Le 10 mars de l'an II.


La petite dragonne avait quitté le dragonnier d'argent quelques jours plus tôt pour retrouver non mal son lié qui s'était encore fourré dans des histoires pas possible. Servir d’appât ou de trouble fait dans une arène construite par le nouvelle empereur pour satisfaire les siens d'un spectacle divertissant. Isyndar ne voyait pas vraiment ce que le combat entre deux personnes, à mort, pouvait apporter comme moyen de se distraire, mais elle avait encore à apprendre des bipèdes et de leurs mœurs parfois un peu étranges. Mais son lié était revenu en vie c'était déjà ça. Et le connaissant et connaissant son goût pour les situations un peu inextricables, c'était une grande chance.

Isyndar lui avait cependant lancer un sentiment de reproche profond, comme si c'était de sa faute qu'il puisse arriver à une telle extrémité. Mais il avait le chic pour les accumuler tout de même. Mais au fond, ne l'avait-elle pas choisit aussi pour ça. Son côté fort en tête et un brin rebelle, aventurier et prompt au mystère de son avenir, même si maintenant il était tout tracé à ses côtés. Mais toute de même, en tant que liée, mais aussi en tant que future mère, la dragonne de l'ombre ne pouvait que gronder de désaccord et se sentir en proie à l'angoisse de le voir périr dans la folie constante des bipèdes. A partir de maintenant, elle le collerait sans cesse, il viendrait avec elle quand elle chasserait. Il n'avait pas le choix.

Depuis quelques jours, ils se cachaient tout deux dans les forets non loin de Gloria. Attendant un peu que son lié se requinque et trouve de quoi reprendre de l'énergie. De bons alayens bien juteux. Mais le projet de repartir vers l'est et plus particulièrement vers Althaia la Romantique se dessinait de jour en jour.
Un dragon aux couleurs sombres avait été vu il y a quelques jours, laissant supposer que Shaynar se dirigeait vers le coin des rebelles. Des dragons sombres ne couraient pas les airs et on reconnaissait une Skade d'un Shaynar. Dans le doute, ils ne perdaient rien de s'y rendre et de jeter un coup d’œil. Peut être recevraient-ils d'autres informations le cas échéant.

Partis depuis une petite heure à peine, le couple draconique volait sous un ciel étoilé, où la lune brillait et les guidait comme une amie fidèle. Rien de tel qu'un vol nocturne pour le vampire et la dragonne de la nuit.

La dragonne était silencieuse, se demandant comment annoncer à Shaynar sa future paternité, d'imaginer sa réaction. Son inquiétude était grande et son esprit si loin qu'elle mit du temps avant de se décider à parler à son dragonnier confortablement installé sur sa selle.

« -En passant un peu plus au nord, j'évite la grande route. Et peut être des lignes alayennes, ça ne dort jamais ce genre de bestioles. Plus long mais plus sûr. De toute façon, on ne nous attend pas pour dîner ? »

Et d'un mouvement, la dragonne se laissa glisser dans un courant de vent pour changer de direction, quelques battements et le trajet reprit sa route. Jusqu'à ce que d'un coup, un sentiment étrange envahit la dragonne grise. Quelque chose n'allait pas mais quoi. Elle fut prise de comme une sorte de vertige avant de sentir un vent absent s'engouffrer avec violence dans la fine membrane de ses ailes.
Elle eut le temps de souffler à son lié de s'accrocher que déjà une autre bourrasque venue de nul part la fit perdre le contrôle de son vol. Dans une sorte de vrille, Isyndar tenta de se rattraper pour reprendre une certaine stabilité qui ne revint que lorsque la dragonne et son lié atterrirent au sol dans un fracas mal contrôlé. L 'écaillée glissa de plusieurs mètre sur le sol herbeux.

