Le soulagement de la jeune femme quand elle aperçut enfin la plaine des campagnes de l'empire humain à travers les derniers arbres de la foret elfique était sans pareil. S'appuyant un instant sur le dernier de ces géants feuillu, elle contempla avec nostalgie la fin de son calvaire vert, en se remémorant ce qu'elle avait accomplit ces derniers temps.

Une fois les dragonniers ayant vaincu Néant, Ninna ayant apprit la disparition éclaire d'Esmelda avec un de ces fanatique Alayien Dracos savait où et une folie furieuse s'était emparée de la jeune femme. Elle avait traquée, trouvé, anéanti le moindre soldat Alayien qui avait le malheur de se trouver sur son chemin. Aucun d'eux n'avaient pu lui donner des informations concernant sa princesse, malgré des méthodes d'extraction d'information très efficace qu'employait notre épéiste avec entrain... Alors elle se mit en tête de ne plus laissé un seul de ces vermines de soldat en vie dans tout Amanda. Mais le domaine baptistrel fut bientôt rapidement nettoyé, les délégations s'en étaient allées, chacun tenté de reprendre sa vie d'avant, soit en profité pour prendre un nouveau départ.

Les nouvelles de l'empire n'étaient pas des plus joyeuses, avec les magouilles politiques des Kohan de l'Est à l'Ouest, et la rumeur des rebelles qui se soulevaient contre Fabius, ce crétin arriviste qui apparemment avait pactisé avec les envahisseur Alayiens. Elle lui aurait volontiers tordu le coup elle-même, et elle faillit partir plusieurs fois impulsivement pour l'affronter en apprenant les nouvelles qui leur parvenaient. Certains elfes , et il parait même certain vampires, commençaient à rejoindre la rébellions des hommes, officiellement ou officieusement. Et plus le temps passé, plus les Alayiens disparaissaient des forets, et plus l'idée de rejoindre les rebelles trottait dans la tête de la jeune femme... Après tout, ce n'était pas en restant là les bras croisés qu'elle retrouverait sa princesse, et les elfes commençaient à lui sortir par les yeux...

Elle avait néanmoins réussit à s'entendre avec certains, surtout après avoir combattu auprès d'eux pour défendre leur territoire. Elle avait tenue sa promesse avec l'elfe Eliowir , et parfois Syndar venait se joindre à eux. Elle avait apprit à les apprécier et, elle devait l'admettre, elle s'était également enrichie à leur contact. Ils l'avaient introduit auprès de la reine Galadrielle, et elle avait pu rencontrer brièvement la famille Terendul. A force de discuter , de revoir les différentes stratégies alliées et ennemies, elle finie par se rendre à l'évidence, si elle voulait restée utile et avancer dans ses projets, il fallait qu'elle parte d'ici et qu'elle trouve le moyen d'atteindre Aigue-Royale pour apporter sa contribution et au moins, là bas, elle pourrait être au cœur de l'action, et si quelqu'un avait des nouvelles de sa princesse, cela passerait forcément par là...

Aussi partit-elle seule à travers la foret elfique, une traversée bien longue mais qu'elle effectua de bon cœur, ravie de pouvoir enfin retrouver la vraie civilisation, celle qui mangeait de la viande! Sur le dos de son cheval, elle parcourut en un temps record la distance qui la séparait de la campagne entre Gloria et Aldaria. Elle avait choisit de rester éloignée au maximum des grandes villes, ne sachant pas à qui se fier chez les nobles humains, étant restée trop loin des intrigues politiques et ne sachant plus qui étaient restés des alliés et qui étaient passé lâchement à l'ennemi... Dans le doute, elle préféra rejoindre directement Althaia sans détour inutiles.

Ainsi, quand elle quitta enfin le territoire elfique, après avoir prit une grande goulée d'air, elle s’attela immédiatement à une chose dont elle avait rêvé depuis ce qui lui sembla une éternité. Il ne lui fallut que quelques minutes pour retrouver une piste fraiche, poser un collet, et attendre patiemment quelques heures, le temps pour elle et son cheval de prendre un peu de repos bien mérité. Un craquement sonore se fit entendre, signe que son piège venait de fonctionné. Elle se leva d'un bond, se frottant les mains, salivant à l'avance du festin qui l'attendait. Elle s'était retenue, non sans mal, pendant tout son séjour, et cela même quand sa princesse n'était plus là pour la rappeler à l'ordre, d'offenser ses hôtes et avait réussit à respecter leurs coutumes et à maintenir un régime végétarien. Cela ne lui avait pourtant pas donné la sensation de s'être rapprochée de la nature et de son moi intérieur...

Elle revint vers le feu qu'elle avait allumé quelques instants plus tôt, avec un magnifique lapin dans la main. Elle le prépara et l'embrocha avant de le déposer délicatement au dessus des flammes, laissant son arôme grillé faire gronder son ventre. Elle savoura son festin alors que la nuit tombée doucement, et s’endormit sereinement, son épée à la main et son ventre ronronnant.

Les jours passèrent, sans que Ninna ne rencontre de problèmes particuliers, hormis le dilemme de son accoutrement : elle se refusait à parcourir la moitié de l'empire sans son armure pour la protéger, surtout en voyageant seule, mais elle préférait se déplacer anonymement, inutile de se faire repérer par des troupes de l'usurpateur ... La guerrière avait finit par faire un compromis : conserver son armure, mais dissimulée sous une cape de voyage avec de longues manches et un capuchon, le tout la protégeant également du froid et des intempéries. Elle avait croisée quelques paysans sur sa route , certains qui ne s'étaient même pas formalisé d'un "bonjour", d'autres qui s'étaient montré pus chaleureux et avec qui elle avait pu faire un peu de commerce. Ces derniers avaient bien voulu lui donner leur version de la situation du royaume, et elle n'était pas très jolie... Ninna les écoutaient avec peine, et tentait de leur remonter le moral. Peu d'entre eux avaient entendu parler d'une rebellions dans les environs, et ceux qui en avait eut vent avait plutôt l'air de considérer les rumeurs comme ce qu'elles étaient , des rumeurs... Elle ne put rien en tirer de plus.

Reprenant sa route, elle se rapprochait d'Althaia, estimant encore son voyage à moins d'une semaine, et elle s'arrêta à nouveau un soir à l'aube d'une prairie, installant son camps après avoir fait un rapide tour des environs et ayant constaté la seule présence de fauves, des loups sans doute, et peut-être bien la trace d'un ours, mais qui datait de plus de deux jours certainement. La faune locale ne lui posait pas de problèmes, tant qu'elle aurait un feu de camps près d'elle, aucune bête ne l'approcherait, à part les moustiques peut-être. Le seul évènement perturbant qui pourrait arriver serait les hommes... Ces paysans, à qui la guerre n'avait laissé que la misère comme compagnie, qui s'étaient reconvertit en brigand de petit chemin pour se nourrir, eux et parfois leur famille si ils leur en restait. Une fois elle avait aperçut un enfant, pas plus d'une dizaine d'année, qui l'avait suivit pendant toute une journée, sans pour autan oser s'approcher. Malin le gosse, il avait au moins assez de jugeote pour comprendre qu'il n'aurait aucune chance face à elle. En quittant le hameau, elle laissa néanmoins un morceau de pain et une pomme sur un rocher en évidence , sachant qu'il le trouverait certainement. Il ne l'avait plus suivit depuis.

Ce soir là cependant, il ne semblait pas y avoir de trace de brigand non plus, alors Ninna s'installa contre un arbre à la lisière de la prairie, ramassa quelques branches sèches pour allumer un feu et entreprit de déplumer le volatile qu'elle avait attrapé quelques lieues plus tôt. C'est à ce moment là qu'elle perçut des craquements sinistres plusieurs mètres derrière elle du côté du petit bois. Lestement, sans un bruit, elle déposa son diner à terre, attrapa une branche de l'arbre et s'envola souplement dans le feuillage. Une chance qu'elle n'avait jamais cessé d'entretenir son armure, car aucun grincement ne vint la trahir. Tandis que des bruissements se rapprochaient, elle sortie son épée lentement dans un chuintement délicat, en espérant que la lune qui se reflétait sur la lame n'attire pas le regard de son invité curieux.
Enfin, une ombre se dessina, sortant des bois furtivement. Une forme humaine, à la silhouette fine d'où se détachait la forme courbée d'un arc.
Un autre brigand, certainement attiré par le feu et l'idée soit d'un repas gratuit à venir, soit d'un malheureux voyageur à détrousser.
Malheureusement Ninna ne comptait offrir ni l'un, ni l'autre. Elle avait ses propres problèmes et n'était pas venu jusqu'ici pour nourrir toute la région, et encore moins pour se laisser raquetter. L'individu semblait être seul, et malgré tous ses sens tendus vers la foret, elle ne distinguait aucun autre bruit pouvant lui signifier la présence de complice. Elle se rabattit alors sur l'intrus, qui s'approchait prudemment du feu. Elle le laissa dépasser l'arbre sur lequel elle se trouvait perchée, avant de se laisser tomber comme une feuille derrière lui et lui passa l'épée contre la gorge.

