Besoin d'air [Achro] TERMINE

Sujet: Besoin d'air [Achro] TERMINE Dim 3 Aoû 2014 - 18:27

10mars, environ trois heures après le début de la fin du monde.

Le mois de mars était déjà là, et pourtant rien n’avait réellement bougé. Depuis que les vampires étaient arrivés à Aigue-Royal, Silarae n’avait eu que peu de contact avec son lié finalement. Chacun de leur côté la plupart du temps, mais ils s’y étaient tous les deux habitués. Une coutume difficile à briser, et comme une gêne pour se retrouver vraiment. Oh, ce n’était pas qu’ils n’en avaient pas envie, pas du tout. Mais après autant de temps à apprendre à vivre indépendamment l’un de l’autre, il était normal qu’il faille une durée assez étendue pour qu’ils se retrouvent pleinement. D’autant que chacun avait développé, finalement, un caractère assez individuel ; sans doute certains couples de dragons et dragonniers auraient-ils été surpris de voir que la Blanche et Achroma avaient une relation aussi distante. Mais qu’ils ne s’y trompent pas ; la diamantine écailleuse aurait fait n’importe quoi pour son âme sœur. Et la réciproque était vraie. Ils s’aimaient et se respectaient malgré ce que les évènements leur avaient infligé. Et c’était cet amour, justement, qui poussait Silarae à chercher son compagnon d’âme.

Quelques minutes plus tôt, Silarae s’était sentie affamée. Vraiment. Comme elle l’avait rarement été depuis son éclosion. Une faim qui l’avait réveillée et conduite jusqu’aux cuisines, de fort méchante humeur, avec l’envie folle de tout dévorer. Sous l’œil stupéfait et quelque peu paniqué des cuisiniers et autres bipèdes présents et à demi endormis, elle avait englouti deux fois plus que sa part normal de nourriture après l’avoir réclamé sans patience, se moquant des réserves nécessaires aux autres rebelles. Un dragon passait avant tout, n’est-ce pas ? Quand bien même n’était-ce pas le cas… et bien elle s’en moquait. Toutefois, elle avait noté dans un coin de son esprit occupé à dévorer les commentaires des cuisiniers. Les bêtes étaient devenues folles, disaient-ils. Tournant en rond, se mordant, se roulant au sol… Les humains étaient perdus et affolés. Sans plus y prêter attention, la blanche avait poursuivi son repas en soupirant devant la bêtise bipède, sans doute exagéraient-ils. Jusqu’à ce que… Un morceau de mouton coincé entre les dents, elle avait relevé la tête, surprise et anxieuse, ressentant la secousse qui avait agité la terre. C’était faible, aussi devait-elle être suffisamment éloignée du point fort du tremblement mais… Achroma ? Ce n’était pourtant pas un endroit pour les tremblements de terre. Elle avait donc quitté son repas à regret pour se diriger en direction de la plus grande caverne, qu’elle parcourait maintenant avec attention. Tout le monde s’était déjà réveillé et son lié aussi visiblement, puisqu’elle le sentait qui bougeait sans vraiment établir un contact net avec lui, comme s’il se méfiait. Quelque chose ne tournait pas rond, semblait-il. Encore qu’a en croire les humains entendus plus tôt, le bétail le faisait, lui. Au sens propre du terme. Quant aux bipèdes… certains avaient un comportement pour le moins surprenant. D’ailleurs, la panique avait gagné la ville. Et son Frère-d’Âme toujours introuvable… Autant lui demander franchement.

* Achroma ? Où es-tu ? *

Ses ailes la démangeaient. Elle devait vraiment avoir faim quelques instants plus tôt, puisqu’elle se découvrait à présent en pleine forme, et même plus que cela. Rester enfermé comme cela lui paraissait totalement stupide à présent qu’elle y pensait. Silarae se retourna, sa queue s’agitant. Il fallait qu’elle aille chasser. Cela faisait longtemps, bien longtemps qu’elle ne l’avait pas fait. L’adrénaline que procurait la poursuite d’une proie lui manquait, et elle sentait dans son corps couler la force et la vitesse de le faire. Sans quoi elle allait finir par le faire avec l’un des habitants de la ville souterraine, et les conséquences n’allaient pas être les mêmes.

* Est-ce que ça va ? *

Elle le sentait tendu. Un peu trop même. Sûrement avait-il lui aussi assisté à cette folie qui semblait gagner petit à petit la ville mais la dragonne avait l’impression qu’il n’y avait pas que cela en jeu. Ce qu’elle ressentait n’était pas dû qu’à une agitation extérieure, elle en était sûre. Néanmoins tant qu’il n’était pas là ou ne lui avait pas expliqué, difficile de dire vraiment ce qu’il en était. Patientant tant bien que mal, elle broya le sol entre ses griffes pour évacuer son trop-plein d’énergie, ses écailles se dressant malgré elle tandis qu’elle peinait à réfrénait son excitation. Si elle ne sortait pas rapidement, la Blanche allait finir par faire des ravages dans toute la ville. Elle se plaça dans un coin plus tranquille, où étrangement toute l’agitation bipède avait disparue, et son regard doré et en hauteur parcourant la foule une nouvelle fois ; c’était fou comme, en pleine nuit, il pouvait il y avoir du monde. Plus loin, un cheval passa au triple galop en hennissant, s’étant visiblement échappé de son écurie. Mais au milieu des gens qui titubaient, brillaient comme des lucioles, se tapaient dessus, se téléportaient n’importe où n’importe comment, il ne parut pas totalement déplacé. Une vraie arène de cirque.

* Il faut qu’on sorte. Tout de suite. *

Elle sautillait presque sur place d’impatience, ayant une folle envie de l’attraper entre ses crocs pour s’échapper à l’air libre. Malheureusement pour elle, elle allait devoir attendre encore un moment au milieu de cette folie.

L’incident était réglé mais pas oublié, pas clôt, c’était certain. Cependant, l’alliance ne risquait plus de se déliter dans les heures à venir et c’était déjà énorme… Il avait escompté avoir affaire à plus fort parti lorsqu’il s’était décidé à se présenter devant le souverain humain. Pas que Korentin Kohan soit un simple d’esprit ou qu’il manque de caractère non, ça n’avait rien à voir, cependant, il avait connu plus borné et prompte à écouter sa colère et cette colère uniquement. Au moins, le couronné avait du bon sens et remplissait bien son rôle. En y repensant, il le trouvait décidément amusant et intéressant oui… L’entrevue lui avait plus et elle appelait à davantage dans son esprit. Pouvait-il se rapprocher de lui ? Ce serait une bonne chose et cela soulagerait peut-être sa paranoïa qui allait grandissante. S’il parvenait à se faire un ami du Kohan… oui ce serait toujours une bonne chose, on ne savait jamais. Mais pour le moment, il sortait tout juste de son entrevue et retournait à l’extérieur de Fort-espérance pour constater que l’agitation c’était un peu calmée même si elle palpitait encore et pour de bonnes raisons. Il avait sentis l’agitation de Silarae un peu plus tôt, et lorsqu’elle le contacta, il répondit immédiatement. *Cœurempire, devant le fort * Il n’en dit pas davantage, n’ayant pas envie que l’on épie sa conversation même si l’idée semblait totalement absurde. Qui aurait le pouvoir de faire cela, ou la folie de le tenter d’ailleurs ? Pourtant la crainte était bien présente et l’étreignait, comme la faim. Ainsi cela ne s’étendait pas qu’à ses pairs ou à la politique ? Il semblait soudain méfiant envers le reste du monde entier… et sa faim n’arrangeait rien. La faim sans fin, le dragon sinistre enfoui dans ses entrailles de vampire, s’agitait sourdement et réclamait plus qu’une simple dose de sang. Il se sentait affamé, littéralement. Elle avait été relativement distante pendant l’entrevue, sans doute parce qu’il n’y avait pas beaucoup d’humains présents. Mais là, c’était une toute autre paire de manche. *J’arrive* se contenta-t-il de rajouter, un peu sèchement peut-être quoi que totalement sans le vouloir.

