Une sale journée pourrait on dire en sachant les événements qui se déroulaient dans tout le continent. Des séismes, des tsunamis, des tornades, la canicule etc... En résumé ses informateur au ministère de l'information rien qu'en une seule nuit, matinée étaient arrivés à faire crouler son bureau sous la pile des mauvaises nouvelles. Crissolorio avait de plus appris soit disant que certaines personnes se comportaient de façon différentes depuis la nuit dernière d'ailleurs. Certains hommes agressaient des gens sans raisons, d'autres devenaient maniaques, ou encore juste des tics, et des comportements dérangeants inquiétants qui semblent se généralisaient inexplicablement.

Rien que ce matin Crissolorio avait entendu dire qu'une femme de la noblesse assez méchante envers les hommes, mais rien de plus au final s'était amusée à écorcher de façon sauvage, et froide un homme de la populace sans raison apparente. Bien entendu ce genre d'accident n'arrive pas tous les jours, et s'avèrent bien gênant pour la noblesse surtout quand cette femme la fait en pleine rue de façon froide devant tout le monde. Le Grand Trésorier appréciait intérieurement en temps normal de voir la classe haute se faire tourner en ridicule, mais là c'était vraiment effrayant surtout qu'il abhorrait la violence... Lui-même d'ailleurs ne savait pas ce qui se passait, mais il avait un mal de chien à adresser la parole à qui que ce soit, et n'arrêtait pas de s'intéresser à des affaires insignifiantes voir gênantes sans raison valables...

Bon les gens l'avaient remarqués, mais son changement de comportement à lui n'était pas préoccupants par rapport à celui de certains, et de toute façon Crissolorio lui-même ne s'en serait pas aperçu si l'un de ses rares alliés noble n'était pas venu en début de matinée lui en faire la remarque... Ce dernier qui était à cran avait dit que le trésorier n'était pas vraiment des plus bavards habituellement, mais que là c'était étonnant même pour lui... Pour la curiosité, et bien disons qu'il s'en était aperçu lui-même quand il s'était mis à s'intéresser inexplicablement à une affaire assez étrange, et gênante entre un garde, et un noble alors que normalement il n'en aurait rien eu à faire avant... A la limite il aurait été tenté de se dire que c'était sans doute la fin du stress avec ce qui était en train de se passer actuellement, mais le fait qu'une changement de comportement arrive soudainement à autant de gens était bien trop gros pour que Crissolorio n'y voit pas là une sorte de lien entre-elles. Dans tout les cas le ministre ferait en sorte d'obtenir le plus d'informations possible sur cette histoire s'il le pouvait car tout ceci était bien trop grave qu'il ne le mette pas dans ses priorités...

Mais aujourd'hui ce n'était pas vraiment tout cela qui l'intéressait... L'un des gardes du corps de son fils Orion était venu le demander en urgence, et même si Crissolorio aurait volontiers envoyer facilement balader quiconque aujourd'hui car il n'avait pas envie de parler avec qui ce soit il avait accepté, et il appris donc que le garde du corps était venu pour lui dire que son fils qui était en train de venir à Gloria pour y faire quelques affaires avait été enlevé par des rebelles il y a peu. Crissolorio avait grincé des dents en se rendant de un compte que la chair de sa chair, le sang de son sang était menacé, et aussi car il savait que les rebelles vicieux comme ils sont vont sans doute demander une belle rançon au Grand Trésorier. Ce dernier payerait bien entendy pour son fils car il l'aimait en tant que père, mais l'avare qu'il est aurait cent fois préféré s'arracher lentement un ongle avec une pince plutôt que de payer une rançon qui serait sans doute exorbitante. Heureusement que ce garde du corps était arrivé à échapper aux rebelles du coup Crissolorio avait appris quel était l'endroit où s'était fait enlevé son fils hier, et il savait que les événements de la veille, et d'aujourd'hui avaient du convaincre les renégats de ne pas bouger, et d'aller se réfugier dans le village le plus proche en attendant que ça se tasse... Ne reste plus donc qu'a intervenir au plus vite!

Crissolorio avait presque envie de penser un court instant qu'au moins ils y avait des avantages même dans les catastrophes climatiques, mis bon il préférait ne pas le faire car il n'avait pas vraiment envie de prendre du bon côté un événement qui avait du coûter la vie à déjà plusieurs dizaines de milliers de personnes... Par contre ce qu'il savait c'est qu'il aurait sans doute besoin d'aide pour sauver son fils, et il connaissait quelqu'un qui pourrait l'aider, sans qu'il ait à payer la moindre pièce d'or au passage...

C'est donc tout naturellement que le Grand Trésorier traversa la palais impérial assez inquiet intérieurement pour aller à la rencontre d'Aaron Dessay qui était comme à son habitude situer dans les alentours proche de l'empereur... Crissolorio une fois arrivé près de l'homme eu l'idée d'abandonner, et de passer devant lui comme si de rien n'était car il n'osait pas parler au chef lame noire de façon inexplicable, mais le fait que son fils était en danger, et que le temps pressait convainquit Crissolorio de prendre son courage à deux mains malgré ce que lui disait une petite vois dans tête, et c'est donc calmement que le bourgeois aborda le chef des lames noires...

Salutations Aaron Dessay comment allez vous?

N'ayant aucune envie de faire tarder la conversation plus que de nécessaire, et inhabituellement gêner de voir que d'autres lames noires les observaient en train de parler Crissolorio demanda d'un ton neutre au chef des lames noires...

J'aimerai vous parlez seul à seul si vous me le permettez... J'ai à vous faire part d'une affaire.

Le palais était en effervescence depuis le matin, ou plutôt depuis le milieu de nuit car nul n'avait hésité à venir réveiller le roi et toute la noblesse de la région lorsque les bruits des différentes catastrophes s'abattant presque simultanément sur le continent s'était répandu. Il fallait dire qu'il y avait là quelque chose d'extraordinaire... De toute sa vie Aaron n'avait jamais rien vu de semblable, il voulait bien croire à la malchance et même éventuellement à quelques coïncidences mais là il ne fallait quand même pas exagérer !

Il n'était pas de garde en ce moment, mais vu les circonstances il avait jugé judicieux de se rendre auprès du roi. Il veillait sur la porte de son bureau à présent aux côtés de ses lames, repoussant tout ceux qui prétendaient obtenir une audience en urgence et qui n'avaient d'autre choix que de repartir dépités. Comme si Fabius avait le temps de gérer tout ce monde avec tout ce qui se passait... Les gens ne réfléchissaient décidément pas, ou alors avec leurs pieds...

Son humeur et celle de ses hommes prenait une sale tournure à mesure qu'ils devaient bloquer les importuns, et les éclats de voix qu'ils entendaient derrière eux n'aidaient pas. Mauvaise journée qu celle-ci, et quelle chaleur atroce ! Ils suaient à grosses gouttes dans leurs armures et les uns comme les autres auraient donné très cher pour une bonne boisson fraîche. Pas question néanmoins de déserter leur poste, Aaron le pouvait techniquement mais il n'en avait évidemment pas la moindre intention et il faisait bien vu qu'un nouvel arrivant se profilait au bout du couloir ! Sourcils froncés, il le regarda approcher avec agacement dans l'attente du moment où il lui répondrait poliment que "non, le roi ne pouvait pas le recevoir " et que "non ce n'était pas négociable". La politesse était importante dans son poste, mais au moins pourrait-il faire preuve de fermeté si l'autre insistait, ça lui permettrait de se passer les nerfs un minimum, il en avait bien besoin.

Il en fut pour ses frais néanmoins même si la question lui donna envie de lui grogner en plein visage. Par chance ses longues années d'expérience en tant que garde royal lui avait apprit à rester aussi courtois que possible en toutes circonstances et il se contenta de répondre, le visage ruisselant :

"Cela va chaudement..."

