L'enchaînementVanis, ville de la luxure comme l’appelle les voyageurs… On s’y arrête pour une nuit et on repart aussitôt si rien ne nous en empêche. Si Vanis est la ville du plaisir… elle est aussi la ville du meurtre et imprudent serait l’homme qui décide de s’y installer. Ceux qui sont là n’ont pas le choix et survivent comme ils peuvent.
Une femme svelte, bien habillée et coiffée marche dans les rues… La nuit a recouvert la ville depuis plusieurs heures déjà et la pluie se mêle à la mélodie nocturne. La jeune femme tourne brusquement au coin d’une ruelle et s’y engouffre, doucement elle calme l’allure et lève la tête en traversant quelques groupes d’homme qui la suivent du regard, l’œil emplit d’avidité. Au fond de la rue, une porte… sans hésitation la belle la poussa et entra.
Jamais plus elle n’en sortira…
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La maison compta bientôt une nouvelle marchandise et pas des moindre… Des formes généreuses, une peau lisse bien que parsemée de nouvelles petites cicatrices qui s’approchait de la perfection. La belle était à présent ici pour travailler et vendre du rêve. La Maîtresse n’avait pas été douce avec elle et à présent que la jument était sienne il allait falloir la garder… Les traitements qui allaient lui être donnés n’étaient pas de tout repos…
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Enchaînée dans la cave où elle avait été fouettée et détruite psychologiquement, l’ombre de la belle reposait là… Silencieuse elle releva les yeux vers la seule portion de liberté qu’elle voyait : Une ridicule fenêtre donnant sur l’entrée de la maison. La petite lanterne rouge venait d’être allumée assurant ainsi aux clients l’ouverture du lieu. Les mercenaires étaient déjà en place, repoussant ceux qui n’étaient pas digne d’entrer… L’art de ces donzelles n’était pas offert à tout le monde.
Une heure passa, certaines filles étaient déjà au travail comme l’on pouvait distinctivement entendre de dehors si l’on y prêtait une réelle attention. La porte de la cave s’ouvrit et la nouvelle séance de torture put commencer. Deux montagnes de muscles accompagnaient la Maîtresse. Celle-ci retira sa Damoiselle qu’on fit immédiatement chauffer. S’approchant du spectre de la femme gisant devant elle, elle déclara sans hésitation :
« Tu as eu tort de fuir. Ta maison est ici désormais… »Elle laissa quelques secondes s’écouler et caressa son visage vide dénué d’expression… Pas même la tristesse ne trahissait ses traits.
« Même ta famille ne désire plus te voir n'est-ce pas ? Ils ont refusé ton argent, t’ont insulté de catin… Ils t’ont même déclaré que tu étais un véritable déshonneur pour eux et qu’ils préféraient mourir que d’accepter l’argent d’une putain… »Enfin les larmes furent visibles, du pouce la Maîtresse les éradiqua de son visage. Tout allait bien se passer à présent… La vie reprendrait son cours… Passant d’un amant à l’autre, partager des secrets interdits lors de confidences muettes sur l’oreiller… Voilà la vie que cette femme allait avoir. Une vie luxueuse… mais courte. Néanmoins avant de retourner avec le reste du troupeau… Une dernière préparation devait être faite. La Damoiselle, chauffée à blanc fut appliquée au creux du poignet de la belle qui hurla de toutes ses tripes mais les gémissements et cris de jouissance de la maison cachèrent que trop facilement cette dernière détresse.
Le contratLa maison… elle était un endroit coupée entièrement du reste du monde. La Maîtresse et les malades étaient les seules à pouvoir sortir de cette cage d’or. Peu de services différents étaient proposés ici et c’est la prostitution qui est le plus prisé si ce n’était pas le seul… Jusqu’à ce soir.
Un homme des plus courtois, d’une trentaine d’année entra dans la maison. Il fut accueilli par la Maîtresse comme à son habitude et s’entretenu longuement avec elle dans le bureau du fond. Il avait l’air très riche… et d’une classe social bien supérieur aux clients habituels.
Après une bonne heure, la porte du bureau s’ouvrit de nouveau. L’homme avait l’air satisfait de l’accord et la Maîtresse avait un de ses sourires entendus voulant dire entre autre que ce client a versé une grosse somme d’argent… Et qu’il était hors de question de lui déplaire !
Toutes les filles se rassemblèrent dans le salon, se mettant en valeurs, jouant de leurs charmes captivants. C’est dans une ambiance presque érotique que le client, devenu roi pour quelques heures, parcouru ce harem des yeux. D’un geste de la main et d’un murmure interdit la Maîtresse l’invita à s’approcher, à toucher et surtout à tester la marchandise… D’un hochement de tête il s’anima pour se mêler aux filles, caressant les chairs, notant avec quel doigté et dextérité elles s’emparaient de tout son être pour l’espace d’un instant. Désirable à souhait, dévoilant leurs formes mais se refusant à ses mains, elles étaient des expertes de la luxure et de l’ivresse du plaisir qu’elles lui interdisaient pour l’instant. Une attira davantage son attention que les autres… La brunette n’eut aucun mal à prendre possession du client qui peu à peu lui offrit toute son attention, délaissant les autres qui se retirèrent d’une grâce féline, laissant un peu d’intimité aux amants d’un soir. Le contrat était à présent signé, et la fille choisie… Il allait falloir la préparer.
