Le 4 Juillet

C'était seulement il y a quatre jours que la bataille de l'Aube Rouge s'était achevée ? Christan aurait plutôt cru que cela aurait fait des mois, ou des années. Ce séjour en cellule semblait pour lui durer une éternité... Il n'aimait vraiment pas cette sensation d'enfermement, il aurait presque préférait se faire exécuter à vrai dire. Au moins on ne lui aurait pas impose ce sentiment de dénuement, et de vulnérabilité que détestait le soldat. Sans doute que cela faisait rire ces sales chiens de rebelles... Si seulement il pouvait sortir d'ici. Bon sang qu'il avait envie de se venger de tout ceci...

Et de sortir ici, rien que le fait de penser que son chien, et son cheval étaient au mains d'une famille de berger même croyant à des kilomètres d'ici, et que ses armes, et son armure étaient non loin au mais des rebelles.. Tout cela le répugnait au plus profond de lui-même pour tout dire. Il était presqie nu sans arme, et sans armure, il avait l'impression d'être un dragon sans écaille, dans griffes, ou bien un ours sans dent, sans griffe, et sans fourrure. Par l'unique cela l'horripilait ! Mais à un un point ! C'était à peine imaginable...

Et il n'avait rien à faire pour s'occuper à part les pompes, et les prières aussi dans lesquels il mettait tout son zèle, et qui ne faisaient qu'enflammer sa colère envers les rebelles. Colère qui s'était encore accru quand il avait vu que ses tatouages avaient disparu, concluant que c'était la faute de ces atrocités de la magie qui avaient encore manigancés un sale coup. Comme au bois sombres ! Décidément ces elfes, rebelles, vampires, et dragons sont incapables de se battre avec honneur ! Tous un tas de cloporte qui aurait mérité d'être écrasé par les bottes de la puissante armée alayienne...

Et il se rappelait avec croisés de plus des personnes qu'il aurait voulu voir cent fois mourir. Ce maître lame vampirique par exemple qui lui avait mit une véritable rouste auparavant dans une arène, et qu'il avait pu blesser de sa hache de verre noire avant de se faire planter d'une épée dans le torse, et le pire c'est que malgré cette blessure ce vampire avait sans doute survécu. A un tout autre endroit le verre noire aurait eu raison de lui, cet échec était douloureux à Christan qui était énervé par cela, décidément tout ceci l'agaçait énormément...

Il avait aussi revu ce vieillard, ce Tobold qu'il avait vu dans le désert, et qu'il aurait du rapporter à Aldakkin du Néant auparavant pour faire taire l'histoire de la pièce, avec de la chance d'autre priorités devaient préoccupés l'esprit du serviteur du Néant maintenant, mais dans tout les cas Christan regrettait de ne pas l'avoir tuer dans le pire des cas. Un accident, ou une épée dans le torse de ce vieillard aurait était si facilement justifié avec le chaos qu'était devenu l'opération commando, et au moins il aurait ou avoir la paix pour la suite...

Et il y avait aussi cette Luna, cette sale gamine qu'il avait sacrément blessé, mais qu'il regrettait de ne pas avoir fait saigné... Cette petite peste sans cervelle aurait apprit quel est le prix de son insolence. Sincèrement maintenant qu'il avait appris qu'elle était rebelle il comprenait le pourquoi de l'attitude qu'elle avait eu dans le désert, cette petite idiote ne savait pas ce qu'il l'attendait s'il sortait d'ici ! Il avait était sous le commandement de Lyra du Néant, et ce n'était pas le fait que cette Luna était une petite fille qui allait l'attendrir, enfin de toute façon cela attendrait, la vengeance est un plat qui se mange froid...

Néanmoins il faudrait pour cela qu'il sorte d'ici vant ce qui n'était pas gagné d'avance, il se demandait même s'il finirait par ressortir seulement un jour, mais... Étant donné les personnes indésirables qui étaient venu le voir en si peu de temps, il aurait au moins voulu qu'on lui foute la paix. Un elfe le premier jour, un deuxième le deuxième jour... Sans compter les gardiens en plus, mais qu'est-ce qu'il avait fait au Néant pour mériter cela ? Cela lui apprendra à se faire capturer vivant... La prochaine fois il arriverait à s'enfuir, ou bien il combattrait à mort.

En tout cas en cet instant il était en train de dormir, enfin il avait l'air de dormir, mais n'y arrivait pas trop bien pour le coup... Et c'est alors qu'il remarqua au bout d'un certain temps que quelqu'un était encore venu le voir, sincèrement il se demandait qui c'était encore. A se demandait si toutes les personnes insupportables de cette cité c'étaient donnés rendez-vous pour venir lui chercher des poux, alors qu'il se retrouvait dans cette cellule ...

L’Aube Rouge était officiellement terminée, mais à quel prix? Le sang avait énormément coulé, de même que les larmes des rebelles qui avaient été laissés dans le deuil. Il y avait également énormément de blessés. Pour certains, il ne s’agissait que de blessures légères qui finiraient par guérir avec le temps ou avec l’aide d’un magicien expérimenté, mais pour d’autres, leur état était encore incertain, placé entre la vie et la mort. Mais si les blessures physiques finiraient par se refermer, ce n’était pas nécessairement le cas des dommages psychologiques engendrés par la bataille. Les gens avaient énormément souffert et l’ambiance qui planait à Aigue-Royale était bien lourde. Le moral était bien bas. On ne pouvait pas vraiment appeler ça une victoire, mais plutôt une bataille qui aurait pu finir en un total massacre si les loyalistes n’avaient pas déserté et que les Alayiens n’avaient pas été abandonné par leur Esprit Unique. On aurait pu également surnommer l’Aube Rouge par l’Aube des Trahisons tant il y en avait eu de tous les côtés : les loyalistes ayant trahi les Alayiens, les vampires ayant trahi les rebelles, Néant ayant trahi ses suivants et une gamine ayant trahi malgré elle les rebelles en ouvrant un passage à l’ennemi dans les sous-terrains.

La gamine avait énormément souffert de sa trahison. En effet, elle était passé à un cheveu de rejoindre l’Esprit de la Mort si ça n’avait été de l’intervention de Tobold des Mangroves. Mais heureusement, les rebelles avaient intervenu rapidement afin de s’opposer aux Alayiens qui s’étaient infiltrés dans la Caverne des Songes et elle avait eu des soins rapides pour pallier à son poumon perforé et lui permettre de respirer correctement à nouveau. Tout c’était passé rapidement et elle avait dû perdre conscience, car c’était dans ses appartements qu’elle s’était réveillée avec comme dernier souvenir qu’un combat commençait entre l’Alayien du désert et un vampire qu’elle n’avait jamais vu auparavant. Toutefois, la finalité du combat avait dû attendre puisqu’un sujet plus important l’avait préoccupée : faire valoir son innocence quant à sa « trahison » au chef des rebelles. Cela l’avait énormément angoissée, elle avait eu peur qu’on ne lui permette pas de s’expliquer et qu’on puisse la considérer comme une traîtresse sur le champ. Mais son protecteur lui avait donné le bénéfice du doute et elle lui avait expliqué l’inexplicable. Le verdict final : Luna était innocente.

Le jour suivant, la rebelle l’avait passé à soigner ses blessures et à se renseigner concernant la bataille. Elle était également passé voir les blessés, dont Matis qui était dans un sale état, et ne pouvait l’aider plus que ne le faisaient déjà les guérisseurs. Satanés Alayiens! Ne pouvaient-ils pas rester dans leur coin perdu à prier leur Esprit de Malheur sans déranger tout Armanda? Ne comprenaient-ils pas qu’ils n’étaient pas la bienvenue ici avec leurs croyances à la noix. Penser à eux la faisait enrager. Ils étaient des êtres déloyaux et sans honneur, qui sans prenaient même aux êtres sans défense, et qui passaient par n’importe quelle tactique pour arriver à leur fin. Et dire qu’elle avait été utilisée pour leurs sombres desseins. Certes, elle se sentait coupable, car à cause d’elle d’innombrables personnes avaient été blessées ou tuées. Son sang bouillait dans ses veines à l’idée qu’elle avait été un pion dans le jeu du Prêcheur.

Or, tous les Alayiens étaient partis, sauf un qui croupissait maintenant dans une cellule d’Aigue-Royale. Et à ce qu’il parait, il s’agissait de celui qui était à la tête des troupes ayant infiltré les sous-terrains lors de l’attaque. Il s’agissait fort probablement de Christan Weren et elle avait décidé de vérifier cette information elle-même en ce 4 juillet. La connaissant comme étant la protégée de l’empereur déchu, les gardes l’avaient laissée passer sans poser plus de questions. Ils n’avaient pas émis de commentaires non plus sur sa tenue, étant soit indifférent ou soit habitué de la voir porter un pantalon et une chemise au lieu d’une robe comme le voudraient les nobles.

Luna avait parcouru les geôles une à une et s’arrêta finalement devant celle de l’Alayien qu’elle avait rencontré un peu trop souvent à son goût. Bien que des barreaux les séparaient, elle garda une bonne distance entre elle et lui. Elle ne l’aimait pas, voire le détestait, et c’était tout aussi réciproque. Mais il serait idiot de mourir, par exemple étranglée, par un manque de prudence s’il s’avérait qu’elle fût trop proche et que ses mains puissent se refermer sur son cou. Elle avait déjà goûté à sa force et elle était plus que consciente de la différence de gabarit entre eux.

- Christan Weren.

Elle avait prononcé ces mots lentement, suffisamment fort pour qu’il puisse l’entendre et le tirer hors de son sommeil, si ce dernier dormait légèrement. Le dégoût teintait sa voix.

- Tu n’es qu’un lâche, qu’un couard… Incapable de t’en prendre à des gens de ta taille. Ne connaissez-vous pas l’honneur, vous, les Alayiens, pour s’en prendre ainsi à des vieillards, des hommes et des femmes incapables de se défendre ainsi qu’à leurs enfants? Lui lança-t-elle au visage. Sa réaction serait probablement explosive, mais elle s’en contrebalançait. Elle avait cela sur le cœur et avait besoin de s’en libérer.

Elle fit une pause et poser son regard haineux sur lui. Il n’y avait pas de mots suffisamment puissants pour décrire à quel point elle détestait ce personnage. Elle ne l’avait pas aimé du tout depuis sa rencontre avec lui dans les cavernes du désert, mais c’était encore pire maintenant.

- Pas étonnant que Néant vous ait abandonné. Ajouta-t-elle, ce qui envenimerait irrémédiablement la conversation.

Ou comment retourner le couteau dans la plaie? C’était quelque chose qui l’avait particulièrement étonnée lorsqu’elle avait entendu dire que l’Esprit Supérieur avait abandonné les siens, que leurs tatouages avaient disparu comme pour prouver la rumeur et que leur verre noir n’était plus que du simple verre sans plus.

Il vit du coin de l’œil qui était venu l'enquiquiner. Cette jeune fille stupide, et sans cervelle qui ne se lassait pas de le provoquer que ce soit dans le désert, ou bien ici. Il lui avait dit qu'il lui ferait payer son insolence auparavant, et le résultat a été qu'elle s'est fait percuter bien fort par le fidèle, et son bouclier. D'ailleurs ? Comment avait-elle pu se remettre aussi vide de ses blessures ? Christan finalement n’eut pas à réfléchir longtemps pour deviner. Ce dragon rouge l'avait soigné après que le fidèle ait reçu un coup de queue de la part de ce dernier... Il avait eu plein de fractures, et celle-ci avaient comme disparu en bien peu de temps. Il avait été souillé par la magie pour les coups, mais il était encore en vie. Un moindre bien par rapport à cette impureté dont il devait maintenant se purifier...