« -Rien de casser ? »

grogna-t-elle, vexée de s'être fait prendre par un vent qui semblait être parti comme il était venu. Mais au sol, rien ne ressemblait aux plaines qu'ils avaient survoler quelques semaines auparavant. L'herbe était très haute, bien trop haute pour des plaines, et les fleurs des champs semblaient être plus hautes que les arbres. Mais la chose la plus étrange était la chaleur. Le printemps se faisait timide, les nuits étaient encore bien fraîches, même pour le sud. Mais là il faisait aussi chaud que lors de leur voyage vers le désert.

« -Roëric, tu crois que j'ai volé bien trop loin ? »

Étonnant comme sa situation pouvait évoluer. Nomade, puis captif. Gladiateur, vampire libre. Fugitif à dragonnier. Chaque pièce d'un puzzle aux proportions aussi épique que franchement burlesque. A croire qu'une puissance supérieure aimait s'amuser avec sa petite personne, la poussant dans tel ou tel coin du monde, juste histoire de voir comment il s'en sortirait cette fois. Car c'était bien là le plus surprenant. A chaque fois, ils 'en sortait. Et plus ou moins indemne qui plus est.

Certes, sa faiblesse physique dû à une sous-alimentation et la colère d'Isyndar n'étaient pas forcément des points positifs. N'empêche qu'il était toujours là, entier et plus important encore : muni de son épée. Sophia. Seule constante à toutes ces péripéties dont il se serait bien passé. Il était grand temps, plus que temps même, qu'il se trouve un endroit où se poser. Qui sait ? Il se voyait bien fonder une école d'escrime.

Voilà un projet qui lui plaisait de plus en plus. Le vagabondage finissant par lasser un vampire plusieurs fois centenaires et commençant à sérieusement envisager de laisser Kylian se débrouiller tout seul. Aller d'un bout à l'autre du continent à chaque fois qu'il avait la mauvaise habitude de disparaître était pour le moins irritant. Si au moins celui-ci avait avancé dans son projet de conquérir le pouvoir... Mais tu parles, ils étaient aussi près de le ravir à Lorenz Wintel aujourd'hui qu'il y a cinquante ans.

Vivre de son épée, de son savoir. Le dispenser et lire des ouvrages de philosophie ou d'histoire. Aller de temps en temps parcourir le monde sur le dos d'Isyndar. Dispenser leçon à tout ceux qui en seraient digne, peu importe leurs races ou leur milieu social. Voilà une idée séduisante.

Mais ce n'était pas d'actualité. Probablement que cela ne le serait jamais.

Les problèmes succédaient aux problèmes qui eux-mêmes précédaient d'autres problèmes ; tel un chaînon sans début ni fin. Un cercle vicieux qui resserrait sans cesse sa prise sur un continent toujours à deux doigts de sombrer dans le chaos. Et bien évidemment, ils ne pouvaient pas se contenter de regarder la situation pourrir. Dommage parce que Roëric n'avait aucune envie de jouer les héros et franchement aucune sympathie pour la majorité des êtres foulant cette terre. Mais voilà, dans la mesure où lui aussi y vivait, il ne pouvait pas le laisser disparaître.

Après s'être requinqué dans les bois avoisinant Gloria, le couple de liés s'était donc mis en route : direction Althaïa. Histoire de retrouver cette fichue résistance et par la même occasion, un patron irresponsable et un père dont on ne savait pas s'il serait pire encore. Pour être sincère, le Maître-Lame ne l'envisageait pas autrement. Il ne savait pas comment les choses se passaient chez les dragons, mais pour avoir laissé la jeune dragonne de l'ombre toute seule avec un bébé (et au passage tous les espoirs d'Armanda) dans le ventre...

Enfin bref... Positivons, positivons, positivons.

"On ne nous attends même pas du tout. Ce qui est une bonne chose, ça évitera aux personnes que l'on recherche de disparaître comme par hasard juste avant notre arrivée. "

Oui. Bon. Il était un peu amer. Certes. Mais c'était bien mérité.

