes celles autour, mais bien là, présente... le sang, du sang humain... Qu'il n'avait pourtant plus envie de goûter. Non, la rage et la colère qu'il sentait poindre en son coeur soudain ne lui donnaient plus envie de mordre ce sang impie.
Non, de sang il ne voulait plus, pas de ce sang-là. Mais de mort...
Et se pensant, il sauta rageusement sur l'homme en face de lui, et de toute sa force lui enfonça la tête sous l'eau, le maintenant ainsi pendant que l'homme, piètre créature, tentait de se débattre. Qu'elle tente donc, pauvre d'elle, songea-t-il, tout en la laissant rendre son dernier souffle sans l'once d'un remord. Ni même l'once d'une hésitation. Ils avaient essayé de les tuer. Il ne faisait, après tout, que se défendre... et se venger... n'est-il pas ?
Qu'en aurait pensé Achroma ? Qu'en aurait-il dit alors ? Le jeune vampire réalisa soudain que sans doute... Oui, sans doute... Le millénaire en aurait rugi sans doute de colère et de honte envers son fils honni. Oui sans doute son beau prince n'aurait en rien apprécié ce sinistre spectacle qui se jouait là en cette nuit. Chassant brutalement ses pensées malvenues, et relâchant sa proie alanguie, il entendit, accablé, les ailes du corbeau faire pleurer le vent au dessus de lui. Funeste corbeau... Funeste vampire qu'il était, semblait lui murmurer ce lugubre écho...
Un voile sombre étira ses traits balafrés tandis qu'il prenait conscience, enfin, du sanguinaire chasseur qu'il était devenu en cet instant. Un chasseur certes digne de certains critères vampires, mais indignes d'un certain millénaire. Indigne de son Père. Indigne de ce noble enseignement qu'il tentait de lui inculquer... Il fallait qu'il se reprenne. Il fallait que ses sens et son instinct du sang il jugule et maitrise. Qu'il devienne peut-être un chasseur, mais de ces chasseurs rusés et avisés... tels peut-être de ces chasseurs que Norwen lui dépeignaient. Jouant avec leur souris sans la tuer.... Serait-ce si mal de jouer alors avec ces proies ?
Une planche enflammée se rapprochant de lui l'extirpa de ses pensées et questionnements sans fin et l'obligea à revenir au temps présent. Et à Norwen et le prêcheur qui déjà semblaient se rapprocher d'une rive. Il entendait des bruits de pas s'engluer dans la terre non loin... Ils tentaient sans doute de remonter la pente de la rive, du moins l'un d'eux...
Se dirigeant à son tour à grandes brassées vers cet endroit, il entendit des voix qui lui confirma ses déductions. Lui-même parvint à toucher terre rapidement et, à grandes enjambées entravées par l'inertie de l'eau, il parvint à s'extirper de cet élément violent. Colère rugissait toujours en lui, plus encore alors qu'il entendait hennir non loin, des sabots, des voix... Le prêcheur et quelques hommes. Norwen non loin de là aussi, son odeur même si étouffée le lui indiquait.
Eliowir n'attendit nullement quelque ordre que ce soit toutefois et décida d'attaquer les proies qui étaient si près. Attrapant vivement de sa main droite son fouet accroché à sa ceinture, il laissa la fine lanière s'élancer au loin, tout en la guidant par son esprit*, vers cette odeur, odeur de sang, odeur d'humain... et s'empressa de sa main libre de former un triangle autour de ses lèvres pour lancer un cri strident.**
Il n'attendit pas même de savoir si son sort ou son fouet avaient atteint quelque cible que ce soit et, sans lâcher sa précieuse serpentine, attrapa de sa main gauche sa lance accrochée dans le dos. Pour mieux sauter en avant, fouet rugissant et lame en avant...
* il s'agit du fouet serpentine ** Cri strident Permet à l'utilisateur de pousser un cri redoutablement aiguë capable de faire perdre l'usage de l'ouïe à une cible durant un court laps de temps si cette dernière est trop longtemps soumise à l'effet du cri.