Et cette Luna avait sans doute du bénéficier de soin identique. Fort dommage car il aurait cent fois aimer qu'elle passe plusieurs mois sur une civière à regretter ses actes, et rongé par l'amertume, et l'humiliation. Et si elle avait pu mourir d'ailleurs, cela lui aurait enlevé une belle épine du pied. Pas qu'elle représentait le moindre danger pour lui, mais cette gamine était d'un énervant. Cette petite sotte en plus venait sans doute le voir pour profiter de la protection que lui conféraient les barreaux, et ainsi essayer de se moquer de lui, et de le tourmenter. La petite dévergondée...

Elle se tenait même un peu éloigné des barreaux remarqua t-il... Dommage il aurait bien aimé la saisir pour pouvoir l'effrayer, ou la frapper. Les gardiens des geôles lui feraient peut-être payer cela, mais il s'en fichait éperdument. Il refusait de faire le prisonnier soumis, et puis pouvoir donner une leçon à cette Luna était toujours un réel plaisir... Elle n'avait même pas encore parlé qu'il était déjà agaçait hautement par sa présence.

Puis elle l'appela par son prénom, et son nom comme si elle voulait montrer qu'elle était là. Cela l'énervait encore plus car sa voulait dire qu'elle voulait lui parler, si elle s'était contentée juste de venir le voir pour savoir, ou non si il était bien en cage à la limite cela ne l'aurait pas plus énervé que cela, mais si en plus elle s'amusait à aller plus loin. Toujours plus loin, voir trop loin comme elle s'en apercevra un jour si il remet la main sur cette gamine... Et elle le disait d'un ton... Il ne fallait pas être un génie pour deviner rien qu'a cela sur quels rails serait lancé la prochaine conversation.

Il fit donc remarquer qu'il était réveillé en tournant légèrement la tête pour la regarder en face de son regard dur, et haineux...

Ce qu'elle disait. Est-ce qu'elle s'était soudain vu poussé un germe de virilité pendant cette nuit ? Ah non c'est vrai il y avait les barreaux parce qu'au vu de ce qu'elle disait il fallait du culot. En tout cas si elle avait fait cela pendant la bataille au lieu d'attendre aujourd'hui là elle aurait eu du mérite... Mais dans tout les cas elle ne savait que faire des reproches cette gamine décidément. Mais il la laissa parler, jugeant que son moment pour faire entendre sa voix telle un marteau fracassant les os du corps finirait bien par arriver.

Il se disait d'ailleurs avec une certaine froideur qu'elle avait eu l'air moins fier lorsqu'il l'avait frappé de toutes ses forces avec son bouclier, c'était cela que les lâches, et les pédant. Fier qu'en le contexte si prête, voir prétentieux, mais quand les choses s'envenimaient il n'y avait plus personne tout à coup...

Par contre sa dernière pique fut bien plus acérée, ah cela elle le payerait un jour pensa t-il... Oh oui elle le payerait, ce qui ne pourrait lui faire avec les mots aujourd'hui il se chargerait d'y pouvoir en un autre temps si Néant le permettait...

Il se contenta donc de légèrement se lever pour s'asseoir, il regarda calmement la jeune fille avant de sourire d'un sourire malveillant, et de dire d'un ton moqueur, et méprisant à son égard. Après tout c'était le ton le plus approprié au vu de la situation.

« C'est que ça a développé une germe de courage cette nuit à ce que je vois. Une certaine sorte de bravoure. Oui la ferveur des lâches ! Lâches qui attendent le moment propice pour se jeter sur leurs peurs, et sur plus fort qu'eux. Lâche qui sont bien fier lorsque les moments s'y prête, mais quand ils sont en position délicate il n'y a plus personne ... » Dit-il en semblant ricaner légèrement avant de poursuivre aussi froid que de la glace.

« Oh, mais je regrette crois-moi. Je regrette d'avoir perdu mon temps dans ces passages à vous courir après alors que le reste de mes hommes s'amusaient à purifier ces grottes de la vermine rebelle qui y avait élu domicile. Au final j'ai du me contenter de te violenter ce qui je dois t'avouer m'a fort amusé, et aussi d'affronter le maître lame en combat. Lui c'est un adversaire d'honneur HAHA ! T'es mot n'ont aucune valeur petite . Traiter les gens de couard, alors que l'on en est soit-même une il n'y a rien de plus ridicule. »

Avant de poursuivre d'un ton dur, et moins rieur.

« Néant ne m'a point abandonné, j'ai accompli sa volonté dans ces grottes, la seule raison qui fait que mes tatouages ont disparu c'est le fait que vous avez encore manigancé un sale coup ! Comme au bois sombre ! Mais Néant finira par revenir, et vous goûterez à sa vengeance... »

Puis il s'approcha des barreaux qui la séparer d'elle, et continua d'un ton plein de reproche, et dur.

« Dit moi petite ? Cela fais quoi d'être faible ? De se dire que l'on a été vaincu ? Propulser par un homme comme moi comme si tu n'étais qu'un simple fétu de paille ? Au final si les rebelles ont survécu à cette bataille ce n'est sûrement pas grâce à toi petite puterelle. Je me demande même si la rébellion aussi boiteuse soit-elle ne serait pas mieux sans toi ? »

Il continua ensuite pour tourner à son tour la dague dans la plaie.

« Au final s'il n'y avait pas eu le maître lame, et ces elfes pour te sauver tu serais morte à l'heure qu'il est. Tu viens m'enquiquiner en cellule au moment où je ne peux pas te riposter, là s'arrête ton courage petite peste, tu n'es qu'un petit cafard qui essaye de jouer dans la cour des grands. Tu regrettera vite tes paroles un jour lorsque tu apprendra qu'elle est ta place. »

Acheva t-il implacable avant de cracher par terre.

« Au final face à un homme comme moi tu ne vaux rien petite ! »

Luna soutint le regard de l’Alayien qui se tournait vers elle. Elle se rappelait parfaitement de ce visage hideux, digne de donner des cauchemars à n’importe qui. Mais à la différence de la dernière fois, dans cette caverne du désert d’Esfelia, le mastodonte ne portait pas son armure de verre noir et cette dernière avait perdu sa capacité à bloquer la magie. Derrière ces barreaux, il n’était qu’un « simple » humain, abandonné par l’Esprit Supérieur qu’il chérissait tant, mais Luna savait qu’elle avait tort de penser de la sorte. En effet, Christan n’était pas qu’un « simple » humain et ce n’était pas son armure qui le définissait, il était un guerrier expérimenté dont la force brute n’avait pas d’égale ou presque. Il était un être abjecte qui aimait la cruauté et qui suivrait Néant au pied de la lettre peu importe ce qui arrivait. Il ne fallait pas faire l’erreur de le sous-estimer. Malgré la situation dans laquelle il était, il était loin d’apparaître vulnérable. La preuve était ce sourire fendant qu’il arborait et dont la gamine avait une envie irrépressible de réduire à néant. Les rebelles étaient beaucoup trop gentils avec ses prisonniers. Comment pouvait-on le traiter aussi bien après tout ce qu’il avait fait? Et qu’attendait-on pour le mettre hors d’état de nuire? Comptaient-ils le laisser là jusqu’à ce qu’il meure de vieillesse ou qu’il réussisse à s’échapper d’une quelconque façon? Si ce n’était d’elle, elle le ferait tuer, et le ferait d'elle-même s'il le fallait, sur le champ afin de purifier Armanda d’une de ses plaies. Or, elle n’en avait pas l’autorité. Certes, ce ne serait pas quelques barreaux qui l’en empêcheraient, mais les conséquences seraient désastreuses pour son statut de rebelle et pour la confiance que Korentin lui portait. Déjà qu’il en avait fallu de peu pour éviter d’arborer le titre de traitresse.

Luna avait allumé le feu, mais l’Alayien n’aidait pas plus en y ajoutant de l’huile. Inexpérimentée et petite, peut-être, mais une lâche, ça non! Elle n’était pas une lâche. Mais ce n’était pas dans cette pièce qu’elle allait pouvoir le lui prouver. Elle serra son poing afin de maîtriser la colère qui montait en elle. Elle devait rester calme et ne pas perdre le contrôle. C’était ce qu’il voulait et elle ne lui ferait pas ce plaisir.

- Vous n’êtes que des lâches qui ne sont même pas capables de vous battre loyalement et qui devez passer par les tactiques les plus fourbes pour réussir. Commença-t-elle. Elle faisait référence à la façon dont le prêcheur s’était servi d’elle comme une vulgaire marionnette afin de leur ouvrir le passage. Or, elle ignorait que l’Alayien ignorait tout de cet événement. Si je suis une lâche, tu n’es pas mieux que moi, Christan Weren. Ajouta-t-elle

Lorsqu’il s’avança vers barreaux, la gamine ne recula pas d’un pas, restant impassible et le regarda droit dans les yeux. Non, il ne lui ferait pas peur. Non, elle ne fuirait pas… Ces derniers mois avaient été un calvaire, il était temps qu’elle se reprenne en main et qu’elle chasse les cauchemars qui la tourmentaient.

Se faire appeler petite ou faible, ce n’était pas tant une tache à son estime de soi. Elle reconnaissait qu’elle avait une longue route à faire avant de devenir l’ombre d’une bonne guerrière. Elle était consciente qu’elle serait morte si Tobold n’était pas intervenu pour la secourir. L’Alayien ne ménageait pas ses mots et un vrai coup de dague aurait probablement fait moins mal. Au final, si les rebelles avaient survécu à l’Aube Rouge, ce n’était certainement pas grâce à elle… On pouvait même dire que ça avait mal tourné en grande partie à cause d’elle. Et l’idée qu’il pouvait avoir raison la répugnait et l’enflammait. Elle était un beau mélange de colère et de culpabilité.

- Un homme comme toi? Pfff! S’exclama-t-elle. Tu n’es qu’une brute qui n’a pas d’honneur, qui sauterait en bas d’un pont si Néant te dirait de le faire. Tu n’as rien à envier. Dit-elle d’un ton condescendant. Je suis peut-être petite, mais je ne suis pas faible pour autant. Vous vous êtes joué de moi, mais plus jamais. Tu verras bien!

Elle posa son regard noir sur l’homme. Jamais elle n’avait cru qu’il était possible de tant détester un être vivant.

- Mais je doute que tu puisses sortir vivant d’ici. Et ne compte surtout pas sur moi pour t’aider. Ajouta-t-elle. Puisque ma présence semble tant t’importuner, je te laisse en tête à tête avec tes barreaux.

Elle en avait assez de sa présence également. Elle comptait clore la discussion comme cela et se diriger vers la sortie. Or, cette conversation était loin d'être terminée... N'est-ce pas ?

Sincèrement la présence de cette Luna l'enquiquinée, mais à un point! Bon l'avantage c'est que Christan pouvait facilement s'amuser au dépend de cette dernière. Surtout qu'il ne comptait sûrement pas se laisser faire, elle était venu ici le provoquer, et l'insulter? Soit il allait jouer son petit jeu, et faire de même après tout s'il y a bien une chose dans laquelle Christan est doué à part le combat c'est bien l'art des insultes. Et puis sérieusement? Elle se ramener là cette petite catin comme si elle croyait qu'elle pouvait le mettre en laisse aussi facilement. Beuh là d'où il venait on l'aurait battu rien que pour cela, ce genre de gamine insolente avait sans doute du être bien mal élevée pour en arriver là. Lui sa mère lui avait inculqué de belles valeurs religieuses, et son père même si c'était sans doute le dernier des pendards l'avait rendu fort sans le vouloir. Tandis qu'elle? Juste une gamine qui s'amusait à jouer dans la cour des grands...

CHhristan était donc croyant, fidèle, fort, et discipliné. Autant de qualité que cette gamine ne pourrait se vanter aucunement de posséder. Elle n'était qu'une faible, une lâche, une écervelée, doublée d'une insolente. Cette jeune femme méritait une leçon, même pire elle méritait qu'on plante sa tête sur un pieu au moins il aurait la paix ainsi! Mais non! Il fallait que cette petite teigne survive encore, et toujours! Comme le plus irréductible des rats, ou des cafards! Tiens! Magnifique comparaison qu'il venait de trouver là, tout à fait approprier sans aucun doute pour cette Luna.

