Croasse le Corbeau. Requiem pour les morts.
Chante l'oiseau, ode à l'amour.

Il pleuvait. Fort. Beaucoup. La pluie tombait depuis des jours sur l'Empire des hommes. Le déluge avait transformé la topographie des routes, devenu fragmenté par l'eau. Impraticable, elle ralentissait les déplacements et stoppait les convois. Seul un cavalier motivé ou un rôdeur expérimenté pouvaient piétiner la route boueuse sans perdre pied, ou pire. Il faisait froid, même pour cette période de l'année. Le ciel pleurait sa mère la terre, écrasé par la guerre que ses enfants menaient. Un fils contre un père, une mère contre sa fille. Le chaos sur Armanda, tristement, comme toujours.

Au milieu de la forêt voisine de Gloria, une silhouette se déplaçait sans bruit sur les feuilles mortes et mouillés qui jonchaient le sol. Sur ces dernières et en dessous reposaient ci et la d'innombrables piège. Trappe à ressort destiné au gros gibier en majorité, elles étaient tous de manière égale rouillées et disfonctionnelles. Le voyageur leur avait négligé avant son départ. Cela devait faire un an au moins qu'il ne les avait pas nettoyé et froissé convenablement. Zigzaguant au milieu d'un champ de piège, le rôdeur noir ne voyait qu'une chose: sa destination. Faisant fit de la fatigue, de la faim et du froid, il avait marché sans relâche pendant un deux se main, après avoir marché pendant un mois. Ses jambes lui imploraient pitié, mais l'assassin les ignorait.

Une murailles de pierre familière, le rôdeur la longea, trainant sa main nue sur la pierre mouillé sur laquelle il connaissait chaque reliefs. Une irrégularité. Il appuya. Dans un grondement sourd et un écho sourd, la porte secrète se plia à la volonté de son concepteur. Elle n'avait pas était huilé depuis longtemps, ce qui contrairement au piège était une chose anormal. La gamine savait à quelle point il était important d'entretenir cette porte... Elle n'était donc pas là... Refusant de croire pareille conclusion, l'assassin entra dans la caverne plongé dans les pénombres. Il monta sa mains droite, la seule disponible, au niveau de ses yeux et visualisa de petites flammes au bout de chacun de ses doigts, flammes qui apparurent aussitôt au dit endroit.

Les flamme éclairaient faiblement le masque noir de l'homme trempé. Il déambulant lentement dans la caverne, regardant autour de lui. Il était seul. il embrasa une boule de foin poussiéreuse et la lança dans le cercle de pierre qui remplissait le rôle de forge. Avec de l'huile, du bois et le soufflet, un feu chaleureux illumina assez rapidement la maison abandonné. Il chassa l'humidité qui agressait le nez de l'assassin, alors que se dernier déposait délicatement la petite créature qu'il portait sur son bras gauche. Un corbeau, jeune, au bec brisé et à la patte droite manquante. Et surtout, un oiseau braillard. C'était l'oiseau du rôdeur, son ami, Nox, le corbeau estropié. Le regard doré et fatigué de l'homme balaya une autre fois les murs de pierre lisse et nu. Elle n'était pas là...

Une journée après son arrivé, il avait déjà dépoussiéré tout objets qui nécessitaient pareil traitement. Il s'était nourrit de ses rations, devenu plus que maigre et sans goût. Il chassa la seconde journée, n'aillant réussit qu'à abattre un petit cerf. De quoi le rassasier quelque temps. De fil en aiguille, au bout d'une semaine, il avait remit son repaire en état. Ses vivres étaient toutes pourries, ainsi que ses peaux et quelques-un de ses vêtements. Il aussi avait jeté beaucoup de ses livres, moisie par l'humidité. C'est ainsi qu'il était tombé sur "La grenouille et le moineau". Il avait pleuré. Il avait crié. Il avait regretté. Crépitant, le feu avait consumé les quelques pages d'une triste lumière.

Depuis son départ d'Aldaria, il n'avait cessé d'employer La Voix des Vents afin de rejoindre Luna. Il ne savait pas si sa voix, enraillé par la torture, maintenant caverneuse, avait réussit à se rendre à destination. Il le souhaitait de tout coeur, mais il n'était pas dupe. Les temps étaient difficiles, encore plus pour une gamine. Il l'avait supplié de retourné à la maison, mais même si elle avait reçu le message, elle ne le croirait surement pas. Il ne pouvait lui dire son nom, puisqu'il ne lui avait jamais dit. Et même s'il lui disait que c'était son maitre, ce n'était pas certain qu'elle comprenne de qui il s'agissait. Méfiante comme il lui avait enseigné, elle croirait probablement à un subterfuge, et ne prêterait pas attention à ses paroles. Si elle le croyait vivant, elle reviendrait. Autrement, elle était morte.

L'assassin ne cessait de penser au promesse qu'il avait fait. Il avait faillit tant de fois qu'il ne pouvait les compter. Il avait aimé une personne, une seule, mais celle-ci n'était plus. Assit près de sa forge, il travaillait distraitement sur une nouvelle prothèse pour son corbeau. Une jambe qui lui permettrait de se tenir debout sans difficulté. Il allait travailler un peu, sortir sa peine et sa tristesse. Il devait aller rendre compte au Kohan et à la Dame du Souffle. Mais avant, il avait un équipement à réparer, un corbeau à soigner, un repère à entretenir, des pièges à réparer, et une fille à pleurer. Le corbeau croassa doucement, posant son bec brisé sur l'oreille de l'assassin. Distraitement, ce dernier caressa la tête de l'animal. Ombre était dévasté.

Les yeux de Luna se posèrent sur un endroit qui lui était étrangement familier, un repère situé près de la sixième borne au Nord-Ouest de Gloria. Cela faisait quoi? Six mois… ? Ou était-ce huit ou neuf plutôt? Elle n’arrivait pas à mettre le moment précis, mais cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas remis les pieds à cet endroit qu’elle avait voulu enterrer dans un coin profond de sa mémoire. Depuis tout ce temps, depuis l’annonce de la mort de son maître, elle n’avait jamais voulu y retourner. Peut-être aurait-elle dû pour remettre de l’ordre dans l’endroit qui devait être en piètre état actuellement, mais elle n’en avait jamais eu le courage. Et de toute façon, qui lui en aurait voulu de ne pas entretenir un repère inconnu de tous? Son défunt maître? Certainement pas…

Mais peu importe. Elle avait retrouvé son chemin parmi les arbres comme si c’était hier la dernière fois qu’elle y avait mis les pieds. Elle avait suivi le grand ruisseau qui serpentait puis avait bifurqué à gauche du grand chêne dont l’écorce avait été ravagé par le temps. Certes, quelques éléments avaient changé, surtout dû aux changements de saisons, mais elle reconnaissait encore la majorité de ses repères. Et là, bien qu’on ne le voyait pas, devant ses yeux se trouvait l’entrée de la grotte. Il n’y avait que quelques mètres qui la séparaient de son but, quelques mètres et une quantité inimaginable de trappes. D’ailleurs, elle en repéra un : une trappe à loup rouillée et activée par un pauvre écureuil malchanceux qui avait voulu passer par là. La majorité des pièges devait maintenant être dysfonctionnels.

La fillette resta là pendant cinq minutes, puis dix, puis quinze, faisant les cent pas sans vraiment savoir ce qu’elle voulait. D’un côté, elle voulait entrer pour retrouver son « chez-soi » avec son lit et les énormes bibliothèques de livres et de l’autre côté, elle voulait partir le plus loin possible de cet endroit qui n’était plus « chez elle » et qui lui rappelait de bons comme de mauvais souvenirs. C’est ici qu’elle avait fait connaissance de Saemon Methus, ou plutôt Ombre, cet assassin au grand cœur malgré qu’il dise le contraire. Cet homme au masque qui l’avait recueillie comme si elle avait été sa propre fille ou sa petite sœur. Ce grand frère qui lui avait montré à utiliser un arc, à chasser, à lire, à écrire, à se défendre et à vivre... Cet ami qui l’avait nommée Luna.

Ses larmes s’étaient mêlées à la pluie qui ruisselaient sur son visage et le temps définissait précisément son état d’âme : tristesse, mélancolie, désespoir et découragement. Était-ce la température qui influençait son état ou plutôt son état qui influençait la pluie? Son cœur était gros. Jamais elle n’aurait cru revenir à cet endroit. Mais pourquoi l’avait-elle fait alors? Pourquoi maintenant après tout ce temps? Tout récemment, la fillette avait commencé à faire des rêves où elle revoyait son maître et la majorité du temps, ces derniers tournaient en cauchemar quand il se faisait tuer sans qu’elle ne puisse faire quoique ce soit. Mais il n’y avait pas que ces cauchemars qui la troublaient. Elle avait vraiment l’impression d’entendre des voix ou plutôt une voix. Elle était masculine, grave et caverneuse comme si le souffle lui manquait, et elle l’intimait de retourner à la « maison ». Elle avait fait fi les premiers jours se disant que ce n’était que le fruit de son imagination, mais la voix n’était pas partie. Et ça l’avait tourmentée pendant des jours et des jours. Elle n’en avait parlé à personne de peur qu’il la trouve folle. Elle avait toutefois laissé un mot à Korentin dans sa chambre comme quoi elle quittait pour régler des soucis personnels, mais sans laisser plus de détails.

Elle fut arrachée de ses pensées par le hennissement de Billy, son cheval brun tacheté avec qui elle avait fait le chemin d’Aigue Royal jusqu’ici. Elle le caressa affectueusement et l’attacha finalement à un arbre, à un endroit où les feuilles des arbres lui offraient un meilleur abri de la pluie. Elle s’assura qu’il ne pouvait aller bien loin; elle n’aurait pas voulu qu’il mette une patte dans un piège par inadvertance.

- D’accord! D’accord Billy. Tu as raison. Ce serait cruel de t’avoir fait faire tout ce chemin pour rien. Lui lança-t-elle.

Elle l’aimait bien. Certes, ce n’était pas l’étalon le plus fort, le plus puissant, le plus rapide et le plus endurant, mais le courant avait aussitôt passé entre elle et lui lorsqu’elle l’avait vu. Peut-être était-ce parce qu’il était plus petit que les autres et qu’elle avait été la première personne à bien vouloir de lui. Son propriétaire avait été heureux de s’en débarrasser et elle avait pu l’avoir contre une petite somme d’argent. Elle avait parfait son entraînement et elle s’était réhabituée en même temps à faire de l’équitation. C’était une chose qu’elle n’avait pas fait depuis son départ de Sinclinclin.

Zigzagant entre les arbres pour éviter les pièges, elle apposa sa main sur le mécanisme qui ouvrit la porte dans un grincement sonore qui la fit grimacer. Entrant, elle toisa du regard l’aile principale. Rien n’avait changé… ou presque? Quelque chose clochait, mais elle n’arrivait pas à dire précisément quoi. Peut-être était-ce le manque de poussière? Ou la carafe remplie d’eau? Ou encore les quelques vivres déposées sur la table?

Un bruit la mit sur ses gardes, une sorte de croassement d’animal. L’oiseau avait-il trouvé un moyen d’entrer dans le repère? Mais elle pouvait jurer que du bruits provenaient de la forge ou peut-être même de la chambre. Il y avait quelqu’un ici et tous les indices pointaient en cette direction. Son cœur se mit à battre la chamade. Jamais l’idée qu’il puisse s’agir de son maître ne lui traversa l’esprit. Pour elle, il était mort et ne reviendrait jamais.

- Qui êtes-vous et comment êtes-vous entré ici? Lui lança-t-elle d’une voix forte et claire, ton qui intimait à l’interlocuteur qu’il y était préférable d’y répondre, surtout que l’arc de la fillette était bien tendu et qu’une flèche n’attendait que son signal pour se loger dans sa chair.

Ses sens étaient éveillés. Comme elle l’avait apprise, elle avait évalué les différentes options qui s’offraient à elle. Probablement que l’individu n’avait pas été surpris de sa présence puisque le mécanisme avait fait du bruit lorsqu’elle était entrée. Cependant, c’est elle qui avait pris les devants et qui menaçait. Une courte distance la séparait de l’inconnu et elle n’aurait le temps de décocher qu’une seule flèche avant qu’il ne soit en corps à corps avec elle. Une flèche qu’elle ne devait pas rater et qui devait le mettre hors-combat d’un coup. Ainsi, elle avait arrêté son choix sur la flèche « à la Saemon » pour faire le maximum de dégât d’un coup. Elle aurait pu le menacer d’une dague, mais elle savait que ses chances étaient meilleurs avec l’arc. De plus, positionnée près du mur comme elle l’était, elle pouvait l’utiliser comme protection si jamais il décidait de lui lancer un projectile. Et finalement, elle était proche de la sortie.

Les yeux rivés contre son potentiel ennemi, elle attendit sa réaction.

Les yeux doré de l'assassin scrutait attentivement chaque partie de son appareil. Fait de métal et de bois, muni d'un petit ressort, il était à la fois solide et léger, parfais pour un oiseau. Il fallait qu'il calcule encore le joint entre la prothèse et le moignon de la cuisse de l'oiseau. Il fallait aussi qu'il fixe la dite prothèse, une autre chose qui allait causé problème... Pendant qu'il travaillait sur son prototype, le corbeau n'avait cesse de venir grommeler dans ses oreilles, curieux de voir ce que son maitre faisait. La pierre de vivacité qu'il portait le rendait d'une curiosité typiquement humaine, et l'Ombre ne savait pas si c'était un comportement à encourager...

- Qui êtes-vous et comment êtes-vous entré ici?

Il sursauta en bondissant sur ses pieds, mais ne fit pas volte face, se sentant visé. Nox s'envola sous l'élan du mouvement pour aller se poser plus loin. Il écarta ses bras de chaque côté de son corps, honteux de s'être fait ainsi prendre. Cela faisait des lunes qu'il n'avait pas remplit de contrats, et sa prudence en subissait les conséquences. Il s'excusait partiellement en se disant qu'il n'avait pas envisagé que quelqu'un trouve le levier secret et entre chez lui, et qu'il avait un chansonnier à plume à deux centimètre des tympans. Il ne pouvait voir son assaillant, ou plutôt son assaillante, s'il se fiait au timbre de sa voix et à l'odeur qu'elle dégageait. Cette personne était familière, mais son esprit n'était pas capable d'identifier clairement la personne. La pluie, la boue et la sueur, en plus d'une horrible odeur équine masquait l'essence de l'individu. Mais cette voix... il la connaissait, il en était certain. Il avait entendu le craquement de la corde d'un arc, et bouger sans aviser serait provocateur. Il fixa donc le plancher, de dos, tentant d'évaluer la situation.

Un battement d'aile attira son attention et l'homme tourna très légèrement la tête vers sa table de travail, où l'oiseau s'était posé. Le corbeau se mit à brailler, comme s'il comprenait la situation dans laquelle son maître était tombé. N'obtenant pas l'attention qu'il réclamait, l'oiseau s'envola et quitta le champs de vision de l'homme. Si son agresseur le tirait, il aurait au moins le temps de la charger et de la désarmer... Mais si possible, personne dans cette situation, pas même Nox, ne seraient blessés. Sa voix déchiré résonna encore une fois dans la tanière sombre.

-Je suis entré par la porte secrète... Tous comme vous... A la différence que je suis ici chez moi... Et pas vous...

Un vampire l'avait déjà torturé à quelque mètres de sa tanière seulement, il y avait de cela un an environ. Il avait goûté son sang et l'Ombre savait qu'il pouvait revenir à tout moment... Était ce une sbire de cette chose au cœur de glace? Il ne sentait pas l'odeur caractéristique des vampires, mais une fois encore, son nez était trompé, et l'assassin le savait. Si ce n'était pas une vampire, alors qui était ce? La louve de la horde? Une subalterne de cette dernière? Ou encore, un assassin du Souffle envoyé par La Grande Dame? Pourquoi cette dernière souhaiterait-elle sa mort? Et encore, pourquoi n'était-il pas déjà mort, s'il avait a faire à une assassin professionnelle?

