Le retour triomphant du souverain illégitime et de ses troupes était fêté partout dans Gloria, mais plus que de la victoire contre les rebelles, c'était de la victoire contre les alayiens dont la population de la capitale se réjouissait. Les sympathisants du Néant qui n'avaient pu fuir avaient été capturés ou tués, les objets enchantés étaient sortis des caches où ils avaient été dissimulés pour échapper à la destruction, les autels et autres édifices religieux à la gloire de l'aînée des Esprits étaient profanés et détruits, l'alcool coulait à flots tandis que les chants et les danses égaillaient l'atmosphère de chacune des tavernes de la cité. Depuis la fenêtre de la chambre qui lui avait été attribuée au palais impérial, Kylian pouvait apercevoir la silhouette du grand temple que les alayiens avaient fait construire et dont les accès étaient à présent strictement contrôlés. D'après ce qui se disait au palais, une perle maléfique y serait apparue voila environ un mois, et les quelques malheureux qui s'étaient risqués à s'en approcher avaient connus un bien sinistre sort. Un dernier soubresaut du Néant selon certains, une véritable malédiction de la part d'un Esprit courroucé selon d'autres, sans doute la vérité devait-elle se trouver quelque part entre ces deux extrémités. L'avenir seul le dirait, pour l'instant, Kylian avait de bien plus égoïstes préoccupations à l'esprit : si le retour de Fabius était considéré comme une bonne nouvelle par une majorité de la population, pour le vampire, cela laissait plutôt planer l'ombre menaçante du mariage dont Esmelda l'avait entretenu lors de leur dernière rencontre. Empêcherait-il cette union si le projet devait se concrétiser dans les jours à venir ? Pas si c'était bien là ce qu'Esmelda souhaitait vraiment, et c'était précisément pour s'assurer de ce dernier point que le renégat avait revêtu les atours du comte Caralès d'Ormlin et s'était invité une nouvelle fois dans les murs du palais, en dépit des risques que cela supposait. Pour cette fois, il ne pouvait se contenter de quelques mots glissés sur un morceau de parchemin destiné à transmettre de quelconques renseignements à l'attention de la rébellion, il avait besoin de pouvoir lui parler face à face.

Malheureusement, la belle était absente pour quelques jours, retenue à Haute-Ombre pour y préparer l'accueil de représentants baptistrels, et Kylian n'avait pas encore eu l'occasion de lui demander audience. Qu'importe, il attendrait, ce n'était pas comme si ... Le fil des pensées du vampire fut interrompu par quelques coups frappés à la porte de sa chambre, ceux d'un serviteur venu l'informer qu'il allait pouvoir être reçu.

« La princesse est-elle donc rentrée plus tôt que prévu ? »

La jeune femme n'était pourtant pas attendue au palais avant le lendemain, alors quelles raisons pouvaient donc bien expliquer ce brusque changement de programme ?

« La princesse ? Non messire, il s'agit du Grand Trésorier Ostiz. Si vous voulez bien m'accompagner, le ministre vous attend dans son bureau. »

Par chance, Kylian tournait le dos au serviteur, si bien que celui-ci ne put apercevoir la stupéfaction qui venait d'en traverser le regard. Ostiz ? Dracos, il en avait presque oublié le désaccord financier, le prétexte dont le renégat usait pour expliquer sa présence à Gloria. L'image d'une couverture s'envolant en fumée traversa l'esprit du vampire aussitôt qu'il comprit la situation dans laquelle il se trouvait à présent : les cours de Korentin lui avaient enseigné à se maintenir et à s'exprimer comme il convenait de le faire dans les hautes sphères de la noblesse, mais l'économie d'un comté n'avait pas précisément été au chapitre de leurs préoccupations.

« J'arrive... »

Tout le temps que dura la marche qui devait le conduire au bureau du trésorier, le renégat ne sut comment réagir. Devait-il fuir avant qu'il ne soit trop tard ? Il pouvait encore assommer le serviteur et quitter le palais sans éveiller l'attention, mais c'eut été abandonner tout espoir de revoir la princesse avant... avant. D'un autre côté, si le subterfuge était découvert et qu'il était démasqué... Non, il se devait d'essayer, après tout, il pourrait toujours plaider une erreur quelconque et présenter ses excuses pour le dérangement, n'est-ce pas ? C'était à souhaiter, car déjà apparaissait au détour d'un couloir la porte qui menait au bureau ministériel. Le serviteur y frappa quelques coups et attendit qu'on lui répondit pour annoncer le visiteur avant de s'écarter et inviter le présumé Sire Caralès à entrer, lequel s'exécuta non sans adresser une muette prière à sa bonne étoile.

« Sire Ostiz, c'est une joie et un honneur pour moi que d'enfin pouvoir vous rencontrer. »

Machinalement, le vampire s'était incliné pour se présenter face au trésorier, comme il convenait de le faire dans la société humaine, comme le lui avait enseigné Korentin, dissimulant du mieux qu'il le pouvait le malaise qui était le sien. Lorsque son regard croisa finalement celui du ministre, Kylian eut la certitude que cette rencontre ne se déroulerait pas aussi bien qu'il avait pu l'espérer. Il n'aurait su dire pourquoi, mais bien que son visage lui fut inconnu, la personne qui se tenait de l'autre côté du vaste bureau en bois massif trônant au centre de la pièce lui était étrangement familière. Pour ne pas risquer se laisser déstabiliser, le vampire joua rapidement la seule carte qu'il possédait encore :

« Je ne doute pas que nous serons en mesure de régler rapidement le petit différent économique qui m'a conduit à vous aujourd'hui. »

Etait-ce vraiment si évident qu'il n'avait pas la moindre envie de s'attarder ici ?

Vraiment la situation ne serait jamais simple pensa Crissolorio. Maintenant que les alayiens n'étaient plus trop une menace, et que les choses s'étaient calmés il fallait tâcher de réparer une grande partie des dégâts causer par les fanatiques du Néant lors de la courte période qui avait vu vivre l'inquisition alayienne. Inquisition qui est aussi vite disparue qu'elle est apparue heureusement, mais du coup le Grand Trésorier se retrouvait avec une pile de travail ahurissante à faire que ce soit en tant que ministre de l'information, conseiller du roi, ou Grand Trésorier. A croire que multiplier les postes comme il le faisait n'était pas forcément une bonne idée.

Néanmoins cela ne lui déplaisait pas forcément, Crissolorio aimait beaucoup son travail, et il s'y appliquait donc avec un zèle, et un professionnalisme certain. Plus vite cela serait terminé après tout plus vite il pourrait passer à autre chose, puis la potion de jouvence qu'il avait bu il y a seulement deux jours lui avait donné l'impression d'avoir à nouveau 20, ou 30 ans même si à vrai dire au vu de son apparence il avait plutôt la quarantaine. Néanmoins sautant appliquer l'énergie que lui avait donné ce rajeunissement modeste pour travailler avec d'autant plus d'ardeur. Cela faisait quand même du bien d'une certaine façon de ce sentir plus vif, et frais.

Et du coup il était assez vite tomber sur un dossier qui avait somme toute l'air assez important à sa façon, cela n'avait bien entendu aucun rapport avec les alayiens, ou avec son ministère des renseignements, non juste quelque chose en rapport avec les finances d'un noble un certain Caralès. Cela disait bien quelque chose à Crissolorio. Ah oui! Il avait reçu un rapport il y a quelques jours comme quoi ce sire Caralès aurait quelques problèmes financiers sévères, et ce dernier était là soit disant depuis plus d'un mois pour cette raison précise... Cela lui avait l'air somme toute assez suspect. En tout cas étrange, autant régler cette affaire au plus vite pensa t-il...

Il alla donc mander un serviteur pour que ce dernier aille demander au sieur concerné d'aller le voir au bureau de la Trésorerie. Ce n'était pas la première fois après tout qu'il était tombé sur ce genre de souci. Il y aurait sans doute un moyen de trouver un arrangement avec un peu d'effort, ou en tout cas de rectifier cette situation. L'empereur n'apprécierait pas après tout que quelques nobles peu précautionneux puissent mettre à mal en partie l'économie, alors que l'on cherchait à remplir les caisses pour se préparer pour les troubles futurs auxquels l'empire devait faire face... Après il avait entendu dire que ces problèmes économiques étaient dû aux alayiens, il faudrait qu'il s'explique avec le sieur Caralès plus en détail donc, le pauvre bougre attendait depuis plus d'un mois d'après ce qu'il savait...

Il fit aussi appeler plusieurs, environ quatre de ses gardes du corps personnels pour assister à cette entrevue, et s'assurer que tout cela se passer parfaitement bien, après tout l'on n'était jamais trop prudent. Ostiz préférait en faire trop que pas assez, surtout qu'il n'y a pas si longtemps il avait appris que l'on avait volé une partie de ses économies à sa demeure. Il avait du coup dû prendre quelques mesures, et aussi faire mettre ses gardes au secret car il ne valait mieux pas que l'empereur apprenne cette histoire. Un Grand Trésorier qui se fait cambriolé, et puis quoi encore? L'avare qui était en lui pour tout avouer en était fort peu satisfait de cette affaire. Enfin il y repensera après cette entrevue avec ce Caralès...

Heureusement le dit sieur Caralès vînt sans poser aucun souci ce qui était déjà un bon signe. Quand celui-ci entra Crissolorio se contenta juste de lancer un regard à son adresse sans s'attarder aucunement sur le visage du jeune compte avant de regarder un pile de document qui traînaient sur la table, et qui avaient un rapport avec les finances du compté du gentilhomme qui venait lui tenir compagnie...