Bah dommage qu'elle ne soit pas vraiment un rat pensa t-il car le fait de pouvoir l'écraser avec ses bottes lui aurait fais beaucoup de bien. Cela comme de ne pas avoir ces barreaux entre lui, et elle, et avoir une hache entre ses mains. A part que les mains nues auraient étaient tout aussi appropriées pour faire durer le plaisir. M'enfin doux rêves qui lui étaient pour le moment inaccessibles autant ne pas y penser donc. Cela le frustrait encore plus qu'il ne l'était déjà...

Lâches, lâches, et encore lâches. Est-ce qu'elle savait seulement dire autre chose cette gamine? Car traiter les gens de lâche alors qu'il n'y a pas une semaine l'on se planquait à l'arrière, et que l'on attendait ensuite qu'il soit bien en cage pour venir le voir. Désolé, mais il n'était vraiment pas le plus lâche des deux pour le coup, bien au contraire. D'ailleurs faire son devoir n'est pas de la lâcheté, encore un point de vue rebelle stupide qu'utilisait cette Luna pour le critiquer, alors qu'au final ses mots sonnaient vides, et insipides à l'oreille de fidèle.

Ses mots n'ont aucune valeur dans ta bouche gamine, tu es petite peste qui ne sait même pas ce qu'est le courage, et la valeur. Tu prétend que je suis lâche, alors que j'ai fais mon devoir, toi qu'as tu fais? A par fuir, et attendre que l'on vienne te sauver comme une princesse? Dit-il du ton d'un suprême mépris, de toute manière elle croyait quoi? Qu'il allait dire qu'elle avait raison, ou bien encore se laisser faire sans rien dire? Contrairement à ce qu'elle croyait la vie n'était absolument pas aussi simple. Bien sûr que si je vaux mieux que toi, même un rat vaut mieux que toi, tu n'es qu'un parasite qui vit au crochet des rebelles. Livrée à toi-même à toi même tu serai sans doute morte depuis longtemps. Continua t-il e son ton méprisant.

Sûr que c'était facile de pas fuir quand il y avait les barreaux entre elle, et lui? Elle le dégoûtait, mais à un point... Décidément elle n'avait rien pour la sauver, et il se demandait d'ailleurs pourquoi les rebelles s'embêtaient à la garder auprès d'eux. Sans doute que les renégats était à ce point désespérés qu'il devaient se rabattre sur toute recrue potentielles. Pitoyable!

Peuh ses paroles étaient d'un pitoyable! Elle croyait quoi à faire ainsi? Le mettre en colère? Elle n'avait rien pour l'énerver même si Christan était quelqu'un de très irritable il fallait quand même un minimum pour l'énerver. Minimum dont cette Luna ne pouvait absolument pas se vanter. Il se demandait d'ailleurs pourquoi il perdait son temps avec elle? Elle méritait peut-être de mourir, mais à son niveau elle ne valait pas plus qu'une mouche. Elle ne deviendra jamais un vrai danger pour lui, elle ne sera jamais à son égale. Au final elle n'était même pas digne qu'il lui porte plus de considération qu'à un nourrisson, mais au final il allait quand même tout faire pour lui faire ravaler ses paroles, par pur principe.

Tu es faible, ce n'est pas en te pavanant que tu me prouvera le contraire, face à moi tu n'as plus présenter de résistance qu'un agneau. Tu es un mouton petite, moi je suis un loup. Tu ne fera jamais le poids face à moi, même sans arme, et sans mon armure de verre noire je pourrait te tuer sans aucune difficulté. Et il parlait à raison car il se battait à peine moins bien à main nue qu'a la hache. De toute manière il est facile d'avoir le courage de faire face à quelqu'un quand celui-ci est en cage, cela ne te donne pas pour autant le moindre mérite. Tu es juste comme le rapace attendant de son fondre sur une proie facile.

Il soutenu le regard de la jeune femme avec une terrible facilité, et son regard n'était pas moins tendre que celui de la jeune femme. il était noir comme la nuit, glacial comme l'hiver, et surtout dur comme l'acier.

Crois moi tu peux bien penser ce que tu veux je finirai bien par te faire ravaler toutes tes paroles petites prétentieuses. Puis la jeune femme voulu partir en douce. Christan ricana avant de lui dire d'un ton malveillant, et surtout sifflant.

Et c'est que ça fuit en plus?!? Comme je le disais une lâche héhé. Dit-il en ricanant. Avant de poursuivre alors qu'elle s'apprêtait à partir.

Pas un pour rattraper l'autre. Un vieillard faiblard, une gamin sans cervelle, et un crottin de capitaine qui vaut rien en combat! Vous faîtes bien une fine équipe! Je me dis qu'au final il n'y aura même pas besoin de mon aide pour que Néant vous emporte. La rébellion est vraiment désespérée pour admettre de tels incapables dans ses rangs. Je parie même que tes parents ont du te chasser de chez-eux tellement tu les insupportai petite! Sûrement que pour te nourrir tu as du vendre ton corps dans les ruelles d'une cité, voilà bien le genre de passé qui ne m'étonnerais pas pour teigne de ton acabit!

- LA FERME! Vociféra-t-elle.

La réplique était sortie sans que Luna ne puisse la retenir. Elle avait laissé parler Christan dans le vide sans répondre quoi que ce soit, lui tournant le dos et s’éloignant lentement vers la sortie. Elle était capable d’en prendre beaucoup avant de se frustrer réellement et que ça commence à l’affecter. On pouvait la traiter de tous les noms sans qu’elle ne perde son calme. Elle se fichait pas mal de l’opinion des autres, particulièrement en ce qui concerne un ennemi qu’elle détestait comme jamais. Ses mots n’avaient pas de valeur à ses oreilles et elle s’était crue immuable. Elle était indifférente aux insultes qui s’attaquaient directement à elle : gamine et princesse qui avaient tout l’air d’une insulte lorsqu’ils étaient prononcés par lui, petite peste, parasite, lâche, rat, faible, mouton, rapace, petite prétentieuse et j’en passe. Il aurait pu continuer longuement ainsi sans qu’elle ne réagisse, mais ce n’est qu’à la toute fin de ses paroles qu’elle se retourna brusquement pour lui crier de se la fermer.

La gamine bouillonnait de colère et elle n’arrivait plus à contrôler la rage qui teintait maintenant ses joues. Ce devait être un pur plaisir pour l’Alayien qui n’avait pas sa langue dans sa poche et qui était bien meilleur qu’elle pour balancer des injures et pour être impoli. Il avait réussi à toucher à une corde sensible chez Luna. Non, ce n’était pas à cause qu’il avait parlé qu’elle avait dû vendre son corps pour survivre. Là encore, c’était une insulte qu’elle était capable de tolérer sur sa personne. Encore plus depuis qu’elle avait fait la rencontre d’Autone, la matrone du bordel situé à Gloria. Non, ce n’était pas non plus à cause qu’il avait insulté Tobold et Matis. Certes, ça l’avait dérangée qu’il parle en mal de ses compagnons, mais ce n’était pas la fin du monde non plus.

- C’est entre toi et moi que ça se passe, Christan! On se déteste et c’est très bien comme ça! Laisse les autres en dehors de ça! Lança-t-elle de sa voix ferme et teintée de colère.

Le mastodonte aurait pu dire pratiquement n’importe quoi qu’elle n’aurait pas été affectée. Mais l’exception qui confirme la règle portait sur sa famille. Malgré tout le temps passé, la blessure était encore présente chez la gamine et c’était plus fort qu’elle, elle ne pouvait rester impassible à une telle attaque. Et ce, même s’il n’avait presque rien dit à leur sujet. L’absence de ses parents et de ses frères créaient un trou béant chez la gamine, un sentiment de vide et de solitude qui ne pourrait jamais être comblé et elle supportait encore mal le fait qu’elle les avait perdus à jamais.

- La ferme! Tu ne sais pas de quoi tu parles!

Elle enfonça les ongles dans la peau de son poing afin de garder le peu du calme qu’il lui restait. Elle aurait aimé le voir mort, éventré, écartelé ou peu importe la technique de torture la plus atroce qui soit. Elle voulait qu’il ravale ses paroles et qu’il se taise à jamais. Elle le détestait et même ce mot n’était pas suffisamment puissant pour décrire à quel point elle le haïssait. Elle devait sortir d’ici avant de poser un geste qu’elle regretterait à jamais, car l’idée de faire le travail elle-même devenait de plus en plus alléchante. Elle voulait le voir criblé de ses flèches, agonisant pour ne plus jamais qu’il puisse prononcer un seul mot. Mais elle savait qu’elle ne devait pas succomber à ses idées noires.

- Tu ne sais rien de ma vie Christan! Rien du tout. Tu n’es qu’un ignorant, qu’une brute sans cervelle, qu’un abruti!

Mais que faisait-elle? Aveuglée par la rage, elle ne réalisait pas qu’elle embarquait dans le « piège » tendu par Christan Weren et qui n’avait pour but que de l’amuser davantage. Elle aurait mieux faire de clore la discussion sans ajouter quoi que ce soit, car ses mots n’auraient probablement aucun effet sur son ennemi et ne lui donnait que plus de matière pour continuer d’enfoncer davantage le couteau dans la plaie qu’il venait de créer. Il devait être content de la voir tant énervée soudainement.

[ J’ai l’impression de t’avoir laissé une Luna sur un plateau d’argent ♥ ]

Oh par le Néant ! Christan Weren tirait des avantages même de son séjour en cellule, pour la peine rien que pour ça ! Soudain il ne regrettait pas d'avoir passé quelques journées au trou, rien que pour cette scène. Le « LA FERME » Courroucé de la jeune femme lui tira un rictus d'amusement, et de joie malveillante, et délirante qui n'aurait pas faix tâche sur le plus abjecte des psychopathe bien au contraire. Par le Néant ! C'était d'un jouissif ! Pensa t-il plus que satisfait, et fier de lui-même en voyant cette petite peste furieuse devant ses propos…

D'ailleurs il ne pouvait s'empêcher de ricaner comme la dernière des hyènes en voyant cette scène, il arrivait avec grand mal à ne pas rire aux éclats devant ce spectacle, mais arriva à se retenir en se disant que s'il faisait ainsi elle pourrait décider de partir soudainement, et cela pourrait lui enlever la chance de tirer partie de ce moment de faiblesse de cette jeune femme. Comme un général astucieux aurait profité d'une dispersion soudaine des piquiers ennemis pour ordonner une charge de cavalerie dévastatrice ! Il se réjouissait de plus d'avoir mit cette fillette hors d'elle, elle faisait moins la fier cette petite maroufle ! Il l'avait bien dit ! Au fond elle était faible, et pas plus forte que n'importe quelle gamine ! Le fait de l'énerver n'était peut-être pas aussi défoulant pour lui que l'éventualité de lui couper une jambe avec la hache, mais bon on faisait avec ce qu'on avait !

Et la voir aussi enragée ! C'était magnifique ! Pas autant que de la voir apeurée, ou même pas aussi réjouissant que la tête qu'elle avait fait quand il l'avait franchement cogné il y a peine quelques jours. Mais c'était quand même follement amusant, et au moins il savait qu'il pouvait la blesser même enfermée dans cette cellule, et cela valait bien l'enquiquinement que la présence de cette petite peste représentait pour lui…

Et elle se défendait, elle disait que c'était entre-elle, et lui . Et qu'il ne devait pas ramener les autres dans toute cette histoire, mais elle croyait quoi ?!? Qu'il allait lui obéir ? Comme elle le disait bien ils se détestaient, et Weren comptait bien faire honneur à cet état de fait.