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Mer 29 Avr 2015 - 20:39 | |
| Aldakin avait souri. Un simple rictus aussi discret qu'éphémère, né à la commissure de ses lèvres à l'instant précis où l'homme de foi avait senti le plancher du pont s'affaisser sous ses bottes. Les mimiques de ce genre se faisaient pourtant particulièrement rares sur son visage, mais face à la vitesse avec laquelle la générale vampire avait changé d'attitude, le Prêcheur alayien n'avait pu s'empêcher d'oublier quelques instants son habituelle réserve. Féline, arrogante et même aguicheuse un instant, la prédatrice s'était, dès la seconde suivante, révélée sous son véritable jour : furieuse, grossière et surtout, résignée. Bien sûr qu'il préférait tous les tuer que de ne serait-ce qu'envisager la possibilité de laisser le poison d'un vampire corrompre les corps et âmes de ses hommes, en avait-elle seulement douté ? Regrettable, vraiment, mais peut-être cette petite démonstration de pure dévotion ferait-elle réfléchir la vampire : avant d'espérer faire de lui sa ''petite douceur'' , mieux valait pour elle apprendre à apprécier les friandises un peu plus... acidulées.
Ces pensées furent les dernières qui traversèrent l'esprit du général déchu tandis que son corps plongeait dans les sombres eaux du fleuve, entouré des débris enflammés qui avaient accompagné l'effondrement du pont. Le froid cinglant des flots tumultueux revigora rapidement les humains brièvement engourdis par la chute, du moins ceux qui, à l'instar du Prêcheur, avaient eu la chance de ne porter qu'une armure légère. Les autres avaient déjà disparu vers l'obscurité de leur dernière demeure. En quelques mouvements de brasse, Aldakin regagna la surface et inspira aussitôt une large goulée d'un air plus que bienvenu, cherchant instinctivement à rejoindre la rive la plus proche. Toutefois, à peine eut-il commencé à nager que son regard croisa les visages des baigneurs vampiriques, évoluant à quelques mètres seulement de lui, le plus jeune achevant de noyer l'un des alayiens sacrifiés tandis que sa vampy-sitter tournait son attention en direction du responsable de cette petite baignade. Décidément, elle semblait s'être faite une idée fixe quant au sort qu'il convenait de lui réserver, mais le principal concerné avait quelques projets qui déviaient sensiblement du funeste destin qui venait de lui être promis.
Nageant comme si sa propre vie en dépendait, ce qui en l'occurrence était exactement le cas, Aldakin rejoignit rapidement la rive, s'aidant du courant de la rivière pour ne pas inutilement se fatiguer. Sa précieuse lance gravée de prières à la gloire du Néant entravait quelque peu sa progression, mais il faudrait bien plus qu'un peu d'eau et une paire de vampires dans son sillage pour le convaincre de s'en séparer. Le Prêcheur fut le premier à regagner la terre ferme, du moins si ce qualificatif pouvait s'appliquer à la vase d'alluvions charriés par les eaux dont les rives du fleuve étaient composées, et dénombra rapidement la poignée d'hommes qui était parvenue à le rejoindre. Trois en tout, dont un seul avait encore une épée à la main. Aldakin considéra rapidement les deux alayiens désarmés avant de conclure sombrement :
« Courrez pour nos vies. »
Au vu du retard qu'avait pris le détachement du Prêcheur, il était raisonnable de penser que les alayiens restés au campement avaient envoyés une patrouille à la recherche des égarés. S'adjoindre ce renfort serait probablement le dernier espoir auquel pouvaient s'accrocher Aldakin et les survivants qui l'accompagnaient encore, à condition bien sûr de gagner suffisamment de temps face à des vampires qui, de toute évidence, n'avaient pas l'intention de leur en laisser. L'aveugle fut, au choix, le plus rapide ou le impulsif, toujours est-il qu'il fut le premier à s'élancer dans la direction de ses deux derniers adversaires. Un fouet claqua dans l'air, aussitôt salué par le cri de douleur d'un fidèle alayien qui, à supposer qu'il survive à sa blessure, mériterait aisément le surnom de balafré, voire même