Crissolorio écouta les paroles du noble en face de lui, et vit du coin de l’œil que ce dernier était en train de se présenter.

De même sieur Caralès, c'est un plaisir de pouvoir enfin faire vôtre connaissance. Ne restez point debout messire, prenez un fauteuil pour vous installer à vos aises, nous allons devoir discuter de quelques points à propos de l'affaire que vous désiriez porter à ma compétence. Dit-il calmement en respectant bien entendu les politesses d'usage même si cela n'était surtout que des futilités. Pour tout dire il ne jetait qu'un coup d’œil vague de temps en temps au noble en face de lui, pour le moment il était surtout préoccuper par ses documents...

Il jeta un regard, pour rencontrer celui du noble, cela lui disait quelque chose, mais Crissolorio ne s'attarda point. Sans doute qu'il avait déjà rencontré l'autre à une fête comme celle qu'avait tenue Valentine Kohan il y a des années à Aldaria. Rien d'important en somme...

Rapidement? Cela m'étonnerait fort au vu de ce que j'ai reçu à propos de vos finances il y a quelques jours mon bon sieur. Dit calmement le Grand Trésorier en prenant en main un paquet de document qui avait en rapport les finances récentes du comté des Caralès. Il rajouta d'ailleurs d'un ton un peu pratique.

D'ailleurs l'on m'a signalé que vous attendiez ici depuis plus d'un mois messire pour parler des problèmes financiers de vôtre comté. Hors j'ai remarqué que ceux-ci étaient bien plus récents. Pourriez vous m'expliquer cela? Peut-être que l'autre avait voulu se montrer prévenant, néanmoins il rester que c'était assez curieux.

Puis il héla le serviteur qui avait fait entrer le comte.

Veuillez nous apporter quelques rafraîchissement mon brave, cela risque de durer un peu. Après tout il n'est pas du genre à faire les choses vite s'il fallait prendre son temps pour les faire bien...

Puis il reprit à l'adresse du comte Caralès.

Dîtes moi mon bon sieur. Avant de venir ici demander mon aide messire. Pourquoi n'avez vous pas demandez de l'aide à la famille du comte de Rasloviz? Ce comte voisin de vôtre famille qui tire beaucoup d'argent de son fief, et ami de vôtre famille vous aurez apporter son aide sans souci je pense. Cela aurait au moins évitez que l'affaire doive être portée à mon attention, et peut-être à celle de l'empereur si cela ne s'arrange pas... Mais c'était là une belle occasion de racheter la tête des Caralès, et de pouvoir museler ces derniers comme il le convenait, sans doute que Fabius Kohan ne cracherait pas dessus.

Nerveux quand bien même il prenait grand soin de n'en rien laisser paraître, Kylian s'installa silencieusement sur le siège qui lui était offert, cherchant du regard à déchiffrer ce qui était inscrit sur les documents qui semblaient accaparer l'attention du trésorier. Avec un peu de chance, ce dernier avait de bien plus urgentes préoccupations que les déboires financiers imaginaires pour lesquels il avait convoqué le faux Caralès et ne s'attarderait pas sur la question plus qu'il ne le lui serait nécessaire. Malheureusement, cet espoir vola rapidement en éclats tandis que l'administrateur du royaume s'empressait de contredire son visiteur : comment par le Dracos avait-il pu recevoir des informations à propos des finances du comté d'Ormlin ? Se pourrait-il que ... ? Une lueur de surprise, pour ne pas simplement évoquer une franche panique, traversa alors brutalement le regard du vampire : par un caprice du hasard, à moins qu'il ne s'agît de ce que certains appelaient le destin, le comté d'Ormlin avait réellement été soumis à des problèmes financiers suffisamment importants que pour requérir l'attention du grand trésorier. Problème, Kylian ignorait tout des difficultés que pouvait rencontrer le comté, en plus d'être très peu versé dans les arts de l'économie. Chaque seconde qui passait semblait voir la situation dans laquelle il se trouvait se complexifier : il n'était plus seulement un funambule s'aventurant en équilibre instable sur le fil d'une épée, désormais, il se livrait au même exercice les yeux bandés, au beau milieu d'une violente tempête dont chaque rafale de vent menaçait sérieusement de le faire basculer dans le vide. Et la première de ces bourrasques ne fut autre que la première question du ministre, à laquelle le vampire s'empressa de répondre :

« Bien sûr, oui, je peux l'expliquer, c'est assez simple à comprendre en vérité... »

Une idée, une idée !

« J'ai remarqué certains, disons, signes annonciateurs de ces difficultés que vous mentionnez, j'ai donc pris la liberté de venir vous voir dès qu'il m'a été possible de le faire. J'espérais pouvoir éviter que la situation ne s'aggrave. En vain, malheureusement. »

Bon, c'était crédible, non ? Du moins, cela lui apparaissait-il comme tel, restait à espérer que ce serait effectivement le cas. Malheureusement, la réaction du trésorier ne permit guère au renégat vampirique de déterminer s'il avait effectivement ou non réussi cette première épreuve, mais de savoir que la discussion risquait de ''durer un peu'' - pour reprendre les termes du ministre - n'était pas pour le rassurer. Au hasard de ses errances inquiètes, le regard du vampire glissa vers les silhouettes des gardes qui se tenaient discrètement aux quatre coins de la pièce. Si les événements devaient prendre une tournure défavorable, se tirer du guêpier dans lequel il s'était jeté ne serait pas chose facile, surtout en plein jour. Bon, il serait toujours temps d'improviser si un tel dénouement venait à se concrétiser ; pour l'instant, il semblait que le ministre n'avait guère de doute à émettre quant à l'identité de celui qui se trouvait devant lui, ce quand bien même une certaine méfiance transpirait dans les questions qui étaient posées.

« En effet, les Rasloviz ont obtenus de meilleurs résultats que nous cette année, et sont connus pour avoir le coeur sur la main. Mais, Excellence, il n'est de plus sûr moyen de gâcher une amitié que d'y mêler des questions d'argent, aussi ais-je préféré m'adresser directement aux instances les plus compétentes pour résoudre sans tarder ce petit problème. »

Le vampire marqua une pause avant de poursuivre, conscient que cela risquait peut-être de sembler un peu léger s'il ne motivait pas davantage sa réponse :

« De plus, il y va de la fierté du comté d'Ormlin que de ne point dépendre d'un fief voisin, nous sommes sujets de l'Empire avant tout ! »

On eut difficilement pu imaginer intonations plus convaincantes que celles avec lesquelles Kylian s'était efforcé de prononcer ces mots. C'était en effet un véritable exercice de bluff et de tromperie que celui auquel il s'adonnait alors, et pour cause, il ignorait absolument tout du sujet à propos duquel il s'exprimait. Quelques instants plus tôt encore, il n'avait jamais entendu le nom des Rasloviz : l'Empire comptait des centaines de comtés répartis en dizaines de duchés et même au sein de la noblesse, il n'était pas évident de trouver quelqu'un qui put en réciter ne serait-ce que la moitié. Inquiet à l'idée que ce manque d'informations ne finisse par lui attirer des ennuis, le renégat vampirique risqua tout de même une innocente question :

« Mais dites moi, que vous a-t-il été rapporté exactement ? Peut-être pourrais-je vous communiquer certains détails manquants, cela vous donnerait une vue d'ensemble plus juste de la situation. »

Et surtout, cela lui permettrait d'enfin savoir en quoi consistait le problème qu'il était supposé être venu résoudre ici...

Crissolorio était parfaitement calme, et réfléchit. Après tout cette petite séance n'avait rien d'inhabituel pour lui, et puis il n'avait aucune raison particulière de s'inquiéter contrairement au comte Caralès. Après l'on trouverait sans doute une solution à ce problème, le comté de Caralès après tout n'avait pas été le seul à avoir son économie qui avait récemment souffert que ce soit par la faute de la guerre, ou bien des loi anti-magie entre-autres. il était de sa tâche juste de faire en sorte que ces déboires des rouages du système impérial ne perdurent pas sur le long terme.

Au moins le noble semblait être enclin à s'expliquer, cela montrait donc que ce ne serait pas trop dur à régler avec un peu de bonne volonté commune. Crissolorio n'appréciait vraiment pas qu'on lui complique la tâche après tout. Il n'aimait ni l'incompétence ni les caprices stupides...

Et l'explication du comte Caralès était tout de même assez... Particulière, mais Crissolorio se dit que cela était possible, l'homme devait être particulièrement prévoyant dans ce cas-là, Crissolorio se dit qu'il n'aurait sans doute pas du partir aussitôt de Gloria à ce moment là. Car sinon il aurait pu s'éviter cette peine là...

Ma foi. la prochaine fois messire je vous inviterai humblement à prévenir par avance ma personne de vôtre venue. Cela nous évitera à l'avenir ce genre e problèmes plus qu'inconvenants. Après tout cela aurait évité nombre de problèmes, et avant tout une impatience indésirée du comte qui avait du se ronger les ongles en attendant la retour de Crissolorio, et encore! Disons que le retour de ce dernier avait été un peu précipité par les derniers événements...

A croire que les nobles pensent que le monde entier y compris les bourgeois n'ont rien d'autre à faire qu'être à leurs dispositions e permanence qu'importe le contexte, au moins cette patience aura pu constituer une leçon salutaire pour ce sieur Caralès...

Alors que le serviteur apportait les rafraîchissements sur le bureau du Grand Trésorier le sieur Caralès se justifia quand au fait qu'il n'avait pas demander l'aide du comte de Razlosiv qui lui s'en sortait plutôt bien malgré tout les déboires de l'empire… Crissolorio en entendant le comte Caralès se fit la réflexion cynique que c'était bien là des paroles de nobles… Surtout en parlant de question de fierté.