Il força l’allure pour la rejoindre, les larges pans de sa tunique virevoltant autours de lui. Lorsqu’il la rejoignit enfin quelques instants plus tard, il affichait une mine grave et sérieuse et décocha un regard condescendant à un humain apparemment aux prises avec un totem caméléon qui faisait des siennes. Elle n’était pas difficile à voir, même dans le noir et il lui fit un large geste du bras réfrénant un puissant élan de sociopathe. *Vient sortons d’ici tout de suite, si je reste là je vais finir par voir des tentatives de meurtres et de trahisons dans tous les coins… ou alors j’en mangerais un* Les deux options ne lui plaisait guère surtout après avoir dit à Korentin qu’il voulait une égalité durable entre leurs peuples. Ne prenant pas le temps de faire un détour pour aller chercher sa selle, il se dirigea manu militari vers l’une des sorties les plus discrètes, passa les gardes qui semblaient suer toute l’eau de leurs corps et… s’arrêta lorsque le soleil manqua l’aveugler un instant. Il cligna plusieurs fois des yeux, les sentant s’humecter avant qu’il ne sente enfin l’accablante chaleur de l’extérieur. Par Dracos… une canicule au mois de mars ? Et si forte ? Non ce n’était pas possible… ce devait être une autre des catastrophes climatiques auxquels ils devaient faire face. Canicule donc… Avec une moue contrariée, il rabattit la capuche de sa cape de brume sur son visage, et instantanément, il se sentit bien au frais et dissimulé. Une autre preuve que la magie était bien plus puissante que d’habitude. Se tournant vers Silarae, il s’approcha d’elle. *Baisse toi un peu, que je puisse monter, s’il te plait* Il l’escalada de son mieux et s’installa entre quatre grandes piques, sur une plaque d’écaille solide et stable. Etrangement, dès qu’il fut installé, il se sentit beaucoup plus à l’aise, mieux, en présence de sa moitié d’âme et caressa son esprit. *Allons-y, nous pourrons mieux discuter en te cherchant une proie*

Il s’accrocha de toutes ses forces au décollage, et restant ferme dans sa prise, quand bien même la situation particulière le rendait moins prompte à céder à son malaise du vol. Une fois là-haut, il soupira lourdement et se laissa aller contre l’un des piquants, regardant le ciel autours d’eux… *C’est mieux… au moins ici personne ne nous espionnera* Il était bien là, très bien même, il aurait pu y rester le reste de son existence. *Tu as vu cette pagaille ? Comment vas-tu-toi ?*

Le monde devenait fou, et au milieu de toute l’agitation régnant dans la caverne, Silarae peinait à garder son calme. Sa queue s’agitait nerveusement, ses yeux étaient étrécis et sa gueule entrouverte sur une rangée de crocs des plus effrayants. Elle grondait furieusement chaque fois que l’on s’approchait trop près et son ventre la brûlait de laisser s’écouler le feu de ses entrailles. Elle pouvait faire de nombreuses, nombreuses victimes. Les bipèdes courraient, s’interpellaient, criaient, il semblait à la dragonne voir ce que les deux-pattes appelaient un poulailler. Cela faisait du bruit et sentait mauvais. Tout cela se calmait quelque peu tandis que le temps passait mais pour autant la diamantine écailleuse n’en demeurait pas moins sur des chardons ardents, d’autant que la faim lui tiraillait l’estomac, lui donnant envie de croquer n’importe quoi de sanglant qui puisse lui remplir l’estomac. Elle s’était pourtant sustentée depuis peu mais rien n’y faisait, elle avait l’impression désagréable que cette maudite faim revenait beaucoup plus vite que d’ordinaire. Et en plus intense. Pourtant elle attendait, espérant voir rapidement arriver son lié qui, à son premier message, lui avait donné rendez-vous devant le fort. Il avait de la compagnie, de toute évidence, ce qui devait expliquer pourquoi il ne pouvait se libérer immédiatement.

Enfin, elle le vit arriver en faisant signe, et un intense soulagement se fit sentir. Ils se dirigèrent rapidement vers la sortie et la dragonne gronda avec approbation en entendant son lié. Lui aussi était nerveux, mais comment ne pas l’être dans pareille situation ?

* Manges-en un, je t’accompagnerai dans ton repas. Ils sont devenus fous. *

Un de plus ou de moins cela ne changerait pas grand-chose, et peut-être ramènerait-il un peu de calme dans la caverne. Fuyant Cœurempire, la ville rebelle et ses habitants, Silarae gronda lorsqu’à son tour le soleil lui vrilla les pupilles. Elle détourna la tête pour s’y habituer progressivement tout en déplorant la chaleur qu’elle ressentait. Il faisait chaud pour un mois de mars, beaucoup trop chaud. Peut-être seraient-ils mieux en altitude, probablement même. Enfin, s’ils sortaient d’ici un jour. Trépignant sur place, la blanche attendait que son lié se décide à grimper mais, en l’absence de selle, il lui serait bien plus difficile de le faire. Elle lui jeta un regard en entendant son injonction et, bon gré mal gré, finit par se pencher pour le laisser s’agripper à elle. Finalement, une selle, c’était assez pratique. L’idée de faire leur premier sans était réjouissant, mais pour le côté pratique, il fallait repasser.

Sans se faire prier, l’écailleuse prit rapidement son envol en emportant son vampire, heureuse de quitter la terre pour retrouver le ciel. Une proie… Si elle pouvait repérer un daim ou un sanglier, ce serait le bonheur ; mais ici, elle ne s’attendait guère plus qu’à un castor. En plein mois de mars, il aurait été difficile de trouver à manger, mais la canicule soudaine allait jouer en sa faveur ; fini les phases de long sommeil ou les hibernations diverses et variées. Survolant les plaines, les deux liés gagnèrent rapidement de la hauteur tout en restant suffisamment proche du sol pour que la belle ailée repère sa nourriture future sans peine. Sa voix se fit ironique tandis qu’elle lui répondait, les yeux rivés au sol.

* Pagaille ? De quoi parles-tu ? C’était relativement calme pourtant. *

Bien sûr qu’elle l’avait vu, elle n’était si sourde ni aveugle. Cela l’avait d’ailleurs mit sur les nerfs, mais elle appréciait le calme enfin retrouvé qui lui était offert. Seulement tous les deux dans l’immensité céleste, ils pouvaient s’offrir le luxe de se reposer enfin et de réfléchir à ce qu’il s’était passé.

* Je vais bien, mais j’ai faim. Bien plus que d’habitude. Peut-être était-ce suite à cela que je me sens beaucoup plus en forme d’ailleurs. Je ne sais pas ce qu’il se passe, mais quoi qu’il en soit je suis heureuse de retrouver les airs. *

Elle vira de bord, ses ailes la portant sans mal sur les courants d’air chaud tandis que le vent sifflait sur ses écailles. Avec la végétation dense qu’il y avait, difficile de repérer de quoi manger.

* Et toi ? J’ai l’impression que tu es plus tendu que d’habitude, pourquoi crains-tu donc tant que l’on se fasse espionner ? *

Silarae se rapprocha du sol, furieuse d’avoir aussi peu de visibilité. Elle voyait enfin des formes bouger, nombreuses même, mais quelque chose la perturbait.

* La végétation… Elle est plus haute qu’auparavant ! Je vais me rapprocher, prends garde à ne pas tomber. *

Elle n’avait aucune envie de le chercher au milieu de toute cette verdure, ayant la désagréable impression que quelque chose n’allait pas… mais alors pas du tout. Braquant vers le sol, elle se rapprocha lentement, laissant à son compagnon d’âme le temps de regarder également autour de lui.

L’ironie suintante lui fit rouler des yeux et il ne cacha absolument pas ses pensées suivantes à la dragonne. Si vraiment c’était là de la tranquillité, il risquait fort de les achever tous et de les envoyer dormir éternellement, histoire d’avoir la paix. Certes, l’impatience et la bougeotte humaine étaient des stimuli satisfaisant à son esprit mais il ne fallait tout de même pas abuser. Hors là c’était de l’abus justement. Il émit finalement un grognement vague alors qu’elle reprenait la parole dans sa tête. Moui, lui aussi avait très faim. Même s’il savait se contrôler, il se serait bien vu dévorant tout Aigue-Royale, comme un loup dans la bergerie après un jeun de six mois… autant ne pas se tenter en restant là-bas, sans compter le reste. Alors si chacun avait particulièrement faim, à porter une partie de la faim de l’autre, c’était encore pire. *Moi aussi je suis heureux d’être-là, enfin sauf si une tornade apparaît, là je pense que je le serais moins sans selle…. Enfin bon, je louerais mon imbécilité à ce moment-là et remercierait tous les esprits de tes talents de danseuse aérienne* Enfin il doutait que les esprits aient quoi que ce soit à faire, de ses remerciements, ils devaient être occupés à autre chose en ce moment. Probablement à empêcher le monde d’exploser. En attendant donc que la ligne ne soit plus occupée, il étudiait les environs avec attention, son regard certainement moins acéré que celui de sa compagne qui reprit la parole. Il allait lui répondre lorsqu’elle se décida à faire un plongeon vertigineux depuis les airs vers le sol, l’obligeant à s’accrocher comme si sa vie en dépendait, ce qui était certainement le cas. Echevelé et agrippé au piquant comme une bernique à son rocher, il rouvrit les yeux en ayant l’impression que ses poumons venaient d’être délocalisés dans sa gorge, ou même dans ses orbites.

*La végétation ?* demanda-t-il, quelque peu déphasé par rapport à la réalité après avoir vu sa non vie défilée devant ses yeux. Puis il jeta un regard perturbé par-dessus une épaule écailleuse et écarquilla les yeux en voyant un océan verdoyant se mouvoir avec une férocité impressionnante. 9a et là, des couleurs l’alertait, envoyant un signal d’alarme impérieux à son esprit. *Silarae… remonte s’il te plait, j’ai comme l’impression que cette verdure-ci n’aime pas beaucoup nous savoir présents… * C’était le moins qu’on pouvait dire. La dragonne ne craignait certainement pas grand-chose et lui non plus sur son dos, mais il ne voulait pas tester les limites des conditions magiques actuelles. Ils volaient au niveau de la cime des arbres, ce qui était suffisant pour échapper à l’herbe griffeuse et mordeuse, mais quand même. En fronçant les sourcils, il capta un mouvement en bordure de la petite forêt de laquelle ils approchaient et constata avec plus ou moins de désillusion qu’un petit animal, certainement un chat sauvage, était en train de se faire mettre en pièce par ces attaques végétales. *Et bien j’aurais finalement vécu assez longtemps pour que le monde devienne fou* lâcha-t-il dans un élan d’humour noir. *Tu crois que les poules ont des dents ? ça ne m’étonnerait pas vraiment en f…* Il ne parvint pas à terminer sa phrase, quelque chose, une liane selon toutes apparences, venait de le cingler en plein torse et, sous la surprise, il se trouva éjecté de son assise sur le dos de la dragonne, s’étalant plusieurs mètres plus bas, de tout son long dans les fougères assassines.