"La curiosité est un vilain défaut..." murmura-t-elle à son oreille, avant d'ajouter "Lâche ton arc à terre" d'un ton sec.

De sa main libre, elle lui fit faire demi-tour pour contempler son visage face à face, tout en maintenant la pointe de son épée sous sa gorge. Il avait l'air si jeune, et il y avait quelque chose de presque, familier, dans son physique et ses expressions, sans qu'elle ne sut dire quoi exactement.
Elle s'adressa à nouveau à lui sans plus de cérémonie, songeant à son repas qui prenait du retard.
"Qui es-tu et qu'est-ce que tu cherches ici? Parle sans détour et ne me mens pas, je n'ai pas le temps pour ça..." lui intima-t-elle, d'un ton qui ne souffrait pas de contradiction.

Ninna patienta, attendant que l'intrus veuille bien décliner son identité sans mentir. Elle commençait à en avoir assez que tous les crèves la faim du coin la prenne pour la cantine locale. Le jeune homme qui se tenait devant elle avait au moins l'air intelligent et ne tenta rien de stupide. Mais il y avait quelque chose ... d'étrange dans son regard, comme s'il s'était persuadé qu'elle ne lui ferait aucun mal... Une assurance qu'elle comprit quelques instants plus tard, quand il lui révéla qui il était. Elle le détailla plus en profondeur, soupçonneuse tout d'abord, puis son bras se détendit. Effectivement, il ressemblait bien à ce garçon qu'elle avait rencontré, voilà quelques années plus tôt, lorsqu'elle et Esmelda se trouvaient en visite chez ses cousins. Il avait bien changé et grandit depuis, mais elle devait se rendre à l’évidence, c'était bien lui.

En revanche, lui semblait l'avoir reconnu sans difficultés ... Il était vrai que la jeune guerrière ne passait pas totalement inaperçue, et bien qu'elle tiqua quand il employa le qualificatif de "Dame", elle s'étonna qu'il se souvienne si bien de son nom! Elle qui n'avait même pas était capable de le reconnaître... Mais à force de voir défiler sans cesse tout le beau monde du pays au château pour venir faire des courbettes à l'empereur et sa famille, elle avait vu bien trop de visages pour se souvenir de tous, et encore moins de leurs noms! Sachant que la plupart d'entre eux ne représentaient aucun intérêt pour la brunette, qui ne voyait absolument pas le besoin de faire un effort supplémentaire pour retenir toutes ses informations superflue... La seule chose qui occupait son attention, c'était d'éventuelles armes dissimulés sous les tuniques ou les manteaux!

Elle le relâcha et rengaina son épée à sa ceinture et déclara, un peu plus chaleureusement :
"Alrick... Oui, tu as grandit depuis la dernière fois que l'on s'est vu! Je ne t'avais pas reconnu! Mais qu'est-ce que tu fiche par ici tout seul? "

Elle avait entendu parler par les elfes que certaines villes avaient étaient attaqués et personne n'avait eut de nouvelles de Julian et Ellane Kohan, ni de leurs enfants. Il avait certainement du fuir puis se cacher dans les forêts et les collines. Elle était curieuse de savoir comment il s'en était sortit jusqu'ici...
Son estomac la rappelant à l'ordre, elle retourna s'installer prés du feu et fit signe au jeune Kohan de la suivre. Pendant qu'elle finissait de plumer le volatil qui allait leur servir de dîner, elle réfléchit à ce qu'il avait dit précédemment : qu'entendait-il en disant qu'elle était recherchée et lui aussi? Qui donc pouvait bien perdre son temps à la chercher? Ainsi que ce garçon? Après tout, elle n'était que la garde du corps de la princesse , mais sans princesse à garder, et lui n'était qu'un cousin suffisamment éloigner pour n'avoir aucune prétention au trône avant un très long moment.... Et même dans le cas où il aurait raison, elle attendait de pied ferme l'inconscient qui viendrait tenter de la détourner de son chemin!

Quant à faire un bout de chemin avec lui, pourquoi pas, il avait un cheval, il ne la retarderait pas et avec son arc il ne poserait pas de problème pour le nourrir... Mais l'aider à trouver ce qu'il cherchait, voilà autre chose! Elle avait déjà son propre objectif et elle estimait avoir perdu assez de temps comme ça pour jouer au bon samaritain avec tous ceux qu'elle croisait! A se rythme là, elle ne serait pas à Aigue Royale avant l'an prochain...

"Et on peux savoir ce que tu cherches exactement?" lui demanda-t-elle avant de lui promettre quoi que ce soit.

Si il cherchait un coin tranquille pour passer la nuit, pas de soucis, mais s'il cherchait l'usurpateur de trône pour venger sa famille, voilà qui poserait problème! Bien que cela fasse partit de ses projets également, il était hors de question de se lancer seule comme ça. Et c'était bien pour cela qu'elle se rendait chez les rebelles !
Mais plutôt que de laisser ses pensées vagabonder et spéculer sur ses intentions, elle préféra l'écouter raconter son histoire...

Ce qu’il faisait ici tout seul ? Il essayait simplement d’éviter les gardes de l’Empereur, de trouver sa sœur Violette et les rebelles. Autant dire qu’à quinze ans, ce n’est pas toujours tâche aisée. Pourtant, le jeuen Kohan s’en sortait plutôt bien puisqu’il ne s’était pas fait coincé pour l’instant. C’était déjà un tiers de ses ambitions atteintes, ce qui n’était pas négligeable. Mais plutôt que cette réponse qu’il aurait du expliquer, il répondit simplement :

-Je cherche quelqu’un d’important, une Kohan comme moi.

Le silence s’installa mais Alrick ne se trouva pas mal à l’aise. Il suivit son hôte du jour avec respect et entreprit de l’aider bien qu’il n’ait encore jamais eu l’occasion de plumer lui-même une volaille. Pendant qu’il s’afférait, son regard scruta le visage de Ninna. Un joli visage aux yeux sombres mais il y lut ses interrogations. Ainsi, sa question, bien qu’il l’attendit plus qu’il ne le pensait, ne le surprit pas. Il respira profondément et réfléchit à la meilleure façon d’aborder les choses. La question implicite de la jeune femme lui soufflait de tout dire sans retenue. Mais il ne se sentait pas vraiment prêt à parler à nouveau de Chantebrume et de sa famille. Il ferma les yeux un instant, prit une profonde inspiration et se lança sur le tortueux chemin de son histoire.

-Il y a un an tout au plus, les Humains étaient encore en guerre contre les Vampires. Et bien sûr, ces derniers organisaient des raids contre de petites villes. Chantebrume était une petite ville. Ils l’ont réduite en cendres et ils ont tué… Ellane et Julian. Mes parents se sont battus vaillamment pour protéger leur ville et leur famille. Après leur avoir dit adieu, j’ai cherché le corps de ma sœur. Je n’ai jamais trouvé Violette. Je suis allé à Gloria, pensant que ces Kohan que je ne connaissais presque pas m’aideraient à oublier. Mais on ne peut oublier pareil évènement. Je me suis emmuré dans mon silence J’ai juré devant les tombes de mes parents de retrouver ma sœur. Elle est encore en vie quelque part, je le sens au fond de moi. Mais depuis la mort du vénérable Gregorist et l’annonce de la trahison de Korentin, j’ai tenté de sortir de mon mutisme. Parler après des semaines sans un mot a été éprouvant mais ma voix à retrouver le chemin de mes lèvres.

Il marqua un arrêt et sourit.