« Cela se comprend. » Dit-il calmement sans chercher querelle. Après tout serviteur de l'empire oui, mais bon. Après il n'allait pas tenter de discutailler sur ce sujet-ci pendant des heures, de fois les nantis de sang-bleu sont dans leurs monde à eux… Personnellement Crissolorio préférait ne pas confronter son opinion à ce sujet là, car ce serait une trop bonne façon de se mettre à dos un comte de l'empire sans raison valable...

Puis le comte Caralès lui posa une question légèrement saugrenue, Crissolorio qui commençait à se demander s'il n'y avait pas quelque chose qui clochait là dedans commença juste à se dire qu'au final vu que l'autre avait passé deux mois au palais il est normal qu'il ne soit pas mieux placé que lui pour parler de l'évolution récente des dépenses de son propre comté… Alors il se contenta de répondre calmement à la question.

Oh cela est très simple, pour faire simple l'économie de vôtre comté était très dépendante de la magie, et surtout des enchantements, et de l’agriculture, et en partie de vos mines de fer entre autre, lorsque les alayiens ont sentis le vents tournés beaucoup ce sont amusés à faire brûler des récoltes, et à saccager quelques mines tout en s'enfuyant, tandis que pour les enchantements vous devinerez qu'avec les anciennes loi de l'inquisition, et ce n'est qu'une partie des très nombreuses difficultés que rencontrent vos terres... C'est ce que vous m'avez rapporté en tout cas, le constat qui se présente est que vôtre comté mettra du temps à se remettre de tout ceci, et que cela risque de nécessiter un certain nombres de financements extérieurs à vôtre comté… Sauf si vous estimez qu'imposer cruellement vos paysans, et ainsi encourager une féroce révolte de leurs part soit une bonne idée... D'ailleurs il y avait autre chose qu'il s'empressa de communiquer tranquillement au principal concerné.

« D'ailleurs si vous me permettez un petit détail a piquer mon intérêt, le fait que vôtre famille mène la belle vie ce qui est tout à fait normal je le sais, mais que vous ne faîtes rien pour faire des économies ces derniers temps, creusant encore plus les difficultés économiques de vôtre comté pour des dépenses mondaines massives, alors que vôtre comté aurait bien besoin de cet argent ci pour se rétablir. Messire que comptez-vous faire de vôtre côté pour gagner l'argent nécessaire au rétablissement en bonne, et dû forme de vos finances ? Savez vous qu'il va falloir prendre des mesures drastiques pour que tout ceci reprenne son cours normal ? »

Avant d'enchaîner calmement comme s'il lui faisait une proposition.

« Ou bien il y a une autre solution pour à la fois bénéficier de l'argent nécessaire à la réhabilitation de vos finances sans monter vos impôts, ou bien emprunter à vôtre ami Razlosiv. Sa majesté Fabius Kohan serait sans doute grandement intéressée par la possibilité de racheter vôtre dette j'en suis sûr, et certain. Cela bien entendu pour pouvoir bénéficier à nouveau d'une stable performance économique de vos terres, car il est de nôtre intérêt commun après tout que l'économie de vôtre comté se stabilise. De plus cela vous évitera de devoir prendre certaines mesures fâcheuses, et vous facilitera les choses... » Ce noble s'il était attaché à son confort personnel, et surtout s'il était un peu bête accepterait sans doute, ainsi il se mettrait involontairement à son cou la laisse qui ferait qu'il serait un chien fidèle à Fabius Kohan qu'importe les circonstances, car sinon l'empereur pourrait radier Caralès de son pouvoir de comte, et donner le comté à un noble autrement plus fidèle. Surtout que si l'empereur racheté la dette de Caralès il y aurait facilement moyen d'étrangler les finances de ce dernier, et d'instaurer une pression fiscale salutaire, ainsi les Caralès deviendraient une famille noble vivant aux crochets de la famille impériale avec un peu d'effort. Tout cela donc au bénéfice de l'empereur...

« Il vous suffirez juste pour cela de signer un simple document. Cela vous intéresserait-il ? Sinon si c'est vôtre désir nous pouvons continuer sur des sujets autrement plus compliqués... » Qu'il signe, ou pas cela Crissolorio n'en avait cure, mais Fabius Kohan serait sans doute satisfait de savoir qu'il avait pu obtenir quelque chose d'intéressant pour la couronne. Une famille de noble, un comte rien que cela qui serait contraint quel que soit leurs vrai fidélités d'être les plus loyaux des sujets de l'empereur par peur de tout perdre… Mais il y avait de fortes chances qu'il ne préfèrent pas signer donc Ostiz se préparait déjà à la suite...

Jusqu'à présent et pour autant qu'il put en juger, la discussion semblait prendre un tournant plutôt favorable pour le renégat. Certes, peut-être pas pour le comte Caralès dont il s'était approprié l'identité, mais les retombées que pourrait avoir cette conversation ne le concernait pas directement après tout : il serait toujours temps pour le comte légitime de rétablir la vérité lorsque son vampirique remplaçant serait loin, très loin de Gloria. Faussement intéressé, Kylian n'en écouta pas moins attentivement les explications que lui fournissait gracieusement le ministre de l'économie, distillant habilement des signes d'acquiescement là où ils lui semblaient les plus opportuns. Même s'il ne savait absolument pas quelles pouvaient être les solutions à apporter, au moins savait-il à présent de quoi il retournait exactement. Cela pourrait-il l'aider ? Pas vraiment, malheureusement, mais le vampire avait gagné quelques minutes de plus pour réfléchir à la façon dont il pourrait écourter autant que possible la discussion. D'un geste de la main, le faux Caralès vint se frotter le menton pour réfléchir, imitant une manie du véritable comte dont Korentin lui avait parlé, avant de prononcer quelques mots, non sans accentuer le semblant de tristesse qui pouvait poindre dans son intonation :

« Une révolte paysanne serait un événement particulièrement malvenu, je dois en convenir. Nous éviterons donc l'augmentation des impôts. »

Au moins était-ce cela de gagné pour la population du comté d'Ormlin, quand bien même le vampire n'avait-il aucune réelle autorité quant à ce qui pourrait bien se décider lorsque la supercherie aurait été éventée. En attendant, c'était bien lui qui écopait des erreurs de son double, et en particulier de la vie fastueuse que menait ce dernier pendant que les coffres de son comté se vidaient.

« Des économies ? Euuuh... Je... Nous pourrions peut-être... A moins d'essayer... Non, cela n'ira pas... Et si nous... »

Que pouvait-il bien répondre à tout cela ? Il n'avait pas la moitié du quart d'un tier des connaissances nécessaires pour donner la réplique à un économiste aussi pointilleux que celui qui occupait le siège de l'autre côté du bureau. Toutefois, cela eut l'avantage de permettre au vampire de ne pas avoir à beaucoup se forcer pour sembler désemparé et dépassé par la situation dans laquelle il se trouvait, quelle que soit l'identité concernée. Par un extraordinaire coup de chance, ce désarroi trouva écho auprès du ministre qui s'empressa d'offrir une porte de sortie au comte Caralès, et par là-même au renégat vampirique qui en partageait les traits. L'empereur se proposait de racheter la dette ? Même sans être versé dans les règles de l'économie, une telle solution paraissait d'emblée un peu trop belle que pour ne pas dissimuler un traquenard quelconque, mais Kylian n'était pas particulièrement en mesure d'endurer plus longtemps le traitement auquel il se trouvait soumis alors. Et les derniers mots du trésorier achevèrent sans mal de le convaincre, la seule perspective de voir la conversation sa compliquer encore justifiant toutes les signatures que pouvait réclamer l'administrateur. Cependant, le vampire n'en oublia pas pour autant de tempérer ses ardeurs, une réaction trop enthousiaste de sa part aurait pu sembler manquer de naturel aussi prit-il le soin de se composer un visage passablement ennuyé tandis qu'il répétait pensivement :

« Racheter la dette ? C'est une offre très généreuse de votre part, sire Ostiz, mais je ne sais si je dois accepter. Peut-être vous serait-il possible de m'accorder un délai de réflexion ? »

L'idée du siècle, si ce n'était celle du millénaire, que celle qui venait de traverser l'esprit et les lèvres du vampire ! S'il était accepté, ce délai lui accorderait les quelques jours de sursis dont il avait besoin pour rencontrer Esmelda une dernière fois avant d'abandonner définitivement ce rôle de comte. Et s'il ne l'était pas, et bien, il improviserait, n'était-ce pas déjà ce qu'il faisait depuis l'instant où le serviteur était venu frapper à sa porte ?

Soit. Répondit calmement le Grand Trésorier quand le comte fit part du fait qu'il ne désirait pas particulièrement augmenter les impôts, ce qui était une solution assez sage. Bien trop de nobles pensaient encore qu'écraser le plèbe sous les taxes était une bonne façon de s'enrichir sans faire beaucoup d'effort, Crissolorio se demandait des fois si à vivre dans le luxe, et à ne jamais travailler les sang bleu ne perdaient pas un peu le sens des réalités, au moins ce comte Caralès démontrait que ce n'était pas le cas pour tous. Dans tout les cas Crissolorio n'y trouva rien à redire, même en tant que Grand Trésorier il n'était pas partisan des lourdes levées d'impôt, il préférait qu'il y ait un certain équilibre dans la chose...

