Plus sombre que la nuit [Shaynar, Elrond & Möebius] [finit]

Dernière édition par Möebius le Lun 21 Oct 2013 - 19:08, édité 1 fois

Cela faisait maintenant quelques jours que Möebius était revenu des montagnes enneigée du pic du dragon avec Elrond pour son premier vol. Il avait eu connaissance de certaines choses la-bas, mais cela avait naturellement amené à d'autres questions. Fort heureusement, il avait entendu dire qu'à l'époque il n'était encore qu'un œuf, il existait déjà trois dragons avec leurs dragonnier, il avait déjà fait la connaissance de Lyroë qui avait été privé de son lié, mais le destin lui avait aussi amené Shaynar. Jusqu'ici il avait été effrayé par ce dragon bien plus grand et plus fort que lui. Sans oublier qu'à l'origine il était lié avec un vampire. Dans le fond il ne comprenait pas vraiment la raison qui avait poussé ce dernier à venir chez les elfes. Et il ne comprenait pas non plus les elfes à accepter un tel dragon parmi eux. Cependant, il n'avait pas son mot à dire, il n'était pas le chef et n'avait pas d'ordre à donner et puis il restait suffisamment loin des elfes avec Elrond, il n'avait pas besoin de plus. Pourtant, aujourd'hui, Shaynar était le dernier survivant de cette première génération, il avait forcément accumulé une grande sagesse et il devait sûrement avoir les réponses quant à son lieu de naissance et la raison qui avait poussé les dragons à abandonner leurs petits. C'est pourquoi ce matin-là, il avait décidé d'aller le voir en compagnie de son lié. Il manquait sans doute un peu de courage, mais le fait de savoir Elrond près de lui était un renfort de confiance dont il avait besoin pour affronter son aîné.

Il avait bien mal dormi, un mélange entre l'excitation et l'angoisse l'avait tenu éveillé bien longtemps, si bien qu'il n'avait pas assez dormi et avait tiré l'elfe de son sommeil. Il savait pertinemment que ce dernier lui en voudrait pour cela, mais il persista jusqu'à ce que ce dernier soit debout, habillé et prêt à partir chez les Baptistrels. Voyant bien que ce dernier avait un regard plein de reproche, il s'excusa mentalement avant de s'installer de manière à ce qu'il puisse le monter. Ainsi il s'envola alors au milieu des arbres, c'était plus difficile que de le faire dans un endroit dégagé, mais il s'était bien entraîné depuis et maintenant il n'avait plus de problèmes. Il lui arrivait même de s'aider des branches pour prendre son envol, si bien que dans les alentours de la clairière, la plupart des arbres avaient des traces de griffures sur eux. En fait, plus le dragon bleue y regardait, plus il se rendait compte que sa présence influençait le bosquet où il vivait avec Elrond, que cela soit intentionnel ou non. Il était un des derniers de sa race encore présent sur le continent, mais il en vint à se demander comment vivait Atalos au milieu des cités humaines, ainsi que Trissi, ce qu'elle devenait. Celle-ci était véritablement préoccupé par le futur de sa possible progéniture, c'était compréhensible, même Möebius partageait des craintes identiques pour les futurs générations de dragon. Cela ferait une question de plus à poser au grand dragon noir, même s'il doutait que ce dernier soit vraiment amical, mais il ne pourrait en avoir le cœur net qu'en s'y rendant.

Profitant de la brise matinal dans le ciel, il remonta par-dessus les nuages pour observer la mer de nuages qui s'y trouvaient. C'était reposant de voir un tel décors, en venant ici avant de se rendre auprès de Shaynar, toutes ses craintes et angoisses se dissipaient. Il se sentait si bien dans le ciel avec son lié qu'il aurait pu y rester indéfiniment s'il le pouvait. Finalement, il du se résoudre à descendre vers le bois. Il avait mis plus de temps que s'il s'était rendu directement dans le domaine, mais il n'était pas pressé d'être confronté à son aîné. Il resta aussi silencieux qu'à son habitude, mais il sentait bien que Elrond le soutenait, ses inquiétudes étaient forcément communiquées par ce lien qui les unissaient. De ce qu'il en savait Shaynar avait lui aussi, tout comme Lyroë perdu son lié, il savait que cette blessure était du genre tenace et difficile à supporter. Même si l'idée de perdre Elrond un jour lui était insupportable, il ne pouvait s'empêcher d'y penser et s'il pouvait avoir des réponses à ce sujet il ne refuserait pas. Comme toujours sa curiosité était suffisamment forte pour surpasser ses peurs et ses principes, c'est pourquoi il se posa près de l'observatoire, c'était un endroit d'où l'on pouvait observer le ciel et les étoiles de plus près. C'était quelque chose de fascinant, même si sa compréhension à ce sujet n'était pas totale, il admirait les constructions des elfes pour voir le monde d'une autre façon. C'était également l'endroit le plus haut, d'ici il pourrait voir où le dragon noir se trouvait, si ce dernier se trouvait encore ici. Il n'avait pas vraiment pris la peine de se renseigner, ni même signalé son envie de le voir à un Baptistrel, peut-être qu'il était parti en voyage, ou simplement pour se nourrir. Quoi qu'il en soit, Möebius resta ici en observant les alentours pour rechercher Shaynar, alors que Elrond descendait de son dos pour saluer les quelques membres des Baptistrels qui passaient.