Beaucoup trop chaudement même. Il faudrait qu'il fasse le tour du palais pour vérifier que ses hommes tenaient le choc. C'était tous des gaillards et des femmes solides mais tout de même, cela faisait longtemps qu'ils n'avaient pas fait face à une telle canicule... Il réduirait peut-être les temps de garde. Il était dur, mais il ne tenait quand même pas à en faire mourir un ou deux de deshydratation. Oui, il ferait ça tout à l'heure. En attendant il revint à l'homme qui lui faisait face et qui bizarrement n'avait pas encore demandé l'autorisation de passer. Mieux valait le rembarrer tout de suite et lui faire comprendre que malgré la place de choix qu'il avait auprès du roi, il ne pourrait pas être reçu aujourd'hui. Aaron ouvrait déjà la bouche en ce sens lorsque l'autre le devança et lui démontra qu'il faisait fausse route. Seul à seul ? Est-ce qu'il voulait parler de la dette que l'ombre avait contractée ? Si c'était le cas alors c'était parfaitement inutile... Il avait la ferme intention de la rembourser même si il ne pouvait pas le faire d'un seul coup. Dans le doute il accepta tout de même de l'écouter, se tournant vers ses hommes avant cela :

"Les consignes restent les mêmes, personne n'entre. Je vous ferais relever une demi heure plus tôt afin que vous puissiez vous rafraîchir."

Une lueur de soulagement passa dans leurs prunelles tandis qu'ils saluaient leur supérieur. Rangeant cette tâche à accomplir dans un coin de son esprit, Aaron emboîta le pas du trésorier et ils s'arrêtèrent tout deux lorsqu'ils arrivèrent à un couloir désert. Complétement trempé, le commandant en profita pour retirer son casque et se passer la main sur le front en interrogeant son vis à vis du regard et en choisissant de prendre l'initiative de sa voix ferme :

"De quelle affaire souhaitez vous me parler ? Je ne m'intéresse ni aux comptes ni véritablement à la politique vous savez..."

Enfin pas plus que ce qui lui était utile pour bien faire son travail...

L'ombre du roi lui répondit que cela allait chaudement. Il y avait sans doute un double sens là-dedans pour dire qu'il allait bien, ou plutôt moyennement bien, et il avait utilisé le mot chaudement pour décrire le fait que comme pour tout le monde ici la chaleur ambiante commençait vraiment à devenir pénible. C'est sûr que peu de personnes apprécient une bonne canicule surtout deux vieillard comme le Grand Trésorier, et l'ombre du roi. Bon au moins le chef des lames noires avait pour lui l'argument de se forme physique plutôt excellente à son âge, mais ça se voyait qu'il avait chaud rien qu'a l'odeur de transpiration qui se faisait insistante...

Crissolorio lui avait eu la bonne idée de mettre son manteau de brume qui avait au moins l'avantage de le tenir au frais au moins au point de ne pas mourir de chaud. Comme quoi cela avait été une bonne idée d'acheter ce vêtement même si cela avait coûté relativement cher. En tout cas pour un grand économe comme lui. A croire que c'était le destin. Il fallait qu'il y ait plein de catastrophes climatiques peu après que son fils ce soit fait enlevé. Bon après c'était entièrement gérable... Il pensait déjà au passage au coûts qu'engendreraient toute les destructions provoqués par les catastrophes sur la Grande Trésorerie... Quelle poisse!

D'ailleurs cela ne l'étonnait pas de trouver le chef des lames noires près du roi même en dehors de ses horaires car après tout cet Aaron Dessay était un pur fanatique entièrement dévoué à la protection de l'empereur. Il était donc logique qu'avec tout ce qui se passait il soit à cran... Personnellement le Grand Trésorier n'avait rien contre car il respectait le professionnalisme de cet hommes donc bon...

Néanmoins il nota que le fait que l'homme lui répondit au lieu de lui intimer immédiatement de s'en allez était déjà un bon point. Il faudrait peut-être essayer ensuite de lui faire la proposition, mais d'abord essayer d'avoir le chef des lames noires seul à seul car bon Crissolorio était déjà inhabituellement gêné de parler à une seule personne, alors autant essayer de ne pas rester planter là avec plusieurs lames noires qui l'observaient d'un œil méfiant, et curieux pour certains... D'habitude il ne sentait vraiment pas comme cela, et il avait presque envie de dire à Aaron Dessay que ce n'était rien, et qu'il repasserait plus tard en attendant que ça aille mieux, mais il fallait bien qu'il prenne son courage en main. Quoi de plus misérable qu'un père qui abandonne son fils juste parce qu'il n'a pas eu le courage de parler à quelqu'un. C'est le genre de chose qui ne s'est jamais vu, et le Grand Trésorier lui-même ne pouvait pas concevoir ce genre de scénario ridicule, et honteux. De plus cela ne lui coûtait rien d'essayer se dit-il donc autant le faire.

Il fit donc sa demande, et la réponse du lame noire confirma d'une certaine façon que ce dernier acceptait de le voir en privé. Ce qui n'était pas plus mal, et arriva à soulager, et inquiétait le Grand Trésorier à la fois sans qu'il en montre nul signe.

Inquiet car il n'avait pas vraiment l'envie de converser avec Aaron Dessay, et soulager car au moins il pourrait obtenir de l'aide pour son fils s'il arrivait par des moyens détournés à convaincre le chef des lames noires de lui venir en aide. Ce dernier ne viendrait sans doute pas l'aider seulement pour sauver son fils, mais vu que c'est des rebelles qui ont enlevés l'enfant du Grand Trésorier il y a peu être un moyen indirecte de convaincre Aaron de l'aider surtout qu'il avait appris par l'empereur qu'elle était la nature de la dette qu'avait contracté Aaron, et que ce dernier voulait absolument rembourser... Il prit donc la parole d'un ton maîtrisé, et calme en tâchant de convaincre la lame noire.

Ne vous inquiétez pas messire Dessay. Cela n'a rien à voir ni avec la politique, ni avec les comptes, ni avec vôtre dette. Enfin si pour ce dernier point, mais pas de la façon dont vous croyez...

Il laissa un court instant de silence s'installer pour chercher ses mots avant de continuer d'un ton calme, et maîtrisé.

J'ai entendu dire que l'empereur pour que vôtre dette soit considérée comme remboursée désire que vous capturiez le double de rebelle qu'il a libéré pour vous récupérez. J'aimerai vous aidez en ce sens, et d'une façon qui pourrait concourir au bien de l'empire qui plus est.

Il laissa l'homme réfléchir un peu à ses mots avant de continuer de façon neutre.

J'ai appris il y a peu qu'un groupe de rebelle installer dans un village proche de la capitale s'amusait à récolter des renseignements, assister les rebelles installer à Gloria, faire rentrer des informateurs, et même kidnapper les proches de certains officier de l'armé pour leurs faire du chantage. J'ai donc fait débuter des recherches pour les débusquer...

Il laissa s'installer un court moment de silence pour s'assurer que son interlocuteur arrive à suivre la conversation avant d'enchaîner calmement.

J'ai appris où se trouvent ces rebelles ce matin même, et aussi que ces derniers allaient bientôt pliait bagage. Je ne sais pas ce qu'ils ont manigancer, mais à mon avis il est venu le moment de mettre fin à leurs petites pratiques au plus vite avant qu'ils ne disparaissent dans la nature, et comme j'ai penser que cela vous arrangerait de venir les arrêter, et vu que si je vais les arrêter avec trop d'homme je me ferai remarquer je suis donc venu vous demander vôtre aide à vous car vous êtes un guerrier d'exception, et qu'il vaut mieux y allait en petit groupe avec des soldats d'élites pour éviter tout dommage collatéral. Ce serait regrettable après tout que les rebelles prennent des civils en otage, ou s'enfuit en voyant un petit bataillon se ramener...

Il acheva ensuite calmement...

Cela vous intéresse-t-il messire Dessay?

Le trésorier n'avait pas l'air dans son assiette, il hésitait à parler et semblé plus gêné qu'à son habitude. Que lui arrivait-il ? Ce qu'il avait à dire était donc si délicat ? Aaron ne pu s'empêcher de hausser les sourcils à cette idée, un peu inquiet tout à coup. Allons bon, qu'allait-il bien pouvoir lui sortir ? Il accouchait oui ou non ? C'est qu'il n'avait pas l'éternité devant lui ! Et puis il faisait toujours aussi chaud malgré qu'il avait retiré son casque... Il rêvait d'une goulée d'air frais, mais c'était une denrée décidément difficile à trouver aujourd'hui. Il soupira à cette pensée puis reporta son attention sur le dignitaire qui se décidait enfin à parler. Un lien avec sa dette alors hein ? Il se renfrognait déjà même si l'autre avait ajouté que ce n'était pas de la façon dont il pensait. De quelle façon alors hein ? Avait-on idée de tourner autour du pot comme cela ! Il décrochait déjà de cette conversation ennuyeuse quand le mot rebelle lui fit dresser l'oreille. Comment le trésorier savait-il cela ? La conversation avec l'empereur avait été intime... Mais Aaron travaillait au palais depuis assez longtemps que le mot intimité n'existait pas vraiment en un tel endroit. Les murs avaient des oreilles, et quand ce n'était pas les murs alors c'était les centaines de serviteurs dissimulés dans tous les coins. Enfin bref, c'était sans importance. Que lui racontait-il donc avec ses rebelles ? Le bien de l'empire ? Ne le servait-il pas déjà en veillant sur leur souverain ?

