Un bon bain vous dirait-il, Messire ? [TERMINE]

Sujet: Un bon bain vous dirait-il, Messire ? [TERMINE] Mar 18 Nov 2014 - 23:18

15 mars

Cela faisait quelques jours seulement qu'il avait eu ces terribles mais aussi magnifiques explications offertes par un certain millénaire. Ou comment prendre en accéléré des leçons sur les moeurs vampiriques. Il peinait encore à démêler l'écheveau de tout ce qui lui avait été explicitement ou implicitement révélé. Que ce soit au sujet des vampires en tant que peuple, ou que ce soit au sujet du millénaire qui avait révélé alors une autre facette de sa personnalité. Il peinait encore plus à démêler tout ce qu'il pouvait ressentir suite à cette... expérience... envoutement... ensorcellement ou quoique vous vouliez.

Ses idées depuis restaient un peu brumeuses, et il ne pouvait empêcher ses songes de s'envoler vers d'autres contrées, se rappelant les affres qui l'avaient enivré alors auprès du millénaire. Tout ce qu'il parvenait à retenir dans cet imbroglio de sensations et de pensées emmêlés étaient qu'il tenait au vampire. Il tenait au millénaire plus que tout et plus qu'il ne l'aurait pensé. Plus qu'il n'aurait osé se l'avouer. Pire même... Il l'aimait. Il n'avait jamais ressenti cela, mais oui... Oui, il devait se l'avouer, il était temps qu'il ne s'aveugle plus : le millénaire avait embrasé son vieux coeur d'elfe égoïste. Et cela le ravissait.

Cette pensée suffit à lui arracher un énième sourire béat, alors qu'il se dirigeait vers le lac souterrain. Pas qu'il souhaita se départir de l'odeur d'Achroma, mais il avait besoin d'un bon bain. Il détestait cette sensation d'être sale, crasseux, poussiéreux de trop rester dans ces sombres cavernes bleutées. Il n'avait aucune envie de risquer une quelconque sortie, cela aurait été folie. Il aurait bien sûr pu se laver à un simple broc d'eau... mais il avait envie de plonger à corps perdu dans ce salvateur élément. De s'immerger tout entier, et de sentir l'eau ruisseler sur lui. Il n'y avait alors que ce mystérieux lac souterrain. Et qu'importait les sombres rumeurs et autres légendes qui couraient à son sujet.

Il espérait seulement qu'il n'y aurait pas grand monde à son bord. Il avait envie d'un peu d'intimité. Ce fut donc avec une certaine joie qu'il aperçut la vaste étendue d'eau miroitant ses milles reflets bleutés sur ses flots calmes et reposants et sur les grandes parois de pierre de la caverne. D'un rapide regard circulaire, l'elfe ne remarqua pas âme qui vive, et son sourire ne put que s'élargir encore. Seul. Il était seul. Il allait donc pouvoir en profiter pleinement.

S'approchant de l'eau, il s'agenouilla d'abord devant, y trempa ses doigts, réprimant le frisson glacé qui lui courut le long de l'échine à ce contact froid et polaire. Tant pis, il avait bravé pire encore. Il avait bien trop envie de se baigner. Il se trempa franchement la main, puis le bras, faisant fi de mouiller alors la manche de sa tunique. Puis s'aspergea le visage, faisant ruisseler de l'eau le long de ses longues mèches blondes qui pendaient de chaque côté, comme cherchant à cacher ses vieilles balafres. Décidant que oui, l'eau n'était pas si froide et si insupportable que cela, il se leva promptement, et défit les premiers boutons du col de sa tunique. Il avait défait la moitié, sa tunique s'ouvrant alors jusqu'à mi torse... quand il croisa un regard dans les ombres non loin.

Et une silhouette se détachant d'elles. Aussitôt, l'elfe retint sa main et rabattit les pans défaits de sa tunique. Non, finalement non, il n'était pas seul. Autant pour un bon bain, sans doute devrait-il reporter cette saugrenue idée. Mieux valait. Oh, oui, mieux valait, songea-t-il, quand il reconnut qui s'avançait ainsi vers lui...

… Alors qu'il peinait à trouver des buts à son existence éternelle, que chaque chose qui pouvait l'atteindre était précieusement chérie, voilà qu'il se trouvait en présence d'une certaine contrariété. Enfin, par contrariété, il restait relativement poli et gardait plus ou moins son sang-froid quand il pensait cela. La vérité aurait été juste plus proche du volcan sur le point d'exploser et de recouvrir le monde de sa fureur mais il essayait de se contenir pour ne pas faire un carnage. Et autant l'avouer franchement, il n'avait guère le soutien de sa douce moitié : en ce sens, ils se ressemblaient énormément au vu de leur sens aiguë de la possessivité et elle tolérait très mal que son dragonnier s'attache à d'autres choses (les personnes étant aussi comprit dans les choses) que sa propre personne.

Kedrildan n'avait jamais eu grand chose dans sa vie et, il fallait l'avouer, pas grand-chose de positif. Aussi, de croiser le chemin de sa liée et de son maître, de retrouver son humain favoris et bien-aimé tenait plus du miracle désespéré qu'autre chose. Et s'il arrivait à peu près à bien gérer l'absence de son Havard, l'exclusion de son mentor de son quotidien le contrariait. La raison ? Son blond s'était trouvé une occupation tout aussi blonde que lui. Le pire ? Un elfe. C'était un elfe qui accaparait les pensées d'Achroma en plus de ses recherches et de sa dragonne. Du coup, le roux se sentait délaissé et démuni parce qu'il perdait ses repères. Et un vampire instable perdant ses repères, était un vampire qui risquait de devenir dangereux sur du long terme. Ou court terme. En fait, cela dépendait tout particulièrement de la résistance de son calme et de son pragmatisme. Hnn... Autant dire que cela frôlait le zéro absolu à ce sujet.

Et dire que cette raclure des sous-bois portait son odeur comme un conquérant le parfum de ses victoires... Et son maître qui sentait comme cette immondice... Cela lui donnait envie de vomir !

Vibrait de haine et de rancœur, Kedrildan cessa d'observer son maître en train de discuter avec il ne savait qui pour partir à la chasse de cet importun, le pistant et le traquant comme un animal des sous-bois qu'il allait abattre sans la moindre sommation. A moins qu'il le torturerait pour soulager son cœur meurtrit... Il méditerait sur la question au moment voulu. Le roux passa de longues heures à sa recherche de son ennemi, passant et repassant dans les cavernes en ombre silencieuse, le regard aussi tranchant et sanguinaire que ses dagues... Ses pas finirent par le mener jusqu'au lac où une légère fragrance dans l'air le mit enfin sur la bonne piste, après des heures sans réels résultats ! D'un pas déterminé, le dragonnier suivit le parfum jusqu'à voir une silhouette apparaître et se préciser, serrant entre ses doigts les pans de sa tunique d'un geste pudique. On dirait une pucelle honteuse de sa nudité face aux autres... Tsss...

« Tiens tiens tiens... Qui voilà donc... Seul en plus... Eliowir si je ne m'abuse... »

Malgré le sourire sur ses lèvres, on pouvait parfaitement deviner au ton venimeux de sa voix à quel point il était « ravit » de sa présence face à lui.

« Votre comportement m'interpelle toutefois... Alors que je me faisais une « joie » de vous tenir compagnie puisque nous avions si bien sympathisé le jour de votre arrestation par Lorenz, j'ai l'impression que vous avez l'air coupable... Auriez-vous fait quelque chose qui pourrait me blesser... »

Doucement, il lui tourna autour comme un requin autour de sa proie ensanglantée et agonisante avant que son nez frôle la peau fine de sa nuque.

« Attendez... Laissez-moi réfléchir... La délicate fragrance qui orne votre peau... On dirait bien celle de... Mon maître Achroma... N'est-ce pas ? »

La rage se mit à briller dans son regard et il le repoussa avec violence en le fixant avec dégoût, ses poings se serrant avec l'envie ardente d'embrasser brutalement sa pommette.

« Comment avez-vous pu faire une chose pareille... Je pensais qu'on s'entendait bien, qu'on pouvait devenir ami ! On s'était bien entendu tous les deux jusqu'aux négociations ! Et vous gâchez tout... Et vous gâchez tout en me volant ce qui est à moi ! Achroma est à moi ! C'est mon maître ! A moi ! Je n'ai que lui... Je ne vous laisserais pas me le prendre ! »

Avec hargne, Kedrildan s'élança vers lui, le poing en avant, près à lui coller une bonne droite au visage, le visage froissé par une haine viscérale et la détresse de perdre ce phare qui le guidait dans sa médiocre éternité.

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{hrp: j'espère que ça te convient sinon fais moi signe et puis, à toi de voir si tu veux stopper mon poing ou te laisser embrasser violemment avec xD}

Quelle bête se cache donc en nous ?

« Tiens tiens tiens... Qui voilà donc... Seul en plus... Eliowir si je ne m'abuse... »

Lui. De tous, il avait fallu que ce soit lui qui sorte ainsi des ombres. S'approchant à petits pas de fouine, de ses crocs aiguisés et de ses mots empoisonnés. Eliowir n'avait pas revu le vampire depuis... fort longtemps pour tout dire, et pour être honnête, il aurait aimé que cela reste ainsi. Leur dernière rencontre lui avait laissé un goût un peu amer. Pas qu'il ait rencontré lui-même quelque souci avec ce vampire tout feu tout flamme, mais plutôt de ce qu'il avait appris de lui...

Un tueur, un prédateur, un fou furieux, et surtout, surtout, un vil... vil... persécuteur d'enfants, pour ne pas dire pire. Le vieil elfe en avait encore des sueurs froides rien que de penser à ce qu'il avait appris, deviné, des demi mots révélés par un certain nordiste, de ses cauchemars éveillés. Ces révélations avaient alors gâché la vision agréable et salvatrice qu'il avait pu entr'apercevoir en ce vampire lors de sa première et désastreuse rencontre avec le prince noir. Le rouquin lui avait évité de se faire croquer par les sbires décérébrés qui composaient leurs troupes en fuite. Il l'avait sauvé même, s'était presque montré agréable, compréhensif, empathique en un certain sens. Autant qu'un vampire se pouvait tout du moins. Mais il avait su ensuite le monstre, la bête, le fauve affamé et enfiévré qui pouvait se cacher derrière ce beau minois souriant.

Et il ne parvenait à chasser les visions néfastes qui se jouaient alors en son esprit. D'autant moins que...

Que les paroles étranges et déroutantes du vampire sonnaient soudain comme un avertissement. un reproche. Mais que lui reprochait-il au juste ?

Si Eliowir avait ressenti un certain malaise à la vue et à la pensée de ce vampire, jamais il ne le lui avait montré, jamais ouvertement. Aurait-il pu faire, en effet, quelque chose qui aurait "blessé" ce fou damné ?

En plein désarroi de ne rien comprendre, Eliowir ne put que froncer les sourcils. Incapable de répondre. Et reculant alors que l'autre avançait toujours, en prédateur soudain assoiffé. Eliowir sentait une peur insidieuse se glisser en son coeur tambourinant, et dut faire appel à tout ce qu'il savait de maitrise pour controler les affres effrénés de son sang soudain pulsant.

Le vieux lion fut toutefois rapidement acculé, l'eau du lac venant doucement lécher les talons de ses bottes, l'empêchant de reculer plus encore sous peine de plonger dans les eaux glacées. Il tenta alors de s'écarter de côté, ce qui laissa à l'autre l'occasion de mieux tourner autour de lui. Visiblement, il ne parviendrait pas à échapper à la bête. Autant donc qu'il tente de l'affronter. Et de comprendre surtout pourquoi soudain ce revirement d'humeur envers lui.

Il ne put toutefois réprimer un frisson quand il sentit le souffle de l'autre sur sa nuque. Et quand un mot enfin résonna.

« Achroma »

Etait-ce donc cela ? Eliowir fronça de nouveau les sourcils, ne faisant aucun geste pour éviter la vive bourrade de l'autre qui le repoussait, comme dégoûté. Le vampire nourrissait-il quelque différent avec le millénaire ? Mais pourquoi s'en prendre alors à lui ? A moins qu'il ne s'agisse encore là d'un vice des vampires : s'en prendre aux êtres chers de ses ennemis pour mieux les affaiblir ? Oui, c'était là sans doute des perfidies dignes de nombreux êtres de nuit... Ou de politiciens avilis, les elfes avaient su se jouer de ses viles tactiques aussi, devait-il avouer.

Cette pensée alluma aussitôt une étincelle de volonté dans l'esprit de l'elfe. Si, par son lien avec le noble dragonnier, il était devenu une cible pour tenter de l'atteindre et de le toucher, alors il se devait de montrer que la cible ne serait pas si facile à pourfendre.

Il n'offrit toutefois toujours aucune réponse, laissant l'autre exprimer toute sa colère, sa rancoeur, et peut-être lui donner les clés de tout ce manège funèbre.

« Et vous gâchez tout en me volant ce qui est à moi ! Achroma est à moi ! C'est mon maître ! A moi ! Je n'ai que lui... Je ne vous laisserais pas me le prendre ! »

Oh, oh... songea Eliowir, soudain de nouveau confus. Donc il ne s'agissait pas là de bassesse quelconque pour blesser Achroma à travers lui. En un sens, le vieux lion en était soulagé, même si cette idée maintenant germée devait trouver résolution pour plus tard, pour d'autres occasions funestes.

Mais à peine ce soulagement l'envahit, qu'il sentit un poing féroce s'écraser contre sa pommette saillante, faisant gicler du sang en la tailladant violemment, et faisant mordre sa langue au vieil elfe. La force qu'avait mis le vampire à son impulsion fut telle, que le lion se retrouva projeté à terre, ou plutôt dans l'eau. Il y plongea tête la première, frissonnant férocement sous l'assaut des piqures de glace que l'eau lui infligea. Et s'empressa de rapidement remonter à la surface, tout en crachant le sang qui perlait dans sa bouche.

- Etes-vous donc fou ? fit-il, la voix vibrant d'étonnement et de colère mal contenue.

Il porta une main à sa joue, qui effectivement saignait à petites gouttes, et l'essuya d'un rapide revers de main.

- Que croyez-vous donc ? Que j'ai choisi votre millénaire simplement pour le plaisir de vous blesser ? Pauvre de vous, si vous croyez avoir tant d'importance pour l'elfe que je suis. Quant à sympathiser...

Il secoua la tête, ébouriffant alors ses cheveux mouillés.

- Je peine encore à comprendre la notion de sympathie des vampires, voyez-vous. Je doute toutefois qu'ils poussent le vice jusqu'à prétendre qu'un coup de poing soit une quelconque marque d'estime... hum ? Me trompé-je ?

Il fit alors quelques pas vers le bord, décidé à sortir de l'eau, mais avisa rapidement le fauve qui l'y attendait. Et qui peut-être était prêt à reprendre le combat. Pas sûr qu'à mains nues il gagnerait. Fort peu probable même. A distance il se devait de rester... Eliowir se figea donc, aux aguets.

- Je n'ai jamais voulu rien de vous, ni sympathiser, ni vous blesser. Et même si je vous suis reconnaissant de ce que vous avez fait pour moi lors de mon... incarcération auprès des vôtres...

Sa voix menaça de se fêler à ces odieux souvenirs.

- j'avoue ne pas trop savoir encore quoi penser de vous, quand on connait... ce dont vous êtes capable... comme avec un certain nordique.

Tout en parlant, il tentait de calculer ses chances et probabilités de ne pas se faire lapider par ce fou furieux, et, à son grand désarroi, il en vint à penser qu'il lui faudrait rester dans l'eau glacée. Il tremblait déjà presque, ses habits se faisaient lourds et risquaient de gêner ses mouvements ainsi empesés, mais... mais au moins, peut-être... si l'autre n'appréciait pas l'eau ? Et s'il le prenait de vitesse...

- Mais qu'importe tout cela, après tout. Qu'importe vous ou moi. Vous parlez d'Achroma, de votre Maître. Mais il n'est ni à vous ni à moi. Il est certes, beaucoup, en mon coeur et en mon âme. Il est certes Mon Millénaire dans mes rêves les plus honnis, mais il ne m'appartient pas, pas vraiment, pas plus qu'il ne vous appartient. Il est à lui. Il est au Dracos aussi. Il est à sa liée, éventuellement, tous deux ne faisant qu'un.