Aussitôt, les plantes s’échinèrent à l’attaquer, lui entaillant effets et peau en plusieurs endroits sans qu’il ne réagisse vraiment. Il relâcha une onde brûlante de magie pour les tuer immédiatement et se releva un peu lourdement, faisant craquer ses os. Puis il lança un regard consterné vers Silarae avant de sourire. *Achroma le tueur de plantes affamées, ça sonne bien non ?* Puis, avec un rire dans la voix *Voudriez-vous me faire l’honneur de me laisser remonter, dame des cieux ? *

Qu’Achroma les achève, tous ces humains, cela ne lui posait pas le moindre problème à elle, Silarae. La vie de ces quelques bipèdes ne l’intéressait absolument pas puisqu’elle ne les connaissait pas et donc, ne pouvait les estimer. Quoi qu’il en soit rares étaient ceux pouvant rentrer dans une catégorie qu’elle considérait comme « intouchables », aussi partait elle du principe qu’il pouvait tout détruire s’il le souhaitait, à condition qu’on lui laisse les meilleurs mets de la cuisine si celles-ci devaient être atteintes. La pièce la plus importante de la ville souterraine, quand même ! Encore que pour l’instant, malgré sa faim, l’écailleuse avait surtout envie de s’échapper d’ici, et ce fut avec enthousiasme qu’elle s’éloigna rapidement de la ville pour mettre suffisamment de distance entre eux et Aigue pour ne pas avoir envie de faire un massacre.
Un éclair malicieux traversa son regard lorsque son vampire lui parla de danse aérienne mais, perché comme il l’était, il ne pouvait heureusement pour lui pas le voir. Elle avait une folle envie de se lancer dans un ballet en compagnie de son frère d’âme, une jolie chorégraphie faite de loopings et arabesques en plein ciel. Sans doute l’aurait-elle fait si selle il avait eu, mais celle-ci étant resté sur terre, inutile de prendre des risques en sachant qu’Armanda devenait fou. Et si tornade il y avait, la jolie dragonne n’avait pas envie de courir après son dragonnier emporté par ces gros courants d’air. Il avait beau être résistant, inutile de tenter le Néant.

* Ne t’inquiètes donc pas, le rassura-t-elle mi-moqueuse mi-tendre, s’il y a une tornade, accroches toi à moi, cela te fera un joli souvenir à raconter à mes petits-enfants. *

Au moins allait-il bien et c’était pour elle l’essentiel, elle n’aurait pas du tout aimé le voir s’énerver tout seul comme certains le faisaient en bas, ou encore manger des plantes pour Dracos savait quelle raison. Il était avec elle et était heureux de l’être tout comme la réciproque était vraie. Ce point clôt, il était plus intéressant de s’occuper d’un possible repas afin de rendre hommage à l’estomac de la belle qui menaçait sortir de son corps pour se rassasier lui-même, ce qui d’ailleurs aurait été fort pratique. Encore pour cela eut-il fallut qu’elle ait une meilleure vision du repère de ses futures proies puisqu’il n’y avait pour l’instant qu’une étendue touffue et végétale… et en mouvement, semblait-il. Intriguée quant à ce dernier point et à la densité anormale de la végétation, elle piqua vers le sol avant de se stabiliser un peu plus près, frôlant les… choses, puisqu’il semblait que le nom de plantes était de trop, les plus hautes, soit des arbres ordinaires ayant visiblement décidés de jouer au patchwork de couleurs. Et aux gloutons, à en juger par le pauvre chat mit en pièces.

* En voilà une veinarde, j’aurai bien fait comme elle…* commenta-t-elle avec un accent gourmand.

Une mauvaise idée visiblement que cette perte d’altitude, ce que lui confirma Achroma en lui demandant de remonter. Ce qu’elle fit. Sans lui. Il chuta tandis qu’elle reprenait de l’altitude, et un grondement furieux et effrayé jailli de la gueule de Silarae tandis qu’elle fonçait vers le sol en direction de son âme sœur. Ce n’allait tout de même pas être une vulgaire brindille qui allait l’effrayer… Et pourtant ce fut avec grande prudence qu’elle se posa au sol, piétinant avec un plaisir malsain cette herbe folle avant d’avancer le nez jusque devant le visage d’Achroma, sa voix résonnant en même temps dans sa tête avec une fausse sévérité. En réalité, elle est surtout satisfaite de voir qu’il n’avait rien.

* C’est un titre un peu long je trouve, mais vous me feriez grand plaisir, cher tueur, en évitant de vouloir vérifier la dentition des poules et autres galliformes. Tu es déjà un cadavre, inutile de chercher à en devenir un davantage. Se redressant, elle tenta de ne pas s’inquiéter des branches qui fouettaient l’air en répondant sincèrement à sa question : oui, remontes vite, inutile de nous attarder ici. *

Non pas qu’elle craignait grand-chose mais… mais le puma qui arrivait toute griffes dehors et avec une lueur assassine dans les yeux n’aurait normalement jamais dû vouloir s’attaquer à un dragon. Il fut de toute façon ralenti par l’herbe qui cherchait à l’attraper et Silarae, sur laquelle Achroma n’avait pas eu le temps de remonter, le tua net d’un rapide coup de dent, non sans l’avoir auparavant écrasé sous sa patte. Finalement, elle aussi avait eut son chat...

* Heureusement que ce n’est pas une poule, il était déjà assez ridicule comme cela… J’ai au moins mon repas, tu en veux ? *

D’accord, c’était un vampire, mais au vu de sa faim, cela ne coutait rien de proposer. Silarae s’attendait de toute facon à une réponse négative, et s’apprêtait d’ailleurs à le dévorer quand une odeur étrange lui parvint.

* Qu’est-ce que ceci, encore ? *

Grondante et sur le qui-vive, elle se rapprocha de son lié, prête à le défendre crocs et griffes contre une potentielle attaque.

Heureusement qu’il n’avait pas la main verte en vérité. Ça l’aurait définitivement dégoûté de jardiner. Il eut une pensée justement pour tous les amoureux des plantes de par le continent et se félicita du même coup de son état de vampire et de la facilité de régénération qu’il possédait. Les coupures faites par les feuilles enragées guérissaient déjà. Il ne resterait donc plus de sa mauvaise chute que les dégâts infligés à ses vêtements, qu’il lui faudrait certainement réparer à son retour à Aigue. La fabrique était trop délicate pour qu’il essaye de faire ça lui-même avec de la magie. L’intervention mentale de sa liée le fit rire. *Merci je suis effectivement bien assez mort comme cela ! Je ne tiens pas à l’être davantage. Tu ne me croiras peut-être pas mais la mort, c’est tuant…* Hm oui bon on pouvait dire que la fin du monde agissait aussi sur son humour non ? Et même si ce n’était pas vrai, rien à faire personne ne le contredirait. Ou il mangerait l’importun en question, ce qui reviendrait fondamentalement au même. Il s’apprêta donc à remonter sur la belle aux blanches écailles lorsque l’odeur du prédateur vint chatouiller son nez sensible. Fronçant les yeux, il se retourna juste à temps pour voir Silarae le mettre en pièce d’un coup de crocs comme s’il s’agissait d’un vulgaire pantin. Hm… voilà quelque chose qu’il n’aimerait pas expérimenter, un coup de crocs de dragon adulte. Finir en bouillie ou découpé par les sabres ivoirins ne lui disait absolument rien. Secouant la tête, il approcha de la patte de sa liée pour remonter sur son dos, s’arrachant un rictus à la proposition. *Non merci, je n’ai aucun goût pour le sang animal, surtout du sang déjà mort… Je ne m’appelle pas Kylian Wallam moi* Bon il gardait un peu rancune au renégat de lui avoir fait perdre son temps l’autre fois, effectivement. Mais il avait de nombreuses raisons de le faire et ce n’était certainement pas Silarae qui allait le juger là-dessus. Est-ce qu’il jugeait sa rencontre avec Verith lui ? Non. Enfin si. Il ne portait pas du tout le dragon rouge dans son cœur. S’il le croisait, il y aurait explications, dragon ou pas. *Et en plus j’ai de la chance, tu as beau avoir de superbes crocs tu n’es pas une poule, je ne risque donc pas de me faire attaquer ! Enfin à part par une plante devenue subitement carnivore. Tu crois qu’elles se sont levées ce matin en ayant cette lubie ?* Question rhétorique, évidemment que non. Mais il aimait en rire, ça le détendait.