Mais par contre… De quels autres parlaient-elles ? Cela il n'en savait trop rien, est-ce qu'elle avait été vexée par le fait qu'il injurie capitaine pédant, ou le vieillard sénile ? Cela il n'en savait trop rien pour tout avouer car cela pouvait aussi inclure les parents de la jeune femme, ne sachant rien il se contenta donc de rester silencieux, et de la provoquer en gardant son sourire cruelle. Avec de la chance cette petite idiote se trahirait d'elle-même ! Et alors il frapperait d'un coup vicieux comme la fois avec l'elfe Eliowir, alors qu'il avait presque châtré ce dernier avec sa hache…

Bon sang que c'était amusant ! Cette scène pourrait se répéter pendant mille ans qu'il ne s'en lasserait point… Que ce soit l'énervement de la filette, ou le coup de hache dans les parties de l'elfe...

Voir l'air rageur de la fillette, son air blessée… En comparant au fait qu'elle l'énervait au plus haut point cela lui faisait vraiment du bien. C'est qu'elle faisait moins la maline maintenant ! Ahaha il bénissait cent fois Néant rien que pour avoir pu assister à cette scène. Dommage qu'il ne puisse pas la tuer par de simples mots… Car ça aurait été la cerise sur le gâteau ! Par le Néant il la détestait, mais à un point !

« Oh si je sais très bien de quoi je parle. » Lâcha t-il entre ses dents en entendant la jeune femme, il ne faisait là que la provoquer davantage encore… Et encore. Et elle croyait lui faire peur ! Beuh il se passera mille ans avant qu'elle ne puisse ne serait ce que lui arriver à la cheville…

De sa vie ? Ah donc l'option des parents semblait la plus probable selon Christan, même si ce dernier ne faisait au final que supposer, il en concluait que la jeune femme avait plus de chance en parlant de sa vie de parler de ses parents que des deux autres ânes battée. Donc alors qu'elle continuait à tenter de le faire taire de manière pitoyable il dit calmement.

« Oh, mais tu ne connais rien de la mienne non plus, et pourtant c'est toi qui avais porté le premier coup dans cette caverne dans le désert. C'est toi la première qui m'a jugée sans me connaître, et tu ne fais là que récolter ce que tu as semé. »

Il décida donc de se lancer sur le terrai des parents en espérant que ce soit le bon, et la regarda froid comme le blizzard, et reprit aussi ferme qu'un étau, et surtout aussi implacable que le décès.

« Parlons davantage de tes parents. J'estime qu'aucun père, et aucune mère responsables ne laisseraient leurs filles traînait seule comme une dévergondée dans cette cité pourrissante, ou dans un désert... »

Il laisse un court silence s'installer avant de poursuivre.

« J'ai donc trois suppositions… Soit tes parents sont des crétins bornés, stupides, et ton élevée comme la dernière des catin avant de te chasser de chez eux. Ce qui selon moi expliquerait beaucoup de chose de ce que je vois devant moi. Et dans ce cas-là je tiens à féliciter ces derniers ne pas t'avoir tué au vu de ton insolence. »

« Soit ils ce sont convertis au culte du Néant, et tu souffre de cela, mais à mon avis c'est bien peu probable car si tu avais eu un minimum de cervelle ce dont je doute fort tu les aurait suivis dans leurs grande intelligence... »

« Et ma dernière supposition c'est qu'ils sont morts. Que tu les as perdu, et je dirai que ce n'est là que justice petite idiote. S'ils sont morts c'est sans doute par la faute de ta veulerie. Si tu es encore vivante, alors qu'eux sont décédés. C'est car tu es faible, et lâche, et que les faibles, et les lâches n'ont rien pour eux. Et s'ils sont morts c'est qu'ils étaient trop faible pour mériter de vivre... »

Et il acheva finalement sans lui laisser le temps de riposter.

« Dis moi petite ? Qu'est-ce que cela te fait de savoir que tu as tout raté ?!? Que même le destin te punit, te haït, que tu n'as plus rien pour toi à part une bande de renégat désespérés ? Au final ta vie est pitoyable, et le restera toujours. Tu es faible, tu as payé de ta faiblesse, et tu payera à nouveau d'elle. Ce seront tes proches qui souffriront un à un de cela jusqu’à ce que ton tour arrive... »

Dit-il en faisant le geste de l'homme qui égorge. Avant d'achever .

« Au final tu n'es même pas digne de mes insultes, ou même de mon intérêt. Ni même que je lève ma hache contre toi, car tu pourvoira très bien à ta propre perte, et à celle de ceux que tu aime s'il en reste du moins sans mon aide... »

Et une fois cela dit il contempla son œuvre d'un air malveillant.

Christan était un être détestable et la gamine haïssait de plus en plus chaque parcelle de cet être. Son ricanement était détestable, son rire encore plus. Sans oublier son sourire qui avait le don de la mettre hors d’elle. Elle détestait sa provenance, ses croyances et son fanatisme pour l’Esprit du Néant. Elle détestait le voir déposer un tel regard sur elle. Elle détestait ses paroles, sa voix, les mots et le ton qu’il choisissait. Elle détestait sa force physique tout comme sa force mentale. Elle détestait le voir aussi confiant et aussi en maîtrise de soi tandis qu’il était un prisonnier des rebelles. Elle détestait qu’il se moque aussi facilement d’elle et qu’il s’amuse autant à ses dépens. Elle détestait l’entendre parler de sa famille ainsi et qu’il ait vu juste d’une certaine façon parmi ses trois hypothèses. N’y existait-il pas une limite à quel point l’on pouvait détester quelqu’un? Avec l’Alayien, il semblait bien que non.

Luna prit une grande respiration afin de permettre à son cœur de se calmer un peu. Elle ne devait pas laisser la fureur prendre le dessus sur elle bien que l’envie de meurtre devenait pratiquement irrépressible. Elle avait le goût d’hurler sa colère jusqu’à s’en déchirer la voix et de tout briser sur son passage. Mais elle était lucide qu’elle n’y gagnerait rien. Elle prit une deuxième respiration tandis que son ennemi en rajoutait sur son passé. Si la colère n’avait pas teinté son regard, probablement qu’on aurait pu y apercevoir une lueur de tristesse. Elle prit à nouveau une respiration afin de calmer la tempête qui siégeait en elle.

Il pouvait bien parler autant qu’il le voudrait, il ne pourrait pas ternir la mémoire qu’elle avait de sa famille. Elle n’aurait jamais voulu d’une autre et ce sentiment était encore plus fort depuis qu’elle avait apprise qu’on l’avait adoptée. Les Beauchamp avait été sa famille et elle ne l’aurait échangée pour rien au monde, même si son grand frère n’avait jamais cessé de vouloir lui rendre la vie difficile. Christan se trompait s’il les catégorisait de stupides ou de crétins. Ils étaient des gens qui vivaient simplement, certes, mais ils étaient vifs d’esprit et elle ne pouvait se les imaginer se convertir au culte du Néant. C’était des gens aimables, courageux, persévérants, travaillants, et jamais ils ne l’auraient abandonnée. Ça, elle en était certaine. Ils l’avaient aimée autant qu’elle les avait aimés. Est-ce Christan était aussi désagréable parce qu’il n’avait jamais connu l’amour et qu’il ne possédait qu’un cœur de pierre, ou plutôt de verre noir?

L’Alayien eut enfin terminé de parler. C’était fascinant à quel point il avait une facilité à parler beaucoup, surtout lorsqu’il s’agissait d’insulter quelqu’un. Un silence s’installa lentement dans la prison et la gamine reprit une grande respiration. Elle se sentait un peu plus mieux. Il lui avait fait perdre son calme en parlant en mal de ses parents, mais repenser à eux l’avait un peu aidée à le retrouver. C’était comme quand sa mère lui disait d’ignorer Damien parce qu’il ne valait pas la peine de gaspiller son énergie à se frustrer contre lui.

- Tu es loin de savoir de quoi tu parles. Dit-elle plus calmement.

Dire que si des brigands n’avaient pas décidé de faire du carnage dans ce petit village de l’Empire, elle serait encore avec eux à mener une petite vie simple des plus sympathiques. Elle n’aurait pas cette douce conversation avec ce cher ennemi qui avait raison en disant que ses parents étaient morts. Elle n’aurait pas connu Ombre et elle n’aurait pas appris à survivre par elle-même. Elle ne se serait pas jointe aux rebelles et n’aurait pas fait la connaissance d’êtres lui étant chers désormais. Mais il avait raison… Si seulement elle avait pu être plus forte. Si seulement elle avait su les protéger. Elle n’avait su le faire tandis qu’elle était encore inconsciente des dangers qui guettaient hors de son village. Mais elle était maintenant consciente qu’elle devait tailler sa place sur le continent et qu’elle devait devenir plus forte pour cela. Elle ne serait plus la demoiselle en détresse, plus jamais. Elle deviendrait forte et c’est elle qui protégerait les autres. Promis, juré, craché.

- T’aurais dû me tuer pendant que tu en avais l’occasion parce qu’elle ne se représentera pas à nouveau. Tu as tort Christan. Le destin ne me punit pas, il ne me rend que plus forte!

À chaque obstacle surmonté, ne devenait-elle pas un peu plus forte? Certes, elle n’était pas aussi forte physiquement que le colosse et ne le deviendrait probablement jamais, mais la force ne se résumait pas seulement à la force brute. Elle pouvait miser sur son agilité, sur sa magie, sur la maîtrise de ses armes, sur ses capacités intellectuelles et sa facilité d’apprentissage.

- Je doute que tu puisses sortir d’ici, Christan. Mais si par miracle tu le fais. On ne sait jamais ce que les gens de son espèce cachent au fond de leur chapeau. Je te le prouverai en te battant!

Elle prenait avec un calme... C'était d'un frustrant pour le fidèle, mais au final ce dernier savait bien qu'il n'aurait pas pu mettre éternellement cette gamine en colère, et si cela se trouve cette dernière faisait exprès pour l'énerver autant donc ne pas lui faire ce plaisir. Rester calme, et surtout provocateur semblait être la meilleure façon d'avoir le dessus au niveau du dialogue contre-elle, et Weren allait le rester malgré la tentation qui le prenait aux tripes de se fendre en injures, et de promettre toutes les obscénités, et atrocités possible, et imaginables à la fillette. Malgré que ce soit tentant il avait déjà eu la preuve que la violence verbale avait peu d'efficacité sur elle contrairement à la violence physique, mais bon ce n'est pas comme si cette dernière était envisageable pour le moment...

Tu es très doué pour dire des évidences, au moins tu es douée en quelque chose. Dit-il tout aussi calmement quand elle dit qu'il ne savait pas vraiment de quoi il parlait. Car évidement qu'il ne savait pas de quoi il parlait car il ne connaissait pas le passé de cette petite peste, elle croyait quoi en lui disant cela? Qu'il allait se taire? Pfffff....

D'ailleurs elle se mit à lui dire qu'il aurait du le tuer quand il en avait l’occasion que cela ne se représenterait pas à nouveau. Étrangement les paroles de cette gamine trouvaient un ego en lui, elles avaient quelque chose de familier, de profond. Il voyait en elle une ardeur qu'il avait déjà vu auparavant... Elle aspirait à devenir plus forte, à se surpasser, à le vaincre... Oui c'était exactement comme ça qu'il était à ses 16 ans quand il avait décidé de s'engager à l'armée pour prouver sa valeur à son père. Et finalement il avait réussit, oui c'était peut-être ignoble de penser qu'elle lui ressemblait en cela, mais il ne pouvait s'empêcher de respecter ce genre de choses...

Raison pour laquelle il ne l'interrompit pas.

La force. L'honneur, et la détermination. Voilà trois choses qu'il respectait, et cette petite puterelle semblait faire preuve de la dernière. Eh bien à croire que tout le monde réservait son lot de surprises.

Et elle lui fit une promesse, Christan la dévisagea du regard pour voir si c'était des paroles en l'air, de la lâcheté, peut-être que s'en était, mais il ne vit rien de tout cela...