Et on pouvait soudain noter une petite pointe d'envie dans sa voix grave. Qu'il aurait donné cher pour pouvoir être cette liée, pour pouvoir partager un tel lien, une telle unicité. Tous deux, un en deux, deux en un, unique être, esprit uni... Oh oui, qu'il aurait donné cher. Sa vie, son âme. Lui. Mais il n'était pas ce lié. Il n'était pas, tout simplement.

- Mais il n'est ni à vous ni à moi.

"Et je le regrette sans doute autant que vous", ajouta-t-il en son for intérieur."Oh, oui, nous le regrettons fort aussi."

-Je pense qu'il est alors idiot de me reprocher... un quelconque lien avec... votre Maitre. Il est encore plus idiot de lui reprocher de se lier à d'autres êtres que vous... Idiot, que vous êtes ! hurlait-il soudain.

Le vieux lion laissa alors sa rage exploser à son tour et lança une explosion d'énergie* devant lui, en frappant violemment dans ses deux mains. Ce qui eut pour effet de propulser violemment l'eau sur le vampire en une gerbe cinglante. Eliowir ne put voir sous la flambée d'eau si le vampire fut repoussé aussi toutefois.

- Achroma n'appartient à personne. Et il serait égoïste de lui reprocher de se lier à d'autres, de se créer des liens, des alliés... Etes-vous donc si égoïste que vous ne voyez pas ce qui se joue autour de nous ? Votre Maitre a besoin de soutien, d'alliés, de personnes prêtes à se battre à ses cotés, à donner sa vie pour lui, ou sa non-vie, d'êtres dévoués prêts à tout donner, à se sacrifier aussi. Et si je puis en être, alors ce sera un honneur pour moi. Et si pour cela, je dois me battre contre vous, fou que vous êtes, alors soit !

Et se disant, il enchaina, sans même prendre le temps d'estimer l'effet de sa gerbe d'eau, en s'empressant de créer un dédale** autour du vampire. L'elfe tendit alors les deux mains vers le sol tout en fredonnant de sa voix grave un chant elfique tout de mélopée gravé, et les éleva doucement au fur et à mesure que le dédale se construisait.

Priant Dracos intérieurement qu'il fut assez rapide... Que l'autre ne le prenne pas de vitesse ou de furie...

*[Offensif] Explosion d'énergie
Crée un souffle de magie pure autour du lanceur qui repousse ce qui l'entoure dans un rayon de trois mètres.

**[Invocation] Dédale
Brindilles et pierres se dressent pour former un dédale labyrinthique entre le lanceur et son ennemi. Un mage plus puissant peut réduire ce dédale à néant et rendre brindilles et pierres à leur état d'origine. Il est également possible de se tailler un chemin au tranchant de l'épée... mais le lanceur aura peut-être pris la fuite à votre arrivée à l'autre bout du dédale...

[HJ : je peux bien entendu éditer si souci, n'hésite pas. Et à toi de voir si du coup le vampirou se prend la gerbe d'eau et/ou le dédale.. j'ai cru voir qu'il avait de bons réflexes donc... ^^ ]

Oh oui il était fou, fou de colère et de haine face à celui qui s'interposait entre lui et Achroma. Un autre avait essayé, un bébé, Zaphirel, mais il avait été tué assez rapidement : il n'était pas un bon vampire. Cela avait arrangé Kedrildan, il ne le nierait pas, n'ayant aucune compassion pour cette loque qui avait finit par mourir. Mais là c'était différent : il partageait la couche de son aîné et était un soldat, un guerrier, ce n'était pas un humain miteux et mou du bulbe cette fois-ci. Mais rien ne l'empêcherait de corriger cet impudent qui avait osé poser ses sales pattes sur son Maître ! Montrant les crocs comme un animal sauvage, feulant sa rage en le fusillant du regard, le roux tournait en rond sur le rivage comme un prédateur au pied d'un arbre dans lequel sa proie avait trouvé refuge. Il ne lui échapperait pas... Claquant néanmoins la langue d'agacement, il attrapa ses dagues et se mit en devoir de jouer avec sans le quitter un seul instant du regard, à l'affût de la moindre opportunité pour lui bondir dessus et lui arracher la gorge.

« Oh non, je n'ai plus l'audace et le narcissisme de croire que je suis « si cher à votre univers », mais il n'empêche que vous n'êtes pas digne d'un être pareil ! »

Ses crocs le démangeaient... Il rêvait de déchirer cette gorge si pale pour le laisser se vider de son sang ! Comme un porc dont il ne lui donnerait pas l'honneur de le boire !

« J'avais de l'estime et de l'affection pour vous ! Je ne vous ai jamais oublié quand j'ai été assigné à votre garde et votre protection ! J'ai été sincère en vous proposant mon amitié ! Mais quand je suis aller voir mon maître... Quand j'ai sentit votre odeur mêlé à la sienne... Quand il avait encore le regard perdu dans quelques rêveries sans remarquer ma présence... Je vous ai pisté jusqu'ici... Et maintenant, je vais vous faire regretter d'avoir fait une chose pareille... »

Droit et menaçant, il tendit l'une de ses dagues vers lui, le regard aussi tranchant que l'excroissance en métal qu'il avait entre les mains, promesses de le tourmenter autant que lui avait l'impression d'agonir face à une telle trahison.

« Ce que j'ai fait à Havard... Je l'ai rendu plus fort ! Je lui ai montré tout l'amour que j'avais pour lui et je l'ai élevé au-delà des siens ! Lui au moins est toujours en vie ! Le meilleur guerrier de sa race ! J'ai rendu meilleur l'enfant qui a vécu à mes côtés... Mais vous, vous avez tué le vôtre... Les langues se délient rapidement quand les gens savent qui vous êtes... Eliowir, celui qui a tué les siens, celui qui a tué son fils ! Moi le mien est encore en vie, la plus belle réussite de mon éternité ! Alors que vous, vous avez tué le vôtre, de vos mains... Qu'avez-vous fait ? L'avez-vous égorgé dans son sommeil ? L'avez-vous noyé ou étranglé ? Ou encore pendu ? »

Il soupira et baissa sa lame, le regardant d'un air déçu et peiné, l'amertume le saisissant à la gorge.

« Je ne vous ai jamais jugé sur cela et je n'aurais jamais utilisé ça contre vous... J'avais de l'estime et de l'admiration pour vous, ainsi que de l'amusement et de l'attachement. Je pensais que vous étiez d'accord pour être mon ami mais au final, je constate que les elfes ne valent guère mieux que les détritus humains... »

S'il avait été encore vivant, nul doute qu'il aurait pleuré de rage et de détresse...

« … Vous avez tort, il est à moi. Ne comprenez-vous rien espèce d'elfe incapable et imbécile ?! Il est mon soleil ! Celui qui m'a élevé au-delà de la fange dans laquelle je me noyais ! Il est le phare qui a donné un but à mon existence ! Il a tout de moi ! Il a mon âme et mon cœur ! Il a ma fidélité et ma loyauté ! Je serais heureux de me couper la tête si cela le rend heureux, si cela lui sauve la vie ! Ce qui se joue autour de nous, je m'en fiche éperdument ! Le monde peut bien s'écrouler, tant que mon Maître est là tout va bien ! Je ne survis que pour lui ! Je ne respire que pour lui, si l'on peut dire... Rien ne compte pour moi qu'Achroma et ma liée ! Il n'y a qu'eux ! Je n'ai qu'eux ! Et vous, vous me privez de mon Maître bien-aimé... Je vous hais ! »

Il était trempé par la gerbe d'eau mais il ne sentait plus le froid cinglant depuis des siècles alors il était toujours armé et prêt à en découvre. Seulement, il ne s'attendait pas à ce qu'un dédale surgisse entre eux, lui faisant écarquiller les yeux de surprise. Merde alors ! Comment allait-il faire à présent ?! Se mordant les lèvres, il rengaina ses dagues et escalada le mur jusqu'à se trouver en équilibre dessus, repérant sa proie avant de courir sur le dédale pour le rattraper : il n'aurait jamais été assez puissant pour le démolir et se perdre dedans demanderait beaucoup trop de temps ; la meilleure solution était donc de passer par dessus. Ce qu'il fit sans sourciller alors qu'il se diriger à grande vitesse vers l'objet de sa rancoeur.

Une fois de l'autre côté du dédale, Kedrildan prit son élan et bondit sur Eliowir, roulant avec lui dans l'eau jusqu'à se retrouver sur lui.

« Je t'ai eu... Que dirais-tu de me donner un œil en guise de récompense... »

Lentement, il pesa sur son bassin et lui montra ses deux dagues avec un plaisir sadique.

« L'une nécrose les chaires jusqu'à ce que l'individu développe la gangrène avant de mourir lentement et douloureusement. La seconde déssèche la victime jusqu'à ce qu'elle meurt de soif... Lentement et douloureusement... Que choisis-tu ? »

Penchant la tête sur le côté, le regard fou et torturé, hanté par la rage et la détresse, Kedrildan lui fit un sourire jusqu'aux oreilles, les crocs luisant de bave bien en évidence.

Quand Eliowir vit le dédale presque engloutir le vampire, le faisant disparaître de sa vue, il s'empressa de tenter de regagner le bord du lac. Il ne fut toutefois pas assez rapide. Il n'était qu'à quelques mètres de la terre ferme, quand le vampire réapparut, trônant sur un des murs du dédale, et courant en sa direction. Il n'était plus qu'à quelques pas quand finalement le vampire lui sauta dessus. Maudissant de n'avoir été plus rapide, et surtout maudissant son manque de réactivité pour ne pas avoir jeté un autre sort sur le vampire quand il en était encore temps, il menaçait à tout instant de se noyer dans l'eau du lac, alors que l'autre pesait sur lui.

Ils étaient certes tombés près du bord, l'eau étant encore peu profonde alors, mais dans cette position allongé, sur le dos, un vampire pesant de tout son poids et surtout toute sa force sur son bassin, l'elfe luttait pour garder la tête hors de l'eau.

« Je t'ai eu... Que dirais-tu de me donner un œil en guise de récompense... »

Fou. ce vampire était fou. Il le savait déjà, l'avait déjà su, avant même qu'ils ne se revoient en ce funeste endroit. Il l'avait su dès leur première rencontre en fait, même si la folie du vampire lui avait paru alors plutôt sympathique et à son avantage. Oui, il se souvenait aussi. Il n'avait eu de cesse lors de leur première rencontre de se demander si ce vampire se jouait de lui ou s'il était sincère. Sincère... Comme si ce mot existait pour le commun des vampires ! Estime et affection, osait-il dire alors ! Comme si un vampire tel que lui était réellement capable d'une quelconque estime ou d'une quelconque affection. Tout cela n'était que folie.

Il en avait eu confirmation lors des confessions difficiles et âpres, violentes et amères, du jeune Svenn. Mais là... Là, il en était directement l'objet. Il devait avouer que le vampire était doué pour frapper les points faibles de ses cibles. Et l'une de celles du vieil elfe était... son fils décédé. Tué de ses mains. Son infanticide. Oh, oui, les langues se déliaient, maudites soient-elles. Ce coup-là avait bien failli être fatal à Eliowir bien plus encore que tout coup physique ou magique. Il avait dû faire appel à toute sa hargne et l'avait fait pulser dans sa magie, pour frapper à son tour le vampire. Sauf que lui... Lui ne savait pas visé les points faibles de l'autre. Il ne les connaissait tout simplement pas.

Quoique...

Quoique... Une soudaine idée germait en son esprit. Mais encore fallait-il qu'il parvienne à la mettre en oeuvre. Pour l'heure il n'était pas en position pour se faire, ainsi sous les fers du fou. Et quand on connaissait ce dont était capable de fou-là, ce n'était en rien rassurant. Surtout quand le fou s'empressait de vous décrire les effets si recherchés de ses armes.

Laquelle il choisissait ? Aucune avait-il envie de répondre. Mais il doutait que ces mots-là soient jugés comme valables... Frissonnant à la vue des dagues et des crocs menaçants, l'elfe se permit quelques secondes de latence. D'attente. Lourde et pesante. Avant d'enfin répondre d'une voix grave et profonde, où perlait une certaine colère. Et où il tentait de réprimer une certaine peur aussi...

- Vous dîtes que vous lui avez juré fidélité et loyauté et que vous vous couperiez la tête si cela rendait heureux... notre...

Il dut faire appel à toute sa bonne volonté pour se corriger.

- votre... millénaire. Mais il ne vous demande rien de tout cela. Il vous demande peut-être juste... un peu de liberté ? la liberté de partager son coeur ? Je ne vous prive de rien, ou du moins je ne le souhaite nullement. Je n'abandonnerai pas Sire Seithvelj, mais cela n'est en rien pour vous blesser ou pour vous spoiler de ce que vous semblez chérir.

Les vampires et leur possessivité... Voilà une des leçons qu'il comprenait de plus en plus en tout cas.

- Mais ce serait, je pense, insultant de considérer qu'Achroma soit incapable de réserver une place de choix en son coeur, même mort, ou en son âme, pour tous. Pensez-vous vraiment que, parce que ses yeux et son attention se tournent parfois vers d'autres, il vous oublie pour autant ?

Qu'il lui était dur de prononcer ces mots-là. Qu'il lui était dur de concéder cela pour un autre... Car oui, il devait avouer, qu'en son propre coeur, à ses mots, qu'il trouvait pourtant justes et justifiés, sincères même en un sens, il ne pouvait nier la jalousie latente, montante, qui le submergeait peu à peu et menaçait de le noyer bien plus sûrement que l'eau froide du lac qui lui léchait le visage.

- Que vous êtes égoïste, susurra-t-il soudain, la colère grondante refaisant soudain surface.

Sans qu'il ne parvienne à savoir s'il insultait l'autre ou s'il s'insultait lui-même. Oui, le vampire était bien égoïste. Et lui, vieil elfe, l'était tout autant. Car il devait avouer... vouloir lui aussi garder le millénaire rien que pour lui. Juste... juste eux deux, tous deux, seuls, sans personne d'autre, à jamais. Voilà ce que criait son coeur honni, de concert avec celui à jamais muet du vampire le menaçant.

Et soudain, n'y tenant plus, il envoya une autre onde de choc, en frappant des deux mains devant lui, espérant expulser le vampire de sur son bassin. C'était sans compter que l'onde expulsa aussi une gerbe d'eau, et manqua cette fois véritablement de l'étouffer...

Sa mâchoire le lançait atrocement. Alors qu'il avait vaincu le dédale et trônait sur lui, lui proposant gentiment de le rétribuer de son œil pour mourir au final lentement et douloureusement, cette atrocité couturée le frappa violemment avec sa magie. Il lui avait même couper la lèvre cette horreur avec la force qu'elle avait mit dedans ! Hoquetant en le regardant avec surprise, il posa ses doigts sur sa bouche avant de les regarder, éberlué avant de fulminer de rage en voyant les petites perles couleur rubis luire sur sa peau laiteuse. Comment avait-il osé...

« Il semblerait que nous nous soyons mal comprit, elfe... Peut-être devrais-je cesser de demander votre avis et de palabrer pour agir en conséquence et mettre un terme à l'agonie dont je voulais vous faire subir... »

Baissant tout doucement Plaie, Kedrildan eut juste le temps de frôler sa paupière sans le perforer avant de l'entendre lui parler. Que... Plissant le nez de méfiance, le dragonnier écarta sa lame pour l'écouter : peut-être désirait-il faire pénitence ? Il n'aimait pas les morts inutiles alors s'il pouvait éviter d'en arriver là avec l'elfe, ce serait vraiment bien. Prudent, il plongea son regard dans le sien et attendit en rengainant ses dagues, attentif, l'encourageant à développer son plaidoyer. Son millénaire... Oui son Achroma... Eliowir commençait à saisir apparemment. S'adoucissant un peu, il ne put s'empêcher de se braquer à la suite de ses propos, mais pas un braquage violent hein ? Un braquage comme quand on montre une erreur que l'on a faite. Se mordant les lèvres, il plissa le nez en faisant tourner ses méninges, un peu paniqué pour le coup.