¤ Soutien ¤

Ils en avaient déjà parlé, tous deux. Parler de manières conscientes et inconscientes. Ce dragon noir, lié d’un vampire, du moins ancien lié d’un vampire, il en avait entendu parler. Néanmoins, face à l’inquiétude qui pesait dans le cœur de son dragon, l’elfe ne s’en était pas approché, il ne s’en était pas soucié. Il ne voulait pas être éclaireur dans cette affaire, il voulait être un bouclier, un soutien pour son lié. À quoi cela rimerait il qu’Elrond se présente seul face à ce grand dragon noir ? À rien… Du moins pour le moment. S’il ne voulait pas avoir un rôle qui ne lui convenait pas dans cette histoire, il n’avait aussi eu aucune curiosité à l’égard du grand noir. Loin de là. L’Amarië avait préféré se montrer discret, il n’était pas le genre d’homme qu’était son collègue dragonnier humain, Amyelenor. Si lui se mettait en avant, à la tête de ses hommes comme une lueur, brillant de mille feux pour les inspirer, les conduire, ce n’était pas le cas de l’elfe. Au contraire, il avait eu son compte, et c’est pourquoi il avait vécu reclus dans la forêt des elfes, en marge de leur société. Puis était venu Möebius, cette lumière bleutée qui irradiait de froid tel la glace. Son quotidien bouleversé, il s’était remis à vivre. Au début il avait été poussé par l’esprit et la simple présence de Möe, qui de jour en jour le transformait. Puis, il s’était remis à battre de ses propres ailes. Mais il lui restait à présent encore beaucoup à faire avant de redevenir ce qu’il avait été durant son existence parmi les hommes. Aussi aujourd’hui allait être une journée importante dans sa rééducation. Il allait apprendre à redevenir un soutien. Pousser par les élans de son lié, sa curiosité envers la grande ombre s’était éveillée. Était ce néanmoins sa volonté ou alors la conséquence du désir de Möebius qui l’avait éclaboussé, laissant en lui un éclat qui se laissait croire être de la curiosité ? Elrond ne saurait le dire, le lien dragon dragonnier, ce lien qui les unissaient lui le rouge et l’autre le bleu, cette chose si particulière avait encore d’innombrables zones d’ombre pour l’elfe, des zones floutées qui le perdaient un peu et dont il aimerait bien lever le voile.

Ainsi donc, la curiosité de l’Amarië était elle issue de sa propre volonté ou bien d’un éclat de son dragon ? Sans doute était-ce un mélange des deux. Un désir refoulé de l’archer rouge qui venait d’être déterré par la situation actuelle. C’était troublant, le blond avait de plus en plus l’impression de perdre pied, la situation, sa vie semblant être de moins en moins sous son contrôle. Mais, il l’espérait, bientôt, que cette situation finirait, et qu’il pourrait à nouveau saisir les rênes.

Une fois de plus, sa nuit fut troublée par celle du bleuté. Ce genre de chose arrivait de plus en plus souvent ces temps-ci. Un présage ? Ou une passade ? Qui pouvait le dire ? Une fois de plus, Elrond fit les frais du trouble de son dragon, en le payant du manque de sommeil. Devrait-il demander un remède pour l’aider à dormir ? Non, il y avait d’autres solutions à exploiter avant de recourir à de quelconques drogues. S’habillant comme à son habitude, attachant Laurelin à sa taille, l’elfe vint couvrir ses épaules de sa fameuse cape rouge, bien que guenilles, elle semblait avoir l’air neuve, l’Amarië ayant enfin décidé d’user de sa magie sur elle. Son rouge était ressorti offrant un nouvel éclat, quelques déchirures avaient été comblées. Acceptant les excuses de son lié, le sylvain vint prendre place sur la croupe de ce dernier qui s’envola. Il devenait de plus en plus difficile de décoller depuis que le jeune dragon avait pris de l’ampleur. Heureusement que les arbres étaient solides permettant à l’écailleux de prendre appui sur eux afin de s’élever par delà la canopée qui recouvrait le royaume. L’endroit avait changé. Son petit coin n’était plus le même qu’autrefois. La première fois que l’elfe s’y était rendu, l’endroit était dans le même état que lui, mais petit à petit il avait retrouvé de son éclat, tout devenait plus vert, plus lumineux. Et maintenant que Möebius était présent, rien n’était plus comme avant, sa présence magique avait considérablement nourri la terre. Les arbres étaient sans doute les plus robustes de tout le royaume, les fleurs plus magnifiques, même le petit ruisseau qui se trouvait à quelques pas de sa porte avait prit en volume. On dit que l’endroit où l’on vit est le reflet de soi même. Elrond était-il aussi éclatant que ce lieu alors ?

Mentalement, le dragonnier soutenait son dragon, il sentait la peur et le doute s’insinuer dans son cœur, il tentait de l’en chasser. L’elfe ne savait pas quel genre d’être était celui que l’on nommait « le premier-né ». Quoi qu’il en soit, cette rencontre serait comme toutes les autres, une confrontation, et lors de chaque confrontation, il vaut mieux n’avoir aucune faiblesse dans notre cœur que l’autre pourrait discerner.

Bientôt le rouge et le bleuté arrivèrent à l’observatoire céleste. Il s’agissait du sanctuaire dédié à l’esprit de la vie et de la mort, source du pouvoir des Baptistrels. Descendants du dos de son lié, le dragonnier vint saluer par savoir-vivre les êtres en présence, après tout, si tout ce passait bien il apprendrait pour devenir l’un des leurs, autant s’intégrer le plus tôt possible. Une fois fait il revint vers son lié, lui demandant s’il sentait la présence de celui qu’ils étaient venus chercher.

Il rêvait...
Il le savait pourtant, ce rêve là visitait son sommeil très souvent, trop souvent même. Il s'en était ouvert à Merithyn qui n'avait pu que lui offrir son soutien et ses fredonnement doux pour lui permettre de se rendormir lorsque les nuits n'étaient pas encore terminées. Néanmoins il ne pouvait pas faire grand chose pour l'empêcher de faire ce rêve et ne semblait en réalité pas vraiment le souhaiter. Les rêves faisaient partie de la vie, l'esprit en avait besoin pour avancer et se construire, ou se reconstruire dans son cas. Le dragon comprenait très bien ce que le chanteur avait voulu lui faire comprendre en douceur mais ce n'était pas agréable pour autant. Et cette fois encore, il volait.

Cela commençait toujours comme cela. Il volait au dessus d'Armanda, au dessus de ces terres humides qu'il connaissait si bien depuis sa naissance et qui s'étalaient derrière les frontières est de l'empire. Les paysages défilaient sous ses yeux et il était bien, comment aurait-il pu aller mal alors que son dragonnier était sur son dos ? Il ressentait très distinctement la présence de l'esprit d'Eliow emplissant son esprit et nourrissant ce vide qui était sa torture personnelle depuis l'instant même de la mort du dragonnier. A cet instant là de son rêve il ressentait toujours un malaise, conscient que tout ceci était juste impossible et pourtant heureux d'être là à nouveau réuni avec son vampire. Oui, à cet instant là de son rêve il était heureux.

