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| Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE | |
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| Sujet: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Jeu 30 Oct 2014 - 16:03 | |
| Début mai de l'an II.
Cela allait bientôt faire un mois que la princesse était de retour au palais de Gloria. Un mois qu'elle avait retrouvé sa mère, douce espoir d'un avenir meilleur, mais aussi la force dont elle avait besoin et de nouvelles convictions pour lesquelles se battre. La princesse se faisait discrète et suivait à la lettre la vie de la cour et du palais. Sans ne jamais rien dire, suivant les conseils de sa mère et ce qu'elle connaissait de la vie de la cour, bien mieux qu'elle. Du moins pas avec le même tempérament. Rachèle était plus douce, plus avisé et savait cacher toute émotion. Esmelda était emportée et vive, un peu comme son père. Mais les temps avait changé et Esmelda aussi. Tout comme l’enjeu de ce qu'elle désirait au fond de son cœur Se jouer des alayen, de ce serviteur et de ce qu'il lui avait fait. L'intolérance et le fanatisme dont il faisait preuve, la violence de ses propos et gestes quand on ne désirait pas aller en son sens, non ce n'était pas la vision de son père, de son frère et même de Fabius pour gouverner.
La douce princesse continuait donc de satisfaire les demandes et doléances, recevait dans son salon pour converser avec politesse avec duchesse et comtesse. Mais sans oublier de s’entraîner auprès d'un maître d'arme en dague, qui n'avait certes rien à voir avec Lorenz Wintel ou bien Havard Svenn, mais il savait ce qu'il faisait et gardait toute discrétion, même si le serviteur du Néant devait déjà être au courant. Mais il n'était pas rare de voir une jeune princesse s’entraîner ? Si, mais pas cette princesse. Il n'était pas difficile de dire que depuis jeune elle préférait les épées à la couture.
Mais surtout, elle avait mis en place avec quelques membres de la population, une petite résistance, certes pour le moment surtout politique et les actions n'étaient que des mots. Mais la volonté de se jouer de ce néant se faisait sentir. Par la suite, de petites actions seraient mises en place. Ils étaient déterminés.
Mais pour le moment, la princesse était assisse à son bureau écrivant de nombreuses missives pour des seigneurs de Lyssa et ses environs, quand un page vint lui apporter une lettre écrites de la main de son cousin qui lui demandait de la retrouver dans un des salons des appartements royaux. La princesse renvoya le jeune page et se prépara à la rencontre avec l'empereur, un peu intriguée par sa demande. Elle n'avait rien fait de mal. Du moins pas encore et elle savait être discrète. A moins qu'il désirait lui parler de son départ proche. Cela n'avait pu échapper à personne et encore moins au palais, la découverte de la cachette des rebelles et la prochaine mission vers Althaia. Une crainte pour Esmelda envers son cousin et tous les rebelles, mais elle leur faisait confiance pour savoir agir et réagir. Et à part prier les esprits, la princesse ne pouvait rien faire de plus.
On fit entrer la princesse dans un large salon aux tapisseries soyantes et aux meubles raffinés. L'élégance même. La jeune femme s'avança vers son cousin et d'une voix calme et posée.
« -Vous m'avez fait demander Altesse ? »
Dit-elle en se relevant de sa petite révérence protocolaire. Il était plus généralement coutume d'attendre que l'empereur s'adresse à la personne pour répondre, mais le lieu d'un des salons des appartements royaux montrait que la conversation était plus personnelle que protocolaire, même si l'un n'allait jamais sans l'autre. Et Esmelda voulait bien se plier à certaines règles pour prouver son allégeance au régime en place, mais parfois, sans rien paraître, elle brisait ces codes pour rappeler les choses, à sa manière.
« -En quoi puis-je vous être utile ? »
Car Fabius ne l'avait appelé que pour cela, n'était-ce pas la raison de sa présence pure et simple au palais ? Aider son cousin. De quelle coup de griffe devait-elle l'extirper ?
Dernière édition par Esmelda Kohan le Sam 6 Déc 2014 - 14:38, édité 1 fois |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Ven 7 Nov 2014 - 12:27 | |
| Les préparatifs avançaient rapidement. Il fallait reconnaître une chose aux alayiens, quand ils voulaient quelque chose, ils s'en donnaient les moyens. Ajoutez à cela un savoir faire, une discipline et une réelle volonté d'agir... et vous obtenez une machinerie d'une efficacité redoutable. Le tout était de réussir à faire en sorte que les impériaux suivent le mouvement. Un travail fastidieux, que le monarque confiait volontiers à son généralissime pour tous les détails logistiques. Mais il ne pouvait pas ne pas s'impliquer. Pas maintenant. A priori personne n'avait de raison de douter de lui sur cette démarche, et il était idéal qu'il en reste ainsi. Ses plans étaient protégés par le médaillon, bien à l'abri dans les méandres de son esprit. Il n'avait donc rien à craindre, mais il préférait tout de même rester prudent. Le Prêcheur était du genre à vous prendre en grippe même si vous n'aviez rien fait. Surtout si vous n'aviez rien fait. Les bons à rien n'étaient absolument pas tolérés. Autant qu'il mérite sa pitance en s'occupant personnellement des forces impériales. Une initiative qui à vrai dire, n'était pas tout à fait innocente. Ce n'était jamais le cas avec le Borgne. Tout plan avait son propre plan, et ses secrets avaient leurs propres secrets. C'était plus sûr ainsi. Mieux valait les complots et autres actes malhonnêtes dans l'ombre du palais plutôt que le conflit ouvert et les ravages que cela entraînait immanquablement. Sans compter que Fabius doutait un peu de sa capacité à mener une armée à la bataille, et surtout à gagner la dite bataille. En revanche, il ne doutait absolument pas de ses capacités de comploteur et de manipulateur. Cela mise à part, le Roi des hommes avait d'autres projets pour le reste de la journée. Il avait beaucoup de choses à faire, et peu de temps pour y arriver de manière satisfaisante. Il se contenterait donc de mettre certains