-Voyez, chère Ninna, comme je parle maintenant. L’usurpateur Fabius –je peux enfin parler librement- m’a confiné dans ma chambre. Il ne fallait pas qu’un Kohan de plus ne montre son soutien au soit disant traitre, aussi loin du trône soit-il. Alors j’ai attendu mon heure. Jamais je n’aurai cru trouver autant de soutien dans la capitale. Il existe des rebelles derrière ses murs qui ne peuvent partir. Je les connais tous, chacun par leur nom. J’ai essayé d’oublier au cas où Fabius apprendrait mes fréquentations mais je n’ai pas pu, comme pour les images de Chantebrume. Oublier est la chose la plus difficile qui soit. Enfin, je m’égare. J’étais donc prisonnier de cet Empereur de pacotille quand une jolie dragonne bleue m’est venue en aide. Nos chemis se sont séparés et me voici là à attendre de déguster votre gibier alléchant. Oh ! Et quant à ce que je cherche, ce n’est rien d’autre que des indices qui me conduiraient à Violette. J’ai fait une promesse et je compte bien réunir notre famille. Ou du moins ce qu’il en reste.

Il n’avait rien à ajouter. Il aurait pu lui poser des questions mais il avait déjà trop parlé. Alrick savait se taire pour laisser la place à l’autre. La guerrière aux cheveux bruns lui raconterait-elle son histoire à son tour ? Le jeune Kohan ne le lui demandait pas, mais si elle le souhaitait, il l’écouterait avec respect et attention. Il appréciait Ninna pour sa loyauté envers la princesse Esmelda et son honnêteté, alors il ne la forcerait en aucun cas. De toute façon, il n’en avait pas vraiment les moyens.

Assise en tailleur, elle écouta patiemment le jeune homme lui conter son histoire, soulevant parfois discrètement un sourcils lorsqu'un détail l'intriguait, mais elle le laissa poursuivre sans l'interrompre, se contentant d'embrocher le diner et se laissa doucement envahir par l'odeur de la chair grésillante que les flammes du feu venaient lécher doucement. La guerre avec les vampires avaient fait bien des ravages, et les malheureux orphelins n'avaient même pas eut le temps de s'en remettre que déjà une nouvelle venait assombrir un peu plus leur avenir... Ninna repensa avec nostalgie à ses tendres années à elle, où tout n'était qu'insouciance et où les récits de guerre ressemblaient presque à des légendes, et jamais ils n'auraient imaginé tant de souffrances abattre sur ce pays avec tant de force...
Heureusement, son père l'avait, sans pourtant pouvoir le prévoir, préparer à survivre à ce genre de situation. Il n'en était pas le cas de tous apparemment... Ainsi ce jeune garçon s'était retrouvé plongé dans une solitude et un mutisme sans grands espoirs d'une vie meilleure, regardant les évènements terribles se dérouler inéluctablement sous ses yeux impuissants.

Elle fit un effort pour rappeler à sa mémoire le visage de la petite sœur d'Alrick, et quelques bribes de souvenirs flous d'une petite fille brune aux traits des Kohan qui jouait à cache-cache dans la grande salle en laissant échapper de petits rires enfantins quand quelqu'un l'apercevait... Ses souvenirs s'envolant, comme balayé par le vent du présent, elle se dit néanmoins que, même s'il n'avait aucun moyen de savoir si sa jeune sœur était en vie, elle lui permettait d'avoir un espoir, et de continuer d'avancer. Il était donc hors de question de briser ses rêves en lui révélant le peu de chance qu'il avait de la retrouver indemne, mais il était impossible pour elle de lui mentir en lui disant que tout allait bien, qu'elle avait certainement était recueillie par des gentils paysans qui la protégeraient et la cacheraient jusqu'à ce qu'il l'a retrouve...

Qu'importe, il aurait encore bien le temps de grandir et de murir, afin d'accepter les choses, un jour... Elle haussa une fois de plus les sourcils au son du "vénérable Grégorist"... Le titre était peut-être exagérer, mais quand on y réfléchissait bien, quand on le comparé avec Fabius, le frère d'Esmelda avait tout l'air d'un saint à côté! Elle ne releva donc pas plus et écouta attentivement lorsqu'il évoqua les rebelles de la capitale. Voilà qui n'était pas très malin de sa part, il lui confié à présent pouvoir reconnaître des rebelles aisément alors qu'il n'avait aucune preuve concernant la loyauté de Ninna! Après tout, elle se trouvait seule, sans sa princesse, au milieu des bois, elle aurait très bien pu la trahir et s'enfuir pour retrouver Fabius et lui livrer des informations! Il n'avait vu en elle qu'un visage familier et un souvenir de confiance et il avait divulguer ses informations sans se méfier un seul instant... C'était vraiment une chance pour lui qu'il s'en soit sortit indemne jusqu'à présent!!
D'ailleurs, il parlait d'un dragon qui lui serait venu en aide, un dragon bleu, certainement Möebius, voilà qui venait s'ajouter à la liste de ces chances qui expliquaient sa survie, peut-être... Mais à présent, c'était sur elle qu'il était tombé, et le Dracos lui donnait cette désagréable impression qu'elle avait l'obligation de le protéger...! La voilà bien avancée!

Mais bon, quand on y réfléchissait bien, elle était partie en quête d'une Kohan, elle avait trouvé un Kohan! Peut-être un signe du destin qu'elle se trouvait sur la bonne route! Et puis, elle ne pouvait décemment pas le laisser trainer seul dans ces bois sombres, surtout s'il avait la fâcheuse tendance à crier sur tous les toits qu'il croisait qui il était et ce qu'il savait des rebelles! Non, le meilleur moyen était encore de l'emmener avec elle, directement au QG des rebelles, au moins là-bas il pourrait clamer haut et fort ce qu'il voudrait, et il trouverait peut-être des indices sur ce qu'il était advenu de sa sœur!

Voilà quelques secondes qu'il s'était tue, enfin, laissant les bruits de la nuit calme les envahir de nouveau, interrompu seulement par le craquement du bois brûlant de leur feu de camp. Elle se décida enfin à reprendre la parole, en pesant ses mots pour ne pas le blesser ou le faire fuir...

"Ce sont des années sombres qui viennent de s'écouler, et j'ai bien peur que les prochaines ne soient pas plus claires avant un moment... Il ne nous reste que l'espoir d'en voir la fin et pour cela, il ne s'agit pas de rester les bras croisés en attendant que ça se passe. Je peux peut-être t'aider, grâce aux indications des elfes je suis sur le chemin pour aller retrouver les rebelles, si tu le souhaite tu n'as cas m'accompagner, peut-être que là-bas ils auront des informations sur ta sœur!" Et à défaut, il pourrait toujours se rendre utile là-bas, et au moins il ne serait pas seul!

Il fallait lui reconnaître cel : il avait du courage pour un jeune homme, mais la vie se charge de former les hommes, tout comme les femmes d'ailleurs car, en y regardant de plus près, Ninna aussi avait du grandir très vite, trop vite peut-être, et son passé ne contenait pas que de belles histoires à raconter non plus... Elle ne s'en faisait pas pour le jeune homme, il avait trouvé une raison de continuer d'avancer et il se battrait pour obtenir ce qu'il voulait.
Il ne restait plus qu'à la jeune femme à lui donner un petit coup de pouce!Au moins il avait l’intelligence de reconnaître qu'il s'en sortirait mieux avec elle que tout seul, voilà qui la rassurait un peu : elle pouvait compter sur le fait qu'il ne broncherait pas lorsqu'elle lui demanderait de faire quelque chose et il saurait se rendre utile ! Finalement, sa compagnie pourrait même devenir agréable...

« Parfait, nous continueront donc la route ensemble demain. Tu dispose d'un cheval, c'est très bien, nous irons plus vite ainsi ! Voilà bien trop longtemps que je traîne dans les forets , et j'ai hâte d'arriver à destination ! » dit-elle en attaquant une nouvelle pièce de viande à pleine dents.

Il ne manquait qu'une choppe de bière fraîche pour accompagner le crépitement du feu et la soirée pourrait se finir d'une façon agréable ! Voilà une nouvelle chose qu'elle ajouta à sa liste des choses à faire, boire ou manger une fois qu'elle aurait gagner la cité des rebelles. Une liste qu'elle tenait en vérité depuis qu'elle et Esmelda avaient quitté le palais royal, et qui commençait à devenir vraiment longue !