Cependant, alors qu’il s’apprêtait une fois de plus à grimper sur son dos, l’intervention de la dragonne le retint et il faillit lui demander si elle escomptait vraiment le transporter de nouveau ou si c’était une nouvelle méthode de torture. Néanmoins, ce qu’elle mettait en lumière l’intriguant et alarma sa toute nouvelle paranoïa. *Qu’est-ce que quoi exactement ?* demanda-t-il alors qu’elle manquait le percuter de sa patte et de son aile dans son élan protecteur. Ah mais c’est que se faire désarçonner par un saule lui suffisait, pas besoin qu’elle lui refasse le portrait en plus hein ! Cependant, il perçu ce qui troublait la dragonne au travers de leur lien et se mit à humer l’air. Effectivement, il y avait une odeur étrange… Elle était légèrement douceâtre, sucrée et entêtante. A la fois très… sensuelle, mais également un peu écœurant pour ses sens très fins. Il la renifla pourtant avec attention. *Je n’ai jamais rien sentit de tel auparavant… c’est le parfum d’une fleur c’est certain, mais aucune idée de laquelle il peut bien s’agir. On dirait un mélange de rose, de miel et de…. Décomposition…* La découverte le fit grimacer, avant qu’un tout autre sentiment chasse le malaise et la tension. C’était… un bien-être étrange. Le bien-être d’un cœur amoureux, léger et parfaitement satisfait de sa condition. Son regard glissant sur Silarae, il se prit soudain à penser qu’elle avait vraiment une très jolie ligne pour un dragon, très féminine… La courbe du cou et des ailes était sensuelle, le brillant des écailles représentait un attrait sans fin et il se sentait soudain prêt à passer des heures à observer la moindre irisation, à tester la texture des écailles en les caressant… Son regard était profond et il aurait aimé si perdre. De but en blanc, il reprit la conversation, semblant ne plus se préoccuper du tout de ce qu’elle avait pu sentir. *J’adore quand tu es protectrice… Non c’est vrai, tu dégages un tel magnétisme c’est impressionnant, je ne peux pas m’empêcher de t’admirer. Tu es magnifique Silarae…* S’il avait été humain il aurait rougit de gêne, mais il ne fit que se mordiller la lèvre d’un croc, se montrant un peu timide. *Je ne peux pas m’en empêcher il faut absolument que je te le dise, quitte à être rejeté et à avoir le cœur en morceau mais je ne peux vivre cette passion sans lui donner voix au moins une fois… Silarae je… je t’aime !*

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE Ven 5 Sep 2014 - 15:14

La mort, tuant ? Oh, cela Silarae voulait bien l’admettre, mais pas autant que ne le prétendait son lié puisque ce dernier était encore vivant. Enfin, partiellement. Réfléchir sur la vie ou la mort de la condition vampirique était quelque peu compliquée et demandait plus de temps que la dragonne n’en avait, aussi renâcla-t-elle avec amusement avant de s’occuper d’un puma décidé à venir lui chercher malheur. D’accord, elle était beaucoup plus détendue qu’à Aigue maintenant qu’elle se trouvait seule avec son dragonnier, mais il n’en restait pas moins qu’elle était affamée et ne se sentait pas à l’aise au milieu de cette végétation folle. Et qu’on ne l’attaquait pas comme ça de toute façon, où se croyait-il, celui-ci ? Un dragon reste un dragon, il pourrait bien ronronner de toutes ses forces pour se faire pardonner, la Blanche n’allait pas excuser pareil comportement. Elle l’abattit donc sans remord et renifla avec gourmandise le fumet sanguin qu’il dégageait. Elle préférait de loin les herbivores aux carnivores, dont le gout était beaucoup plus brut, mais elle avait tellement faim qu’elle n’allait certainement pas refuser ce repas soudain.

*Dracos merci, un seul suffit comme cela, quoi qu’un deuxième Kylian aurait le prodigieux effet de rappeler à Wintel qu’il n’a toujours pas réussi à l’attraper. *

Avec la satisfaction d’un chat se léchant les babines après avoir trempé le nez dans un bol de crème interdite, elle imagina le vampire qu’elle détestait tant partageant sa vie avec un être au même prénom que son pire ennemi. Cela valait bien à son dragonnier d’oublier les mauvaises pensées qui l’agitaient en pensant à Wallam… et de ce fait à Verith, auquel Silarae n’avait pas la moindre envie de songer d’une manière ou d’une autre.

*Peut-être te trouvent-elles à leur goût ? Gloussa-t-elle mentalement pour le taquiner. J’ai comme l’impression que nous ne sommes pas les seuls à être affamés.*

Pour que des plantes tout ce qu’il y avait de plus banal se mettent à manger des vampires, dont le corps était pourtant mort, c’était qu’il y avait un dérèglement très important dans leur… et bien, truc qui les faisait vivre, puisque les végétaux n’avaient pas de tête.

Elle attendait que le dragonnier remonte en selle tout en commençant à se pencher sur le gros chat qu’elle avait attrapé quand une odeur la déstabilisa et, méfiante, elle s’empressa de protéger Achroma tout en scrutant attentivement les alentours. Elle n’aimait guère être au sol, cela lui donnait l’impression d’être fragile et à portée facile d’atteinte. Non pas que n’importe quoi puisse venir à bout d’un dragon, mais son domaine, c’était les airs, non la terre qui la mettait à la même hauteur que les proies qu’elle chassait d’ordinaire. Et Achroma, lui, n’avait pas les écailles de sa compagne d’esprit et de cœur, quand bien même ne doutait-elle pas de sa capacité à se défendre ; toutefois pas question de le laisser encore seul face à cela, il semblait avoir le don pour se mettre dans d’étranges situations, autant le protéger quand elle le pouvait. Quitte à l’éborgner au passage mais cela, il e lui en voudrait pas. Il y avait après tout quelque chose de bien plus préoccupant, comme cette odeur désagréable qui parvenait aux narines de la dragonne.

*Rose et miel ? Je ne sens que de la pourriture et un parfum acre de fleur fanée. *

Non, elle ne sentait rien qui soit agréable mais une chose était sûre, elle n’avait jamais senti cette odeur auparavant ; et ne s’en portait pas plus mal.

*Bien sûr que je suis magnifique, je suis une dragonne et l’une des plus belles. Ce n’est pas pour rien que tu es mon lié. Je t’aime aussi mais tu ferais mieux de monter. *

Distraite par cette mystérieuse odeur, elle ne prêta tout d’abord pas attention à l’état d’esprit de son compagnon. Sa déclaration d’amour, bien qu’étrange en pareil moment, n’était pas vraiment surprenante puisqu’ils étaient liés. Toutefois lorsqu’elle dirigea ses pensées vers les siennes qui lui paraissaient anormales, elle se rendit compte que quelque chose n’allait pas, mais alors pas du tout. Que Néant était-ce que ce soudain, incongru et malsain amour qui venait de naitre ?

*Achroma, puis-je savoir ce qu’il t’arrive, exactement ? Montes sur mon dos et allons-y, cesses donc tes bêtises je te prie.*

Son regard était à présent un mélange d’incompréhension, de méfiance et de colère. Elle sentait comme un voile posé sur l’esprit de son lié, un rideau qui brouillait la nature du lien qu’ils avaient ensemble. Furieuse, elle étrécit les pupilles tandis qu’une pointe mentale venait peu à peu tenter de percer ce barrage inconnu ; et pourtant, ce n’était pas de la magie, plutôt un… poison florale dont certaines fleurs se servent parfois pour attirer leurs proies ou les déstabiliser. C’était plutôt réussi. Désireuse de cesser cet étrange manège une fois pour toute, elle renversa Achroma sur le sol en prenant toutefois garde de ne pas le blesser et de sa queue puissante commença à détruire toute la végétation qui les entourait, laissant derrière elle un vide soudain dans cette jungle verdoyante. Oh, les plantes n’en cessaient pas pour autant de pousser hormis celles qui, déracinées, mourraient, mais au moins son lié sembla-t-il reprendre ses esprits. Juste à temps pour voir la dragonne prise au piège dans un enchevêtrement de racines câlines décidées à immobiliser sa queue écailleuse et les dégâts qu’elle provoquait.

*Achromaaaa ! et sa voix mentale était un grondement sourd trahissant son agacement, viens donc m’aider au lieu d’admirer la paysage.*

hrp: si souci, mp^^

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE Ven 5 Sep 2014 - 20:12

Il ne savait pas exactement si les plantes le trouvait à leur goût, mais la dragonne elle était certainement à son goût à lui en tout cas… Il avait déjà émis une fois auparavant l’idée d’être amoureux d’une dragonne, mais là ce n’était pas une simple hypothèse, c’était tout simplement la vérité. Il aimait Silarae d’une façon impossible, improbable même… il la désirait, c’était clair comme de l’eau de roche. Rien d’autre n’avait d’importance à ses yeux en dehors du brillant de ses écailles, de sa majesté, de ses ailes souples et vives, de ses yeux de gemmes si profonds et troublant. Un soupire énamouré le quitta alors qu’elle lui parlait par la pensée. Oh comme il aimait le son de sa voix, sa profondeur et son écho… Splendide.