Après un assez long silence Christan reprit calmement d'un ton toujours froid, mais à peine moins méprisant.

Un conseil petite... Tu m'as fais une promesse là, tu as intérêt à la tenir maintenant.

Il la regarde ensuite dans les yeux comme s'il cherchait à voir jusqu'où allait la détermination de la fillette avant de poursuivre d'un ton ferme.

Mais soit! Je prendrai ta menace au sérieux pour une bonne raison.

Dit-il en la regardant du regard de celui qui voit en face de lui un adversaire, et non un insecte.

J'ai fais la même promesse à mes 16 ans à un homme que je détestai plus que tout, un homme que je voulais vaincre, et surpasser, un homme qui n'avais que mépris pour moi...

Il laissa un court moment de silence s'installer avant de dire.

Et j'ai vaincu, j'étais faible à cette époque, mais j'ai fini par atteindre mon but, et par devenir fort. Tu es faible maintenant, je ne ferai pas comme cet homme je ne sous-estimerai pas l'éventuelle menace que tu pourrai devenir pour moi à force d'effort.

Et il reprit d'un ton appliqué.

La prochaine fois que nous nous verrons si je suis libre je te combattrai donc avec la même fougue que j'ai combattu le maître-lame. Fais bien attention gamine, je ne ferai pas comme celui que j'ai vaincu, tu n'aura le droit qu'a un seul essaie, et je te combattrai de toutes mes forces...

Puis il reprit d'un ton dur, et ferme.

D'ici là tu n'es qu'un insecte pour moi, lorsque tu te sentira prêt prouve moi ce que tu vaux, ou meurt! Les armes parlent une langue qu'un million d'un mot ne suffirait à définir. Elles sont la vérité, le guerre ne ment jamais. Les mots ne sont que du vent, les lames, et les flèches sont bien plus consistantes...

Luna n’avait pas besoin du conseil de Christan Weren. Ce qu’elle avait prononcé, elle le croyait fermement et elle était bien prête à tout entreprendre pour tenir sa parole. Ce ne serait pas aujourd’hui, pas maintenant tandis qu’elle n’était encore qu’une gamine inexpérimentée, encore déboussolée par les derniers événements marquants les derniers mois, et que son opposant se trouvait derrière les barreaux. Mais elle s’entraînerait et elle deviendrait bien plus forte que ce qu’elle est actuellement. Elle avait la ferme intention de devenir quelqu’un que rien ni personne ne pourrait plus jamais arrêter, une personne qu’on ne pourrait plus manipuler à sa guise et finalement, qui n’avait pas besoin des autres pour se protéger. C’était l’idée, un peu utopique c’est certain, que la jeune fille se faisait, et elle comptait suivre cet objectif peu importe si l’Alayien était encore de ce monde ou non. Par le Dracos, si son ennemi était encore là, ce ne serait qu’un bonus, mais tout un, que de pouvoir le lui prouver une bonne fois pour toute! Étonnamment, la gamine fut presque déçue que l’Alayien se retrouve derrière les barreaux et que ses heures étaient comptées. Presque parce qu’elle aurait voulu croiser le fer contre lui dans un avenir lointain afin de comparer son évolution. Mais cette envie était loin de surpasser celle de le savoir hors état de nuire.

- J’y compte bien! répondit-elle.

Luna le regarda d’un air déterminé, croisant en même temps le regard qu’il posa sur elle. Il ne lui faisait pas peur… Enfin, si, peut-être un peu. Mais seul un fou ne le serait pas face à un adversaire de cette envergure. Toutefois, son entêtement à réussir était bien plus fort que le sentiment de crainte que lui apportait le colosse. Elle avait donné sa parole et elle comptait bien la respecter.

Elle fut ensuite surprise que l’Alayien dévoile une partie de son passé et par respect, car on peut quand même respecter ses opposants même lorsqu’on les déteste, elle le laissa s’exprimer sans l’interrompre. Il avait d’ailleurs réussi à piquer sa curiosité, car elle se demanda quelle était la personne qu’il avait détestée plus que tout et qu’il avait fini par vaincre. Mais la réponse ne vint pas et la gamine s’imaginait mal lui demander davantage de détails.

- À part se détester, on dirait qu’on est capable de s’entendre sur une autre chose!

Elle et lui, ils étaient comme le jour et la nuit. Elle avait l’impression qu’ils n’avaient aucun point en commun et qu’ils ne s’entendraient jamais. Mais par cette promesse que la jeune fille venait de prononcer, ils venaient de se lier d’une certaine façon.

- Je ne veux pas que tu me sous-estimes non plus. Mentionna-t-elle. Lorsque l’on se battra, je veux que tu sois au meilleur de ta forme et je ne veux pas gagner parce que tu m’auras laissé une chance! Je veux un vrai combat, juste entre toi et moi. Poursuivit-elle. Tous les coups pourraiernt être donnés, toutes les armes et les styles de combat également. Mais ce serait un duel pur et simple, sans aucune intervention extérieure. L’honneur était en jeu et il n’y avait pas d’honneur de gagner un combat où les adversaires étaient en surnombre ou que l’adversaire était déjà affaibli. Si j’arrive à t’anéantir, tu ne pourras alors plus me considérer comme un vulgaire insecte. Mais si je perds, alors soit, j’aurai au moins essayé de ne plus l’être! Dit-elle avec détermination. Mais n’y compte pas trop, je compte bien gagner et te prouver que je peux devenir redoutable. Ajouta-t-elle finalement.

La gamine se tut et le silence s’installa tandis qu’elle le regarda droit dans les yeux. Elle était peut-être une jeune fille faible, mais on ne pouvait dire qu’elle manquait de cran et de détermination. C’était probablement ce qui la définissait le mieux, et ce qui expliquait le don qu’elle avait de se mêler à des situations dangereuses, et comme pour le démontrer, Luna fit quelques pas en direction de l’Alayien. Elle s’arrêta face à lui.

- Avons-nous un marché, Christan Weren? Dit-elle en lui tendant sa main gauche afin d’officialiser le pacte en bonne et due forme.

N’importe qui dirait qu’elle était folle d’être entrée dans sa portée. Ils avaient raison, car il pourrait facilement s'en prendre à elle s'il le désirait. Mais malgré les risques, c’était important pour elle de savoir que ce n’était pas des paroles en l’air. Si son « ennemi juré » brisait ce pacte aujourd’hui, elle saurait qu’il n’existait aucun honneur chez lui et que le combat ne valait pas la peine d’être mené.

L'on pouvait dire que la vie réservait son lot de surprise même après avoir vécu 40 années d'existences plus, ou moins dures, et laborieuses. Cette gamine qui n'était qu'une enfant, un insecte, voir même un poux pour lui puissant guerrier, et vétéran redouté de l'alayia. Elle semblait presque digne de respect, elle était faible, insolente, présomptueuse, mais il voyait dans ses yeux brillait une flamme que Christan appréciait voir. Un feu de détermination, cela lui faisait trop penser à lui… Est-ce que Hugo avait vu les mêmes feu brillaient dans ses yeux lors de son engagement dans l'armée ? Était-ce pour cela que son père avait essayé de la briser pendant son service militaire encore plus férocement que lorsqu'il vivait encore dans la mine, ou bien à la maison…?

Cela il n'en savait rien, mais le destin avait était implacable. Christan Weren le parricide était encore là, le sang de son père sur les mains, sa vengeance expié. S'il y avait bien un meurtre entre tous qui lui paraissait doux c'était celui-là. Tuer son père avait été la meilleure chose que Weren n'avait jamais accomplit de son existence… Et maintenant il se retrouvait peut-être dans la position de son père, avec une gamine qui voulait le battre, et le briser… Sauf que Christan n'était pas Hugo…

Elle semblait si farouche, elle était folle. Elle ne lui arriverait jamais à la cheville, voilà ce que l'on pouvait se dire à première vue, mais le fidèle ne sous-estime pas un éventuel adversaire, et de plus il avait été faible avant de terrasser Hugo qui était fort… Au final la foi, et la détermination peuvent soulever des montagnes, et s'il ne voulait pas finir comme son satané père maudit soit-il il fallait qu'il soit sur ses gardes…

Ils s'entendaient donc sur quelques chose ? Il n'avait rien à redire à cela à vrai dire. Néanmoins bien entendu qu'ils s'entendaient là-dessus, Weren avait presque l'impression de parler à une vrai guerrière avec de l'honneur. Une chose au combien trop rare pour le fidèle. Une qualité qui apparemment avait tendance à se manifester là où l'on s'y attend le moins. Une qualité qui est sans doute la seule qui pouvait donner envie à Weren de respecter son ennemi.

Mais la respecter elle ? Beuh à vrai dire il n'en avait vraiment aucune envie, et si ça se trouve les paroles de cette gamine c'était du vent, décuplé par le fait qu'elle ce sentait en confiance maintenant qu'il était derrière les barreaux. Oui d'une certaine cela pouvait être cela même si le regard bleu de cette Luna semblait dire le contraire. Au final qui vivra verra, surtout qu'il faudrait qu'il trouve un moyen de sortir d'ici avant d'y réfléchir, mais Christan respectait toujours ses promesses, cela personne ne pouvait en douter, même quand les obstacles sur son chemin étaient presque impossible…

Oui de belles paroles que tout cela, des paroles amusantes, voir même plaisantes, mais du vent… Au final il ne saurait rien tant qu'il n'y aurait pas d'acte pour confirmer les mots de la jeune femme, dommage qu'il ne soit pas en position pour vérifier cela plus directement…

Est-ce qu'elle pourrait vraiment être un ennemi à sa hauteur ? Il l'espérait bien, il aimait se battre, cela il fallait le dire. Voir le sang gicler, les os se fracturer, et les cris de douleurs résonner, frôler d'aussi près la mort. Il n'y avait rien qui lui donnait plus l'impression de vivre ! Quelle plaisir que de pouvoir donner la mort, et de risquer la sienne dans un palais macabre. Est-ce qu'elle serait une bonne partenaire ? Serait-elle à sa hauteur un jour ? Il n'en savait rien, mais il espérait bien que oui à vrai dire car il aimait les combats rudes…

Il ne répondit donc pas à la jeune femme, alors qu'elle faisait son petit discours. Elle voulait qu'il lui témoigne du respect ? Elle savait sans doute qu'avec qu'une homme comme Weren le respect ne s'exige pas, il se prend ! Car la vie n'est qu'un combat, et qu'obtenir son droit d'existence, et toutes les commodités qui vont avec il faut sans cesse lutter ! Les forts ont tout les droits sur les faibles, si elle voulait devenir forte cela était tout en son honneur, mais si elle voulait quoi que ce soit que lui il fallait qu'elle devienne plus forte que lui.

Au final tout ne pourrait pas être prouvé ici avec des mots stériles, mais une prochaine fois en pleine action. Tel le ballet de la vie, et de la mort. Tel est l'avancée du destin, tel un ultime cri du souffrance en témoignage à une existence cruelle. Ce n'est que dans le sang versé que pourra se démentir, ou non les paroles de Luna. Oh divin liquide écarlate ! Oh funeste vin de la chair, liquide fait pour être versé, et qui sera versé. Il avait soif de sang en y pensant, cela le faisait presque souffrir de penser qu'il ne pourrait pas tuer avant longtemps… Il ne valait mieux pas y penser sans doute.

Christan la regarda calmement se rapprocher de lui, qu'est-ce qu'elle comptait faire… Elle lui tendait la main ? Et lui demandait s'ils avaient un marché ? Eh bien Christan fut presque convaincu de la véracité de ses paroles rien que par cela pour tout avouer…

Il la regarda silencieusement, en fronçant les sourcils de façon inquisitrice, il se rapproche calmement. Il tendit sa main, et attrapa celle de la jeune femme avant de dire calmement…

« Nous avons u marché... » Tout était dit maintenant.