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Dans une chambre de l’étage, deux filles et la Maîtresse de maison s’occupaient de préparer quelques vêtements pour la future hôtesse... Oui, même si la prostitution est l’activité principale être hôtesse peut rapporter gros même si cela est plus dangereux pour les filles.
« Willa, nous comptons sur toi bien entendu... Tu es l’une de mes meilleures conquêtes... Sois-en digne...» Lâcha la matriarche.
Cette dernière se contenta d’un hochement de tête et d’un sourire énigmatique que seule son interlocutrice savait comprendre. Leur proximité était à présent presque sans faille depuis que la brunette était revenue pour ne plus jamais ressortir quatre ans plus tôt. Une petite valise contenant le strict nécessaire lui fut confiée : une robe de voyage, de quoi se coiffer, quelques dessous intéressants et bien sur une robe pour la soirée où elle avait été conviée. Tout fut prêt en l’espace d’une heure et après une embrassade chaleureuse aux filles, Willa partit avec le client. Elle n’avait pas encore la moindre idée de ce qui l’attendait mais la Maîtresse ne l’aurait pas envoyée si tous les termes du contrat ne lui avaient pas été spécifiés et... cela lui avait convenu. La maison, cette cage d’or d’où l’on ne ressort pas... Finalement... elle en était sortie...
De la luxure au meurtreLe soir était venu, Willa et son client, le lord Manely, étaient devant la demeure du seigneur de la région. On leur ouvrit la porte du carrosse et prenant le bras de la belle, le lord l'entraîna mais ne manqua pas de lorgner sur la brunette avec un manque de discrétion certain. Le major d'homme les guida vers leur hôte qui ne fut qu'éblouit par la beauté de la donzelle et ne s’attarda, lui non plus, pas à faire une simple révérence. Il déposa un baiser qu’on put d'ores et déjà qualifier d’avide en ce début de soirée alors qu’il la dévorait du regard... D’un geste il invita ses convives à s'asseoir en prenant soin de garder Willa à sa gauche.
Le repas se passa à merveille, tout avait été parfait sauf peut-être une main glissée sur une cuisse par inadvertance... Un sourire pervers passé inaperçu... Et des allusions sur les réelles fonctions de la brunette... C’est d’ailleurs sans plus attendre que le Seigneur de la région choisit de se retirer quelques instants de table en invitant la belle à le suivre. Le lord et le conseillé n’avaient plus qu’à débattre tous les deux et s’imaginant parfaitement ce qui allait se passer...
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Plus haut dans la demeure, c’est dans la chambre de l’hôte qu’un fait funeste alla se dérouler. Poussant avidement la donzelle jusqu’à sa couche, il savait qu’il n’avait pas bien de temps pour profiter de ce fruit interdit. Tel un animal en manque, il se jeta presque sur elle. Elle lui offrit chaque parcelle de son corps qu’il baisa, lui léchant le cou en guise de préliminaire... Voila le crime était commis... Faisant leurs affaires à la lueur de la lune, complice de bien des méfaits... L’amour et le meurtre ne sont que rarement liés mais ils ne laissent aucune chance à la cible...
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C’est trois jours plus tard qu’on apprit le décès tant désiré. Willa avait remplit sa part du contrat en prenant un certain risque. Suite au repas, on lui avait fait boire une solution qu’on voulait appeler “antidote” mais la victime n’eut pas la même faveur... Le maccabé avait succombé au poison présent dans la toilette de la sulfureuse donzelle.
« Les autorités sont bien trop bêtes pour se douter de quelque chose... » Lâcha le lord.
« Je vais pouvoir retourner à la maison alors... » Répondit la belle d’une voix douce mais... mal assurée.
« Cela ne va pas être possible... Et tu le sais. Je me suis arrangée pour que tu quittes la ville par le premier transport à l’aube. Une nouvelle vie t’attend dans une autre ville. Personne ne doit te revoir ici ! Voila le dernier point qui clôture notre contrat. » La sentence fut jetée. La belle allait être exilée sur une terre où elle n'a jamais été réellement concernée... Personne n’irait la chercher là où elle sera et elle emporterait ainsi le secret dans sa tombe. Mais rien n’était une surprise pour Willa... En plus d’être une excellente danseuse, séductrice, etc... Elle savait manier les cartes comme personne... Son destin lui avait été révélé avant qu’on ne lui annonce... C’est pourquoi elle n’opposa aucune résistance lorsque que des valets la prièrent de les suivre avec toutes ses affaires. Cette ville lui était à présent interdite. Armanda tout entier lui tendait les bras...