Mon histoire

Quand et comment suis-je né ? Je ne sais pas... Je ne me souviens de rien, juste d'avoir ouvert les yeux le jour de mes cinq ans dans une immense pièce, attaché sur un lit avec une lourde sangle. Lorsque j'ai croisé celui d'une femme, elle me regardait comme si j'étais une chose immonde avant de me détacher et de me conduire devant un homme qui m'a fait une saignée. Il a ensuite projeté sur moi une grande force qui coula sur moi comme de l'eau glacée. Je suffoquais manquant de me noyer, puis cette impression disparut comme elle était venue et je suivis la femme dans un autre couloir qui menait vers une autre pièce. J'ai, plus tard découvert que j'étais dans un hôpital et que la femme était ma mère. Le sort que le docteur-mage m'avait lancé était un sort qui aurait du détecter si oui ou non j'étais un véritable homme. Il échoua et cet échec me différencia d'autant plus, donnant à mes cheveux une teinte bleutée dans ce nuage noir. Mère m’appelait souvent "petit démon" et mon séjour ici aurait du me soigner, c'est pour ça que j'étais là bas avec elle. Cela ne fonctionna pas puisque mère et père ne m'aimèrent jamais. C'est ainsi que mon existence commença, dans l'hôpital d'Elena.

Elle me ramena à la maison où je grandie isolé de mes frères et sœurs. J'étais le dernier d'une longue fratrie et le seul mâle. C'est moi qu'elle aurait du aimer mais j'étais trop différent pour qu'il en soit ainsi, malgré ce séjour à l'hôpital qui était leur seul espoir pour que je devienne normal. On cherchait un mari digne de ce nom à l'aînée pour reprendre les possessions de la famille et on essayait de se débarrasser de moi en attendant que je me tue en tombant de la haute falaise qui se trouvait derrière la maison... Cela devait forcément arriver vu ma tendance à rêvasser le nez en l'air. Pourtant, je survécus aussi à dix ans, père m'envoya loin d'eux avec ordre de ne jamais revenir ou sinon, il me tuerait. Il me renia aussi et me retira son nom, m'abandonnant ainsi car sans nom, je ne faisais plus partit d'aucune famille. Je pensais longtemps à revenir lorsque je me fis mendiant des rues, la mort me paraissait plus acceptable que la misère que je voyais partout et que je devais supporter sous mon regard.

Durant cette période de misère et de vie laborieuse, j'appris à jongler et à faire des acrobaties grâce à mon corps très flexible. Je faisais rire les passants mais lorsque je passais avec mon écuelle, il se détournait. J'appris à faire les yeux doux à me frotter aux jupons des dames comme un chaton, à flatter la virilité des hommes pour me faire offrir un quignon de pain en échange d'acrobaties spectaculaire. Je perdis mon prénom à cette époque, les autres personne de la rue m'appelait "Fou" et petit à petit, j'en vins à oublier mon véritable prénom. Je vivais à cette époque à Elena la robuste, ville où j'étais né. Mais mes aventures allaient me mener beaucoup plus loin.

Un jour, un homme me prit avec lui, il décida de se servir de mon absence de nom pour me capturer. Je n'appartenais à aucune famille, j'étais donc libre de le suivre sans rouspéter : personne ne m'attendait. C'était un riche bourgeois qui devait m'avoir prit en pitié car il m'apprit à lire et à écrire en échange de divertissements lors de ces réceptions. J'étais loger et nourrit aussi ne recevais-je aucune paye. Je faisais en sorte d'inventer des tours toujours plus beaux et c'est chez lui que je mis au point le fameux tour des oiseaux volants qui fit bondir ma carrière. J'appris des tours de passe-passe, faisant jouer les paillettes et illuminant le regard des dames pour le plaisir des messieurs. Le baron était très bon avec moi. Il me nourrissait bien et ne me laissait jamais dans le besoin. Il m'apprit à être propre et à avoir de bonnes manières. Je me faisais un malin plaisir à transgresser ce dernier point régulièrement. Pourtant, comme les autres, il me considérait comme un fou aussi ne me croyait-il jamais, même lorsque je lui appris que sa femme était infidèle. Ce jour là je compris mon véritable rôle : je passerais ma vie à dire la vérité. Mais comme j'étais fou qui me croirait ? Je ne sais pas, mais un jour peut être quelqu'un allait réfléchir sur mes paroles et comprendrait.

Lors d'une réception, un baron, un dénommé Monsieur Lamarque, me remarqua, il m'acheta au bourgeois qui ne pus refuser sous peine d'être mal vu de la haute société. Avant de partir, il m'offrit mon bonnet et les adieux furent déchirant : je m'étais attaché à lui. A treize ans, je commençais ma conquête du monde des riches et des puissants. Chez le baron, un petit comte vint dîner, je lui plut aussi, et je changeais de propriétaires. Je vais raccourcir sur le nombre de propriétaires plus ou moins sympathique que je vis passer entre mes treize et vingt-deux ans. Toujours est-il qu'à l'aube de mes vingt trois ans, Korentin Kohan me proposa de le suivre pour que je serve l'empereur. C'est le genre de proposition que vous ne pouvez refuser sans passer automatiquement à la guillotine. Je suivis donc cet étrange personnage jusque chez l'empereur. Je le sers maintenant depuis trois ans... Et je n'ai jamais vu un seul de ses sourires...