Néanmoins il n'arrêta pas de serrer la main pour autant, il raffermit même son emprise sur celle de Luna sans pour autant lui casser le poignet. Il la tira ensuite vers elle légèrement, pas assez pour qu'elle cogne sur les barreaux, mais assez pour que son visage ne soit qu'a moins de 20 centimètres de celui de l'alayien. Ceci fait Christan lui dit froidement avec une voix très amer.

« Mon père avait détruit tout ce en quoi je tenais avant que je ne le vainque, et ne le tue. Car j'étais trop faible, et car j'ai trop tardé, et je vais te dire une chose Luna. Si tu fuis, si tu n'honore pas ton marché, si tu fais preuve du moindre déshonneur. Je jure te détruire tout ceux en quoi tu tiens à mon tour que ce soit tes parents, tes amis, tes frères, tes sœurs voir même ton clebs. Mais si tu te bat avec honneur que tu vainque, ou que tu meurs je ne ferais pas de tout ceci une affaire personnelle. Tu m'as bien compris ? » Car aucun châtiment aux yeux de Weren n'est assez grand pour punir les lâches même la mort, et il fallait donc innover...

Il lâcha ensuite la jeune femme avant de rajouter froidement, mais avec un peu moins de mépris qu'au début de la visite de la jeune femme.

« La vie n'est qu'une lutte, seuls les forts en ressortent victorieux, seuls les forts ont le droit à l’existence, les faibles eux sont à la merci des forts. J'ai appris cette dure leçon dans le sang, et je ne serai plus jamais faible. Si tu veux suivre cette voie-ci tu fais là un choix fort sage, car ce monde n'est pas pour les faibles de corps, ou d'esprits. Les morts ont toujours tort, et il n'y aucune volonté plus forte que celle du tranchant des lames, à part celle ô combien supérieur, et au-delà de nous simples mortels du Néant. Volonté par delà nos futilités, et nos souffrances risibles de mortels. »

Et il conclut d'un ton dur, et surtout fermement convaincue de ce qu'il disait.

« Ce sont souvent ceux à qui nous tenons le plus qui nous font sombrer, l'amour, et la pitié sont des faiblesses, la haine une force. Haït moi, déteste moi, souhaite ma mort avec conviction, et ne te détourne jamais de ton but. Peut-être qu'ainsi tu sera un adversaire digne de valeur, ne l'oublie jamais... »

Le cœur de Luna battait fort tandis qu’elle s’approchait de son ennemi. Elle regardait fixement Christan Weren, car elle ne voulait manquer aucun mouvement brusque de sa part. C’était dangereux ce qu’elle faisait, elle le savait parfaitement. Et pourtant, il était hors de question de reculer maintenant qu’elle s’était décidée à faire ces quelques pas. Elle avait l’impression de s’approcher de la cage d’un lion qui pouvait lui arracher la vie d’un instant à l’autre s’il le souhaitait et encore, c’était loin de la vérité parce que le colosse était bien plus dangereux qu’un de ces félins. Elle ordonnait à son cœur de se calmer et lui tendit sa main, attendant maintenant sa réaction. Elle ne l’avait toujours pas quitté des yeux.

Quelques secondes s’écoulèrent où tous les deux ne firent que s’observer, puis il se rapprocha lentement d’elle. Suffisamment lentement pour éviter que la petite ne prenne « trop peur » et ne recule précipitamment. La main tendue vers lui, il finit par la lui serrer avant de sceller à son tour le contrat qui unirait les deux ennemis d’une certaine façon. Ceci étant fait, ils savaient maintenant à quoi s’attendre l’un de l’autre. Nul ne savait précisément quand. Ce n’était certainement pas aujourd’hui ni demain, peut-être même jamais si l’un deux venait à mourir avant l’heure. Mais lorsque le moment viendrait, que seul Dracos pouvait savoir – et peut-être Néant pour faire plaisir à son fervent fidèle - Christan Weren et Luna Duruisseau se battraient en duel pour régler leur différend une bonne fois pour toute.

Leur pacte étant conclu, la gamine voulut s’éloigner. Pour elle, il n’y avait plus rien à dire. Ils se quitteraient pour ne se revoir qu’au moment du duel, elle retournerait faire ses activités habituelles tout en s’entraînant en vue de cette tâche et lui, il continuerait de croupir dans sa cellule jusqu’à… peu importe. Mais elle se frotta rapidement à une impasse : Christan ne lâchait pas sa main! Il ne lui faisait pas mal, mais sa poigne était ferme, suffisamment forte pour qu’elle ne puisse la retirer d’elle-même. Même qu’elle sentit la poigne de l’Alayien se raffermir davantage juste avant d’être brusquement tirée vers lui. Étant un poids-plume, la résistance qu’elle causa devint négligeable versus la force nécessaire pour être capable de la faire bouger. Le mouvement arrêté, elle se retrouva à quelques centimètres du visage de son ennemi avec une expression qui trahissait son désir d’être à des kilomètres plus loin.

La peur… Définitivement, la peur l’avait gagnée et cette fois-ci, impossible de faire taire son cœur qui battait à vive allure. Elle avait retenu son souffle un instant et avait bien cru qu’il s’agissait de son dernier instant à vivre. C’était un ennemi après tout. Elle s’était trouvée bien naïve de croire qu’il ne lui ferait pas de mal et qu’il tiendrait son marché jusqu’au bout. Quelle sotte, elle était! Mais l’Esprit de la Mort attendrait un autre jour. La gamine écarquilla des yeux tandis que Weren n’en profitait pas pour mettre fin à ses jours, mais pour lui parler! Elle n’aurait peut-être pas besoin de se battre pour sa vie, d’user de sa dague ou de sa magie pour se sortir de cette mauvaise situation. Il détailla davantage son passé et lui dit à quel point il rendrait la vie horrible à tous ceux qu’elle tenait si elle ne tenait pas sa part du marché.

Elle déglutit péniblement avant d’acquiescer d’un signe de tête. Elle était bien déterminée à tenir sa parole! Elle n’était pas du genre à la donner pour la briser un instant d'après. En effet, bien qu’il lui arrive de mentir, lorsqu’elle donnait sa parole, c’était pour la respecter et tout faire en sorte pour ne pas la bafouer. Et celle-ci était d’autant plus importante puisque son entourage était en jeu et elle savait que Christan était sérieux. Plus jamais elle ne voulait que ses proches ne soient impliqués à cause d’elle. Déjà qu’Ombre, Auphélie et Autone n’avaient pas été épargnés du Prêcheur afin de la briser. Elle ne voulait pas que d’autres ne soient touchés par sa faute. Il y avait maintenant tant de gens auxquels elle tenait depuis qu’elle était entrée chez les rebelles. Déjà qu’elle leur avait fait énormément de torts en étant la Larme de Néant, elle ne voulait pas en ajouter plus!

Lorsque Luna sentit la poigne de l’Alayien se relâcher, elle dégagea sa main et recula aussitôt d’un pas, soulagée de ne plus être à sa portée. Il était peut-être un ennemi qu’elle pouvait respecter et qui avait plus d’honneur qu’elle ne l’avait cru au départ, mais elle préférait tout de même ne pas rester à proximité. Il restait un dangereux ennemi. Et c’était encore plus vrai en sachant que le lion ne pouvait faire qu’une bouchée d’elle s’il le désirait. Mais un jour, ça changerait. Elle deviendrait une menace qu’il ne valait mieux ne pas sous-estimer.

- Aujourd’hui, je t’ai donné ma parole Christan. Commença-t-elle, d’un ton résolu et dont le regard brûlait des flammes de la détermination. J’ai compris ce qui m’attendait si je ne respectais pas ma part du marché. Mais nul besoin de menacer mes proches, je te prouverai que je ne suis pas une lâche. Dit-elle sérieusement.

Jamais personne ne pourrait croire qu’un tel marché venait de se créer dans la prison d’Aigue-Royale. C’était un pacte qu’elle comptait respecter jusqu’au bout, mais elle n’en parlerait à personne. N'importe qui dirait qu’elle était folle ou qu’elle ne ferait pas le poids. Elle savait qu’ils diraient qu’elle était insensée et que ça ne valait pas la peine de se battre pour faire entendre son point. Mais c’était une étape qu’elle avait besoin de franchir pour continuer à s’épanouir. Elle n’avait pas besoin de l’opinion des autres… C’était quelque chose qu’elle faisait pour elle-même et le pire si elle déshonorait sa parole, ce ne serait pas le courroux du fendeur de crâne, mais le poids de sa propre conscience. Comment serait-elle encore en mesure de se regarder en face par après?

- Je ne suis pas de ton avis. Je ne crois pas que l’amour soit une faiblesse. Je pense plutôt qu’elle nous pousse à nous dépasser. Elle peut être une force autant que la haine. rectifia-t-elle.

Il est vrai que ceux auxquels on tenait pouvait nous faire sombrer, mais ils nous donnent également une raison pour laquelle se battre. La haine pouvait être une force, mais la volonté de protéger ceux auxquels on tient encore plus.

- Mais peu importe, je ne me détournerai pas de mon but. Je deviendrai forte, que tu en sois témoin ou non! Et si tu es encore là, tu auras droit à un combat comme jamais tu n’auras vécu! Bien meilleurs que ceux que tu as fait jusqu’à maintenant, bien meilleurs que celui que tu as fait contre ton père ou contre le maître-lame. Dit-elle avec conviction. Elle fit une légère pause avant d’ajouter. Et je compte gagner!

Elle s'éloigna de lui peu après qu'il l'ait lâché. Il avait vu de la peur dans le regard de la jeune femme, quelque chose qu'il méprisait peut-être beaucoup beaucoup, mais aussi l'un des constituants fondamental de la vertu que l'on appelle courage. Christan verrait bien si la peur de cette jeune de perdre ceux à qui elle tient était plus forte que celle de perdre sa vie. Après tout un homme se bat toujours pour ceux qui le fait vibrer, et ceux pour diverses raisons. Si elle se battait par peur de perdre ce qu'elle possédait peut-être qu'elle ferait un redoutable adversaire ? Au final seul l'avenir le dira.

Dans tout les cas il revit la flamme de détermination de la jeune femme qui n'en démordait pas après cela, cela le rassurait. Au moins il pourrait un peu s'amuser avec elle, et qui sait ? Si elle était vraiment forte elle pourrait devenir un ennemi redoutable, sa simple existence comme celle de Moebius, du maître lame, et celle de son père qui était éteinte maintenant pourrait être comme le combustible qui pousserait le fidèle à sans cesse s'entraîner, à sans cesse tenter de se surpasser pour triompher de ses ennemis, et de tout ceux qui se dressaient sur leurs chemins. Après tout un homme ne progressait aucunement dans la facilité, mais seulement dans le défi, et la difficulté. S'il voulait devenir meilleur il devait trouver des adversaires à sa hauteur donc qu'elle devienne très forte ne le dérangeait aucunement. Car sinon le combat ne ferait pas vibrer tout son être…

« Ce n'est qu'une garantie. » Dit-il sombrement avec un sourire qui avait plus l'air martial qu'autre chose, celui de l'homme qui a eu une assez bonne surprise, et qui se fend vraiment très rarement d'un sourire comme celui-ci. Et qui serait sans doute très en colère, et furieux d'être déçu dans ses attentes. Elle valait peut-être le coup qu'il la considère avec un peu de respect, c'est ce qu'il fit donc, le reste serait déterminer lorsque l'heure du glas aurait sonnée…

« Et une motivation pour toi. Ce n'est que dans l’adversité, et surtout dans le péril que l'homme trouve la force de devenir plus fort. Les duretés de la vie nous façonnent pour nous rendre fort, et solide comme l'acier. » C'était sa philosophie aussi, et d'une certaine façon elle était très juste selon-lui, après tout n'était-il pas plutôt voir très fort, même redoutable pour un être humaine. Et il ne comptait sûrement pas en rester là, sans cesse chercher à s'améliorer, savoir qu'il y avait toujours meilleur que soit, et déjà de ne pas se relâcher.