Mais il était encore temps d'en ajouter encore plus tard... Elle estimait sa route encore longue de moins d'une semaine environs, et il était hors de question de perturber ses plans de route.
Terminant son repas en se léchant les doigts, elle se releva lestement et s'étira comme un chat .

« Bien, le chemin qui nous attend est encore long, il vaut mieux se reposer, j'aime me lever tôt , et nous partirons à l'aube demain matin. Plus tôt nous serons partit, et plus vite nous arriverons ! » dit-elle d'un ton qui ne souffrait aucune objection. Si il voulait la suivre, il faudrait qu'il se comporte comme son ombre et qu'il ne la retarde sous aucun prétexte, quitte à ce qu'elle lui fasse bien comprendre que si besoin, elle partirait sans lui.
Mais par ailleurs, qu'importe s'il voulait se coucher maintenant ou pas, tant qu'il était frais et dispos demain matin et que son paquetage était prêt quand elle lèverait le camps....

Avant d'installer sa couche, elle alla faire un dernier tour prêt de son cheval pour vérifier que son attache tenait bien, qu'il avait assez à manger à proximité de lui, et lui donna un peu à boire , tandis qu'Alrick faisait de même de son côté.

Elle revint avec une couverture près du feu de camps et adossant son paquetage contre un arbre , se glissa sous sa couverture tout en tenant son épée bien fermement dans sa main, et laissa le sommeil s'emparer doucement d'elle, bien que ses oreilles restèrent à l’affût du moindre bruit suspect...


La nuit avait était fraîche et courte, et quelques oiseaux se risquaient à entamer leur chants avant que les premiers rayons du soleil n’apparaissent. Ninna ne se souvenait pas très bien, mais il lui semblait que ses rêves avaient été plutôt agités, et elle se réveilla de mauvaise humeur sans vraiment savoir dire pourquoi, ce qui la rendait d'autant plus grognon...

Elle enjamba les pieds du jeune homme et parcourut quelques mètres jusqu'au petit cours d'eau qui serpentait au milieu de nulle part pour s'y asperger copieusement pour s'aider à se réveiller et à faire la part des choses entre rêve et réalité. Une fois correctement réveillée, elle rejoint le camps pour y trouver Alrick, qui commençait à rassembler ses esprits en même temps que ses affaires. Elle sortit de son ballotin un peu de pain et en lança un bout à son jeune compagnon de route.

« Petit déjeuner ! Bon appétit ! On part dans dix minutes maximum » l'informa-t-elle en allant voir son cheval . Malgré é quelques nuages, la journée s'annonçait assez bien pour voyager...

Alrick sourit tandis que la jeune femme mordait à pleines dents dans un quartier de viande rôtie. Il finit ensuite son morceau avant d’aller vérifier qu’Atlas était bien attaché pour la nuit mais qu’il pourrait se libérer si un prédateur venait à s’en prendre à lui. Il lui retira sa selle et le brossa sommairement à l’aide d’une touffe d’herbes séchées par le froid. Pendant qu’il s’acquittait de cette tâche qu’il trouvait agréable, il se dit que se lever tôt demain ne devrait pas être un problème. Il avait plus de doute en ce qui concernait le fait de s’endormir.

Une fois sa monture prête pour la nuit, il s’occupa de lui. De ses sacoches il tira une couverture dans laquelle il s’enroula après avoir enlever sa cape. Puis il mit celle-ci par-dessus la couverture. Les nuits étaient froides à cette période de l’année et il ne s’agissait pas de perdre des doigts ou des orteils avant d’être arrivé à destination. Ni après d’ailleurs !

Le jeune Kohan s’était installé suffisamment près du feu pour ressentir quelque peu sa douce chaleur bien que celui-ci soit entrain de s’éteindre progressivement. Il tourna le dos aux flammes et laissa son regard se perdre entre les arbres. Ne parvenant pas à trouver le sommeil, il se tortilla dans sa couverture pendant près de deux heures. Il finit par s’allonger sur le dos et contempla les étoiles. Quand il était petit, sa mère lui avait raconté que les âmes des défunts devenaient des étoiles si elles avaient été bonnes. Alrick essaya donc de deviner où étaient ses parents sur ce voile sombre. Il remarqua deux étoiles proches l’une de l’autre qui scintillaient plus fort que les autres. Il fut content de voir qu’elles étaient seules ce qui le conforta dans son idée que Violette était toujours en vie. Ce fut donc le sourire aux lèvres que l’adolescent sombra dans un sommeil agité. Il fit ce rêve qui le hantait depuis un an maintenant. Les derniers évènements l’avaient fait disparaitre de son esprit mais le froid de cette nuit le lui remémora.




Le jeune homme se réveilla en sursaut, poussant un cri qu’il étouffa en plaquant une main tremblante sur sa bouche. Haletant, il attendit de reprendre son souffle et ses esprits avant d’essayer de se redresser. Après une poignée de minutes, il commença à rassembler ses affaires. Quand tout fut rangé dans ses sacoches, il harnacha son cheval et le flatta. Puis il patienta jusqu’à ce que Ninna revienne. Celle-ci lui offrit un morceau de pain et Alrick s’empressa de la remercier. Il monta ensuite sur sa monture et sourit à la guerrière.

-Dis minutes, c’est plutôt long pour quelqu’un de presser. Mais je vous attendrai ma Dame, conclut-il avec un sourire un peu moqueur.

Ce n’était peut-être pas la meilleure des tactiques pour se faire apprécier mais tant pis. Lorsqu’elle eut enfourché son propre cheval, l’adolescent aux cheveux couleur d’ébène la laissa prendre les devants. Il la suivit docilement sans jamais se plaindre. Pourtant, chacun de ses muscles semblaient déterminés à le faire souffrir toute la journée et plus encore.

Les nuages que le lever du jour avait révélés devinrent menaçants en début d’après-midi. Alrick pria les esprits supérieurs de retenir la pluie là-haut et il lui sembla que sa demande fut entendue puisqu’aucune goutte d’eau ne tomba du ciel et que le soleil finit même par percer les nuages. Maintenant rassuré quant aux intempéries, il les pria silencieusement de donner envie à la jeune femme de s’arrêter bientôt pour la nuit. Serait-il entendu cette fois ? Rien n’était moins sûr.

Suivant la course du soleil, la jeune femme continuait d'essayer de mettre le plus de distance entre eux et le royaume elfique, et par la même occasion de se rapprocher de leur objectif... Le temps semblait lui-même être clément et même si son nouveau compagnon de route était le plus souvent silencieux et perdu dans ses pensées, il était agréable de pouvoir de temps à autre parler à quelqu'un d'autre qu'à son cheval !

C'était dans ses moments là que sa princesse lui manquait le plus... Parfois, en apercevant un lieu, un animal ou n'importe quoi qui pourrait paraître insignifiant, elle se remémorait quelques anecdotes dont elles seules avaient le secret et qui faisait sourire discrètement la jeune femme, avant d'ouvrir la bouche et puis la refermer brutalement, se rappelant qu'elle ne se trouvait plus à ses côtés... Laissant glisser sa tristesse comme une ombre, elle poursuivit son chemin en focalisant ses pensées sur ce qu'elle pouvait faire réellement actuellement, et pas sur ce qu'elle aurait du faire.

Elle décida également qu'elle devrait se montrer un peu plus aimable avec le jeune homme, qui allait finir par devenir aussi taciturne qu'elle ! Aussi, durant cette première journée, se lança-t-elle dans quelques tentatives maladroites d'engager la conversation ou d'alimenter ses espoirs d'un lendemain meilleur. Mais pas toujours avec grand succès...
Quand le soleil atteint son zénith , Ninna observa les environs mais jugea qu'ils se trouvaient trop près d'un petit bourg qui lui semblait mal famé et préféra grignoter un bout en selle plutôt que de perdre du temps à s’arrêter là où son instinct lui dictait le contraire.
Ainsi, ils purent avancer correctement et replonger dans la foret à l'abri des regards indiscrets.