C'était pourtant bien vrai que l'ordre de capturer des rebelles lui avait été donné. Il ne pouvait donc pas se désintéresser tout simplement de la conversation, pas sans désobéir, ce qui ne pouvait même pas lui venir à l'esprit. Il écouta donc avec attention sans pouvoir s'empêcher de remarquer que le trésorier "entendait dire" beaucoup de choses. Il devait avoir un réseau d'informateurs assez important, ce qui était bon à savoir. Cette information alla consciencieusement se ranger dans un coin de sa mémoire tandis qu'il se permettait tout de même une remarque :

"Des recherches pour les débusquer ? Vous avez plus de moyens et de contacts que vous ne laissez paraître Ostiz..."

La suite lui fit pencher la tête, parmi tous les soldats du palais c'était lui qu'il venait trouver ? Il refusa le compliment d'un signe sec de la tête :

"Je ne suis pas un guerrier au sens où vous l'entendez, j'ai parfait ma technique pour être un parfait bouclier. Ma tâche est de protéger l'empereur, pas d'aller traquer des criminels."

Il sembla sur le point de refuser pendant un instant, mais il haussa finalement les épaules :

"Néanmoins je ne vois pas de raison de ne pas faire une petite entorse à mes habitudes, d'autant plus que cela m'a été demandé. Je ne suis pas de garde avant demain matin, nous donc donc le temps d'aller jeter un oeil à votre village."

Il prendrait quelques hommes, trois ou quatre sans doute, pas beaucoup plus. Il ne pouvait pas dégarnir ses effectifs en ce moment et ce serait amplement suffisant connaissant la qualité de ses hommes. Mais quelque chose le turlupinait tout de même, il connaissait à connaître un peu le bougre qui lui faisait face et la première chose qu'il avait apprit c'était que cet homme ne faisait jamais rien sans s'assurer que ça lui apporterait quelque chose. Il interrogea donc :

"Que gagnez vous dans cette histoire ? Ne me répondez pas que vous n'y voyez que le bien de l'empire, je ne supporte absolument pas qu'on me prenne pour un imbécile. Espérez vous trouver de l'argent ? Obtenir la reconnaissance du roi ? Vous êtes un bon serviteur Ostiz, mais vous ne me ferez jamais croire que vous ne servez que par pure loyauté."

Et paf, ou comment prouver à l'autre qu'il l'avait parfaitement cerné au premier coup d'oeil. Il avait assez l'habitude de ce genre de petits courtisans à l'évolution plus ou moins fulgurante pour ne pas savoir les repérer à dix lieux après tout. Il attendit qu'on lui réponde, solidement campé sur ses appuis. Une chose était certaine, il ne bougerait pas d'ici avant de savoir ce que le trésorier cherchait exactement.

Il ne savait absolument pas si l'ombre du roi aller accepter sa demander à vrai dire. Pas que Crissolorio doutait vraiment de la fiabilité de ses arguments, mais surtout que le chef des lames noires devait être bien à cran depuis aujourd'hui et surtout depuis la récente tentative de coup d'état à l'anniversaire... Puis il y avait maintenant ces événement étrange qui ne cessaient de se dérouler autour, et qu'il avait pu constater rien qu'hier le soir avec la jeune femme... A croire que le monde se déchaînait contre-eux, mais Crissolorio n'a jamais été le genre d'homme à croire aux hasards, ou aux coïncidences. Si toute ces catastrophes se déroulaient c'est qu'il devait y avoir une cause derrière. Cause est égal à conséquence, et comme on le dit il n'y a pas de fumée sans feu... Mais quelle était cette conséquence? Telle restait la question, et il n'avait pas encore la réponse surtout que dans sa tête les changements de comportements récents sont forcément liés aux catastrophes climatiques. Cela ne pouvait donc qu'être logiquement de nature magique pour atteindre à la fois les esprits des gens, et les éléments, et pas le genre d'événements naturel pour un sou. Nul part après tout dans l'histoire d'Armada l'on parle de ce genre de choses... En espérant que cela ne dure pas avec un peu de chance sinon le Grand Trésorier se ferait un devoir d'enquêter là-dessus. Il était après tout plus que curieux de découvrir la cause de tout cela. y remédier ensuite serait une autre histoire... Et puis bon c'était son métier de savoir depuis qu'il était devenu ministre de l'information... Sans doute que maintenant il aurait plus de travail que jamais avec ce poste au vu de tout ce qui était en train de se passer...

Dans tout les cas le fait qu'Aaron l'écoute avec une grande attention quand il lui confia sa proposition de capturer des rebelles montrait bien que ses propos n'étaient pas tombés dans l'oreille d'un sourd. Fort heureusement! L'idée de prolonger la conversation plus que nécessaire le gênait vraiment étrangement, et ce sentiment en lui-même le gênait! Comment ferait-il si cela continuerait dans les jours qui venait?... Bon sang déjà qu'il avait peur du sang si il se mettait à avoir peur des gens, ou du moins à être gêné en leurs présences cela risquait de lui nuire... L'ombre du roi d'ailleurs lui fit une remarque auquel le Grand Trésorier répondit calmement.

Sa majesté ne vous a t-elle pas informée de ma nomination depuis déjà un petit moment au poste de ministre de la culture, et de l'information en complément de mon poste de Grand Trésorier? Messire Dessay je dispose juste des moyens officiels, et officieux que le roi a mis entre mes mains pour accomplir ma tâche rien de plus rien de moins...

Et puis bon s'il pouvait en profiter pour grappiller de l'influence, et du pouvoir autant ne pas se gêner. Il était à la fois quelqu'un d'ambitieux, et de professionnel. Il voulait bien faire son travail, et à la fois récolter les fruits de son dur labeur quitte à les faire eux-même fructifier si possible. Pensa t-il pendant qu'il écoutait l'ombre du roi parler.

Ah? Il semblerait qu'Aaron veuille refuser la proposition? Ou du moins le contredise en tout cas. Le Grand Trésorier écouta donc avec attention l'ombre du roi en se préparant au passage à encaisser un éventuel refus fort malvenu...

Mais ce n'était pas un refus. L'ombre du roi accepta la proposition comme pour confirmer que Crissolorio avait su trouver les bon mots. Le Conseiller en était grandement satisfait intérieurement, et à la fois soulager car il pourrait bientôt allait venir en aide à son fils...

Je suis ravi d'apprendre cela messire Dessay. Je suis sûr que son altesse sera grandement satisfaite de voir que vous lui ramènerez quelques rebelles... Je propose donc que nous y allons au plus vite après avoir bien entendu fais quelques préparatifs...

Après tout aucune raison de se jeter dans la gueule du loup... Crissolorio ne tenait pas personnellement à être capturé par les rebelles surtout sachant quel sort lui réservait un certain capitaine, et une certaine dame de fer... Il faudrait sans doute qu'il emmène avec lui quelque-uns de ses gardes du corps. Les meilleurs de préférence. Si Dessay était un bon tacticien ce qui est sans doute le cas jusqu'a preuve du contraire il emmènera aussi quelque uns de ses larmes noires car après tout ce serait cocasse que l'ombre du roi se fasse à nouveau capturer par les rebelles peut de temps après sa libération surtout que Crissolorio ne tenait pas spécialement à se faire taper sur les doigts pour cela...

Puis à la demande légitime de la lame noire qui montrait bien que cette dernière avait de la jugeote, ou en tout cas assez pour deviner l'évidence Crissolorio répondit calmement.

Vous m'avez percez à jour Dessay. Pour tout dire oui je comptai me faire bien voir du roi encore une fois après tout ma position dans la cour impérial dépens du bon vouloir de sa majesté, et comme personnellement je n'ai pas envie de passer pour un parasite vivant des faveurs du roi je tiens à me rendre utile pour mériter d'autant plus mon poste actuel de favori à la cour. Et puis au passage personnellement je tiens les rebelles en grippe, et ils me le rendent bien, et je me sentirai donc plus en sécurité quand ils auront disparu des alentours de la capitale...Sinon si son altesse tient à nous récompenser pour ce service que nous allons lui rendre je ne dirai pas non messire Aaron...