Les Esprits supérieurs n’auraient pu avoir plus belles voix. Mais pourquoi donc avait-elle l’air contrariée ? Si quoi que ce soit la contrariait il ferait en sorte de la rendre heureuse et de détruire ce qui pourrait causer son mécontentement. Si elle n’était pas contente alors lui non plus non pouvait pas l’être. Pourtant à bien y regarder… c’était lui qui la mécontentait ? Confus, il répondit. *Bêtises ? Mais je…* Il n’alla pas jusqu’au bout, coupé par l’esprit de sa douce amie qui chassait l’effet délétère du parfum qui contrôlait ses pensées. Il cligna des yeux, secoua la tête pour clarifier davantage ses pensées et se sentit rougir quand bien même c’était difficilement possible. Il s’était conduit comme un imbécile et n’avait même pas vu le piège qu’était cette plante…

Immédiatement, il cessa de respirer et de sentir, ce qui était plutôt simple pour un vampire. Intérieurement, il transmit ses excuses à la blanche, désolé de s’être mis en scène comme ça. Il n’avait pas voulu l’embarrasser. Mais il le fut encore davantage lorsqu’il se rendit comptes qu’elle l’avait envoyé au sol et qu’il ne l’avait qu’à peine sentit. Affalé dans un tas de végétation morte, il jura dans l’argot du nord et se releva en vitesse. *J’arrive !* Il fit naître la magie au cœur de ses doigts et, dans l’empressement de délivrer sa compagne, manqua balayer d’un incendie ravageur les environs et la forêt, ne parvenant que d’extrême justesse à reprendre le contrôle de ses flammes pour détruire définitivement la végétation. * Aller retournons dans les airs ça sera plus sûr !*

Il se hissa précipitamment sur le dos de la blanche et s’accrocha fermement lorsqu’elle décolla. Il ne laissa la tension redescendre qu’une fois haut dans les cieux. Là, il soupira lourdement, cessant de retenir son habitude de respiration. * Au moins ici nous sommes saufs… à moins de croiser un vautour ou une buse folle je ne vois pas ce qui pourrais venir nous…* Et bien si, il y avait quelque chose. Le ciel noircissait lentement mais sûrement. *Peut-être devrions-nous retourner à Aigue…même si ça ne me plait que moyennement. Sans selle dans un orage, je ne m’y risquerais pas. Ou alors gagnons la côte et une caverne quelconque ?* Il attendit la décision de sa compagne, restant un long moment silencieux. Le regard perdu dans l’horizon, il reprit un peu plus tard.

*Silarae… Je sais ce qui cause tout cela, et je dois avouer que ça ne me plait pas. Avoir détruit Dévoreuse est une chose, mais même si j’ai dit au monarque humain qu’il y avait certainement des bons côtés à la situation actuelle, je doute de plus en plus de mon affirmation. Le temps, les plantes, les animaux, la végétation… la magie, les totems… Je ne vois que des désavantages ici, sous des aspects de potentiels dons du plan astral. Mieux vaudrais que cette situation se dissipe rapidement. Et pourtant je doute également de cela, le traumatisme est trop profond pour le traiter comme un banal phénomène magique… Fous qu’ils étaient de faire cela, fous qu’ils étaient que d’attaquer Néant… Je ne sais si je dois être en colère ou simplement atterré… *

Il ne savait vraiment pas non, mais ça le contrariait profondément. *Il semblerait que j’ai surestimé Lorenz une fois de plus.. *

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE Jeu 11 Sep 2014 - 19:10

Après un regard navré vers son compagnon de cœur qui déraillait, Silarae entreprit de tenter de le libérer de l’emprise du mystérieux parfum qui lui mettait la tête à l’envers. D’accord, elle pouvait comprendre que l’on tombe facilement amoureux d’elle mais tout de même, c’était son dragonnier qui était concerné, pas n’importe qui. Et qu’il pense ressentir pareils émotions était tout à fait malsain. L’amour qui liait un écailleux à un bipède était certes intense mais surtout particulier, comparable à nul autre mais surement pas à celui d’un mari pour son épouse. Stupide plante, c’était encore la faute à l’une d’entre elles, sans aucun doute. Les réduire en charpie permettrait au moins de calmer un peu la dragonne qui commençait à se sentir fortement agacée par tous les désagréments qu’elle subissait au fur et à mesure que le temps s’écoulait et ce depuis quelques heures, en plus de libérer Achroma de l’emprise de cet étrange envoutement. Ce dernier point réussi d’ailleurs, le premier un peu moins puisqu’elle se trouva rapidement prise dans un enchevêtrement de lianes qui ne firent absolument rien pour améliorer son humeur, au contraire. Grondante, elle interpella Achroma qui ne se bougeait pas assez vite à son gout jusqu’à ce qu’il se décide à lui venir en aide, et la vision des plantes carbonisées lui rappela qu’elle avait bien failli se laisser aller à des pulsions dangereuses en inondant la foret de son feu intérieur, ce qui n’aurait certainement pas été une bonne idée. Au moins son vampire avait-il sut contrôler sa force de destruction.

* Merci. *

Inutile de dire qu’elle était de fort mauvaise humeur et qu’elle se fit donc un plaisir de redécoller en vitesse sitôt qu’il fut sur son dos. Elle s’éloigna rapidement du sol et prit autant de hauteur qu’il était possible sans pour autant passer au-dessus des nuages, et se laissa planer dans un courant chaud qu’elle trouva. Il y avait plus de vent que d’ordinaire, mais qu’importait. Le principal était qu’elle puisse lui résister si elle devait se trouver face à lui, ce qui n’était pour l’instant pas le cas, et que son cavalier ne chute pas.

* Je crois que tu nous as porté malheur… Allons sur la côte, je n’ai aucune envie d’aller à Aigue. *

Changeant de cap, elle se dirigea à long battement vers le lieu susnommé, fuyant la tempête qui approchait. Il fallait espérer que les éléments ne se déchaineraient pas trop en leur présence, car toute dragonne qu’elle était, elle ne se sentait pas capable de résister face à un océan fou furieux.

* Tu surestimes toujours Lorenz, Achroma, mais tu devrais pourtant savoir que rien de bon ne sort des actes de ce maudit vampire. Comment peut-on voir quelque chose de positif à tout cela ? Je crains surtout que l’empire ne découvre plus facilement la cache rebelle si les tremblements et incendies continus ainsi. Cela dit, au moins le conflit ne s’éternisera pas. *

Si cela devait arriver… nul doute que les alayiens s’empresseraient de venir annihiler toute présence rebelle, ce à quoi ces derniers répondraient certainement. Ce ne serait pas un mal peut-être, finalement, Silarae se languissant d’un peu d’action. Aigue n’était pas un endroit pour les dragons ; peu de place, pas d’air libre, une sorte de cage désagréable pour sa prétendue survie.

* J’espère malgré tout que cela ne durera pas, sans quoi ce sera parfaitement ingérable. Nous ne pouvons à la fois veiller aux crises de l’intérieur et de l’extérieur quand elles sont comme celles-ci. Il y a tout simplement trop à prendre en compte, et Korentin comme les autres risquent de finir par avoir une mutinerie sur les bras sans même que leurs peuples en aient conscience. Tout cela est fou. Il est bien loin le temps où la sagesse des dragons veillait à ce qu’il n’y ait pas d’erreur telle que celle-ci. *

Parvenant non loin de l’océan, elle observa en silence l’étendue sombre qu’elle voyait comme fort agitées, craignant qu’ils ne soient pas plus en sécurité là-bas qu’ils ne l’avaient été sur la terre ferme.

* Je crains de voir quelle sera la réponse de Néant, un fois remis. Et surtout, je me demande où nous pourrons être en paix et sécurité sans qu’il n’y ait un risque d’attaque de vaches carnivores ou de tsunami improvisé.*

Pour l’instant, il n’y avait rien à l’horizon, mais ils n’étaient pas encore assez près de la côte pour en juger. Quant à la tornade qu’ils avaient fuient… Elle était derrière eux et bien loin.

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE Sam 13 Sep 2014 - 20:30

Il émit un son pensif qui se perdit certainement dans le vent, inaudible à Silarae, à moins qu’elle ne décide de surveiller son esprit dans les moindres recoins. Surestimait-il si souvent Lorenz ? Peut-être bien que oui, mais il devait admettre que pour le coup, il avait réellement et sincèrement pensé que l’autoproclamé prince vampirique avait plus de bon sens que cela. Jouer les tyrans d’un continent d’accord, manquer détruire ledit continent cependant… Il y avait un gouffre entre ces deux choses. Mais il fallait croire que réfléchir et prendre des précautions avait été au-delà de la logique de l’autre vampire sur le moment, ce qui pourtant lui restait étrange. Magiquement parlant, Lorenz n’était pas un débutant. *Ils ne découvriront pas plus aisément leur cachette pour autant non. Les fondations rocheuses de la ville sont particulièrement solides et sa construction ainsi que les sorts de protections associés la maintienne parfaitement en place, qu’un bout de plafond tombe ou non. Voilà bien un point positif dans tout cela. A défaut d’avoir la clairvoyance de ne pas faire flamber le reste du monde, j’ai au moins confiance en la magie baptistrale et ses représentants pour avoir bien accompli ce travail-là* Il secoua légèrement la tête, n’appréciant décidément pas la blague qui lui avait été jouée. S’il ne le respectait nullement comme vampire, qu’il ait au moins la décence de reconnaître son expertise magique, qui dépassait même la sienne. Il aurait dû être consulté. Ou au moins prévenu à défaut d’autre chose, qu’il ne tombe pas des nues en devant protéger l’alliance auprès du monarque humain au débotté. Mais non, rien de tout cela. Damnation…