évènements en branle, et de voir comment tout ça aboutirait à la longue. En bien ou en mal. Quelle importance ? Du moment que cela servait ses intérêts. Le problème du jour était donc celui de sa chère cousine. Trop longtemps reportée, il était plus que le moment de s'y attaquer. En effet, si les alayiens n'étaient plus un problème (ce qui serait le cas dans un avenir proche si tout se passait bien), la sécurité de son trône ne serait toujours pas assurée. Sa stabilité du moins. Il fallait la renforcer, et pour cela, la princesse lui serait utile. Le tout était de faire en sorte que cela soit utile à elle aussi. Car elle n'était pas née de la dernière pluie et agirait avant tout dans son intérêt. Mais pas seulement, et c'était là sa plus grande force et sa plus grande faiblesse. Car elle était du genre à faire passer l'intérêt du peuple avant le sien propre. Esmelda fut donc convoquée. Dans l'un des appartements royaux, un lieu d'une élégance raffinée, propice à une conversation plus sincère et ouverte que dans une salle d'audience. Bien le bonjour cousine. Celle-ci était parfaitement dans son rôle. L'Empereur l'a faisait surveiller discrètement depuis son arrivée (la prudence la plus élémentaire) mais elle n'avait jamais quitté les atours de la princesse impériale qu'elle était. Sauf une fois peut-être, avec un nobliau un peu trop insistant. Mais on lui avait assuré qu'elle avait envoyé le dit prétendant sur les roses. Je t'en prie, installe-toi. Tu veux quelque chose à boire peut-être ? Lui-même était déjà assis sur un fauteuil. Une domestique vint leur porter du vin et le Borgne la remercia d'un discret hochement de tête. Elle en proposa ensuite à la princesse. Lorsqu'elle eut quittée les lieux, laissant des biscuits secs sur la table, le Roi reprit la parole. Je tiens à ce nous parlions de ton avenir. Laissons de côté pour le moment la situation actuelle et projetons dans le futur. Alford Gorder nous a dit bien des choses (le sous-entendu était sans équivoque, mais le sourire du monarque n'était pas menaçant, peut-être même un brin amusé), mais je prends ta présence ici comme une volonté de repartir à zéro, en faisant passer notre peuple avant tes désirs personnels, je me trompe ?
Alors, de quelle manière envisages-tu de servir l'Empire ?
Une question bien innocente, imprégnée de tant de non-dits... |
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| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Sam 8 Nov 2014 - 18:04 | |
| La princesse entra dans la pièce et vint s'installer sur un des petits canapés en face de son cousin prenant soin de bien jouer les princesses modèles. Tenue altière, tête bien droite devant celui qui était son empereur du moment. D'un geste de la main et d'un sourire à la servante, elle déclina l'invitation à boire du vin.
« -Non, merci. Je ne bois pas de vin. »
Puis elle offrit toute son attention à son cousin. Son invitation ne devait pas être pour le plaisir de sa simple présence ou bien pour déguster du vin ensemble. Et son questionnement la surpris. Mais elle n'en montra rien. Son avenir ? Il s'en intéressait vraiment (non) ou bien il voulait savoir si son calme apparent n'était que le calme avant une tempête.
« -En effet, telle est ma volonté. »
La jeune femme se tut un instant avant de reprendre de sa douce voix.
« -Et merci de la prendre de telle. Et nous vous ne vous trompez pas mon cousin. Je veux aider et apporter mon soutien à mon peuple. C'est ici ma priorité et ma seule volonté. »
Même si se dessinait en dessous bien autre chose, et il était inutile de le lui rappeler. Fabius le savait bien. Et il lui avait bienfait comprendre que le Néant avait des yeux et des oreilles partout.
« -Il y a de nombreuses tâches auxquelles je veux donner mon attention, mon temps et mon énergie. Tout d'abord continuer de soutenir ma mère dans son action auprès des enfants de l'empire qui ont perdus leur parents. La guerre en a hélas laissé bien plus sans famille ni ressource. A nous de les éduquer pour en faire des hommes et des femmes digne de notre empire. »
Des commerçants, des soldats, des jeunes cuisiniers ou cuisinières, des pages, des couturières, bref un avenir bien plus glorieux que filles de joies ou bien mendiants. La reine mère puis sa fille permettaient à ces enfants abandonnés de ne pas errer sans but dans les rues de Gloria, mais d'avoir un avenir possible à écrire devant eux. Esmelda n'aurait peut être jamais la chance d'avoir un enfant à elle, mais la princesse ne laisserait pas mourir de faim ceux qui n'avaient plus la chance d'avoir leurs parents.
« -Mais aussi continuer l'apport de soins dans les campagnes les plus reculer tout comme dans les villes. Chose que j'avais commencé à entreprendre quand feu mon frère m'avait laissé la régence de l'empire. De plus, la présence de nos nouveaux... compagnons de route les soins ont pris un tout autre tournant, l'apprentissage de ses nouveaux soins est d'une importance vitale. »
Et ce n'était point là une ironie. Mais sans l'appui de la magie pour les soigner, les mages devaient vite revoir leur façon de faire, avant de faire face à une énième bataille. Ou bien une épidémie.
« -La reprise d'une bataille imminente, alors que nous pansons à peine celle de l'année passée, apporte de nombreux relevés d’impôts pour le peuple, mais reconstruire prend du temps, et l'édifice des temples semblent devenir prioritaires sur la reconstruction de nos villes, de nos champs, de notre élevage, cette source même qui nous nourrit. Un mal pour un bien me direz-vous, je vous l'accorde, mais cette étape n'est pas non négligeable pour permettre à notre peuple de reprendre une vie décente. »
Car si jamais la contrainte alayenne continuait, qu'ils les forcent à croire en rien, en un vide qui les priverait bientôt de toute vie, comme sur les anciennes terres, la princesse ferait tout pour qu'au moins son peuple ne manque de rien, ni de nourriture ni de quoi se chauffer ou bien s'abriter. Même si cela était bien loin de la considération des grands de ce monde, pour la jeune femme vivre avec un minimum de confort était ce que tout empereur devrait assurer à son peuple.