Il regarda ensuite si la lame noire se satisfaisait de sa réponse, ou pas car après tout il pouvait être aussi probable, et cela il ne l'espérait vraiment pas que cette dernière sente le pot au rose... Bon après ce serait étonnant car après tout son discours tenait la route, et puis si on enlevait le fait qu'il voulait sauver son fils on pouvait considérer que c'était la vérité. Il ne mentait donc pas il ne faisait que déformer le vrai... Déjà qu'il était horriblement gêné même s'il arrivait à garder son air de marbre il ne voulait pas vraiment se risquer à se mettre dans une situation encore plus gênante juste parce que le chef des lames noires aurait fais son chipoteur...

cIl haussa les épaules suite à la question. Il entendait énormément de choses en tant que chef de la garde royal mais il n'était pas spécialement intéressé par les différentes nominations qui avaient lieu au sein du palais. Il avait dû en entendre parler oui, sans véritablement s'y intéresser. Juste assez pour faire son travail et pas plus. Il n'avait toujours eu qu'un intérêt tout relatif pour les nombreux fonctionnaires qui gravitaient autour du roi, ne s'intéressant le plus souvent à eux que pour s'assurer de leur loyauté et surtout de leur caractère inoffensif. Pour peu qu'on puisse considérer ces gens là comme inoffensifs d'ailleurs... Ils n'avaient le plus souvent pas de griffes et de crocs, mais n'en restaient pas moins vénéneux. Celui là n'était certainement pas le dernier, il n'y avait qu'à voir la façon dont il parlait de ses moyens "officieux". Avait-on idée de se rengorger ainsi dès lors que l'on possédait la moindre miette de pouvoir ? Aaron ne comprendrait jamais ce genre de comportement. Enfin, autant passer et se concentrer sur la suite qui promettait justement d'être intéressante. L'autre était heureux de voir qu'il acceptait sa demande, mais répondrait-il à sa question ? Il semblait bien que oui. Bon évidemment ce n'était pas comme si Aaron lui laissait tout à fait le choix... Il n'aurait de toutes façons pas bouger d'un pouce avant de connaître le fin mot de l'histoire.

L'autre en était conscient apparemment et même plus que conscient puisqu'il décida carrément de choisir l'honnêteté ! Aaron s'était attendu à un mensonge doucereux, voir à une pirouette habile comme il avait tant l'habitude d'en voir à la cour mais certainement pas à ce genre de confession. Perplexe bien que pas tout à fait destabilisé, il le couva d'un regard attentif dans l'espoir de parvenir à cerner ses intentions et n'analysa ce qu'il lui disait qu'à retardement. Se faire bien voir du roi hein ? Après tout c'était le cas de quasiment tout le monde à la cour... Lui était bien le seul à l'admettre mais soit... Aussi perturbant que cela puisse paraître, Aaron aimait autant cela. Savoir à quoi s'en tenir c'était toujours plus agréable. Même si ça ne l'empêcherait pas de mépriser souverainement un tel comportement et de surveiller le concerné d'autant plus près. Nul doute qu'il ne réfléchirait pas une seule seconde à retourner sa veste si le vent se mettait à tourner. Détestable cette idée... Les sourcils froncés, il se décida à répondre :

"Ne rêvez pas, je n'irai certainement pas déranger le roi pour lui faire part d'une telle affaire quand bien même il devrait vous ensevelir sous des tonnes d'or pour cela. Et je ne tolérerai pas non plus que vous le dérangiez. Si notre entreprise est un succès, alors vous devrez apprendre à vous contenter du simple goût du travail bien fait."

Et toc. Si cela ne lui suffisait pas et bien tant pis pour lui. Aaron de son côté en serait très largement heureux et c'était bien assez. Bon il ne doutait pas que rusé comme il l'était l'homme allait tout faire pour que ça arrive tout de même aux oreilles du roi par des voies détournées mais il ne serait pas dit qu'il lui avait facilité la tâche, ça non !

Les choses étant claires, ils purent se mettre en route. Après l'avoir prié de patienter quelques temps et s'être entendu répondre que le trésorier avait de toutes façons des choses à faire et des gens à mander de son côté, le commandant se hâta d'aller récupérer le peu d'équipement qui lui manquait, son bouclier de Lame Noire notamment. Puis de faire appeler quatre solides gaillards parmi ses hommes les plus expérimentés. Voilà qui devrait suffire, Ostiz avait dit qu'il fallait éviter un gros détachement qui ne passerait pas inaperçu et il était fort probable qu'il se fasse aussi accompagner de quelques uns de ses hommes. Combien ? Pas trop sans doute pour les raisons citées... Aaron veillerait tout de même à ne pas être trop écrasé par le nombre. Même si chacune de ses lames valaient facilement plusieurs des mercenaires engagés le plus souvent comme gardes du corps des hauts fonctionnaires, il ne fallait pas prendre de risque. Outre le fait qu'il était d'un genre méfiant, il était clair qu'il n'avait de toutes façons absolument aucune confiance en ce garçon là.

Fort heureusement il sembla que le concerné n'avait pas souhaité non plus se faire accompagner de trop d'hommes. Satisfait à ce sujet, le garde d'élite jeta un oeil acéré sur ces combattants potentiels et se contenta d'émettre un grognement semi approbateur en voyant les carrures et la façon dont ils tenaient leurs armes. Bon.. Pas de la graine de champion mais ils ne seraient pas une gêne non plus au moins. Il était temps de se mettre en route.

Ce qu'ils firent aussitôt, enfourchant des chevaux rapides qui les méneraient sans tarder aux alentours du village en question. Ils n'y entrèrent pas en cet équipage néanmoins, préférant mettre pied à terre un peu avant. Arriver avec trompettes et bannières ne seraient sans doute pas une stratégie très efficace... Laissant le soin à l'un de ses hommes de rassembler et d'attacher les chevaux, Aaron revint à Ostiz et désigna le village du menton :

"Que savez vous de ces rebelles ? Avez vous une idée plus précise de leur nombre et d'où ils pourraient se cacher ? Je ne tiens pas spécialement à fouiller chaque mansarde..."

Non pas qu'il se serait vraiment gêné, mais il lui aurait fallu plus d'hommes pour en arriver là sans qu'ils puissent s'échapper par derrière. Il faisait néanmoins confiance aux renseignements de son informateur à ce sujet et n'avait pas jugé utile de s'attendre à une telle option. Il l'observa, attendant sa réponse avec la patience vigilante du soldat aguérit qui sent l'heure du combat arriver...

Cette conversation durait plus qu'il ne l'aurait voulu. Lui qui en temps normal était capable de tenir des heures avec n'importe qui avait au fond le désir d'en finir au plus vite, alors que cela ne faisait même pas trente minutes qu'il conversait avec Dessay. Alors bien entendu on pouvait comprendre qu'il n'était pas très satisfait à l'idée que le chef des lames noires fasse traîner la conversation plus que nécessaire car il était soupçonneux. Bon après il ne faisait que son travail cela Crissolorio le savait bien, mais le conseiller en était quand même gêné finalement... Ce dernier donc écouta les paroles d'Aaron après qu'il ait répondu à ce dernier avant de prononcer d'un ton rigoureux pour en finir enfin.

Faîtes comme bon il vous semblera messire. Se contenta t-il de répondre aux paroles du chef des lames noires qui avait cru utile de lui faire remarquer cela. Crisssolorio à la limite n'en avait pas grand chose à faire car il avait un fils à sauver, et puis il n'avait pas envie de poursuivre cette conversation inutile. Si cet Aaron voulait avoir le dernier mot il l'aurait. Le Grand Trésorier après tout n'en avait a peu près rien à faire pour le moment. Il avait d'autres préoccupations.

De toute façon à la limite Crissolorio pourrait bien trouver un moyen, ou deux d'en informer le roi indirectement s'il le voulait vraiment, mais bon il n'avait aucune envie personnellement d'aller déranger le souverain juste pour cela surtout que ce dernier devait être d'une sale humeur aujourd'hui avec tout ce qui se passe. Puis après tout éviter de voir son fils se faire enlever par des rebelles lui suffisait déjà amplement comme récompense. Et puis le fait que l'ombre du roi ait avalé goulûment cette demie-vérité sans en demander plus était déjà suffisant. Autant ne pas trop exagérer là-dessus si possible... L'autre pourrait finir par se montrer encore plus soupçonneux qu'il ne l'était déjà.