Le soleil étaient déjà couché depuis plusieurs minutes quand elle tira enfin sur les rênes de son cheval . Une petite clairière s'ouvrait devant eux, entourée de majestueux arbres et, à l'oreille, Ninna pouvait distinguer un petit ruisseau qui devait se situé à moins d'une centaine de mètres. Elle sauta de selle, s'étira tel un chat engourdit, se massa brièvement ses fesses ankylosées et flattant l'encolure de son canasson et s'adressa autant à lui qu'à leur compagnons de route :

« Haaa.. . Je crois qu'on a bien mérité un peu de repos ! Si nous continuons à cette allure, nous devrions mettre moins d'une semaine, facilement ! » dit-elle en savourant l'idée qu'en voyageant à plusieurs, elle ne prendrait pas de retard. Ils avaient garder une allure constante, alternant les trots et le pas mais très rarement le galop afin de ménager les montures pour pouvoir continuer le plus longtemps possible.

Pendant que les chevaux se nourrissaient et qu'elle avait envoyé Alrick chercher du bois, elle marcha quelques mètres, repéra l'un des plus grands arbres, posa un instant sa main sur son écorce pour tester sa solidité tandis qu'elle regarder la cime, avant d'estimer que c'était le bon et d'entamer son ascension branches par branches. Son escalade terminer, elle pu d'un seul regard parcourir l'étendue des terres qui les entouraient. Rapidement, elle pu s'apercevoir qu'ils étaient toujours sur le bon chemin, même si ils avaient du effectuer quelques détours pour éviter la populace. Finalement, quatre jours suffiraient amplement ! Peut-être moins s'ils réduisaient leurs temps de pause et s'ils pressaient un peu plus leurs montures....

De son perchoir, elle tendit la main devant elle, son bras parcourant en un instant les vastes plaines de l'est, et de son doigt, elle pouvait toucher les murs d'Althaïa … Oui, elle se rapprochait...

« Bientôt... » murmura-t-elle au vent, comme une promesse silencieuse que le vent emporta sans se soucier d'elle.

Elle redescendit de son perchoir et s'installa contre un arbre pour débuter un feu et pouvoir les réchauffer doucement. Grâce aux flèches du jeune homme , ils avaient pu chasser sur leur route pour leur dîner de ce soir. En attendant , elle tenta à nouveau d'amorcer gentiment la conversation :
« Alors, tu as pu réfléchir à ce que tu allais faire, une fois arriver là-bas ? » demanda-t-elle , en s’imaginant elle-même une liste de ce qu'elle ferait en premier.
« Moi, j’hésite entre prendre un bain, dormir dans un lit tellement moelleux que je ne pourrait plus me lever seule , ou alors commencer par une bière bien fraîche sur une chaise longue... ! » lança-t-elle avec un sourire rêveur.

Aux tentatives de conversations de son aînée, Alrick eut bien du mal à répondre pour une fois. Ses pensées vagabondaient au gré de ses souvenirs. Le rire cristallin de Violette se mêlait à la voix pleine de sagesse de la dragonne Isyndar. L’image de ses parents était suivie par celle des ruines de Chantebrume puis de sa « prison dorée » comme il avait pris l’habitude de désigner ses appartements à Gloria depuis le couronnement de Fabius. Tant de souvenirs qui l’empêchaient de rester connecté au moment présent.

Il finit par s’en vouloir de ne pas répondre aux essais de la guerrière et décida de donner un peu du sien. Le jeune homme d’habitude souriant et agréable commença par répondre poliment à Ninna et finit par engager un brin de conversation de lui-même après plus de cinq minutes d’un pesant silence. Il retrouva son sourire pendant une petite heure avant de sombrer de nouveau dans son passé. Manger en selle ne contribua pas vraiment à faire revenir son enthousiasme.

Cependant, la clairière dans laquelle ils s’installèrent pour la nuit lui redonna son sourire. Dès qu’il l’avait vu, il avait senti que sa compagne de route voudrait s’y arrêter. Il devança son geste et tira sur les rênes de sa monture. Puis il descendit de selle et se tourna vers la jeune femme.

-Cet endroit est parfait pour une bonne nuit de sommeil, n’est-ce pas ?

Bien entendu, la question n’en était pas vraiment une. La guerrière descendit de son cheval à son tour et s’étira avant de faire un commentaire qui fit sourire Alrick. Peu expert dans les voyages et les nuits à la belle étoile, il entreprit de suivre les instructions de la jeune femme et s’en alla ramasser du bois. Lorsqu’il revint, il ne trouva tout d’abord pas Ninna. Puis il finit par l’apercevoir à la cime d’un arbre. Il attendit patiemment qu’elle redescende, ayant rassemblé le bois au milieu de la clairière. Elle alluma le feu et ils purent déguster le gibier que le jeune homme avait tué sur le chemin.

La question aurait pu être anodine. La première chose qu’il ferait en arrivant là-bas ? Il n’en savait rien. Les suggestions de Ninna Galliang étaient certes très tentantes mais il lui restait tant de choses à faire avant de pouvoir profiter de la vie.

-Je pense que j’essaierai de trouver la personne à l’origine d’une rumeur concernant ma sœur. Puuis je suivrais les indices où qu’ils me mènent. Mais si je peux aider sire Korentin ou la princesse Esmelda d’une quelconque façon, je le ferai avant toute chose, dit-il d’un air grave.

Pour détendre l’atmosphère, il lui conseilla de faire les trois en même temps et mordit dans la cuisse rôtie de lapin. Les nuits étaient fraiches à cette période de l’année, aussi l’adolescent ne s’attarda pas trop et s’enroula dans sa couverture. Cette nuit-là fut la première nuit sans rêve depuis longtemps pour le jeune Kohan et il se réveilla serein à l’aube. Il prépara un encas sommaire en attendant que la guerrière brune se réveille à son tour.

-Bonjour, lui lança-t-il, un grand sourire étirant ses lèvres.

Les soirées commençaient à se faire un peu plus agréables, un peu plus détendues, même si la bonne humeur de son compagnon de route se faisait éphémère... Mais elle s'en contenterait, après tout, c'était peut-être mieux que de continuer à voyager seule en parlant à son cheval uniquement !
Elle ne pouvait toute fois cesser de se demander comment un garçon aussi jeune pouvait avoir autant de pensées négatives dans sa tête qui l'empêchait de savourer pleinement la vie au jour le jour...

Après tout, si on regardait leur périple du côté à moitié plein de la choppe, il était libre, voyageant au grès de ses envies, accompagné par une guerrière redoutable pour l'escorter, ils vivaient aux contact de la nature et il avait l'occasion de découvrir une quantité de chose fantastique sur la vie en dehors de son château et de la vie citadine...
Avec un peu de chance, une fois arrivé chez les rebelles, il aurait certainement plus de distractions autour de lui pour l'empêcher de ruminer !

Si les jours se suivaient et semblaient se ressembler, leur destination elle ne finissait pas de se rapprocher ! Plus ils avançaient vers Althaïa, et plus il était difficile de ne pas traverser de petits villages, qui grossissaient à vue d’œil eux aussi ! Si proche du but, ils auraient pu se permettre de faire un arrêt dans une petite auberge d'un de ces petit hameau de paysans, mais par ses temps de guerre, la jeune femme n'avait aucune envie de s'y risquer.

Tout d'abord, elle aurait certainement moins de chance d'attraper des puces dans la nature que dans le lit de certains de ces bouges, et elle était certaine de pouvoir s'offrir un meilleur repas à eux deux que ces paysans qui luttaient pour survivre entre les taxes et les bandits avec le peu de ressources qu'ils leur restaient, et elle devrait probablement débourser une somme colossale pour une bière de qualité plus que médiocre , qui ne souffrait aucune comparaison avec la bière fraîche de ses rêves qui l'attendait chez les rebelles... !

Ensuite, elle ne connaissait personne dans le coin, et elle ne savait absolument pas à qui se fier ! Si quelqu'un venait à les reconnaître ou encore à seulement soupçonner qui ils étaient, se faire prendre si proche du but était absolument hors de question ! Ils évitèrent donc les villages, mais s'y approvisionnèrent tout de même deux fois, s'accordant le petit luxe d'un bon pain et de fromage qui venait renforcer le moral de la demoiselle .
En faisant ses emplettes, elle en profita pour se renseigner sur la distance qui la séparait encore d'Aigue Royale, et sourit à pleine dent quand on lui confirma qu'il ne lui restait que moins de deux jours de voyage avant d'être enfin arrivés.