La liberté... Combien de fois avait-il ardemment demandé la même chose ? Jusqu'à ce qu'il lui tende la main. Il l'avait changé, il l'avait amélioré, s'il était tout ce qu'il était à présent, c'était grâce à lui. Bien que faussement râleur, il n'avait jamais cherché à désobéir à la moindre de ses demandes, au contraire : il faisait tout pour lui plaire. Est-ce que la ferveur et l’idolâtrie du roux lui pesait au point de se sentir entravé ? Lui aurait-il dit cela, aurait-il été capable de plonger son regard dans le sien pour lui lancer qu'il l'étouffait ? Oui, on parlait d'Achroma après tout. Mais il ne l'avait pas fait... Alors c'était sûrement qu'il ne devait pas se sentir comme ça n'est-ce pas ? Pour le coup, Kedrildan hésitait fortement sur son chemin de pensée.

« Quand j'étais humain, avant qu'elle ne meure, ma mère disait que l'amour que l'on ressentait pour une personne ne diminuait pas. C'était comme si un nouveau cœur poussait à côté de l'autre pour que ce nouvel amour fleurisse sans restreindre l'autre. Elle adorait me raconter ces histoires sur l'amour... Mais ce ne sont que des histoires, elles n'ont pas foi dans la réalité. »

Sa colère et sa haine retombèrent comme un vieux soufflé et toute la tristesse du monde se mit à ternir le regard émeraude jusqu'à ce qu'il soit terne et vide.

« Si je vous laisse faire Eliowir... Achroma m'oubliera... Vous serez là avec sa dragonne et moi je retournerais dans l'ombre... Je sais que la folie et la bêtise, l'impulsivité même, me font défaut, mais je l'aime... Je l'aime tellement... Seul vous avez réussit à le toucher... Et vous me prenez ma place... Je suis de nouveau seul... »

Fermant les yeux, serrant ses bras autour de lui, toujours trônant sur le bassin du blond, Kedrildan se prostra sur lui-même avant qu'une goutte ne tombe sur l'eau recouvrant partiellement l'elfe. Le roux était simplement en train de pleurer, chose qu'il n'avait pas fait depuis plus de quatre cent ans.

« Pourquoi m'avez vous retiré le seul trésor que j'avais... Havard, Achroma... Je n'ai plus personne... »

Il ne pouvait pas compter Trissi parce qu'elle était lui, la moitié de son âme et de son être. Sanglotant, aussi démuni qu'un orphelin, passant de la folie meurtrière aux pleurs déchirants d'un enfant d'un clignement de l'oeil, Kedrildan se sentit brisé. Et parce qu'il avait baissé la garde, parce qu'il était effondré, il ne vit pas l'elfe utiliser de nouveau sa magie, se faisant violemment expulsé de son coussin improvisé. Sa tête heurtant un rocher, Kedrildan s'était ouvert le front, pleurant toujours sa détresse alors qu'il attrapait d'une main tremblante sa dague pour se défendre, ou pour attaquer. Il ne savait plus...

Voir la dague se rapprocher dangereusement de lui, de ses yeux, la sentir même le caresser du plat de sa lame, fit frissonner l'elfe d'effroi. Heureusement, il réussit à freiner le geste de cet inconscient par ses mots. Et c'est avec un soulagement indicible qu'il vit le vampire fou rengainer ses armes. Oui, fou, fou qu'il était, de rengainer en présence d'un mage songea-t-il.

Un mage pouvait facilement prendre le dessus sur ses adversaires, aussi puissants soient-ils, avec de la ruse... et de la distance. Tant qu'un mage restait éloigné, il pouvait être une cible difficile. Par contre une fois au corps à corps, il devenait facile de maitriser un mage. Le réduire au silence, lui entraver les mains... Encore fallait-il ne pas baisser sa garde justement. Le vampire était-il fou, inconscient ? Ou songeait-il réellement à une trêve ?

Un court instant, l'elfe fut tenté de laisser à l'autre le bénéfice du doute. Mais bien vite le sinistre récit tout d'horreurs pétri d'un certain nordique se raviva en sa mémoire. Non, ce vampire était fou, imprévisible et était capable dans un instant de dégainer de nouveau. Mieux valait ne pas rester ainsi en position de faiblesse avec un être aussi instable. Une réelle bombe explosive ce vampire. Sans compter que le vieux lion avait peine à réfréner sa propre jalousie, sa propre rancoeur aux cris de rage, de désespoir et d'envie que le vampire lui offrait. Entendre l'autre oser dire aimer son... aimé à lui ! Le vieux lion sentait en lui un sentiment possessif l'étreindre, envers son beau et noble millénaire, tant et si bien qu'il ne put résister à l'envie de repousser son adversaire.

Ce fut alors une puissante onde de choc qui repoussa le rouquin.. et manqua également noyer le vieil elfe. Crachotant soudain toute l'eau qu'il avait sans le vouloir avalé sous son propre sort, Eliowir s'empressa de se relever. Ce fut alors un spectacle étrange qui s'offrit à lui. Etrange, déroutant, dérangeant... presque émouvant. Et jalousie fit place à une once de remord. Peut-être...

certes ce vampire était fou. Certes ce vampire avait commis ignominie, notamment avec Havard Svenn. Certes, ce vampire osait prétendre aimer Achroma, Son Achroma. Mais.... mais ce vampire semblait soudain si démuni, si faible, si... pathétique. Aussi pathétique que lui, en un sens, songea Eliowir.

Oui, lui aussi était pathétique. Aussi faible que lui, aussi esseulé, aussi solitaire. Lui, ancien banni, maudit infanticide, n'avait plus personne non plus. Si ce n'est Achroma, lui aussi. Et lui, contrairement au rouquin, n'avait pas même de Lié auquel se raccrocher. Et lui aussi avait commis des ignominies. Lui aussi demandait clémence et pardon à ses paires pour ces ignomnies passées. Et peut-être pouvait-on penser aussi à des erreurs de jeunesse pour un jeune vampire qui ne savait pas, pas vraiment, ce qu'il faisait ? La vampirisation était si... traumatisante en un sens. Perdre ce qu'on était, ses souvenirs, sa vie, son passé... On disait les nouveaux vampires si instables, si assoiffés, si... fous... Le rouquin n'avait-il pas droit à l'erreur ? Tout comme lui n'aurait-il pas droit à l'erreur ?

Non, songea-t-il, lui n'avait pas droit à l'erreur. Son erreur à lui n'était qu'abomination... Et lui avait su ce qu'il faisait, en un sens. Pas sur l'instant, mais... Mais lui était sensé être pleinement conscient du Bien et du Mal. Pas le jeune vampire, pas réellement du peu qu'il en avait compris. Pouvait-il donc lui accorder... si ce n'est pardon et seconde chance, du moins bénéfice du doute ?

Tel qu'il aurait aimé qu'on lui offrit aussi, en un sens...

Oui, sans doute, pouvait-il s'y essayer, pensa-t-il alors qu'enfin, trempé, les vêtements pesant lourds sur lui, menaçant de le ramener à l'eau, il se releva laborieusement, et un peu sonné. Ses yeux ne purent se détacher de la silhouette presque tremblotante qui lui faisait face contre un rocher. Le front ensanglanté.

Eliowir s'en approcha à pas feutrés, préférant par un arc de cercler approcher l'autre de son côté désarmé. Dès qu'il parvint à ses côtés, il apposa une main ferme et volontaire sur le poignet qui tenait la dague et tenta de le forcer à relâcher l'arme. Pas envie que l'autre fasse mumuse avec un tel bijou de torture, Dracos merci.

Puis, sans relâcher la main armée, l'elfe lanca un rapide sort de soin sur le front blessé, tentant de controler la maie pulsante en lui qui avait, parfois encore, tendance à se montrer un peu trop enthousiaste.

- Paix, jeune fou. Paix. Si nous estimons et portons tous deux ce noble millénaire en nos coeurs, alors peut-être nous faudrait-il...

Que cela lui coûtait, songea-t-il, ses mots hésitants. Mais si Achroma s'était attaché à ce vampire, c'est qu'il y tenait aussi en un sens. Et si Achroma y tenait tant... Oui, peut-être devraient-ils apprendre à s'accepter tous deux aussi. Pour le bien d'Achroma.

- Peut-être nous faudrait-il apprendre... à nous connaître ? A nous... estimer ?

Il ne put réprimer toutefois une moue dubitative.

- Il serait dommage d'imposer à Achroma de jouer les arbitres entre nous. Si tous deux voulons être à ses côtés, alors autant lui éviter toute peine inutile.

Et se disant, il relâcha le poignet, tout en s'écartant vivement d'un pas. Invitant toutefois l'autre d'une main à se relever.

Kedrildan était littéralement effondré. Misérable, trempé de la tête aux pieds, ses mèches pendant lamentablement autour de son visage, le rouquin reniflait en pleurant, les gros sanglots lui déchirants la gorge alors que la main tenant sa dague tremblait. Il avait l'impression que son monde s'était effondré... Il n'avait jamais rien eu pour lui. Piètre humain. Piètre vampire. Il n'avait vraiment rien d'exceptionnel. Mais Achroma avait dépassé tout ça, il lui avait tendu la main et l'avait instruit avec beaucoup de sagesse, de patience et de pédagogie, partageant rires et découvertes avec ce jeune esprit si avide de reconnaissance et pétillant de curiosité. Il y avait tellement de choses plus intéressantes qu'il ne l'avait cru durant ses longs siècles d'errance ! Et ça, Achroma avait su le partager avec lui ! Il n'était plus seul, il avait une famille, un être à chérir, à protéger, à rendre fier !

Et puis la guerre était arrivée. La malédiction aussi. Des tas de recherches sur tous les sujets préoccupants de ce monde en perdition. Moins de temps pour le roux, submergé par le travail et ses responsabilités. Quand avait-il pu dialoguer avec son maître pour la dernière fois ? Vraiment hein, pas entre deux catastrophes je voulais dire. Cela devait être depuis la chasse aux bégonias... Une éternité de toute évidence... Et maintenant, avec l'amour qu'il venait de trouver... Non, il n'avait définitivement plus le temps pour Kedrildan et il était clair qu'il n'allait pas tarder à l'abandonner, le laissant retourner dans les ombres en fermant cette parenthèse. Heureusement qu'il était mort parce qu'il aurait sûrement finit étranglé et noyé par ses propres larmes le pauvre ! Mais il se sentait brisé. Et apeuré. Il ne voulait plus connaître la solitude. N'ayant plus rien à craindre de la mort ou de la maladie, il avait enfin connu la chaleur de l'affection et, comme un papillon autour d'une bougie, il s'y était brûlé. Imaginer les siècles à venir, sur une Armanda peut-être pas entièrement ravagée, une errance dans la plus complète solitude... Cela le terrorisait atrocement.

Tressaillant en gémissant de douleur, le dragonnier ferma les yeux en reculant la tête alors qu'une magie étrangère le toucha, tirant sur sa main qu'on avait immobilisé. Que lui voulait-on ?! Ne pouvait-on pas le laisser hurler sa détresse en paix ?! Voulait-on à ce point rire de son malheur ?! Ouvrant les yeux, il eut la surprise de voir Eliowir à ses côtés, mais cela ne l'empêcha aucunement de le fusiller du regard, rengainant sa dague pour s'essuyer le visage de ses mains. Il était fier et silencieux mais ses larmes ne cessèrent de couler, lui faisant baisser misérablement ses yeux vers ses genoux.

« Je ne veux pas de votre pitié... Je hais la pitié... Elle n'aide en rien et détruit un peu plus les gens... Je sais que je suis pathétique et que vous me haïssez, je n'en ai cure d'ailleurs, mais cessez d'avoir pitié ou je vous arrache la langue et les yeux pour apprendre les bonnes manières... »

Reniflant bruyamment, sans aucune superbe ou dignité, il était difficile d'apporter foi et crédibilité à une telle déclaration. Mais cela, Kedrildan s'en fichait. D'ailleurs, il n'y avait pas que sa bravade qui manquait d'assurance et de véracité.

« Allons, elfe, ne me prenez pas pour une cervelle de moineau. Je vous ai estimé et respecté, j'aurais aimé vous connaître. Mais par mes actions, vous m'avez repoussé et tout prit. Ce n'est pas moi qui ait un travail à faire sur soi, mais bien vous parce que vous me haïssez. Je le sens... Ces effluves acides et rouges, parce que j'aime Achroma et parce que Havard a été torturé par mes bons soins. La haine ne s'en va jamais vraiment... Je hais la race des Hommes, ces immondes porcs à qui on donne trop d'honneur et d'utilité quand on les boit. Je les ai hais et je les haïrais jusqu'à disparaître de la surface de ce monde, même si cela s'atténuera avec le temps, je ressentirais toujours ce dégoût, ce marasme amer en moi à leur égard. »

Abattu, Kedrildan finit par se relever, le regard terne, ses larmes se confondant avec les gouttes d'eau qui cascadaient le long de son visage de porcelaine.

« Vous connaître et avoir votre amitié... Voilà un souhait que j'aurais aimé avoir il y a bien des années... Un honneur que vous ne m'avez jamais attribué à cause de mes actes sur mon humain... Un honneur auquel je n'aspire plus au jour d'aujourd'hui... Achroma n'aura jamais à faire l'arbitre entre nous parce que jamais je n'oserais étaler nos conflits jusque sous ses yeux, il n'a pas besoin de cela, en particulier en cet époque troublée... »

S'étirant en se redressant, le roux le toisa de son regard vide et tranchant avant de lui tourner le dos, toujours les larmes de détresse sur le visage.

« Vous vivrez, elfe. Je ne chercherais plus à vous tuer. Mais c'est tout ce que vous gagnerez de ma part. Je vous hais, pour tout ce que vous me faites alors que je vous estimais tellement à l'époque. Et je me déteste d'avoir eu la sentimentalité de croire que l'on pouvait être ami... Mais vu que vous ne comprenez rien, je ne peux m'attendre à une lueur d'intelligence de votre part... »

Méprisant, bête blessée qu'il était, Kedrildan finit par s'éloigner lentement en direction de la berge, ses bras serrées autour de sa carcasse alors qu'il regardait devant lui sans voir. Il faisait beaucoup dans le mélodramatique pathétique mais au vu de son passif psychologique et familiale, il faisait tout simplement son deuil d'Achroma...

Eliowir tenta d'ignorer le regard furibond qui lui fut offert. un regard qui d'ailleurs perdait beaucoup de sa superbe avec les trainées de larmes légèrement teintées de carmin qui sillonnait le fin visage du vampire. Voir un vampire pleurer était tout de suite moins impressionnant, il fallait bien l'admettre. Et cela ravivait soudain la curiosité légendaire du vieil elfe envers ce peuple, si fier, si hautain, si agressif et si violent. Un peuple qui sous ses dehors sauvages étaient capables de sentiments, d'un reliquat de remords et de conscience, comme le lui avait montré un certain millénaire... mais qui était aussi capable de peine, de tristesse et de douleur morale, comme le lui montrait maintenant ce flamboyant rouquin.

Un rouquin enflammé aux flammes duquel il n'était pas bien sûr de vouloir se brûler, ni même se réchauffer. C'était là, le pensait-il, des flammes traitresses, des flammes folles, qui se haussaient de toute leur grandeur aux moindres braises même mourantes et qui étaient capables alors de tout consumer sur leur passage. Même le plus aride des terrains. Non, vraiment, il préférait ne pas trop les titiller. Il n'avait aucune envie de s'embraser tout entier, âme comprise, comme un loup l'avait fait.

Sa curiosité n'en était pas moins avivée, et, tout à ses soins rapides, il ne put s'empêcher de dévisager l'autre, de dévisager les sillons de larmes surtout, se retenant à grande peine d'en tâter une trainée pour voir de quoi elles étaient faites exactement. Pas d'eau et de sels, assurément. De sang donc ?

Pitié ? Pitié, disait-il ? Oui, il était vrai qu'il y avait là de quoi avoir pitié. Et sans doute le lion au fond de lui en sentait-il une once s'esquisser. Mais elle était alors bien vite effacée face aux milles et une questions qui le taraudaient soudain sur ce peuple étrange. Même si le spécimen devant lui, tout aussi étrange, le fascinait autant qu'il l'effrayait. Et presque, presque, autant qu'il lui inspirait pitié, oui. Un savant mélange en soi.