« -Si cela convient à mon empereur bien sûr ? »
Question purement par politesse, car que Fabius le veuille ou non, Esmelda le ferait. La jeune princesse pouvait concevoir et accepter de ne plus user de magie, se plier à la vie de cours sous le joug alayen, mais il ne fallait pas non plus qu'il s'imagine qu'elle resterait bien sagement à écouter tous les petits soucis de la cour et ne vivrait pas que pour entendre les ragots de ceux-ci. Maintenant qu'elle était revenue et qu'elle avait été bien sage et calme au palais un bon moment, la jeune femme se sentait prête à bien plus. Comme aller soutenir une petite résistance en ville. |
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| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Dim 16 Nov 2014 - 19:25 | |
| Fabius hocha négligemment la tête devant le refus de sa cousine. Cela ne l'étonnait pas. Elle restait sur ses gardes, fermement accrochée au masque de princesse irréprochable qu'elle avait décidée de revêtir dès son retour à la cour. C'était une bonne chose. Toute autre attitude aurait conduit au désastre, car l'influence du Borgne était pour l'heure extrêmement limitée. Cela ne durerait pas, évidemment. Pour le moment c'était bien le cas, il fallait l'admettre. Nouveau hochement de tête devant l'affirmation de ses résolutions. Il n'en avait pas douté, mais c'était un moyen comme un autre de commencer la conversation, tout en rappelant subtilement les réels enjeux derrière tout ceci. Lui-même faisait donc preuve de prudence, mais encore, c'était nécessaire. Les temps l'exigeaient. Le rappel à l'ordre de la princesse était donc parfaitement inutile, quoique bien compréhensible en la circonstance. Bien évidemment. C'était là-dessus qu'il comptait. C'était sur cet amour et cette envie de servir le peuple. Oui, c'était cela qui lui permettrait peut-être de la faire définitivement basculer de son côté. Non pas par la menace, ou le chantage, ou tout autre moyen qui ne ferait qu'un temps avant qu'elle finisse inévitablement par le trahir... Non, l'amour et le devoir. Des notions si fermement ancrés dans la famille Kohan qu'ils y étaient intimement liés. Fabius lui-même n'y coupait pas. La seule raison de sa trahison étant qu'il se pensait être le seul capable de régner correctement sur l'Empire, sa haine de Korentin l'ayant amené à cette conclusion. Ça et la médiocrité de Grégorist. Il était sincèrement convaincu de prendre des décisions certes pénibles, mais nécessaires au Royaume. Ses désirs et ses ambitions s'étaient comme accommodés de ce sens du devoir inculqué depuis sa jeune enfance. Une mélange peut-être perverti, mais bien réel. La réponse d'Esmelda fut longue, développée et conforme à ce qu'il attendait d'elle. Il était rassurant de voir que certaines personnes étaient toujours là où on les attendait. Tout ce que vous me dites là est très important. L'éducation, les soins, la reprise d'une alimentation plus... équilibrée. J'y souscris, bien sûr. La question n'est pas là. La question n'a jamais été là. Il laissa passer un temps. Esmelda avait longuement parlé, et il devait prendre le temps de faire correctement les choses. De ne pas la braquer. Cela ne lui servirait à rien. Il devait l'amener à reconnaître la justesse de son point de vue. Pour cela, il lui fallait rester neutre et objectif. Lui montrer les faits. Rien de plus, et sans chercher à l'orienter dans telle ou telle direction. Personne ne met en doute vos bonnes intentions. Enfin, personne de censé. Il restait toujours deux ou trois râleurs pour contester l'évidence. Mais la véritable question est celle de la mise en pratique de ces bonnes intentions. Votre amour et votre sens du devoir sont très nobles et le peuple vous aime pour cela. Mais cela ne lui remplit pas le ventre. Cela ne lui enseigne pas les nouvelles méthodes nécessaires à sa prospérité. Cela ne le soigne pas. Tout au plus cela lui met-il du baume au cœur, ce qui n'est pas rien, je vous le concède. Au bout du compte, l'espoir et l'amour ne sont que des sentiments. Des sentiments très forts, qui peuvent bouleverser les choses. Encore une fois, je ne le nie pas. Mais des sentiments. Et non des vivres, des formateurs, ou des guérisseurs. Le monarque but une gorgée de vin. Il l'a garda quelque temps en bouche, pour mieux en apprécier le goût, puis il avala et reposa son verre. Ceci fait, il reporta son attention sur la jeune femme qui lui faisait face. Pour mettre en œuvre une politique, peu importe laquelle, il vous faut du pouvoir. Pour l'instant, vous ne tirez le vôtre que de moi ou du Prêcheur. C'est précaire, instable et au bout du compte, insuffisant. Tout ce que vous pouvez faire, malgré vos grands discours, c'est de servir d'assistante à votre mère, en espérant ne pas provoquer le courroux de l'Ordre. Cette situation vous convient-elle, Princesse, ou bien voulez-vous davantage de pouvoir ? Non... la question se formulerait- plutôt ainsi... Jusqu'où êtes-vous prête à aller pour votre peuple ? Pour assurer son avenir et sa prospérité ? L'hameçon était lancé, restait à voir ce qu'il en sortirait. |
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| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Mar 18 Nov 2014 - 21:59 | |
| Il fallait l'admettre Fabius avait beau tout faire pour la mettre à l'aise, jouer la carte de la main tendue, de l'alliance avec sa cousine, mais il ne parvenait qu'à chaque mot de plus à attirer sa méfiance. Car Fabius pouvait, un temps, chercher à marcher du même pied que sa petite cousine, il n'en restait pas moins bien trop de haine et de rancœur en eux pour que cela se fasse dans un naturel touchant et familial. Et elle ne comprenait pas trop ce que son cousin désirait réellement. A part peut être lui donner un cours de politique. Après tout, personne ne lui en avait jamais donné. Elle devait se cantonner aux chants, à la broderie et aux arts de la musique et poésie. Mais Esmelda n'était pas pour autant une ignare et non compétente en la matière. Elle avait juste une façon de faire bien moins directive.