Puis le comte par la suite sembla gêné quand on apporta les économies à faire, il semblait très indécis. Crissolorio alla se demander si joueurs aux jeux de hasard, et organiser des fêtes mondaines presque toutes les semaines était un besoin vitale pour ce sieur là, néanmoins il se permit de dire poliment, et calmement.

Si vous le désirez vous pourriez procéder tout d'abord à la vente de la grande réserve de cru précieux que vôtre famille possède d'après ce que j'ai dans vos comptes, ou calmer vôtre sire de frère dans sa passion des jeux de hasard qui consume une vaste quantité d'argent. Et arrêter pour vôtre part d'organiser chaque semaine à ce que j'ai entendu de fastueuse fête dans vôtre château le temps que l'économie de vôtre comté se redresse. Ce serait déjà là un bon moyen de faire en partie les économies nécessaires pour le règlement en bonne, et dû forme de tout ceci...

Puis l'on parla de la possibilité de faire racheter la dette par la couronne, visiblement cette proposition semblait intéresser Caralès. Ou peut-être pas vraiment, ce dernier se mettait à réfléchir au lieu de dire un oui claire. S'il avait un minimum de jugeote le comte se rendrait compte que cela serait idiot, et lourd de conséquence. De plus Crissolorio n'avait pas le temps d'attendre que le comte revienne dans plusieurs jours à vrai dire, il avait autre chose à faire... Il valait donc mieux refuser...

Cela pourrait être une possibilité effectivement... Néanmoins ce n'est pas possible car....

*Knock Knock* Quelqu'un frappa à la porte, interrompant le Grand Trésorier, ce dernier demanda à ce que l'on fasse entrer celui qui frappait. L'un des gardes présent dans la pièce ouvrit la porte pour dévoiler ce qui semblait être un garde du corps, et un messager, ce dernier n'attendit pas d'ailleurs pour se prononcer juste après être entré.

Grand Trésorier! La dame Sophiane Caralès est venue à propos des dettes du comté, la dame aimerait aidait à trouver une solution aux problèmes financiers de son neveu, et vous assure qu'elle ce dérangement ne sera pas long...

Que la dame de Caralès entre dans ce cas mon brave.

Le serviteur ressortit aussi vite qu'il était entrée pour laisser la place à une dame d'âge assez mûr qui visiblement était richement vêtue, plutôt belle malgré son age avancée, le détail qui frappa à l’œil du Grand Trésorier étaient ses yeux... Visiblement elle était aveugle cela e voyait d'un simple regard, mais la noble dame ne semblait n'en être aucunement gênée...

C'est un honneur de vous rencontrer dame Caralès.

L'honneur est pour moi Grand Trésorier, je suis venue offrir mon aide dans cette histoire qui concerne les dettes de mon neveu, et comme j'étais absent depuis quelques mois du comté familiale étant donné que je me trouvait à Aldaria je voulais profitai de ma courte halte à Gloria sur le chemin du retour pour mettre quelques petites choses au point avec mon neveu en apprenant qu'il se trouvait ici... Voyez-vous l'honneur de ma famille ne peut souffrir d'un trop long endettement, et comme mon neveu comme feu son père est assez insouciant il faut parfois remettre les choses en ordre. Puis-je vous l'emprunter quelques instants?

Faîtes donc. Répondit calmement le Grand Trésorier avant de laisser la dame faire, celle-ci commença aussitôt d'une voix digne d'un ouragan presque. D'après ce qu'il avait entendu Sophia Caralès était connue pour être d'un caractère exigeant surtout envers ses neveu, et enfants.

Espèce de maltaillé! Tu passe deux mois dans la capitale au lieu de t'occuper des affaires de ton propre comté qui en a grand besoin! Laisse moi deviner tu veux vivre au crochet de l'empereur le temps que le problème passe de lui-même!?! Ce n'est pas comme cela que ta mère, et moi t'avons élevé! Feu ton père t'aurait donné cent coups de bâton pour cela!!! Tu as de la chance qu'il ne soit plus en vie sinon il t'aurait déshérité à l'instant!

Crissolorio regardait avec un intérêt presque compatissant envers le pauvre comte Caralès, d'ailleurs il voulu voir s'il pouvait calmer cette furie...

A vrai dire nous nous apprêtions à trouver une solution avec sieur Caralès à ce problème sous la forme d'un rachat de la dette par la couronne...

Qu'ouï-je??? Visiblement non pensa t-il en voyant les joues de la comtesse s'empourprer sous l'effet de la colère, cette dernière alla même jusqu’à gifler de façon très sonore le comte Caralès (visiblement cette femme pouvait se le permettre avec lui) avant de rajouter.

Ce n'est parce que cela fait quelques années que je ne suis pas là pour te surveiller qu'il faut te mettre à tout ruiner dans le comté! Que vont penser nos ami des autres comté en apprenant que tu souillerait ainsi l'honneur de nôtre famille? Que vont penser tes sujets en apprenant cela? Tu as intérêt à trouver une solution acceptable pour les Caralès avec sieur Crissolorio sinon je te promet que tu va en entendre parler pendant les 20 prochaines années! Acheva t-elle avant de finir plus calmement.

Maintenant que cela est mit au point je vais te laisser reprendre les négociations avec le Grand Trésorier, je repart dans quelques heures pour aller au comté familiale, et tu as intérêt à trouver une solution respectable pour nôtre famille entre-temps... Puis elle se dirigea vers la porte pour sortir avant d'achever calmement, mais sèchement à l'adresse du comte, et du Grand Trésorier.

Ceci fait veuillez m'excuser pour ce dérangement, passez une bonne journée. Puis elle sortit, Crissolorio resta silencieux quelques secondes après son départ avant de reprendre calmement à l'adresse du comte. Pour essayer e clore cet incident.

Donc au final mieux vaut oublier pour le rachat de la dette je présume? Dîtes moi sieur Caralès par simple curiosité. Au vu du fait que je n'étais pas présent pendant ce quelques mois. Avez vous fait part de vôtre problème à sa majesté, ou du moins à l'une des personnes que j'ai délégué pour s'occuper de ce genre de cas en mon absence? Pour voir s'il pouvait avoir un compte rendu avec un peu de chance, cela pourrait aider...

Sinon auriez vous fait part de vôtre problème à quelques autres nobles? Pourriez vous m’établir un bilan complet des dépenses de vôtre famille messire? Disons que les rapports que j'ai reçu sont assez incomplet à ce sujet... Finit-il calmement, puis il tendit le dit rapport au comte pour que ce dernier puisse y jeter un coup d’œil. Crissolorio en profita d'ailleurs pour prendre une gorgé de thé, de la tasse qu'avait apporter le serviteur...

Apparemment, c'était plutôt facile l'économie : il suffisait d'acquiescer docilement à tout ce que suggérait un grand trésorier pour voir les problèmes se résoudre d'eux même, la vie n'était-elle pas bien faite ? Certes, la question aurait certainement été plus délicate si l'argent que brassait la discussion avait été celui du vampire plutôt que celui d'un comte dont il ne connaissait que ce qu'on lui en avait dit pour lui permettre de jouer le rôle de façon suffisamment convaincante. Encore que Kylian n'était probablement pas l'esprit le plus matérialiste qui fut : vivre d'amour et de sang frais suffisait amplement à son bonheur, quand bien même il lui fallait admettre qu'il se passerait volontiers du second point si l'opportunité lui était donnée. Bref, l'essentiel pour l'instant était que la discussion prenait un tournant favorable au vampire, encore quelques acquiescements, une petite signature et il serait vraisemblablement libéré de la compagnie du trésorier sans plus de difficultés que cela. Finalement, il avait eu tort de s'inquiéter comme il avait pu le faire, tout s'était plutôt relativement bien passé et ... et peut-être avait-il surtout eu tort de vendre la peau du trésorier avant de l'avoir compté. La série de coups qui venait de retentir contre le bois de la porte du bureau ne lui disait rien qui vaille, et l'annonce que fit le serviteur confirma rapidement cette première impression. Sophiane Caralès ? Dracos lui vienne en aide, si une relation du véritable comte se joignait à la conversation, il serait démasqué sans l'ombre d'un doute. Kylian pouvait certes tromper de lointaines connaissances, mais de là à mystifier un proche membre de la dynastie Caralès, il y avait un pas qu'il n'avait certainement pas l'intention de franchir.