La perte de contrôle de sa liée, suivit d'une vrille et autres acrobaties aériennes destinés à faire en sorte qu'ils atterrissent en un seul morceau, sortit d'un coup d'un seul Roëric Alokor de ses sombres pensées. Être en danger de mort imminente avait souvent cet effet-là sur lui. Le problème c'est qu'il n'y avait pas grand-chose à faire, Isyndar faisait tout le boulot : il cria donc. Ca le soulagea et puis c'était une réaction appropriée lorsque l'on chutait dans le vide.

Finalement ils atterrirent. Tant bien que mal, et ravageant un petit bout de terrain au passage.

Non, ça va. Et toi, tout est en ordre ?

Mis à part une perte de contrôle inattendue s'entend.

Observant les environs, le vampire haussa les sourcils d'un air surpris. Il avait vu beaucoup de chose dans sa non-vie... Mais là... C'était impressionnant.

Non. Je ne sais pas exactement ce qui se passe. Mais cette chaleur et cette végétation...

Des aboiements le sortirent de sa réflexion. Une meute de chiens sauvages les chargeaient, mû par une étrange excitation, qu'on aurait presque pu qualifier de surnaturelle.

Étonnant. Ce sont des charognards, jamais ils ne s'attaqueraient à un dragon. Décidément les choses ont bien changés.

Dégainant son épée, il ajouta d'une voix où le sarcasme se mêlait à l'acier.

Heureusement que certaines choses ne changent jamais.

Et lorsqu'ils arrivèrent, la gueule pleine de bave et sautant sur eux, Sophia trancha dans le vif. Indifférente et mortelle.

L'atterrissage ce fit sur quelques mètres sur un sol herbeux, doux tapis, qui atténua la rudesse du choc des écailles contre la terre. Isyndar avait tenté de protéger son lié en se laissant glisser sur le côté ailes collées contre son corps pour ne pas se blesser la fine membrane. Mais ce n'était sans se raper le côté. La dragonne se durcit pour protéger et son petit et son dragonnier. Les deux plus belles choses de sa vie. Rageant et pestant intérieurement, elle laissa son lié le soin de se dépatouiller des harnais de sa selle et sauter à terre, afin de se redresser ensuite et d'étendre ses ailes un peu endolorie par leurs périples. Grognant et se secouant, elle répondit avec douceur à son lié, cherchant à oublier la vexation d'une telle arrivée sur terre. Depuis quand un dragon atterrissait comme une pierre propulsée par les machines de bois alayennes.

« -Les ailes froissées mais plus peur que de mal, je suis désolée, je n'ai pu faire mieux. Mais que Diable s'est-il passé ? D'où est-elle sortie ? Je ne l'ai pas vu venir et à peine sentie. Même s'il flotte dans l'air une étrangeté. »

Elle ne saurait dire quoi, elle le sentait au plus profond de ses écailles. Un quelque chose d'à peine palpable mais de puissant. Isyndar ne saurait se l'expliquer mais la magie en elle se sentait vriller étrangement. Une explication ? Peut être pour le moment, le couple avait un bien autre soucis.

« -Il fait nuit et presque si chaud qu'au soleil, pourtant le vent frais de la nuit jouait dans mes écailles il y a peu. Roëric, c'est quoi ce bruit ?»

Un mélange de grognement rauque accompagné de cris stridents accourant vers eux.

« -Et des charognards ici ? Nous ne sommes plus dans l'est et les marécages ni le désert. Je n'ai pas volé si loin. Du moins, je ne le pense pas. »

La dragonne était un peu déboussolée. Une tornade des charognards, la chaleur, il y avait de quoi perdre le nord. Son lié sortait son épée pour parer à l'attaque des bêtes grognant sur eux, dans un jappement qui fendait le silence de la nuit.

« -Vantard !! »

Mais il pouvait, ce n'était pas quelques charognards qui semblaient faire peur au maître lame. Enfin Isyndar restait vigilante, il fallait mieux se méfier. Tout semblait ne pas tourner rond.