Mais cela finissait toujours mal. Sans qu'il sache comment le bonheur total se tranformait soudain en indincible terreur et Eliow tombait. Il piquait à sa suite afin de le récupérer, donnant toute la vitesse à ses puissantes ailes pour rattraper le corps en chute. Nul inquiétude à se faire pensait-il alors, il l'aurait rattrapé bien avant qu'il ne touche le sol et même si ce n'était le cas les vampires étaient très costauds non ? Il survivrait à sa chute, d'ailleurs chute il n'y aurait pas, il le rattrapait déjà et voyait sa cible grossir, grossir, il l'avait presque... Et tout changeait à ce moment là.

Il clignait des yeux à la seconde où il était sur le point de saisir délicatement le vampire entre ses griffes. Et la seconde suivante il n'y avait plus de vampire... Il n'y avait plus que le soleil. Une orbe rouge, brûlante, toute proche et pourtant insaisissable et ses yeux le brûlaient. La brûlure était si terrible qu'il se mettait à rugir de douleur dans son sommeil et il volait, volait... Incapable de s'arrêter il continuait à s'approcher de l'orbe en flamme jusqu'à s'y fondre entièrement dans un hurlement de rage aussi mental que brutal. La première fois que ce rêve l'avait assaillit il avait fait dégringoler le pauvre Merithyn de son lit ! Maintenant il contrôlait un peu mieux ses réactions mais cela ne l'empêchait pas de le réveiller tout de même en sursaut à chaque fois. Cette fois encore ils s'éveillèrent en même temps, essouflés, tremblants, perdus. Il leur fallu quelques secondes pour récupérer.

"Je suis désolé..."

Douceur. Merithyn comprenait, bien sur. Lui aussi ressentait ce manque terrible même si différent du lien perdu par le dragon noir. De toutes façons Merithyn comprenait toujours tout et bien que du genre à en profiter parfois à outrance Shaynar ne pouvait nier que ceci le rassurait. Ils partagèrent un moment de doux souvenirs du temps d'avant et le ronronnement constant du dragon eut tôt fait de faire replonger le baptistrel dans le sommeil. Des heures passèrent ainsi, Shaynar ne dormait plus mais il demeura là, simplement heureux du contact chaud du chanteur contre son aile. Il n'était pas rare que Merithyn abandonne le confort douillet de sa demeure pour aller plutôt dormir avec le dragon à la belle étoile et tout deux aimaient ces moments qui se faisaient plus fréquents depuis le début des négociations. De nombreux soucis assombrissaient le regard de son presque lié depuis leur début, le dragon n'était pas dupe et c'est donc avec plus d'énergie encore qu'il l'enserra sous son aile pour s'accorder encore quelques heures de repos à ses côtés.

Des heures plus tard le souvenir de ces instants volés le mettait encore de bonne humeur. Merithyn avait dû partir en milieu de matinée pour vaquer à ses occupations et Shaynar avait occupé ces heures à chasser afin de nourrir son solide appétit. Rassasié, il tournait un peu en rond à présent sans trop savoir que faire et c'est tout naturellement qu'il se mit en quête d'un endroit où piquer une nouvelle sieste. Eh quoi, après une nuit aussi agitée il fallait bien qu'il se repose non ? Et puisqu'il en avait marre qu'on l'observe tout le temps sous toutes les coutures il décida que l'observatoire céleste serait un endroit parfait. Personne n'y allait jamais, au moins il y aurait la paix !

Mauvais calcul apparemment... Il repéra la présence bleue avant même de se poser mais trop tard pour annuler sans manoeuvre. Pestant intérieurement contre tous les esprits d'Armanda et contre le Néant lui même il se posa donc dans un terrible fracas et replia ses ailes en effleurant avec une certaine curiosité l'esprit de l'autre dragon :

"Salutations mon frère..."

Son regard rubis se posa ensuite sur l'elfe présent à son côté:

"Et salutation à toi, lié de Moëbius"

Il n'ignorait bien sur pas le nom des autres dragons et il était difficile de les confondre étant donné qu'il avaient tous une couleur différente ! Il aurait pu approfondir la conversation mais il était pour le moment sur la défensive, et plutôt dépité de ne pouvoir faire sa sieste...

Finalement, après de longue minutes à scruter le ciel à la recherche de l'ombre noir, Möebius fut récompensé. Une forme plus sombre que la nuit était rentrée dans son champ de vision et amorçait déjà sa descente vers eux. Par désir ou par habitude, il n'aurait su le dire. En revanche, il pu contempler la grandeur et la puissance de son aîné, il ne faisait clairement pas la comparaison à coté de lui. Son anxiété monta d'un cran, mais lorsque le grand noir toucha le sol de son corps puissant, une légère secousse le ramena à la réalité. C'est alors qu'il ressentit l'esprit de son congénère l'atteindre pour le saluer. C'était une force plus vieille que lui, mais avec des blessures qui ne devait pas être encore refermée. Saluant alors Elrond pour continuer dans les civilités, Möebius fit alors de même répondant de la même manière à l'esprit de Shaynar. Même s'il était encore hésitant et peu sur de lui, sa voix mentale restait aussi glacial qu'à son habitude.

« Je te salut Shaynar, mon aîné. »

Attendant un petit moment avant de continuer, les efforts des mots le lassaient mais il devait faire un effort, après tout de ce qu'il en percevait, il dérangeait le grand noir, il devait donc faire au plus vite et les mots étaient plus claire et plus rapide à faire comprendre. Choisissant les mots avec précaution, il ne comptait pas se répéter et il voulait en finir au plus vite. Bien que le grand dragon soit rester amicale jusqu'ici, le fait qu'il semble agacé ne le rassurait pas. Il finit alors par reprendre la parole pour continuer son dialogue avec Shaynar.