Nouveau bruit d'aile, Nox venait de se poser... Sur le bras de la jeune fille. Il n'était pas lourd, mais il savait que sa présence était dérangeante. Il s'accrochait tant bien que mal à l'étoffe qui protégeait le bras de la jeune fille de son unique patte. Mais il ne se plaignait pas, chose qui attira l'attention de l'assassin. Il ne pouvait rien voir, mais il comprenait que son oiseau était entré en contacte avec la jeune fille et se demandait pourquoi. Il connaissait la signification du danger, alors pourquoi allait-il mettre son bec à moitié arraché droit dedans? Ce que l'assassin ne voyait pas, c'est que l'oiseau tenait tant bien que mal dans son bec l'une de ses flèches. Un projectile au fût d'érable, à la plume noir provenant de l'oiseau et à la pointe tordue et dentelé, type de flèche employé uniquement par Saemon et Luna. Le corbeau se souvenait de sa mission, il y avait de cela sept mois: aller porté une flèche à la jeune fille au cheveux couleur de lune... Celle qui menaçait son maitre actuellement. Il laissa tombé la flèche par terre et laissa un petit croassement sortir de son bec. Il dévisageait la jeune fille, alors que l'assassin restait silencieux, tentant de comprendre ce qui se passait dans son dos.

-Ne blessez pas le corbeau... Tuez moi si vous le devez... Mais n'attendez pas...

Il commençait lentement à faire demi tour. Il était encapuchonné, masqué et peu éclairé, mis à part la forge, qui était la seule source de lumière des lieux. S'il devait mourir par négligence, il allait au moins regarder son exécutant dans les yeux.

Luna fut surprise de voir son potentiel ennemi sursauter lorsqu’elle haussa le ton. Elle était certaine qu’elle avait fait suffisamment de bruit pour se faire repérer. Dos à elle, elle aurait pu mettre fin à ses jours en un instant en décochant sa flèche, mais cette dernière resta bien en place sur son arc tendu. Elle n’était pas une tueuse. Non… Elle ne tuait que par nécessité et cet homme ne méritait pas de mourir, du moins, il ne l’avait pas encore démontré. Elle le toisa rapidement du regard, mais ne put noter quoique ce soit d’intéressant. Il était simplement vêtu de noir et ne semblait pas porter d’armes à première vue; elles devaient être cachées. Son attention fut rapidement attirée par l’animal qui tournoyait maintenant dans la pièce de la forge. S’il avait montré un signe d’agressivité, elle n’aurait probablement pas hésité à le tirer. Or, il avait été effrayé par le sursaut de son maître et par sa présence. De plus, elle savait pertinemment que si elle décochait sa flèche, elle deviendrait vulnérable face à l’inconnu et elle perdrait le combat.

- Je suis chez moi ici! Répondit-elle haut et fort, d’un ton irrévocable.

De la frustration teintait sa voix. Mais de quel droit disait-il qu’il était chez lui et pas elle? De quel droit s’appropriait-il la demeure de son maître? Peu importe ce qu’il croyait, elle était chez elle ici et personne ne pourrait dire le contraire. Elle considérait ce repère comme sa propre maison et elle ressentait de la colère face aux paroles de l’homme. Elle voulait qu’il retire ses paroles immédiatement. Elle sentait son sang bouillir dans ses veines et pourtant elle savait que ça n’en valait pas la peine. Elle savait que ses émotions allaient lui faire perdre sa concentration, et ses réflexes, mais elle n’arrivait pas à se dire que ce n’était pas grave. Il l’avait vraiment vexée.

- Allez vous-en. Vous n’avez rien à faire ici. Ce n’est pas chez…

La fillette allait lui dire de s’en aller puisque ce n’était pas chez lui, contrairement à ce qu’il disait. Mais elle fut interrompue par l’oiseau qui s’était posé tout bonnement sur son bras. Elle avait tellement été absorbée par ses émotions qu’elle n’avait plus fait attention au corbeau et ce dernier l’avait surprise. Elle avait retenu de justesse la tension dans la corde de son arc. Elle ressentait maintenant son cœur battre la chamade. Que manigançait-il? Dans quel piège était-elle tombée? Positionnée comme elle était, elle ne pouvait pas le faire déguerpir sans secouer son bras et si elle le faisait, elle perdait la maîtrise de son arc. La meilleure solution était de ne pas bouger, de l’ignorer, et de continuer à menacer l’homme en noir. Mais comment ignorer un animal à quelques centimètres de son visage? Qui, en plus, manque un bout de bec et qui n’a qu’une patte? Et qui s’accroche tant bien que mal à ses vêtements comme si son sort, ou celui de son maître, en dépendait? Mais surtout qui venait de faire tomber une flèche sur le sol.

- Que… ?

Luna était perplexe tandis que son regard toisait le projectile unique. Durant ce moment, elle avait fait tombé sa garde et avait relâché la tension dans la corde de son arc pour observer à tour de rôle sa flèche et celle qui se trouvait au sol.

- D’où tu sors ça, toi? demanda-t-elle d’une voix plus douce cette fois-ci, curieuse.

Elle ne comprenait pas. Il n’y avait que Saemon et elle qui détenaient ce type de flèches. De quel façon avait-il réussi à mettre la patte là-dessus? Comment se l’était-il procurée sachant qu’il n’y en avait plus dans le repère? Elle fut arrachée de ses pensées par la voix de l’homme qui lui suppliait de ne pas faire de mal à son oiseau. L’aimait-il à ce point qu’il se sacrifierait pour la bête?

- Je ne lui ferai pas de mal. Promit Luna. À la condition que vous quittiez mon repère immédiatement.

Elle ne savait pas trop quoi penser de la situation. En temps normal, elle aurait demandé conseils à Ombre, mais il n’était pas là et elle devait prendre ses propres décisions. On lui avait toujours dit d’être méfiante envers les gens. Pourtant, l’homme qui se trouvait devant elle semblait plus brisé qu’autre chose. Il n’avait pas l’air d’une menace et son oiseau semblait être la chose à laquelle il tenait le plus et de quel droit lui prendrait-elle? Elle n’était pas un monstre… Et pourtant, elle tendit la corde de son arc afin de le menacer à nouveau.

Elle le regarda se tourner vers elle et la surprise, ainsi que l’incompréhension, se lurent sur son visage lorsqu’elle croisa son regard. Ces yeux… Elle pourrait les reconnaître d’entre tous. Sans compter ce masque noir qui encadrait son visage.

- Ombre... ? Murmure-t-elle, perplexe.

Mais c’était impossible, Saemon était mort! Il ne pouvait pas se retrouver devant elle... S'était-elle endormie sans s'en rendre compte? Ça ne pouvait qu'être un rêve... Un rêve qui allait bientôt virer en cauchemar comme tous ses rêves et où son maître allait mourir sous ses yeux.

- Qui… Qui êtes-vous… ?! lâcha-t-elle, fronçant les sourcils.

C'était son imagination qui lui jouait des tours... Sa posture était devenue chambralante et ses mains tremblantes sur Mélodie. La petite le regarda comme si elle venait de voir un revenant, comme s'il n'était pas réel. D’ailleurs, la petite n’était pas aussi petite que la dernière fois qu’ils s’étaient croisés. Elle avait pris quelques centimètres depuis, quelques formes également, et sa chevelure était toujours aussi longue sinon plus, puisqu’elle ne l’avait toujours pas coupée.

Qui étais ce cette femme qui affirmait ainsi être résidente de sa grotte? Avait-elle investie les lieux en son absence? Non, impossible... Les pièges l'auraient arrêté, la porte l'aurai arrêté... Son odeur ne flottait pas dans l'air et la poussière couvraient les lieux quelques jours plus tôt. L'assassin était crispé. Malgré l'affirmation de l'intrus, il ne l'a croyait pas. Il entendait Nox se lamenté et battre des ailes, c'est habituel lorsqu'il se tenait en équilibre sur lui. Il s'était posé sur l'intrus? Mais pourquoi? Cette dernière ne l'avait pas encore tué, preuve qu'elle n'avait pas l'intention de le faire. Résolu, l'homme abaissant lentement les mains chaque côté de son corps et pivota lentement sur lui même.

-Ombre?...

Ombre, tel avait été son nom pendant des années. Il ne s'était présenté qu'à quelque personne: la Matrone du Souffle, le duc Korentin, la reine louve Mélusine, son amie Nalaïa Melawan, l'elfe qu'il avait rencontré sur son chemin vers le sommet et le dragon d'or. Une autre personne connaissait son "nom", une seule... Elle avait de long cheveux blond aux reflets fantomatique, de grand yeux où flottait la peur et l'incompréhension, un visage plus fin qu'à ses souvenirs. Son odeur n'était plus la même, sa voix avait légèrement mué... Mais c'était elle, devant lui, sa pupille, son élève, sa fille. Luna était la, devant lui, l'arc tremblant, Nox reposant sur son bras. L'assassin n'y croyait pas ses yeux. Était ce une fois encore une réponse à ses prières? Avait-elle entendu ses suppliques? L'avait-elle crut en vie malgré le temps passé? Il était aussi bouche bée que celle qui se tenait devant lui. Enfin, plus, car cette dernière réussissait encore à parler.

-Qui… Qui êtes-vous… ?!

Oui, c'était impossible, mais malgré tout, c'était bel et bien le cas. Il était de retour dans sa tanière. Il se tenait en face de la seule personne qui comptait pour lui. Il était vivant. Rien n'était plus vrai et pourtant, l'assassin aurait cru être dans un songe. Nox, sentant l'émotion croître, s'envola et alla se poser près de son Maître, laissant passer entre son bec un petit croassement. La voix d'Ombre se leva une fois encore, brisée, comme pour retirer ce qui restait de clair dans sa voix. Ses yeux se remplir d'eau, son corps tremblait.

-Je... je suis là Luna... C'est moi... je... Je suis là gamine...

Faisant fit de l'arc, il le poussa sur le côté et fit ce qu'il aurait toujours dut faire: il enlaça Luna, fort. Il passa ses bras chaque côté de son corps, écrasant la jeune fille dans son étreinte. Il appuya son menton sur la tête de la jeune archère en courbant le dos, vu la différence de taille. L'assassin pleurait, il n'en avait pas honte, loin de là... Sa petite était vivante, elle était là, entre ses bras. Elle respirait, son cœur battait. Il sentait enfin cette petite odeur dissimulée sous toutes les autres, l'odeur caractéristique de son élève. Il embrassant la masse de cheveux blonds et posa un genou à terre, tombant du même coup plus près de la taille de Luna. Il la recula à bout de bras, comme pour mieux la voir. Il remplaça l'une de ses mèches qui masquait son visage derrières son oreille d'un petit geste rapide. Il tremblait.

-Je... Je ne peux y croire... Tu est vraiment la... c'est vraiment toi!...

Il rapprocha de nouveau sa pupille près de lui et la serra de nouveau. Cette fois ci, il logea sa tête dans le vide à côté de la tête de Luna, au dessus de son épaule gauche. Il pleurait toujours. Auparavant, il n'aurait jamais agit ainsi. Ses années de mercenariat avait forger son esprit à être inflexible, inhumain. Puis, alors qu'on le torturait, il avait sentit une faille dans sa carapace mentale. Ses tortionnaires, l'ayant bien sentit, en avaient profité, et ils l'avaient brisé... Bien que sur le bord de la folie, il n'avait jamais cessé de penser à celle pour qui sa vie tenait. Trois mois en sa présence, trois mois uniquement, et il était enfin devenu un homme. Il avait retrouvé son humanité. La douleur et le désespoir avait fait jaillir en lui des années de solitude. Des années à tuer comme seul mission. Il en avait trouver une nouvelle à présent, une mission plus grande que tout les autres réunie: vivre, exister en tant qu'homme, en tant que mentor... En tant qu'humain coincé au beau milieu d'une guerre incessante.

Il relâcha son étreinte et se releva, incapable de retirer ses mains de sur les épaules de la petite, SA petite Luna. Elle avait tant changé, et il ne s'était pas écoulé une année... L'assassin avait mille questions en tête, tant sur elle que sur Jeönyr et la Horde. Il s'était tellement inquiété qu'à présent, il ne trouvait mot pour traduire ses pensées. Il sentit un coup de vent près de son visage, puis un poids sur son épaule; Nox venait de s'y poser, frottant son bec sur le métal du masque de l'Assassin, comme à son habitude. La pensé du corbeau jaloux ne réussit même pas à sortir Ombre de sa langueur. Il tenait entre ses mains sa raison d'exister, et rien au monde ne pourrait le faire bifurquer de cette pensée.

Toc…

Le bruit d’un objet, un arc, tombant brutalement sur le sol résonna dans la caverne tandis que la silhouette de son maître l’enlaçait. Luna n’arrivait pas à y croire ses yeux. C’était impossible. Elle avait attendu ce moment depuis si longtemps, mais c’était longuement résigné sachant que l’homme qu’elle aimait le plus au monde était mort au combat. Elle y avait fait une croix malgré ses rêves qui n’abandonnaient pas aussi facilement.

- Ombre…!

C’était bien lui… C’était Ombre! Son maître, son grand frère, son ami… Comment n’avait-elle pas pu le réaliser plus tôt? C’était définitivement lui. Pas même la magie ne serait capable d’imiter aussi parfaitement son mentor. Certes, il était différent. Mais sa manière d’être et d’agir. Sa façon de la regarder, de l’étreindre… et sa façon de parler, même si sa voix était devenue plus rauque et plus caverneuse.

- Ombre… dit-elle dans un pleurnichement. Je… je t’ai cru… mort.

La fillette avait du mal à parler tandis que les émotions la chamboulaient à une vitesse fulgurante. Les larmes étaient montées à ses yeux et elle s’était mise à pleurer de concert avec l’assassin. Elle l’avait serré dans ses bras de toutes ses forces, ne prononçant aucun autre mot pour le moment. Elle le sentit relâcher son étreinte et bien qu’elle voulait s’y opposer, elle le laissa faire. Elle posa sa main atrophiée sur celle qu’il avait posé sur son épaule gauche et leva ses yeux bleus vers lui. C’était bien lui, l’homme masqué… Revenu d’entre les morts? Mais peu importe, il avait tenu sa parole finalement… Il avait survécu et il était revenu à elle.

Et puis non, elle avait passé trop de temps éloignée de lui, elle allait en profiter le plus qu’elle pouvait. Ainsi, elle se rapprocha de Saemon et l’étreignit à nouveau, le serrant fort de ses petits bras. Pleurant toujours, elle enfouit son visage dans son épaule. Il faisait longtemps qu’elle n’avait pas pleuré ainsi. Il y a fort longtemps, la première fois qu’elle avait mis les pieds dans ce repère en fait, elle s’était jurée de ne plus jamais pleurer. Mais là, c’était différent. Elle ne pleurait pas la perte d’un être cher, mais plutôt ses retrouvailles.

- Ils… Ils m’ont dit que t’étais mort. Commença-t-elle. Et… Et je les ai crus… pleurnicha-t-elle. Elle le serra plus fort.

Elle s’en voulait d’avoir cru la mauvaise nouvelle aussi simplement. Elle aurait dû le savoir qu’on ne pouvait pas terrasser Ombre aussi facilement. Elle n’aurait pas dû abandonner si rapidement ses espoirs et tenter de le retrouver. Mais tout c’était tellement passé rapidement. Elle se rappelait attendre son maître autour d’Aldaria avec espoir qu’il se pointe. Mais de jour en jour, elle n’avait pas eu la moindre nouvelle de lui. Le délai d’un mois avait passé et toujours aucun signe de lui. Aucune nouvelle… Hormis celle d’un dragon et de son dragonnier disant que Saemon Methus était tombé au combat dans la bataille des bois sombres. Et de fil en aiguille, elle s’était retrouvée parmi les rebelles.