*De plus si le conflit pourrait ne pas s’éterniser, il est bien probable que ni les rebelles ni les alayiens en réchappent… Se battre avec une magie devenue folle, c’est attraper à pleine main une épée à double tranchant* En fait, la formulation exacte était que jouer avec la magie c’était prendre une épée double tranchant à pleine main. Une citation glacernoise de son enfance. Elle lui semblait parfaitement appropriée pour le coup ! Cependant ses lèvres se pincèrent et une vague ironique déferla dans l’esprit de sa dragonne sans qu’il l’arrête, acide. Lorsque la sagesse des dragons veillait à ce que de telles erreurs n’adviennent pas, hein ? Mouai. Elle n’avait pas tort mais pas raison non plus. *Disons simplement que les erreurs d’hier valent sans doutes celles d’aujourd’hui en d’autres façons* finit-il pas affirmer, en une réponse un peu plus diplomatique qu’il ne l’avait d’abord pensé. Oui la sagesse des dragons avait apporté beaucoup, il serait totalement fou de ne pas le reconnaître. Mais il ne pouvait s’empêcher de penser qu’aucune période n’avait fondamentalement été bonne ou mauvaise si l’on exceptait l’avant bipèdes… Là il reconnaissait que tout avait dû allait très bien. Mais bref, il ne désirait pas vexer sa partenaire, ce n’était pas le but. Sans nul doute que la situation participait de son élan critique. Il resta un moment silencieux tandis qu’elle reprenait la parole. Un soupire lui vint. Répugnant à user de mot cette fois, il lui fit tout de même parvenir sa réponse sous la forme d’impressions. Celle qu’il ressentait en ce moment même. Celle qu’aucun lieu ne serait à l’abri…

Tout ceci, ils le devaient aux Esprits créateurs du monde. Evidemment qu’il n’y avait nul lieu où se cacher. Elle continua de voler jusqu’aux abords de l’océan et il tourna la tête plusieurs fois, à la recherche d’une caverne ou d’une plage suffisante pour eux et en trouvant finalement une, faite de galets. *Là…* fit-il enfin et attendit qu’elle descende en s’accrochant. *Pas de plantes, pas d’animaux. Et les éléments ont l’air calmes. Parfait donc* Une fois qu’elle fut au sol, il cligna des yeux, et fut instantanément debout sur les galets, l’air iodé jouant dans ses vêtements et ses cheveux. Il inspira profondément, appréciant l’odeur de l’océan même s’il faisait très chaud. Trop chaud. S’installant sur un gros rocher, dans l’ombre de Silarae, il se mit à caresser les écailles, flattant sa magnificence d’une main à présent experte. Il savoura le silence pendant un très long moment, perdant la notion du temps comme lui seul savait le faire… Puis, au bout d’un long moment, il attira son attention d’une pensée et se confia à elle. *L’empereur humain m’imaginait défiant Lorenz pour le titre de prince. Il ne le faisait que par dépit d’une certaine façon et sous le coup de nombreuses émotions et révélations mais… Je dois avouer que la question se pose. Elle se pose depuis longtemps. J’ai délayé une affirmation trop tranchée, mais en mon fort intérieur je pèse le pour et le contre. Je ne suis pourtant pas incliné à céder au pouvoir mais il y a une alternative… Peut-être devrions-nous repenser à la formation d’une caste indépendante pour les dragonniers. Si l’alliance se poursuit cela pourrait être le meilleur moment*

Il fronça sensiblement les sourcils. *J’en prendrais la tête… il le faut. Mais je ne réduirais pas les autres au rang de simples subordonnés. Ne serait-ce que par égard pour vous dragons, qui ne devaient allégeance à personne*

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE Dim 21 Sep 2014 - 20:03

Fondations magiques ou non, roche solide ou pas, Silarae n’avait que moyennement confiance en la ville souterraine arrangée par les bipèdes. Non pas qu’elle ne leur reconnaissait pas un certain talent de construction : après tout, leurs villes étaient, en dépit de leur laideur, un ensemble de constructions demandant un grand travail de précision et qui ne pouvait qu’être appréciable de ce point de vue là. Mais ce désir de toujours être au-dessus des forces de la Nature pouvait fort bien leur jouer des tours, et parfois un petit bout de plafond inoffensif suffisait à attirer l’attention.

* La magie baptistrale comme le reste va se trouver modifier, j’en ai bien peur. Je préfère n’avoir aucune confiance dans le reste des évènements à venir, m’ait avis que nous n’avons pas fini d’être surpris…*

Pas fini, c’était le bon mot, à vrai dire ils venaient sans doute de commencer. Après l’invasion des alayiens, les choses s’étaient peu à peu organisées à défaut d’être réglées, mais les nouveaux paramètres dus à l’atteinte de Néant par cet imbécile de Wintel et son camarade de jeu avaient probablement changé la donne de nouveau. Les dangers étaient plus nombreux, mais aussi plus imprévisibles et implacables. Comment un simple humain pourrait-il lutter contre un raz-de-marée ? Aussitôt l’aurait-il fuit qu’il se trouverait confronté à une magnifique tornade ou une attaque de pissenlits lanceurs d’épines. Et tout cela, en devant malgré tout rester discret et caché. Aigue-Royale était peut-être l’un des endroits les plus sûrs finalement, loin des animaux agités ou de la flore envahissante. Restait le problème des cultures qui allaient elles aussi se rebeller, sans doute, des tremblements de terre et comportements des individus dont la proximité serait finalement problématique au vue des comportements anormaux auxquels la dragonne avait assisté.
Achroma mentionnait toutefois un point important quand à la prolongation de ce conflit, et un autre paramètre inquiétait l’écailleuse : qu’en était-il des humains hésitant quant au camp à rejoindre ? Ce problème et déséquilibre de la magie ne risquait-il pas de les pousser vers les pensées alayiennes ? Les Nordiens par exemple, avec leur mépris pour la magie et leurs pratiquants, ne risquaient-ils pas d’y voir là un élément supplémentaire pour haïr ce qu’ils jugeaient comme une arme de lâches ? Si leurs troupes ralliaient les envahisseurs, ce serait une perte très ‒trop importante‒ pour les rebelles. A moins, bien sûr, que son dragonnier ait raison et que les conflits cessent à cause de ces dérèglements. Mais l’Histoire avait prouvé à plusieurs reprises que les comportements intelligents n’étaient pas ce qui caractérisait vraiment les bipèdes, quels qu’ils soient. Les dragons auraient été les bienvenus, comme elle en fit la remarque à son dragonnier.

* Nous n’aurions jamais abîmé l’équilibre d’Armanda* gronda-t-elle vexée en entendant sa réponse neutre.

Ils auraient fait les choses convenablement, bien sûr. Qu’Achroma en doute était incompréhensible. Certes ils avaient fait des erreurs dans le passé, eux comme les autres, mais pas d’aussi importantes. Aujourd’hui on pouvait presque se demander si Armanda existerait encore le jour suivant. Ou si jour il y aurait.
Se posant sur la plage indiquée par son compagnon d’âme, la dragonne observa autour d’eux satisfaite de ne rien voir d’anormal, ni de près ni de loin. Ils pouvaient presque croire que tout allait pour le mieux. Presque. Ils ne pouvaient pas non plus oublier qu’ils étaient ici justement parce qu’il y avait un problème. Sans doute devraient-ils faire demi-tour sans trop tarder non plus. Cette idée était profondément déplaisante toutefois, alors qu’ils étaient sur cette chaude plage paisible. Les températures ne la gênaient pas vraiment, elle était un dragon après tout. Son regard se perdait dans les vagues qui jouaient sur les galets, tandis que son esprit vagabondait Dracos seul savait où. Son lié l’interrompit toutefois dans cette silencieuse réflexion, et bougea les pierres sous elle pour s’installer plus confortablement tout en réfléchissant aux paroles prononcées.

* Tu es fort, et tu m’as, tu devrais pouvoir le vaincre. Mais tu hériterais d’un peuple en crise, la moitié incapable de penser correctement du fait de leurs totems détraqués, est-ce vraiment une bonne chose ? D’un autre côté… ses choix, ses actes ne doivent pas faire beaucoup d’heureux, tes partisans seraient donc d’autant plus nombreux.*

Elle posa son grand œil sur lui, impassible mais sérieux.

* Tu sais que je pense que tu ferai un bon prince ‒pas pire que lui de toute façon. Il doit toujours payer la mort de mon congénère, et je ne sais pas si qui lui ferait plus mal que de se retrouver au plus bas de l’échelle sociale de son peuple, en position du faible. Mais si tu n’es pas prêt, c’est inutile. *

Elle avait déjà essayé de le convaincre, il n’avait pourtant toujours pas tenté de le faire. C’était son choix plus que le sien, même si elle aurait aimé, elle ne pouvait le nier, le voir prendre la tête du peuple vampirique.

* Cette caste pourrait-être une bonne idée, mais est-ce que tous accepteraient vraiment ? Les dragonniers ont beau être au service d’un clan ou d’un autre, ils restent malgré tout relativement indépendants, rien n’assure que tous joueront vraiment le jeu.* Elle suivit avec intérêt le déplacement d’un crabe qui faisait des allés-retours sans aucune logique avant de poursuivre: * Quel fonctionnement voudrais-tu exactement ? *

hrp: encore désolée pour le retard et cette piètre réponse TT en espérant que cela te convienne malgré tout ^^"

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE Jeu 25 Sep 2014 - 9:32

Ce qu’il pensait de la propension des dragons à altérer l’équilibre Armandéen resterait tut et enfoui au fond de son esprit, de sorte qu’elle n’y ait pas accès. Ses convictions à ce sujet risquaient fort de conduire à une crise conjugale violente entre eux. Il admirait et respectait de tout cœur les dragons, mais il ne les adulait pas au point de les placer au-dessus de toute imperfection. Il ne pouvait guère le faire après tout ce qu’il avait vu, mais une dragonne et une dragonne aussi fière que sa liée, aurait certainement du mal à le raisonner, aussi logique puisse-t-il être pour lui. La logique également avait une part d’interprétation. Bien lui prit d’ailleurs de ne pas poursuivre sur cette dangereuse pente. Le sujet s’écoula, passa comme l’eau de pluie dans la rivière. Il y avait bien autre chose à penser. Bien autre chose à débattre également… comme souvent, comme toujours. Et pour autant ils ne discutaient pas autant qu’on aurait pu le croire. Silencieux, il l’observa d’un regard lourd de sous-entendu… Ce n’était pas encore suffisant pour vaincre Lorenz. C’était loin de l’être en vérité. Mais c’était un début au moins.