Bien entendu après tout cela, et avant de partir il fallait sa préparer. Crissolorio s'assura donc que le travail serait fait aujourd'hui en déléguant ses tâches, et en remettant le plus important à plus tard. Il vérifia ensuite si tout ses anneaux étaient là car ces derniers pouvaient se révéler utile... Bien entendu il rangea aussi sa matraque en dessous de son manteau ainsi que le Bâton du désir oublié qu'il s'était acheté récemment. En espérant que cet achat se rentabilise pour lui qui n'avait jamais aimé acheter d'objet aussi chère, mais qu'il avait acheté car il n'aurait sans doute pas toujours un garde du corps à portée quand il y aurait un danger donc autant s'y préparer... Une fois tout cela fait, et en espérant sincèrement qu'il n'en ait aucun besoin Crissolorio alla rejoindre Aaron Dessay en prenant soin au passage de prendre quelques gardes du corps avec lui pour remplir la mission...

Il prit seulement quatre mercenaires avec lui pour sa protection, et pour éventuellement fournir assistance au lame noire. Même s'il savait que Aaron n'aurait certainement pas besoin de son aide il ne préférait vraiment pas prendre de risque à ce sujet là, et puis bon Crisssolorio ne tenait pas personnellement à se faire transpercer par un rebelle parce que les lames noires seront occupés par ces derniers. Ces mercenaires sont de bon soldats pas du tout du niveau des lames noires, mais assez pour le protéger lui de la fougue de plusieurs rebelles énervés...

Une fois ces préparatifs fait car ni l'ombre du roi, et le Grand Trésorier n'eurent l'envie de faire remarquer quoi que ce soit ce qui était fort bien. Ils partirent à cheval vers le village concerné à bonne allure puis se préparèrent à entrer dans ce dernier à pied... Mais d'abord comme le fit remarquer le chef des lames noires il fallait parler de certains points de cette mission avant de s'y engager complètement...

Ce qu'il savait de ces rebelles? La question d'Aaron était légitime, et pragmatique du même que sa demande à propos des lieux où se cachent les traîtres. Même si cela aurait quand même amusé Crissolorio de voir l'ombre du roi s'amuser à ouvrir désespérément tout les logis du village en espérant trouver les traîtres le temps presser. Crissolorio voulait sauver son fils au plus vite si possible, ou en tout cas qu'Aaron le sauve même si ce n'est pas le but premier de ce dernier, et il fallait donc essayer d'aider l'ombre du roi pour que cette affaire finisse au plus tôt, et de la meilleure façon possible. Après tout Crissolorio n'avait jamais été un grand amateur de combat, et plus vite ceci sera finit mieux il se portera...

Ce que je sais c'est que ces rebelles se cachent dans une auberge à deux étages. La seule auberge de ce petit village au passage si jamais vous avez un doute... Ils doivent être plus d'une dizaine en tout sinon je pense que vous pouvez donc largement réglez ce petit problème? Même si je vais tâcher de vous fournir assistance...

Il désigna du regard la dît auberge dont seul le bout de la cheminée, et quelques tuiles oranges étaient visible depuis là... Puis Crissolorio réfléchit courtement avant de continuer calmement à l'adresse de l'ombre du roi en arrivant à faire fi de son exaspérante gêne.

Vous ne préféreriez pas que nous établissions un plan avant d'y aller?

Après tout la tactique de base qui consistait à rentrer dans l'auberge, et à cogner tout le monde jusqu'a ce qu'ils se rendent pouvait peut-être être efficace, mais Crissolorio préférait largement éviter les effusions de sang inutile si possible... Et aussi éviter de se jeter dans la gueule du loup...

Je propose donc que vous entriez par devant, et comme il y a d’après ce que je sais une entrée par la cave par laquelle les rebelles pourraient tenter de s'échapper j'y entrerai avec 2 de mes hommes, et en laisserait 2 autres à l'extérieur pour repérer d'éventuels fuyard qui tenteraient de sortir en sautant par les fenêtres du premier étage. Ce plan vous convient-il?

Personnellement il n'avait jamais été un grand tacticien car il ne s'était jamais intéressé tant que cela au déroulement d'un combat. Il préférait laisser ce genre de tâche à des experts comme l'ombre du roi, et si jamais cette dernière avait une idée en tête autant ne pas s'en priver... Aaron avait sans doute des compétences dont ne disposait pas le Grand Trésorier... Puis ce dernier n'avait absolument pas envie de tenir une conversation plus que nécessaire avec Dessay. Si ce dernier avait une idée Crissolorio accepterait sans discuter tant que cela paraissait raisonnable du moins...

Une auberge donc... Le lieu idéal pour un regroupement de malfaiteurs. Et ce ne serait effectivement pas difficile à trouver vu qu'il n'y en avait qu'une seule dans ce tout petit village. Le tout était de parvenir à s'en approcher assez rapidement et discrétement pour ne pas que leurs cibles s'en échappent. Et de l'encercler promptement, ce qu'ils savaient très bien faire. Seraient-ils assez nombreux pour y parvenir et pouvoir surveiller à la fois les portes et les fenêtres ? Oui sans nul doute, elle ne pouvait pas être si grande au vu du nombre d'âmes traversant ce coin paumé. Inutile donc de faire venir d'autres gardes, leur groupe suffirait très bien. D'autant plus qu'Aaron n'avait plus qu'une hâte, en finir avec cette histoire et retourner le plus vite que possible à sa place dans l'ombre du roi. Ou dans l'ombre de sa porte, à défaut. Le principal étant qu'il soit protégé.

Aaron allait ordonner une reconnaissance à l'un des ses hommes mais il semblait que le trésorier connaissait bien les lieux. Il l'écouta donc exposer son plan, l'analysant calmement avant de lui accorder un léger hochement de tête. L'idée lui allait, il aurait été idiot de ne pas s'appuyer sur un homme aussi bien renseigné même si il gardait une certaine méfiance à son encontre. Haussant mentalement les épaules à cette idée, il grogna avec tout de même une certaine lueur rusée dans le regard :

"Allons-y. Mais vous, vous restez avec moi. Deux de vos hommes et l'une de mes lames s'occuperont de la cave."

Il préférait dispatcher les siens un peu partout déjà d'une et il voulait aussi surtout garder l'oeil sur le trésorier. Des fois qu'il aurait une idée derrière la tête bien sur mais aussi pour s'assurer qu'il ne se ferait pas bêtement tuer dans son coin. Le garde royal n'était absolument pas dupe de la mine de son compagnon du moment, celui-ci était tout sauf un guerrier et se montrerait sans doute assez pitoyable avec une épée. Non pas que ça lui ferait une grande peine qu'il se fasse tuer, mais cela ne servirait pas l'empire et cela irait peut-être même jusqu'à indisposer légèrement le roi. Hors de question donc, le fonctionnaire rentrerait en vie. A moins qu'il ne trahisse bien sur, mais là c'était une toute autre histoire.

La traversée du village fut rapide. Il ne s'agissait pas de laisser le temps à d'éventuels complices de prévenir les rebelles. Sachant chacun ce qu'ils avaient à faire, les loyalistes se séparèrent très vite afin de se placer aux endroits qui leur avaient été assignés. L'une des Lames accompagna ainsi deux des gardes du corps du fonctionnaire qui allèrent se placer à la sortie de la cave. Deux des hommes d'Ostiz restèrent bien à veiller les fenêtres et c'est donc accompagné de ses trois dernières Lames et du trésorier qu'Aaron se présenta à la porte. Un signe de tête au plus solide d'entre eux et la porte en question fut quasiment arrachée de ses gonds, leur permettant d'investir les lieux sans tarder, leurs armes à la main. Ils n'étaient apparemment absolument pas attendu puisque le peu de clients présents dans la grande salle dégringolèrent quasiment de leur chaise devant cet assaut. Des clients bien particuliers d'ailleurs, songea l'Ombre en reconnaissant deux visages connus car recherchés pour trahison. Personne d'autre que ces 4 là, pas même d'aubergiste en vue ! Il fallait croire que ce bâtiment n'était en réalité qu'une façade qui servait à la rébellion. Il ordonna sans douceur :

"Déposez vos armes immédiatement."