« Je me présente à toi pour recevoir un peu de ta sagesse et de tes connaissances sur mon passé et celui de mes frères et sœurs lié aussi. Je sais également que tu était lié avec un être sans vie et j'aimerais connaître les raisons qui t'ont poussées à rejoindre le camp ennemi de ton ancien dragonnier. »

Ses questions posées, il réfléchissait maintenant aux réponses qu'il pourrait avoir, il en venait même à se demander si lui aussi irait vers les vampires un jour si jamais il devait arriver malheur à Elrond. Il pris également conscience qu'il y aurait toujours une force plus grande que la sienne et qu'il ne pourrait pas toujours protéger son elfe contre le monde entier. Mais même en sachant cela, il continuerait d'essayer, car son destin était lié au sien et il était hors de question que quiconque s'en prenne à ce qu'il avait de plus précieux en ce monde. Le bleue savait que son amour pour l'elfe était étouffant et sur-protecteur, mais quand on sais qu'il y a sur ce continent un dragon bien plus vieux que vous qui n'a pas su protéger son dragonnier, où encore une dragonnière qui ne pouvait que regarder les yeux plein de larmes son dragon se faire massacrer sous ses yeux. Möebius ne pouvait s’empêcher d'avoir peur pour lui. Shaynar devait pouvoir comprendre ça aussi

Möebius aurait aussi pu partager ses sentiments vis-à-vis de la guerre, mais il sentait que ce dernier devait déjà en savoir long sur la question. Cependant, il ignorait si Shaynar comptait prendre part à l'assaut contre les Alayens, le bleuté refusait de se plonger dans cette bataille, non pas parce qu'il n'aimait pas ce continent, mais parce qu'il risquait sa vie et celle d'Elrond. L'ennemi est puissant et sa force inconnue, il redoutait qu'un de ses frères ou sœur ne tombe lors de cette bataille. Si possible il aurait préféré l'éviter, mais qu'est-il pour affronter et aller contre le destin ? Un simple dragon contre la puissance des esprits ? Le dracos avait beau être un esprit maintenant, son influence sur cette terre semblait de plus en plus tenue. La faute peut-être aux serviteur du néant. Quoi qu'il en soit, Möebius n'était que tirailler avec des choix difficiles qui pouvait impliquer d'important sacrifice. Sacrifices qu'il n'était pas prêt à payer, ni aujourd'hui, ni demain. La voie qu'il avait choisie était bien plus problématique qu'il ne l'aurait pensée. Se battre était risqué, mais ne pas le faire l'était tout autant.

[hrpg : désoler petit post, mais je n’ai rien a dire pour le moment x) ]

¤ Appui ¤

Il flânait, venant saluer les représentants de l’ordre et leurs élèves qui se trouvaient là. Elrond allait dans quelques lunes rejoindre ce cercle restreint. Du moins il l’espérait, son trouble était encore pesant dans son esprit et selon sa vision des choses, seule l’entrée aux services des esprits lui offrirait le salut de l’apaisement. Il y avait bien sûr un esprit auprès duquel, non pas il voulait, mais devait s’agenouiller. Océan, l’ainé d’entre tous, dont depuis sa naissance, il était lié. D’un serment invisible et inconnu dont il avait pris conscience il y a peu. Ne pouvant lutter contre les sphères supérieures, ni la voie qu’on lui avait tracée. L’elfe rouge se devait de s’y conformer et de l’honorer toute sa vie durant. C’était une aventure magique et spirituelle dans laquelle il allait se plonger corps et âme, alors autant préparer connaître et préparer le terrain pour ne pas choir dès le début. Non loin de lui, une ombre se formait, haute dans les cieux qu’elle venait voiler de sa stature. Tel un nuage orageux cachant les rayons du soleil, et le masquant de la terre dans une obscurité menaçante. L’énergie magique qui s’en dégageait ne pouvait être ignorée, la sentir était une obligation. Le devoir l’appelant le sylvain quitta les chanteurs ainsi que leurs apprentis, pour rejoindre son propre lié, un dragon aux écailles semblable à de la glace. Mais qui pourtant, fondait face à la peur qui étreignait son esprit. Arrivant à son niveau, son sourire pétillant de son arrogance naturel, il signifia à son lié, l’arriver de l’être attendu. Même cela n’était pas utile, il souhaitait voir dans la réponse télépathique de l’écailleux partageant son âme, quels étaient les sentiments qui régnait en son sein. Afin d’adapter son appui, connaitre la dose exacte que l’archer rouge devait apporter, pour ne pas étouffer Möebius, ou au contraire, le laisser tomber.

Le géant noir se posa lourdement sur le sol, sous ses pieds, l’Amarië sentit des vibrations. Tout en se laissant aller à son imagination, se demandant comment il agirait s’il possédait une telle masse, le rouge écouta les paroles du premier-né. Un sourire naquit sur ses lèvres lorsque le regard rougeoyant du dragon se posa sur lui, rempli d’intimidation naturelle propre aux dragons. Plaçant ses poings fermés contre son torse, il se baissa, saluant respectueusement la grande ombre. Se redressant, Elrond vint poser sa main contre la patte de son bleuté, l’aidant à vaincre ses craintes tout en lui offrant ses mots avec lesquels Möebius refusait la familiarité. Laissant le glacé parler à l’obscurité, le sylvain resta muet. En son sein régnaient également des questions, il souhaitait lever le voile sur le lien dragon-dragonnier, mieux le comprendre, cet entrelacement entre deux âmes et deux esprits. Oui il était avide d’une certaine curiosité. Mais derrière cela, une idée ou même un désire germais dans son esprit, il ne savait pas si les ébauches de son idée étaient possibles ou non, et dans le cas d’une positivité qu’elle genre de magie serait nécessaire. L’ordre Baptistral l’aiderait surement à réaliser son souhait, mais encore fallait il que idée ne soit plus restreinte à un simple morcellement, voilé d’ombre. Mais cette idée et tout ce qui y attrayait, l’Amarië se gardait bien de le partager, enfermant ces pensées dans un recoin de son esprit, l’éloignant même de Möebius et de son lien ne souhaitant pas le dévoiler pour le moment.