L'elfe manqua toutefois d'éclater réellement de rire aux menaces du vampire. Il s'y retint à grand peine mais le fin sourire qui se dessinait soudain sous ses balafres parlaient bien plus encore qu'un rire tonitruant.

Un sourire qui ne devait pas être passé inaperçu, et qui sembla raviver colère et regain d'énergie au sang pleureur. Et soudain récriminations reprises. L'autre soufflait le chaud et le froid plus rapidement encore qu'une tornade. Par mesure de précaution, toujours sans mot dire, l'elfe s'empressa de reculer quelque peu. A une distance de sécurité. Savait-on jamais. Il avait certes réussi à maitriser le prédateur précédemment, mais il préférait ne pas retenter l'expérience. Pas téméraire non plus.... qui avait dit suicidaire ?

Dans tout ce laïus, qui commençait toutefois à lui échauffer ses nerfs de lion, un mot, entre tous, tilta en son esprit. Torturer. Ainsi donc le vampire reconnaissait bel et bien avoir torturer le jeune humain. Certes, il s'en défendait encore en prétextant l'avoir modelé, ciselé, en une image plus forte et plus... certes le vampire ne concédait en cela aucun mal, aucune souffrance réelle pour l'humain à l'âme si différente d'une créature de nuit... certes, oui. Mais le mot torturer se faisait jour quand même. Etait-ce cela alors que Achroma avait su percevoir en ce jeune éperdu ? Le doute s'insinua alors dans les méandres de son coeur d'elfe obtus. Et si...

Oui, et si le vampire, finalement, n'avait pas tout à fait tord ? Pas concernant le jeune Svenn, cela s'entend. Non, mais concernant... le concernant lui-même en fait. Avait-il vu juste ? Avait-il sur lire en lui une part que l'elfe n'avait pas voulu voir, explorer ? Cette part qui... qui... avait tué ? Cette part qu'on nommait Infanticide. Au fond le vampire avait peut-être raison... Quelle était la différence entre eux deux ? Vil doute soudain qui l'empoisonnait, lentement mais sûrement. Plus sûrement que les dagues que lui avaient pourtant promises le jeune vampire...

Et en même temps que doute vicieux et silencieux, s'infiltra vive colère. Contre le vampire, pour proférer de tels propos outrageux. Et contre lui-même pour posséder en lui une part si vile et si honteuse.

Ce fut toutefois toujours en silence que l'elfe essuya les reproches et amères paroles de l'autre.

« Mais vu que vous ne comprenez rien, je ne peux m'attendre à une lueur d'intelligence de votre part... »

Et venait-il en outre de le traiter d'idiot ? Venait-il de le traiter de pourceau inculte et fourbe, pire encore que ces humains dépravés et si cupides ? Cette fois ce ne fut plus colère, mais fureur réelle. Fureur pour tout ce que cet autre osait lui reprocher, fureur pour tout ce que son propre autre lui reprochait dans son reflet si laid, fureur pour tout ce qu'il venait d'éprouver en si peu de temps concernant ces vampires... Fureur, violent brasier, qui, pire encore que les flammes du rouquin, le consumèrent jusqu'à la lie de sa vieille haine ancestrale.

Et sans même s'en rendre compte il se rua sur l'autre qui déjà s'éloignait de lui de cet air faussement hautain, si bassement nonchalant, et si pathétiquement mélodramatique, et l'agrippa férocement. Sans même comprendre ce qu'il faisait, il fit appel à toute sa force de lion et à toute la tempête de sa colère pour attraper vigoureusement le vampire presque à bras le corps avant de le trainer... dans le lac. Pourquoi cette soudaine lubie ? Il n'en sut rien. Il avait une brusque envie de noyer la vile créature, de broyer ce vil être qui l'avait si savamment empoisonné de ses doutes. Il avait envie.... d'il ne savait quoi.

Et sans même se demander ce qu'il voulait, il envoya l'autre se projeter au milieu du lac. Là où les profondeurs semblaient bien obscures. Là où l'on ne percevait plus le sol à travers les flots ni même de la pointe de ses pieds... Il ne prit même pas la peine de controler sa frénétique magie. Tant et si bien que le vampire fut projeté fort violemment.

Le bruit mat et fracassant que fit le corps tombant dans les eaux profondes fut alors écho aux propres cris de sa colère se fracassant contre sa raison. Par le Dracos, était-il fou ? Que faisait-il là ? venait-il réellement d'attaquer un vampire ? Et de tenter... de stupidement le noyer ? Tentative idiote et inepte en soi, n'est-il pas ? Un vampire ne noyait pas.

Un vampire ne se noyait pas. Un vampire ne pouvait se noyer. N'est-ce pas ?

...

N'est-ce pas ?

Drapé dans une dignité trouée, Kedrildan termina de lancer son venin au visage de l'elfe, marchant sur les miettes de son cœur. Achroma lui serait retiré pour toujours... D'un jour à l'autre, d'une convocation à l'autre, le blond pourrait lui dire au revoir pour s'en aller gambader dans les bras du mangeur de salade. La tétanie et la crise d'angoisse le guettaient dans un coin sombre, il pouvait sentir et entendre le fourmillement écœurant de leurs tentacules frôler ses mollets blancs. Qu'allait-il devenir... Dracos, il était si terrifié... Se noyant peu à peu dans ses tourments, il ne fit pas attention aux bruits d'un taureau en charge et ne put que hurler de surprise alors qu'on le soulevait pour le lancer.

« NNNNNNNNNNNNNNOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNNNNNNNN »

Battant des bras comme un pingouin essayant de voler, il ne cessait pas de hurler avant de s'étrangler dans l'eau après un plat atroce qui lui brisa les côtes. Pataugeant en criant de peur et de douleur, le roux se mit à couler à pic, le mouvement de ses bras et de ses jambes ralentissant peu à peu alors qu'il s'engourdissait à mesure qu'il sombrait.

« AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH-bloup... »

Sauf qu'un vampire n'avait pas besoin de respirer et ne pouvait mourir noyé. Et vu que Kedrildan ne savait absolument pas du tout nagé, c'était un peu comme si on avait balancé un cadavre dans la mer ou une ancre sans chaîne de maintien au bateau. Le regard levé vers la surface, le roux regardait autour de lui en paniquant, s'escrimant à hurler mais il n'y avait que des bulles qui s'échappaient de ses lèvres. Et il était incapable de réussir à remonter à la surface. Mais qu'allait-il devenir ?! Nourrirait-il les poissons jusqu'à ce qu'il ne reste que son squelette ?! Paniqué, battant les bras sans réussir à se dépêtrer de cette situation, le dragonnier s'emberlificota avec les algues, se retrouvant saucissonné.

… Au secours ?

Est-ce que quelqu'un remarquerait au moins qu'il manque quelqu'un ? Trissi ! S'agitant et se dandinant, il essaya de se concentrer pour attraper sa moitié d'âme... Qui l'envoya paître, trop occupé à conter fleurette avec les mâles de son espèce. Sympa... Merci... Grognant, Kedrildan ne cessait de se tourner comme il pouvait pour regarder autour de lui, frétillant quand les petits poissons se mettaient à le chatouiller en se faufilant dans ses vêtements pour voir s'il y avait quelque chose à grignoter dans le coin. Dracos tout puissant mais qu'est-ce qu'il allait devenir maintenant ?! A force de gigoter, le roux réussit à agripper l'un de ses poignard pour son plus grand bonheur et coupa laborieusement les algues qui le retenaient avant de s'en éloigner en battant frénétiquement des ~~nageoires~~ bras et jambes. Et maintenant qu'il était libre, il faisait quoi hein ?

Rien à droite, rien à gauche, rien en haut... Et il préférait ne pas regarder en bas : faire une crise d'angoisse au fin fond d'un lac c'était vraiment n'importe quoi. Déjà qu'il n'était pas sûr qu'on remarque son absence et sa présence dans le fond du lac, alors s'il va encore plus profond... Rien que d'y penser, il en paniqua encore plus ! Barbotant vaillamment, il finit par trouver un rocher et s'y agrippa comme une moule ou une bernique.

« … Bloup ? »

Il était vraiment couillon là comme ça... Allo ? Quelqu'un ? A l'aide ?

---

{hrp: un peu court je m'en excuse :/ tu me dis si ça te va pas hein?}

Un vampire ne se noyait peut-être pas au sens littéral du terme, mais en tout cas il pouvait couler, constata le vieil elfe, soudain dépité face à ce spectacle étrange que celui d'un vampire, censé être une créature noble et digne en toute circonstance, dangereux prédateur des autres bipèdes armandéens, qui battait des bras à tout va en hurlant et en coulant. Etait-ce lui ou il voyait vraiment des bulles émerger à la surface du lac là où venait de disparaitre ledit vampire ? Et l'auréole de flammes que faisaient alors les cheveux du rouquin semblant s'enfoncer plus et plus encore...

Par le Dracos... mais quel était cet hurluberlu de vampire capable du pire, des pires tortures, des pires atrocités, et en même temps si... si... si... ridicule ? Pathétique ? Catastrophique ? Pathétiquement catastrophique ? Etait-ce seulement possible ?

Eliowir, tout à ses sombres pensées, mit un petit temps à réagir. Il allait commencer à paniquer de ne pas voir l'autre remonter, quand il se rappela... que vampire l'autre était et donc mourir noyer il ne pouvait. En théorie du moins. Pouvait-il mourir de faim en restant ainsi coincé sous l'eau ? Ne pouvait-il pas.... par exemple marcher dans le fond jusqu'à atteindre une berge ? Ou peut-être le vampire avait-il tout simplement peur de l'eau ? Mais après tout... Peur ou non, qu'en avait-il affaire de ce vampire de malheur tout juste bon à se nourrir de crottes de dragons, lui qui avait voulu le tuer précédemment ?

Haussant alors les épaules, le vieil elfe commença à tourner les talons, et rebroussait chemin vers la sortie, loin, loin, loiiin de cet énergumène étrange, déroutant et savamment dangereux. Il était presque arrivé à l'une des entrées, quand, soudain, une idée, traitresse idée, s'insinua dans son esprit. Une idée portant le nom de Achroma. Millénaire. Digne dragonnier. Aimé. Un aimé qui semblait, pour il ne savait quelle raison, attaché à cet énergumène croulant au fond du lac. Par le Dracos, il était maudit.... S'il laissait là ce satané dragonnier de pacotille, nul doute qu'un autre lui en voudrait. Et s'il y avait bien une chose que l'elfe ne désirait pas, c'était qu'un certain millénaire lui en veuille. Il avait goûté une fois de sa colère (et de sa possessivité) et même si... hum... bref... il préférait ne pas revoir le dragon ressurgir chez son aimé.

Soupirant alors lourdement, Eliowir retourna sur ses pas. Défit tunique, bottes et pantalon, et plongea à la pêche au vampire. Il ne put toutefois retenir un sourire et laissa même échapper quelques bulles sous le ricanement qu'il peinait à controler, quand il aperçut Kedrildan. Ou plutôt des algues à la Kedrildan, la vase verdâtre du limon du lac se mêlant avec de belles nuances au roux flamme de ses cheveux. Magnifique spectacle. Délectable spectacle, dut-il avouer, en son for intérieur.

Le vieil elfe n'en cessa pas moins de nager vers lui. L'attrapant alors par le haut de la tunique, il le remonta avec lui, et, alors qu'ils perçaient enfin la surface du lac, ne put contenir davantage son hilarité. Il dut toutefois cesser son éclat de rire, quand il manqua boire la tasse, recrachant l'eau au goût infecte qui avait manqué de le noyer véritablement. Car lui, il pouvait se noyer, contrairement à ce... ce... cet algue mort-vivante. Et ricanant encore, il attrapa le vampire contre son torse, le calant d'un geste péremptoire et l'entraina vers un endroit où ils auraient pied.

- Cessez donc de bouger si vous voulez que je vous ramène à bon port, joli poisson, susurra-t-il à son oreille.

Sa voix toutefois n'appelait aucune réplique.

Une fois qu'il atteint une zone d'eau où ils pouvaient marcher, il s'empressa de repousser le vampire, même si son geste se fit sans brusquerie.

- Là vous ne devriez plus pouvoir jouer les naufragés, ricana-t-il légèrement, peinant à chasser son sourire mesquin.

Il dut faire appel à toute sa volonté pour ne pas de nouveau éclater de rire et se forcer un tant soit peu au sérieux.

- Alors ainsi, vous ne savez pas nager, cher vampire ? Ou avez-vous peur de l'eau ? Ou... Comment donc un vampire peut-il couler ainsi, par les crocs du Dracos ?!

Oui 'fin bon, il y avait des circonstances qui faisait que la dignité prédatrice et surpuissante des vampires n'existaient plus. Là, en l’occurrence, bah elle n'existait pas... Enfin, elle n'existait plus. Encore plus pitoyable et pathétique que jamais, Kedrildan coula comme une pierre, battant des bras et des jambes comme un poulet sans tête en train de couler. Lamentable... Une telle vision en ferait soupirer plus d'un de désespoir parce que là, la gloire vampirique bah elle se trouvait présentement dans les latrines. Coulant comme une pierre, le roux finit par se dépêtrer des algues pour se cramponner sur un bloc de granit comme une moule à son rocher. De mieux en mieux...

Un mouvement dans l'eau attira son attention et la détresse laissa place à la colère et à la surprise. C'est à cause de lui s'il se trouvait dans cette situation ! Pourquoi il nageait vers lui ?! Il voulait encore lui chercher des crosses ?! Qu'il vienne un peu là et il l'étranglerait avec les algues ! Na ! Et... Et en plus il se moquait de lui ?! Rouge de colère, il ne put s'empêcher de glapir de détresse en s'enroulant autour d'Eliowir, et rien à faire s'il l'en étranglait à cause de son étreinte poulpesque ! Toujours cramponné à lui quand ils ont crevé la surface de l'eau, Kedrildan crachota misérablement, toussant en vomissant l'eau que son cadavre avait absorbé comme s'il était une grande éponge.

« Beuh... »

Roh fichu journée de merde... Continuant de tousser en étant poulpisé à Eliowir, le roux tremblotait comme un vieux flan, s'en fichant comme d'une guigne que l'autre se moquait de lui à s'en casser les côtes. Trop d'émotions... Il voulait rentrer dans sa tente et cuver en paix. Qu'on l'oublie surtout.

« L-le joli poisson vous emmm-mmmerde... »

Grognant, Kedrildan ne cessa pas pourtant de s'accrocher à lui, aussi crispé que s'il avait un balai dans les fesses, tétanisé à l'idée qu'il le rejette dans l'eau. Finit les bains pour lui en tout cas ! Il se laverait en se frottant contre le granit des grottes, ça sera beaucoup plus prudent. Une fois à terre, le roux recula précipitamment pour s'éloigner le plus possible de cet élément du Néant, grelottant avant de se débarrasser de tous ses vêtements, finissant complètement nu, aussi nu que le jour de sa naissance en tant qu'humain. Se sentant un peu et sans aucune once de pudeur, il fusilla l'elfe du regard et s'ébroua comme un chien en en mettant partout avant d'attraper ses habits en lin pour les tordre jusqu'à ce qu'ils aient dégorgé de toute leur eau.

« Qu'est-ce que ça peut vous foutre... J'ai peur de la flotte et j'sais pas nager, et alors ?! C'est pas la fin d'Armanda quand même ! »

Grommelant en continuant d'essorer ses vêtements, le kiki à l'air, Kedrildan arriva à se calmer peu à peu, honteux et contrarié.

« C'est simple, vous jetez une pierre dans l'eau et vous avez un vampire coulant dans la flotte. C'pas compliqué espèce de débile... »

De mauvaise foi, il lâcha son haut pour l'étaler sur un rocher plat avant de faire de même pour son pantalon, le tordant entre ses doigts pour l'essorer. Vu la situation, il était bon pour rentrer dans sa tente complètement nu... Et son petit doigts lui racontait qu'il aurait pas mal d'ennuis en échange. Tssss... Une vraie journée pourrie à souhait.