« -Si tu as besoin d'aide, je pense qu'un peu de souffle draconique pourrait leur rappeler pourquoi d'habitude, ils ne s'attaquent pas à un dragon. »

Redressant sa tête pour se grandir et montrer son imposante stature. Puis un brin ironique, voir taquine, après tout un peu d'humour en ces moments rien de tel pour se détendre.

« -Sauf si tu veux jouer aux sauveurs. C'est vrai que je suis en avance à ce niveau. »

Et de quelques points de plus. La dragonne grise tourna sa tête vers lui en clignant des yeux pour se moquer de lui, avant de s'interroger et de lui demander avec inquiétude, avant de gronder et de foncer sur une des bestioles qui semblait plus maline et hargneuse que les autres.

« -Tu crois que ce sont les cadavres de la guerre qui les ont fait venir ? Ou ce temps ? »

Curieux changements. Comme si le continent n'avait pas suffisamment de problèmes : entre les fanatiques alayiens, les ambitions démesurées de Lorenz Wintel, et les dragons qui tombaient comme des mouches... Déjà qu'ils n'étaient pas bien nombreux. Enfin bref, il fallait s'adapter pour survivre, voilà tout. Quelque chose que le vampire comprenait d'instinct, cela faisait partie des prérogatives d'un prédateur. D'ailleurs Isyndar n'était sûrement pas en reste dans le domaine.

Tu n'as pas à t'excuser, nous sommes en vie, c'est le principal. Quant à ce qui s'est passé... Soit c'est un phénomène localisé, auquel cas plus vite nous quitterons le zone, plus vite nous pourrons reprendre nos affaires. Soit c'est global. Ce qui sous-entend une véritable catastrophe. Il nous faudra découvrir le "qui", le "comment" et le "pourquoi".

A ce sujet, Shaynar était lié, enfin presque-lié avec le chef des chanteurs. Merithyn quelque chose. Celui-ci aurait probablement des informations à leur donner. Ainsi ils feraient une pierre deux coups. Quoiqu'il en soit ils devaient d'abord recueillir des informations sur place, puis reprendre leur route vers Althaïa. Ainsi ils auraient une monnaie d'échange, dans le cas où cela soit nécessaire pour obtenir ce qu'ils voulaient. Tout en transmettant ses pensées à sa dragonne, il lui répondit.

Je ne pense pas que cela compte. Ils ont l'air... étrangement excités. Ce n'est pas vraiment de la faim... C'est autre chose.

Le combat était inégal. Charognard ou pas, meute ou non, ils ne faisaient clairement pas le poids contre le Maître-Lame. Il faisait nuit, et le vampire n'avait aucun mal à se débarrasser de bestioles qui avaient perdu tout bon sens. Devant la remarque taquine de sa liée, il répondit en haussant les épaules d'un air faussement modeste.

Je ne vois pas pourquoi je mentirai simplement pour que les autres se sentent mieux dans leur peau. Je suis le meilleur voilà tout.

Sa propre phrase lui arracha un sourire amusé. Mais la suite du discours de la dragonne le fit tout de suite revenir à des sentiments plus contrit.

Hum... Euh... Je ne vois pas du tout de quoi tu parles... Et pour ta gouverne, je maîtrisais parfaitement la situation ! Certes, j'ai passé quelques jours dans un cachot, mais de toute manière, je n'avais plus d'argent pour me payer l'auberge !

Devant tant de mauvaise foi, il fut bien content qu'Isyndar aborde un autre sujet.

Ni l'un ni l'autre à mon avis. Ils semblent devenus aussi fou furieux que ces alayiens.

Le combat arrivait à son terme, mais Roëric n'avait pas envie qu'il se termine. Si ces bêtes étaient devenu folles, peut-être bien que c'était contagieux, car il frappait de plus en plus fort, et perdait le contrôle de ses gestes. Ce qui était d'autant plus frustrant qu'il sentait grandir en lui comme un besoin de tout contrôler... Il découpa son dernier adversaire en deux. Littéralement. Mais le coup porté était très mal dosé et Sophia alla se ficher dans le sol, ce qui provoqua le déséquilibre du vampire qui tomba en avant, se prenant le pommeau dans la figure.