De par son lien, Elrond ressentait le ressentit du grand bleu, aussi attendait il la réponse du Shaynar avant de voir si cette conversation pourrait être poussé ou alors se verrait avortée.

Un dragon bleu de glace, c'était très étonnant qu'un ancestral soit si peu lié au feu mais la nature avait sa mystères. Que pouvait-il bien lui vouloir ? Rien de tangible sans doute, les dragons étaient toujours curieux de se rencontrer entre eux et il était le dernier représentant en vie de la première génération pour ne rien arranger. Sans compte qu'il vivait encore alors que son dragonnier n'était plus, de quoi attiser la curiosité.

Silencieux, il laissa les paroles du bleu effleurer son esprit tout en s'intéressant un peu plus au dragonnier. Un elfe, un être très différent d'Eliow donc forcément... Qu'est-ce qui pouvait bien pousser les dragons à faire leur choix alors qu'ils étaient encore dans leur coquille ? Lui même avait fait le sien mais il aurait été incapable d'expliquer pourquoi ou de décrire la sensation d'assurance ultime qu'il avait ressenti en sentant les mains froides sur la surface de son oeuf. C'était lui et personne d'autre ! C'était ainsi, cela ne s'expliquait pas.

"Je ne peux pas t'aider sur ton passé, c'est à toi de chercher les réponses. J'ignorai jusqu'à l'existence des oeufs de la seconde génération avant que le Dracos ne nous appelles moi et mon dragonnier. Tout ce que je sais c'est que vous aviez été déposés sur l'île du flocon mais ton dragonnier a dû t'en parler. J'ignore tout du reste, d'où tu viens et de qui tu es le descendant. Je suis désolé.
"
Il comprenait la soif de connaissance du plus jeune, lui aussi aurait aimé savoir d'où il venait et pourquoi il avait été englouti au fond du lac noir mais il ne le saurait sans doute jamais. Qui pourrait bien le renseigner sur ce point hormi le dracos lui-même ? C'était une quête sans espoir. La question suivante pouvait trouver une réponse néanmoins, mais encore fallait-il qu'il accepte de la donner. Il interrogea :

"Pourquoi devrais-je te donner la raison de mon choix ?"

Question intéressante, il ne le connaissait pas après tout et il ne connaissait pas non plus son lié si silencieux... Avec un soupir qui fit trembler tout son poitrail il se décida tout de même, pourquoi leur cacher après tout ?

"Mes raisons étaient multiples. Mon dragonnier allait mourir et l'art de guérison elfique était peut-être son seul espoir. De plus même si cela n'avait pas été le cas nous avions convenu tous les deux que nous ne voulions plus rester sous la coupe du prince vampirique. L'affaiblissement de mon lié n'a fait que précipiter les choses."

Dans un brusque mouvement d'impatience il frappe le sol de sa queue

"Ne va pas croire que j'ai subitement décidé qu'un peuple bipède valait mieux qu'un autre. Leur guerre ne m'intéresse que peu et uniquement dans la mesure où elle met Merithyn et les autres dragons en danger. Elfes, humains ou vampires... Tous ne sont que des bipèdes."

Subitement il baissa la tête jusqu'au dragonnier elfique comme pour mieux le cerner de son regard brûlant :

"Et toi, elfe. Que penses-tu de tout ceci ?"

Möebius se tenait toujours devant Shaynar, Elrond à ses côtés. Le grand dragon noir déliait sa langue pour répondre à leurs questions malgré une certaine retenue. Sans doute avait-il lui-même quelques questions auxquels il n'avait pas réponse. Cependant, Shaynar ne pouvait exaucer son souhait. Il n'en savait que très peu au sujet de ses parents et des dragons qui ont quitté Armanda, l'emplacement où il avait été trouvé était celui ou il avait mené Elrond plus tôt. C'était une douce illusion que les choses paraissaient aussi facile, la réalité était bien plus dure et cruel. C'est avec une mine déçu qui continuait d'écouter le discourt de son aîné. Il pouvait comprendre qu'au vue de ce que ce dernier avait vécu, qu'il puisse refuser de lui répondre, car lui-même n'aurait sûrement pas apprécier qu'on lui rappel la douleur de perdre un être auquel on est lié aussi intimement. Pourtant, contre toute attente, Shaynar délia sa langue dans un élan de ce qui semblait de la compréhension et lui révéla le fond de sa pensée. Puis d'un mouvement de colère en s'exprimant dans le même élan, ce qui surpris le bleuté, il avoua ce que tous les dragons devaient penser des autres bipèdes. Pour Möebius, seul Elrond était différent, sa lumière irradiait comme nul autre au milieu de la nuit de son esprit. Il savait qu'il ne reviendrait pas des ténèbres encore une fois s'il devait perdre sa lumière. Pourtant, Shaynar l'avait fait, il avait réussi à franchir ce pas seul. Du moins, c'est ce que Möebius pensait, mais il doutait de pouvoir en faire de même, il n'était pas suffisamment fort physiquement et mentalement pour en arriver là.

Cependant, Shaynar observait maintenant avec insistance son lié, Möebius doutait que le noir souhaitait vraiment lui faire du mal, mais il se mis sur ses gardes prêt à lui bondir dessus en cas de tentative d'agression. Là encore il doutait de pouvoir gagner contre le noir si ce dernier décidait vraiment de les attaquer, mais il était hors de question qu'il laisse son lié se faire tuer sans rien faire. Mais avant que d'en arriver là, le dragon bleu avait besoin de savoir une chose encore. Depuis quelques temps il s'en était rendu compte et avait partagé ses doutes avec son lié. Cependant ce dernier n'en savait pas beaucoup plus. Seul les autres dragons auraient pu l'aider, mais étant plus jeune que lui, son meilleur espoir restait encore Shaynar. Attendant patiemment que Elrond réponde à la question du grand noir, il s'élança à son tour pour sa propre question.