« L'amour, la haine, la vengeance. choisit ta motivation pour te battre gamine, mais sache que ce sera par le fracas des lames, et les giclements de sang que nous déterminerons lequel de nous deux à raison, et lequel a tort. Car les mots ne sont que du vent. Et c'est les vainqueur qui détiennent la vérité, et les morts qui ont tort. Retiens bien cela. » Il ne ce sentait pas d'humeur à rouspéter pour le coup, il préférait avoir des arguments plus empiriques pour le coup, et ces arguments seraient déployés lors de leurs prochain duel. Voilà de quoi mettre tout le monde d'accord après tout !

De plus elle n'irait pas chouiner qu'il avait tort s'il lui enfoncer sa hache dans la cervelle, au moins cela éviterait tout débat qu'il n'appréciait aucunement, le langage des armes avait au moins cela de pur, et de beau, le fait qu'il ne laisse la place à aucun doute, et qu'il soit plus consistants que de vains mots. Le langage idéal donc pour un serviteur du Néant comme lui. Car l'unique ne méritait que de solides arguments pour appuyer son règne, et Weren était entièrement prêt à donner ces derniers.

Elle lui faisait de telles promesses que Christan serait vraiment déçu qu'elle ne les tiennes pas. Elle disait qu'elle serait un adversaire encore plus redoutable que le vampire maître de l'escrime, qu'il n'aurait jamais vécu un combat aussi intense de son existence (à part peut-être celui avec un dragon, mais il n'allait pas décemment s'attendre à ce qu'elle devienne plus forte qu'un dragon, déjà que c'était beaucoup pour le vampire). Dans tout les cas il espérait qu'elle tienne parole, cela ne serait sans doute pas tout de suite, mais si elle devenait aussi forte ce serait une expérience intéressante. Au moins il aurait pu vaincre une redoutable guerrière, ou bien se faire avoir par quelqu'un faisant preuve d'une once d'honneur ce qui n'était pas du luxe…

« Cela me fait beaucoup de mal de le dire, mais je parlai comme cela quand j'avais a peu près ton âge gamine. C'est uniquement pour donner une leçon à mon père, et lui faire ravaler son caquet que je me suis engagé dans l'armée, et aussi échappé à la mine au passage. Tu t'engage sur une voie bordée de souffrance Luna, mais à la clé tu y gagnera force, et honneur. C'est dans la bataille que j'ai trouvé ma vérité, peut-être que tu y trouvera la tienne. » Oui c'était vraiment dure à dire, mais vrai. Christan n'était pas homme à raconter beaucoup de mensonges bien au contraire, il était très franc, et directe dans tout ce qu'il faisait qu'importe les conséquences. Après tout la vérité est meilleur que le mensonge aussi douloureuse soit-elle …

Mais il y avait quelques questions qui trottaient dans la tête de Christan, et il comptait bien les poser à la jeune femme avant que celle-ci s'en aille.

« Dis moi Luna. A tu déjà tué auparavant ? Si oui veux tu bien me dire quel effet cela t'as fait ? As tu ressentit du dégoût ? De la joie ? De la colère ? Ou bien de l'indifférence ? En échange de ta réponse je te dirai ce que moi j'ai ressentit... » Elle risquait d'être surprise…

« Et sinon pour quelle raison as tu tué ? Pour ta survie? Celle d'un autre? Par intérêt? Ou pour un idéal? » La simple réponse de Luna pourrait déterminer beaucoup que ce soit la façon dont Christan la considère, ou bien ce qu'elle est profondément au fond d'elle, et ce qui la faisait vibrer. Après tout il fallait des fois apprendre à connaître son adversaire pour le vaincre, et savoir qui on venait de tuer, ou qui allait vous tuer, même si ce n'était là que du superflu...

Tout avait été dit. Du moins, c’est ce qu’avait cru Luna et elle n’avait rien à ajouter à leur échange. Elle considérait qu’ils n’avaient pas besoin de discuter davantage de leur point de vue et de ce qui motivait la gamine à vouloir le battre en duel. Le tout se concrétiserait en temps et lieu lorsque leur arme s’entrechoquerait et seul le résultat de ce combat déterminerait alors qui avait raison et qui avait tort. Elle était d’accord avec lui sur un autre sujet : les morts ont toujours tort. Or, elle voulait avoir raison et surtout, elle voulait vivre. Mais à l’issu de ce combat, il ne lui apparaissait qu’une option : que l’un des deux meurent par la main de l’autre. Étonnamment, son opinion avait quelque peu changé à son égard depuis leur rencontre, un peu en mieux, ce qu’elle avait franchement cru impossible. D’abord, indifférente que l’homme armuré se joigne à eux dans le désert, elle l’avait alors détesté dès qu’elle avait appris ses origines. Elle détestait les Alayiens, or Christan Weren était Alayien, et donc elle le détestait. Il est vrai qu’elle ne lui avait laissé aucune chance de prouver qu’il était différent des siens… Mais à le voir, lui et les siens, son opinion n’aurait pas été meilleure, car un ennemi restait un ennemi. La seule différence était que, maintenant, elle le méprisait un peu moins, elle le respectait un peu plus et elle considérait que sa parole n’était pas sans valeur. Cela peut paraître comme n’étant pas grand-chose, mais sachant le précipice qui les séparait, c’était déjà une énorme amélioration.

Il lui paraissait étrange que l’Alayien lui dévoile une partie de son passé et qu’il la comparait au sien. Se ressemblaient-ils vraiment tous les deux? Juste à y penser, cela la dégoûtait. Elle n’aimait pas du tout cette idée, mais si c’était celle de se dépasser qui les avait habité tous les deux, alors oui, elle reconnaissait qu’ils se ressemblaient sur ce point. La petite préféra ne rien ajouter et acquiesça simplement d’un signe de tête comme quoi elle était d’accord. Déjà que son passé ne lui avait pas donné la vie facile, la voie dans laquelle elle s’engageait allait être bordée de souffrances, encore plus que ce qu’elle avait déjà vécue. Mais cela ne l’effrayait pas, car à chaque obstacle, n’avait-elle pas réussi à se relever? À chaque contrainte, n’était-elle pas devenue un peu plus forte, un peu plus résolue? Rien ne l’arrêterait plus. Rien… Et lorsque viendrait le moment où elle ne serait plus en mesure de continuer, c’était que la mort la retrouverait, tout simplement, puisque les morts ont toujours tort.

La jeune fille avait cru que leur discussion se terminerait là. Elle s’apprêtait à partir lorsque le prisonnier l’apostropha par son nom. Il voulait qu’elle lui dise quoi…?! Sa requête la surprit. Elle fronça les sourcils, incertaine de la raison pour laquelle il lui demandait cela. Pourquoi désirait-il savoir si elle avait déjà tué et ce qu’elle avait ressenti, si tel était le cas. Craignait-il que la gamine ne soit pas en mesure de mettre fin à sa vie lorsqu’elle gagnerait leur combat? Ou avait-il d’autres raisons tête? Par exemple, vérifier s’il y avait d’autres similitudes entre eux? Ou encore, vouloir connaître davantage son passé?

- Pourquoi veux-tu savoir ça? Lâcha-t-elle en premier. Mais elle ne lui laissa pas vraiment le temps de répondre et poursuivit. Si tu crois que je ne serai pas capable de te tuer, détrompe-toi. Si j’arrive à te battre, ce ne sera pas un problème. Sois rassuré.

Avait-elle tué? Oui. Avait-elle aimé? Non. Tuerait-elle à nouveau? Fort probablement. Luna ne se faisait pas d’illusion à ce sujet. On ne vivait malheureusement pas dans un monde tout rose rempli d’arcs-en-ciel, de paillettes et de bonbons. C’était plutôt un monde où il fallait se résoudre à tuer ou à être tué, car les ennemis n’arrêteraient pas leurs coups.

- Tu veux vraiment savoir si j’ai tué? Demanda-t-elle sur un ton sec.

La réponse viendrait. Mais avant, elle jeta un coup d’œil derrière elle afin de s’assurer qu’il n’y avait pas d’oreilles indiscrètes. Les gens pouvaient bien penser ce qu’ils voulaient, elle s’en fichait royalement. Probablement qu’ils se doutaient que la jeune fille avait déjà eu du sang sur les mains, mais l’entendre de la bouche de la protégée de Korentin, c’était une autre histoire. Elle ne voulait pas risquer de mettre le roi dans une mauvaise situation. Et pour cette raison, elle devait faire un minimum attention à ce qu’elle faisait et disait, car les commérages pouvaient se disperser rapidement dans la haute société. Lorsqu’elle fut assurée que ce qu’elle dirait ne resterait qu’entre eux, elle reporta son attention sur l’Alayien.

- Oui, j’ai tué. Mais je crois que tu t’en doutais déjà, je me trompe? Commença-t-elle. Probablement moins que toi, ça, c’est certain. Mais je ne peux même plus les compter sur mes doigts. Elle leva ses mains devant afin d’illustrer ses propos. Rapidement, on pourrait croire qu’elle trichait puisque ses mains ne comptaient plus que huit doigts, mais même avec dix, c’était pareil. Elle avait fini par cesser de les compter. La première fois que j’ai tué… C’était un homme, pas très recommandable si tu vois le genre. Il voulait me tuer et il l’aurait fait si je ne l’avais pas fait avant lui. Je l’ai poignardé et il est mort. Fin. Expliqua-t-elle simplement.

Elle fit une pause afin de se remémorer un peu l’événement. Tuer ou être tué, c’était la première fois et malheureusement pas la dernière fois qu’elle faisait alors face à ce diction. Mais si c’était à refaire, elle le referait, car il y avait des êtres qui ne méritaient pas de faire partie de ce monde.

- J’ai les mains tachées de sang, Christan. Et je ne vois pas ce que mes sentiments vont y changer quoi que ce soit. J’ai rarement eu le temps de m’y arrêter sous le feu de l’action. Mais très bien, si tu veux tout savoir, j’ai ressenti de la colère. C’était un peu difficile pour Luna de décrire ce qu’elle avait ressenti. C’était un mélange d’émotions. Le dégoût d’avoir tué. La joie d’être en vie. Le soulagement d’avoir pu protéger quelqu’un. La tristesse de l’impact causé. Mais au final, c’était la colère qui avait remporté. Une colère contre tout et rien. Des gens, j’en ai tué tout plein et si je ne l’avais pas fait, je serais morte aujourd’hui. Je ne tue pas parce que je veux tuer, je tue parce que je veux survivre, parce que des gens auxquels je tiens mourront sinon. Tous ceux qui désirent me tuer ou s’en prendre à mes proches gouteront à ma lame ou à mes flèches. Tu peux en être certain. Dit-elle avec ferveur.

Elle s’arrêta de parler, posa son regard azuré sur Christan. Elle n’avait rien à ajouter, déjà elle trouvait qu’elle avait trop dit.

- Je crois avoir répondu. C'est à toi, je crois.

Normalement, c'était au tour de l'Alayien de répondre. Et avec tout cela, la gamine avait presque l'impression de jouer à "vérité et conséquences" avec lui, presque.

Elle mourrait, ou il mourrait. Le constat était évident sans doute, il pouvait bien révéler une petite partie de son passé sanglant si cela permettait de mieux se faire une idée sur cette Luna au passage, de toute manière elle n'avait pas l'air d'être du genre à ébruiter cela. Et de toute façon s'il la passait au fil de l'épée elle ne pourrait plus dire grand-chose. Elle avait de toute façon méritée d'en savoir un peu pour le coup, et aussi qu'il prenne la peine de la combattre plus tard, et de la désigner comme un vrai adversaire. Ce qui n'était pas peu provenant de Christan. Un homme dur, et inamical, mais surtout animé d'honneur féroce comme lui ne témoignait pas son respect à n'importe qui. Certain guerrier redoutable ne l'ont pas par leurs manque d'honneur, des guerriers plus faibles l'ont, il respectent des non humains même. Mais seulement en tant que guerrier, au final l'honneur était une chose très importante pour l'alayien. Un honneur strict qui ne pouvait être enfreint que si c'était la volonté du Néant, ou que cela s'imposait, et rien d'autre. Il cherchait le combat avant tout, le meurtre passait après...