de dévisagé. Le général déchu n'eut cependant que peu de temps pour s'en apitoyer, l'éclat d'une lance plongeant dans sa direction avec la ferme intention de l'empaler requérant de toute urgence sa pleine attention. Aldakin esquiva une première fois, para une seconde, contre-attaqua une troisième avant de bloquer un nouvel assaut, usant de tout le talent qu'il pouvait déployer dans cette joute de lanciers pour compenser les avantages purement physiques de son vampirique adversaire. Toutefois, lorsqu'il devint évident que les forces de l'humain ne lui permettraient plus de soutenir l'intensité du combat, il se dégagea une brève ouverture et interrompit le duel, jetant son arme au sol avant d'annoncer avec son stoïcisme coutumier :
« Je me rends. »
Et parce qu'il valait sans doute mieux tempérer les ardeurs du jeune vampire pour s'assurer que celui-ci domina sa fougue au moins quelques instants encore, il précisa :
« Je me rends, et vous ne me ferez aucun mal. Votre prince lui-même s'est vu contraint de m'épargner et me relâcher, celui qu'on nomme Voyageur semble penser que ma disparition condamnerait votre monde à s'évanouir dans la colère du Néant. »
Peu lui importait que les vampires croient ou non à son histoire. En vérité, même s'il avait été joueur, le Prêcheur n'eut pas misé la moindre pièce d'or sur ses chances de s'en sortir de cette façon, mais l'essentiel pour l'instant était de gagner suffisamment de temps pour laisser aux deux fuyards l'opportunité de rallier les renforts. |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Dim 3 Mai 2015 - 17:40 | |
| Un cri dans la nuit. Un cri qui aurait pu être le sien. Ses oreilles furent d'ailleurs peu touchées par ce bruit. Elle avait le même, depuis de nombreuses années. Le même en plus perçant. Il avait encore beaucoup à apprendre ce petit vampire.
« -Idiot, tu aurais pu le tuer. »
Norwen le poussa en remontant sur la berge, non sans mal, son équipement et ses habits l'attirant bien plus vers le bas et l'eau que la surface. Qu'il s'en prenne aux petits soldions ne la dérangeait pas. Mais pas son joujou. D'ailleurs un homme rampant tentait de fuir, mais Norwen ne lui accorda pas un regard de plus, préférant les doux gazouillis du Prêcheur du Néant. Se redressant sur le sol boueux, la générale le regardait de son air le plus doux, un sourire radieux au visage. Une enfant des plus douces, qui jamais ne vous fera le moindre mal.
« -Sage décision. Derrière ce flot de sainte Parole se cache au final un esprit qui sait ce qui est bon pour lui...et pour moi. »
Le sourire devint bien plus carnassier. Et d'un geste vers la route elle ordonna à son apprenti du moment.
« -Laisse les fuyards, qu'ils aillent crier leur défaite. Nous savourons la victoire. »
Et quel doux parfum que celui de voir son adversaire devoir renoncer.
« -Quoique, même dans la reddition tu nous berces encore de tes histoires prêcheur. Sache que nous avons déjà un conteur dans nos troupes vampiriques et que ses histoires sont aussi ennuyeuses que les tiennes. »
Peut être même plus et pourtant les blablas du traître dragonnier avaient tendance à brouiller les oreilles de la vampire.
« -Mais soit ramenons ce prisonnier au prince, oups il n'est plus là, quel dommage. De cette façon, nous pourrons de façon encore bien plus agréable se jouer de lui et l'entendre nous murmurer des mots doux. »
Norwen lui lança sans ménagement un sortilège de corde afin qu'il puisse les suivre docilement. Norwen doutait de la véracité de ses mots, mais la vampire n'était pas du genre à se mouiller (sauf quand on l'y forçait) sans avoir vérifier en amont le vrai du faux. Question de survit (ce qui semblait être le cas a priori) mais aussi l'attrait de jouer encore un peu, si cela s'avérait faux, avec le prêcheur. De le faire souffrir doucement, tendrement, de l'entendre crier dans tout Aigue pour lui supplier de laisser rejoindre Néant au plus vite. Et là, commencerait une longue agonie pour lui. Rien qu'à cette idée, la générale vampirique se sentait gonfler d'orgueil et d'un appétit à tout épreuve.