Ce soir là, elle avait elle aussi la tête ailleurs, pensant que peut-être le lendemain elle reverrait sa princesse, et certainement d'autres visages familiers et chaleureux ! Bien qu'elle n'ait encore aucune indication très claire sur comment entrer chez les rebelles, les elfes lui ayant assurer qu'il lui suffirait de prouvez son identité pour avoir accès à Aigue Royale... Qu'importe, elle n'avait pas fait tout ce chemin pour se laisser dire non devant une porte d'entrée !

Ses pensées encombrants son esprit, elle mis plus de temps que la normal pour repérer ce bruit suspect à travers les bois. De discrets craquements de branches, bruissements de feuilles, la jeune femme intima le silence d'un geste à Alrick, tous ses sens en éveil...
Elle le savait, ça n'avait pas été une bonne idée de se rapprocher des villages, on ne peut faire confiance à personne !
Elle dégaina son épée, prête à affronter un vilain bandit qui avaient certainement repéré plus tôt dans la journée sa bourse et le moyen de récupérer des montures par dessus le marché !

Prête à lancer une réplique sanglante de menace à l'intention de leur visiteur indésirable, en apercevant la silhouette devant elle, ses sourcils se froncèrent, sa bouche d'entre-ouvrit, mais aucune phrase assassine n'en sortit, aucun son d'ailleurs pendant quelques secondes, puis un murmure, un nom dans un souffle :
« Amy.... ! »

Une foule de souvenirs, comme un ouragan, se bousculaient dans sa tête, menaçant de lui infliger une migraine carabinée !Voilà bien la dernière personne qu'elle s'attendait à voir ici !Sa surprise était telle qu'elle ne remarqua même pas de suite la présence des autres soldats qui l'accompagnaient...
A sa seule vue, elle fut soudain prise d'une violente attaque d'émotions diverses : elle avait envie de lâcher son arme, de courir jusqu'à lui pour se jeter dans ses bras, et rattraper tout ce temps perdu si loin l'un de l'autre comme si rien ne c'était passé... Mais elle avait aussi envie de lui asséner un grand coup de poing sur le coin du nez, pour lui faire partager la douleur qu'elle avait ressentit quand ils s'étaient retrouvé séparés avant qu'elle ne se résigne et blinde son cœur contre ce genre d'émotions trop difficile à gérer...

Depuis combien de temps ne s'étaient-ils pas vu ? Il ne semblait pourtant pas avoir changé à ses yeux... Oh oui certes il avait peut-être un petit peu grandit, il s'était étoffé également, et il avait gagné en assurance et en expérience. Mais il avait toujours dans sa voix, dans sa façon de prononcer son nom, ce petit quelque chose qui avait le don de faire fondre la jeune femme et de lui faire baisser sa garde.

*Sotises d'adolescente !* se gifla-t-elle mentalement. Elle avait arrêter de croire aux contes de fée voilà longtemps, et le ton solennel sur lequel il s'adressa à elle par la suite pour la présenter ne laisser aucun doute sur la teneur de leur relation qu'il semblait vouloir lui accorder...
Elle remarqua enfin les flèches pointés vers elle et s'abaisser sur ordre d'Amy, auquel l'un de ces hommes approuva par un « Bien mon Général » …

Elle sortie enfin de sa torpeur et rengaina son épée avec une pointe de dédain, comme si elle venait d'estimer que ces hommes devant elle ne semblait pas représenter un danger pour elle et qu'elle pourrait tout aussi bien leur faire mordre la poussière à main nue, et pas parce qu'Amy en avait donner l'ordre... Un brin de fierté tout de même, bien qu'un peu mal placé, mais ce fut la seule réaction qui s'imposa à elle au vu de la situation...

« General hein ? On dirait que ça ne va pas trop mal pour toi Amy... » lui envoya-t-elle en prenant un air faussement détaché en voulant masquer le fait qu'elle était tout de même impressionnée et heureuse pour lui. Après tout, il avait toujours voulu être le meilleur et prouver sa valeur aux yeux du monde, et elle avait cru à une époque que c'était surtout elle qu'il voulait impressionner de la sorte...

Il en fallut de peu pour qu'elle en oubli le but de son voyage, ainsi que son compagnon de route !
« Voilà donc le comité d'accueil des rebelles ? Intéressant... Laisse moi te présenter Alrick Kohan » dit-elle en faisant signe au jeune homme de s'approcher .
« Alrick je te présente donc Monsieur le Général Amyelenor Farkstein. Nous voilà donc enfin arrivé à destination, enfin si ces messieurs veulent bien nous escorter jusqu'à bon port bien sur !... » demanda-t-elle avec un air mutin.

« Nous allions nous installer pour la nuit, joignez-vous donc à nous ! » acheva-t-elle en se retournant et en balayant gracieusement d'un geste de la main sa longue tresse derrière son épaule en un geste qui signifiait qu'elle ne lui laisser pas le choix, avant de se diriger vers le petit tas de bois qu'elle avait entassé pour démarrer un feu. Elle s'assit en tailleur au sol et s’attela à allumer un petit feu ,avant que la nuit ne les enveloppe totalement, avec acharnement comme pour passer ses nerfs et éviter toutes les question qui s'imposaient à elle avec violence...

[HRP : J'ignore si c'est à moi ou non de poster, donc si ce n'est pas le cas, prévenez-moi, et je retirerai mon post ^^"]

Peu à peu, le contact avec la population devint de moins en moins facile à éviter à mesure qu’ils s’approchaient d’Althaïa. Alrick était parfois découragé par le déour qu’il avait fait depuis que la dragonne Isyndar l’avait déposé non loin de là. Son sens de l’orientation était déporable. Les villages étaient de plus en plus fréquents et tous les contourner les aurait très largement ralentis. Toutefois, la guerrière ne semblait pas prête à s’arrêter dans une auberge pour passer la nuit. Le jeune Kohan ne se plaignait pas de toutes ces nuits à la belle étoile et de ces repas frugaux.

Lors de leur dernière halte pour s’approvisionner dans un village, Ninna apprit qu’il ne restait pas plus de deux jours de route avant d’arriver à destination. Le jeune homme se contenta de sourire en apprenant la nouvelle. Ce voyage l’avait quelque peu fait mûrir et il ne sautait plus de joie pour si peu comme il l’aurait fait il y a un peu plus d’un an. Le soir même, il remarqua que sa compagne semblait ailleurs et décida de la laisser en paix. IL contempla la longue descente du soleil derrière l’horizon et se demanda quelle serait la réaction de ses cousins en le voyant. Il ne s’en faisait pas trop puisque ses intentions étaient bonnes et qu’il voulait rendre service à la rébellion. Comment, dans ces conditions, pourrait-on le refouler ?

Soudain, un craquement de branche le fit sursauter. D’un geste de la main, la jeune femme lui intima le silence. Il tendit la main vers son arc et saisit une flèche qui n’émit qu’un très faible bruissement en sortant du carquois. Il plaça le trait sur la corde et se releva en douceur. Ninna Galliang avait déjà tiré son épée de son fourreau et se tenait prête à se battre. Une silhouette se dessina entre les arbres, bientôt suivie par d’autres. Devant l’air étonné de la guerrière, Alrick ne sut plus comment réagir. Par mesure de prudence, il tendit la corde de son arc et menaça les intrus de la pointe métallique. Cependant, il resta immobile, tentant de saisir l’énergie qui semblait se dégager entre sa compagne de voyage et l’inconnu qui s’avançait. Il crut entendre un nom sortir des lèvres de la confidente d’Esmelda. Lorsque le soldat prononça le prénom de la guerrière, le doute qui s’était insinué dans l’esprit de l’adolescent se dissipa. Ils se connaissaient. De plus, son visage n’était pas totalement inconnu à Alrick.

Instinctivement, le jeune homme au regard océan baissa son arc lorsqu’il vit les soldats qui entouraient leur chef obéir à un ordre de ce dernier. Il laissa Ninna le présenter et s’avança en inclinant la tête en signe de respect.

-Je partage votre joie à cette rencontre, Général.