- Je savais… au fond… que tu étais vivant… J’aurais dû suivre mon intuition. Toutes les voix… c’était toi!

Ça faisait tellement du sens maintenant! Elle n’était pas folle, loin de là. Les voix qu’elle avait entendues, elles provenaient de son maître. Elles comprenaient mieux pourquoi les voix n’avaient pas été claires et souvent difficilement compréhensibles. Dans le fin fond des cavernes d’Aigue Royale, le vent portait difficilement les messages. De plus, sa voix était rauque et caverneuse… Elle n’était plus celle qu’elle se rappelait. De son côté, avait-il entendu ses appels?

- Tu m’as tellement manqué! Tellement… murmura-t-elle. Elle relâcha légèrement son étreinte pour poser sa main sur son masque métallique. Elle posa son regard dans le sien. Qu’est-ce qui s’est passé… ?

Elle se doutait que la vérité serait difficile et que le récit ne serait pas rose bonbon. Mais elle devait savoir. Après tout ce temps, c’était son droit, non?

[ Petit cadeau Sae ^^" Finalement, je te remercie. Ça fait du bien une pause pour penser à autre chose. Merci ^^ ]

Ils lui avaient dit...? Ombre en déduit qu'elle avait dut rencontré un membre de la délégation humaine... Mais comment avaient-ils trouvé la gamine? Et comment avaient-ils su qu'elle était sa protégée? Et encore, qui avait-il assez marqué pour que son existence soit distingué parmi tous? Habituellement, il n'était personne, et personne ne se souciait de lui. Il pourrait mourir et personne n'en ferait de cas, mis à part Luna évidement... Et Nox... peut-être. Tout ca pour dire qu'il était surpris qu'on remarque sa disparition, et encore plus que l'on ai informé sa pupille de sa mort. Sa "mort" en fait, puisqu'il était toujours là, blessé, en larme, mais plus fort que jamais. D'autre force avait jouée en son absence sur le reste du continent. Il l'avait réalisé bien assez vite en interrogeant les différentes auberges, tavernes et boutiques de la capitales. Il s'était ainsi mit au parfum des différents... "remous" politique entourant la guerre et les Alayiens.

Mais pour l'instant, tout cela n'avait pas d'importance. Il appréciait les trop courtes secondes à sentir le cœur de la jeune contre le siens. S'était la plus étrange des mélodies à bien y penser. C'était une ode à la vie qui se terminait par la fin de cette dernière. Il sentit la petite main de Luna se poser sur la siennes. il sentait sa chaleur sur sa peau abimé et salie par la suie de la forge.

- Je savais… au fond… que tu étais vivant… J’aurais dû suivre mon intuition. Toutes les voix… c’était toi!

Il sourit à la remarque. Il avait eu peur d'avoir envoyé tout ces messages en vain.

-Oui... C'était moi... Hélas, mais voix n'est plus ce qu'elle était... Et ma magie est faible... La voix des vents n'est plus très puissante sur moi...

Il la laissa caresser le métal imbriqué sur la peau de son visage. Nox avait cessé de frotter son bec contre le loup et dévisageait la jeune d'un drôle d'air. Décidément, son intelligence était une malédiction pour cet oiseau. Il comprenait, ou du moins il essayait un peu trop de tout comprendre ce qu'il se passait. Il était de nature jalouse et ne tentait pas de le caché. Ce volatiles était un vrai phénomène. Mais malgré ses petits yeux provocateur, il ne fit pas mouche. Les saphirs cristallins de la lune était planté dans la masse doré et spectral de l'ombre assassine. Ils ne se connaissaient que très peu et pourtant, ils étaient plus près l'un de l'autre que bien des familles.

Qu’est-ce qui s’est passé… ?

Il s'Attendait naturellement à cette question, la plus évidente qui soit. Il ne savait pas trop ce qu'il devait lui dire, et ce qu'il devait garder pour lui. Des mois de temps disparu de son existence, il était évident qu'il lui devait des explications. Mais lesquelles? Devait-il lui parler du conseil? De sa capture brutale? De ses mois en prison? De sa torture? Des jours qu'il avait passé à espéré la mort en vain? L'homme soupira. Il n'avais jamais raconté quoi que se soit à Luna le concernant. Il ne l'avait jamais câliné non plus, et pourtant, il venait de brisé cette normes frigides. Il allait lui dire, il le devait. D'un même élan, il se releva en faisant quitter Luna du sol. Il la tenait fermement par les jambes, faisant bien attention à ne pas la cogner où que se soit. Le plafond était relativement assez haut, mais Saemon était grand, et Luna avait grandit. Et alourdie aussi. L'homme avait moins de facilité à la déplacer qu'auparavant. Bien qu'il ne l'avait fait qu'une autre fois, il se souvenait tout de même de l'effort, assez pour comparer. Il la transporta jusque dans le hall principale et la laissa s'assoir sur l'une des chaise de la cuisine. L'assassin servit deux verre remplit d'eau, l'un pour Luna, l'autre pour lui.

-Il s'est passé beaucoup de chose... Le Sommet à été un fiasco... L'Empire à accepté de s'allier aux Vampires... Contre une approvisionnements en sang... Bref... je t'épargnes les détails...

Il termina son verre et le posa sur la table. Parler était un effort pour lui à présent, et il se trouvait forcer de prendre des pauses comme les vieillards le faisaient.

-Puis... Les Grands Esprits sont apparues...

Il marqua une pause, cette fois par émoi. Il avait vu le Grand esprit de la Mort... Aisni que tout les uatres... Peu de mortels pouvaient se vanter de pareil chose...

-Ils nous ont conseillé... Offert je ne sais quoi à deux individus... Puis les Alayiens sont arrivés... Ce fut... Le plus parfait de tout les bordels que j'ai jamais vu... Il y avait un dragon de la taille d'une montagne... Et même cette bête avait de la difficulté devant la vague noire... Tout ca est arrivé pendant que la magie avait cessée... Je ne sais pas si c'est arrivé ailleurs sur le continent...

Il remplit de nouveau son verre et le vida d'une traite. Il poursuivit son histoire.

-J'ai été capturé pendant le combat. Enfin.. "capturé" est un bien grand mot... J'ai été assommé et on m'a embarqué... J'ai passé des semaines dans une cage... Ou accroché à un arbre... Puis, après l'alliance des Kohan avec les Alayiens... j'ai été envoyé à Elena...

Ses yeux brillaient d'une lumière diffuse, comme si la vie s'échappait par ses globes oculaires. Il se souvenait de la douleur... La colère bouillonnait en lui, la tristesse aussi, lorsqu'il repensait à Espérance. Il soupira longuement, avant de toussé, la gorge irrité par ses efforts.

-Le reste n'est pas... Très jolie à entendre... Disons que... Entre autre... Je n'ai plus de courroie après mon masque...

Il inclinant la tête, exposant à la lumière de la chandelle de la table son visage au masque auréolé de peau gonflé et cicatrisé.

-Après plusieurs mois dans le... Dans le fond d'un cachot... Je me suis évadé... Et me voilà...

C'était grossièrement résumé, mais il savait que si Luna avait des question, chose dont il était certain, elle lui poserait sans hésitation. Il reprit donc son souffle en vu de pouvoir parler de nouveau, détaillant avec avarice les trait de la jeune fille. Elle était là, vivante, et plus rien ne lui arriverait tant qu'il aurait encore du souffle, aussi faible soit-il.

C’était le plus beau des rêves et si c’était vraiment le cas, Luna n’avait pas aucunement le goût de se réveiller. La fatigue qu’elle avait accumulée tout au long de son voyage s’était dissipée en un claquement de doigts. Elle était attentive aux moindres faits et gestes de son maître et l’observait avec curiosité teintée de joie de l’avoir retrouvé.

Elle lui en avait voulu, longuement, de ne pas avoir tenu sa promesse. Elle repensait aux moments où elle avait vécu de la colère face au mort qu’elle avait cru qu’il était. Mais tout cela, c’était du passé et c’était oublié. Elle n’avait le goût de se concentrer que sur l’instant présent et de profiter pleinement de ce moment. Ce n’était pas le moment de penser à Korentin Kohan, qui s’inquiétait peut-être à son sujet puisqu’elle avait quitté Aigue Royale sans lui glisser un mot officiellement. Que penserait-il du fait que son maître soit revenu? Est-ce que les choses changeraient, et de quelle façon? Qu’avait prévu Saemon pour la suite des choses? Comment visualisait-il la suite? Avait-il des projets? De nouvelles alliances? Ou de nouveaux contrats d’assassinat? Les futurs à tous les deux étaient-ils compatibles maintenant qu’ils s’étaient retrouvés après de longs mois de séparation? Tant de questions qui vagabondaient dans son esprit, mais sur lesquelles elle ne voulait pas s’attarder. Et que dire de son frère. Jeönyr Methus? Il lui demanderait probablement ce qu’il lui était arrivé? Chose à laquelle elle ne pourrait répondre… Elle n’avait pas eu de nouvelles de lui après tout ce temps. Errait-il à quelque part sur les terres d’Armanda ou avait-il rejoint l’esprit de la Mort?

La surprise se dessina sur son visage lorsque son maître la leva du sol. Elle se cramponna, l’enlaçant légèrement autour du cou, et profita avec joie de ce petit moment particulier. L’enfant ne se rappela pas qu’il eut déjà fait ça. Il avait toujours été un homme discret, mystérieux et distant. Il avait toujours fait attention pour éviter les marques d’affection. Pas qu’elle n’apprécie pas, loin de là, elle adorait ce nouveau Saemon qui la câlinait et lui démontrait comment elle était précieuse pour lui. C’est juste que c’était surprenant, différent. Elle n’allait certainement pas s’en plaindre!

- Je suis tellement contente que tu sois là!

Elle prit place à la chaise, mais avant elle déposa sa cape ruisselante encore de pluie sur un crochet. Elle s’installa et accepta volontiers le verre d’eau qu’elle but d’un trait. Elle attendit patiemment le récit de l’assassin, s’accrochant à chaque mot qu’il prononçait. Alliance avec les vampires… En effet, elle avait pu voir cette alliance de ses propres yeux chez les Rebelles où les humains et les elfes les acceptaient à la condition qu’ils ne touchent pas ceux qui détenaient la fameuse bague. Le récit poursuivit et elle se l’imagina. De grands Esprits qui apparaissent… Des Alayiens qui veulent réduire à feu et à sang les Armandéens. Un dragon se battant de toutes ses forces devant la vague ennemie. Était-ce Atalos? Ou Ashy? Ou un autre qu’elle ne connaissait pas? Peu importe… À travers cette masse de gens, il y avait son maître qui se battait. Un coup, soudain et assez sournois, pour le surprendre et l’assommer. Et son corps inerte trainé par l’ennemi… C’est ainsi qu’il était tombé au combat et qu’ils avaient dû déduire qu’il était mort.

- C’était ça la bataille des bois sombres… ? commença-t-elle. Ils m’ont dit que tu étais mort… poursuivit-elle. Remarquant le regard intrigué de son maître, elle précisa. Je veux dire, le général Amyelenor Farkstein et le dragon Atalos. C’est eux qui m’ont trouvée pour m’annoncer la nouvelle… Elle fit une légère pause. Ils connaissaient mon existence. Du moins, je crois que tu avais parlé à Atalos.

Lorsque Saemon eut fini de parler, un silence s’installa. Elle se versa un verre d’eau qu’elle but tranquillement tandis qu’elle observait son maître. Elle avait tant de questionnements encore, tant de choses qu’elle voulait savoir. Mais il avait l’air fatigué d’avoir tant parlé et elle désirait le ménager un peu. Elle serra son poing pour maîtriser la colère qui l’envahissait. Depuis le tout début, elle avait profondément détesté les Alayiens pour tout le mal qu’il faisaient, mais surtout parce que c’était à cause d’eux qu’elle avait perdu son grand frère. Elle avait une nouvelle raison de les détester : ils avaient fait du mal à un être qui lui était cher. Ils l’avaient capturé, mal traité… torturé… Mais pourquoi?

- Pendant tout le temps que tu étais là-bas… Recevais-tu mes messages par ma Voix des Vents? Commença-t-elle. Elle n’avait jamais eu de réponses et s’était finalement convaincu que le vent ne portait pas ses messages suffisamment loin. Et avec Amy et Atalos qui lui avaient annoncé sa mort, elle n’avait pas chercher plus longuement. Je n’aurais pas dû les croire… J’aurais dû continuer de te chercher. Marqua-t-elle. Elle s’en voulait d’avoir laissé tomber si facilement. Les indices qu’elle aurait fini par trouver l’auraient peut-être menée à lui et elle aurait pu le libérer de son supplice plus rapidement. Peut-être… Mais je ne comprends pas… Pourquoi les Alayiens ne t’ont-ils pas tué? Pourquoi t’avoir gardé prisonnier…? Ça leur servait à quoi? Demanda-t-elle.

Elle posa son regard sur l’oiseau qui venait de se poser sur la table et qui regardait son propriétaire avec un mélange de curiosité et d’incompréhension. Elle sourit lorsqu’elle repensa à l’événement précédent où elle avait menacé Saemon et que ce dernier s’était interposé. Il tenait à ce corbeau plus que tout à voir qu’il avait été prêt à se sacrifier pour la bête.

- Tu nous présentes, dis? Je ne sais pas... il a l'air différent des autres. On dirait qu'il comprend ce qu'on lui dit.

Elle esquissa un sourire à son maître, parler de l’oiseau allait peut-être alléger un peu la discussion.

Un dragon qui le connaissait et qui se prénommait Atalos, cela ne pouvait être que le dragon d'or qui avait passé à une écaille de l'écraser. Comme ça, le sachant mort, il était partie à la recherche de Luna... Il devait avoir creusé plus loin dans l'esprit de l'assassin que ce dernier ne l'avait cru. Il l'avait recueillit avec son draconnier et ils l'avaient mis en sécurité, loin des Alayiens. Ombre se sentit soulagé devant de telle pensée. Sa pupille avait donc été protégée tout ce temps. Tout ce temps où lui n'avait pu le faire... Il avait presque faillit à sa promesse, encore. Mais cette fois, il allait prendre les précautions nécessaires.

Ses yeux tombèrent sur le cou de la jeune fille, où la Voix des Vents pendait. Elle s'était donc approprié elle aussi cet objet magique... Il fouillant dans sa mémoire tortueuse à la recherche de la vœux de la jeune fille, mais il m'avait pas souvenir de l'avoir entendu.

-Non, je ne crois pas... J'étais sous terre... Emmuré de pierre... J'entendais ta voix dans mes cauchemars... Mais je ne crois pas qu'elle fut réellement tiennes...

Il soupira. Donc, elle avait tentée elle aussi de le contacter tout ce temps? S'il avait su... S'il avait reçu une preuve de son existence, ne serait ce qu'un mot, il aurait pu au moins savoir la direction de sa provenance, et ainsi avoir une idée de où se trouvait Luna. Mais non, il n'avait rien entendu, sinon ses cries dans ses songes, ou un gouffre béant l'aspirait avec appétit. Il l'avait vu disparaître mille fois dans ses cauchemars, mais une seule fois réelle avait suffit pour le rendre fou. Qu'allait-il faire à présent? Est ce que Luna allait rester et lui permettre de vivre humainement? Ou avait elle trouvée un autre foyer pour l'accueillir, avec un nouveau tuteur qui la ferait grandir de plus belle?