« -Je ne tire mon pouvoir de personne. Ni de vous ni de lui. Je veux bien n'être que l'ombre de ma mère, mais ce que je fais, mon aide, ma présence auprès du peuple à aider à trouver des solutions à leurs problèmes n'est nullement dû à votre pouvoir. Au bon vouloir de ma présence au palais. D'ailleurs bien plus de la part du prêcheur que de vous. Même si vous m'avez été d'une main secourable. Je le reconnais bien volontiers.»
La princesse lui fit un signe de tête reconnaissant, le baissant légèrement. Elle pouvait lui donner au moins cela, et c'était avec sincérité qu'elle donna ce geste. Ce qui fut rare durant bien des années. Car même si plus jeunes, la petite princesse suivait ses cousins et son frère, les embêtant bien plus qu'autre chose, elle fut aussi celle qui connaissait le vrai visage de ce cousin.
« -Il n'en reste pas moins qu'il est le seul maître à bord et que niveau pouvoir, vous en êtes presque au même niveau que moi. Pantin de paille à la tête d'un empire. Il dirige tout et vous faîtes. De ce point de vu nous ne sommes qu'hôtes de ce qui fut notre palais.»
Simple remarque. Mais sur ce point, il ne valait pas mieux qu'elle.
« -Et malgré tous mes discours, j'agis au moins. Dans l'ombre de ma mère ou d'autres, mais j'agis pour le peuple. Au plus près d'eux sur des choses concrètes. Et parfois ce ne sont pas de pouvoir et d'argent dont ils ont besoin. Mais juste d'une oreille. Les sentiments parfois font beaucoup plus qu'une couronne sur la tête. »
L'action primait bien plus que la passivité sur le trône. Que ce soit auprès du peuple, que des nobles. Même si Esmelda rechignait auprès de ses derniers, les choses avaient changé. Grâce à sa mère notamment. Qui lui avait fait découvrir l'importance de cette alliance.
« -Quand au pouvoir, s'il peut me permettre de plus, je l'accepterai. Mais je n'ai pas la même notion que vous de ce qui peut faire un bon roi ou une bonne reine. Même si je pense qu'il est inutile de le souligner. Même si je puis dire qu'il n'existe pas une façon parfaite de le faire. Il y a toujours des déçus, je ne me berce plus d'illusion.»
Esmelda avait aussi des ambitions, et des ambitions politiques. La petite princesse n'était pas juste cantonnée à la musique et aux arts. Elle avait étendue ses occupations bien avant ce bouleversement politique, pourquoi tant de questions maintenant ?
« -Vous savez aussi bien que moi que je suis prête à beaucoup. Ne suis-je pas là ? Son avenir est ma seule inquiétude. Et comme vous l'avez dit, personne ne penserait le contraire. Alors pourquoi cette question ? »
N'avait-elle pas prouver depuis de nombreuses années que la petite princesse était prête à beaucoup pour son peuple, qui le lui rendait bien. Pour Esmelda nul besoin de nombreuses pièces d'or pour payer des graines. Des échanges de bons procédés pouvaient parfois aider et un mage aimait son art, cher à son cœur, et donc prêt à l'enseigner ? Comme Elywir et ses émissaires lors de la grande épidémies. Certes les choses devaient être différents avec les alayens. Ou pas ? Pourquoi un de leur mage sans magie ne voudrait pas avec dévotion enseigner ses connaissances aux armandéens. |
| | | InvitéMon identité Mes compétences Invité
| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Jeu 27 Nov 2014 - 14:55 | |
| Le monarque laissa échapper un bref sourire. Il le réprima bien vite cependant, car ce n’était guère le moment de s’amuser aux dépens de son interlocutrice. Cela étant dit, sa naïveté avait quelque chose que d’aucuns auraient trouvé touchant, mais que lui trouvait seulement distrayant. C’était un peu comme observer le vol d’un oiseau rare. Le genre de spectacle que l’on contemplait une ou deux fois dans sa vie, tant le climat était inhospitalier pour cette espèce. Nul doute, que sans la protection de la Reine-mère, son interlocutrice ne ferait pas long feu en étant animé de pareils sentiments.
Il aurait pu lui rétorquer sèchement, histoire de la remettre à sa place, que son bon vouloir n’avait plus aucune importance, maintenant qu’elle était revenue de son plein gré dans le jeu politique. Dans ce monde, on utilisait les autres, ou on était utilisé. Parfois les deux. Mais personne n’y échappait. Les gens comme Korentin ou sa chère cousine qui levaient le menton en faisant mine d’être au-dessus de tout ça étaient soient des imbéciles profonds, soient dans une posture somme toute très hypocrite.
Parce qu’il ne voulait pas se disputer avec Esmelda, parce que sa naïveté le servait et qu’il n’avait donc aucun intérêt à lui montrer ce qu’il y avait derrière ce voile d’illusions romantiques ; et enfin parce que c’était ainsi qu’il avait besoin d’elle. La gentille, la généreuse… Pour toutes raisons, il se tut, se contentant d’un nouveau sourire, plus aimable celui-ci, devant le hochement de tête de la princesse.
C’est parfaitement exact.
Et cela l’était. Pour l’instant du moins. Mais il était aussi dangereux qu’inutile de faire part à son interlocutrice de ses projets futurs. Le fait qu’il ne soit pas encore mort prouvait que le médaillon fonctionnait. Personne ne savait. Personne d’autre que lui. De plus, il n’avait aucune confiance en elle. Certes, il n’avait confiance en personne. Mais en l’occurrence, c’était une méfiance amplement justifiée et non un énième soubresaut de sa paranoïa.
Certes… Certes… Le peuple vous aime. Cela les rend heureux. Bientôt ce sera un peuple aimant et heureux mort, mais qu’importe n’est-ce pas ? Vous aurez fait de votre mieux… Vous aurez partagé vos sentiments avec eux. Nul doute qu’ils y trouveront une certaine consolation dans leur prochaine vie. Enfin, si tant est qu’ils s’en souviennent. Et, bien sûr, que notre monde existe toujours d’ici là.