« Shaynar, il y a une chose que tu pourrait peut-être m'aider à éclairer. Malgré mon âge et ma croissance, mon feu semble éteint. J'ai beau me concentrer, aucune flammes d'aucune sorte ne semble de former pour s'expirer dans mon souffle. En saurait-tu l'origine. »

Il n'était pas sur que ce dernier en sache beaucoup plus que lui, mais peut-être qu'il aurait au moins un indice. Non pas que Möebius soit véritablement gêné de ne pouvoir souffler de feu, mais il trouvait cela étrange malgré tout. Peut-être que c'était lié avec le départ des dragons d'Armanda, où peut-être pas. Seul le temps lui apporterait la réponse. Mais le temps était bien ce dont ils manquaient. Avec les Alayens aux portes, les négociations entres les peuples. Tout ce temps là était compté, mais au fond de lui Möebius se demandait si les dragons allaient participer à la guerre qui se préparait. Ils étaient plus nombreux maintenant et plus fort aussi, peut-être que la simple intervention des dragons aurait été suffisante, mais leurs dragonniers n'oseraient peut-être pas se rendre au front pour affronter les Alayens directement. Il était loin d'être devint, mais si les dragons étaient craint par les humains, c'est qu'il devait y avoir une bonne raison. Cette raison était sans doute leurs force hors du commun, leur capacité à pouvoir voler et cracher du feu. Si tous les dragons présent sur Armanda se réunissaient, nul doute que les chefs des Alayens tomberaient et que l'armée serait en déroute quelques temps, temps qui serait suffisant pour que les races bipèdes s'arment ensemble et contre-attaque. Enfin si ces négociations prenaient fin un jour...

¤ Point de vue. ¤

Silencieux le rouge observait l'échange. Ce genre de conversation était vraiment unique, deux dragons l'un en face de l'autre s'échangeant leurs pensées. Si le monde extérieur était régi par un incroyable calme, celui des esprits étaient bien différents. Les puissantes voix des dragons résonnaient, ainsi que les sentiments émanant de celle-ci. Les néophytes qualifieraient plus qu'étrange cet instant, mais pour Elrond il était fort instructif. Son esprit et sa magie l'analysaient, cet échange, pouvait-il être encore plus approfondit et élargi, au point de transcender les barrières spirituelles qui existaient dans chaque être en présence ? Voilà le sujet qui habitait le petit recoin de l'esprit que l'Amarië avait scellé, inaccessible à tous. Ses lèvres brûlaient des questions qui s'y formaient, mais patiemment il attendait son tour, tâchant de s'occuper en réflexion diverse.

La grande ombre disait avoir rejoint les elfes pour soigner son lié. Était-ce l’unique raison ? Il est naturel d’aller voir le meilleur médecin pour soigner son mal. Mais le mal en question était-il uniquement d’ordre physique ? Non, la sagesse du géant noir était bien réelle, les exactions du prince vampirique ne lui étaient pas supportable, quoi de plus normal, et bientôt, les autres dragons se trouvant auprès de ce suzerain s’en rendront compte et partiront eux aussi pour rejoindre les contrées verdoyantes des elfes. Et tous se rendraient compte qu’une telle chose ne peut continuer sans être punie.

Le sol trembla soudainement, la queue Draconique de Shaynar s'était abattue sur le sol, signe d'un agacement, mais également révélateur de sa personnalité. Souriant légèrement, le rouge comprit sa position, tous deux partageaient des idées communes et pourtant, une pointe de déception perça son cœur, au final, malgré le fait qu'il soit un dragon, sa sagesse n'était que limitée, borner par la condition de sa race. Il y retrouvait Lyroë, cette femme pourrait tellement faire plus, si son esprit tendait à embrasser une cause plus grande et pourtant si proche de celle qu'elle promouvait. Les dragons, ceux restés ici étaient certes là pour conserver la magie, mais ils étaient aussi des armes, des armes laissées par le Dracos, les esprits et les dragons partis vers un autre continent, des armes mises à contribution pour assurer la paix sur Armanda. Malheureusement, les dragonniers et les peuples ne savaient pas comment les utiliser... les dragons eux-mêmes, ne savait pas comment ils devaient être utilisés, leurs esprits pervertis par les mortels. Ainsi l'objectif qui se fixait, étaient de mettre en œuvre leur magnifique puissance dans l'unique but, d'établir la paix par la suprématie d'une race, au détriment des deux autres. Après tout, il est plus simple de faire la guerre à son voisin qu'apprendre à vivre avec. Une autre chose venait appuyer sa théorie, pourquoi le Dracos voudrait-il voir ses enfants s’entretuer ? Les à ce qu’il en avait pu lire, ne formait qu’une seule et même race solidaire, il n’y avait pas de division entre eux. Et puis, si les esprits avaient souhaité que la paix soit instaurée par la suprématie d’une race, une seule des trois aurait eu le privilège d’en avoir à leur côté.

Levant les yeux, ses yeux azurés rencontrèrent les rubis du noir.

« Moi ? Je trouve regrettable votre vision, se borner à n'être qu'un simple spectateur et agir uniquement lorsque votre race est en danger. Au final, nous ne sommes pas bien différents, que nous soyons, humains, vampires, dragons ou elfes, nous nous arrêtons bien souvent aux critères de la race. Sans regarder plus loin. Chaque race a le même défaut, celui de ne penser qu'à la sienne. Mais il n'y a pas que cela, en plus de ce défaut, certains sont propres à chaque race, vous-même les dragons en avez un, celui ne de veiller qu'à la protection de votre lié. Défaut compréhensible, car si je meurs, Möebius s'éteint lui aussi, au final, vous ne fait qu'assurer votre propre sécurité. Mais celle-ci se fait au détriment de tous les restes. »

Elrond plongea son regard dans celui du dragon noir face à lui.