Dans tout les cas la jeune femme ne sembla pas réfuter le fait qu'ils se ressemblaient un peu dans certains points, cela ne plaisait pas vraimentt à Weren, mais d'une certaine façon c'était le contraire aussi, la détermination avait toujours de bon résultats, et si elle pouvait devenir redoutable ce n'était pas pour le déplaire. Weren cherché toujours ce genre de défi, et de frisson que seul un combat à mort serré peux offrir…

Puis il passa quelques autres questions ensuite, et la première réponse que Christan obtenue fut une autre question, question qui semblait étrangement rhétorique car la femme y répondit d'elle-même… Oh non il ne craignait pas du tout qu'elle ne soit pas en mesure de le tuer, car elle le ferait. Il le lisait dans ses yeux, dans sa voix, il le lisait dans chacun de ses gestes, elle le tuerait. Par haine, par honneur, ou bien par nécessité, mais si elle en avait l’occasion elle porterait le coup fatale.

« Beaucoup de choses peuvent être su sur un homme rien qu'à son premier meurtre, c'est une expérience qui nous marquent tous à sa façon... » Se contenta t-il de dire calmement. Après tout il préférait être direct comme un uppercut que de passer par des chemins indirectes pour le même résultat.

Puis il se contenta de la fixer impassiblement quand elle demanda si elle voulait vraiment savoir si elle avait tué. Il avait bien posé la question ! Pourquoi il se débinerait ? Christan sait ce qu'il veux, et quand il demanda une chose il veut l'obtenir quelle quel soit, et cette question lui avait l'air de ne point demander, ou exiger de réponse donc il n'en accorda aucune. Après tout il n'y en avait pas besoin.

D'ailleurs elle jetait des regards sur les côtés, comme si elle pouvait avoir peur que quiconque entende ce qu'elle dise… Dans tout les cas la réponse vint peu avant que Weren ne commence à s'impatienter…

Oui il se doutait déjà qu'elle avait tué, elle avait une assurance, et ses yeux. Celle de ceux qui ont déjà donné la mort, par contre il ne se doutait pas qu'elle avait déjà tué autant. A croire qu'il n'était décidément pas le seul à avoir l'étriper décidément. C'est qu'on lui faisait de la concurrence en plus… Puis il regarda les mains qu'elle lui désignait.

Elle n'avait que huit doigts ? Christan n'avait jamais fais attention au fait qu'elle avait des doigts en moins, c'était là un handicap qui devait être pesant sans doute, comment avait-elle perdu ces doigts ? Sans doute de la part de l'une de ses victimes…

A l'entendre le premier homme qu'elle avait tué n'était qu'une formalité. Un geste, et crac plus rien… Il se doutait bien que cela n'avait pas été caussi simple, mais avec le temps à force de tuer l'on s'endurcit, c'est tout a fait naturel. Donc elle a tué pour se défendre ? Intéressant…
Puis elle reprit après une courte pause pour dire qu'elle ne voyait pas trop l'intérêt de dire ce qu'elle avait ressentie, mais elle finit par expliquer qu'elle avait ressentie de la colère. Ce qui était assez révélateur. Elle avait était mit en colère par cela, par l'homme qu'elle avait tué, par ce monde implacable peut-être ? Par ce qui l'a obligée à tuer ? Son innocence qu'elle avait ainsi perdue ? Tout cela pouvait expliquer qu'elle ait ressentie de la colère.

Puis elle expliqua pourquoi elle tuée, pour survire, pour protéger ses proches. Elle se battait pour une raison presque primaire, animale, mais une raison qui se respectait. Elle avait tué pour sa vie, ce n'était pas vraiment pas bas comme raison, en tout cas bien moins que l'assassin qui tue des cibles sans défense pour de l'argent.

Puis la jeune femme eut finit avec cela, elle s'interrompit, et posa son regard sur lui avant de formuler sa demande. Christan resta silencieux quelques instants puis enchaîna.

« C'était ma première bataille, nous avions pris d'assaut une cité ennemie, j'étais avec les soldats débarquant sur les murailles, je devais avoir moins de 20 ans à l'époque. Le premier adversaire qui s'était tenu face à moi avait l'air d'un soldat expérimenté, au final je n'en menai pas large, mais le Néant était avec moi en ce jour car au final je suis arrivé plus, ou moins à faire tomber mon adversaire des remparts pour que ce dernier se fracasse le crâne plus bas, fin de l'histoire. »

Il y repensa encore, oui ce n'était vraiment pas glorieux pour un homme comme lui sans doute, on aurait pu penser qu'à ses débuts il ce serait tenu face à un vrai combattant, et l'aurait pourfendu, mais il n'en était rien, cela avait été vite réglé, et de façon pas très flatteuse…

"J'ai ressentit du dégoût, et de la peur après avoir fait cela. Le désir de tuer ne m'avait aucunement parcourue à cette instant, juste la peur viscérale de mourir. Cela a été quelque chose de nouveau pour moi…"

Puis il réfléchit à quelque chose avant d'enchaîner.

« Puis peu après le nombre de morts augmentant j'ai commencé à y prendre goût. Le fait de tuer, de faire couler le sang au nom de l'unique, pour protéger ma vie, pour l'honneur, et surtout pour prouver ma valeur, le combat a finit par devenir une véritable seconde nature pour moi, une véritable source de fierté. Peu importe de tuer, ou d'être tué j'aime le frisson de la lutte, relâcher ma colère sur mes ennemies, je suis fais pour cela, j'aime ça. Et je mourrai sans doute par cela qu'importe. »

Puis il alla sur la fin calmement, mais fermement….

« Je sais ce que je veux savoir maintenant, si tu as quelque chose à demander fais le gamine. »

Et il acheva.

« Sinon nous nous reverrons un jour pour régler cela une bonne fois pour toute, et surtout ne t'avise pas te te faire tuer entre temps, car c'est entre toi, et moi... » Lui arriverait bien à vivre, cela faisait 40 ans qu'il survivait ce n'est pas pour se faire avoir aussi facilement...

Il s'éloigna donc calmement des barreaux de sa cellule pour aller s’asseoir sur la banc qui était à l'intérieur.

Le silence s’abattit dans la prison suite aux derniers mots prononcés par Luna. Impassible, la jeune fille posa son regard sur l’Alayien, attendant de voir s’il allait respecter sa part du marché comme convenu. Elle avait répondu à sa question et c’était maintenant à lui de faire de même, de révéler ce qui lui avait ressenti lorsqu’il avait tué la première fois. La réponse en soit lui importait que très peu, elle n’avait rien à faire de savoir ce que ressentait son ennemi ou de ce qu’il avait vécu dans son passé. Mais ne pas répondre signifierait qu’il n’est pas capable de tenir sa parole et de ne pas se faire d’illusions à son sujet : qu’il n’était qu’une brute sans cervelle et sans la moindre once d’honneur. Or, après que quelques secondes se soient passées, il corrigea l’opinion qui se formait dans l’esprit de la gamine en élevant la voix et en répondant à son tour.

Respectueuse, la Larme de Néant écouta ce qu’il avait à dire sans l’interrompre. Il avait quelque peu piqué sa curiosité en soulevant la question, car elle se demandait ce qu’il lui réservait. Lui dirait-il seulement la vérité quant à son passé? À priori, elle croyait que oui. Peut-être était-ce parce qu’elle était un peu naïve qu’elle lui donnait le bénéfice du doute. Mais en même temps, elle se disait qu’il le ne ferait pas puisqu’elle n’en voyait pas l’intérêt. Ce n’est pas comme si elle pourrait utiliser toutes informations qu’il lui donnait pour le nuire d’une façon ou d’une autre. Alors pourquoi perdrait-il son temps à parler avec elle si ce n’était que pour raconter des mensonges? Elle l’écouta attentivement raconter sa première bataille, recréant la scène dans son esprit. C’était quelque chose d’étonnament difficile, car pour cela, elle devait imaginer Christan Weren encore à ses débuts, un jeune Alayien encore inexpérimenté qui contrastait énormément avec l’idée qu’elle se faisait du mastodonte d’aujourd’hui. Son premier homicide n’avait rien d’épique, d’extravagant ou quoi que ce soit à envier, c’était un combat où il avait peiné à rester en vie et où, au final, son adversaire était mort en tombant.

Du dégoût et de la peur…?! Elle posa un regard sceptique sur le prisonnier, ayant du mal à en croire ses oreilles, et à accepter le fait que ce jeune Alayien avait évolué pour devenir l’homme se tenant face à elle. Puis, il poursuivit en racontant qu’il avait continué de tuer et que peu à peu, il y avait pris goût. Là, ça ressemblait plus au Christan qu’elle connaissait. Mais elle n’arrivait plus à oublier le fait qu’à un moment donné de sa vie, il avait connu la peur et qu’il n’avait été qu’un « simple humain » dont le seul désir n’avait été que de vivre. N’était-ce pas ce qui l’avait poussée à tuer la première fois? Elle cherchait à se dépasser comme il l’avait fait à son jeune âge, finirait-elle par devenir une version féminine de Weren? Elle frissonna à cette pensée. Impossible. Il représentait ce qu’elle détestait le plus. Elle se rassura en se disant que peut-être qu’ils avaient tous les deux été poussés à vouloir devenir plus forts, mais que ça ne faisait pas d’eux des êtres semblables et qu’au final, leur idéologie différait. Il idolâtrait Néant tandis qu’elle la détestait. Il aimait tuer, ce qu’elle ne prenait pas plaisir de faire. Il vivait pour le combat et la guerre tandis qu’elle vivait pour…? C’était quelque chose de difficile à dire. Elle ne vivait pas pour quelque chose en particulier, mais l’idée d’un monde meilleur l’animait. Un peu utopique comme idée, mais pourquoi pas? Et ce monde serait probablement bien mieux sans la présence de Christan Weren, selon Luna bien sûr.

- Je n’ai rien à te demander et ton passé m’importe peu, Christan.

C’était Luna, bien sûr qu’elle avait des questions qu’elle aurait voulu lui poser. C’était une jeune fille curieuse et qui voulait toujours en savoir plus. Mais connaissant la relation qui les liait, elle ne s’imaginait pas lui demander les circonstances quant à la mort de son père, ce qu’il avait alors ressenti ou comment c’était en Alayia. De plus, s’il répondait à ses questions, elle devait répondre aux siennes par principe et elle n’aimait pas l’idée de s’ouvrir à son ennemi. Elle trouvait déjà qu’il en savait trop sur elle. « Pour bien combattre son ennemi, il faut bien le connaître », or ce diction fonctionne dans les deux sens.

- Je ne compte pas mourir, pas aujourd’hui, pas demain et pas plus lors de notre combat. Je ne sais pas si on se reverra; tu risques de ne jamais ressortir d’ici vivant! En effet, les rebelles le feraient payer pour tout ce qu’il a fait. Mais que tu sois là ou non, je deviendrai forte. Et si nos routes se croisent à nouveau, alors sois bien certain qu’on déterminera qui de nous deux a raison et qui a tort. Je ne reculerai pas, tu peux en être certain!

Elle avait du mal à croire ce qui s’était passé dans ces geôles. Jamais elle n’avait cru que leur conversation finirait sur la promesse d’un combat.

- Au revoir Christan. Prononça-t-elle d’une voix neutre, presque sympathique. Rien à voir avec les premières paroles amères qu’elle lui avait adressées au départ.

Au revoir et non adieu, car si Dracos et Néant le voulaient bien, ils se reverraient. Elle détacha finalement son regard azuré de l’Alayien, lui tourna le dos et quitta la prison d’Aigue-Royale.