« Parce que vous savez nager vous peut-être ? Vous ressemblez à une serpillière moisit et quand vous nagez, on dirait une tortue manchot ! »

Oui bon c'était petit et minable mais il avait perdu toute sa superbe il y avait un bon moment déjà. Oui il ne savait pas nager et alors ?! Des tas de gens ne savaient pas nager et c'était pas la mort non plus ?! Bon... Peut-être qu'il faudrait qu'il y remédie... Un jour... Peut-être... Bah il était pas pressé hein, pas pressé du tout même. Un coup d’œil craintif vers l'eau du lac le fit grimacer et frissonner. Mouais, vraiment pas du tout pressé...

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{hrp: navré pour le retard}

En temps ordinaire, et même quelques instants plus tôt à peine, les grossièretés du vampire auraient fait rugir le lion de colère et de sentiment outragé. Son sens aiguisé de la politesse et des bonnes convenances en aurait été choqué, outré et scandalisé. Mais en cet instant précis...

En cet instant précis, ceci ne fit que redoubler le soudain amusement du vieil elfe. Il avait envie de rire à gorge déployée, de se moquer à outrance de ce soi-disant dangereux prédateur qui, quelques minutes plus tôt, l'avait menacé, attaqué, et lui avait vociféré mille et une promesses de mort. Et tout ça pour quoi ? Pour qu'au final ledit prédateur, le dit vil spadassin en puissance, jaloux que son millénaire de maitre ait choisi de s'attacher à quelqu'un d'autre et surtout à un elfe, finisse pourrir au fond d'un lac pour la simple bonne raison qu'il ne savait pas "nager" ? Non, vraiment, c'était trop jouissif pour qu'il n'en profite pas. Vile revanche peut-être, mais le sentiment était trop doux pour ne pas être savouré.

Son sens diplomate toutefois n'osa pas pousser l'affront jusqu'à éterniser son rire. Même si un sourire taquin et moqueur ne parvenait à s'effacer de son visage. Quand bien même il dut lutter lui-même pour ne pas réellement couler ou boire la tasse parce que la poulpe vivante qu'était devenu le vampire menaçait de lui enfoncer la tête sous l'eau quand ce n'était pas de l'étrangler. A croire que le vil suceur de sang voulait en profiter pour se débarrasser de lui...

Et, alors qu'ils avaient enfin atteint la berge, le vieil elfe eut droit à un spectacle assez.... assez... osé. Voir le rouquin ainsi en tenue de nouveau né était assez... avouons-le... intéressant. Sans aucune honte, sans même s'en rendre compte, loin de détourner le regard comme la décence l'aurait voulu, le lion détailla consciencieusement l'autre ainsi exposé. Sans se rendre compte non plus que lui-même n'était guère en meilleur appareil, si ce n'est les braies qu'il portait encore mais qui le moulait éhontément.

Il observa l'autre s'efforcer d'essorer ses vêtements et de les faire sécher sur un rocher, songeant que décidément ce vampire était bien étrange. Et où était donc Mère Magie ? Et d'un sort rapidement esquissé Eliowir sécha les vêtements du vampire, tout en haussant les épaules comme pour justifier cet étrange geste.

« Parce que vous savez nager vous peut-être ? Vous ressemblez à une serpillière moisit et quand vous nagez, on dirait une tortue manchot ! »

- Oui je sais nager. Peut-être comme une tortue manchot mais au moins je sais nager et je ne coule pas comme une vieille pierre perdue, rétorqua-t-il, d'un ton moqueur, ce sourire sardonique ne quittant pas ses lèvres pâles pour autant.

Son regard sur le vampire toutefois se fit soudain critique. Il songeait soudain que... peut-être...

Oui, peut-être... Pourrait-il... lui apprendre à nager ? Terrible, stupide, idiote idée que celle-là, très certainement. Une idée que l'autre refuserait sans doute, mais...

Mais, lui souffla une petite voix, c'est ce qu'aurait voulu te voir proposer Achroma. Quand bien même l'autre idiot poulpeux refusait, ce serait alors son problème, et il aurait fait lui, vieux lion, le premier pas. Oui, pour Achroma, peut-être, cette idée ne serait pas si stupide que cela. Et cela permettrait peut-être également qu'eux deux se rapprochent quelque peu. Pour Achroma une fois encore. Ils avaient commencé sur de bien mauvaises bases, et si en soi l'elfe n'en avait cure, il songeait que le millénaire en serait par contre peiné et en souffrirait. Nul doute que l'Ancien ne voudrait nullement choisir entre eux deux. Mais si c'était pour les voir sans cesse se chamailler, se tirailler, voire pire...

Non vraiment, ils devraient apprendre à mieux s'entendre. A défaut de s'apprécier réellement, ce qui n'était nullement gagné, au moins qu'ils apprennent à se tolérer. Voire à se connaitre. A se soutenir aussi dans les coups durs qui ne manqueraient pas de venir, aux côtés du millénaire...

C'est ainsi, pour toutes ces raisons, que l'elfe se décida. Prenant une puissante inspiration, il murmura, d'une voix à peine audible, tant il peinait à réaliser ce qu'il allait proposer :

- Une peur, quelqu'elle soit, peut se maitriser. Certaines plus difficilement que d'autres, mais on peut toujours apprendre à les maitriser, les dompter et les vaincre. Les chasser à jamais. Surtout avec de l'aide à nos côtés pour se faire. Je...

Il se racla la gorge, quelque peu gêné.

- Je pourrais vous apprendre à nager.

[HJ : rholala, que de retard... encore toutes mes excuses. Décidément, tu vas croire que je t'en veux... si tu en as marre, surtout n'hésite pas à me le dire (au pire on fait aussi une éclipse^^)]

Et il ne cessait de se gausser comme une baleine enrouée... Aucune menace ou injure ne semblait avoir prise sur lui parce que rien que la vue de la pauvre serpillière vampirique semblait le plonger dans une hilarité sans pareille. Tsss... Non mais dans quel monde vivions-nous, sérieux... Si même un dragonnier ne peut être prit au sérieux mais où va le monde je vous le demande ! Dracos qu'il rêvait d'effacer cet immonde petit rictus moqueur de son visage couturé... Grommelant en tordant ses vêtements avec plus de rage, Kedrildan rouspétait dans sa barbe invisible en lui lançant des œillade noires, s'en fichant comme d'une guigne de paraître pitoyable avec ses cheveux en mode bouquet d'algues, le corps mince et pâle, complètement nu. D'ailleurs il semblerait que sa nudité perturbe quelque peu l'elfe... Bien fait ! Ça lui passerait peut-être le goût de continuer à se gausser aussi impunément de sa magnifique et parfaite personne !

… Mouais. M'enfin sa surprise ne dura absolument pas, à sa plus grande frustration d'ailleurs. Lamentable... Si on ne peut même plus s'amuser aux dépens des autres, nous courrons droit vers le mur et c'est le roux qui vous le dit ! Faut dire que tremper comme un chien mouillé, il remarqua avec déception qu'il n'était pas trop mal fait de sa personne, plutôt même bien conservé le vieux machin. Achroma avait plutôt bon goût... Rien que de penser au millénaire cela l'enfonça dans sa déprime. Il fallait qu'il se détache du blond sinon il ne survivrait pas aux fluctuations dans son esprit : ce n'était plus lui qui le ferait s'avancer dans son éternité.

Un picotement lui donnant la chaire de poule attira son attention et Kedrildan haussa un sourcil à l'intention du blond histoire d'avoir quelques explications. Et non, ça ne lui était même pas venu à l'esprit d'utiliser la magie pour arranger son affaire.

« Ma beauté si parfaite vous troublait à ce point ?! Mon Maître ne vous suffit pas ?! »

Reniflant avec dédain, le nez en l'air, le roux attrapa ses vêtements secs et les enfila avec satisfaction : au moins le cuir ne piquera pas cette fois-ci et il n'aura pas l'obligation de racheter encore une tenue.

« La vieille pierre perdue vous invite à vous pendre... »

Kedrildan persifla de vexation en reculant quand même prudemment, histoire de ne pas se faire envoyer de nouveau dans le lac : une seule baignade de ce genre lui suffisait pour le reste de son existence. Lui tournant le dos, il ne vit le changement de son faciès, sa concentration d'il ne savait quelle préoccupation, trop obnubilé par l'état épouvantable de ses cheveux. De vieilles algues moisit... Mon Dracos... Il en aurait pour des jours et des jours à réussir à leur rendre leur éclat. La prochaine personne qui fait du tort à sa crinière se verra torturée pendant deux lunes au moins !

« Hm ? Qu'est-ce que vous dites ? »

Une moue pincée aux lèvres, le dragonnier laissa ses mèches reposer dans son dos alors qu'il se mit de profil en serrant ses bras autour de lui, un regard suspicieux en coin. Que lui voulait l'elfe... N'avait-il pas terminé de se moquer de lui ?!

« … Je vous demande pardon ?! »

Olà olà olà ! Une minute papillon ! Comment ça il voulait lui donner un coup de main ?! Ça cachait quelque chose... Encore plus prudent que jamais, se hérissant tout doucement, Kedrildan l'analysa du regard, pesant le pour et le contre de sa proposition. Déjà que le pourquoi d'un pareil échange lui faisait se poser des questions... Alors dire oui ou non, ce n'était pas non plus une partie de cartes.

« … Pourquoi j'accepterais une chose pareille ? Vous convoitez mon Maître, j'ai faillit vous tuer il y a peu et vous avez faillit me condamner à une errance sans fin au fond du lac. Ça vous paraît pas suspect ? »

Fronçant le nez, le roux se mit face à lui en serrant ses bras autour de lui plus fort, comme pour se protéger d'une nouvelle attaque.

« J'vois pas en quoi c'est votre affaire. Et j'ai pas peur j'vous dit ! J'sais juste pas nager... Bref, y'a rien qui me ferait accepter une chose pareille. Et puis j'suis sûr qu'Acrhoma vous a rien demandé ! »

Plissant les yeux, déterminé, le roux n'étiat pas du tout sur le point d'accepter. Quoique si ça venait de son Maître, qu'il avait ordonné à ce qu'il apprenne à nager... Non il ne lui désobéirait pas.

« Ma beauté si parfaite vous troublait à ce point ?! Mon Maître ne vous suffit pas ?! »

Eliowir préféra ne pas répondre à cette assertion. Pour tout avouer, il se sentait effectivement gêné par ses propres pensées. Par le fait d'avoir songé, ne serait-ce qu'un instant, que ce vampire, ce rouquin, était plutôt bien fait de sa personne. Cela avait été fugace, rapide, tel le vol éphémère d'un jeune papillon, et avait disparu aussi rapidement, le papillon s'étant sans doute brûlé à la vive lumière des flammes du roux. Mais rien que le fait d'y avoir pensé... c'était là choquant pour le vieux lion, d'avoir pensé ainsi vis à vis d'un homme. D'un homme autre qu'Achroma surtout. Et c'était également culpabilisant car.... c'était là tel une tromperie vis à vis du millénaire pour lequel son coeur battait pourtant si fort. Il s'en sentait alors troublé et mortifié. Et préféra garder silence aux réparties du vampire agacé.

Gardant également silence aux injures et autres acidités que l'autre tentait de lui offrir. Etrangement, ces paroles venimeuses n'avaient plus aucune prises sur lui. Pas alors que celui qui les lui offrait paraissait soudain si démuni, si... pas en pareil appareil, à savoir rien, désarmé, nu... et l'air presque perdu.

Hum. Bon si le rouquin ne voulait pas vaincre sa peur ni apprendre à nager, ce n'était pas sa faute, n'est-il pas ? Au moins, il en aurait fait la proposition. Si l'autre refusait... A l'autre ensuite d'assumer la possible déception du millénaire.... n'est-ce pas ?

N'est-ce pas ?

« … Pourquoi j'accepterais une chose pareille ? Vous convoitez mon Maître, j'ai faillit vous tuer il y a peu et vous avez faillit me condamner à une errance sans fin au fond du lac. Ça vous paraît pas suspect ? »

Oui, présenté ainsi, ca lui paraissait aussi suspect. Et dire que, justement, cette proposition n'était née que dans le but de plaire, ne pas déplaire, ou plutôt ne pas décevoir ledit millénaire, cela n'allait sans doute pas paraitre moins suspect. Pire même, cela risquait d'attiser de nouveau la vile jalousie déplacée, éhontée si l'on voulait son avis, de ce vampire ridicule.

Oui, ridicule. En cet instant, il ne paraissait aucunement menaçant. Comment avait-il ne serait-ce qu'un instant prendre peur de cette.... bête-là ? Comment avait-il pu ne serait-ce qu frémir à son approche ? Oui, ridicule. Non plus pathétique. Mais... Bref. A se demander s'il s'agissait vraiment d'un vampire.

« J'vois pas en quoi c'est votre affaire. Et j'ai pas peur j'vous dit ! J'sais juste pas nager... Bref, y'a rien qui me ferait accepter une chose pareille. Et puis j'suis sûr qu'Acrhoma vous a rien demandé ! »

- Non, effectivement, concéda-t-il enfin à répondre, sortant de ces songes mouvementés. Sire Seithvelj ne m'a rien demandé. Mais il n'a rien besoin de me demander pour que je sache, que je comprenne, ce qu'il aurait aimé me voir faire, me voir proposer. Il semble attaché à vous et il est attaché à moi, n'est-il pas ?

Sans doute n'était-il pas très judicieux de rappeler ce fait, cet attachement qui avait apparemment causé une telle crise de jalousie chez le rouquin, mais il devait bien émettre ce fait pour expliciter la suite...

- Que pensez-vous alors que notre millénaire aimerait pour nous deux ? Nous voir sans cesse nous battre ? Nous voir nous entre-déchirer devant ses yeux ? L'obliger presque à choisir l'un ou l'autre ce qu'il serait, peut-être...

Il aimerait tant que ce peut-être n'existât pas en fait, mais... Mais il devait avouer que tout cela était pour lui si récent, même si fort et puissant, que le peut-être existait sans aucun doute. Et son lion s'en récriait déjà de jalousie possessive. Mais non, ce n'était pas le moment de relancer ces enfantillages... A lui, le plus vieux, le plus expérimenté, de tenter de redresser la balance, de faire preuve d'un peu de sagesse.

Par le Dracos... Que cela lui demandait d'efforts toutefois !

- incapable de faire ? Que croyez-vous qu'il voudrait pour nous deux ?

Il laissa un court instant de silence, mais reprit bien rapidement, avant même que l'autre n'ait pu répondre.

- Moi je vais vous le dire, ce qu'il aurait aimé. Il voudrait nous voir nous tolérer. A défaut de pouvoir, peut-être, réellement nous aimer ou nous apprécier totalement. Il aimerait nous voir nous entre-aider. Il aimerait nous voir nous joindre main dans la main pour les temps durs à venir, il aimerait être sûr qu'en cas de danger, qu'en cas de souci, nous serons tous deux là pour le soutenir. Et pour nous protéger les uns les autres de tout danger. Voilà, je pense, ce qu'il aimerait.

Sa diatribe l'avait soudain bien essoufflé. Le vieil elfe dut alors prendre quelques secondes pour reprendre son souffle qui se faisait soudain saccadé.

- Voilà pourquoi j'ai eu la hardiesse de vous faire pareille proposition. Aussi suspecte soit-elle au vu de vos attaques envers ma personne, il est exact. Mais si je fais cela.... si je fais cela, c'est uniquement parce que je sais, au fond de moi, que c'est ce qu'aurait voulu Sire Seithvelj, c'est ce qu'il m'aurait peut-être bien demandé, s'il avait été là. C'est ce qu'il aurait voulu pour vous !

Voilà qui était dit. Maintenant à l'autre de décider ce qu'il voudrait. Il avait fait un effort suprême, et Achroma ne pourrait plus lui reprocher un refus venant de l'autre. N'est-ce pas ?

Fort de cette pensée, le vieil elfe redressa le maintien, en un mouvement de défi, puis, tournant les talons vers ses affaires, il reprit d'une voix plus calme :

- A vous de décider, Messire. Mais si vous le permettez, moi j'ai froid.

Et se disant, il se rhabilla. Si l'autre changeait d'avis, il n'aurait qu'à se déshabiller de nouveau. A se demander ce qu'il espérait lui-même d'ailleurs. Qu'il accepte et qu'ils aient une occasion de mieux se connaitre ? Qu'il refuse ? Un peu des deux peut-être.... Il n'aurait su dire en fait, il se sentait si confus, si troublé. Si.. perdu, lui aussi.