« Néanmoins, je comprends votre point de vue, mais je ne l’approuve pas pour autant. Bien que je n’approuve pas non plus ce conflit qui déchire le peuple d’Armandéen, je tenterais de l’enrayer dès que j’en aurais le pouvoir, et lorsque le moment s’y prêtera au mieux. Au final, ce n’est pas tant votre sagesse premier-né que je viens chercher, mais bien votre savoir. Vous êtes auprès de Merithyn à présent, Baptistrel du feu, qui sera bientôt, je l’espère, mon maître. Je voudrais savoir si son état de chanteur a eu une incidence sur votre condition. Mais aussi, je voudrais en connaitre plus sur le lien dragon-dragonnier. »

L’Amarië avait toujours son regard braquer sur celui du dragon noir, il avait conscience que de par ses paroles, il le défiait, lui un dragon, mais sur ce sujet si, il n’en démordrait pas, que son interlocuteur soit un dragon ou non ne faisait aucune différence, le dragonnier exposerait son point de vue. Après tout, c’était Shaynar lui-même qui lui avait demandé ce qu’il en pensait.

Spoiler:

Le dragon bleu semblait quelque peu déçu de sa réponse, avait-il vraiment espéré que le noir pourrait le renseigner au sujet de ses parents ? Il devait pouvait savoir que la première génération était née sur Armanda elle aussi, et qu'en tant que première justement elle n'avait connu aucun autre dragon. Tout ce que Shaynar savait il l'avait puisé soit dans l'esprit de son dragonnier et de son presque lié, soit dans sa mémoire ancestrale. Il ne savait rien de ses propres ancêtres et de la raison pour laquelle son oeuf avait été jeté dans le lac noir, autant dire qu'il ignorait tout autant le passé de Moëbius. Néanmoins il comprenait son désarroi à ce sujet, l'ayant lui-même ressenti et sans doute plus fortement encore puisqu'il avait été le tout premier des dragons et donc bien isolé.

La soudaine méfiance de Moëbius l'amusa, s'attendait-il à ce qu'il attaque son dragonnier ? Peut-être bien... Son caractère lunatique et emporté pouvait parfois porter à confusion mais Shaynar n'avait pas l'intention de s'en prendre à un élu, il savait trop bien quelle souffrance cela pouvait occasionner pour le dragon et n'irait pas risquer la vie d'un de ses frères d'écailles, il était déjà bien assez peu nombreux comme cela ! D'autant plus qu'avec la guerre des bipèdes ils en étaient réduits à se taper dessus régulièrement, ça suffisait largement.

Ils attendaient tout deux la réponse du dragonnier lorsque le bleu glissa une question à son tour, étonnant le dragon sombre qui risqua :

"J'ignore si cela a un lien, mais lorsque Merithyn a eu ton oeuf entre les mains il a remarqué qu'il était le seul dans la coquille était froide. Au contraire des autres dragonnets encore dans leurs oeufs tu as semblé apprécié qu'on te sorte du cratère dans lequel vous reposiez. La perte de chaleur n'a pas semblé te déranger. Peut-être es-tu simplement un peu différent de nous, moins lié au feu ?"

Il rumina un instant, réfléchissant à tout ceci, puis conclut :

"Il n'y a pas d'âge pour cracher du feu de toutes façons. La majorité des dragons crachent des flammèches dans leur jeune âge et parviennent à maîtriser leur jet de flammes lorsqu'ils deviennent adultes mais ma mémoire ancestrale me dit qu'il y a eu des exceptions. Peut-être que cela viendra..."

Ou peut-être pas... Comme toujours sa mémoire ancestrale n'était pas claire et ne lui permettait pas de savoir si il était déjà arrivé que des dragons n'en crachent jamais. Le bleu serait sans doute obligé de trouver les réponses par lui-même bien que ce qui venait d'être dit allait peut-être déjà l'aider un peu. En attendant ils se reconcentrèrent sur les paroles du dragonnier elfique qui se décidait enfin à parler et peut-être aurait-il mieux fait en réalité de garder le silence... Ses mots tranchants heurtèrent de plein fouet le caractère bouillant du dragon noir qui renacla, mécontent. Comment osait-il juger ainsi les décisions draconniques ce petit avorton ? Et venait-il tout simplement de lui asséner qu'à défaut de sagesse il pouvait lui offrir son savoir ? Une nouvelle fois le sol trembla tandis qu'il le cognait cette fois de la patte avant et lorsque la demande tomba il ne répondit que d'un couperet glacial :

"Tu n'as pas la sagesse de recevoir mon savoir."

Les naseaux fumants, il le transperça de ses prunelles rougeâtres et sembla hésiter un instant à le couper en deux d'un coup de griffe bien placé mais la présence du bleu le retint et il gronda :

"J'ai pris la vie d'autres bipèdes moins insolents que ton dragonnier, mon frère. Qu'il se tienne loin de moi, à l'avenir afin que sa bêtise ne nous conduises pas à l'affrontement."

Crocs à découvert, il se retourna vers l'elfe :

"Quand à toi, si mon presque-lié te fait l'honneur de baisser le regard sur ta personne alors tâche de t'inspirer de la sienne, de sagesse. Et prie pour que j'ai oublié tes offenses à notre prochaine rencontre, on ne juge pas un dragon."

Sèchement, ses ailes claquèrent lorsqu'il les déplia sans même prendre garde à la présence du petit être tout près de lui. Sévèrement froissé, il n'accorda qu'un dernier regard au dragon bleu avant de s'élancer dans les airs, porté par l'énergie furieuse de son mauvais caractère...

Son aîné ne pouvait lui apporter véritablement de réponse pour son problème personnel, mais il lui offrit un indice qu'il n'avait pas reçu jusque là. Il n'était pas si anormal que le dragon bleue ne puisse utiliser son feu intérieur pour embraser le ciel. Il était certes une exception parmi sa génération, mais il n'était pas impossible qu'il y ai eu des précédents dans l'histoire des dragons. Il lui faudrait alors se renseigner auprès d'autres dragons plus anciens, même si Shaynar était le plus vieux sur le continent à sa connaissance, ceux qui avaient quittés Armanda pourraient lui apporter la réponse, peut-être même qu'il pourrait revoir ses parents. Le projet d'un voyage vers les lointaines terres où les dragons s'étaient réfugiés se dessinait dans sa tête. Il partagea son sentiment avec Elrond, peut-être que lui aussi voudrait découvrir un autre continent. Peut-être pas aujourd'hui ou demain, mais dans un avenir proche, quand Armanda sera hors de danger, une fois que son foyer serait sure, il irait voyager. Il en était certain en son âme et conscience. Les dragons devaient eux aussi avoir leurs spécificités propre, ils n'avaient pas de magie totémique contrairement aux autres race du continent, mais l'esprit du feu avaient embrasser tous les dragons, mais Möebius entrevoyait la possibilité que d'autre esprit puisse toucher les dragons. Ce n'était qu'une théorie folle, mais elle méritait qu'il s'y intéresse.