L’attitude de la jeune femme le prit au dépourvu et se demanda qui était vraiment cet homme pour elle. Toutefois, s’il était parfois naïf, il savait se taire dans de telles circonstances. Quand les hommes d’Amyelenor Farkstein se mirent à installer un camp sommaire, il décida de se joindre à eux en allant chercher ses affaires. Du coin de l’œil, il surveilla tout de même celle qui l’avait accepté à ses côtés et lui avait permis de trouver le chemin jusqu’à Aigue-Royale. Il les observa, elle et le Général, et se demanda si c’était à cela que ressemblait une personne amoureuse en voyant l’expression troublée sur le visage de l’homme.

Un soldat l’interpela avec révérence et Alrick lui ordonna de ne pas employer de titre lorsqu’il s’adressait à lui. Il se mêla aux rebelles sans plus de cérémonie et tenta d’en apprendre plus sur la cité cachée. Les hommes parlèrent par énigme et le jeune Kohan finit par s’endormir la tête pleine de questions. Cette nuit-là, le décor de son cauchemar avait changé. Il ne s’agissait plus d’une grande plaine mais d’une sorte de tunnel obscur où il ne voyait que la croupe du destrier du ravisseur de sa sœur.

Il se réveilla peu avant l’aube et décida d’attendre les instructions de ses ainés avant de quitter la chaleur de sa couverture.

Passant ses nerfs sur la petite pierre de silex pour tenter d'allumer ce maudit feu, elle s'imaginait un instant pouvoir mêler aux branches du bûcher ses émotions et ses pensées qui continuaient à fragiliser dangereusement l'attitude hautaine et sûre d'elle-même qu'elle tentait de conserver et de renvoyer autour d'elle...
Image fébrile qui n'allait pas tarder à s'envoler comme une feuille quand le jeune général vint s'agenouiller à ses côtés, pour lui prendre des mains ses outils et l'aider, sans un mot et sans aucune trace de rage qui semblait consumer Ninna de l’intérieur.
Comment pouvait-il ainsi, après tout ce temps et si simplement, d'un simple contact de sa main sur la sienne, lui faire oublier le monde autour d'eux? Elle aurait voulu le gifler, le renvoyer sèchement vers ses hommes, lui rappeler qu'elle était une grande fille et que , jusqu'ici , elle s'en était toujours sortie sans son aide. Mais pas un son ne sortit de sa bouche, ses mains se laissèrent simplement faire et suivirent le mouvement , certes moins colérique mais plus efficace bien qu'elle ne pu se résoudre à le reconnaître, comme un cavalier mène la danse ...

Dans cette lutte entre le cœur et la raison, elle tenta de remporter quelques petites victoires : elle se refusa à croiser à nouveau son regard, mais elle pouvait sentir son souffle tout près de sa peau, lui rappelant immédiatement une foule de souvenirs qu'elle refoula aussi vite que possible avant que le rouge ne lui monde aux joues... Et voilà bien longtemps qu'elle n'avait pas rougit, elle, devenue une guerrière réputée et crainte, se voyait redevenir cette adolescente naïve de leur rencontre...
C'est qu'il y avait pas mal de témoins, et mine de rien elle sentait certains regards inquisiteurs se poser sur eux. Chose qu'elle pouvait comprendre après tout, sa petite bande de rebelle ne devait pas souvent avoir l'occasion de voir son grand général bafouiller devant une inconnue sortie tout droit d'un buisson en pleine forêt ! Et quelque part, elle espérait , même si elle se doutait que cela serait vain, qu'il ne bafouillait pas devant toutes les filles qu'il avait croisé depuis...

Et puis tout s'arrêta, presque brusquement, comme un réveil brutal ; le souffle s'éloigna, et la chaleur de la proximité de son corps fut vite remplacée par celle du feu, tandis qu'Amyelenor s'éloignait d'elle, oh pas si loin pourtant, à peine un mètre ou plus, mais elle retrouva cette sensation du gouffre qui les séparaient , avec amertume. Sans pouvoir s'en empêcher, son regard chercha le sien, mais heureusement, il s'obstinait à fixer le feu devant lui.

Dans ses paroles, il semblait réellement surpris de la voir ici, mais il ne releva que discrètement le fait qu'elle ne se baladait plus avec le même Kohan que d'habitude... Et, dans sa honte, elle n'osa pas lui révéler qu'elle avait perdue la princesse Esmelda dans la bataille chez les elfes... Si elle l'avait fait, elle aurait pu être soulagée d'apprendre qu'elle était en sécurité chez les rebelles, elle aurait probablement sauté de joie, mais elle se refusa à discuter de ces choses là avec lui, pas ici et pas maintenant... Un coup d’œil au dit « sang royal » un peu plus loin lui apprit qu'il s'était déjà mêler aux rebelles, l'abandonnant seule face au jeune homme. Elle finit par se résoudre à lui répondre, avec autant d'aplomb qu'elle pu :
« Si j'étais toujours là où l'on s'attend à me trouver, je serais probablement morte depuis longtemps ! » Et elle pourrait en dire autant de lui, depuis que Mônsieur avait un dragon, il était plus indisponible que l'empereur lui-même !

Elle aurait eut envie de lui crier, que s'il l'avait voulu, il l'aurait retrouvé sans grand mal, mais elle ne dit rien, tentant de se convaincre elle-même qu'avec les temps de guerre et sa nouvelle position, on n'avait pas vraiment du lui laisser la possibilité de se balader dans l'empire à sa guise... Parce qu'il devait bien s'agir de ça n'est-ce pas ? Il ne pouvait pas simplement l'avoir oublié, comme elle avait cru pouvoir le faire...

Et puis, il eut comme un déclic en elle, comme si un voile s'était envolé. Elle n'avait plus de colère, elle n'avait plus de peine, elle n'avait plus honte non plus... Comme si un sentiment de liberté et de légèreté s'était emparé de tout son corps et de son âme , l'apaisant assez pour qu'elle puisse regarder leur situation avec un œil neutre et clair.

« A croire que nos chemins sont destinés à se croiser encore... » finit-elle par lâcher, suivit par un petit rire qui s'échappa dans un souffle, et elle leva enfin ses yeux vers lui sans gêne cette fois, amusée finalement, en réfléchissant au cours de leurs vies, aux épreuves qu'ils avaient traversés, ensemble ou pas, pour finalement se retrouver aujourd'hui ainsi. Si on lui avait dit, elle ne l'aurait jamais cru.... Et pourtant, cela semblait évident non? Son destin était lié au sien, peut-être pas de la façon dont elle et son cœur l'avait espéré au début, mais c'était toujours mieux que rien, il fallait juste qu'elle arrive un jour à l'accepter...

En voyant les hommes du Général Farkstein s’activer sans avoir besoin d’ordres de ce dernier, l’adolescent fut bien obligé de se mettre en mouvement à son tour. Après s’être extirper de sa couverture, il ne lui fallut qu’une poignée de minutes pour rassembler l’ensemble de ses affaires –bien peu de choses il faut l’avouer-. Alrick décida alors de se joindre aux rebelles qui démontaient toujours le camp. En apercevant un jeune homme avec qui il avait échangé quelques mots la veille au soir, il marcha à sa rencontre. Dans la vingtaine, celui-ci portait les cheveux mi-longs et étaient l’exact opposé du jeune Kohan, aussi costaud que lui était fin et aussi blond que lui était brun.

-Bien dormi, jeune seigneur ? lui lança le rebelle. Les nuits sont fraîches en cette saison. Il ne faudrait pas que vous ayez des gelures aux orteils et aux doigts.

-Ne vous en faites pas pour moi Filip, ce n’était pas ma première nuit à la belle étoile. Je pense que je commence même à apprécier cela. Que puis-je faire pour vous aider ?

Il m’indiqua que le Général semblait vouloir lui parler et lui dit où le trouver. Le jeune Kohan l’interrogea sur ce que lui voulait le dragonnier mais le jeune rebelle n’en savait pas plus. Il dirigea donc ses pas vers l’endroit où il avait vu Amyelenor s’installer pour la nuit. L’homme marcha vers lui, une cape posée sur son bras. Alrick eut un regard interrogateur mais le soldat répondit vite à ses questions demeurées muettes. Lorsque les explications furent finies, il se contenta d’incliner la tête pour manifester son assentiment.

-Ne vous en faites pas pour les ordres et le protocole Général. Vous faites votre devoir et c’est ce qui importe, ajouta-t-il en se saisissant de la cape en question.