-Avant de partir pour le sommet... Je suis aller voir les Kohan... Tu te souviens?... On m'a donné une amulette royale... En signe de mon allégeance... Le Néant ne l'a pas manqué... Ils ont cherché à savoir où se trouvait... Korentin Kohan... Je j'ignorais... Ils ont continué malgré cela...

Il baissa la tête, se souvenant que trop bien de ces séances où son sang avait coulée, en vain. Oú il avait supplié le Grand Esprit de la Mort de le prendre avec lui, en vain. Où il avait été pris par la plus pure des folies, cette dernière n'aillant jamais quittée totalement . La jeune fille detourna subtilement le sujet sur le volatile, mais pas assez subtilement pour que cela passe inaperçu. Néanmoins, l'assassin fut heureux de changer de sujet. Non pas qu'il niait ses souvenirs, mais ceux ci n'était pas les plus agréables qu'il possédait.

-Et bien... Luna... Voici Nox... Du vieil Armandéen... Cela signifie "Nuit"... Je l'ai trouvé en chemin vers le sommet... Il était dans un piteux état... Mais je me suis occupé de lui... Et le dragon d'or... Enfin... "Atalos"... A soigné son aile... le veinard...

Il caressa la tête de l'oiseau, se remémorant les circonstances de leur brève aventure ensemble avant son incarcération.

-Cet oiseau... Il est spécial... Regarde...

Il prit délicatement Nox à deux mains et le tourna doucement sur le dos, la bête protesta a peine. L'Ombre passa doucement ses doigts dans le plumage de l'oiseau, cherchant la pierre au touché. Une fois trouvé, il écarta les plumes pour montrer à Luna la petite gemme noire incrusté dans la peau de l'animal.

-C'est une pierre de vivacité... La première que je vois... Elle rend l'animal qui la porte beaucoup plus intelligent... C'est pour cela que je suis aussi attaché à Nox... C'est mon ami...

Il esquissa un sourire, qui fana plus rapidement qu'il n'apparut. Un ami... il regarda Luna encore une fois, certain que sous peu, elle se volatiliserai dans les prochains instants. Il tendis sa main gauche et la déposa sur la joue de Luna, la fixant dans les yeux.

-Ne disparait pas... D'accord?... Quoi qu'il arrive... Quoi qu'il m'arrive...

Luna sourit tendrement et posa affectueusement sa main sur celle de Saemon. Elle ne prononça aucun mot, car il n’y en avait pas pour exprimer ce qu’elle ressentait. Elle comprenait… Elle compatissait… Elle était là pour lui et il pouvait compter sur elle. On lui avait fait subir des choses ignobles comme jamais elle ne pourrait l’imaginer. Elle aurait tellement voulu être là pour le sortir de là… le sortir de sa cage et le prendre dans ses bras. Avait-il perdu espoir dans sa cellule? Probablement… Mais une étincelle devait être restée sinon il aurait trouvé un moyen de rejoindre l’Esprit de la Mort. Tout ça parce qu’il était allé aux négociations. Tout ça parce qu’on l’avait étiqueté avec Korentin Kohan. Tout ça parce que le Néant cherchait le roi rebelle. Tandis qu’on le torturait, on remettait à la fillette une bague qui signifiait son allégeance à ce même Noble. Elle, elle savait où il se trouvait et comment accéder aux passages d’Aigue-Royale. Or, durant tout ce temps, on l’avait torturé à tord pour soutirer des informations qu’il n’avait même pas! Les Alayiens et les Serviteurs du Néant étaient des monstres, des ennemis à éliminer coûte que coûte. La haine qu’elle leur portait ne semblait pas avoir de limite.

- Bonjour Nox! Prononça l’enfant d’une voix joyeuse, un peu trop. Elle avait le cœur gros et elle avait l’impression de bouillir de l’intérieur tant elle était frustrée. Mais ce n’était point le moment. Et ça n’avait pas sa place. Elle avait revêtu ce masque d’enfant joyeux qui ne se tracasse pour rien. Carapace qu’elle avait prit l’habitude d’établir, car les gens n’aiment pas voir une fillette songeuse ou triste et qu’ils avaient la fâcheuse habitude de la déranger afin de savoir ce qui ne va pas. Je m’appelle Luna. Merci d’avoir pris soin de mon maître pendant mon absence. Et je compte sur toi pour continuer, d’accord? Poursuivit-elle, dessinant un sourire sur ses lèvres. Elle tendit la main vers lui, mais ne le toucha pas, préférant attendre de voir sa réaction. Elle connaissait bien les animaux et elle savait qu’il ne fallait pas les forcer. Elle n’avait surtout pas l’envie de se faire pincer un doigt par l’oiseau et d’en perdre un de plus! Deux c’était bien suffisant! Tu veux bien être mon ami, à moi aussi, dis? Dit-elle finalement.

Elle le regarda avec amusement. Ce n’était pas tous les jours qu’on puisse voir un oiseau doté d’une telle intelligence. Dans son regard se lisait la curiosité et ses agissements démontraient qu’il comprenait réellement ce qu’on lui disait. Une chance que Nox avait été là pour son maître. Que serait-il devenu s’il n’avait eu personne pour le supporter à travers tout ça? Et maintenant, que deviendrait-il? Que comptait faire? C’était toujours une question qu’elle voulait lui demander, mais pas maintenant. Et elle, que ferait-elle? Elle ne savait pas trop comment lui annoncer qu’elle était officiellement la protégée de Korentin Kohan et qu’il devait s’inquiéter de son absence. Après sa dure épreuve, le détestait-il? Que penserait-il du fait qu’elle est une rebelle?

Elle fut arrachée de ses pensées par la voix de Saemon et elle lui sourit en retour.

- Saemon… Je ne compte pas disparaître de sitôt. J’ai le meilleur des maîtres après tout. On ne me terrasse pas si facilement que ça! Répondit-elle, lui faisant un clin d’œil. Quoi qu’il arrive… Je suis forte et je resterai forte. Rien ne pourra jamais m’arrêter.

Prononçant ces paroles, la fillette n’avait même réalisé qu’elle avait appelé l’assassin par son prénom. Au début, ça lui avait fait un choc d’apprendre le vrai nom d’Ombre, mais elle s’était faite à l’idée depuis. Combien de fois avait-elle crié son nom dans ces rêves lorsqu’elle le voyait mourir sous ses yeux?

- Je reviens… Je vais aller me changer. Dit-elle finalement.

Ses vêtements étaient imbibés d’eau. Elle n’avait pas fait attention au début, mais maintenant qu’ils discutaient tranquillement autour de la table, ça commençait à la déranger. Ainsi, elle déposa son carquois sur le sol et ramassa son sac, mais au lieu d’aller dans la chambre elle alla plutôt dans la grande aile. Elle retira son armure de chat et ses vêtements qu’elle accrocha pour les faire sécher sur les bras d’un pantin d’entraînement. Elle profita de l’accès à l’eau du lac pour se nettoyer rapidement afin d’enlever toute la poussière et la boue qui s’étaient accumulées sur sa peau et sa chevelure.

Quelques longues minutes plus tard, la fillette revint à l’aire principale. Elle avait troqué ses vêtements de voyage pour une jolie robe qui devait être quelque peu familière à son maître. En effet, c’était la même qu’il lui avait offerte. Elle avait cependant eu quelques modifications. Notamment, la taille avait été ajustée pour qu’elle lui fasse encore même après avoir pris du poids. La robe noire avait également été raccourcie jusqu’aux genoux environ parce que la fillette avait également grandi. Cependant, pour qu'elle ne soit pas trop courte, elle avait été allongée avec un tissu de couleur blanche jusqu'au sol.

- Tu te rappelles? Demanda-t-elle, venant le rejoindre. Je l’ai gardée. Je n’ai pas voulu m’en départir. Mais il a fallu que je demande à un couturier d’utiliser ses talents pour qu’elle me fasse encore. Expliqua-t-elle.

Étant debout, elle en profita pour ramasser son arc qu’elle avait fait tomber sur le sol.

- Je suis une redoutable archère maintenant. Tu devrais voir. Commenta-t-elle. Elle était fière d’en être arrivée là. Elle avait eu tant de difficultés à ses débuts et maintenant utiliser un arc était devenu un jeu d’enfant. Tu serais mort si je l'avais voulu... poursuivit-elle.

Bon... Il n'avait alors pas été au meilleur de sa forme et jamais elle n'aurait pu le surprendre normalement. Mais quand même, en ces circonstances, si elle avait voulu mettre fin à sa vie, elle aurait pu.

[ Petit aperçu de la robe de Luna (Clique ici) ]

Saemon... Ce nom le frappa comme une masse en plein visage... Saemon... Le nom de son passé, le nom de celui qui avait injustement arraché la vie à une innocente... Son nom... Celui donné par son père... Saemon... Elle savait donc... Mais comment? Son frère, par un moment de lucidité? Non... Il n'y avait qu'une autre "personne" qui connaissait l'origine de sa personne, sa signature personnelle... Le dragon d'or, le précédemment nommé, Atalos. Son draconnier devait donc savoir lui aussi. Il réalisa pour la deuxième fois en moins d'un ans que lentement, il commençait à exister pour le monde extérieur. C'était un détail, mais Ombre n'avait jamais nommé autre que par le dragon d'or. Entendre sa pupille faire de même n'était que très troublant.

Il se ressaisis lorsque Luna entra dans la pièce vêtu de... La robe qu'il lui avait offerte. Légèrement modifié, il n'en restait pas moins qu'il s'agissait bien de sa vieille tunique... Elle l'avait encore... Sans trop savoir pourquoi, il se trouva à sourire bêtement à la vu de la gamine. Vêtu ainsi de cette robe... Elle était... Magnifique... Elle avait tellement grandit en si peu de temps... Elle était maintenant plus près d'être femme qu'être gamine. Mais pourtant, l'assassin n'arrivait pas à la voir autrement que comme la petite fille qu'elle était et ce, malgré son comportement mature et les formes qui prenaient place sur son corps.

-Tu serais mort si je l'avais voulu...

L'assassin sourit à la remarque. Non, elle ne l'aurai pas fait... Dans une situation réelle, il n'aurait pas hésité. Balayer l'arc, frapper le genou, dégainer la dague logé dans sa botte, balayer la gorge. Le combat aurait été terminé. Mais considérant qu'il s'agissait de Luna, dans la circonstance où il serait ennemis, Ombre n'aurait aucune chance. Déjà qu'il ne blessait pas les femmes, son élève en plus, c'était inconsidérable. Elle était son plus grand point faible, sa seule ancre sur le monde physique, le vrai monde, la réalité en soi. Il ne la laisserait pas partir aussi facilement...

Il avança lentement vers elle, la détaillant des pieds jusqu'à la tête. D'un mouvement vif, il arracha Mélodie des mains de la jeune et encocha une flèche imaginaire en direction de sa tête.

-Et toc... Une magnifique jeune femme de moins... En ce monde...

Il lui servit un petit regard, penchant sur l'arrogance. Il détendit la corde et entendit la corde grincer. Il tendit de nouveau la corde et répéta le même manège plusieurs fois. À chaque fois, il entendait cette dernière gémir. Il retourna l'arc et examina en détail les nerfs du bois, les liasses de cuirs et le tressage de la cordes. L'arc semblait avoir autant vieillit que sa propriétaire.

-Quand remonte la dernière fois... Ou tu as changé la corde de Mélodie?... On dirait presque... Que tu ne l'a pas entretenu... Du tout...

Il déposa l'arc sur la table et tendis le bras pour agripper la main de Luna. Doucement, il tourna son poignet et examina la main droite de la gamine. Il passa doucement ses doigts sur les siens et sur l'intérieur de sa main. Il sentait les petits relief de la peau de la jeune. Au bout des doigts, il y remarqua la peau qui avait épaissit par rapport au reste de la main.

-Je vois que tu as continué ton entrainement... C'est bien... Tu commençais à être assez doué avant... avant mon "départ"...

Les mots avaient légèrement coincé dans sa gorge. S'il avait su... jamais il n'aurait quitté sa tanière... Mais s'il avait autant souffert, c'était pour une raison... Il ne la voyait tout simplement pas pour le moment, mais un jour, il comprendrait, il en était convaincu. Presque tout dans sa vie avait repris son cour "normal" après tout. Il ne lui restait que quelque détails à réglée. Mais la plus grosse partie de son existence venait de se reformé voilà à peine dix minutes... Il allait en profiter un peu avant de considéré le reste. Il devait vivre, il s'était promit de le faire alors qu'il était en prison. Il s'était juré de tout faire pour vivre aussi normalement qu'il le pouvait, et même s'il savait qu'il ne pourrait pas accomplir totalement son souhait, il allait s'approcher le plus possible de son objectif. Il tira doucement la main de Luna et la serra une nouvelle fois dans ses bras. Sa nouvelle odeur le réconfortait, sa présence en soi était un baume sur les mois horrible qu'il avait vécu. Il relâcha son étreinte sur la jeune, soupirant longuement.

-J'aurai du faire ca il y a longtemps...

Cette phrase ne cessait de revenir dans sa tête. Il s'en voulait de n'avoir été un meilleur mentor pour la jeune fille, mais il comptait bien arranger tout ca. Il se recula d'un pas.

-J'aurai dut me présenté... Voilà presque un ans... À celle qui partage ma vie...

Il s'inclina comme il l'aurait fait devant une personne qu'il juge importante, chose qui était plutôt rare pour l'assassin. Il ne faisait pareil geste que pour les femmes habituellement, et parfois devant certain homme qu'il jugeait vertueux. Il prononça les mots qui étaient pour lui un poison sans antidote, son nom.

-Je me nomme Saemon Methus... Fils de Rescert Methus... Et Catherine La Folle... Frère de Jëonyr Methus... Assassin... Voleur... Chasseur... Forgeron et Alchimiste...

Luna était contente d’avoir eu l’effet escompté en revêtant la robe que lui avait offerte son maître. Cherchant dans sa mémoire, jamais elle ne l’avait vu sourire d’une telle façon. Il avait toujours eu un visage sérieux et chaque geste posé avait un but précis. Mais là, il souriait simplement. Elle ressentait son regard posé sur elle et ne se sentit que plus belle, que plus aimée, que plus femme. Des robes, elle en avait porté de nombreuses depuis qu’elle était à Aigue-Royale. Et jamais le regard de quiconque lui avait importé plus que celui que posait son maître sur elle en ce moment. Elle était contente que finalement il puisse la voir vêtue de son cadeau. Arc à la main, elle le vit s’avancer vers elle et lui rendit son sourire. Mais surprise, elle fut désarmée en un infime instant et regarda, vexée, la flèche imaginaire pointant son crâne. Elle ne l’avait pas vu venir! Instinctivement, elle avait même relevé ses mains dans un geste inutile de protection. À quoi avait-elle pensé? Bien sûr qu’il tenterait de lui prouver le contraire de ses paroles. Elle n’était pas vexée contre son maître, mais contre elle-même. Et à son regard arrogant, elle répondit simplement par une grimace. Elle éclata immédiatement de rire par la suite.

- J’aurais tellement dû m’en douter… confia-t-elle.

Il semblait redevenir l’assassin qu’elle connaissait. L’homme qu’elle avait surpris était un être dévasté et sans défense. Jamais elle n’aurait pu surprendre son maître d’une telle façon et heureusement, car s’il ne l’avait pas reconnue, son sang aurait coulé dans le repère. Elle le reconnaissait mieux maintenant, avec sa vivacité d’esprit qui était la sienne et ses réflexes hors-pairs.