Bon d'accord, il n'avait pas cru une seule seconde qu'ils obéiraient et il avait eu raison mais au moins leur aurait-il laissé une chance. Il n'avait plus de temps à perdre désormais, le trésorier avait parlé de deux étages et d'une dizaine de rebelles. Quatre en bas, cela signifiait donc qu'il y en avait au minimum six autres en haut et ce n'était jamais facile de prendre un étage d'assaut. Il était bien placé pour savoir qu'un seul homme déterminé pouvait causer bien des ravages à une armée entière pour peu qu'il se tienne dans un escalier, armé d'une bonne épée et d'un bouclier solide. Enfin bref, il gérerait ça un peu plus tard, pour le moment il était fort occupé à recevoir comme il se devait l'homme qui s'essayait à lui transpercer le gosier de son hallebarde. Une mauvaise arme ça, l'hallebard. Fort lourd, fort peu maniable. Sourcillant à cette pensée, il abattit son adversaire en deux mouvements gracieux et pivota à temps pour se retrouver nez à nez avec l'autre rebelle qui avait tenté de se jeter sur le trésorier. Un autre tentait de fuir, poursuivit par l'une des lames. Il serait ramassé à la cave par les hommes qui l'attendaient. Le dernier s'était rendu. Et le sien... Et bien il respirait encore. Peut-être bien qu'il survivrait... Ou pas. Tant pis. L'armure tachée de sang, il se retourna vers Ostiz pour lui parler et fut interrompu par d'autres rebelles qui dévalaient l'escalier. Ah bonne nouvelle, il n'aurait pas besoin d'aller les déloger ! Sauf que... Qui était ce jeune homme qu'il traînait avec eux ? Réprobateur, le commandant serra la mâchoire en fusillant le trésorier du regard :

"Il serait regrettable qu'ils prennent des otages hein ? Et vous allez me faire croire que vous ignoriez qu'ils en possédaient déjà un ?"

A d'autres ! Il était trop bien renseigné pour avoir pu passer à côté d'un détail pareil. Une mine dégouté passa sur le visage presque invisible du garde royal lorsque les rebelles aboyèrent, un poignard sous la gorge du captif :

"Laissez nous passer, ou il meurt !"

Dommage... Fort dommage... Mais ils n'étaient pas du tout tombé sur la bonne personne. Aaron n'était pas du genre à tolérer la moindre tractation avec cette sale engeance. Ses prunelles pâles se teintèrent d'une lueur meurtrière tandis qu'il relevait la visière de son casque afin de dévoiler son identité. Lorsqu'il fut certain d'avoir été reconnu, il assena :

"Si il meurt, vous mourrez."

Il venait de leur voler leur dernier espoir. Nul dans l'empire n'ignorait qu'Aaron Dessay n'avait absolument aucun scrupule à voir mourir un otage si cela servait l'empire. La force même de sa conviction était suffisante pour ébranler n'importe quel adversaire, ces rebelles seraient morts ou arrêtés d'ici ce soir, et l'otage n'entrait pas en ligne de compte. Sans prendre garde aux dangereux tremblements de la main qui tenait le poignard, il s'avança...

Le moment allait bientôt venir pensa Crissolorio. En espérant fermement que son plan allait réussir car après tout quel homme voudrait voir son fils se faire tuer? Aucun pensa le Grand Trésorier même si au fond il aurait préféré prendre cette auberge à l'assaut tout seul avec des mercenaires il savait bien que la plan aurait été très risqué à la fois pour lui, et les mercenaires en plus du fait que les lames noires savaient sans doute mieux comment gérer une bande de malfrat avec le moins de dommages collatéraux possible... De plus Crissolorio n'avait jamais été le plus grand des stratèges militaires, et une dizaines d'hommes en armes normaux n'auraient peux-être pas suffit pour à la fois le protégeait lui, et s'occupait des rebelles... Néanmoins il se demandait si cela était une bonne idée de ne pas avoir prévenu Dessay à propos de son fils... Crissolorio ne le savait pas vraiment, normalement il l'aurait peut-être fait, mais il avait eu la crainte étrangement qu'on lui oppose un vif refus car il y avait un intérêt personnel pour lui là dedans, et avait donc préféré ne pas en faire mention.

Puis ensuite alors que l'ombre du roi allait commencer à faire son travail Crissolorio prudent préféra que l'on discute d'un éventuel plan avant de commencer l'opération, et avança le sien auquel il avait momentanément réfléchit malgré ses faibles compétences dans le domaine militaires... Puis il attendit calmement que Aaron lui donne son avis avant de répondre calmement à la petite rectification de l'ombre du roi...

Nous ferons donc ainsi. Se contenta t-il de dire en sachant fort bien que cela voulait surtout dire que Aaron voulait le tenir à vue. Après tout le lame noir devait se méfier de lui comme de la peste... Néanmoins la gêne, et la prudence du Grand Trésorier convainquirent ce dernier de ne pas négocier plus le plan car après tout ce serait sans doute perdu d'avance avec Dessay, et donc il préférait largement ne pas parler que d'avoir une conversation stérile avec ce dernier...

Puis ensuite de la traversée lorsqu'il pu le faire, et surtout lorsqu'il arriva à surmonter sa gêne qui était encore plus importante maintenant qu'il était entourée de nombreux soldats, et donc de lames noires soupçonneuses... Il dit calmement à voix basse à ses hommes qui maniaient quasiment tous des épées que ce soit à une, ou deux mains...

Je compte sur vous... Ce qui voulait dire qu'il investissait une certaine confiance, et responsabilité en eux aujourd'hui... Mais en même temps il le fallait bien sachant la fougue trop important dont faisait preuve les lames noires. Ce qui ne risquait pas forcément de servir ces intérêts aujourd'hui... En espérant que Aaron ne fasse preuve de trop de zèle non plus même si connaissant ce dernier c'est comme espérer qu'un vampire se mette au régime végétarien... La priorité des mercenaires pour cette mission était l'otage, et lui pas les rebelles contrairement aux lames noires. En espérant que cela ne crée pas d'accident malencontreux au passage...

Il vérifia d'ailleurs pendant la traversée du village si il y avait bien sa mandoline d'Aif, et sa Melodia dans sa sacoche... Il ne savait pas pourquoi, mais il avait la vive impression que cela lui serait sans doute fort utile... Il n'espérait pas à avoir à se défendre lui-même étant un piètre combattant, mais il espérait bien arriver à faire quelque chose pour son fils. Surtout que ce dernier est un otage, et qu'il faudrait vraiment idiot pour ne pas savoir à quoi sert un otage. Otage qui risque d'ailleurs de s'avérer fort utile lorsque les lames noires vont débarquer surtout si ces renégats n'ont aucun scrupule...

Dans tout les cas le petit groupe mit fort peu de temps à arriver à la fameuse auberge, et à se déployer comme il avait été convenu... Crissolorio jeta un regard prudent aux alentours pour voir si éventuellement les rebelles avaient ordonnés à une sentinelle avec une arbalète de surveiller l'auberge depuis le deuxième étage d'un autre bâtiment ce qui aurait été une fort bonne idée d'ailleurs, mais il semblerait que les rebelles ne s'attendaient pas à recevoir de la visite de si tôt, ou bien la sentinelle était bien cachée... Sentiment qui fut d'autant plus confirmé quand les lames noires firent irruption d'une manière fort subtile dans l'auberge... Crissolorio était soulagé de voir qu'au moins leurs venue était une surprise, et lorsque Aaron ordonna aux rebelles de déposer leurs armes Crissolorio tout naturellement fit sa tâche malgré sa gêne, et dit d'un ton autoritaire, et maîtrisé...

Vous êtes en état d'arrestation au nom de l'empire, et de sa majesté Fabius Kohan!

Puis le Grand Trésorier se tut en laissant Aaron, et ses lames noires parler avec leurs lames, et sortirent sans doute des arguments bien plus percutants que l'auraient été les siens... Le conseiller fit donc la chose la plus intelligente qu'il devait faire, il resta le plus possible en retrait même s'il prit quand même la peine de rentrer dans la salle de l'auberge il resta non loin de l'entrée de cette dernière... Et prit aussi soin au passage de ne pas regarder le massacre qu'allait sans doute causer Aaron ici, et ses soldats... Après tout la vue du sang lui était absolument répugnante, alors autant éviter de s'infliger cette vision si possible même si prudent il prit quand même la peine de garder un œil sur les alentours proches car on ne savait jamais. Si l'un de ses rebelles le reconnaissait il risquait gros. D'ailleurs ils devaient sans doute l'avoir reconnu Crissolorio est assez célèbre quand même que ce soit à cause de son ascension fulgurante vantés parmi la bourgeoisie, la mise en avant dont le récompense le souverain le gratifier pour ses bon services, les messes basses que les nobles ne se privent pas de dire derrières son dos, ou bien les couteaux que les manants aigris raffolent d'envoyer planter de temps en temps sur les portraits de sa personne... Oui il était célèbre, mais pas forcément dans le bon sens... Et c'est ce qu'il pensa d'autant plus lorsque Aaron le sauva in-extremis d'un face à face qui aurait sans doute été fort périlleux avec un rebelle... Le Grand Trésorier par prudence écarta un pan de son manteau de brume, et prit en main son bâton des désirs oubliés...