Il la passa sur son dos et retourna vers ses sacoches. Il était temps d’aller s’occuper de son étalon. Atlas hennit doucement en voyant approcher son petit cavalier. Celui-ci lui flatta l’encolure pendant un moment avant de le harnacher. Puis il rejoignit les hommes qui avaient fini de démonter le campement. Il attendit l’ordre de monter en selle pour le faire et sentit une sensation nouvelle s’emparer de lui lorsque la troupe se mit en route vers Aigue-Royale. Alrick n’avait jamais chevauché en aussi nombreuse et bonne compagnie de toute sa vie. Il rabattit promptement le haut de sa cape sur sa tête pour dissimuler son visage. Deux cavaliers vinrent se placer de chaque côté de lui et il devina sans peine qu’il s’agissait des deux hommes dont lui avait parlé le dragonnier Farkstein. Il était en sécurité bien qu’il ne doutait pas que Ninna Galliang l’avait tout aussi bien protégé jusqu’à maintenant. Justement, elle chevauchait un peu plus loin devant lui et il talonna Atlas pour se retrouver à sa hauteur.

-On dirait que notre voyage touche à sa fin. Ce fut un agréable voyage en votre compagnie Dame Ninna. J’étais heureux de vous rencontrer. Je ne doute pas que nous nous reverrons.

Sur ces quelques mots, il retourna à sa place, juste au cas où…

Un regard échangé, sincère comme au premier jour, elle avait presque désespéré d'en revoir un jour ! Le temps qui s'arrêtait un instant, les laissant seul au monde, sans qu'il n'y ait besoin d'échanger le moindre mot, superflu. Tel deux aimants, ils ne cessaient de s'attirer et de se repousser depuis bien trop longtemps, des années perdues qu'ils ne pourraient peut-être jamais rattraper...
Parmi les raisons de leur séparation, Ninna savait bien que son caractère et sa fierté y était pour un petit quelque chose, bon peut-être pour un peu plus qu'elle ne voudrais jamais l'admettre, mais le fait qu'elle reconnaisse, même partiellement, sa part de culpabilité, était déjà un exploit non négligeable.

Tandis que la nuit les enveloppée doucement, elle ne pu retenir un sourire, simple expression de petit bonheur qu'elle ne s'était pas laissé accordé depuis bien longtemps, quand il murmura un compliment sur ses cheveux... La seule autre personne qui accordait autant de valeur à sa chevelure était sa princesse, et ce n'était que parce qu'elle lui interdisait formellement de les couper qu'elle les avait laissé tranquille, et d'autant plus quand son cœur avait été mis à mal par celui qu'elle avait prit à l'époque pour son prince charmant. Elle s'était promis ce soir là de tout couper, pour que plus jamais aucun homme ne puisse lui faire la moindre remarque sur ces cheveux et ne lui rappel avec douleur les moments merveilleux qu'on lui avait agité sous le nez pour me les lui enlever par la suite.

Mais Esmelda était intervenue juste à temps , et plutôt que de cacher sa crinière au yeux du monde, c'était son cœur qu'elle avait enfoui sous son armure … Et voilà qu'aujourd'hui elle le sentait battre à nouveau, sous les plates de fer qui lui avait sauvé la vie à maintes reprises, physiquement et psychologiquement. Une sensation étrange et familière en même temps, que pour une fois elle accepta sans lutter.

« Et toi tu laisse toujours sortir tous les mots qui te passent par la tête... » répondit-elle également dans un murmure avec un air taquin. Elle aurait voulu rajouter que, depuis le premier jour, il y avait tout de même eut du changement : au moins il ne bafouillait pas, et heureusement, car il aurait fait un piètre meneur d'homme dans le cas contraire... Mais elle ne dit rien, ne voulant pas plus gâcher ce beau moment. Ils n’échangèrent que peu de mots par la suite, et la raison finit par l'emporter sur le cœur quand la jeune femme se rendit compte que la nuit les avaient surprit plus vite qu'ils ne l'auraient souhaités.
Ils devraient partir le plus tôt possible pour arriver à destination avant la fin de la journée du lendemain, et il était hors de question qu'elle voyage sans avoir dormit un minimum , bien que les soldats rebelles contribuent à assurer leur sécurité, elle avait prit l'habitude de ne compter que sur elle-même. Elle s'était donc levé, étiré comme un chat , annonça qu'il était plus que temps de s'endormir. Elle passa à côté de lui pour rejoindre l'arbre près duquel elle avait déposé ses affaires, puis se ravisa, stoppa son élan à quelques centimètres derrière lui, se retourna et se pencha dans son dos, rapide et discrète comme une brise et glissa à son oreille :
« Bonne nuit... » avant de déposer un baiser léger comme un papillon sur sa joue et de s'envoler comme une guêpe , insaisissable, laissant la lune pour seul témoin discret...

Une fois installée, elle ne trouva néanmoins pas le sommeil tout de suite. Oh certes elle pouvait enfin dormir un peu plus sur ses deux oreilles, les soldats s'étant répartit les tour de garde sans l'inclure, elle n'aurait pas à dormir que d'un œil pour surveiller leur camps.
Elle était fatiguée également, voilà des semaines qu'elle voyageait, elle était moulue, et chaque heure de sommeil était toujours ça de gagner et elle ne s'était pas fait prier jusque là. Mais voilà, ça n'était que de la fatigue physique, il restait encore ce vilain cerveau qui ne cessait de la harceler et de la tourmenter, l'empêchant de trouver aisément le chemin des bras de Morphée. Et le fait qu'Amy vienne s’installer non loin d'elle quelques minutes après elle n'aidait en rien à arranger les choses !! Il était si près, et en même temps si proche... A plusieurs reprises, elle avait faillit se lever, et aller se blottir dans ses bras. Mais elle n'en fit rien, ce n'était ni l'heure ni l'endroit de se laisser aller. Peut-être que, plus tard, après avoir rejoint la cité rebelle, ils pourraient se retrouver , seul à seul, comme avant, et mettre les choses au clair une bonne fois pour toute. Sur cette conviction dont elle réussit à se persuader, elle finit par s'endormir, souriant aux étoiles.

Le réveil fut pénible, elle était perdue, encore hanté par une multitudes de rêves tous plus étranges les uns que les autres. Il lui fallut un moment pour se rendre compte qu'au moins l'un d'entre eux n'était finalement pas un rêve : ils avaient trouvé des rebelles qui allaient les escorter jusqu'à Aigue-Royale, et ils étaient menés par Amy...
Elle se prépara rapidement, suivant le rythme des soldats, rassurant quelque part, contente de retrouver un minimum d’organisation militaire qui ne laissait pas la place à l’imprévu.
Dans l’effervescence des préparatifs, ils n'avaient eut que quelques secondes à peine à peine à s'accorder avec Amy, et elle se réjouit que le jeune général ne prenne pas à la légère la sécurité du jeune Kohan. Il fallait le reconnaître, depuis que les rebelles les avaient rejoint, elle avait quelque peu délaissé le jeune homme et elle se promit de se rattraper rapidement.
Il lui en fournit l'occasion quand à leur départ il la rejoint en quelques foulées , et elle lui répondit avec un sourire non feint :
« Ce fut un plaisir pour moi aussi petit seigneur ! Et nos routes n'ont pas finit de se croiser, j'en suis certaine ! » conclu-t-elle simplement avant qu'il ne retourne en arrière, sous bonne garde des rebelles.

Elle envisageait à présent sereinement la fin de leur voyage, et surtout son arrivée dans la cité cachée. Car elle savait cette fois qu'elle n'y serait pas seule, elle y trouverait appui et soutient, et peut-être plus, qui sait... Son regard parcourant rapidement leur petite troupe, elle se prit à les voir comme une nouvelle grande famille, ses yeux s'attardant quelques secondes de plus sur Amy, rêveuse, avant de reporter leur attention sur la vue devant elle. Arrivée au sommet d'une petite colline surplombant la fin de la foret, la cité d'Althaïa se dressée devant eux au loin, dit la romantique, clin d’œil du destin ?

[HRP : C'est un petit post de conclusion en ce qui me concerne, car je ne savais plus quoi dire et j'avais l'impression que le sujet tirait à sa fin ^^" Si toutefois je me suis trompé, j'éditerais à votre convenance ]