- Quand remonte la dernière que j’ai… ? Oh! S’exclama-t-elle, baissant les yeux au sol. Inutile de dire que jamais était la réponse. Elle n’avait jamais changé la corde de son arc depuis longtemps. Elle y avait pourtant pensé à de nombreuses reprises, mais n’avait jamais réussi à se résoudre à le faire. C’était le premier cadeau que son grand frère lui avait donné et c’était probablement le bien qu’elle tenait le plus au monde. Mais à sa mort, c’était son souvenir le plus précieux de lui et n’avait pas voulu le modifier. Pas même la corde. Tu vas trouver ça bête, mais je n’ai pas pu… Ça n’allait plus être Mélodie si ce n’était pas avec toi que je la changeais… En effet, à chaque fois que la corde avait été remplacée sur l’arc, Ombre l’avait fait avec elle. L'arc avait beaucoup vécu pendant ces nombreux mois. La corde aurait dû briser depuis déjà longtemps, mais la fillette l’avait entretenu par magie. Tu veux bien qu’on lui redonne un air de nouveau à deux, dis? Répondit-elle en croisant son regard. Dire non n’était pas une option tant son regard était insistant.

Luna se laissa étreindre avec plaisir. Elle aimait cet Ombre qui était si chaleureux et si démonstratif. Elle le serra contre elle de toutes ses forces. Ce n’était pas une illusion. Il était vraiment là, tangible et vivant. Elle ne rêvait pas. Son maître était réel.

Suite à sa présentation, Luna recula d’un pas et fit une révérence comme on lui avait appris à le faire.

- Et mon meilleur ami. Le rectifia-t-elle. Un sourire se dessina sur son visage. Enchantée de faire votre connaissance Sire Methus. Luna est mon nom. Et je suis la pupille d’Ombre, sa meilleure amie et sa plus grande alliée. Il est un redoutable adversaire, personne ne lui arrive à la cheville. Et si vous me faites du tord, vous aurez affaire à lui! Lui lança-t-elle finalement.

Elle aurait pu se présenter sous le nom de Florence Beauchamp, fille de Daniel Beauchamp et de camille Desjardins, sœur de Damien et Tristan, . Mais ce n’était pas ce qu’elle était. Elle avait fait une croix sur cette vie depuis très longtemps. Elle était Luna, simplement Luna, pupille d’Ombre. Et que ce dernier s’appelle Saemon Methus ne changeait rien. Mais c’était un moment étrange pour elle, car elle s’était imaginé ce moment de nombreuses fois. Elle avait toujours eu cette curiosité de savoir le passé de son maître et lorsqu’elle l’avait appris, elle s’était rendue compte qu’il n’y avait qu’Ombre d’important.

- Qu’est-ce que tu comptais faire maintenant?

La question qui tue. Qu’avait-il prévu maintenant pour la suite? Mais avant même qu’il puisse répondre, elle recula d’un autre pas, augmentant la distance qui la séparait de lui, et un brin de malice traversa son regard tandis qu’elle balayait l’air de sa main. Un simple sort de glissade, subtile, mais tant efficace qui faisait justement glisser l’adversaire de son choix, Ombre dans ce cas-ci. C’était sa vengeance personnelle, sa revanche! Certes, elle aurait pu opter pour un autre sort plus efficace, mais elle ne cherchait pas à blesser. Et le sort de lien n’était peut-être pas approprié sur un homme qui venait tout juste de s’en sortir. Si elle voyait qu’il tomberait durement au sol, elle utiliserait la télékinésie pour amortir sa chute. Cette fois-ci elle était prête en cas de représailles.

Il sourit lorsque la fille se présenta tout aussi cordialement que lui. Il l'avait élevé que peu de temps, mais elle s'était abreuvé de son essence comme un pèlerin au milieu du désert. Elle avait fondu son existence dans la siennes, elle était devenu une version miniature de lui-même. Cependant, elle était plus humaine, plus douce, moins expérimenté, plus vulnérable... Il se demandait parfois ce qui se serait passé s'il n'avait jamais sauvé la vie de cette fille... Il aurait continué d'être le tueur insensible qu'il était, se foutant de tout même de sa vie. Il avait mené une existence auto-destructrice beaucoup trop longtemps, mais a présent, il avait changé, grâce à cette petite fille si dévoué à lui.

Il se dirigea vers la table afin de prendre l'arme dans ses mains mais fut stoppé par le sol qui sembla soudainement refuser de le soutenir. Dans une disgracieuse plongé, il tomba vers l'avant, se rattrapant de peu sur la table. Ses genoux avaient frappé le sol, mais ses réflexes l'avaient empêché de s'étaler de tout son long. Reprenant le souffle qu'il avait perdu dans sa chute, il jeta un regard courroucé à Luna, qui se transforma rapidement en rire. Il s'était fait duper si facilement... Non seulement la magie était son point faible au niveau martial, mais Luna était la seule personne en qui Ombre faisait totalement confiance. Voilà comment un maître de l'assassinat se faisait duper par son élève. Heureusement, s'était une blague... Dans certaine situation similaire, le maître ne se relevait pas, et la chute n'était pas un simple sort... Mais ce n'était pas du genre de Luna de commettre pareil acte, elle n’avait rien à y gagner. Il croyait en son amour, sincèrement, et il ne laisserait pas quelques pensées paranoïaques lui pourrir la relation qu'il entretenait avec sa pupille.

Il reprit pied et, dans un dernier rire étouffé, il s’installa devant l'arc. Il sortie son poignard de sa botte et posa la lame contre la corde. Presque aussitôt, la corde céda et l'arc se déplaça de lui même sur la table, sous l'impacte de la perte de la tension. Attentivement, il scruta chaque parcelle de l'Arme, une fois encore.

-Ne me refait plus ça Luna... Pense à mon pauvre cœur... Moi qui suis si vieux...

Il lui lança un regard amusé devant son petit air de provocation. Il était au sommet de sa forme et son cœur allait plus que bien. Ce n'était pas un petit sort qui allait le terrasser... Autrement, il serait honteux d'ainsi perdre la vie. La question qui suivit l'empêcha néanmoins de partir de nouveau dans ses divagations mentales.

-Je... je ne sais pas trop... Je ne sais pas Luna... J'ai un contrat possible en vu... peut être deux... Je ne sais pas ce que... Ce que... Ce qui va m'arriver...

Il resta silencieux. Quoi répondre à pareil interrogation? Il n'avait jamais prévu le long terme, puisqu'il avait toujours vécu seul. Puis, Luna était arrivé et il avait commencé à craindre la mort, craindre la douleur, avoir peur de la perdre. Cette fille était la seule chose humaine en lui. Si elle le quittait et qu'il se retrouvait seul consciemment, il était plus que probable qui referme à triple tour son cœur glacé. Il l'avait offert deux fois, et avait été déçu la première fois, bien qu'il ne fut pas certain qu'il s'agisse un événement réelle. Mais cette fois ci, avec cette petite fille bien vrai, il avait goûté à la vie. Il avait rie. Il avait été heureux. Il se sentait si bien que peu de temps avant son départ pour le domaine de Rapsodie, il avait commencé à moins cauchemarder. Ses nuits était toujours troublées, mais moins. Cependant, avec son séjour en prison, les mauvais rêves étaient revenus en force.

-Peu... Peu importe ce que je ferai... Ce qui importe... C'est ce que tu feras... Toi... Au beau milieu... De cette guerre... Ta décision changera... La miennes... Je ne veux plus me battre... Luna... Je suis las... De me battre... Mais je n'ai... pas le choix... Le seul don qui... M'a été offert est... Est celui du chasseur... Je suis damné...

Il sortie un instant de la pièce et revint presque aussitôt avec une corde et des lanières de cuirs. Il tenait également un petit pot dans ses mains avec un bout de bois sortant de ce dernier. Il fallait changer les bandes de cuir, revenir le bois et retendre la corde. Rien de bien long pour un expert comme lui. Il commença donc par trancher toutes les lanières de cuir, l'opération avait débuté.

-Dit moi... Luna... Après qu'Atalos... Et son dragonnier ne t'ont trouvé... ou es-tu allé?... Le repère était... Abandonné depuis un bon moment... Tu n'es pas rester... Où étais-tu?...

Luna aurait dû être satisfaite de son coup. Après tout, elle avait réussi à surprendre son maîte. Pourtant, ce n'était pas une expression de satisfaction qui se dessinait sur son visage, mais plutôt de l'inquiétude. Sur le coup du moment, elle n'avait pas réalisé les conséquences de son geste et s'en aurait voulu de lui avoir faire mal.

- Oh! Pardonne moi Ombre! S'écria la petite, se dirigea précipitamment vers lui. Je t'ai fait mal? Ce n'est pas ce que je voulais... Expliqua-t-elle.

Elle fut soulagée de voir qu'il n'était pas fâché par son geste et qu'elle ne l'avait pas blessé. Son air de provocation s'était rapidement transformé en un sourire gêné, puis elle avait adopté un air de joie tandis qu'elle regardait son maître travailler sur Mélodie. Elle resta à l'écart pour ne pas le gêner dans son travail, car elle savait qu'il n'avait pas besoin d'elle. Et si le contraire advenait, il lui ferait savoir.

Elle l'écouta parler tout en réfléchissant, se demandant ce qu'elle comptait faire maintenant. Ombre disait avoir un contrat en vue... Un contrat d'assassinat? Probablement... Mais qui serait sa cible? Mais surtout, comment avait-il déniché ce contrat? Y avait-il une personne, autre qu'elle, qui savait qu'Ombre était bel et bien vivant? Ou c'était un contrat que n'importe quel assassin pouvait faire et qu'il n'avait pas été directement sollicité? Elle n'était pas la seule à s'inquiéter de l'avenir de son maître. Il s'inquiétait également pour elle. Et sa question ne la surprit pas, elle savait maintenant ce qu'elle lui répondrait, c'est-à-dire toute la vérité. C'était son maître et il n'existait pas de personnes en qui elle avait plus confiance.

Avant de répondre à sa question, la fillette fouilla dans une pochette cachée de sa tunique et en ressortit une chevalière qu'elle déposa sur la table devant Saemon. L'anneau métallique aux reflets rougeâtres était d'une rare beauté et chacune des gravures y avaient été travaillées avec soin.

- Tu sais ce que c'est? demanda d'abord l'archère afin de savoir si son maître savait de quoi il s'agissait. Elle ne savait pas s'il en avait entendu parlé ou s'il en avait déjà vu une autre. Après qu'Amyelenor Farkstein et Atalos m'aient retrouvée, nous sommes ensuite allés au palais d'Aldaria puisqu'ils devaient s'y rendre, Amyelenor étant autrefois le général de l'Armée Impériale. Mais c'était un piège, la garde impériale les attendait plutôt les tuer parce que Fabius les a nommé traître à l'Empire. Elle fit une petite pause. Qu'est-ce que son maître savait à propos des problèmes politiques actuels? Pour faire une histoire courte, durant le temps où tu as été capturé, l'Empereur Gregorist est mort et c'est Fabius Kohan qui est monté sur le trône. Il a tout manigancé... Normalement, ç'aurait dû être Korentin, mais il s'est arrangé pour mettre la mort de Sire Gregorist sur son dos et le faire passer pour un traître. Et Fabius s'est ensuite allié aux Alayiens... Elle fit une autre pause. Mais bref, on n'était pas la bienvenue et on s'est battu pour notre vie. Heureusement, on a eu des renforts et on a pu se sauver en vie. Durant tout ce temps, je suis restée avec eux... Et je suis devenue une rebelle, porteuse de ce qu'on appelle l'anneau de résistance.

Elle fit une autre pause afin de toiser du regard la réaction de son maître.

Elle ne répondait pas à sa question, mais elle avait autre chose à dire. Peut être que les deux réponses à ses questions étaient liés. L'assassin avait peur de la perdre à nouveau. Bien qu'il sentait clairement qu'il n'avait aucun droit sur elle, il aurait préféré lui intimider de rester à l'écart plutôt que de la laisser voler de ses propres ailes. À bien y penser, c'était une réflexion typiquement paternel, mais étant donné l'état politique de la nation, la prudence était de mise. Il ne voulait pas qu'elle meurt, c'était normal, non? Cependant, Luna n'était pas sa fille, ni sa sœur, ni même sa cousine ou sa nièce. C'était une orpheline qu'il avait recueillit trois mois. Elle pouvait agir comme bon lui semblait, l'Ombre ne pouvait que lui suggérer de le faire ou non. Même si elle l'aimait réellement, bien malgré ses sentiments, jamais les mots prononcés par l'assassin remplaceraient l'amour d'une mère ou la sagesse d'un père. Il était un tueur célibataire au comportement irrationnel et portant sur la psychopathie. Il n'était pas un bon exemple pour une petite fille de... Venait-elle de dire qu'elle s'était fait attaquer par les gardes d'Aldaria? Elle avait eu à se battre... La grande question traversa l'esprit de l'assassin, mais il l'a retient pour l'instant.

Pendant les explications de sa pupilles, ses yeux alternatif entre Mélodie, la bague des rebelles et la jeune fille. Il en conclut aussitôt que le général de l'armée humaine avait gardé son allégeance envers le Kohan dit légitime, ce même homme qui l'avait engagé huit mois plus tôt. Cela faisait aussi un dragon chez les rebelles. Deux, puisque le Kohan était lié avec un dragon lui aussi. Les insoumis avaient donc établit un système avec ce genre de bague? Il avait entendu parler de bien des choses, mais étrangement, les bagues n'en faisaient pas partie. Preuve qu'il pouvait découvrir encore bien des choses en questionnant les marchands sur tout et rien. A la fin des explications de Luna, Ombre prit la bague dans ses mains, l'examina attentivement.

-Fabius et Korentin... Deux Kohan.. Deux nobles... Je les hais également... sans discrimination... Or... l'un menace mes... Les Esprits... Et l'autre m'a déjà... sous serment... Je suis peut être... Obligé vers un partie... Je ne suis pas as... Assez inconsient pour.... Porter un objet... Qui me transformera... En cible pour... Les Alayiens...

Il l'a laissa tombé sur la table sans plus de façon, la bouche étiré dans une moue pratiquement dégouté.

-Ne porte pas... Ce genre d'objet sur... Sur toi... J'ai goûté à ce que... L'empire réserve... A leur ennemi...

Il passa sa main sur son visage, retenant un juron de colère.

-S'il devait te capturer.... Je crois que... Je raserai l'empire... en entier... Pour te retrouver... Ne les laisse pas... Te prendre...

Non... Elle ne devait pas se laisser prendre. On l'avait torturé de manière odieuse car on le soupçonnait d'être un agent rebelle... Avec une bague en sa possession, il n'y avait pas de toute à avoir. Elle connaissait probablement le lieux où les rebelles étaient caché. Si elle était capturée, il la passerait au donjon, ce serait horrible, et l'empire gagnerait toutes les information leur étant nécessaire pour dénicher l'Alliance rebelle et les détruire impeccablement. Une vague de colère monta en lui. Qui était l'imbécile qui avait laissé une jeune fille seule avec "l'anneau de résistance", alias La Marque de la Mort au doigt? La connaissant, elle avait surement filé en douce sans que personne ne la voit passer, ce qui en disait long sur le professionnalisme des gardes. Évidement, il était possible qu'elle eu la permission de quitter le fort, la base ou peu importe le style de cachette dans lequel les rebelles s'étaient fourrés. Dans ce cas ci, il était furieux, car les routes n'étaient pas sûre. Il dévisagea Luna une seconde et reporta son attention sur l'arc. Il devait se calmer... Elle voulait bien faire, mais elle le faisait mal. Elle ne comprenait surement pas dans quelle merdier elle venait de s'embarquer.

Il commença à défaire les bandes de cuir autour du bois de l'arc. Chose fait, il sortie le petit pinceau du pot qu'il avait apporté et entama le vernissage l'arme. Il méditait sur la réponse juste à dire, mais aucune ne venait. Son cœur voulait parler, pas son esprit.