Pinçant les lèvres en une moue cynique, il rétorqua avec cynisme, le sombre serpent sinueux d’un antique impérialisme persiflant au travers de ses mots. *Ils n’ont pas besoin de totems détraqués pour être incapables de penser correctement. Ce ne sont guère plus que des bêtes, pour la majorité. Je ne sais pas même si je pourrais les tirer de cet état et si c’est réellement impossible ? Alors c’est un génocide que nous aurons sur les bras. Ou bien une purge…. Ou tout simplement une évolution positive, je ne sais pas trop lequel choisir je dois dire* Il n'appréciait pas forcément la plupart des vampires mais il détestait plus encore l’état de dégénérescence que subissaient ces nouveau-nés laissés en friche comme de mauvaises herbes. La moue disparu et il retrouva une expression neutre et pensive en se perdant dans les méandres de ses plans… jusqu’à sa remarque suivant qui lui tira l’ombre d’un sourire.

*Pas pire que lui ? C’est plutôt facile ça… La barre n’est pas placée très haut* Le sardonique de sa voix vibra, même dans leurs esprits, comme une plaisanterie secrète. *Mais si je le défie il ne vivra pas plus. Il devra mourir. Je n’aime pas humilier… Une mort propre est peut-être encore trop luxueuse pour lui, mais il l’obtiendra néanmoins. Au moins entrerais-je en fonction avec l’image d’un prince miséricordieux… * Il ne manquerait que ça. Mais ça donnerait le ton de la suite. Il n’avait jamais eu de goût pour la torture et aucun respect pour les tortionnaires, de quelque race qu’ils soient. Ces méthodes arriérées ne donnaient au final pas grands résultats. Et cela gâchait des matériaux et du temps, deux éléments extrêmement précieux …. Mais soit, sans doute fallait-il qu’on leur donna l’illusion d’une quelconque utilité.

*Prince Seithvelj… ça ne sonne pas très bien* dit-il avec détachement, usant du même ton dont il aurait gratifié la météo. Haussant les épaules, il glissa sa main sur une autre plaque écailleuse et reprit ses papouillages en conservant à nouveau, longuement, le silence. En fond sonore, la mer continuait de gronder doucement, les vagues s’écrasant sur la plage et apportant l’embrun iodé qui lui emplissait les sens. Que tout cela était compliqué ! Parfois Il espérait encore pouvoir déposer son fardeau et se trouvait en butte à une totale impossibilité. A croire qu’il se devait de traverser tous les bourbiers politiques de la terre. Mais c’est qu’il y en avait beaucoup trop, de ces bourbiers et c’était loin d’être fini. Il y en avait certainement d’autres encore, toujours plus, hors de sa vision.

Il émit un son qui n’engageait à rien. * Nous sommes trop peu pour établir une véritable hiérarchie. Même si cela signifie une certaine lenteur, l’égalité est de mise, à moins qu’ils ne le décident d’eux-mêmes. Comme pour les anciens, je serais simplement leur voix. A terme cependant, si de nouveaux dragonniers apparaissent, j’aimerais mettre en place une organisation simple mais efficace. Un cercle dirigeant composé de nos membres les plus actifs et impliqués, prenant les décisions, et une seconde approche, entre chaque dragonnier confirmé et ses apprentis… Ce n’est qu’un brouillon je te l’accorde. Il nous faudra l’adapter. Quant à la question de l’indépendance actuelle de nos pairs…. La crois-tu vraiment ? Pas moi*

Il soupira * Ce n’est pas parce qu’ils agissent parfois comme bon leur semble qu’ils sont indépendants. Je dirais même que c’est une illusion d’indépendance. Leurs mœurs, leurs morales, leurs éducations et surtout leurs loyautés, les enchaînent. Moi également, toi également. Si nous jouerons le jeu ? Pas entièrement, pas au début. Aucun d’entre nous. Nous devrons apprendre et nous échiner, nous efforcer de nous entendre. Et de nous placer au-dessus des autorités qui veulent nous suborner. Cela ne fera pas plaisir à tous. Je dirais même que cela ne fera plaisir à personne et surtout pas aux dirigeants des différents ‘clans’ mais tant pis… Et puis nous aurons déjà une première double mission…*

Il lui jeta un coup d’œil sérieux *Faire perdurer l’entente vacillante et protéger le premier des nouveaux dragons Armandéens. Tu as appris pour Isyndar, non ? Cet œuf… il nous faut le garder sauf jusqu’à trouver son dragonnier*

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE Mer 1 Oct 2014 - 18:40

Même sans regarder son lié, Silarae sentait tout à fait les sentiments qui l’animaient. Il ne s’estimait pas capable de vaincre Lorenz. Et pourtant, il était un mage puissant, allié à une dragonne à présent capable de croquer la tête du vil vampire en un claquement de mâchoire ; et de surcroit, il ne lui était plus lié par le Double Royal. Certes, croire que pour autant la victoire ne pouvait qu’être acquise était une grosse erreur, que l’écailleuse ne se serait pas permise de faire. Après tout, leur ennemi était d’une puissance dévastatrice, preuve avait été faite du dragon qu’il avait tué, en plus de tous les bipèdes qu’il contrôlait. Mais malgré cela, la diamantine dragonne aux yeux d’or fondu préférait croire à une erreur de la part de son semblable plutôt qu’à une telle puissance de la part du vampire. Ce pouvait être surprenant de reconnaitre ainsi que l’un des siens puisse se tromper mais si une méprise était vite arrivée, songer qu’il ait pu être simplement plus faible que son adversaire était bien pire. Malgré tout que son compagnon d’âme ne soit pas du même avis ne la surprenait guère, au moins commençait-il plus sérieusement à prendre sa place. Dommage qu’il ne l’ait pas fait quand le prétendu prince était encore sous l’emprise de sa malédiction…

*Une purge… Personnellement, je dois avouer que réduire ne serait-ce que de moitié leur nombre ne me dérangerait pas le moins du monde. Avec un peu de chance, les alayiens nous épargnerons cette peine en le faisant d’eux-mêmes. *

Un clignement de paupières amusé plus tard, elle lui répondait sur le peuple dont il devait hériter. Pas le plus sain d’esprit, cela ne faisait aucun doute. Et les pensées de la dragonne satisfaisaient son envie de sang, même si sa dernière phrase n’était que pure provocation ironique. Ce que lui disait Achroma n’était toutefois pas dénué de sens. S’il voulait régner sur un véritable peuple, peut-être vaudrait-il mieux pour lui faire un renouvellement quasi-complet de ce dernier. Repartir, ou plutôt partir, sur de saines bases, véritablement solides.

*Bah, miséricordieux ou non, au moins le tuer permettra-t-il d’éviter davantage de problèmes, venant de lui du moins. Car nul doute que tu en aura de toute façon. L’idée qu’il meurt satisfera tout le monde ; moi la première. *

Cela dit, il y en aurait forcément pour protester, mais du moment que Silarae était d’accord, eux n’avaient pas grande importance. Ce qui comptait, c’était qu’il n’y ait pas trop de protestations de la part des futurs sujets de ce prochain prince. Et une mort nette et sans histoire devrait faire moins de remous qu’une séance de tortures en représailles.
Mais penser à la mort de Wintel ne pouvait que rappeler à la dragonne le marché exigé par le sauvage rouge. Elle ne l’avait toujours pas recroisé ; pas plus qu’Atalos d’ailleurs, ce dernier devant l’aider dans sa quête de vengeance. Si le vampire perdait sa non-vie, Verith n’aurait plus de raison légitime pour chercher querelle… ce qui n’empêcherait pas son adversaire Blanche d’imposer ses représailles. L’idée était tout à fait satisfaisante, et si s’en prendre à deux contre un pouvait paraitre lâche, il ne fallait pas oublier que lui-même était bien plus âgé quand il l’avait malmenée. Et toujours aujourd’hui d’ailleurs, puisqu’il ne rajeunirait pas.

*Aucune importance, il est beau dans sa puissance. *

Elle lui décocha un regard empli de fierté, avant de se concentrer sur les gestes de son lié. La main qui venait doucement sur ses écailles était emplie de douceur, et le mouvement lent la berçait doucement tandis qu’elle se perdait dans ce qu’il disait. A demi contorsionnée, elle n’avait aucune envie de bouger ni de quitter la plage, et pourtant elle savait que le moment viendrait de regagner Aigue. Autant profiter de ce temps libre pour approfondir les souhaits de guilde de dragonniers de son compagnon d’âme.

*De nouveaux dragonniers… Encore faut-il qu’ils puissent survivre assez longtemps. *

Un jeune dragon devait etre une proie aisée pour les envahisseurs qui apprenaient à tuer les adultes. Quant au bipède, il serait sans doute trop inexpérimenté pour les sauver tous deux. A moins qu’il ne s’agisse d’un elfe ou vampire âgé et réfléchit ; ce qui avait peu de chance d’arriver.