Un cri de douleur lui échappa et il reprit ses esprits. Assis à même le sol, se frictionnant le visage, il arborait un air boudeur, sa fierté en ayant prit un coup. A l'intention d'Isyndar, il annonça sèchement, penaud.

Je ne veux rien entendre. Il ne s'est rien passé.

Oui ils étaient en vie et c'était grâce à sa grande maîtrise des airs et de ses ailes. Une chance pour eux que la petite dragonne de l'ombre plutôt légère eut voler de long en travers à la recherche d'un Maître ayant la bougeotte, cela lui avait au moins permis d'apprendre à maîtrise comme il se devait son élément et ses réactions face au danger.
Il n'en restait pas moins des questions qui lui trottaient dans son esprit pas à l'aise quand à l’atmosphère devenu soudain bien plus étrange.

« -Le qui et le pourquoi ? Les alayens ? Pour nous tuer, duo de magie à l'état pure ! Et un bon coup de vent pour nous rabattre au sol me paraît assez judicieux.
Sinon, as-tu déjà vu des tornades par ici ? Et des hyènes ? A une autre époque. Quand tu étais bien plus jeune ? »

Non pas qu'elle souhaitait le traiter de vieux vampire mais son lié devait bien avoir vu de nombreux changement, et celui de la météo, aussi soudain, n'était pas à négliger. Comme des hyènes non affamées.

« -Et cet autre chose c'est nous. Notre chair. Ils sont mal tombés. Un vampire à la chair plus très fraîche et une dragonne à la peau plus rude qu'une vieille carne. »

Preuve que ça ne tournait pas rond !

« -Et si c'est le goût de l'aventure, là encore ils ont tout faux. Au moins, on pourra confirmer que les hyènes ne sont pas bien malines et intelligentes. »

Ayant pourtant un grand respect de la nature et de sa faune, là il fallait souligner la bêtise de ces animaux. Tenter de percer avec leurs crocs son armure d'écailles étaient bien plus que de la stupidité.
Heureusement la fausse modestie de son lié la sortie de son questionnement. Préférant revenir aux mots du Maître lame, Isyndar lui envoya un sentiment de douce taquinerie.

« -Le meilleur et le plus modeste mon dragonnier. Mais il est vrai que tu sais manier l'épée comme personne. »

La dragonne se drapa d'un brin d'arrogance et se redressa.

« -Mais promis j'emporterai ce secret dans mon esprit ancestral cher maître lame. Mais je ne promets rien quand à la non diffusion de cette information pour les nouvelles générations. »

La dragonne de l'ombre baissa la tête vers son lié :

«-As-tu besoin d'aide pour te relever ou tu peux y parvenir seul ? »

Avant de la redresser, apparemment elle serait inutile pour l'aider.

« -Tu sais il était inutile d'épater la galerie. Je te suis déjà toute acquise mon lié. »

Isyndar regarda autour d'elle avant de se rapprocher de son lié.

« -Par contre ne traînons pas ici. Ce lieu ne me dit rien qui vaille. Si d'autres bêtes reviennent et que je dois te revoir me danser ta chute, je risque de ne pouvoir me retenir de rire. Mais peut être te mets-tu à la danse ? Cela peut tout aussi bien faire fuir les hyènes. »

Lui glissant son inquiétude, Isyndar ne se sentait pas à sa place en ce lieu.