Il fallait qu'on lui explique là quand même... Le type, il avait cherché à le tuer avec ses poignards, le machin lui avait rendu la pareille en l'envoyant au fond du lac... Et là il lui proposait de lui apprendre à nager ?! Il n'y avait pas quelque chose qui vous choquait là par hasard ?! C'était limite aberrant, insultant pour l'intelligence ou au moins l'instinct de survie pour le roux. Qui accepterait sciemment une telle proposition avec le passif qu'il avait entre eux ? Pas quelqu'un de censé en tout cas. Haussant un fin sourcil roux, Kedrildan était tout simplement en train de se demander si l'elfe n'était pas juste en train de se moquer de lui encore plus... Ce n'était pas parce qu'il ne ressemblait plus à une vieille serpillière que forcément il n'était plus dangereux, attention ! Non mais dites donc !

Même le blond se rendait compte à quel point cela ressemblait à un non-sens ce qu'il venait de demander au roux. Non mais franchement... Ça c'était parce qu'ils se nourrissaient un peu de trop de verdure et d'eau ! Le mélange des deux rendait leurs neurones tellement spongieux et gluant qu'ils n'étaient plus capable de réfléchir avec aisance et intelligence ! Ils devraient essayer de se mettre un peu aux protéines et globules rouges, ils verront bien que finalement ce n'est pas si mal que ça de manger de la viande... Bon après il y avait les questions éthiques et morales mais ça, au fond, on s'en fichait comme du premier caleçon de Dracos. Bref. Et puis, même Achroma n'avait rien demandé ! Alors forcément, cette proposition était vraiment stupide.

« Nyanyanya... Un esprit dans deux corps... Mes fesses ouais ! »

Non mais oh là ! Une fusion ? Savoir ce que l'autre aurait aimé qu'on fasse ? Non mais ça suffit oui ! Il en avait pas marre de narguer le roux ?!

« Je suis beaucoup plus professionnel que vous ne semblez le croire, l'elfe ! Je n'exposerais jamais notre conflit aux yeux du Maître ! Alors, à moins que vous cafetiez comme un bébé vexé, il n'entendra rien de ma part à notre sujet ! Soyez un peu plus intelligence espèce d'incapable. »

Peuh... Décidément, cette espèce d'asperge blonde n'avait même pas deux sous de jugeote. C'était dire à quel point il ne tenait que peu à l'ancien : comme si le roux allait tourmenter son maître bien-aimé avec ce genre de chose, alors qu'il a tant à penser et s'occuper ! Mouais, pas sûr que cet Eliowir soit quelqu'un de vraiment bien pour Achroma... Il n'a pas l'air d'avoir une intelligence digne de l'aîné.

« Même sans vos beaux discours je vous aurais toléré en silence. Êtes-vous donc stupide à ce point ?! Je vous conseille vivement de cesser de sous-estimer mes sentiments pour mon maître espèce d'abruti congénital ! Jamais je ne lui ferais quelque chose pour lui déplaire, jamais je vous haïrais en sa présence ! Vous ne comptez plus pour moi Eliowir, je n'ai pas l'intention de vous aider en quoique ce soit, même si on est sur le point de voler ce souffle qui anime vos poumons... »

Le regard fermé, Kedrildan était littéralement imperméable aux sollicitations de l'elfe. Nouant maladroitement sa crinière, il réfléchissait à quoi faire, ou plutôt à quoi répondre à cette nouvelle tournure de situation. Si c'était un ordre de son aîné, nul doute qu'il obéirait sans réfléchir davantage... Il ne voulait pas passer plus de temps avec le vieil elfe, il voulait se rouler en boule dans un coin et réfléchir à tout ce qu'il venait de se passer entre eux. Dracos que tout était compliqué d'un coup... Le dragonnier grogna avant de se tourner vers l'elfe.

« … Si cela vient d'Achroma, alors j'accepterais votre proposition sans hésiter une seule seconde. C'est tout ce que vous obtiendrez de ma part, rien de plus. A vous de voir si cela vous convient ou si vous rentrez dans la couche de mon maître, la queue entre les jambes. »

Déterminé, il laissa l'opportunité à Eliowir de choisir, lui-même n'ayant ni vraiment accepté, ni vraiment refusé.

Le vieil elfe serra les dents face aux insultes qui revenaient en force. Non, ne pas céder de nouveau à cette indigne maitresse Colère. Il était, justement, du moins estima-t-il, plus intelligent que ça. Il ne se mettrait pas ou plutôt il ne se mettrait plus en colère pour un petit morveux vampirique qui ne savait pas de quel côté de la flamme brûler.

- S'il savait à quel point je n'en ai rien à faire qu'il veuille ou non m'aider, marmonna-t-il pour lui-même à voix basse.

Réalisant, un peu tard, que le vampire, avec l'ouïe fine qui caractérisait les siens, avait peut-être entendu. Boarf, après tout, ce n'était pas pire qu'un "espère d'incapable" ou "abruti congénital", songea le vieil elfe, quand bien même son amour de la politesse et des bonnes moeurs peinaient à supporter cette grossièreté outrancière.

Et était-il si obtus au point de ne pas comprendre ses mots ? N'avait-il pas déjà dit que non, cela ne venait pas directement d'Achroma mais que ce serait là ce qu'il aimerait ? Non, vraiment, parfois, il ne comprenait rien à ces vampires. Bon, d'accord, souvent...

- Je vous l'ai déjà dit, répondit-il d'une voix qui descendit d'un octave.

De cette voix qu'il prenait quand sa patience, bien frêle patience, était mise à rude épreuve, et qu'il devait faire appel à toute sa maitrîse de soi pour ne pas éclater d'agacement ou pire encore.

- Cela ne vient pas directement de Sire Seithvelj. Ce n'est pas un ordre de sa part. Il a assez de savoir vivre d'ailleurs pour ne rien nous ordonner, du moins quand les circonstances le permettent. Il aime laisser le choix aux autres. A eux de saisir la balle au bond... ou de la laisser tomber au loin, quitte à le regretter ensuite.

Et se disant, il releva dignement le menton en un geste de défi, dont il n'eut en fait nullement conscience, avant de tourner brutalement les talons, faisant voltiger ses cheveux blonds dans un majestueux tourbillon.

- A vous de choisir. A vous seul. Pas à moi. Pas à Achroma. Songez seulement à... ce que notre millénaire voudrait, pour vous, pour lui aussi, et peut-être pour sa cause.

Savoir nager après tout pourrait être fort utile dans certains moments décisifs, allez savoir...

- A vous de choisir en songeant à ce qu'il aurait aimé vous voir choisir éventuellement. Mais le choix vous revient. A vous, uniquement à vous, ajouta-t-il, tout en faisant un signe de main vers le vampire en s'éloignant à pas comptés vers l'eau, et tout en regardant le rouquin du coin de l'oeil par dessus son épaule.

Et, sans attendre la répondre de ce dernier, il plongea dans le lac, éclaboussant tout autour de lui, et s'amusant à faire quelques brassées. Se retournant vers le vampire, tout en nageant de dos, et en le narguant d'un petit sourire en coin. Puis reprenant son avancée, se détournant, et ne s'occupant plus que de l'eau, du lac... et de ce petit plaisir un peu mesquin qu'était narguer un vampire. Narguer CE vampire.

Cela, il le savait fort bien que ça ne venait pas des ordres de Achroma... Il y avait d'ailleurs bien longtemps qu'il n'en recevait plus. Certes, c'était la guerre et les stratégies guerrières et politiques, voire même spirituelles !, étaient d'une importance capitale ! Mais quand vous teniez à quelqu'un, ne fallait-il pas aussi lui prêter un minimum d'attention ? Il avait beau paraître pitoyable et pathétique, Kedrildan souhaitait simplement que quelqu'un fasse attention à lui et l'aime... Était-ce franchement si ridicule que ça à comprendre ? Ou risible ? Il voulait qu'on croit en lui et qu'on le soutienne, qu'on le sorte de cette solitude : il ne demandait au final pas de dominer le monde, de devenir le plus fort ou le plus puissant, le plus dangereux et meurtrier, son but était de trouver quelqu'un qui l'appréciait tel qu'il était et qu'on l'élève au-delà de la médiocrité de laquelle il s'efforçait de s'échapper. Alors, quand il apprit que son maître avait trouvé l'amour, s'éloignant encore plus de lui, le dragonnier avait vu rouge, certes, mais il avait vu aussi son frêle monde se briser... Et peu importe si quiconque trouvait cela lamentable qu'il recherche tant que ça l'affection et le regard de quelqu'un, c'était normal que de vouloir ne pas être seul dans le noir.

Maintenant qu'il ne pouvait pas le tuer et qu'ils étaient à une tentative de meurtre chacun, égalité, balle au centre, le roux ne savait pas quoi faire. Partager du temps avec l'elfe ? Il n'en avait guère le cœur à vrai dire... Pour peu qu'on pouvait parler du palpitant d'un mort. Aller se rouler dans son chagrin dans sa tente ? Si avec ça, on ne se moquait pas de lui encore plus... Se frottant la nuque en fixant la surface du lac d'un œil incertain, le roux perdit radicalement de sa verve, nerveux et anxieux, peiné même. Eliowir n'avait pas tort d'ailleurs : d'un point de vue stratégique, il était extrêmement important pour lui d'apprendre à nager, parce que s'il se trouvait en position précaire près d'un lieu humide, il faudra bien qu'il se débrouille tout seul. Et de penser que les deux mâles étaient raccord lui serra davantage le palpitant miteux logeant dans sa poitrine cadavérique...

« … Je vous déteste... »

Mais cela manquait clairement de crédibilité et de détermination. Grognant, Kedrildan baissa les yeux et se déshabilla lentement, retirant ses vêtements qu'il étendit assez loin du rivage pour ne pas craindre les éclaboussures, avant de serrer fermement son chignon. Et maintenant qu'il était complètement nu, qu'allait-il faire hein ? A pas hésitant, sans pudeur, il s'approcha du blond, frémissant en sentant les petites vagues lécher ses orteils et engloutir sa cheville à mesure qu'il s'enfonçait en son sein. La nervosité lui faisait plisser les yeux et il n'osa pas aller plus loin quand il sentit l'eau enserrer sa taille fine, le corps aussi crispé que s'il avait une hallebarde dans le fondement.

« … Je... Je ferais mieux de faire demi-tour... »

Il ne se sentait vraiment pas très bien pour le coup. Et Eliowir avait beau jouer à faire le beau dans l'eau, ça ne décrispait pas le roux qui finit par lui tourner le dos pour s'en retourner sur le rivage. Enfin, c'est ce qu'il aurait aimé faire s'il n'avait pas glissé sur une pierre couverte de vase, le faisant couler dans un glapissement de surprise. Battant frénétiquement des pieds et des bras pour remonter à la surface, il se mit à aller vers l'elfe dans de grandes gerbes d'eau avant de lui monter dessus, s’agrippant à lui comme une moule à son rocher et d'une fermeté à toute épreuve s'il vous plaît ! Couinant en cachant son visage contre sa nuque, fermant puérilement les yeux en se collant étroitement à lui, il enfonçait ses ongles dans sa viande sans la perforer mais le pauvre blond en était quitte pour des bleus. Cela fera sûrement se poser des questions à Achroma d'ailleurs...

« J-J'Y ARRIVERAIS JAMAIS ! »

Hurlant comme une jeune pucelle effarouchée dans les oreilles délicates de l'elfe, le roux tremblotait contre lui : mais quel con d'avoir oser penser que tout se passerait bien dans cet apprentissage ! Il allait passer son éternité coincé dans cette saloperie de lac souterrain ! Au secours !

« … Je vous déteste... »

Et cela était réciproque, eut-il envie de répliquer. Et sans doute l'aurait-il fait s'il n'avait pas vu l'autre de nouveau se déshabiller. Là, devant lui, se mettre de nouveau tout nu comme à son premier jour. Détournant la tête, perdant de son sourire narquois, tout en rougissant légèrement, le vieil elfe tenta de ne pas penser aux étranges pensées qui venaient de lui venir. A savoir qu'Achroma n'était pas le seul mâle bien fait de sa personne. Et si même son lion s'offusquait de cette pensée, il n'en resta pas moins tout autant titillé.

« … Je... Je ferais mieux de faire demi-tour... »

A ces mots, l'elfe reporta instantanément son attention sur le vampire, et, reprenant sa précédente tactique qui semblait si bien fonctionner sur ce vampire, il reprit, d'une voix grave à laquelle il parvint à donner des accents taquins :

- Si prêt du but ? Un vampire est-il seulement fait pour faire demi-tour d'ailleurs ? Ou peut-être n'êtes-vous pas un vrai vampire en fait... Ne pas parvenir à réaliser ce que les races soit disant inférieures effectuent sans peine. Oui... Bien piètre performance pour un vampire...

Se disant, toutefois il s'était rapproché pour venir en aide au rouquin.

Mais il se tut bien vite ensuite quand l'autre glissa et glapit de façon bien peu glorieuse. Oui, vraiment, un bien piètre vampire... Il tenta donc de le rattraper... Mais cette fois le vampire fit montre de ses réflexes poussés et l'attrapa bien avant que l'elfe n'eût pu réagir. Eclaboussé complètement, le vieux lion fut rapidement enserré par un étau désespéré et menaça de lui-même couler. Il avait beau avoir presque pied en cet endroit, l'autre avait si bien battu des bras et des jambes dans un désordre sans nom qu'il les avait entrainé vers une zone plus profonde. Tant et si bien que l'elfe dut se battre pour garder la tête hors de l'eau. Buvant toutefois la tasse à plusieurs reprises.

Et les bras qui enserraient sa poitrine, dont un presque à hauteur du cou, ne l'aidaient en rien à respirer le peu d'air qu'il parvenait à happer. Eliowir porta alors une main sur le bras le plus gênant, et tenta de le desserrer un peu. Juste un peu. Juste de quoi respirer. Tandis qu'à l'aide son bras libre et de ses jambes, il les maintenait désespérément en surface.

« J-J'Y ARRIVERAIS JAMAIS ! »

- Calmez-vous bougre d'idiot, croassa-t-il, quand il parvint à rester à peu près stable la tête hors de l'eau. A paniquer comme ça vous allez nous faire couler. Et si vous, vous ne risquez que de rester au fond pour l'éternité, moi je risque bel et bien de rejoindre Mort... Alors calmez-vous, continua-t-il, haussant un peu la voix, d'un ton sec et ferme.

Il fit quelques brassées pour les ramener à une zone où ils avaient pieds.

- Là, calmez-vous, sombre rouquin. Nous avons pieds, nous ne risquons plus de couler. L'eau ne va pas vous manger, si c'est de cela que vous avez peur. Le lac ne va pas faire surgir une vague pour venir vous emprisonner dans ses profondeur...

L'elfe se demandait en effet ce qui inspirait tant de panique au vampire rien qu'à la vue de l'eau...

- Là, fit-il, doucement. Et si vous pouviez me relâcher un peu... Si vous continuez à tenter de m'étrangler, je doute parvenir à vous apprendre à ne plus avoir peur de l'eau ou même à savoir nager.

Il tut la seconde pensée qui, immédiatement, lui venait à l'esprit, à savoir que s'il continuait à se serrer ainsi à lui, son lion risquait de ne plus répondre de lui... D'ailleurs heureusement qu'ils étaient au trois quart immergés dans l'eau, ce qui cachait de façon bien oportune certaines manifestations physiques des plus malvenues.

Si en temps normal la provocation aurait réussit sans peine à le motiver mais là, l'eau... C'était pas possible. Mais alors, vraiment pas du tout. Le regardant avec anxiété et terreur, tremblant sur ses jambes, Kedrildan tendait les bras vers lui, prêt à s'accrocher à lui dès qu'il serait à portée de bras. La vase sur les pavés semblaient être du même avis puisqu'il glissa brusquement, le faisant paniquer et s'accrocher comme une moule à son rocher. Le pauvre blond... Et dire qu'il n'aurait même pas vraiment conscience et bonheur de le voir mort. Tsss... Si ce n'était pas du gâchis tout ça, hein ?! En tout cas, accroché à lui, terrorisé à outrance, le dragonnier tremblotait comme de la gelée.