« Euuuh... Est-ce bien nécessaire de la déranger ? Je suis là après tout, il n'est pas utile de ... »

Vaines protestations s'il en était, dame Sophiane ne semblait pas s'encombrer de ce genre de considérations et entra bien rapidement dans la pièce. Tout était fini, qu'on lui passe les fers et qu'on prévienne le bourreau, une tête roulerait sur le billot avant la fin de la journée... ou pas ! Le regard vitreux de la vieille dame ne laissait guère de place au doute : Sophiane Caralès avait perdu la vue, et cette constatation ne manqua pas allumer dans l'esprit du renégat vampirique la flamme d'un dernier espoir. Luttant contre l'instinct qui lui hurlait de prendre ses jambes à son cou tant qu'il lui était encore possible de le faire, Kylian essuya silencieusement l'ouragan dont le gratifia sa tante supposée. Dracos, était-ce vraiment une si bonne chose qu'elle ne fut pas capable de le reconnaître ? Les chaînes et le bourreau semblaient en effet soudain presque plus sympathiques que cette furie, en particulier lorsque le vampire eut à subir sans réagir une gifle qui ne lui était pourtant pas destinée. Dominant difficilement la colère du prédateur qui sommeillait en lui, Kylian salua le départ de dame Sophiane avec un soupir de soulagement. Il comprenait mieux à présent pourquoi le véritable Caralès avait tant besoin d'organiser des fêtes fastueuses pour se détendre l'esprit, il ne devait pas être facile de composer avec une telle famille. Toutefois, l'agacement du vampire eut au moins le mérite de lui donner la possibilité de simuler l'agacement du comte Caralès sans qu'il lui soit nécessaire de forcer son jeu, et pour cause, il lui suffisait de laisser parler sa propre colère. Ce n'était d'ailleurs là qu'un moindre mal, les questions du trésorier se faisaient de plus en plus précises et les réponses que pouvait y apporter Kylian se faisaient de plus en plus réduites. Il devenait véritablement urgent pour le vampire de mettre un terme définitif à cette dangereuse escalade, et dame Caralès venait de lui offrir une formidable porte de sortie, certes bien involontairement mais cela n'en était pas moins apprécié.
N'accordant qu'un bref regard aux rapports que venait de lui remettre le trésorier, le vampire rendit les papiers d'un geste nonchalant et éluda rapidement la question :

« Inutile de perdre davantage de notre temps, messire Ostiz, vous comme moi avons de bien plus urgents tâches qui réclament notre attention. De plus, je suis seul maître en mon comté et il serait de bon ton que ma tante ne l'oublie pas : présentez moi donc les documents en rapport avec le rachat de la dette, il ne me sera pas utile de réfléchir davantage pour y apposer ma signature. »

Et toc, qu'elle encaisse donc cela, la vieille. Ce n'était probablement pas lui rendre service, mais Kylian ne pouvait s'empêcher d'avoir une pensée pour le véritable comte Caralès, lequel devait probablement rêver chaque nuit de la possibilité de faire ce que venait de faire son alter ego vampirique.

Le comte Caralès ne semblait pas être vraiment des plus joyeux par rapport au fait d'avoir recroisé sa tante, Crissolorio pouvait bien le comprendre, aucun homme n'aimait qu'une femme le traite comme cela surtout devant un inconnu à la famille. Néanmoins Ostiz n'ira pas rapporter cela, il n'était pas du genre à colporter ce genre de rumeur, mais il garderait cette information en tête, on ne sait jamais cela présenterait peut-être son utilité un jour. Dans tout les cas autant passer à autre chose, après tout l'on n'avait pas que cela à faire de un, et de deux le comte Caralès devait sans doute ne plus être trop d'humeur pour le coup. La situation était devenue un brin gênante pour eux deux.

D'ailleurs le comte semblait vouloir abréger la discussion. Crissolorio y réfléchit calmement, effectivement peut-être qu'il faudrait remettre cela à plus tard même si ce serait dans quelques semaines, sans doute que ce comte là ne serait absolument pas contre de rester encore à Gloria quelques temps si cela pouvait au moins lui permettre d'esquiver sa famille. Il faudra que Crissolorio se penche d'ailleurs sur cette histoire, peut-être qu'il y avait moyen de trouver quelques petites choses intéressantes au propos des Caralès en tendant bien son oreille.

Le comte d'ailleurs semblait dans l'optique de vouloir défier sa tante, pour tout avouer cela arrangeait le Grand Trésorier, au moins cette histoire prenait un tournant qui ne lui était pas défavorable pensa t-il en récupérant le rapport que lui rendit le comte. Les choses s'étaient bien plus vite conclu après tout qu'il aurait pu raisonnablement le penser même avec un grand optimisme.

Je suis content messire que nous soyons arrivés aussi vite à une conclusion en bonne, et dû forme à cette histoire. Dit-il calmement, après tout il venait de faire là une bonne affaire, à croire que ce noble là était capable de prendre des risques inconsidérés par poussée d'orgueil, mais Crissolorio n'allait pas le lui rétorquer, après tout c'était le sieur Caralès qui possédait un comté non Crissolorio. De plus Ostiz venait d'accomplir une belle chose donc autant ne pas tout gâcher.

Crissolorio prit donc le dossier que devait signer le comte, et tendit ce dernier à celui-ci, le Grand Trésorier au passage regarda le comte en face, soudain son esprit tilté. Il avait une très forte impression de déjà vue tout à coup. Son regard s'arrêta sur le comte Caralès, oui Crissolorio avait déjà vu cet homme! Et il n'y a pas si longtemps que cela, mais où? A la cour de Gloria? Non il n'en se rappelait pas pourtant le Grand Trésorier avait une très bonne mémoire, alors... C'était en dehors. Sa mémoire fit le tri, et il associa ce souvenir à quelque chose. L'une des montagnes à l'Est du continent.

Attendez... Je vous connais. Dit-il calmement, il fit un geste de la main qui ne tenait pas le dossier, les gardes en voyant cela mirent la main sur leurs armes. Ses gardes du corps avaient étaient entraînés après tout pour deviner que certains signes de la mains étaient des ordres, Crissolorio avait toujours aimé cette façon de faire.

Les griffes escarpées, c'était vous l'un des vampires qui voulait entrer dans cette ancienne cité elfique pour y récupérer cet artefact des esprits. Je vous ai déjà vu là-bas, vous ne vous rappelez pas de moi? Vous n'êtes pas le comte Caralès. Vous êtes un vampire qui se fais passer pour lui. le couperet venait de tomber, les gardes sortirent les lames de leurs fourreau instinctivement, sachant qu'un vampire était un adversaire sérieux, néanmoins il restèrent en place. Crissolorio poursuivit calmement.

Rendez-vous sans faire d'histoire, et il ne vous sera fait aucun mal. La Grande Trésorerie est l'aile du palais ayant la plus forte présence en terme de gardes, vous ne sortirez pas d'ici sans un peu de bonne volonté. Il restait parfaitement calme malgré le fait qu'un vampire était en face de lui, Crissolorio réfléchissait aux options qui se présentaient à lui, et la plus intelligente était de ne pas brusquer ce vampire, il préférait que l'autre se laisse faire, la violence était toujours une solution qui le répugnait.

Néanmoins il se posait une question. Qu'est-ce que faisait ce vampire ici? Il n'en savait rien, mais il faudrait sans doute s'y intéresser, sans doute de l'espionnage, Crissolorio devrait renseigner sur les habitudes qu'avait pris le faux comte Caralès au cours des deux derniers mois...

Pour ça oui, le trésorier pouvait se féliciter qu'ils soient parvenus à cet arrangement. Même s'il n'y connaissait pas grand chose en économie politique, Kylian demeurait suffisamment intelligent que pour comprendre qu'il valait mieux éviter de signer un parchemin qui engageait vos possessions dans un accord aussi hasardeux. Mais quelle importance après tout ? Ces biens n'étaient pas les siens, et il serait facile pour le véritable comte Caralès de contester la signature que venait d'apposer son double vampirique sur le parchemin qu'on lui tendait. L'essentiel, c'était que cette histoire prenne fin : le vampire n'avait déjà que trop tiré sur sa chance et l'intervention de Dame Sophiane, aussi tempétueuse avait-elle pu être, s'était révélée un dernier avertissement. Il était plus que temps de filer, mais la voix du trésorier venu lui affirmer qu'il le connaissait résonna dans la pièce avec le fracas d'une lame s'abattant sur un billot. Instinctivement, le vampire se tendit, ses doigts se crispant sur la plume qu'il tenait encore en main. Il n'osa pas même relever les yeux vers le visage du ministre, trop inquiet à l'idée de ce qu'il pourrait y lire, et répondit d'une voix où se laissait deviner sa nervosité :

« Bien sûr que vous me connaissez, voila une demi-heure que nous discutons des affaires de mon comté. Je ne comprends pas ce que... »

Il n'eut cependant guère le temps de poursuivre, l'explication tant redoutée venait de tomber et le renégat put sans difficulté aucune imaginer les mains des gardes se diriger vers les poignées de leurs épées. Le crissement des lames que l'on sortait de leurs fourreaux en fut la confirmation, tandis que le trésorier avait la gentillesse de lui présenter la situation pour le moins désespérée dans laquelle se trouvait le vampire. Quelles étaient ses chances ? Il était seul, en plein jour, au beau milieu de l'une des ailes les mieux gardées d'un palais impérial situé au centre d'une ville qui lui était hostile. Vraiment pas de quoi s'inquiéter en somme, il était bel et bien fichu. Quant à la promesse qu'aucun mal ne lui serait fait s'il se rendait docilement, il avait un peu de mal à y croire. Certes, les Alayiens n'étaient plus un véritable problème désormais, mais il n'en demeurait pas moins vrai que les humains n'éprouvaient qu'une affection très limitée envers les vampires, et Fabius n'était pas réputé pour être un exemple de tendresse et bienveillance envers ses ennemis.

« Maintenant que vous le dites, il me semblait bien que votre odeur et votre visage m'étaient familiers, mais je puis vous assurer que l'air de la montagne vous a fait le plus grand bien : vous paraissez dix ans de moins aujourd'hui. »

La voix se voulait froide, dure, et maîtresse d'elle-même, en un mot, vampirique. Il était parvenu à domestiquer les tremblements de ses mâchoires, son regard parcourant nerveusement la disposition du bureau et l'emplacement des gardes, à la recherche d'un échappatoire quelconque. Par chance, les soldats ne s'étaient pas encore risqués à l'attaquer, conscients que s'ils étaient suffisamment nombreux pour terrasser le vampire, ce dernier demeurait pour sa part parfaitement capable d'en emporter un ou deux avec lui avant de rendre son âme à Mort. Il n'en ferait rien, bien sûr, ces hommes ne faisaient que suivre les ordres qui leur étaient donnés et ne méritaient pas de mourir parce qu'il avait eu la bêtise de s'engouffrer dans la gueule du loup, mais cela, ils ne pouvaient pas le savoir.