*Non, c’est vrai, leurs deux-pattes surtout les liant tous deux à tel ou tel « camp ». Vous avez une notion très appuyée de la… elle chercha un instant ses mots, incapable de mettre un nom sur le sentiment auxquels elle pensait. Des liens que vous tissez et qui vous lient. Les dragons sont plus indépendants. Elle lui jeta un regard imperturbable avant de rajouter, prudente : même si je ne dis pas qu’ils le sont totalement. *

A vrai dire, il lui avait semblé que les humains étaient les pires. Mais elle n’avait pas eu suffisamment de contacts avec ce peuple pour en juger.

*Moui, nous allons sans doute avoir du mal à faire digérer le serpent à tous mais cela devrait se tasser. Protéger les nouveaux dragonniers… Dommage que l’énoncer ainsi soit si simple en comparaison de ce qui nous attends. Quant à Isyndar, j’ai eu connaissance de ses amours, qu’elle ait un œuf ne me surprend donc guère. *

Elle hésita, inquiète pour l’avenir de son peuple, déjà si peu nombreux sur le continent.

*Je crains surtout qu’il n’y ait guère d’espace réellement protégé pour l’abriter. *

Avec le débarquement alayien, il semblait que plus un seul endroit n’était suffisamment sûr. Ou bien était-ce les émotions paranoïaques de son lié qui ressortaient en elle ?

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE Sam 4 Oct 2014 - 22:56

Il était bon de discuter avec elle. Surtout d’un pareil sujet… de pareils sujets devrait-il dire. Parce qu’auprès d’elle il n’avait nullement besoin de faire attention, de maintenir une quelconque image ou apparence. Il était ce qu’il était, tout simplement et sans concessions. Elle le connaissait parfois mieux que lui-même. Alors il n’avait nullement l’intention de se dissimuler. S’il se trompait, s’il pouvait parfois délirer… ça n’avait nulle importance, elle ne le jugeait pas. Aujourd’hui, il ouvrait son cœur, au sujet de cette caste dont il rêvait depuis longtemps et pour laquelle il avait activement travaillé pendant un très long moment… Il s’ouvrait non seulement à cette idée, à cette quête, mais également à la possibilité, la volonté, de la voir finalement se réaliser. Eclore, comme la plus belle des fleurs. Il se décidait lentement, aussi lentement que le vampire millénaire qu’il était le pouvait et le vivait. A son âge, les changements brutaux n’étaient pas tous très bien accueillit après tout… mais celui-ci n’aurait pas été brutal. Et leur discussion scellait les lambeaux de son incertitude. *Ils vivront. Nous veillerons à ce qu’ils vivent… Nous les protègerons Sila’… c’est notre devoir, à nous les aînés* A eux tous, les premiers de la nouvelle génération. Eux qui avaient été contraints de se défendre eux-mêmes, d’apprendre sans guides et de s’en sortir seuls… Ce serait à eux de protéger les suivants, tout en leur permettant tout de même de développer la même force qu’ils possédaient après ces épreuves. Ces épreuves, ils en étaient sortis grandis, chacun à leur manière singulière et personnelle. Il resta silencieux, pondérant tout cela un long moment tandis qu’elle poursuivait plus avant dans ses considérations. Finalement, il reprit la parole. *Il n’y a aucun espace réellement protégé de toute façon. Nous ne sommes en sécurité nulle part, si l’on s’occupe seulement des lieux. Pas totalement en sécurité, du moins. Pourtant, si cette sécurité n’est pas assurée par un quelconque sanctuaire, nous pouvons l’offrir, nous, en tant qu’individus. Nous pouvons bâtir une forteresse pour cet œuf et pour les nôtres…*

Il fronça sensiblement les sourcils. *J’en avais discuté avec Isyndar. Nous avions parlé de l’île du Flocon, là où vos œufs se trouvaient… c’est une île au large de la côte, à une journée ou deux de voyage à dos de dragon, un vieux volcan éteint. Une fois travaillé, le site serait aisément défendable et idéal car isolé, personne ne possède d’autorité sur les lieux si ce n’est Dracos, nous serions donc tranquilles. Cela nous éloigne un peu du continent lui-même mais ce n’est pas cher payé et ça a des avantages autant que des inconvénients…* Il se serait volontiers établit dans les montagnes du croc du dragon, mais disputer les lieux aux nordistes ne lui disait rien, pas plus que de devoir faire attention à ce que les jeunes ne disparaissent pas, par ‘accident’…. Non décidément l’île du Flocon était le meilleur choix pour une forteresse. Mais ils n’en auraient pas vraiment besoin avec un très long moment. *Tout le monde n’appréciera pas, mais ça doit être fait et pour le coup je pense être le mieux placé pour l’affirmer et défendre cette position. Ce que j’ai vu par le passé, je ne veux pas le voir se renouveler dans notre temps. Il y a déjà bien assez de guerres et de dangers, sans cela. Si l’ordre des dragonniers peut aider à pacifier notre monde…. Il ne faut pas hésiter* De cela, il était convaincu. Un soupire lui vint, puis il se reposa contre elle, posant la tempe contre les écailles puissantes. *Oui, je pense que cette fois je suis décidé, Silarae… Je vais fonder cet ordre. Ce ne sera plus un simple rêve, une simple aspiration. Ce sera une réalité tangible sur laquelle nous agirons, que nous pourrons cultiver… C’est nécessaire. Et c’est le mieux que nous puissions faire je pense…* Certes, cela les empêcherait de voyager autant qu’ils se l’étaient promis, mais c’était un sacrifice nécessaire non ? Lui le ferait sans regret, s’il le fallait. *Si j’avais seulement pu imaginer être un jour le fondateur d’un ordre des dragonniers….*

C’était tellement étrange….

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE Sam 11 Oct 2014 - 12:17

Le regard porté sur son lié, Silarae la Blanche ne pouvait nier être inquiète pour le futur des œufs qui viendraient à voir le jour. Des petits dragons, sa race qui continuait à vivre… Il leur faudrait une protection accrue pour survivre dans cette guerre. Certes les alayiens auraient peut-être quitté le continent d’ici là mais dans un éclair de froide lucidité, elle comprit qu’il y aurait peu de chance que cela soit le cas. Pourtant, Dracos savait combien les écailleux avaient besoin de perpétuer leur race. Ils mourraient lentement sans que le continent ne connaisse l’éclosion d’une nouvelle génération… Et pourtant, elle était jeune encore. Mais le poids de la mort oscillait doucement au-dessus d’elle, prêt à s’abattre sur sa massive carcasse par le biais d’une attaque ennemie. Car son escapade avec Atalos lui avait montré une chose, quelques temps plus tôt : leurs ennemis commençaient à avoir une pratique suffisante pour mettre à terre et tuer un dragon.

*C’est notre devoir aussi de protéger le continent, pourtant nous avons quelques ratés… Que cela arrive pour les œufs et ils risquent d’être brisés en un instant. *

Ce n’était pas un reproche ou une quelconque ironie mais la véritable expression de son inquiétude pour sa race. Si elle usait parfois de sa verve pour pimenter certains sujets sérieux, celui-ci était l’une des exceptions à cette règles et se confier à Achroma dessus, lui parler de l’inquiétude qu’elle éprouvait pour les futurs dragonneaux était un soulagement, tout comme lui le ressentait peut-être en lui parlant de ses possibles prises de pouvoir et de la création de la caste draconienne. Malheureusement il n’y avait pas d’autre satisfaction que celle de dévoiler ses tracas à son partenaire d’âme, puisque le problème restait le même. Comme l’indiquait si bien son vampire, nul endroit en Armanda n’était véritablement sûr, apte à offrir un asile efficace pour les petites âmes à venir. Hormis, peut-être, ce que lui proposait Achroma… L’Ile du Flocon, ce n’était pas une mauvaise idée. Après tout, plutôt un juste retour des choses, un retour en arrière.

*Ce n’est pas une mauvaise idée… Tout le monde n’appréciera pas certes mais il faudra faire des choix, si cela peut nous permettre de protéger les œufs, nous ne devons pas hésiter. Ils sont plus importants que le contentement des dragonniers déjà présents. *

D’ailleurs, les dragons qui pouvaient être en désaccord avec cette décision finiraient bien par se rendre compte qu’il s’agissait de la solution la plus sage. Restait à espérer que leurs ennemis n’en prennent pas connaissance, sans quoi les choses se compliqueraient inévitablement. Mais ils avaient l’habitude, de voir les évènements prendre des tournures inattendues et pas toujours les bienvenues. Le tout était ne pas faire quoi que ce soit d’imprudent pouvant les mettre en danger. Oui, elle s’inquiétait, mais c’était difficile de faire autrement.
La Blanche souffla brutalement par les narines en posant la tête sur ses pattes, nerveuse.

*Si seulement j’avais pu un jour imaginer qu’on en serait ici… Tu sais que je t’aime, Achroma ? *

Oui, il était son âme sœur et ils feraient de grandes choses, ensemble… Ce n’était peut-être pas son habitude de se laisser ainsi exprimer ces sentiments mais elle en avait besoin. Les habitudes étaient faites pour connaitre quelques incartades après tout. Elle l’enveloppa d’une bouffée de tendresse avant qu’ils ne laissent le silence les entourer dans un cocon plein de chaleur.

Sujet: Re: Besoin d'air [Achro] TERMINE

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