L’ironie était mordante, mais l’Empereur n’était pas là pour les leçons de morale. Il connaissait bien le point de vue d’Esmelda –et de tous les romantiques en général- sur la question. Cela ne l’intéressait pas. Pas plus que les élucubrations des mendiants qui promettaient des pluies de sauterelles à qui ne leur verseraient pas d’argent dans leur fichu chapeau élimé. Non, il avait un objectif bien précis.
La fin du discours était déjà plus prometteuse. Le jeune femme avait perdue quelques illusions et affichait enfin ses ambitions. Tout n’était pas perdu pour la princesse, peut-être même grandirait-elle un jour. Peut-être, rien n’était moins sûr avec ces fichus bonnes femmes. Il suffisait d’un rien pour qu’elles retombent dans les travers du sexe faible. Le grand amour et toutes ces âneries pour débiles mentaux.
Je pense qu’il est dans notre intérêt de conforter notre position. Dans le nôtre, dans celui de l’Empire et de notre peuple. Cela me permettrait d’asseoir mon pouvoir et de renforcer considérablement le vôtre. Ainsi, vous pourrez mettre en œuvre ce qui vous tient tant à cœur.
La mine grave, montrant bien qu’il ne plaisantait pas, le roi poursuivit.
Marions-nous. Vous êtes une Kohan, et vous n’êtes donc pas sans savoir que le mariage est pour nous un moyen d’exercer le pouvoir. Vous êtes à présent suffisamment mûre pour faire passer le peuple avant vos désirs. Vous m’avez dit clairement vouloir vous élever dans cet intérêt, or le seul rang qui soit supérieur à celui de princesse… c’est bien celui de Reine.
Même si dans l’esprit de son interlocutrice, elle envisageait probablement cette promotion après qu’il soit « accidentellement » tombé dans les escaliers. |
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| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Ven 28 Nov 2014 - 19:29 | |
| « -L'amertume vous rendrait presque aimable cher cousin. Il y a bien des façons d'aider notre peuple, au delà de diriger sur un trône et à prendre des décisions de batailles ou bien de guerre, d'alliances ou de pouvoir. Voyez-moi comme une douce naïve si cela vous chante, mais un peuple heureux sera toujours un allié fidèle si vous l'êtes en échange. Et le pouvoir, la couronne n'est en rien en leur mort prochaine, tout comme la gestion de l'empire. Vous ou un autre, personne ne sait ce qui aurait pu se passer face à Néant. »
Bon, elle n'allait pas non plus le couvrir de lauriers, mais il fallait avouer que personne ne saurait ce qu'aurait fait son frère pour sauver l'empire, lui aussi aurait peut être dû s'allier aux alayens et suivre leur préceptes. Mais aux yeux de la princesse seul l'action loin de la politique apportaient quelque chose. Même si elle avait apprécié apporter son aide par ses choix lors de sa gérance de l'empire quand son frère fut blessé. Et Fabius lui donna une bonne raison de le refaire. Sa demande de mariage fut un choc qui plomba le ventre de la jeune femme. Heureusement que depuis petite on lui avait appris de masquer ses émotions, sinon celle du dégoût serait apparut sur son visage. Elle, mariée à cet homme. Quelle abjection ! Le chaud lui montant au visage, mais par par plaisir de se voir demander en mariage. Que faire ? Que penser ? Que dire ? Il fallait qu'elle reprenne contenance et qu'elle lui dise quelque chose. Et quel choix faire ? Il fallait gagner du temps et réfléchir.
« -Eh bien...je... que dire suite à une telle proposition...dites avec tellement de spontanéité et de cœur. »
La princesse cherchait à reprendre contenance. La respiration tremblante, il fallait se remettre d'une telle annonce. Et tenter d'analyser la situation.
« -Merci de me rappeler que je suis une Kohan, de me rappeler mon devoir en ce sens. Le mariage est pour vous le pouvoir et une alliance en ce sens. Il ne l'est pas pour moi. »
Non c'était une alliance de deux personnes qui s'aimaient et rêvaient de vivre ensemble, marchant côte à côte. Esmelda ne vit qu'une image au travers de ses yeux. Kylian. Kylian et sa demande, si émouvante, spontanée et émouvante. Les mots qu'il avait choisit, la voix tremblante, et le bonheur dans ses yeux quand elle avait dit oui, l'amour qu'il en avait découlé. Tant de bonheur, de chaleur et de tendresse, rien de calculer, de froid et de manipulation. Une vie à vouloir bâtir tant de choses, utopistes pour certaines mais qu'importe. Auprès de lui Esmelda était prête à endurer le pire... Ce pire devait-il être cela ? Mais elle se perdrait et perdrait de vue qui elle était. Était-elle prête à cela. Esmelda en doutait pour le moment.
« -Je ne veux pas m'élever en perdant de vues mes valeurs, et malgré tout ce qui s'est passé ces derniers temps, vous n'en faites pas parti. Et quel intérêt à devenir reine auprès de vous ? Si mon désir serait celui-ci, j'épouserai Aldakin du Néant, pas vous. A ce niveau, princesse reste un avantage.»
Une protection aussi. Elle restait libre de ses mouvements et indépendantes. Mais aussi lier à Fabius sans trop l'être. S'il venait à tomber, elle ne resterait que la princesse. Mais plus que tout, elle ne comprenait pas cette demande, un renfort peut être pour lui, mais avoir un siège déterminé permettait de se faire éjecter bien plus vite. Rester dans le flou permettait de durer. Puis elle mettait déjà à l'ouvrage ce qu'elle avait sur le cœur. Pourquoi le faire marier à cet homme qu'elle arborait.