« J'apprécie la générosité de votre offre, sire Ostiz, vraiment. Malheureusement, vous comprendrez je l'espère que je ne peux accepter de me rendre sans combattre. »

Joignant le geste à la parole, Kylian renversa brutalement le bureau de ministre et se jeta sur le trésorier qu'il empoigna fermement, se glissant immédiatement derrière lui et l'attrapant par le cou pour s'en servir comme d'un bouclier humain et convaincre les gardes qu'il valait mieux pour eux garder leurs distances. Tous crocs dehors, le vampire reprit à l'intention des humains qui guettaient nerveusement la moindre chance qui leur serait donnée d'enfoncer leurs épées dans la chair du prédateur :

« Allons messieurs, personne dans cette pièce n'ignore qu'un vampire n'a aucun besoin d'arme pour briser le cou d'un humain. Posez vos lames et alignez vous contre le mur, messire Ostiz ici présent va gentiment m'escorter à l'extérieur du palais et personne n'aura à en souffrir. »

Il n'aimait pas ce qu'il faisait, et pour cause, cela ne lui ressemblait pas de prendre ainsi en otage la vie d'un innocent, fut-il un trésorier fidèle à Fabius et le responsable de la ruine de pauvres gens, mais il n'avait pour l'instant aucun autre espoir de s'en sortir. A présent, tout reposait sur la bonne volonté de l'administrateur, car en dépit de l'image prédatrice qu'il s'efforçait de renvoyer, Kylian n'avait nullement l'intention de lui causer le moindre mal et ce même si cette décision devait le condamner à brève échéance.

Bien entendu avant qu'il ne jette ses présomptions le comte Caralès avait tenté de se défendre, enfin le faux Caralès, mais Crissolorio ne se trompe jamais. Il était un hérisson avec une grande mémoire, et il est très dur de lui cacher quoi que ce soit bien longtemps surtout quand il a déjà vue la personne qui cache son identité par la passé.

Néanmoins Crissolorio se fit la réflexion que cela aurait été plus malin sans aucun doute de faire capturer le faux Caralès juste après que ce dernier soit sortit du bureau, mais Ostiz pensait qu'en faisant comme cela on éviter d'éventuels morts, si ce vampire était un minimum raisonnable bien entendu l'on pourrait avoir de meilleur résultats en le convainquant de se rendre sans violence...

D'ailleurs le vampire finit par renoncer tout simplement à l'idée de continuer la comédie ici. Crissolorio était satisfait intérieurement d'avoir vu juste, mais il savait aussi qu'il était dans une situation délicate lui aussi vu que le buveur de sang était très proche de lui. Néanmoins il tenta de prendre les paroles de ce dernier avec une certaine philosophie. Et un peu de cynisme.

"Que voulez-vous le temps ne nous touche pas tous de la même façon." Il se fit la réflexion que l'autre l'aurait sans doute reconnu s'il n'avait pas bu sa potion de jouvence, encore une preuve que cela avait été une très bonne idée. « J'ose espérer que vous saurez être raisonnable messire. » Glissa t-il par la suite, après tout le constat était alarmant pour le vampire… Mais il fallait quand même faire attention, une bête acculée était souvent très dangereuse même Crissolorio le savait...

Dans tout les cas la tension dans la pièce venait de monter de plusieurs crans, Crissolorio comme ses gardes scrutait chaque réaction du vampire, ce dernier pouvait après tout faire de gros dégâts avant d'être maîtrisé, personnellement le Grand Trésorier sentait que les choses allaient dégénérer, son totem lui disait de se méfier… Il fallait qu'il s'éloigne de ce vampire, mais ses gardes étaient à l'autre bout du bureau, et le faux Caralès juste à côté de lui. Et de plus l'autre ne semblait absolument pas du tout prêt à coopérer. Dommage car les choses auraient tellement été plus simples pour eux deux…

Crissolorio serra d'une main le dossier de son fauteuil sans pour autant perdre son calme aux paroles du vampire. Cela sentait vraiment très mauvais, le totem du vieil homme semblait l’invectiver de fuir, ou de se protéger d'une quelconque façon. Néanmoins un vampire ce n'était pas vraiment quelqu'un qu'un hommes de la quarantaine pouvait vraiment surpasser en vitesse.

« Dommage. » Eu t-il juste le temps de dire avant que le vampire ne renverse le bureau pour s'en prendre à lui. Crissolorio était rester parfaitement calme, un hérisson est impossible à prendre par surprise, il est juste frustrant de sentir que les choses allaient dégenérer sans pouvoir rien faire pour les en empêcher. Il fallait qu'il garde son calme pensa le bourgeois car c'est comme cela qu'il avait le plus de chance de s'en sortir. Nôtre argentier regarda donc le vampire qui tentait de menacer ses hommes en l'utilisant comme monnaie d'échange, c'était malin de la part de ce buveur de sang...

« Allons mon bon ami il serait regrettable que vous nous poussiez à aller plus loin que nécessaire, vous ne faîtes que rendre les choses plus désagréables pour nous deux, je ne désire point d'effusion de sang j'aurai apprécié que ce soit vôtre cas à vous aussi. » Dit-il calmement, alors que le vampire lui mettait métaphoriquement le couteau sous la gorge…

« Faîtes comme il vous le dit. » Dit ensuite le Grand Trésorier à ses hommes sans se priver de faire un geste clair qui voulez dire « écartez vous, mais suivez nous lorsque nous serons sortit du bureau ». Qui était facilement prenable pour un simple « écartez-vous. » A vrai dire Crissolorio avait une idée en tête pour s'occuper du cas de ce vampire, mais il fallait pour cela sortir du bureau, et aller dans les ailes plus loin, ou les gardes, et les lames noires étaient bien plus nombreux…

« Je n'ai aucune garantie que vous ne tenterez pas de me faire prisonnier, ou bien de me tuer après vous êtres échapper vampire. Je ne vois pas ce qui me pousserai à aider l'un des vôtre à s'échapper d'ici connaissant vôtre réputation de fourberie, et de sauvagerie. » Dit calmement le Grand Trésorier lorsqu'il dut se lever. Si le vampire voulait sortit d'ici il avait besoin de lui cela Crissolorio le savait bien, et c'était l'un des quelques rares atouts qu'il possédait pour le moment. Même s'il doutait que cela suffise à raisonner cet être de la nuit.

Dommage, oui, le trésorier avait trouvé le parfait mot pour décrire la situation dans laquelle se trouvaient à présent les deux hommes. La faute à un souvenir que le ministre eut mieux fait d'oublier dans un recoin de sa mémoire. N'eut été cette malheureuse coïncidence, ils auraient pu chacun s'en retourner vaquer à leurs affaires sans que personne n'ait à en subir les conséquences, à l'exception peut-être du véritable sir Caralès lorsque ce dernier aurait appris le rachat de sa dette par l'empereur sans son consentement. Mais il était à présent trop tard pour cela : au contraire de ce qu'avait pu souhaiter le vieil homme, Kylian n'était pas vraiment quelqu'un que l'on pouvait qualifier de raisonnable. En fait, on le considérait plutôt comme le parfait opposé de cet adjectif et cela lui convenait parfaitement bien : s'il avait été raisonnable, il aurait plié l'échine devant Lorenz comme tant d'autres avant lui et serait sagement rentré dans le rang ; s'il avait été raisonnable, jamais il n'aurait pris le risque d'aimer une humaine, encore moins leur princesse ; et enfin, s'il avait été raisonnable, jamais sa route n'aurait croisé celle d'une montagne d'écailles âgée de plus de trois mille ans. S'il avait été raisonnable, il n'aurait pas été lui-même, tout simplement, alors un peu plus, un peu moins, quelle différence cela pouvait-il encore faire ? Peut-être celle qui existait entre la vie et la mort, mais encore fallait-il savoir de quel côté venait de plonger le vampire. Pour l'instant en tout cas, ce dernier tenait fermement son prisonnier sous la menace de ses crocs et ne put manquer lever un sourcil chargé de scepticisme devant la remarque du concerné. Certes, il pouvait croire que le trésorier ne souhaitait aucune effusion de sang dans son bureau, cela faisait toujours autant de désordre à nettoyer, mais qu'il soit foudroyé par Dracos si on ne lui réservait pas la meilleure hache du bourreau s'il venait à être pris. Rebelle et vampire de surcroît, son procès serait probablement l'un des plus courts de l'Histoire, un peu comme cela avait été le cas à Aigue-Royale. Toutefois, il aurait été stupide de sa part que de ne pas saisir l'occasion qui lui était donnée d'apaiser la tension qui régnait alors dans la pièce, car lui moins encore que le trésorier avait à gagner si les événements devaient dégénérer dans les secondes à venir.

« Grand bien vous fasse, Excellence, nous sommes donc au moins deux dans cette pièce à ne pas souhaiter que le sang ait à couler, peut-être vos hommes pourraient-ils suivre notre exemple ? »

A la grande satisfaction du vampire, les gardes consentirent à obtempérer, quoique non sans l'intervention de celui-là même qu'ils étaient supposés protéger. Lorsque l'ordre leur en fut donné, les soldats s'écartèrent et dégagèrent le chemin qui menait vers la sortie du bureau, chemin sur lequel le vampire et son prisonnier s'engagèrent bientôt.