« -Roëric, je sens quelque chose. Ça ne doit pas être que le temps et la météo. Allons-y ! Allons à Aigue peut être sauront-ils quelque chose. Il y a dans l'air une chose à peine palpable qui a fait changer bien des choses. Je le sens. »

Et ce n'était rien de bon, Isyndar le sentait au plus profond de ses écailles. Et il ne valait mieux pas rester une seconde de plus ici. Ça plus le fait que son dragonnier avait la tendance à attirer les ennuis déjà sans ce sentiment, mais là, avec une chaleur de désert et des animaux un peu enragés, suffisamment pour s'attaquer à un dragon, le pire serait à venir. Pire qu'une chute en panache avec une arme entre les mains.

Hum, les alayiens ? C'était possible, après tout. Ils ne semblaient guère porter les dragons dans leur cœur. Néanmoins toute cette situation empestait la magie à plein nez. N'étant pas expert en la matière, l'épéiste ne voulait pas sauter aux conclusions, mais toute cette histoire lui évoquait plus un surplus de magie que le contraire. et ils voyaient mal les fanatiques user de cela, même pour abattre leurs pires ennemis.

Non, je n'ai vu ni l'un ni l'autre dans le coin, mais il est vrai que ma mémoire n'est pas des plus fiable. Quoiqu'il en soit, nous sommes condamnés aux supputations si nous ne trouvons pas quelqu'un à qui poser des questions. Un expert dans ce domaine.

Y avait-il seulement des experts en catastrophes surnaturelles fichant les chocottes ? Le vampire pouffa devant la remarque de sa liée. Oui, il n'était plus de la première fraîcheur, et il faudrait se lever tôt avant de se débarrasser des écailles d'un dragon et d'atteindre sa chair. Sans compter que se nourrir de l'un de ces êtres magiques était probablement le meilleur moyen de finir maudit, un peu à la manière du Prince Noir.

Elles agissent contre leur nature et leurs intérêts. C'est là le plus inquiétant. Tout l'équilibre découle du cycle de prédation. Sans cela, certaines espèces prospèreront sans être jugulés et se propageront dans des lieux où elles n'ont pas leur place. A l'inverse d'autres espèces disparaîtront, nourrissant ainsi un cercle vicieux qui risque de tout chambouler.

Enfin, inutile de dramatiser avant d'en savoir plus. Après tout, il ne s'agit peut-être que de quelques hyènes plus stupides que la moyenne.

Percevant les sentiments de sa lié, le vampire afficha un réel sourire, avant de lui renvoyer une bouffé d'affection. C'était ce qu'il préférait dans ce lien. Pas la peine de se casser la tête pour essayer de comprendre les sentiments de l'autre. Ils le ressentaient. Et c'était sacrément pratique.

Roëric Alokor se releva, toujours un brin boudeur, mais finalement amusé que sa liée le prenne avec humour.

J'y arriverai tout seul, merci.

Rengainant son arme, il décida de faire comme si tout cela n'avait jamais eut lieu. Pour une fois qu'avoir une mémoire en carton le servirait, il n'allait pas s'en priver.

Un sentiment partagé.

Certes, il était aussi lié par un serment de vassalité envers Kylian. Mais apparemment celui-ci, et Isyndar semblaient considérer que ce n'était là que de l'amitié. Ils n'y connaissaient rien, bien sûr, plus personne en se souciait de l'honneur de nos jours. N'empêche que cela permettait à l'épéiste de placer la dragonne en tête de liste de ses priorités et ce, sans pour autant violer la parole donnée à son maître.

Gnagnagna …

Il dansait très bien d'ailleurs. N'avait-il pas été noble dans sa première vie ? Isyndar était juste jalouse, voilà tout. Tout à sa mauvaise foi, il ne perçut pas immédiatement l'inquiétude de la dragonne. Lorsque ce fut chose faite, il recentra ses pensées sur ce qui comptait vraiment.

Très bien, si tu le dis, allons-y. Ils auront sûrement des réponses.

Toute rébellion digne de ce nom devait avoir un service de renseignement. Roëric monta donc sur sa liée, qui reprit sa route, quoique plus prudemment.


hrp : on clos ici et on reprend un rp à aigue ?