« -En quoi cela conforterait votre position ? Celle de l'empire, vous en gouvernez qu'en apparence. Moi à vos côtés n'apportera pas plus de poids légitime dans vos choix face au Prêcheur, bien au contraire. Et si vous imaginez obtenir un héritier, je vous arrête de suite... »
Prête à tout oui, prêt à beaucoup, grandir, sauver son peuple, mais pas se perdre. Et il y avait une alliance à laquelle elle n'était pas prête de à faire. Et vivre dans l'intimité de Fabius surarmement pas. Même si cela lui permettrait de rendre justice à son frère et Korentin bien plus facilement. |
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| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Dim 30 Nov 2014 - 19:06 | |
| Tout en gardant un air parfaitement impassible, un peu comme s'il venait de commander son petit-déjeuner à la bonniche, le monarque se délectait de la situation. Certes, ce n'était guère le moment. Mais un Roi se devait de profiter de tous les plaisirs que la vie pouvait bien lui offrir et celui-ci était de taille. Bien que politicienne depuis le berceau, comme tous les Kohan, sa cousine n'en demeurait pas moins une femme, une romantique par-dessus le marché. En l'occurrence, elle pouvait bien arborer tous les masques qu'elle voulait, le Borgne n'en savait pas moins (et avec une précision toute machiavélique) ce qui se tramait derrière. La surprise, le choc, le dégoût et la colère. C'était inévitable, et somme toute assez distrayant. Nul doute que les rougeurs n'étaient pas dues à la gêne ou à l'embarras plutôt qu'à la réaction violente et impulsive qu'elle contenait (avec une certaine grâce il fallait bien l'avouer). Tout en l'observant chercher ses mots, et finalement répondre avec entre deux respirations tremblantes, le suzerain sirotait son verre de vin avec une décontraction toute aristocratique. Il avait envie de petits gâteaux au miel pour l'accompagner... mais c'eut été une erreur que de rappeler la servante. Mieux valait que cette conversation demeure secrète. Il s'en passerait donc. La vie pouvait parfois être difficile pour un Roi. Il hocha distraitement la tête devant la réponse de son interlocutrice. Après le choc initial, elle en revenait aux fondamentaux, à ce qui était l'essence même de son être. L'amour, etcetera. Etcetera. La suite fut plus intéressante. Plus réfléchie, elle reprenait finalement contenance et lui offrait une réponse digne d'une Kohan. Et non d'une fermière quelconque aux rêveries stupides et utopiques. Néanmoins il ne put empêcher un bref éclat de rire. Aldakin ? Un mariage ? Croyez-moi cousine, si j'avais eu la confirmation à un moment ou à un autre que le Prêcheur s'intéressât un tant soit peu à autre chose que Néant... Eh bien, disons que ça ferait bien longtemps que vous, ou votre mère auriez rejoint sa couche. Pour l'attacher de manière certaine à notre famille. Cet homme est au-dessus de tout cela. Si on peut appeler ça un homme. De plus il ne souhaite pas se mettre en avant. C'est le genre qui gouverne dans l'ombre. Il but une nouvelle gorgée, en prenant son temps, avant de poursuivre. Vous avez participé aux prières, aux délibérations, aux exécutions des rebelles capturés. Vous avez accompli avec sérieux et diligence votre devoir depuis votre retour parmi nous. Il est trop tard pour faire marche arrière. Quand bien même Korentin gagnerait-il, que vous seriez toujours ma complice. Oh ! Il vous pardonnerait, bien sûr qu'il le ferait... à titre personnel. Car c'est un homme de devoir et vous serez toujours coupable aux yeux de la rébellion. A moins, bien sûr, que vous soyez ici en qualité d'espionne ? L'œil unique de l'Empereur pétillait d'amusement, tel le chat qui joue avec la souris. Si tel n'est pas le cas, si vous êtes vraiment revenu et qu'il ne s'agit pas d'un ignoble piège, alors vous avez d'ors et déjà attaché votre destin au mien. Pour ce qui est de mes plans, permettez que je les garde pour moi. Votre... froideur à mon égard, quoique très compréhensible, ne pousse guère à la confidence. Mais je peux vous dire ceci : oui je compte bien avoir un héritier. Qu'il soit ou non aussi le vôtre... C'est à vous de voir. S'il est votre fils, alors vous aurez des droits sur lui. Notamment celui de pouvoir l'éduquer, comme toutes les mères le font. Mais aussi le droit de régence, si par le plus grand hasard je venais à mourir. S'il n'est pas de vous, alors vous n'aurez que d'autre choix que le voir devenir, impuissante, la parfaite réplique de son père. Une situation que vous trouverez déplaisante, je n'en doute pas. |
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| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Dim 30 Nov 2014 - 21:08 | |
| Décidément à chaque fois qu'ils échangeaient un peu plus, Esmelda ne pouvait que s'impressionner de la perfidie de son cousin. D'ailleurs était-il vraiment de sa famille pour être à ce point vaniteux ? Dommage que ses parents fussent morts pour le leur demander.
« -Ma froideur vous fait devenir muet sur certaines de vos envies futures ? Celle là même qu'hier vous vantiez en louanges, et comme une corde bien secourable pour vous tire de ce bourbier ? Laisser moi rire cher cousin. Je vous sais inconstant mais pas aussi frileux. »
Un brin sarcastique, le jeune femme n'allait pas se laisser mener par le bout du minois par cet homme. Il n'avait pas toutes les cartes en mains et il avait besoin d'elle.
« -Puis vous connaissez mes réticences à votre égard et leurs justifications. Et je sais que vous ne pouvez me le reprocher, bien au contraire, sinon je serai bien sotte. Même si cela vous aurait bien arranger. »
Oh oui, elle aurait dit oui à toutes ses combines du moment qu'elle puisse avoir or, bijoux et pouvoir. Mais Esmelda n'était pas cela. Gonflée de valeur et de principes. Et d'une bonne mémoire.
« -Quand à ma réticence à vous prendre pour époux et vous savoir aussi proche de moi, voyons cher cousin, vous non plus n'êtes pas sot... tout comme cet enfant en devenir, vous savez bien que dans un cas comme dans l'autre le seul mot que j'aurai à dire sera sur la bienveillance de ses nourrices jusqu'à ses six ans avant qu'il ne commence son devoir de chevalier. Je ne suis pas une de vos compagnes d'une nuit, je connais la vie des jeunes gens de bonne famille et leur éducation. »
Elle l'avait subit depuis des années.