La vampiresse et son gentil apprenti reprirent chemin vers leur demeure du moment, traînant un prisonnier plutôt docile. L'eau continuait à ruisseler sur le sol et à s'imprégner de leurs habits, ensaucisonné dans de solides liens. Un précieux butin que la générale allait protéger comme son trésors. Car nul doute qu'à Aigue beaucoup voudront se l'approprié. Il était à elle. S'il fallait elle y planterait ses crocs sans le moindre remords avant toute conciliation possible. Après tout il n'en mourrait pas.
Mais ce n'était sans compter sans la pugnacité et la ténacité des alayens, ou bien leur folie. Un peu des deux, mais ils ne laisseraient pas la générale prendre son dîner en paix. |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Dim 10 Mai 2015 - 2:12 | |
| Dans l'emportement de l'attaque et du combat, le jeune vampire aveugle n'était plus qu'instinct et rage. Il ne réfléchissait plus, plus vraiment, tout n'était que estoc, parade, esquive et assaut. Il devait avouer que l'humain en face de lui était fort doué et lui donnait la réplique en digne lancier qu'il était. C'était là son deuxième duel de lancier qu'il lui était donné d'effectuer, du moins depuis sa nouvelle sombre résurrection, et il savourait alors chaque instant de ce rapide, bien trop rapide, échange. L'autre compensait sa faiblesse d'humain par son talent, quand Eliowir compensait son aveuglement par son instinct. Dommage que l'homme soit un ennemi à traquer... Il aurait pu lui en apprendre beaucoup dans cet art noble et difficile de lancier.
Mais l'autre visiblement s'épuisait. Et c'est avec force déception qu'il entendit l'autre se rendre, faisant sinistrement écho au bruit du fer percutant le sol non loin. Il avait certainement lâché sa lance pour mieux appuyer sa proposition de se rendre. Fou qu'il était. Avec la vampiresse qui l'accompagnait et qui semblait nourrir certains griefs envers ce prêcheur de malheur... S'il croyait pouvoir s'en tirer si facilement... Ou alors cherchait-il seulement à gagner du temps ?
Mais déjà une voix rugissait auprès de lui.
« -Idiot, tu aurais pu le tuer. »
Et le bousculant sans l'once d'un respect. Eliowir fut tenté un instant de répliquer, se rebeller... mais s'en abstint, songeant que se disputer devant le prêcheur ne leur servirait nullement. Bien du contraire. Le jeune vampire laissa donc l'autre continuer sur son ton de commandement, ravalant en son for intérieure la fourbe rage qui le consumait. Il attendrait qu'ils soient seuls et hors de vue de cet agaçant humain pour dire le fond de sa pensée à sa chasseresse attitrée.
Il n'écouta que d'une oreille distraite les fallacieuses paroles de leur désormais prisonnier. S'il croyait qu'invoquer les actes du Prince Noir devant lui permettrait de le convaincre... C'était là même tout le contraire. Mais là encore il se garda bien d'énoncer cette pensée à haute voix. Cette désunion possible au sein des vampires n'avait pas besoin d'être étalée au vue des étrangers.
Il dut toutefois serrer les dents, se faisant d'ailleurs légèrement saigner une lèvre, du sang noir s'échappant doucement, insidieusement, de la plaie que ses propres crocs venaient de faire, quand elle évoqua un certain conteur et l'injuria à sa façon honnie. Comment osait-elle parler ainsi, avec tant de désinvolture outrancière et irrespectueuse, de son millénaire ? Comment osait-elle....
Il fut tenté de lui sauter à la gorge, de lui insuffler tout le mépris soudain qu'il ressentait pour elle, toute la rage qu'elle lui inspirait... mais parvint, il ne sut comment, par une force de volonté qu'il ne se connaissait pas, à se maitriser. Poings et dents serrés, ses yeux morts criant colère toutefois, il resta muet. Immobile. Statue de colère incarnée.
Plus tard, se morigéna-t-il. Plus tard. Pas devant ce... ce... cancrelat du Néant.