Néanmoins ce ne fut pas nécessaire pensa t-il avec soulagement, et lorsqu'il se retourna vers un Aaron qui semblait le regarder pour une raison, ou une autre, et devant lequel Crissolorio ressentait un dégoût intérieur en voyant le sang sur son armure... Il fut presque soulagé d'ailleurs de ne pas avoir à plus subir cette vision morbide quand il dut se retourner pour voir les derniers rebelles sans doute débarquer par l'escalier, et il fut grandement inquiété intérieurement quand il vit son fils prit en otage avec eyx...

Il entendit ensuite les paroles d'Aaron, et Crissolorio ne su pas quoi répondre pour tout dire... Il était trop concentré sur l'otage, et les rebelles devant lui, et n'avait absolument aucun envie de regarder l'ombre du roi tant que cette dernière n'irait pas nettoyer sa cuirasse... Néanmoins il balbutia à voix basse

Je... Je ne l'ignorai pas... mais je n'était pas sûr que vous m'aideriez si je vous l'avais dit...

Crissolorio voyant la situation, et les menaces des rebelles qui étaient sans doute la promesse d'un destin morbide pour son fils il s'approcha calmement d'une table à sa droite pendant que l'attention de tout le monde était concentré sur l'ombre du roi, et non sur lui... Car qui se méfierait d'un faible vieillard, alors que la lame noire menaçante, et recouverte de sang est un danger bien plus immédiat?

Il sortit calmement Mélodia de sa sacoche. La boîte de musique sombre disposait d'une manivelle, et d'un mécanisme en argent... Crissolorio la posa calmement sur la table en bois pendant qu'Aaron enlever la visière de son casque vit-il d'un œil... Il surveiller l'ombre du roi, et les agissements de ce dernier car on ne savait jamais Dessay pouvait facilement tout gâcher d'un simple acte... D'ailleurs il ne savait pas vraiment si la menace de l'ombre du roi envers les rebelles était une bonne, ou une mauvaise nouvelle pour son fils...

Dans le doute Crissolorio tourna vite la manivelle de Mélodia. Il savait que cette boîte de musique produisait une douce mélodie qui avait le don d'adoucir les tensions dans une pièce fermée... Ce qui était le cas a peu près à part pour le porte arraché de ses gonds. Fichtre ils n'auraient pas pu simplement l'ouvrir au lieu de littéralement la défoncer? Au pire Crissolorio l'aurait déverrouiller avec sa clé de quatre, mais bon au final le mal était fait, et il ferait donc bon gré mal gré avec... En espérant que ce petit détail n’altère pas trop l'effet de la boîte à musique...

Aaron attendez! Dit-il d'un ton inflexible à l'ombre du roi pendant que la boîte à musique commençait à jouer, et à remplir la pièce de sa mélodie... En espérant qu'elle fonctionne un minimum...

Il toussota un peu, prit son courage à deux mains, et sans attendre de voir si Aaron s'arrêtait, ou continuer à avancer vers les rebelles dit calmement, et d'un ton maîtrisé aux renégats...

Rendez-vous messires vous êtes faits! Il n'y a aucun échappatoire pour vous, et les seuls façon pour vôtre petit groupe de sortir d'ici, est soit menottée, ou les deux pieds devants. Je vous enjoints donc à vous montrer raisonnable, et à ne pas tuer l'otage. Obtempérez, et il n'y aura pas d'effusions de sang inutiles. La mort d'un innocent ne servira pas la rébellion bien au contraire. Ce n'est qu'un marchand, pas un politicien, ou un fonctionnaire de l'Empire. Si vous le tuez vous aurez le sang d''un innocent sur les mains, et vous risquez surtout de vous attirer la défaveur populaire qui croira que vôtre mouvement sécessionniste ne vaut pas mieux que ses alliés vampires.

Le rebelle tenant la dague sembla hésiter devant les propos du Grand Trésorier, et se contenta de reculer vers l'escalier en tenant l'otage pendant que l'un de ses amis poursuivit d'un ton menaçant, et sarcastique...

Un innocent? Nous savons que c'est vôtre fils vieux grippe sous! Si nous mourons il mourra avec nous! Avez-vous envie de voir vôtre fils se faire égorger devant vous Grand Trésorier? Ce serait un châtiment idéal d'ailleurs pour la mort de nos amis...

Crissolorio ne put se retenir de laisser transparaître une grimace courtement sur son visage... Voilà! Maintenant Aaron savait pourquoi il était ici, et il ne savait pas comment ce dernier allez réagir. Le Grand Trésorier hautement gênée dit calmement à l'ombre du roi...

Je vous expliquerai plus tard je vous le promet...

Puis il enchaîna calmement envers les rebelles malgré la colère qui commençait à naître intérieurement en lui.

Je n'ai aucune autorité sur les lames noires messires. Néanmoins vous ne gagnerez rien à le tuer à part la mort rendez-vous! Vous dîtes que nous vous voulez venger vos amis, mais est-ce que tuer un innocent est une bonne façon de se venger? Surtout que ce n'est pas moi qui suis responsable de leurs morts, mais eux, et leurs refus d'obtempérer...

Plusieurs rebelles semblaient de plus en plus hésiter dans le groupe. Sans doute que certains tenaient à leurs vie, mais il semblerait que l'un d'entre-eux soit fermement décidé, et mène ses camarades d'une main de fer en plus de ressentir de la haine envers le Grand Trésorier, et l'ombre du roi visiblement.

Pas un pas de plus sinon...

Dit-il sombrement pendant que la mélodie de la boîte à musique magique joua sa dernière note...

La situation était tendue. Bloquée diraient certains, mais Aaron n'était pas cet avis puisque la présence de l'otage ne l'empêcherait nullement de mettre la main sur les rebelles. C'était dommage bien sur de perdre la vie comme ça, mais il n'avait qu'à pas se faire capturer après tout. Est-ce que lui se faisait... Enfin.. Bref. Sa présence était insignifiante et voilà tout. La seule question qu'il se posait là c'était de savoir si il allait étrangler le trésorier avant d'arrêter les malfrats ou après. Comment avait-il pu omettre de lui confier un détail pareil ? Il aurait changé tout son plan ! Et par dessus le marché, pourquoi par le Dracos s'imaginait-il qu'il ne l'aurait pas aidé dans ce cas là ? D'ailleurs il ne lui avait même pas demandé d'aide, il l'avait simplement informé de la présence de rebelles dans le village... En quoi est-ce que cela l'aidait qu'on les arrête ?

Il lui cachait très certainement d'autres choses... L'idée de l'étrangler en premier était donc très tentante, mais les rebelles risqueraient d'en profiter pour s'échapper. Mieux valait s'occuper d'eux en premier et Aaron s'avançait déjà dans cette ferme intention lorsque le fonctionnaire l'arrêta pour sa plus grande irritation. Quoi ? Il osait encore se la ramener en plus ? Ah mais c'est qu'il allait changer d'avis quitte à devoir ensuite courir derrière les rebelles ! Et puis c'était quoi cette musique douce et apaisante ?

Il ne saurait jamais si c'était elle qui l'avait aidé à se maîtriser ou si il avait simplement les nerfs plus solides qu'il ne l'aurait cru mais toujours est-il qu'il s'immobilisa non sans un léger grincement de dents. Le trésorier avait prit la parole, Aaron ne pensait pas vraiment qu'il parviendrait à désamorcer la situation rien qu'avec de la parlotte mais il pouvait le laisser essayer. D'ailleurs il ne se débrouillait pas si mal, il avait réussi à insinuer le doute dans l'esprit de certains ennemis, pas tous hélas. Le meneur continuait de tenir la fermement la baraque et l'ombre ne le quittait plus des yeux. Il l'avait déjà repéré dès le début, entraîné qu'il était à trouver la clé de voute des dispositifs ennemis. Si celui-ci tombait, tout les autres s'écrouleraient. Le problème demeurait l'otage mais puisqu'il avait dit qu'il n'était pas important alors...