« Exact, vous n'avez aucune garantie autre que ma parole qu'il ne vous sera fait aucun mal si vous m'aidez. En contrepartie, permettez moi cependant de vous faire remarquer que vous avez la garantie que je vous briserais le cou si vous ne m'aidez pas. A vous de voir où se trouve votre intérêt immédiat. »

Pour une fois, la réputation de sauvagerie sanguinaire que cultivaient ceux de son peuple allait pouvoir lui servir. Ainsi, sous l'impulsion du vampire, ce dernier et son captif quittèrent le bureau pour aborder le premier des nombreux couloirs qu'il leur faudrait traverser pour que le renégat puisse recouvrer sa pleine liberté de mouvement. Il s'immobilisa cependant devant la porte et ordonna sèchement :

« Je ne voudrais pas que vos gardes alertent toute la garnison sitôt que nous nous serons éloignés, aussi vais-je vous prier de verrouiller la porte de votre bureau. »

S'il parvenait à atteindre les portes du palais sans éveiller les soupçons, alors peut-être aurait-il une chance de s'échapper. Peut-être.

Crissolorio doutait franchement pour tout dire que le vampire n'ait pas forcément d'intention belliqueuse, à part que la dernière fois qu'il s'étaient vu ce dernier n'avait pas semblé particulièrement agressif au contraire de Lorenz Wintel... Enfin il restait que le Grand Trésorier n'allait sûrement pas faire confiance à celui-ci, on ne fait pas confiance à quelqu'un qui vous menace de vous briser le coup après tout. Crissolorio était Grand Trésorier, ce rebelle avait d'excellentes raisons de le tuer, ou faire prisonnier s'il s'échappait avec lui, Crissolorio devait donc trouver un moyen de sortir de ce guêpier, tentant de rester calme malgré toute cette agitation, et d'analyser les multiples possibilités...

D'ailleurs le vampire ne faisait que le préciser. Il ne cherchait aucunement à tenter de le séduire, ou de le persuader, mais uniquement à le menacer, ou à l'intimider ce qui ne faisait qu'encourager le bourgeois dans le fait qu'il devait échapper à l'étreinte de ce vampire sans se faire étrangler au passage.

Vos paroles sont sensés, mais je vous fais tout de même remarquer que si jamais l'idée me venait en tête de vous faire tuer au prix de ma vie, le fait de savoir qu'il n'y aucune issue pour moi m'y encouragerai très certainement, il aurait au contraire été plus malin de me faire miroiter un faux espoir. Dit-il calmement un peu réprobateur, après tout un homme qui n'avait aucun échappatoire essayait toujours d'emporter son ennemi, ou en tout cas son meurtrier dans la tombe, surtout qu'un vampire, personne ne pouvait décemment croire en la miséricorde d'un buveur de sang qui vide les hommes de leurs sang pour se nourrir... Crissolorio n'était pas du tout ce genre d'homme, préférant rester calme, et pacifique que de tenter quelque chose de désespérer dans l'unique but de se venger. Néanmoins certains n'auraient pas obéis au vampire, et n'aurait pas eu peur de hurler pour appeler aux garde malgré l'éventualité d'une mort certaine car ils auraient penser que de toute manière vu que la mort était la seule issue autant que ce mort vivant goûte à l'acier froid des gardes du palais au passage.

Dans tout les cas ils se retrouvaient maintenant dans l'un des couloirs de la Trésorerie... Sachant que c'était sans doute la portion du palais la plus généreusement fournie en garde, à part bien entendu l'aile de résidence de l'empereur, Crissolorio pensait qu'il avait sa chance ici, mais il fallait pour cela qu'une occasion se présente... Et puis ce serait risqué dans une certaine perspective.

Surtout que la prudence dont faisait preuve soudainement le vampire n'était aucunement de bon augure... Crissolorio qui était bien obliger d'accepter fit donc ainsi en verrouillant la porte avec ses clé normale au lieu de la clé de quatre magique. Ses gardes ne pourraient donc pas l'aider, il devraiencompter sur d'autres gardes pour lui venir en aide pensa t-il avec agacement. Quoique... Il avait bien une idée, mais est-ce que c'était le bon moment? Pensa t-il calmement... Non absolument pas, car cela laisserait une chance non négligeable au vampire de s'échapper du palais, et même si Crissolorio sauverait facilement sa vie du coup, il ne serait pas du genre à laisser un tel espion s'échapper surtout sachant que ce dernier avait du faire une collecte fructueuse au vu de la personne dont il avait usurpé l'identité. Autant donc prendre des risques, surtout si ce vampire devait compter sur lui pour sortir d'ici vivant.

Vous croyez vraiment aller loin comme cela? Si les garde vous voient passer ainsi cela m'étonnerait fort qu'il vous laisse sortir d'ici Grand Trésorier, ou non, ils pourraient même préférer me cribler de carreaux, et de flèches avec vous au passage que de vous laissez vous échapper car je suis aussi ministre de l'information, et j'en sais donc bien trop pour tomber dans des mains rebelles. De plus si l'on vous met la main dessus après ce que vous venez de faire cela ne peut qu'aggraver vôtre cas. Pour le moment il ne disait que la vérité. Une probable source de renseignement du niveau de Crissolorio valait cent fois mieux morte que vif au mains des rebelles. Ce malgré le fait que l'hérisson qu'il était ne céderait absolument pas facilement même sous la torture.

Profitant d'avoir dit cela il rajouta habilement, en espérant que le vampire accepterait sa prochaine proposition.

A moins que vous ne passiez par un passage secret comme ceux qu'il y a au ministère de l'information... Moi même étant ministre de ce secteur j'en connais quelques-uns. En particulier un qui débouche directement en dehors de Gloria, si vous voulez sortir de ce palais c'est la seule issue... C'était sans doute son plan le plus fiable. En espérant que le vampire accepte cette idée, il devait pensait que Crissolorio était bien obliger de se montrer docile, et d'obéir pour ne pas risquer sa vie avec de la chance. Le ministre pourrait sans doute en tirer parti. Enfin après rien n'était sûr il valait mieux déjà prévoir que le vampire dirait non, mais on ne sait jamais...

Les préjugés avaient décidément la vie dure parmi la population humaine, ou du moins parmi une part non négligeable de celle-ci. Heureusement qu'il y avait parmi eux des Esmelda Kohan pour penser différemment, le vampire ne pouvait jamais mieux apprécier la bouffée d'air frais qu'avait toujours été la princesse sur ce sujet que lorsqu'il se trouvait confronté à ces mêmes préjugés auxquels la belle s'était faite un devoir de tordre le cou. Ainsi, à en juger par la réflexion qu'il avait eue, le seigneur Ostiz semblait parfaitement convaincu que le vampire le tuerait sitôt qu'il aurait obtenu de lui ce qu'il attendait. Certes, Kylian pouvait s'en estimer heureux d'une certaine manière : cela n'en donnait que plus de poids à la menace qu'il s'efforçait de faire peser sur le trésorier pour l'inciter à ne rien tenter qui fut déraisonnable. Mais il ne pouvait pour autant totalement occulter cette pointe de culpabilité venue lui agresser l'esprit, user de la force et de la menace sur un être incapable de se défendre n'était pas dans ses habitudes, y compris lorsque comme aujourd'hui, il n'avait pas de réelle autre possibilité pour obtenir ce qu'il désirait.

« Alors il est heureux pour chacun de nous que vous n'ayez pas envie de mourir, car vous êtes seul ici à vous faire miroiter un funeste destin. Aidez moi et je vous relâcherais sans vous faire le moindre mal, et cela n'a rien d'un faux espoir que je vous ferais miroiter. Un vampire peut aussi faire preuve d'honnêteté, sachez le. »

Etait-il parvenu à persuader le trésorier de sa bonne foi ? Peut-être, peut-être pas, mais il n'en espérait pas moins. La torture, fut-elle mentale, n'était pas une arme qu'il acceptait de manier, aussi préférait-il sincèrement que le vieillard se laisserait convaincre par l'idée que tout se passerait bien pour lui s'il se montrait coopératif. Comme par exemple en verrouillant docilement la porte de son bureau quand il le lui fut demandé, ainsi que put le constater le renégat vampirique non sans une certaine satisfaction. Ce qu'il n'avait pas prévu en revanche, c'était bien que la garde serait vraisemblablement prête à abattre le trésorier avec lui si cela devait être nécessaire. Non seulement cela signifiait qu'il ne parviendrait pas à s'enfuir, mais en plus qu'il risquait bel et bien d'entraîner dans sa perte un innocent. Enfin, aussi innocent que pouvait l'être le ministre de l'économie et de l'information d'un usurpateur tel que Fabius, évidemment. Devait-il prendre le risque de relâcher son prisonnier pour tenter sa chance en solitaire ? Il se moquait bien d'aggraver son propre cas, comme le disait si bien l'humain captif, mais risquer faire tuer ce dernier avec lui se révélait une préoccupation autrement plus inquiétante. Par chance pour le vampire, ce fut son propre prisonnier qui lui offrit une alternative et ce quelques instants à peine avant qu'il ne décide de le libérer pour continuer seul.

« Parfait, il semble que nous ayons un intérêt commun désormais : vous n'avez pas plus envie que moi d'avoir à faire avec la garde, alors passez devant et conduisez moi à ce passage secret sans perdre de temps. Mais attention, je vous tiens à l'oeil, pas d'entourloupe. »

Joignant le geste à la parole, le vampire invita d'un signe du pouce son prisonnier à le précéder dans le couloir, non sans jeter de furtifs regards tout autour d'eux et s'arrêter régulièrement pour tendre oreilles et narines en quête d'une éventuelle présence indésirable.