Il suivit donc, en silence obstiné, ruminant en lui-même toutes ses viles et funestes pensées, les mille promesses de vengeance qu'il se jouait en son esprit. En arrière de la petite bande, histoire de "surveiller" les arrières. De suivre leur guide vampiresse certes, mais aussi pour éviter toute tentative de fuite ou toute tentative des quelques hommes qui avaient pu fuir de les attaquer par derrière. Même s'il se demandait ce qu'une poignée d'hommes, deux tout au plus s'il avait bien compté, hommes désarmés qui plus est, pouvaient bien faire contre eux...
Ce ne fut toutefois pas un, ni même deux, ni même trois hommes qui se manifestèrent soudain. Ce fut...
- Quelque chose approche, souffla-t-il soudain, stoppant la marche et humant l'air.
Apparemment aucun des deux autres n'avaient perçu encore ce subtil changement dans les environs. Sans doute que seuls ses sens sans cesse aux aguets avaient pu percevoir cela... Lui aveugle, obligé d'ouvrir les restes de ses sens en éveil au monde qui l'entourait....
- Quelque chose, là tout proche... Ou plutôt quelqu'un. Quelques uns. Des hommes...
Oui, des hommes, il en reconnaissait l'odeur. Oui, certes, c'était là bien des hommes, mais...
- Une dizaine il semblerait, évalua-t-il la tête légèrement relevée dans l'air alors qu'il s'ouvrait tout entier, faisant fi du vent qui lui sifflait dans les oreilles et qui faisait battre ses cheveux dans son dos. Savoureux nectar et doux opium...
Visiblement ses compagnons s'étaient aussi arrêtés à ses mots. Peut-être avaient-ils enfin entendu, senti... ou vu ? Il n'aurait su dire.
Il était quant à lui obnubilé par cette odeur enivrante qui montait, entêtante, forte et féroce, dans l'air alentour et qui menaçait de le submerger de nouveau tant elle se faisait si intense et si vive...
- Non, une vingtaine plutôt.
Une odeur si proche aussi, de plus en plus proche, en un si court instant. Ils avançaient vite. Ils galopaient même. Des chevaux... Certains étaient sur de rapides destriers et déjà...
- Nous sommes encerclés, rajouta-t-il alors, d'une voix sourde et basse.
Tandis que, légèrement au dessus d'eux sur les petits monts de terre qui surplombaient la petite excavation dans laquelle ils étaient, hennissaient bruyamment de fiers chevaux, tout en tapant impatiemment du sabot. Les hommes semblaient s'être arrêtés. Leur odeur semblait plus stable, plus enivrante aussi. Et le tintamarre de leur tambour battant menaçant de rendre fou le jeune vampire. Ce tambour, qui battait, battait, à un rythme si envoutant... qui l'appelait à lui, l'incitait à le rejoindre, l'invitait à l'étreindre, pour mieux l'enlacer dans la non-vie... Oui, insidieux battements qu'il aurait tant aimé pouvoir imiter. Ou à défaut l'arrêter, s'il ne pouvait faire autrement.
- Des renforts pour vous, prêcheur, semblent être arrivés, susurra-t-il sombrement, un fin sourire effleurant ses lèvres balafrées.
Se disant, il avait déjà repris sa lance en main, prêt à attaquer. Il ne savait par quel côté commencer... et préféra attendre les instructions de sa chère vampiresse. Vu le nombre, et vu la situation, mieux valait sans doute coordonner un peu leur attaque. Et réfréner ses ténébreuses pulsions. |
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| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Lun 18 Mai 2015 - 18:47 | |
| Si l'espace d'une seconde, il sentit la froide caresse d'un frisson lui parcourir l'échine, Aldakin n'en laissa rien transparaître. Des traits figés de son visage jusqu'au rythme régulier de ses battements cardiaques, rien ne vint trahir l'étincelle de doute qui s'était allumée dans son esprit tandis que la générale vampire savourait prématurément le goût de la victoire. Son trouble n'en était pourtant pas moins réel et pour cause, le Prêcheur avait décelé dans le regard clair de sa prédatrice une lueur bien plus dangereuse que ce qu'il n'avait pu supposer au préalable. Une lueur de folie qui s'accompagna rapidement de paroles qui se voulaient certes aguicheuses, mais qui n'en dissimulaient pas pour autant la promesse d'un traitement des plus mortels qui soient. Perspective plutôt contrariante, fallait-il en convenir, car le plan en lequel le général déchu avait placé son dernier espoir de fuite reposait essentiellement sur l'hypothèse selon laquelle la vampire ne prendrait pas le risque d'aller à l'encontre de la volonté de son prince. Mais à présent qu'il se trouvait véritablement à sa merci, Aldakin découvrait qu'il avait peut-être légèrement surestimé les capacités de jugement de celle à laquelle il s'était rendu. Cette erreur signerait peut-être sa fin, et s'il ne craignait pas vraiment la mort en tant que telle, la possibilité qu'il put échouer dans sa quête de vérité lui était particulièrement amère.