-Je connaissais... Les grandes lignes de cette... Cette histoire... Ne m'en dit pas plus... Je ne veux pas... Savoir où se trou...Trouve les rebelles... J'ai assez donné... Pour une cause qui.... Qui n'était pas... la miennes... J'ai juré à Korentin... Kohan allégeance jusqu’à... La fin de la guerre... Je n'irai donc pas... Lui foutre une flèche... Entre les deux yeux... Mais n'espère pas... Je je me joigne... À eux...

Il soupira et se retourna vers son élève. La tristesse emplissait ses yeux. Il avait peur de la voir le quitter alors qu'elle venait d'arriver.

-Je suis peut-être... Ton maître... Ton ami... Je n'ai aucun pouvoir... Sur toi... Tout ce que je... Je peux faire... C'est te conseiller... Cache cette bague... Ne la montre plus... Jamais...

Il inspira profondément. Nox croassa doucement et s'approcha de lui pour lui mordre un doigt. Il voulait de l'attention... Ou lui changer les idées? Cet animal était imprévisible, alors l'assassin n'Avait pas réponse à cette question. Il se mit néanmoins à lui frotté doucement la tête du bout des doigts.

-J'ai... J'ai peur... Luna... Je n'ai jamais eu... Eu aussi peur de... Toute ma vie... Et j'ai frôlé la mort... Mainte fois... Je n'ai pas peur... De mourir... J'ai peur de te... De te perdre... Gamine... Si jamais tu disparais encore... Je deviendrai fou.... à lier... Je n'ai aucun... Pouvoir sur toi... Mais je t'aime... Et je tiens à toi...

Il toussa violemment dans sa main. Une tache de sang marqua son gant. Il avait beaucoup trop forcé sa gorge et il en subissait les conséquences. L'odeur ferreux de son propre sang emplit son nez, et le gout de son fluide vitale s'imprima sur sa langue. Il parlait de mort et voilà que le sang faisait son apparition. Ce fluide si précieux que l'on préfère ne pas voir...

Luna resta bien silencieuse. Elle s’attendait au pire quant à la réaction de son maître, mais il avait droit à la vérité. Elle était une rebelle maintenant, qu’il le veuille ou non. Et il était maintenant trop tard pour se défaire de ce titre. Durant son absence, elle avait porté son allégeance à l’un des deux camps. Ne pas avoir rencontré Amyelenor Farkstein et Atalos, elle ne se serait jamais joint à eux et n’aurait jamais découvert la cachette des rebelles. Mais maintenant, il était impossible de retourner en arrière et de faire comme si jamais rien ne s’était passé. Elle s’était fait des amis parmi eux et elle savait trop de choses… Elle savait où était caché leur repère et elle savait comment y entrer et y sortir. Elle connaissait les habitudes des hommes et savait qui faisait partie des rebelles. Saemon disait vrai : elle était une mine d’informations et aucun Alayien ou proche de Fabius ne devaient mettre la main sur elle. De plus, elle faisait probablement partie des personnes les plus proches de Korentin Kohan. Elle était, après tout, sous la protection du roi rebelle. Si ça devait se savoir… Ce n’était pas une information à divulguer comme bon lui semble et elle épargnerait son maître de ce détail. S’il savait à quel point elle était devenue proche du noble…

La jeune fille voulut garder un visage impassable pendant tout le temps où Ombre parla et elle fut étonnée de sa réaction. Elle s’était attendue à pire que cela. Ou peut-être était-ce parce qu’elle avait imaginé le pire que sa réaction lui paraissait plus modérée? Elle fut plutôt touchée par ses mots... Touchée de réaliser à quel point elle était importante pour lui et à quel point il avait peur de la perdre. Elle aimait son maître plus que tout au monde et elle était peinée de lui faire subir cela. Lui qu’on avait torturé injustement... Lui qui détestait tant les Kohan… Et voilà que sa pupille s’était alliée à l’un d’eux.

Elle était un monstre de lui faire subir tout cela. L’archère se demanda pendant un instant s’il aurait été préférable de lui cacher cette partie d’elle. Toutefois, elle n’avait pas envie de lui mentir. Il ne méritait pas cela, pas après tout ce qu’il avait vécu. Et si elle commençait à mentir, ça ne s’arrêterait plus jusqu’à ce que la vérité finisse par éclater, car la vérité finit toujours par se savoir. Mais elle allait lui épargner les détails concernant les rebelles; il ne voulait pas les savoir de toute façon. Elle ne le forcerait pas non plus à se joindre à eux et ne le forcerait pas à entendre ce qu’il ne voulait pas savoir. C’était mieux ainsi.

Luna ramassa la chevalière et la cacha aussitôt de sa vue. Encore une fois, il avait raison quant au danger de tenir un tel objet en sa possession. Et s’il savait l’autre utilité de l’anneau de résistance, il n’hésiterait pas à la détruire instantanément. En effet, en plus de représenter la rébellion, la bague permettait aux vampires rebelles de repérer les membres afin de ne pas les tuer… À bien y penser, il ne pouvait que détester cette organisation où humains, elfes et vampires s’alliaient.

Ses pensées furent aussitôt arrêtées et elle arbora une expression traduisant l’horreur à cause de ce qu’elle voyait: son maître cracher du sang. Ce n’est pas la vue du sang le problème, mais la peur de perdre à nouveau son grand frère. Elle avait vécu son deuil une fois, une fois de trop, et elle était paralysée à l’idée de le perdre à nouveau.

- OMBRE! S’écria-t-elle, affolée.

Elle s’était rapprochée et s’était arrêtée près de lui, et avait poussé un long soupire de soulagement lorsqu’elle se rendit compte qu’il n’allait pas mourir sous ses yeux. C’était sa gorge… Il l’avait trop fait forcer en parlant longtemps et l’avoir énervé en emmener le sujet de la rebéllion n’avait que nui. La petite était inquiète… Lui qui avait incarné la force même, lui paraissait aujourd’hui si fragile…

- Je t’aime Ombre. Je t’aime plus que tout au monde. Commença-t-elle. Je ne… veux… plus jamais… te perdre… balbutia-t-elle, retenant les sanglots qui montaient dans sa gorge.

Elle se mordit la lèvre. Elle ne voulait pas pleurer, elle avait déjà suffisamment pleuré. Elle s’éloigna et se changea les idées en faisant chauffer de l’eau et en y déposant quelques feuilles de théier prises dans son sac. Elle déposa un gobelet métallique contenant le thé noir devant son maître et un autre devant elle.

- Attention, c’est chaud. Je ne sais pas si tu aimes ça… Mais j’ai pensé que ça ferait du bien à ta gorge…

Elle s’assit à la place en face et regarda son maître. Qu’est-ce qu’elle l’aimait! Qu’est-ce qu’elle était contente qu’il soit là. Mais qu’est-ce qu’elle se sentait mal de lui faire subir tout cela.

- Ombre… Pardonne-moi… Pardonne-moi… Je n’ai pas réfléchi à ce dont je m’embarquais… commença-t-elle. J’étais anéantie par l’annonce de ta mort… et… et… j’avais tellement peur… tellement peur de me retrouver seule… Ils ont tellement été gentils avec moi. Elle soupira. N’en parlons plus… finit-elle par dire.

Dire que lorsqu’elle avait quitté Aigue-Royale, elle s’était crue folle d’entendre des voix. Elle avait fait le chemin avec Billy sans s’attendre à quoi que ce soit…

- BILLY! S’écria-t-elle soudainement. Oh! Le pauvre. Je l’ai laissé dehors sous la pluie!

Quelle horrible personne elle était! Avec tout cela, elle avait complètement oublié son existence et son pauvre cheval était toujours dehors sous la pluie. Pauvre Billy, il méritait mieux que cela.

Elle s'écria lorsque l'assassin toussa du sang. Ce dernier tendis son bras afin de lui fait signe d'arrêter. Il avait simplement besoin de respirer. C'est ça, respirer et cracher. Cracher tout ce qu'il avait sur le cœur, quitte à se l'arracher et le donner en pâture au premier passant. Pourquoi? Pourquoi avait-il cette sensation? Comme si Luna allait partir au moindre instant, après avoir réchauffé son être quelque secondes. Elle l'aimait... Elle ne voulait pas le perdre... C'était là des mots entendu pour la première fois par l'Assassin en sa direction. Il avait vraiment touché le cœur de cette fillette qui commençait à ne plus être une fillette. Il y avait pensé longtemps, à cette femme en puissance dont il avait arraché ce qui restait d'enfance. Il regrettait de l«'avoir prit sous son aile, comme car il l'avait dit à Atalos, l'Ombre avait peur d'avoir corrompu sa pureté et de l'avoir transformé en quelque chose de mal, une personne au fond sombre et à l'esprit tordu, un peu comme lui. Il avait peur d'avoir ternie la gravité du geste qui était le meurtre. Une fille devait côtoyer d'Autre fille, des robes, ce genre de truc... Pas vivre plongé dans les armes, les poisons, la métallurgie et la chasse extrême...

Il s'assit à table et prit le vert que Luna lui tendait. Mmm... Un breuvage chaud, l'Ombre ne savait pas trop si ce dernier allait l'aider ou tout simplement lui arraché ce qui lui restait de corde vocale fonctionnelle. Il souffla un peu sur le nuage vaporeux de l'eau en évaporation et porta le gobelet à ses lèvres. Le thé descendit rapidement dans sa gorge et caressa sa trachée taché d'hémoglobine. Il soupira longuement, hésitant à parler tout de suite. Il préférait encore attendre un peu, afin de se ménager. La jeune semblait sincèrement désolée, mais il comprenait son choix. Après tout, officiellement, il était bel et bien mort. L'Archer Spectral était mort, son ancien lui qui n'était pas vraiment lui était mort. Le partisan de Korentin n'était plus, le futur assassin du Souffle non plus... Il pouvait faire ce que bon lui semblait, c'était comme une nouvelle vie. Une vie qu'il aimerait passer paisiblement, sans avoir à laver ses mains tâché de sang à chaque jour.

-Je... Luna...

Il toussa encore. Il avait l'impression de s'être étiré non pas un muscle, mais sa gorge au grand complet...

-Je comprends... Sa va... Calme toi... Luna... Sa va...

Oui, il n'était pas mourant. Non, il ne se sentait pas bien. Il se négligeait abondamment. Enfin, d'avantage ces dernier temps. Il était retombé assassin solitaire, il avait donc passé sa personne au second rang des choses importantes a tenir compte. Dans la dernière semaine, il s'était passée beaucoup de chose en peu de temps. Auphélie, puis Autone et Yames... Il n'avait eu que deux chose en tête: trouver des informations sur les déplacements de Luna et peaufiné son plan. Il n'avait rien trouvé qui l'Aurait aidé à retrouver Luna, et son idée de groupe avait à la base prit naissance dans son cerveau avec comme objectif ultime de retrouver la trace de sa pupille. Mais maintenant qu'elle était là, physiquement devant lui, il pouvait souffler un peu. Il ne savait pas ce qu'elle planifiait, mais il se doutait qu'elle soit déjà associé aux magouille de la rébellion. Elle ne resterait donc surement pas longtemps dans le coin... Il continua de boire son thé ton en caressant nonchalamment les plume de Nox, qui s'était posé près de lui. Il avait demander l'aide d'un mercenaire, d'une tavernière et d'une matrone d'un bordel... Il avait besoin de d'Autre personne ayant des compétences spécifiques. Évidement, son élève était et resterait toujours son premier choix. Mais si elle partait, ça ne valait pas la peine de l'inclure dans son projet... À moins que...

-Luna... J'ai posé la... Première brique dans... La fondation... D'un ordre..

" BILLY! Oh! Le pauvre. Je l’ai laissé dehors sous la pluie!"

Qui était Billy? Était-ce... Son escorte? Un rebelle qu'elle avait traîné jusqu'au repère? Non... Luna ne lui ferait jamais pareil coup, si irréfléchi. D'un autre coté, elle le pensait mort et cet endroit, désert. Il était possible qu'elle ai agit contre le code et les règles qu'il lui avait prescrit huit mois plus tôt. Autrement, qui ce Billy pouvait-il être? Le seul autre choix possible était un animal. Dans ce cas, il aurait sentit l'odeur de la bête sur elle, mais la seule odeur autre que la sienne était la puanteur échine dont elle était venue paré... Non... pas elle aussi... Elle n'avait pas cédé à la tentation malsaine et le penchant de la facilité de chevauché pareil horreur? Bien qu'il savait lui-même monté à cheval, il avait toujours détesté au plus haut point cette créature pour toutes les raisons du monde. Il bu une autre gorgée de son thé, pensif.

-Si ce... Billy est... un humain... il peut entrer... S'il est ce... Ce que je... Pense qu'il... Est... Il reste dehors... Je ne veux... pas de... truc du... genre dans... ma tanière...

Il ne plaisantait pas, Luna le savait probablement... Ou peut-être pas. Après tout, il n'était pas du genre à exposer ses faiblesses devant celle pour qui il est humainement parfait... Façon de parler évidement, car en terme de défauts, l'assassin menait le bal. Il termina son thé encore bouillant, heureux que cela le soulage et non l'inverse.

-Comme je... Disais... Je suis en train... De fondé... Un groupe... Je ne sais pas... Ce que tu... Tu as... de prévu...Avec tes rebelles... Mais j'Aimerais.... Que tu te joigne... À moi dans... ce Projet... J'aimerais que... Mon élève... Que tu m'aides... À être plus... Humain... qu'assassin...

- Billy, c’est mon cheval. Précisa Luna. J’ai pu arriver rapidement ici grâce à lui.

À son avis, elle se comptait chanceuse d’avoir un tel animal sous la main. Contrairement à Saemon, elle avait toujours aimé les chevaux. Les Beauchamp en avaient possédé plusieurs puisqu’ils étaient pratiques d’en avoir, soit pour transporter des choses ou encore pour labourer les champs, sans oublier que leur viande était délicieuse. C’était son père qui lui avait montré à en monter un et qui lui avait donné quelques trucs pour se faire obéir plus facilement. Elle pouvait donc le remercier, car c’était grâce à lui qu’elle n’avait pas eu trop de difficultés avec Billy, et que ce dernier n’avait heureusement pas un tempérament fougueux. Elle avait pu faire le chemin d’Althaïa au repère en quelques semaines seulement. À pied, cela lui aurait pris un temps fou. Elle était donc contente d’avoir fait le chemin en compagnie de Billy et elle s’était attachée à cette petite bête. Mais Luna ne comprenait pas trop la réaction de son maître. C’était comme s’il tenait une haine profonde envers les chevaux, ce qui pouvait être plausible. Mais ça lui paraissait étrange comme réaction, mais il est vrai qu’elle ne l’avait jamais vu en compagnie d’un cheval. Elle n’aurait pas voulu qu’il entre dans le repère à cause des nombreuses pièges au sol, mais aurait préféré qu’il ait un meilleur abri que le feuillage des arbres. Heureusement, il était en bonne santé et possédait un bon pelage; la pluie ne le terrasserait pas aussi facilement. Mais la bonne nouvelle était qu'il allait bientôt arrêter de pleuvoir et la petite ne se trompait jamais sur ses prédictions.

Luna prit une gorgée de son thé et le liquide chaud lui fit le plus grand bien avec la température qu’il faisait. Le geste lui donnait l’occasion de réfléchir, car elle ne savait plus trop quoi dire à son maître. Elle avait l’impression que tout ce qu’elle disait ne faisait que blesser l’homme qui se tenait devant elle. Korentin… Les rebelles… Et là, même la mention de l’existence de Billy. Elle n’avait jamais eu de problème avec les longs silences auparavant, mais cette fois-ci, elle se sentit soulagée qu’il soit interrompu par Ombre.

- Sshhh! Tu ne devrais pas parler. Répliqua Luna sur un ton qui se voulait doux, posant son index devant sa bouche.