Ce vampire essayait maintenant de lui faire croire qu'il allait lui permettre de s'en sortir vivant ? Crissolorio en doutait fortement, même pas à cause du fait que c'est un vampire, mais surtout qu'il ne voyait pas l'intérêt stratégique de le laisser vivant, après même si le vampire disait vrai il reste que c'est un espion, Crissolorio devait y réfléchir… Laisser un espion s'enfuir ? Il risquerait gros, très gros si cela arrivait…

Dans tout les cas la situation restait délicate pour lui, même dans les murs du palais impérial ! Il arrivait à se retrouver pris en otage, Décidément les bonnes vieilles choses ne changeraient jamais, quoique cette fois-ci ce vampire lui avait l'air bien moins fiable que la voleuse qui lui avait mit un poignard sur la gorge…

Dans tout les cas il était obligé de proposer au vampire de passer par le passage secret, Crissolorio ne tenait pas particulièrement à finir avec un carreau d'arbalète dans son ventre tiré par l'un des gardes du palais, c'était bien l'un des désavantages de sa position, il en savait trop, et il était surtout trop influent pour pouvoir survivre à une capture… L'éventualité de ne pas prendre de retraite, et de rester à son poste jusqu’à sa mort de vieillesse lui convenait totalement, mais le reste était plus discutable car son travail ne permettait aucune erreur.

De toute manière autant que ça ne finisse pas en bain de sang pensa t-il . Qu'il s'en sorte vivant en premier, si dans l'opération il arrivait à faire neutraliser le vampire sans trop de giclée de sang c'était la meilleure des fin possible. Tellement qu'elle en était presque utopique pensa t-il en regardant calmement le vampire.

Ce dernier semblait un minimum raisonnable pour le moment ce qui n'était pas pour déplaire vraiment au Grand Trésorier, un peu à l'opposé de la vision sauvage, et sanguinaire des vampires, mais il reste que Crissolorio se méfiait. Ce dernier était satisfait de voir que le vampire mordait à l'appât… Ce buveur de sang allait effectivement emprunter le passage secret, et il aurait une plaisante petite surprise à la sortie, Crissolorio pour sa part savait déjà comment fausser compagnie à ce vampire quoiqu'il arrive, et avec une facilité presque insultante pour ce dernier…

Crissolorio se contenta donc de regarder calmement le vampire puis d'obtempérer. Ils avancèrent donc en direction du ministère de l'information, la deuxième aile du palais impérial la plus fournie en garde après celle de la trésorerie. Après tout les informations même si elles ne sont pas des atouts aussi solides que des montagnes de pièces d'or, restent tout de même l'une des choses qui font, et défont les empires. C'était une cible idéale pour les espions rebelles, pour les agents doubles, et tout les malfrats voulant mettre à mal l'empire…

Le ministre alla donc accompagné de sa froide compagnie au ministère, ils arrivèrent finalement à entrer dans l'aile sensible du ministère, Crissolorio arriva à faire entrer sa vampirique compagnie de circonstances avec un peu d'effort. Ils arrivèrent finalement dans son bureau après avoir passé tout ce qui se mettre sur leurs chemin sans trop de difficulté…

Il arriva donc dans le bureau qui lui était assigné, celui qui était à l'intérieur du ministère… Crissolorio entra à l'intérieur avec le vampire, le bureau était grand, mais très fonctionnel, des grosses pilles de papiers se tenaient sur le bureau, et des armoires, et autres moyens de stockages parfaitement alignés sur les murs, et les documents dedans parfaitement rangés.

Crissolorio s'avança calmement dans la pièce, regarda les bibliothèques, et armoires. Il retira quelques ouvrages de l'une des bibliothèques, et poussa de la main le creux dans le mur qui se révéla derrière. Un bruit pierreux succéda à tout ceci. Le mur derrière le bureau s'ouvrit lentement pour laisser apparaître un escalier descendant dans un couloir sombre. Crissolorio désigna celui-ci au vampire.

« Voilà le fameux passage secret messire, passez par là, et vous ressortirez indemne du palais impérial. » Dit-il calmement, il sentait étrangement que le vampire allait vouloir l'entraîner avec lui à l'intérieur pour être sur de son coup … Sauf si l'autre lui faisait confiance, rien n'était sûr, mais en non connaissance de cause Crissolorio avait un plan pour les deux cas…

« Je vous préviens néanmoins que le passage se refermera dans une minute. C'est conçu pour éviter que quelqu'un puisse l'utiliser en sens inverse pour entrer dans le palais. » Dit-il calmement, pour expliquer à l'avance pourquoi le passage secret se refermera bientôt quand il l'empruntera. Dans tout les cas c'était là que l'on allait voir si son petit plan marcherait, ou non...

Kylian avait depuis longtemps l'habitude d'évoluer sur le fil de l'épée, avançant en équilibre instable entre deux précipices dont la profondeur ne pardonnerait aucune chute. Pourtant, l'appréhension avait toujours été présente lorsqu'il se retrouvait dans ces situations, inséparable compagne des péripéties dans lesquelles le vampire finissait irrémédiablement par se plonger. Ainsi une boule d'angoisse vint-elle presser contre l'estomac du prédateur tandis que son prisonnier et lui s'engageaient dans les couloirs de l'un des ministères les mieux gardés du palais. Instinctivement, la poigne du renégat vampirique se resserra légèrement sur le bras du vieillard, en un muet rappel des conséquences qui couronneraient un éventuel élan d'héroïsme exagéré. Non pas qu'il fut effectivement prêt à exécuter son captif, mais mieux valait pour l'instant que ce dernier l'en croie bel et bien capable. Par chance, Ostiz semblait un homme raisonnable : tout au long de cette marche silencieuse, il ne tenta rien qui put alarmer les gardes et permit ainsi aux deux hommes d'atteindre un nouveau bureau sans encombre. Prudent, Kylian observa attentivement les faits et gestes du trésorier lorsque celui-ci déverrouilla la porte du local et y pénétra, mais ne décela rien qui put éveiller sa méfiance. Il découvrit sans surprise un intérieur méticuleusement organisé et rangé, fidèle à l'image de stricte rigueur que dégageait le vieil avare. Sans un mot, le vampire accorda d'un signe de tête l'autorisation à son prisonnier de dévoiler le passage au moyen duquel il envisageait lui permettre de s'enfuir et contempla avec une certaine satisfaction l'ouverture du mécanisme secret. La précision concernant la fermeture du passage l'intrigua brièvement, mais la justification qu'apporta le trésorier semblait parfaitement plausible, de même que le fait qu'il le mit en garde. Sans doute craignait-il les répercussions d'une mauvaise surprise, argument supplémentaire en faveur de la bonne foi de son prisonnier.

« Parfait, je vous remercie de votre coopération, même si je regrette que nous ayons été obligé d'en arriver là, il eut mieux valu pour tout le monde que vous vous absteniez de me reconnaître. Je n'ai qu'une parole, cependant... Asseyez vous dans votre fauteuil je vous prie. »

Un nouveau signe de tête pour faire comprendre au concerné qu'il valait mieux pour lui ne pas abuser de la patience du vampire, ce d'autant plus que derrière une apparente docilité, Kylian n'avait pas vraiment l'intention de lui laisser d'autre choix que d'obtempérer. Avant de prendre la fuite, une dernière précaution n'était jamais inutile : une fois le trésorier installé, le vampire fit usage de sa magie pour lancer un sort qu'il maîtrisait depuis de longues années et projeta la toile de l'Aranea sur son captif, l'attachant solidement au siège le temps nécessaire à l'échappée du renégat.

« Nos chemins se séparent ici, trésorier, vous ne m'en voudrez pas si j'espère que cette fois, ils ne se recroiseront plus. »

Vain espoir s'il en était, mais à moins de se découvrir des pouvoirs d'oracle, il n'avait alors pas la possibilité de savoir de quoi l'avenir serait fait. Sans plus perdre de temps, Kylian s'engagea donc dans l'obscurité du passage secret : à présent qu'il était libéré de la présence de l'humain, il pouvait avancer beaucoup plus rapidement et ne mit guère plus de quelques instants à parcourir le boyau de pierre. Lorsqu'il en atteignit l'autre extrémité, il ralentit le pas et s'approcha doucement de la porte de pierre, cherchant le mécanisme d'ouverture qu'il activa aussitôt. Des échanges de paroles et autres signes d'une activité particulièrement remuante vinrent alors irriter ses craintes, Ostiz avait-il osé le trahir ? Peut-être pas, inutile de paniquer, sans doute le passage débouchait-il simplement près d'une rue animée ou d'une place de marché. Simplement. Mais les choses ne pouvaient jamais être simples, et en fait de liberté, ce fut au beau milieu d'une troupe de gardes en armes que déboucha le renégat. Soyez maudit, Ostiz, soyez maudit...

Un surprenant silence se fit dans la salle d'entraînement à l'entrée du vampire, plus d'une dizaine de regards se tournant dans sa direction avec méfiance et stupeur. La voix de celui qui semblait commander l'interpella, exigeant de lui qu'il déclina son identité et expliqua ce que signifiait cette intrusion. Les nerfs du prédateur se tendirent tels les cordes d'un violon, son regard parcourant lentement les silhouettes armées qui se dressaient devant lui. Un, deux, trois, quatre, cinq... douze... et ça continuait... ils étaient nombreux, vraiment nombreux, trop nombreux. Étonnamment, cette constatation apaisa le vampire bien plus qu'elle ne l'inquiéta, ses épaules se décrispèrent et ce fut d'une voix parfaitement calme et maîtrisée qu'il déclara :

« Je suis Kylian Wallam, rebelle vampirique... »

... et prisonnier de sa majesté Fabius Kohan.