« Au risque de te décevoir, cela n'a rien d'une histoire de conteur. Tue moi, et c'est le monde que tu condamnes à sa perte... Ce qui inclut l'arrogante créature que tu es. »
A en juger par le lien magique avec lequel la vampire l'attacha, le message était passé : elle n'allait pas le tuer ou plus précisément, elle n'allait pas le tuer immédiatement.
« Tu vas au devant d'une bien amère déception si tu penses pouvoir jouer avec moi tel un quelconque prisonnier. Ma foi est un bouclier que tes doucereuses attentions, puisque c'est ainsi que tu vantes tes tortures, ne pourront briser. »
N'en déplaise à la générale vampirique, il faudrait bien plus que des coups, des privations ou de quelconques autres douloureux traitements infligés à son corps pour lui arracher les hurlements et suppliques qu'elle qualifiait sinistrement de mots doux. Malheureusement pour la prédatrice, heureusement pour son captif, ce dernier ne resterait vraisemblablement pas en sa compagnie beaucoup plus longtemps, comme le vampiret aveugle ne manqua d'ailleurs pas le faire bientôt savoir. Quelque chose approche ? Non, quelqu'un ? Quelques-uns à présent ? Des hommes ? A moins d'une coïncidence remarquablement improbable, il ne pouvait s'agir que des renforts que le Prêcheur avait espéré voir surgir depuis sa reddition. La poignée devint dizaine, la dizaine devint vingtaine et le doux parfum de la liberté, saupoudré d'un zeste d'une suave ironie vengeresse, vint bientôt caresser les narines du prédicateur alayien. Prudent malgré la brusque inversion qui venait de s'opérer dans le rapport de force, Aldakin répliqua avec son habituelle froideur :
« Il semblerait en effet. »
Son regard sombre nota rapidement l'agressive posture que venait de prendre le vampire balafré, et il poursuivit toujours aussi sereinement :
« Tempère tes ardeurs, vampire. A l'inverse des fuyards épuisés que vous avez combattu sur le pont, ces hommes sont reposés et bien équipés. Même sans l'avantage du verre noir, je doute que vous parveniez à survivre si un affrontement devait avoir lieu. »
Le Prêcheur ramena ensuite son attention sur sa geôlière, laquelle devait certainement maudire tous les esprits face à ce revirement de situations. Toutefois, conscient qu'il ne serait d'aucun intérêt pour lui d'avoir à risquer perdre plus de vies encore, fut-ce pour abattre deux vampires qui avaient eu l'impudence de se mettre sur sa route, Aldakin prit l'initiative d'ouvrir les négociations de sa propre libération :
« Tu as échappé à notre première rencontre, j'échappe à notre seconde, peut-être serait-il plus raisonnable d'attendre la troisième pour décider de celui qui tuera l'autre ? Je n'ai aucun intérêt à sacrifier le peu d'hommes qu'il me reste pour vous tuer tous deux, j'ai d'autres projets à mener. Aussi, voici ce que je te propose : libère moi et que chacun s'en retourne à son destin propre, nous nous retrouverons bien assez tôt. »
Une fois qu'il aurait démêlé les obscurs filaments du récit que lui avait narré le Voyageur, par exemple, et qu'il se serait assuré de ce que ses actes servaient véritablement la volonté du Néant et non pas celle d'un quelconque intermédiaire qui se serait joué des sentiments de l'Aînée. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Un chasseur sachant chasser. [PV Norwen, Eliowir] Jeu 21 Mai 2015 - 22:54 | |
| Blablabla, par tous les esprits, cet alayen était pire qu'une jeune fille amoureuse. S'il continuait à ne pas cesser de jacasser comme une pie, elle allait devoir lui arracher la langue. Au moins, il serait vivant. Un bout en moins.