Un innocent? Nous savons que c'est vôtre fils vieux grippe sous! Si nous mourons il mourra avec nous! Avez-vous envie de voir vôtre fils se faire égorger devant vous Grand Trésorier? Ce serait un châtiment idéal d'ailleurs pour la mort de nos amis...

Bon... Alors là il allait vraiment finir par exploser. Le roi ne pourrait tout de même pas lui en vouloir d'avoir décollé la tête de son trésorier après un coup pareil, ce serait juste une réaction légitime et naturelle ! Sa voix vibra, dangereusement basse et acérée lorsqu'il exigea confirmation :

"Votre fils ?"

La réponse ne se fit pas attendre. Ou plutôt si, on lui expliquerait plus tard... Il était vrai que ce n'était pas forcément le meilleur moment pour cela, mais la façon dont l'homme s'était joué de lui ne plaisait pas du tout au commandant de la garde royal et il était clair qu'il n'allait pas laisser passer cela sans réagir. La priorité était d'abord de se débarrasser des rebelles, ensuite il égorgerait sans doute le père cachottier. Se désintéressant de l'échange de parole, il avait détourné son attention sur le rebelle qui tenait la dague, cherchant à mesurer l'état de sa volonté. Sa main tremblait de plus en plus, son regard n'était plus aussi déterminé... Bon, c'était du quitte ou double mais de toutes façons que l'otage soit fils d'untel ou d'untel ne changeait rien du tout. Il était temps d'en terminer.

Et on en termina. A l'instant même où la douce mélodie s'éteignit, le son discordant d'une lame en frappant une autre se fit entendre. Aaron s'était jeté en plein dans la garde du meneur du groupe, calculant savamment son coup pour le surprendre et le déséquilibrer suffisament pour qu'il tombe en arrière sous la violence de l'échange. Son dos toucha terre brutalement mais il n'émit pas un son lorsque Fidélité vient se planter droit dans sa poitrine. Comme tétanisés à la fois par la soudaineté de l'attaque et par l'hésitation que le trésorier avait fait naître en eux, les autres rebelles n'avaient quasiment pas bougé. Plusieurs armes tombèrent, annonçant que la plupart se rendaient à l'instant où il relevait la tête pour observer le preneur d'otage terrifié :

"Lâche le, petit. Avant que je ne m'énerve."

L'autorité naturelle du cerf sembla débloquer tout à coup le jeune rebelle qui se décida enfin à relâcher sa prise, déposant sa dague dans la main d'une des lames noires sans paraître vraiment comprendre ce qui lui arrivait. Au final cela ne s'était pas si mal passé... Les hommes ficelèrent les rebelles dans l'intention bien arrêtée de les ramener très vite à Gloria. Aaron prit le temps de surveiller les opérations, laissant le père et le fils échanger dans leur coin avant d'enfin se diriger vers eux juste avant qu'ils ne quittent tous l'auberge. Glacial, il fixa durement le trésorier avant d'assener non sans mépris :

"Priez les Esprits pour que ce genre de situation ne se reproduise pas Ostiz. Parce que si c'est le cas, vous pourriez bien me supplier à genoux de venir à votre aide sans que je ne bouge le petit doigt."

Mâchoire serrée, il se tenait à quelques centimètres de son visage. Il le toisa ainsi pendant quelques instants avant d'enfin se reculer, s'éloignant vers la porte suivit des ses hommes encadrant les prisonniers. Avant d'en passer le seuil, il pointa tout de même son épée vers le trésorier et prévint :

"Je suis magnanime pour cette unique fois. Tentez encore de me manipuler comme vous l'avez fait et je vous enfonce mon épée dans le gosier jusqu'au fondement. Quitte à devoir moi-même dénicher un autre conseiller pour le roi."

Sa menace résonna longuement dans la salle désertée, il ne doutait pas qu'elle serait pris en compte. Il avait la réputation d'un homme très attaché à ses propres promesses...

Bon dans tout les cas Crissolorio se doutait qu'Aaron Dessay ne se priverait sans doute pas de montrer son mécontentement après cela, mais le Grand Trésorier avait après tout d'autres priorités en cet instant que d'essayer de copiner avec le chef des lames noires, et puis au moins c'était un prêté pour un rendu. Pour le lame noir soit disant que le devoir devait passer avant tout y compris soit même, mais pour Crissolorio ce n'était pas aussi simple. Le devoir était important oui, mais si on pouvait en tirer profit autant en profiter surtout que bon... C'était un marché honnête n'est-ce pas? Plusieurs prisonniers rebelles avec un peu de chance pour Aaron, et la vie de son fils pour le conseiller. Oui c'était vraiment un marché très honnête pensa Crissolorio. Le sang de marchand dans ses veines ne pouvait que le confirmer. Dommage que le chef des lames noires ne soient pas connu pour être d'une très grande indulgence, et surtout d'un grand opportunisme. Que cet homme devait manquer de belles opportunités dans sa vie qui ne devait pas manquer d'en donner vu son poste...

D'ailleurs Crissolorio savait qu'au moins il était arrivé à faire hésité les rebelles par ses paroles. Bon le résultat n'est pas aussi probant qu'il l'espérait évidemment, mais bon... Ces soldats étaient bien jeune sans doute de jeunes recrues qui ont encore toute la vie devant elles. Pile le genre de personnes aux nerfs bien moins trempées que de vieux vétéran. Il ne fallait pas être le plus grand des savants pour savoir cela. Néanmoins le chef des rebelles pourrait poser un problème pensa le conseiller... Oui autant laisser le reste de l'affaire à Aaron car là il ne pourrait que faire empirer les choses malheureusement Déjà qu'il se doutait bien que quelqu'un dans cette pièce n'avait pas la réputation d'être d'une patience exemplaire...

Comme il s'y attendait Aaron fonça littéralement sur le chef des rebelles lorsque la mélodie s'était arrêtée. Crissolorio n'aurait pas soupçonner un instant qu'un homme de son âge a peu près puisse faire preuve d'une telle rapidité. Le chef des rebelles en fut fort surpris lui aussi ce qui lui coûta la vie au passage. Cela fait les jeunes rebelles optèrent pour la solution la plus sage devant cet acte... Se rendre. Crissolorio en fut soulager intérieurement tout en détournant légèrement les yeux pour éviter de voir tout le sang dans la pièce... Au moins son fils avait survécu, et il n'y avait pas eu un massacre total des rebelles. Toujours mieux ça quand ils ont la présence d'esprit de se rendre...

Le fils de Crissolorio Orion était assez crispé, mais repris une attitude droite lorsqu'il s'était assez éloigné de ces malfrats. Il restait silencieux en se dirigeant vers on père. Les deux hommes discutèrent ensuite de quelques détails. Orion remercie la Grand Trésorier, ce dernier dit que c'était normal. Ils demandèrent des nouvelles, et finalement ils conclurent qu'il rentreraient ensemble à Gloria pour éviter un autre accident, et pour discuter dans de meilleures conditions en chemin...

Cela fait Aaron Dessay ramena son auguste face pour le menacer, et dire ses 4 vérités à Crissolorio qui se contenta de rester imperturbable, et silencieux sous les paroles du chef des lames noires. Le Grand Trésorier comprit vite le message, et le nota dans sa tête. Il ne pourrait pas compter sur Aaron Dessay là prochaine fois, et il tâcherait mieux de l'éviter pour son propre bien si possible. Dans tout les cas la relation entre l'ombre du roi, et le conseiller du roi devinrent tout à coup bien plus tendues...

Ils fixa l'ombre du roi, et resta de marbre face à celui-ci. Contenant sa timidité en restant silencieux il arrivé à rester aussi stoïque qu'au naturel. Puis Aaron s'éloigna de lui, et alla sortir avec ses lames noires sans oublier au passage de rajouter quelques autres paroles menaçantes en chemin...

Je n'oublierai pas. Articula t-il calmement à l'adresse d'Aaron. Puis il attendit silencieusement de ne plus entendre le bruit des pas des lames noires avant de rappeler ses gardes, et de repartir lui aussi vers Gloria. En n'oubliant pas au passage si possible d'emprunter un autre chemin pour rentrer que celui de l'ombre du roi...

Une journée bien compliquée en somme... Mais belle consolation tout de même il avait économisé de l'argent, et s'était épargné une éventuelle rançon c'est toujours un bon point au final! Cela valait le coup en somme de s'être donner tout cette peine.