Et elle le pensait vraiment. Elle l’avait vu cracher le sang après tout et cela, il y a à peine cinq minutes! Ce n’était pas le temps de se remettre à parler. Elle ne voulait pas que son état empire! Mais en même temps, il avait réussi à piquer sa curiosité en parlant qu’il voulait créer un groupe… Mais un groupe de quoi… ? Il n’avait pas précisé et elle voulait connaître absolument la réponse. Ça se lisait dans ses yeux et dans la façon qu’elle s’était redressée.

- Tu sais bien que tu peux compter sur moi… Commença sa pupille.

Elle l’aimait plus que tout après tout. Elle avait une confiance inégalable en lui. Il pouvait lui demander de lui apporter la Lune et elle ferait tout en son pouvoir pour satisfaire sa demande. Mais en même temps, elle n’était pas naïve au point de se jeter aveuglément en bas d’un pont s’il lui demandait. Il pouvait presque lui demander n’importe quoi, mais il y avait une fine barrière à ne pas franchir. Il ne pouvait pas lui demander d’aller à l’encontre de ses principes, soit de tuer des gens qu’elle considérait innocents ou d’impliquer les rebelles d’une quelconque façon. Mais elle le connaissait suffisamment bien pour savoir qu’il s’agissait d’autre chose, mais quoi?

- Je n’ai rien de prévu pour l’instant. Lui confia-t-elle. Et c’était vrai. Elle faisait bien partie des rebelles, mais on ne la sollicitait pas vraiment pour faire des tâches s’y rattachant. On ne s’attendait à rien d’elle en particulier, hormis de ne pas faire de bêtises. Mais j’aimerais en savoir plus. Mais pas le droit de parler! Ordonna-t-elle.

Luna voulait vraiment qu’il repose sa voix. Dommage qu’ils ne puissent pas communiquer télépathiquement à la façon des dragons. Cela aurait été tellement plus facile! À la place, elle déposa un carnet, une plume et de l'encre, qu'elle avait pris dans son sac, devant lui afin qu’il puisse écrire. Elle n’était pas certaine s’il allait faire à sa tête ou s’il allait essayer de lui faire plaisir, mais elle avait au moins essayé.

Il savait qu'il pouvait compter sur elle, il n'avait pas une seul seconde la pensée qu'elle le trahirait. Il savait qu'elle traverserait mer et monde afin de l'aider. Il ne voulait pas d'elle comme d'une soldat ou d'un pion. il la voulait près de lui, marchant dans un sentier parallèle, vers une direction similaire. Elle voulait l'aider, et l'assassin voulait aussi l'aider... Peut-être que si sa pupille décidait de se joindre à son petit groupe, l’impression angoissante qu'il ressentait finirait par disparaître... Afin de ménager sa voix, le rôdeur se fit obéissant. Il prit la plume et la trempa dans l'encre, avant d'entamer son écriture. La plume grattait doucement sur le papier du carnet, seule balade accompagnant les mots qui se formait sur le médium jaunies. En expliquant son idée à Luna, il exposait clairement ses pensées sur papier, ce qui était à la fois une bonne et une mauvaise chose. Quand il aurait terminé, il brûlerait tout tracé laissé.

"J'aimerai fonder un groupe d'espions spécialisé dans l'accumulation et la préservation d'information en tout genre. Transaction, contrat, naissance, décès, événement de tout genre, rumeur, arme légendaire, titre, ce genre de chose. Cela permettrait de toujours avoir une longueur d'avance sur de potentiel ennemis, comme les Alayiens, qui semblent vouloir prendre Armanda à force d'assimilation. Du même coup, avec mes complices, je vendrai et achèterai des informations confidentiel, mais sans importance militaire ou équivalente."

Il posa sa plume un instant, réfléchissant à la suite. Il avait réussit à joindre trois personnes clés à sa cause. Ses plans avaient donc variés de leur forme originels. Il replongea la plume dans l'encre avant de reprendre le noircissement de la feuille. Encore une fois, Nox demanda de l'attention par un petit gémissement, mais le rôdeur l'ignora.

"Afin de couvrir et financer ces activités, je suis en train de finaliser l'acquisition et la rénovation de ce qui deviendra une auberge de la taille respectable. J'embaucherai des gens pour l'entretien, la nourriture et le service. Dans le même bâtiment, il y aura une section de divertissement -alcool, ménestrel, etc- géré pratiquement indépendamment. Cependant, ce sera une source d'information précieuses, puisque l'alcool possède le capricieux pouvoir d'ouvrir les gens à la conversation. En plus de cela, j'ai déjà engagé un homme qui entraînera des jeunes gardes, afin de garder l'endroit sur. Pas que je crains des ennuis, mais je préfère prévoir..."

Il déposa la plume dans l'encrier et soupirant longuement. Elle avait beau dire qu'elle n'avait rien de prévus, l'assassin était convaincu que sous peu, elle irait les rejoindre. Elle ne possédait pas une bague pour rien... Elle s'était engagé à servir la cause de Korentin... Elle devait avoir rencontré d'autre gens qui l'avait aidé, voir protégé... Le cœur de Luna battait sous un autre flambeau que le siens, il le sentait. Il ne pouvait rien y faire, sinon espérer le mieux... Une fois encore, le liquide noir dessina des formes, devenu lisibles pour Luna grâce à l'enseignement que l'assassin lui avait prodigué.

"Je pourrais t'affecter a plusieurs tâche, selon tes préférences. Tu pourrais guider le groupe de chasseurs, puisque tu connais bien la forêt... Tu pourrais aussi servir d'espionne directement et faire le tour de Gloria afin de cueillir des informations. Ce genre de chose... Je ne veux pas que tu t'implique dans des situations où l'empire ou les Alayiens seraient présent... Ton allégeance est une menace à ta vie entre les murs de la capitale..."

Se doutant qu'elle n'avait sûrement pas eu le temps de tout lire, il se leva et céda sa place à son apprentie. Il fit le tour de la table pour aller examiner ce qui restait à réparer sur Mélodie. L'arc était dans un état encore plus piteux que ce à quoi il avait pensé. Malgré le début des réparation, l'Ombre avait peu d'espoir concernant sa remise en état. La structure en soit était à refaire. De plus, l'arme était devenue un peu petite pour la nouvelle taille de Luna. D'arc long, elle devait s'en servir comme arc court à présent... Elle n'utilisait pas toute la puissance qui était à sa disposition... Mais il allait arranger cela, si Luna lui permettait. Il lui avait offert cet arme lors du début de son apprentissage. Il était grand temps qu'elle possède une arme digne de ses compétences, et non pas un jouet pour enfant. Et puis, il avait envie de lui faire un présent. Il était si heureux de la revoir... Hélas, il était dans un piètre état. Il aurait voulu lui expliquer tout son plan de vive voix, mais cette dernière n'aurait pu supporter autant de mot en si peu de temps. Dans la dernière semaine, il avait d'avantage parler, marchandé, intimidé et voler que n'importe quelle autre semaine de sa vie. C'était éprouvant, tant physiquement que psychologiquement. Cependant, une fois à terme, les problèmes resteraient loin pour un moment. Il l'espérait du moins...

Quel soulagement cela fut de voir Ombre prendre la plume et la tremper dans l’encre noire afin d’inscrire ses idées sur papier. Il grattait la feuille au rythme de ses pensées, un peu trop rapidement pour que Luna puisse lire au fur et à mesure, surtout qu’elle devait le faire en l’envers. Mais ça ne pressait pas, elle aurait tout le temps lorsqu’il aurait terminé. Tout ce qu’elle savait pour l’instant c’était que son maître voulait créer un groupe et cette simple idée lui parut que trop étrange. Ombre avec des gens… ? Où était passé cet homme solitaire qui ne voulait rien savoir des autres et qui se méfiait de toutes personnes? Lorsqu’elle l’avait connu, il avait toujours vécu seul dans son repère. La preuve était les nombreux pièges qui jonchaient le sol pour empêcher la venue d’intrus. Devenait-il plus sociable? Oui, probablement… Peut-être avait-il réalisé que ce n’était pas trop mal d’être entouré, si c’était par des gens de confiance. De seul, il s’était retrouvé à deux à cause d’elle et de son entêtement à vouloir rester avec lui. Ensuite, il avait dû faire de nombreuses connaissances lors des négociations et s’était attaché à son Nox. Puis, sans doute avait-il rencontré d’autres gens entre le moment de sa capture et le moment de ses retrouvailles avec sa pupille. L’idée avait finalement germé et se concrétisait.

Lorsque Saemon se leva, Luna fit de même et prit sa place. Elle posa son regard sur la feuille et sourit à l’idée que toutes ces lettres créaient des mots qu’elle était maintenant capable de déchiffrer. C’était grâce à lui si elle était capable d’une telle chose, sans oublier une petite grenouille et un moineau.

Citation :

J'aimerai fonder un groupe d'espions spécialisé dans l'accumulation et la préservation d'information en tout genre. Transaction, contrat, naissance, décès, événement de tout genre, rumeur, arme légendaire, titre, ce genre de chose. Cela permettrait de toujours avoir une longueur d'avance sur de potentiel ennemis, comme les Alayiens, qui semblent vouloir prendre Armanda à force d'assimilation. Du même coup, avec mes complices, je vendrai et achèterai des informations confidentiel, mais sans importance militaire ou équivalente.

Afin de couvrir et financer ces activités, je suis en train de finaliser l'acquisition et la rénovation de ce qui deviendra une auberge de la taille respectable. J'embaucherai des gens pour l'entretien, la nourriture et le service. Dans le même bâtiment, il y aura une section de divertissement -alcool, ménestrel, etc- géré pratiquement indépendamment. Cependant, ce sera une source d'information précieuses, puisque l'alcool possède le capricieux pouvoir d'ouvrir les gens à la conversation. En plus de cela, j'ai déjà engagé un homme qui entraînera des jeunes gardes, afin de garder l'endroit sur. Pas que je crains des ennuis, mais je préfère prévoir...

Je pourrais t'affecter a plusieurs tâche, selon tes préférences. Tu pourrais guider le groupe de chasseurs, puisque tu connais bien la forêt... Tu pourrais aussi servir d'espionne directement et faire le tour de Gloria afin de cueillir des informations. Ce genre de chose... Je ne veux pas que tu t'implique dans des situations où l'empire ou les Alayiens seraient présent... Ton allégeance est une menace à ta vie entre les murs de la capitale...

Ainsi, il comptait former un groupe qui serait maître de l’information. C’est comme ça que Luna le voyait et elle savait très bien que le savoir et les connaissances pouvaient être une arme redoutable. Et il n’y avait rien de mieux qu’une auberge ou taverne, pour atteindre ce but. Dans ce genre d’endroit, les gens parlaient sans se retenir sous l’effet traître de l’alcool. Le quartier général, si on peut l’appeler comme ça, se situerait à Gloria… L’endroit était bien choisi pour entendre des rumeurs. Si elle se joignait au projet, elle deviendrait plus proche de ses ennemis, soit l’Empire et les Alayiens. C’était risqué pour une rebelle, mais en même temps, si elle pouvait mettre la main sur de l’information importante… Mais le plus important de tout, elle serait avec Ombre.

- Tu peux compter sur moi pour ton projet… Je me joindrai au groupe que tu auras formé. Et je ne ferai pas de bêtises, promis. Commença-t-elle. Tu as trouvé plusieurs personnes déjà? Ce sont des gens… en qui on peut avoir confiance? Demanda-t-elle.

Mais ça, elle ferait sa propre idée lorsqu’elle les verrait. Pouvait-on réellement et complètement avoir confiance en quelqu’un? Non… Toutes personnes ont toujours quelque chose à cacher. Et elle, la première. Après tout, n’allait-elle pas leur mentir sur son identité en leur cachant qu’elle était une rebelle?

- Ton projet sera mis en place quand? Demanda-t-elle.

Il restait encore beaucoup de choses pour que l’idée ne devienne concrète. Et obtenir une auberge ne se faisait pas du jour au lendemain. Quoique pour Ombre, tout était possible.

- Comme tu t’en doutes déjà… Je ne peux pas immédiatement me joindre à ton projet. J’ai des choses que je dois terminer avant… et j’en profiterais pour ramener Billy en même temps. J’aurais besoin d’un mois environ…

Elle ne voulait pas quitter son maître, mais elle le devait. Il lui fallait un mois… Mais elle savait en même temps qu’il pouvait se passer tellement choses en un seul mois. La dernière fois qu’ils s’étaient quittés avec la promesse de se revoir, ça ne s’était pas terminé comme prévu. Cette fois-ci, ils se reverraient assurément!

Luna posa sa main gauche devant son visage afin que de petites flammes apparaissent au bout de ses doigts [[Contrôle] Flammèches]. Prenant la feuille par un coin, elle enflamma le coin opposé et regarda les informations disparaître sous la chaleur des flammes. Ce simple papier pouvait mettre sa vie en danger s’il se retrouvait entre de mauvaises mains.

L'assassin la dévisageait sans cesse. Ses yeux la fixait sans qu'il ne puisse les contrôler. Il avait beau se répéter mille fois qu'il ne rêvait pas, son corps ne l'écoutait pas pour autant. Huit mois sans la voir, et déjà, tout semblait aller comme si rien ne s'était jamais passé. Mais ce n'était pas le cas, car l'homme était blessé. Ce n'était pas le cas, car la petite fille était maintenant rune jeune femme. Ce n'était pas le cas, car huit mois avaient passé, et la dure réalité ne cessait de rappeler au rôdeur qu'à tout moment, il pouvait tout perdre. Sentiment encore bien étrange pour un homme qui n'avait jamais rien eu. Maintenant, il aimait, il possédait, et il craignait.

-J'ai quelque... Personnes... En vue... Rien de... Certain... Une tavernière... Un mercenaire... Une matrone... D'un bordel... Potentiellement... une vingtaine... de jeunes... Pour la garde... Sinon... une dizaine... D'employés... Je leur... ai tous... Donné rendez-vous... dans une... semaine...

Il toussa encore et décida d'arrêter de parler un court instant. Il l'écouta parler et tenta de structurer ces nouvelles informations dans son esprit. Quelle rôle pourrait-elle jouer? Sans réfléchir, la première idée qui s'imposa à lui était espionne. Après tout, personne ne redoutait une jeune comme Luna, malgré le fait qu'elle était potentiellement la fille de quatorze ans la plus dangereuse de tout Armanda. Après tout, même si cela avait été bref, elle avait été entraîné par l'un des assassin les plus redouté et redoutable de l'Empire humain. En effet, peu d'humain pouvait se vanter de n'avoir jamais raté une cible de sa vie. En fait, l'Assassin connaissait une personne qui pouvait peut-être l'égaler, voir le surpasser en archerie. Un guerrier sois disant nommé "Phantom". Il n'en savait que très peu sur ce dernier, sinon, que la moitié des jeunes archers de Gloria voulait un jour tirer comme lui... Si son plan fonctionnait, l'Ombre réservait une place et une attention particulière pour cet homme, histoire de savoir à qui il avait à faire. L'assassin empoigna le verre et passa dans le grand hall afin d'aller remplir son verre dans l'eau du petit lac. Il avait surmené sa gorge cette dernière semaine. Tant de chose s'était passé après tout... Résolu, il traversa de nouveau la pièce et retourna à la table. Il prit un bout de ses propres parchemins, trempa sa plume. Alors qu'il écrivait de nouveau, debout, il vit son élève brûler la page qu'il avait précédemment noircis. Elle comprenait rapidement... C'était bien.

"Je ne te cacherai pas que je suis triste d'apprendre que tu dois me quitter déjà. J'avais cette sensation depuis la première minute où tu as mis les pieds dans la grotte. Enfin... Après l'épisode de l'arc... Pourquoi ne resterais tu pas une semaine, au moins? Ainsi, tu pourrais m'aider à organiser et fignoler ce qui reste pour les fondations de mon groupe. De plus, dans six jours, je rencontrerai mes futurs "lieutenants", s'ils daignent venir me revoir..."