« -Il vaut mieux que nous mourrions tous ensemble que seul. Si tu crois que c'est là une menace qui me fait trembler, retourne donc à tes palabrations de dévots de Néant. Quand à ton bouclier, ils sont faits pour être brisé. Et ta foi inébranlable tout comme les autres.»
Norwen se stoppa net quand elle entendit comme son compagnon d'infortune de cette soirée. Elle huma l'air nocturne en tentant d'écouter les mouvements des nouveaux arrivants. Et maudits soient ces alayens. Trop attachés à leur prêcheur déçu. Oui de parfaits soldats vampiriques par la suite, mais pour l'heure, une complication. Mais pour le moment, il fallait trouver une solution. Et vite. Une dizaine contre deux.
« -Tu parles d'un savoureux nectar. Une bande de couards en fuite juste bon à venir remplir nos rangs dans l'espoir d'une meilleure vie. Quoiqu'en dise notre charmant prêcheur. »
Car aux yeux de la générale c'était là leur place aujourd'hui. Il n'y avait pas d'autres choix pour ce peuple déconfit et sur la voie de la perdition.
« -Oh eh bien, il faut croire que vos dévots fidèles ont encore l'espoir de revoir votre esprit revenir à vos côtés. Tu me plais prêcheur. Ta verve, ton assurance inébranlable, et ce monde dans lequel tu vis, bien loin du notre. Un conseil pour la suite, laisse ta fervente prière pour ton dernier souffle et cesse de parler pour ne rien dire. »
Parce que ça l'agaçait et la vampire n'avait pas envie en cet instant de l'entendre parler de telle chose. Non, il fallait qu'elle réfléchisse et qu'elle se calme avant tout.
« -Mais oui, nous nous retrouverons et cette fois-ci, je ne te laisserai pas partir : fin du monde, verre noir ou armée en renfort. Ou bien ton extrême générosité à ne pas tenter d’abîmer tes hommes face à nous. Ai-je le choix ? Je n'en n'ai pas l'impression. »
Ils étaient trop, des hommes sachant manier des armes face à une générale et un bébé aveugle. Non, il avait raison pour une fois. Ces paroles avaient un sens, il n'était pas dit que les deux créatures de la nuit puisse s'en sortir face à des hommes entraînés. Même pour deux vampires.
« -Le destin se joue de nous ce soir, mais je ne te louperai pas à notre prochaine rencontre, car elle aura lieu, je ferai tout pour, tu peux en être certain prêcheur du vide. Et cette fois, pas de faux semblant, pas de belles paroles ni d'échappatoire. Rien de tout cela.»
Non, rien ne l'empêcherait de faire taire cet oiseau de mauvaise augure et lui ferait passer encore l'envie de lui raconter ses prêchi prêcha néantique et inutile. Le regard assassin, les membres tendus, Norwen siffla entre ses dents, de façon méprisante au possible, la haine débordant de chaque pore de sa peau. Norwen allait faire demi tour et rien que cette idée elle en voudrait au monde entier. Lâchant les liens qui retenait le prêcheur, Norwen vociféra.
« -Reprenez votre maître et filez avant que nous changions d'avis. »
Les deux paumes en avant, mains ouvertes, Norwen laissa une brume des morts l'envelopper elle et son poulain du moment afin de disparaître dans un panache de fumée sans laisser la moindre possibilité que son adversaire et ses chiens de garde de les attraper par la suite. Car elle faisait autant confiance en ses paroles que ses actions, ce prêcheur savait parler et attaquer par derrière aussi bien qu'un lion paresseux. Sans le moindre mot pour son compagnon d'infortune, la générale fit demi-tour, en rage, enragée même. Elle bouillonnait de l'intérieur. Il ne paierait rien pour attendre. Elle prendrait un malin plaisir à entendre se rompre sous ses doigts ses os fragiles et friables. Oh oui, ce jour viendrait.
[Une conclusion pour moi. Merci pour ce rp]
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