« -Tout comme le devoir des femmes et notamment celle de mon rang et nom. Mais jamais oh grand jamais, je ne serai une de vos conquêtes de lit, reine ou pas. Prenez moi pour prude, sotte, mijaurée, je n'en ai cure. »
Plutôt mourir ou se faire désavouer, mais non, elle ne perdrait pas de vue ce qu'elle était, déjà que si elle acceptait, Esmelda romprait sa promesse envers Kylian. De ne l'épouser que lui. Mais cela pouvait-il encore être d'actualité.
« -Vous connaissez les raisons de mon retour, que vous faut-il de plus ? Mon allégeance la plus total. Voyons Fabius, cher cousin, je vous la donnerai que vous connaîtriez quand même le fin mot de l'histoire. J'ai dit que je vous aiderai. Et je le ferai. Ce que je pense est à moi, mais ma parole est d'or et vous le savez. Pas pour vous, pour le royaume. Même si cela doit vouloir dire vous épouser. Mais il y aura des conditions. Non négociables. »
Et leur degrés d'intimité en ferait partie. Rien qu'à l'idée de le savoir pouvoir lui effleurer la main, la princesse eu envie de vomir. Elle préféra passer au prêcheur, quoique son envie reprit.
« -Quand à Aldakin, homme de l'ombre ou pas, il n'en demeure pas moins un, qui a de l'influence, bien plus que vous. Et il ne serait pas le premier homme à ne pas s'intéresser à une femme mais à devoir composer avec. Une alliance quel qu’elle soit peut être bonne à prendre. Le Néant n'est pas tout comme la construction des temples, la pérennité et la stabilité de ses hommes ici passeront par cela, comme toute conquête de territoire. »
Mais si Fabius avait bien suivit les cours d'histoire de Maitre Faudar, du moins de stratégies politiques de leurs ancêtres, il avait dû comprendre ces alliances et leur rôle. Il était bien plus studieux que Korentin et son frère.
La plus sérieusement du monde, elle proposa :
« -Maintenant à vous de voir si j'ai le choix de rester votre allié et votre soutien, ou bien que je ne sois qu'un pion et vous savez que je sais jouer aux échecs... et qu'une partie peut se finir avec un simple pion. »
La jeune femme plongea son regard ambré dans l’œil unique de son cousin, dans l'attente de sa réponse. Son avenir en dépendait. |
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| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Jeu 4 Déc 2014 - 15:42 | |
| Fabius laissa échapper un rire devant la répartie bien sentie de sa cousine. Personne ne lui parlait plus comme ça. Ses ennemis ne faisaient guère preuve d'autant d'esprit et de finesse. Ses alliées ne lui disaient que ce qu'il voulait bien entendre, à de rares exceptions près. Quant à ses sujets, ils préféraient généralement se taire, ce qui était le signe indubitable d'une grande sagesse. Esmelda était unique en son genre, ce qui se révélait parfois franchement agaçant, voir insupportable. A d'autres moments, ces joutes verbales l'amusaient. Quoiqu'il en soit, elles étaient toujours digne d'intérêt. Vous me connaissez bien. Il n'ajouta rien. Certes, c'était inhabituel, comme elle l'avait d'ailleurs fait remarquer... mais il était vraiment "frileux" sur ce sujet. Et il avait d'excellentes raisons de l'être. Son adversaire n'étant rien de moins qu'un Esprit Supérieur. L'Aîné d'entre eux. Inutile de prendre des risques, même si en l'occurrence, il était vraiment dans son intérêt que de satisfaire aux exigences de la princesse. Ne vous méprenez pas. C'est de vous dont j'ai besoin et non d'une idiote. Des belles plantes de nobles lignages, mais incapables d'aligner trois mots, ce n'est pas ce qui manque. Mais ce n'est pas ce que je veux. La suite était tissée dans le même tissu d'absurdité. Bien sûr, il comprenait les réticences de son interlocutrice, mais il espérait mieux de sa part. Si tout ce que voulait le Roi c'était d'une matrice pour un enfant à naître... ce n'était pas ce qui manquait au Palais. Encore une fois, ne vous méprenez pas. La tradition est importante. La coutume est importante. Mais ce qui prévaut dans l'Empire, c'est avant toute chose la volonté de l'Empereur. Ma volonté. Et s'il y a bien une chose que je ne permettrai pas, c'est que mon enfant devienne l'un de ces idiots sans cervelle dont les "nobles" sentiments font plus de mal que de bien. Il était absolument hors de question que son fils devienne une brute à l'image de Korentin. Tout juste bon à perdre un trône avant même d'avoir été couronné. Ou à faire des blagues idiotes qui coûteront cher aux personnes de son entourage. Agacé malgré lui, le souverain se frotta machinalement le cache-œil, dans un geste qui tenait plus du réflexe que d'une réelle envie. Il apprendra le métier des armes, parce que c'est une nécessité. Surtout politique, car les chevaliers du royaume n'auront que mépris pour un souverain qui ne monte pas à cheval et ne sait même pas par quel bout tenir son épée. Mais l'important, dans l'exercice du pouvoir, outre les symboles et les manières. C'est avant tout l'esprit. Vous le savez bien. Le monarque s'arrêta. Il voulait en dire plus, mais il se rendait compte que cela ne servait à rien. De toute manière, si l'héritier venait d'ailleurs, peu importait les idées reçues de la princesse. Elle verrait par elle-même ce qu'il en était. Comme vous voulez. Mais vous ne pourrez avoir d'enfant d'un autre. Un bâtard serait un gros problème à gérer. Soit il le reconnaissait comme son fils et évitait de passer pour le cocu du royaume (mais ainsi c'est le fils d'un inconnu qui monterait sur le trône), soit il ne le faisait pas et sa réputation en prendrait un coup. Il devrait alors prendre des mesures désagréables, comme la faire enfermer. Et envoyer le gamin dans un orphelinat quelconque à l'autre bout du continent. Mieux valait éviter d'en arriver là et poser tout de suite les conditions. Nous verrons. Il n'était pas désespéré au point d'accepter n'importe quoi non plus. Des conditions non négociables ? C'était à voir. Nouveau haussement d'épaules pour ce qui était du Prêcheur. Elle ne le comprenait pas aussi bien qu'elle voulait le croire, ou qu'elle espérait le faire croire. Fabius, lui l'avait bien observé. Comme on jauge son ennemi avant de l'abattre. Mais c'était un terrain glissant, il préférait lui laisser l'illusion d'avoir gagné ce débat en ne répondant rien. Il serait stupide de gâcher ses plans par orgueil déplacé. Le pion ne peut et ne pourra jamais faire échec au Roi. Mais s'il joue bien son rôle : le pion peut devenir reine, avec tout ce qui va avec. A vous de voir, Esmelda. Son verre terminé, il le posa sur la table basse, puis se leva et dirigea vers la sortie. Juste avant de quitter la pièce, il ajouta, son regard borgne et calculateur se posant sur cette frêle silhouette. Je vous laisse réfléchir à tout ceci, nous en reparlerons à mon retour de campagne. D'ici là, les choses auront beaucoup changés. |
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| Sujet: Re: Les méandres de l'avenir [Fabius] TERMINE Sam 6 Déc 2014 - 12:01 | |
| La jeune femme brisa son masque d'impassibilité maîtrisée pour laisser un sourire étonnée s'afficher sur son visage.