« M'en fiche ! Mais quel déjection d'humain j'ai été de vous écouter ! Mais j'avais la tête où à vous suivre dans cet élément de Néant hein ?! »

Angoissé, le roux se laissa traîner un peu plus vers la berge sans mot dire, ses bras toujours enroulés autour de Eliowir, son visage enfouis dans sa gorge mais sans aucune envie de le mordre pour le coup. Il en avait la chance la pousse de poireaux hein ?!

« … Une vague pour nous engloutir ?! Mais vous êtes complètement malade ! »

Non mais c'était pas possible ! Et il espérait qu'il reste sagement à ses côtés après lui avoir lancé une chose pareille au visage ?! Oh oh ! Faut pas non plus pousser Dracos dans les orties ! Seulement... Il n'était pas près de se décrocher de l'elfe pour regagner la berge sécuritaire, elle paraissait encore bien trop loin même s'il sentait les pierres sous ses pieds.

« … Si vous tentez de me lâcher ou de me pousser ou de me noyer ou de me faire quoique ce soit, le Maître couchera avec du pâté d'elfe d'accord ?! »

L’œillade noire mais toujours pressé contre au point que même une feuille ne pouvait se glisser entre eux, Kedrildan consentit à contrecœur de desserrer ses bras de autour de ses épaules, le regard paniqué et à l’affût d'une bête en danger. Dracos mais pourquoi s'était-il laissé tenté... Ses mains glissèrent jusqu'à s'enrouler autour de son bras, ses griffes chatouillant la chaire tendre sans pour autant s'enfoncer dedans. Le roux était inconscient des tribulations mentales de l'autre, il était uniquement centré sur sa peur panique de l'eau et à comment il allait faire pour regagner le rivage. Il avait déjà hâte que tout ce cirque se termine...

« A part pour se laver les cheveux ou faire une toilette de chat... Ça ne sert à rien se truc... »

Dracos, que d'émotions... Il ferma les yeux et s'efforça de se calmer, la chaleur et le battement régulier du cœur l'apaisant doucement. Cela ne l'empêcha pas de laisser ses mains fermement ventousées sur le bras de son « professeur » du moment, bien évidemment.

« Allez... Par quoi on commence ? »

La voix peut-être un tout petit peu plus aiguë que d'habitude à cause de l'anxiété, Kedrildan avait les yeux rivés sur l'élément qui léchait paisiblement leurs torses, chatouillant les boutons de chairs. Y'avait pas moyen d'aller un peu plus vers le bord encore ? Elle était un peu trop haute à son goût...

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{hrp: dis moi si tu n'as pas assez de matière }

Le lâcher, le lâcher... Comme s'il avait pu le lâcher, même s'il le voulait. La ventouse vampirique que le rouquin était devenu était bien trop puissante et bien trop accroché pour qu'il puisse le lâcher ne serait qu'un milliardième de seconde. Et ca se disait dangereux prédateur...

A voir ainsi cette sangsue apeurée devant un simple élément liquide.... Il y avait de quoi se demander s'il s'agissait bien là du même vampire qui s'était fait bourreau d'un certain nordique. Cette simple pensée eut le don de calmer toute ardeur mal placée qu'il aurait pu éprouver ou toute velléité léonique. Le vieil elfe sentit son humeur s'assombrir d'un coup, en songeant audit nordique. Etait-ce là le trahir, trahir la faible amitié qui avait pu naitre entre eux, que d'"aider" son ancien tortionnaire ? Mais ne pas aider ce palanquin de vampire serait peut-être aussi trahir Achroma en un sens... n'est-il pas ?

Le voilà qui était reparti dans ses considérations phisolophico-bien-pensantes. Ce qui eut le don de l'exaspérer et le fit souffler de façon bien peu digne. Ce n'était guère le moment de songer à tout cela. Ce qui était fait était révolu, dépassé et y revenir sans cesse n'y changerait rien. Par contre, peut-être pouvait-il modifier, un peu, ne serait-ce qu'un peu, l'avenir qui se présentait à eux ? Du moins en influer le cours ? Comme par exemple en montrant à ce vampire perdu et en perdition qu'il pouvait ne pas être seul et aussi désespéré qu'il pensait l'être ? peut-être que s'il était mieux entouré, mieux qu'il n'avait pu l'être à cette époque honnie connue par le nordique, peut-être... Oui, peut-être que le rouquin comprendrait, prendrait conscience de tout cela, et ne recommencerait pas ? Ou peut-être ces pensées éhontées n'étaient-elles que douce utopie, songea-t-il, un brin amer.

Oui, douce utopie, répéta sa conscience sournoise et mesquine. Peut-être oui, ou peut-être pas, lui soufflait une autre... Maudite voix qui sans cesse le hantait... Voix agaçante et éprouvante, qu'il chassa d'une pichenaude mentale. Ce n'était nullement le moment !

Et l'elfe se força à revenir au temps présent, espérant que ses songeries et surtout l'humeur sombre qui le hantait soudain ne s'étaient pas lues sur son visage balafré.

« A part pour se laver les cheveux ou faire une toilette de chat... Ça ne sert à rien se truc... »

Ainsi les vampires avaient la notion de propreté. Voilà qui était intéressant, nota son esprit analytique, avide de la moindre parcelle de connaissance. Cela eut au moins le don de dévier ses pensées vers des contrées plus positives et constructives. Comme apprendre cet étrange peuple sauvage...

- Un chat, dîtes-vous, répéta-t-il avec un léger sourire mutin.

Cela le démangeait de pousser la taquinerie plus loin, mais il se ravisa bien vite en voyant la sangsue toujours accrochée à lui. C'était qu'il serait fort dommage qu'un croc perdu dérape, voyez-vous... Certes, le rouquin avait daigné le relâcher quelque peu... mais guère assez pour assurer au vieil elfe une total tranquillité d'esprit...

« Allez... Par quoi on commence ? »

- Nous allons commencer par vous montrer les mouvements.

Patiemment, doucement, il détacha son bras de la prise, repoussant légèrement le vampire un peu plus près de la berge histoire qu'il soit un peu moins en profondeur. Et s'empressa de lui montrer comment nager, quels mouvements, pourquoi... et ce tout en lui expliquant qu'il n'y avait aucun danger, que les corps flottaient, que... bref lui faisant un cours sur l'élément eau et toutes ces propriétés étonnantes en la matière.

- Maintenant vous allez vous y essayer. Je vais vous tenir, en positionnant mes bras sous votre ventre. Allez pas de niais émoi qui tiennent maintenant. Domptez moi donc cet élément et montrez moi que vous n'êtes pas qu'un couard dégénéré.

Et se disant, il attrapa le vampire, l'approcha un peu de lui, le força à s'aplatir un peu et posa ses bras sous lui, pour le maintenir hors de l'eau... en tentant de ne pas se faire frapper, ventouser, ou tout ce que vous voulez...

[HJ : si souci, n'hésite surtout pas, si j'ai pris trop de libertés.. ^^ ]

… C'était tout ce qui l'avait fait réagir ?!

« Oui un chat. Vous savez ce qu'est- un chat au moins ? Une chose à poil, hautement hygiénique et très intelligent avec un caractère des plus agréables à vivre. Enfin, quand ce n'est pas en contact avec des gens médiocres ou des vampires, bien entendu. »

C'était un elfe, une créature de la nature, et il ne savait pas ce qu'était un chat... Dracos, la tronche des elfes ouais ! Crédibilité zéro ! Se roulant par terre de rire, intérieurement bien entend, Kedrildan finit par se détendre progressivement, en tout cas assez pour finir par faire preuve de bonne volonté vis à vis du blond pour le « cours de natation ». Bref, en route pour apprendre les mouvements. Bon, le roux était loin d'être d'accord pour qu'il s'éloigne mais le fait qu'il le rapprocha un peu de la berge lui fit plus ou moins bien accepter la séparation. Méfiant, crispé comme s'il avait un balai dans le fondement, le dragonnier ne lâcha pas le mangeur de salade du regard, extrêmement attentif à ce qu'il préparait pour leur leçon. Il observa avec soin les mouvements et les explications qui allaient avec, les mémorisant pour être sûr de réussir à les reproduire dans l'eau.

« … J'ai bien comprit que les corps flottaient... Mais y'a pas dans mon souvenir que les cadavres aussi flottaient... »

Haussant un sourcil en le fixant avec attention, il se laissa entraîner et afficha un visage de répugnance en s'allongeant à contrecœur dans l'eau. Enfin... Juste le torse.

« Le couard dégénéré vous enquiquine profondément... »

C'était plus fort que lui, il n'arrivait pas à se laisser flotter, il ne faisait pas encore assez confiance pour se permettre une chose pareille avec le blond. Il testait par moment, histoire de voir si les bras étaient assez solides pour le porter, mais jamais plus d'un dixième de seconde, histoire de ne pas vivre un accident fâcheux. Il était vraiment sérieux dans le fait de f aire la planche sur ses bras... ? Rah je la sentais pas cette histoire... Allez, on est gentil et on plie un peu les genoux. J'ai l'air pathétique à trembloter légèrement sur ses doigts...

« Domptez, domptez... Vous en avez de bonnes vous... »

Certes il avait de l'eau jusqu'à la taille à présent mais ça lui semblait encore tellement insurmontable... Kedrildan était réellement très loin d'être rassuré à cela se voyait à son manque de souplesse et d'obéissance pour ce simple petit exercice.

« Y'a pas quelque chose de fiable qui pourrait m'aider à flotter ? Genre... Bah des flotteurs, par exemple. J'veux dire, en plus de vos bras. »

Histoire d'avoir un plan B au cas où le plan A tombe à l'eau... Sans mauvais jeu de mot, bien sûr. Au moins devait-il avoir réussit à le satisfaire un minimum en battant des bras dans un simulacre de nage, non ? Le mouvement de ses bras c'était bien non ?

« J'arrive pas à me décrisper c'est effarant... »

Kedrildan grogna et finit par se redresser, passant une main dans sa crinière d'un air désabusé, il avait eu l'impression que c'était un échec ce qu'ils venaient de faire...

« Y'a pas d'autres moyens ? »

Bon, certes, le roux s'avouait un peu trop vite vaincu mais c'était de l'eau après tout et puis il ne voyait pas comment le mangeur de soja arriverait à lui faire réussir à faire copain-copain avec l'eau. Là comme ça, il n'était pas très inspiré pour le coup...

Comme s'il ne savait pas ce qu'était un chat...

Décidément il n'aimait pas beaucoup l'humour acide et déplacé de ce vampire. Mais... Mais il s'abstint de tout commentaire, autant que faire se pouvait du moins, et supporta les sarcasmes avec un rictus des plus dédaigneux. Oui, mieux valait traiter ces réparties avec dédain, c'était là au moins un terrain qu'il maitrisait mieux. Ce ne fut donc que par un haussement d'épaules désabusé qu'il répondit, se focalisant sur l'essentiel. A savoir apprendre à ce rouquin gangrené de méconnaissance à nager. Ni plus ni moins.

Moins plutôt que plus d'ailleurs, constata-t-il rapidement, dépité, devant les essais plus que pathétiques de son élève improvisé. Qui l'enquiquinait profondément, pour reprendre ses mots... Quoique non... Mieux valait ne pas les reprendre et encore moins y songer, se fustigea-t-il alors que son regard errait sur le torse du rouquin qu'une goutte traitresse parcourait langoureusement. Déglutissant douloureusement, il releva ses orbes nuit sur l'autre, et tenta de se reconcentrer.

Quelque chose pour le faire flotter ? Qu'est-ce qu'ils avaient ses bras ? Ils ne lui convenaient pas ? se questionna l'elfe tout en regardant ses bras d'un air songeur. Et agacé. Et outré. Et un brin vexé, quand il releva les yeux sur le vampire.

- Je pourrais vous faire léviter, certes, susurra-t-il d'une voix grave où perçaient quelques accents menaçants. Mais je doute que vous apprécieriez mieux léviter que nager ou pire de plonger dans l'eau glacée. Surtout s'il m'arrivait, fort malencontreusement cela va sans dire, de relâcher le sort...

Un fin sourire mi mesquin mi taquin lui échappa en même temps qu'un petit ricanement alors qu'il s'imaginait déjà la scène.

Puis, prenant pitié de ce pitoyable vampire, de cet étrange protégé d'Achroma, à la pensée d'Achroma surtout, il se décida à céder aux demandes affligeantes de l'autre. Et parvint à créer une sorte de planche de bois qui flotterait assez pour que le vampire s'y accroche. Il pourrait ainsi apprendre les mouvements des jambes déjà et prendre confiance à flotter... avant de ne serait-ce que d'apprendre l'ébauche d'une nage.

- Tenez, essayez donc avec ca. Prenez-le, et appuyez vous sur lui. Là, voilà. Maintenant, concentrez-vous déjà sur le mouvement des jambes.... Quand vous serez plus à l'aise, vous vous écarterez doucement de la planche, puis on la retirera. Non non, ne paniquez pas...

Désespérant. Vraiment. Le voilà qui était à moitié noyé sous le vampire, à avoir voulu le rattraper pour lui éviter de s'immerger complètement. Et il avait reçu quelques coups bien sentis de bras paniqués qui flagellaient l'air... le giflant par là même de façon répétée.

Il voulait bien être patient, mais sa patience avait des limites.

- Bougre d'imbécile incapable... Est-ce si dur de se laisser flotter sur un morceau de bois ?

Bon d'accord l'autre avait peur de l'eau, mais tout de même...

- Là, comme ça, fit-il, tout en lui montrant directement l'exemple. Là, sur la planche, je ne risque rien. Une bonne chose d'ailleurs à savoir, vous qui avez si peur de l'eau. Trouvez-vous toujours une planche sur laquelle vous hisser, et vous serez sauvé.

Bien entendu le dernier mot fut prononcé de façon ironique. Comme si un vampire avait besoin d'être sauvé par les eaux.

Et le cours reprit, tant bien que mal. Et dura il ne sut combien de temps. Tant et si bien qu'à la fin, le vieil elfe se sentit épuisé, fourbu, incapable d'aller plus loin. Déjà regagner la berge lui coutait.

- Allez, assez pour moi, je n'en peux plus. Vous n'avez peut-être pas besoin de repos mais moi si. Et j'ai faim.

Hum, oui, faim, songea-t-il alors que son estomac grognait et que son regard errait sur certaines courbes... non, stop, on avait dit ne pas y penser. Détournant abruptement le regard, il tenta donc de regagner la berge... quand il glissa à son tour sur une pierre vaseuse et se cogna la tête sur un rocher du fond en tombant dans l'eau glacée. Buvant plusieurs tasses alors et se sentant tout étourdi...

Le sarcasme acide qui piquait la langue lui fit plisser le nez et il le fusilla boudeusement du regard avant de claquer la langue d'un air agacé.

« Je me souciais juste de votre survie vu que vous êtes un respirant. Si jamais vous vous noyez par inadvertance, je ne voudrais pas passer mon existence dans la vase de ce lac. M'enfin si vous vous vexez pour si peu, nous n'irons pas bien loin : je vous signale que c'est vous qui avez voulu m'apprendre à nager j'vous signale. »

Puérile, jusqu'à la moelle, il lui tira la langue avant de recommencer à se concentrer sur les cours de natation, haussant un sourcil en voyant la planche de bois apparaître. Qu'est-ce qu'il devait faire avec ? La manger ? Le frapper avec ? Dubitatif, Kedrildan se tourna vers l'elfe dans l'espoir qu'il éclaire sa pauvre petite lanterne en manque d'huile.

« … Je dois m'allonger... Sur ça ? »

C'était encore pire tiens ! Pas du tout fiable même ! Dans quoi s'était-il embarqué... Bon, si ça pouvait lui faire plaisir, le bord n'était pas si loin que ça après tout. Hésitant, le roux finit par s'exécuter, s'allongeant maladroitement sur la planche avant de battre des pieds en le fixant avec scepticisme. Mais cela ne marcha vraiment pas bien du tout et les voilà imbriqué l'un contre l'autre tout en se débattant et se repoussant, douloureusement pour l'elfe d'ailleurs vu ses grimaces.