Il déposa sa plume un moment, regardant l'arc de Luna, puis le grand sac posé près de l'étagère où il conservait ses vivres. Il avait beaucoup a faire en peu de temps. Il aurait besoin d'aide, et la seule aide disponible pour le moment était Luna. Et il ne voulait pas unique,ment de sa présence à des fin matériel. Il voulait qu'elle reste encore avec lui, mais d'un autre coté, il se sentait mal d'agir ainsi, de désirer la posséder. Il trouvait cela injuste, capricieux de la part des Esprit que de ce faire tendre la lune pour qu'elle lui soit aussitôt enlevé. Il devait avoir été un vrai monstre dans une autre vie pour mérité une réincarnation aussi souffrante. D'ailleurs, il n'avait pas vraiment purifié son âme dans cette vie aussi...

-Je peux... Réparer... Mélodie... Ou te créé... Un nouvel... Arc... Si tu... Reste... Une semaine... C'est tout... Tout ce que... Je de... Demande...

Il toussa une fois de plus, sentant le liquide écarlate mijoter dans sa bouche. D'accord, il ne parlerait plus... Pour le moment. Il n'avait pas eu l'occasion de parler depuis son évasion et en deux semaine, il avait l'impression d'avoir fait la conversation à la moitié de Gloria. Étourdit, l'assassin allait se rasseoir et agrippa une fois de plus la plume, cette fois ci de façon maladroite. Il ajusta sa poigne sur cette dernière et écrit de nouveau.

"J'ai compris, je me la ferme... Je ne me suis pas ménagé ces dernier jours... Tout cela à cause de mon plan. Mais il est loin d'être terminé. Si tu m'aide, dans une semaine, je pourrai officialisé mon groupe et me reposer un mois s'il le faut. Pour cela, je me dois de travailler comme un fou encore une semaine... Si tu reste, je te demanderais ton aide. Pour la forge, la couture, L'organisation, les contactes et tout ce genre de chose. En même temps, nous pourrions passer un peu de temps ensemble, avant que tu retourne voir tes nouveaux copains... "

Il se sentait ridicule de devoir ainsi traduire ses pensées par l'écriture. Est ce ainsi que Auphélie se sentait? Il ne saurait dire, mais si cela était le cas, il était sincèrement désolé pour elle.

Luna prit doucement une gorgée de thé afin de retenir son prochain commentaire, celui qui dirait à Ombre de ne pas parler. Elle posa son regard attentionné sur lui et écouta ses paroles. Jamais elle ne l’avait vu aussi passionné par quelque chose et c’était décidément un projet qui lui tenait à cœur. Il y avait pensé pendant longtemps. Il avait travaillé fort pour arriver au point où il était maintenant. Et elle ne pouvait que l’encourager. Elle était si heureuse de le voir en vie! Malgré toutes les épreuves qu’il avait vécues, il allait de l’avant.

Elle avait encore du mal à s’imaginer son projet, mais les idées prenaient petit à petit forment dans sa tête. Dans une semaine, le tout serait plus concret, car oui, à cet instant précis, la petite avait pris la ferme décision de le suivre jusqu’à Gloria et de se joindre à son projet. Maintenant qu’elle l’avait retrouvé, elle n’allait quand même pas l’abandonner pour une bande de Rebelles? Et à bien y penser, aller à Gloria avec Saemon Methus ne signifiait pas trahir les gens d’Aigue-Royale. Ils s’inquièteraient probablement pour elle, car les gens avaient trop facilement tendance à se faire des angoisses pour une jeune fille de quatorze ans, tandis qu’elle savait probablement mieux s’en tirer que quiconque. Mais elle sentait qu’elle serait plus utile dans la Capitale, au moins là elle pourrait les aider davantage en apprenant des informations sur l’ennemi. L’idée de devenir espionne lui plaisait beaucoup.

- Ça fait beaucoup de gens quand même! Commença-t-elle.

Sa voix était teintée d’étonnement. Elle pensait au plus à groupe de cinq, mais une vingtaine de gens?! Il avait fait fort pour le recrutement. Mais elle avait également déduis que les éléments importants de son projet était la tavernière, le mercenaire, la matrone, elle et lui. Le reste n’était que pour assurer de l’ordre dans son projet et probablement qu’ils ne sauraient pas la vraie idée derrière. Ces trois personnes avaient su gagner la confiance de son maître d’une façon ou d’une autre, et ce dernier avait vu leur utilité. La tavernière avait de l’expérience dans ce domaine et saurait s’occuper de la taverne. Le mercenaire était bon combattant et allait pouvoir s’assurer que tout se passe bien. Probablement qu’il aurait le loisir d’entraîner les nouvelles recrues. Et la matrone d’un bordel… Euuh…?! Qu’était-ce un bordel? Elle avait beau y penser, elle n’avait aucune idée. Comment savoir quelque chose que l’on ne connaît pas et qu’on n’a jamais connu? Il n’y en avait pas à SinClinclin… Et elle n’avait pas eu la chance, ou la malchance, d’en visiter un à Aldaria. Mais vu le nom, ça ne lui annonçait rien de bon.

- Euuhm… commença-t-elle d’une voix incertaine. C’est probablement une question stupide, mais… c’est quoi un bordel? Demanda l’enfant.

Luna représentait probablement l’innocence même d’un enfant. Son petit doigt lui disait qu’elle n’allait pas aimer la réponse qu’Ombre lui dirait. Mais si elle devait rentrer la matrone, ne serait-il pas préférable qu’elle sache de quoi il s’agit? En même temps, ce n’était peut-être pas quelqu’un chose d’important non plus.

- Ça me fera plaisir de t’aider pour ton projet, Maître. Je compte bien rester avec toi… Mais si je reste, il faut une place pour Billy aussi. Je ne sais pas ce que tu en penses? Mais il faudrait au moins qu’il soit confortable et avoir un toit sur la tête. Tu ne l’aimes peut-être pas, mais c’est MON compagnon et mon ami. Dit-elle.

Malgré sa haine envers Billy qu’elle ne comprenait pas, Luna se disait qu’il allait peut-être penser différemment si elle présentait l’animal comme son ami. Elle ne pourrait pas rester une semaine dans le repère si son compagnon n’était pas confortable et n’avait pas d’endroit où rester. Il pouvait survivre de la pluie, mais elle n’en était pas certaine quant aux animaux sauvages qui rôdaient dans les parages. Et puis, il ne méritait pas d’être maltraité! Ombre aimait bien son Nox, non? Il comprendrait qu’elle aime son Billy de la même façon… C’est ce qu’elle espérait du moins.

- Je peux t’aider pour Mélodie? Demanda-t-elle. En fait, je crois qu’il est devenu un peu petit. Ce serait sûrement mieux d’en faire un nouveau complètement, non?

Luna procéda à la même technique que tantôt afin de détruire les papiers sur lesquels Ombre écrivait.

- Je vais t'aider, d'accord? Ménage toi un peu...

Il sourit franchement. La savoir à ses côtés était le plus beau des présent qu'il pouvait recevoir. Il voyait la un cadeau des Grands Esprits, une réponse à ses prières. La seule personne qu'il avait réellement aimé lui étant retourné après des mois de souffrances et de chaos. Il ne pouvait pas envisagé une meilleure personne sur qui se poser et accorder sa confiance. Contrairement aux personnes qu'il avait recruté en guise de lieutenant, Luna n'avait rien à lui prouver. Il connaissait ses capacités, il la savait digne de confiance, énergique, forte. C'était désolé pour l'assassin, Il se sentait comme un oiseau aillant retrouvé son œuf quelques branches sous le nid, encore intacte. Un assassin "mère poule", c'était un principe assez particulier à imaginer venant de l'homme qui n'aimait pas. Non, ce n'était pas vrai en fait, il aimait, il refusait seulement de le voir. Car aimer le terrorisait.

Il avait considéré Luna comme son élève et jamais à tord, mais il savait qu'il ne remplacerait pas son père. Il s'était occupé de son éducation dans bien des domaines, mais il y avait certaine chose qu'il ne se pensait pas capable d'accomplir de façon convenable, comme d'aborder le sujet du sexe. Il refusait qu'un cheval entre chez lui, alors il n'imaginait même pas le jour ou il découvrirait qu'elle avait avec elle un garçon pour qui son cœur battait. Possiblement que l'assassin le tuerait sur place, sans excuse, juste sous le coup d'un élan surprotecteur... Mais pour l'instant, ce qui comptait son attention était la question toute simple de la gamine. C'est vrai, elle devait ignorer qu'est ce qu'un bordel. Après tout, les seules filles de son âge qui connaissaient pareil établissement étaient malheureusement employées dans ce dernier... Il n'avait jamais mentit à Luna lorsqu'il répondait à ses questions, mais à ce moment précis, l'assassin se demanda s'il devrait garder sa langue ou non. Et puis zut, elle apprendrait tôt ou tard, tôt si Autone décidait de joindre le groupe.

"Un bordel, aussi appelé maison close, est un endroit où les femmes qui y travail offre des services sexuelles en échange d'argent. C'est habituellement des jeunes filles orphelines ou très pauvre qui sont "recrutées", jusqu'à ce qu'elles ne soient plus assez belle pour attirer la clientèle... La Matrone du bordel en question est très douée dans l'air de manipuler et tromper les hommes, et elle sait comment gérer un commerce, ce qui fait d'elle une alliée de choix. Elle n'a pas encore officiellement acceptée, mais je travail sur son cas..."

Il lui jeta un regard interrogateur, curieux de savoir ce qu'elle allait en penser. Après tout, peut-être s'imaginait-elle que son maitre n'avait jamais fréquenté pareil endroit... Chose qui était le cas, autrement que pour le travail. Qui de plus, la nuit qu'il avait passé auprès d'Autone n'avait pas été un service rémunéré. En soit, il n'avait jamais encouragé pareil entreprise, fidèle à son vœux.

"Pour ton cheval Billy, même si je voulais l'abriter, chose qui n'est pas le cas, je ne pourrait pas. La grotte n'est pas faites pour un animal de cette taille. Cependant, il y a une écurie jointe au bâtiment que j'ai acheté pour le groupe. Tu pourrais le laisser là... De toute façon, je risque d'avoir encore quelques trucs à faire à Gloria, et après tout, je peux bien te montrer l'édifice tout de suite, n'est ce pas?"

Il jeta un coup d'œil vers le petit corridor qui menait à sa forge. L'armure, les vêtements, les armes, la prothèse de Nox, Mélodie, il avait beaucoup de chose à faire et peu de temps pour le faire. Mais à présent, Luna était avec lui, alors il n'y aurait plus de problème à ce niveau là. Avec sa gamine préféré, il pouvait facilement tripler son rendement. C'était évidement plus facile de travailler avec une assistante que sans, et plus prudent aussi... Il inscrivit une fois encore des lettres noires d'encres sur le papier, se sentant aussi restreint dans sa communication que la tavernière... Non, il l'était moins, car lui, il savait écrire, pas elle, bien malheureusement.

" Oui, je prendrai ton aide avec joie, pour Mélodie, et pour le reste aussi... J'ai beaucoup de chose à modifier et à fabriquer d'ici quatre jours, et ton aide serait la bienvenue. Tu manies beaucoup mieux l'aiguille que moi après tout..."

Il lui décrocha un autre sourire lorsqu'il écrit ces mots. Il était plutôt débrouillard, mais, sans qu'il ne sache pourquoi, il n'avait jamais été très bon en couture... Chose dans laquelle la jeune excédait. De longues heures les attendaient tout les deux, mais au finale, l'Ombre pourrait peu-être finalement offrir une vie respectable à la personne qu'il chérissait tant.

Luna posa son regard sur son maître et attendit qu’il trace des mots à l’aide de la plume. Cela prit un certain temps avant qu’il ne le fasse et lut en lui une certaine hésitation face à sa question. C’était définitivement un sujet délicat qu’elle venait de lui demander. Malheureusement, les gens, surtout les inconnus, avaient tendance à vouloir la surprotéger et à lui cacher la vérité par peur d’abîmer son esprit supposément pur et naïf d’enfant. Mais elle en avait déjà vu des vertes et des pas mûres… Or, Saemon la respectait suffisamment pour lui répondre franchement et il savait que c’était inutile de lui faire croire que la vie n’était faite que de belles choses, car ce n’était pas le cas. Ainsi, après un moment, l’enfant lut les détails concernant ce qu’était en réalité un bordel.

- Oh…! Je vois… dit-elle, sans plus.

Elle ne cacha pas sa surprise d’apprendre ce qu’était une maison close et à vrai dire, elle ne savait pas trop quoi en penser en réalité. Elle n’avait jamais imaginé qu’il y avait un endroit où des services sexuels étaient donnés par des femmes, souvent très jeunes mêmes, à des hommes qui leur offraient leur or en échange. Elle n’avait pas besoin de plus de détails pour s’imaginer l’horreur que pouvaient vivre certaines d’entre elles. Elle ne voulait pas plus de détails. Elle ne voulait pas savoir non plus si son maître allait dans ce genre d’endroit pour s'adonner à ce genre d'activités. C’était sa vie sexuelle et elle ne voulait rien savoir. Un mot lui venait en tête en pensant aux bordels et c’était le mot « dégoût ». C’était l’endroit en soi qui la dégoûtait et ce que les femmes devaient se résoudre à faire aux hommes. Elle avait du mal à s’imaginer comment de jeunes femmes pouvaient atterrir dans ce genre de maisons closes. Qui avait bien pu sortir cette idée saugrenue? Elle s’imaginait mal « fréquenter » ce genre d’endroits. Elle avait probablement du mal à se l’imaginer actuellement puisque les circonstances avaient fait en sorte qu’elle évite ce genre d’endroits. Elle voyait d’autres moyens de se sustenter et de survenir à ses besoins. Tout d’abord, elle savait se débrouiller seule. Elle savait chasser, différencier les plantes comestibles de celles qui ne l’étaient pas, cuisiner, survivre… Ensuite, elle aurait pu prendre des contrats, entre autres d’assassinats, elle avait l’avantage d’être discrète et que personne ne suspecte une enfant. Elle avait peut-être peu de chance en combat singulier un contre un, mais sa cible n’avait aucune chance si elle la prenait par surprise. Puis, elle était rapide et furtive. Deux qualités précieuses à tout bon voleur… Elle aurait même pu se joindre à la Horde si elle l’avait vraiment voulue. Elle avait beaucoup apprécié leur compagnie, surtout en ce qui concerne Jëonyr, Hélène et Hedras. C’était toutes des options qui s’offraient à elle avant même de penser à vendre son corps. Mais tout cela était possible grâce à un homme, son maître, qui avait voulu prendre soin d’elle lorsqu’elle n’avait plus rien. S’il n’avait pas été là, qu’est-ce que la petite orpheline qu’elle était serait devenue? Si ça avait été quelqu’un d’autre, davantage mal intentionné, qui sait où elle serait maintenant? Dans un bordel, peut-être… ?

- Tout de suite?! S’exclama-t-elle un peu tard lorsqu’elle lut la suite du message.

Sa voix dénotait de la surprise, mais encore plus de la joie. Avec toute cette conversation, Luna avait hâte de voir la taverne d’Ombre et d’emmener Billy à un endroit sécuritaire.

- Il a arrêté de pleuvoir en plus, ça tombe bien! Rajouta-t-elle.

Elle retourna dans la grande aile afin de se changer, car voyager en robe n’était pas très efficace. Elle revêtit des vêtements secs ainsi que son armure de cuir et ramassa sa cape.

- Je suis prête! Dit-elle en revenant dans la salle principale.

[ C'est sur cette note que je conclus. ]