« -Je ne peux que vous remercier de ce compliment, sûrement le premier que vous me faites et que je sais sincère. Du moins en grande partie. Eh bien vous m'avez, n'est-ce pas là la raison de ma présence à vos côtés. Nous voulons la même chose après tout. Et pour une fois, sûrement aussi de la même façon. Et un habile façon de me dire de m'occuper de mes affaires, sans froisser la jeune femme que je suis.»
Du moins la même finalité. Quoique le point final n'avait pas le même goût pour l'un ou l'autre. Mais qu'importe, elle suivrait le même chemin que lui. Par devoir, mais aussi par choix. Fabius était tout sauf un imbécile, et on apprenait toujours de ceux qui savent. Même quand ce sont les pires criminels. Et le jour où il fera un faux pas, elle sera là à guetter dans l'ombre, comme une araignée guettant un moucheron.
« -La tradition, la coutume... la notre devient un feu de paille. Tout comme ses valeurs d'hier, ceux de nos ancêtres. Certes, votre enfant sera élevé dans les traditions des guerriers, des nobles guerriers sachant aussi bien manier l'épée que le verbe, mais ne vous leurrer pas, vous comme moi ou quiconque n'aura qu'un faible droit de regard. Qui sera le véritable instructeur de cette toute nouvelle machine à penser ?? Auriez-vous un droit de regard pour ne pas en faire la continuité de ceux qui nous assaillent en ce moment ? »
Car sous un problème aussi simple que l'éducation d'un enfant, l'accession au trône résidait un mode de fonctionnement qui ne devenait plus de leur dû mais de la simple volonté de ce prêcheur. Le verbe sera le sien, les idées suivront les préceptes du Néant. Tout ce en quoi cette alliance voulait mettre terme afin qu'il cesse de gangrener la tête du royaume et la leur.
« -Donc l'esprit vaudra oui, en effet, mais pas le votre. »
Une chance ou pas pour l'enfant ? Pour le coup entre la peste et le choléra rude de choisir. Mais pour l'heure seul comptait que :
« -Soit, je n'aurai aucun enfant. De vous ou d'un autre. »
Fermait-elle là les yeux sur son désir d'enfant avec le seul homme qu'elle aimait ou bien prenait-elle enfin conscience de son impossibilité ? Esmelda préféra pousser bien loin dans son esprit cette question pour le moment. Sa vie avec Kylian était toujours impossible, ici, à Aigue ou dans n'importe quel monde, avoir un enfant un rêve encore plus inaccessible. Et pour l'heure seul comptait de les libérer tous du joug alayen, la réflexion au conséquence se ferait après. Il y aurait un moyen de revenir en arrière. Du moins, la jeune femme l'espérait. Car cette fois-ci, elle était seule face à son cousin. Pas de Ninna pour la guider et la raisonner, de Korentin pour la protéger, de Kylian pour la faire rêver, de Gregorist pour lui dire qu'elle n'était pas qu'un joli tableau, de toutes ses personnes qui la poussait à croire en elle et à ses rêves. Non, là il n'y avait qu'elle face à Fabius et face à son avenir. Et il devra être commun avec cet homme qu'elle arborait plus que tout. Mais dans l'adversité, ne fallait-il pas s'unir ? Au moins, cette fois-ci, si elle échouait se ne serait que sa faute. Et s'il fallait donner le change pour sauver, son peuple, le trône de sa famille, de son cousin, qu'est-ce qu'un mariage de feu de paille ou elle ne serait guère plus en prison qu'à l'heure actuelle.
« -C'est tout ce que je désire, ne me lier pas plus les mains. Cela ne vous serait aucunement profitable. Je vous reverrai donc après cette campagne. Que le Néant vous apporte sa force...»
Avec un peu de chance, la tête de Fabius roulera sur le sol. Mais Esmelda ne devait pas être trop optimiste quand à cette idée. C'était toujours ceux du genre de son cousin, la carne solide et tenace, qui restait les derniers. La jeune femme se leva et dans un salut des plus protocolaire, elle se retira du petit salon laissant son empereur préparer le massacre des siens, de ceux pour qui sont cœur tremblaient et vers qui ses prières allaient. Refermant la porte sur cet avenir peut réjouissant, la princesse laissa un instant tomber le masque contrôlé de son rôle pour expirer, le souffle tremblant d'incertitude, la peur l'assaillant. Si elle allait droit au mur ? Qu'importe pour elle. Mais pour son peuple. Inspirant et se dardant de cette attitude altière, sûre d'elle et déterminée, Esmelda reprit la route vers ses appartements. Non, il ne fallait pas penser à cela, pas douter. Elle devait avancer, elle devait se défaire de toutes pensées parasites, seul comptait son but final, et elle y arriverait. Elle le devait, pour son père, pour Greg, Morgane et tous les autres morts en vain. |
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