Möebius était un peu partagé entre l'ombre noir qu'était Shaynar et la lumière que représentait son lié. Cependant, il penchait nettement pour Elrond, seulement ce dernier était avait peut-être un peu trop titiller l'orgueil de l’aîné des dragons et il n'était pas étonnant de voir celui-ci s’énerver de plus belle et gronder sa réponse. Ce n'était pas surprenant, son elfe avait démontré à plusieurs reprise son esprit rebelle qui se voulait insoumis, Möebius savait bien ce que cela cachait, mais lui-même avait ses propres défauts, il n'était pas du genre à donner des leçons, mais il savait que s'il persistait dans cette voie, les baptistrels seraient sans doute moins enclin à l'accepter dans leurs ordre. Il exprima sa pensée dans l'esprit d'Elrond pour qu'il comprenne que son action avait peut-être une portée plus grande que ce qu'il avait prévue. Toute vérité ne sont pas bonne à entendre et il devait sûrement exister un moyen d'exprimer cette idée d'une manière plus douce et sûrement plus facile à accepter pour Shaynar. Il lui fit ses adieux comme à un frère qu'il était, mais Möebius savait que cela compliquerais les choses à l'avenir malgré tout. Devrait-il encore faire des efforts avec les autres dragons pour rattraper les erreurs que son dragonnier avait fait, tout comme avec Trissi ?

En réalité, Möebius et Elrond était encore un jeune couple qui avait besoin de grandir autant l'un que l'autre, c'était à la fois une bonne chose qu'un problème. Car la maturité n'est pas facile à acquérir, en générale elle s'accompagne d'un prix assez lourd à payer, surtout en ces temps troublé avec tous les peuples à crans et réunis au même endroit. Il ne se sentait pas du tout l'âme d'un leader et encore moins d'un négociateur, cette réunions des peuples allait sûrement venir avec quelques accroc et il espérait ne pas avoir à intervenir pour protéger Elrond, sa verve était parfois un peu trop acéré pour les oreilles non habituées. Cependant, il savait très bien que même si le monde entier était contre lui, il sauterait sans hésiter dans la bataille pour le protéger, même au péril de sa vie. En espérant ne pas avoir à en arriver là. Dans un battement d'aile impressionnant, Shaynar les laissa là et s'en allait au loin dans le ciel. Möebius eut juste le temps de lui rendre son salut avant qu'il ne puisse plus lui parler.

¤ Une bourde. ¤

Enfin la question pour laquelle ils étaient venus fut posée. À savoir l’absence de ce feu si sacré dans le corps de son lié. Pourquoi en était-il ainsi d’ailleurs ? La connaissance sur les dragons était assez limitée, ce qui était fort regrettable. Peut-être faudrait-il écrire un manuel rassemblant toutes les informations connu sur ceux-là. Si seulement les anciens dragonniers avaient pensé à le faire, cela aurait grandement facilité la tâche du jeune Elrond, il aurait su à quoi s’attendre et prévoir ses réactions, au lieu d’agir maladroitement laissant son instinct le guider. Non, bien trop occuper à se combattre ils avaient délaissé une chose des plus importantes.

Au final, la grande Ombre ne fut pas d’une très grande aide, il ne semblait pas avoir la moindre petite idée sur le gel de la flamme de Möebius. L’Amarië penchait lui pour une malformation ou une malédiction. La malédiction paraissait plus plausible à ses yeux, les dragons étaient bien plus étroitement liés à la magie que les autres races, celle si pouvait aisément corriger les défauts nuisibles à leur grandeur. Néanmoins, le grand noir offrit une piste : Merithyn. Son futur maître gravitait de plus en plus autour de lui, comme s’il devenait l’unique source de réponse aux questions qu’il pouvait se poser.

Puis vint le tour de l’elfe rouge dont les paroles claquèrent tel un fouet, heurtant la personnalité et l’égo du premier né. À vrai dire, Elrond n’avait pas songé à mal en disant ses mots. Il avait simplement donné son avis sur la question. Les dragons étaient décidément bien intrigants. Si Möebius faisait preuve d’une asociabilité révoltante, le dénommer Shaynar possédait son orgueil. L’Amarië qui n’avait pas l’habitude de prendre des pincettes, il ne pouvait prévoir la réaction du dragon noir. Peut-être que si il aurait pu. En y réfléchissant, le dragonnier n’avait pas choisi les meilleurs mots. En y réfléchissant même plus sérieusement, ceux-ci pouvaient être considérés comme insultants. Légèrement abasourdit par la colère du dragon le blond ne dit mot, ses lèvres attendant l’absence du grand noir pour se desceller. Tournant légèrement la tête vers son lié, ses yeux étaient teintés de surprise et de regret.

« Bon… On dirait bien que j’ai commis une bêtise… »

Levant les yeux il rencontra le regard réprobateur de son lié.

« Quoi ? Il m'a demandé ce que j’en pensais. »

Venant poser la main contre la patte du grand bleu, l’elfe ferma les yeux, soupirants, il s’exprima télépathiquement. L’elfe aurait préféré que cet échange dure plus longtemps et regrettait de l’avoir avorté, mais au final, Shaynar ne semblait pas en savoir bien plus sur le cas qui les intéressait. Intimant à Möe l’idée de se rendre auprès de Merithyn pour lui poser de plus ample questions, il le prévint que de son côté, il irait retrouver l’ombre pour s’excuser d’avoir blessé sa personne. Elrond ne put s’empêcher de penser cela avec une pointe d’ironie.

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