« C'est vous qui expliquez mal ! Et puis d'abord faut être patient et pédagogue ! Et donner envie à ses élèves ! Et vous, bah vous me donnez pas envie ! »

Le fusillant du regard, il se remit pourtant plus ou moins docilement sur sa planche, sa joue contre le bois alors que ses jambes et ses bras pendaient dans l'eau. Il n'avait plus envie de faire d'efforts, il en avait marre... Boudeur et bougon, le dragonnier fit quand même un ultime effort jusqu'à lever les yeux au ciel de gratitude quand l'arthrite de monsieur se réveilla pour le faire se traîner jusqu'à la berge. Enfin ! Kedrildan le suivit rapidement, la terre ferme et sécuritaire en vue, avant de grogner de surprise en le voyant couler d'un coup.

« Eliowir ! »

Il devait faire quoi là ! Certainement pas tourner en rond, les bras en l'air, comme un poulet sans tête ! Une idée ! Une idée ! Oh trouvé ! Se portant à sa hauteur, pataugeant, le roux plongea ses mains dans l'eau pour trouver le corps avant de le soulever, le jetant sur son épaule comme un sac de pommes de terre pour s'échouer avec sur le rivage, façon baleines mortes. Que d'émotions... Grognant, il repoussa le poids du blond avant de le regarder.

« Eliowir ? Eliowir ? »

Il haussa un sourcil avant de se redresser, plissant le nez en lui donnant des claques pour le faire réagir. Allons bon, qu'est-ce qu'il lui arrivait maintenant ? Il posa son oreille sur sa poitrine avant de donner un grand coup dessus pour faire réagir ses poumons, espérant que cela suffise à relancer la machine et expulser l'eau qui s'y trouvait dedans. Il cogna une seconde fois pour être sûr avant de frotter vigoureusement son abdomen.

« Eh ! Oh ! L'elfe ! Tu te réveilles ?! J'veux pas avoir d'ennuis moi ! Eliowir ! »

Bon il allait revenir à lui ou il fallait qu'il l'embrasse pour lui donner de l'air ?!

Vastes brumes qui l'entouraient soudain. Vastes brumes qui le drapaient de leur manteau lacunaire, l'enrobant de leurs longs doigts blancs pour mieux l'enlacer et l'entrainer dans les étendues lumineuses et ténébreuses qui semblaient l'appeler. Là bas, au loin. Si belles et si sombres lumières. Il semblait incapable d'en détourner son attention. Il semblait attiré à elle, tel un papillon vers la lumière avant de se bruler les ailes pour sa dernière nuit. Ses ailes à lui semblaient toutefois lourdes et l'écrasaient presque de leur poids et il les aurait bien laissé tomber s'il avait pu se les couper. Mais elles étaient accrochées à la brume et lui-même peinait à bouger, s'en extirper, englué dans cet étrange marais blanc qui maintenant le noyait.

Une violente brulure sur la joue. Un claquement sec rugissant dans l'air autour de lui. Brouillard gris soudain s'épaissit autour de lui. Une tête de fouine en flammes se dessina devant lui, avant que finalement le brouillard s'éclaircissant ne l'emporte au loin dans ses vents rugissants. Un froid glacial l'inonda, avant qu'une autre brulure vienne le mordre au même endroit.

Mais le brouillard le recouvra encore et encore et sembla peu à peu le soulever dans son sillage, comme l'invitant à un beau voyage dans ces contrées cotonneuses, sur son tapis de soie lumineuse. Il devait avouer que l'invitation le tentait...

Un coup de marteau vint lacérer toutefois l'armure blanche qui le protégeait, la faisant voler subitement en éclats, tandis qu'il s'écrasait de tout son poids sur sa poitrine. Le vieil elfe en eut le souffle coupé. Ou... était-ce un nouveau souffle qui tentait de s'infiltrer ? Il porta alors son regard vers son corps... réalisant qu'il n'était qu'éther informe et vapeur palpitante hésitant à s'envoler... Ses ailes étaient d'ailleurs tombées.

Un autre coup de massue manqua le faire suffoquer. Non, le FIT suffoquer. La brume éclata en mille morceaux avant de se dissiper tel le sable d'une tempête, s'infiltrant en lui et hors de lui. Il tenta de crier, pour la rattraper, la retenir : elle lui avait promis un beau voyage ! Et elle lui avait arraché les ailes ! Mais au lieu de cela, il la happa dans son silencieux hurlement, avant que finalement un souffle intense ne s'infiltre en lui... Ne l'alpague dans sa poigne vigoureuse par le col, ne l'étrangle presque de son poing féroce, ne l'extirpe de cette fange brumeuse, et de sa puissance de géant, ne le remonte à la surface de la réalité.

Une voix, vague, lointaine, rugissant près de lui...

« Eh ! Oh ! L'elfe ! Tu te réveilles ?! J'veux pas avoir d'ennuis moi ! Eliowir ! »

Des mots ineptes, incompréhensibles, des mots... des...

Il toussa, crachota, et recracha un liquide visqueux, ses poumons vomissant l'eau qu'il avait avalée. Des mains fortes et puissantes le basculèrent sur le côté, lui évitant alors de ravaler ce qu'il régurgitait.

Il fallut un certain temps à l'elfe suffocant pour parvenir à réaliser ce qui s'était passé. Il avait failli se noyer. Et le vampire, ce rouquin de malheur, qui quelques instants plus tôt avait voulu le tuer, l'avait finalement sauvé. Lui, qui ne savait pas nager, avait sauvé la vie à son maitre nageur. Une honte. Une honte incommensurable le submergea, tandis qu'il sentit une rougeur brûler ses joues pâles.

Quelle étrange équipée, il faisait alors tous deux. Et dire que leur seul point commun était un désir de soutenir et aider un certain millénaire. Pauvre Achroma. Il n'était décidément pas bien aidé, ne put s'empêcher de penser l'elfe, dépité.

Et c'est, quelque peu bredouillant, tremblant presque comme une feuille, qu'il leva son regard nuit sur le vampire.

- Je crois... devoir vous remercier. Vous venez... et bien... Il me semble que dès lors... j'ai une dette envers vous... messire Maralawë.

Messire. Le voilà qui lui offrait du messire maintenant. Mais ce n'était pas comme si l'autre l'avait volé, après tout. Il venait de le sauver... le sauver...

Quel étrange vampire que celui-là, pensa-t-il brièvement, avant de finalement s'aviser de partir se reposer. Si tant est qu'il le puisse seulement... Et dans son soudain état, il en doutait. Allait-il... allait-il oser... ?

Il tenta de se relever, mais ses jambes tremblantes refusèrent de le soulever.

Oui, il allait oser demander. Il n'avait pas le choix de toute façon. Et, plus honteux encore que jamais, il s'entendit porter sa requête.

- Pourriez-vous... m'aider... à me relever... et à rejoindre mon lieu de repos ?

Honteux, oui. Et il ne put que baisser les yeux.

[HJ : je pense qu'on s'approche d'une conclusion.^^ soit on arrête là ou à ta réponse, comme tu veux, soit si tu as une envie, une idée, n'hésite pas ]

Mais c'était qu'il voulait partir en plus ! Plissant le nez, il continua d'abattre des claques féroces sur ses joues écarlates et des poings déterminés sur sa poitrine qui se glaçait de plus en plus. Si l'elfe lui claquait entre les doigts, ça sera sa fête... Mais c'était pas de sa faute aussi ! Franchement, glissé sur la vase, s'assommer et mourir noyer... Et après on lui demandait pourquoi il n'aimait pas l'eau ?! C'est la guerre qui se moque du duel là ! Cependant, Kedrildan avait beau le solliciter, il n'avait pas l'impression que c'était concluant toute cette manœuvre... Il ne restait plus qu'une ultime solution... L'embrasser pour lui faire du bouche à bouche. Eurk... Bon, soyons honnête, il était relativement bien fait de sa personne et ses cicatrices lui donnaient un de ces genres... Rrrrr ! Hm bref. Mais là n'était pas la question. Quoique... Et si de sentir l'odeur de son élève sur son amant lui faisait pousser une braillante monumentale ? Peut-être même que cela le ferait sortir à coup de pieds dans le derrière hors de son lit... Non ? Ouh que c'était une bonne idée.

« Bon... Puisque tu te décides pas à revenir... Va falloir que je t'embrasse, la salade. »

Faussement innocent et altruiste, le dragonnier commença à se pencher vers lui, la bouche en cul de poule pour... Se retirer précipitamment alors que le blond se prit pour un tuyau qu'on venait de déboucher. Une moue dégoûtée, mais surtout dépitée, aux lèvres, Kedrildan l'aida à se retourner pour qu'il ne se noie pas de nouveau, blasé. Ce machin devait avoir un radar de survie bien développé pour se réveiller comme par hasard au moment où il allait mettre son plan machiavélique en place ! Tsss... On ne pouvait vraiment se fier à personne de nos jours.

« Évitez de répandre vos poumons par terre ? A force de cracher comme un perdu, c'est c'qui va arriver... »

De mauvaise foi, le roux se releva et prit le temps de s'habiller sans le quitter du regard, resserrant le chignon qu'il avait sur la tête avant de croiser les bras, le sourcil greffé dans le front.

« Une dette hein ? C'est vrai que j't'ai sauvé la vie... Dommage que mon vœu immédiat n'est pas réalisable... »

Après s'être battu et menacé de mort, noyé l'un l'autre, tout ça pour gagner Achroma de façon exclusive... Ça l'étonnerait beaucoup que l'elfe s'incline après avoir lutté comme un lion juste parce qu'il l'avait sauvé d'une banale noyade. Et c'était dommage de l'avis du roux... Boudeur, il ne put s'empêcher d'arborrer un air goguenard en le voyant trembloter comme l'eau dans un seau, une canine dépassant alors que tous deux constatèrent qu'il était incapable de rejoindre sa couche qu'autrement en rampant.

« … T'as pas peur que ce collé-serré te fasse tourner la tête ? »

Moqueur, un grand sourire jusqu'aux oreilles, les canines en avant, il s'avança vers lui, amusé qu'il mette de côté sa fierté pour demander de l'aide. C'était presque mignon d'ailleurs... Presque hein ! Roh et puis il baissait les yeux et tout ! Ca lui donnait une de ces furieuses envies de le taquiner un peu méchamment ! Youhou ! Mais bon, abattre quelqu'un déjà à terre c'était moins drôle que quand il pouvait émettre de la résistance donc forcément... Oh allez, ce sera sa Bonne Action de la journée et puis c'est tout. Ricanant quand même, le dragonnier s'avança vers lui et enroula ses bras sous ses aisselles pour le soulever, glissant un bras autour de sa taille pour le soutenir contre son torse.

« Je t'aide à t'habiller peut-être ? Ou tu préfères rester nu jusqu'à ton lit ? »

Une voix chaude, de façon tout à fait intentionnelle d'ailleurs et Ked n'avait pas honte de cela, le dragonnier s'amusa à le provoquer, attrapant ses oripeaux pour l'en couvrir. Toujours dans la provocation de toute manière parce que c'était plus que drôle de le faire... Un doigt qui ripe, une main qui s'égare, un sourire qui ne faisait aucunement illusion sur le pourquoi de tout ce cirque, le roux réussit à l'habiller du sol au plafond avant de le porter carrément, en destination de sa paillasse. Non parce qu'il était clair qu'il ne le poserait jamais dans la couche du Maître, c'était sa paillasse ou le fond du lac ! Par Dracos ! Le soulevant dans ses bras pour le porter comme une princesse ne voulant pas salir ses jupons de satin dans le fange sur le sol, Kedrildan partit d'un air victorieux et conquérant vers les quartiers de l'elfe, une crampe sur ses zygomatiques fossilisées à force de ne pas cesser de sourire.

« Essais de ne pas mouiller tes braies sous l'excitation de te frotter à un mâle chéri... Attends d'être dans ton lit. »

Gloussant d'un air bête, Kedrildan finit par arriver à bon port et l'y déposa, les mains sur les hanches alors qu'il le regardait de haut.

« Bon et bah je te laisse hein ? A moins que tu veuilles que je te tienne la main et que je te chante une berceuse ? Ou tu as peut-être besoin que je te réchauffe vu que le Maître n'est pas là ? »

Moqueur, il le contempla, fier d'être une atroce peste.

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{hrp: je pense que tu peux conclure derrière moi vu les phrases que je t'ai mis ^^ Qu'en penses-tu? ^^}

Eliowir préféra ne pas s'éterniser sur ce que pouvait être le voeu immédiat du vampire. Avec ce rouquin... il imaginait le pire. Non, vraiment, il préférait ne pas y penser. Il était bien trop las et fatigué pour s'amuser à pareille torture de l'esprit.

Et il n'aimait décidément pas cet air amusé, moqueur même, que prenait le tout feu tout flamme. Non, pas du tout du tout... Les limbes soient de sa faiblesse de vieil elfe en déclin. Et les limbes soient de ces crocs aiguisés qui le narguaient soudain. Autant les blanches canines avaient un certain charme quand ils étaient arborés par un beau millénaire, autant là.... non, véritablement aucun charme. A moins d'être masochiste et d'aimer se faire prendre pour le repas du soir...

Et que dire de ces soudaines mains baladeuses qui semblaient bien s'amuser pendant qu'elles le rhabillaient... et que dire également des détestables réponses organiques qu'il sentait son lion offrir à celles-ci... non, vraiment, il n'aimait rien de tout cela.

Las, fatigué, il se laissa faire toutefois, incapable de se débrouiller seul pour retrouver ses modestes quartiers.

Et l'autre qui avait bien senti son lion frétiller d'une envie honnie... Complètement morfondu de honte, Eliowir ne put que rester coi à toutes ces mesquines taquineries, et sembla se transformer en véritable poupée de chiffon dans les bras du dragonnier. Préférant garder les maigres forces qu'il lui restait s'il fallait se "défendre"... si tant est que son fier lion veuille se défendre toutefois, songea-t-il, un brin perplexe par les tournures de son propre esprit.

« Bon et bah je te laisse hein ? A moins que tu veuilles que je te tienne la main et que je te chante une berceuse ? Ou tu as peut-être besoin que je te réchauffe vu que le Maître n'est pas là ? »

Les limbes soient donc de ce maudit vampire ! Eliowir s'empressa de fusiller du regard le rouquin... cela aurait sans doute eu toutefois bien plus d'effets s'il n'était pas allongé, avachi plutôt, dans son lit, les membres encore tremblants de cette éprouvante expérience...

- Oui... messire... cracha-t-il presque, les dents serrées, chaque mot semblant ne sortir que dans un filet de voix acide à peine perceptible. Vous pouvez nous laisser. Je vous.... hum...

Petit raclement de gorge douloureux... avant que les mots qui suivent n'écorchent plus encore son orgueil lacéré.

- remercie... de votre... aide...

Si l'on pouvait appeler ça aide. M'enfin. Pas comme s'il était en position de se montre mal aimable, n'est-il pas ?

- Je n'aurais guère besoin d'autres... services.... encore moins d'un vampire pour "réchauffer" mon lit, merci bien, ne put-il s'empêcher d'ajouter.

Ca aurait été des plus ironiques... qu'un sang froid réchauffe un sang chaud... pfeuu... Quoique, quand il s'agissait d'un certain millénaire...

Et se disant, il braqua un regard déterminé, peu amène, et signifiant clairement que magie était encore là si besoin, pour faire comprendre au vampire qu'il voulait rester seul. Seul, avec lui-même, ses pensées... et les étranges attirances de son lion attisé... espérant toutefois que ce dernier point ne se lise nullement dans ses yeux bleutés.

Mais peut-être devrait-il temporiser un peu, pour éviter de braquer encore cet énergumène des plus volcaniques.

- Je vous suis redevable, messire, mais je saurais me débrouiller pour la suite. Merci.

Et, enfin, il fut soulagé de voir le vampire tourner talons. Même si avec cet éternel air moqueur qu'il n'appréciait guère... Mais pour l'heure, qu'importait, il était bien trop fourbu et bien trop éprouvé pour songer plus avant à tout cela. Il verrait plus tard. Oui, il y songerait plus tard... plus tard, se répéta-t-il, alors que déjà il fermait les yeux pour un sommeil qu'il espérait réparateur... mais qui s'annonçait plutôt...agité...

[HJ : Voili voilou : à voir si cela te convient comme conclusion (si oui, je m'occuperai des demandes^^) Biiises et merci pour ce rp ]

Sujet: Re: Un bon bain vous dirait-il, Messire ? [TERMINE]

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