Un son puissant résonnait dans la forêt, il se répercutait sur les êtres, imprégnant leurs essences. Malgré la dureté qu’aurait pu avoir ce timbre, il apaisait et les cordes de l’instrument, se faisait pincer avec délicatesse. Chaque accord plaqué, laissait découler de la caisse de résonnance des notes vibrantes, qui se mélangeaient au chant de la vie. Moment de paix pour les malades comme pour les personnes qui s’occupaient d’eux ; la Gardienne et son apprentie s’étaient placées un peu en retrait. Les sons cristallins et aériens de la Harpe accompagnaient ceux plus graves de l’Higen et dans cette paix bénie, la seule chose qui brisait le silence était les instructions soufflées de la vieille Elfe pour Aisleen.
C’était l’une de ces leçons qui se déroulaient sans accroc, avec les années la jeune elfe avait acquis une grande maîtrise des différents chants et aussi dans l’art de la Harpe. Ainsi, pour Llyïah s’était devenu un moment de paix que de pouvoir l’accompagner sans entendre de fausse note. Pourtant des paroles de son apprentie allaient briser le rythme établi entre elles.
« Maître… J’ai une question. » Llyïah leva les yeux en direction de l’elfe.
« Je t’écoute. » Ces quelques syllabes vibrèrent de concert au son de l’Higen.
« Qu’est-ce qui vous a donnez envie de devenir Baptistrel ? » Ces paroles accompagnèrent la fin de la musique que la Gardienne jouait. L’une de ses longues mains diaphanes vint se poser sur les cordes qui vibraient encore du chant qu’elles offraient précédemment.
« Ma vie.... » La femme sourit légèrement à la petite qui se trouvait en face d’elle. Le hiératisme de son visage sembla fondre en même temps que les souvenirs affluaient dans sa mémoire. Comme si la longue existence n’avait pas pesé sur ses frêles épaules
« Si la vie avait suivit le cours des choses. Je ne serais pas devenue Baptistrel et toute mon existence aurait été différente ».___
Tant d’années s’étaient écoulées depuis ses débuts chez les Baptistrels, ces êtres si rares et pourtant précieux pour l’équilibre. Les personnes ont défilés devant ses yeux, comme une tapisserie qui tisse une histoire, certains plus marquants que d’autres. Personnage récurrent ou simple file de soie perdue dans l’immensité du travail. Tous, même les plus infimes ont joué leur rôle dans cette organisation. À eux tous, la légende s’alimentait, persistait, dans les cœurs et dans l’air vibrant de la création.
Tant d’années écoulées et pourtant elle n’avait pas terminé sa route… ___
Le jour qui l’avait vu naître n’était qu’une pale copie de bien d’autres. Bien qu’une naissance fût importante pour la communauté Elfique, la sienne n’eut rien de grandiloquent. Sa famille s’était éloignée depuis longtemps des terres Elfique et malgré que ses parents se réjouissent de voir leur petit cocon familial s’agrandir, il n’y eut aucun des fastes que les Elfes se pâmaient d’exécuter pour l’arrivée d’un nouveau-né. Ils lui offrirent tous leur amours, celui qui les liait et qui les portait dans la solitude qu’ils s’étaient forcés à maintenir pour percer le mystère du peuple Elfique. Ainsi, dans l’hiver qui l’avait vu apparaître, la future Baptistrel poussa son premier cri. Celui déchirant d’un nouveau-né pour qui l’air n’était que douleur dans ses poumons qui aspirait pour la première fois cette bouffée de vie. Et si un Baptistrel avait pu lui chanter son chant nom la note majeure qui aurait retenti était Ela. Cette note qui allait la porter toute sa vie et qui s’exprimait déjà par sa naissance. Atypique elle l’était et l’expression de sa destinée se poursuivait dans cette note.
Les premières années qui suivirent sa naissance, la petite Llyïah suivit ses parents dans leurs pérégrinations. Long et terrible chemin qui les mena dans diverses situations plus difficiles les unes que les autres. Mais qui les emmenaient toujours plus loin ; ils passaient les différentes frontières d’Armanda, sans pour autant trouver des réponses à leur question : Qu’est-ce qui pourrait sauver le peuple elfe de sa perte ?
Les années passaient et Llyïah grandissait, malgré l’isolement ses parents lui apprirent ce qu’ils savaient et elle se révéla excellente. Les deux érudits se relayaient pour enseigner à leurs filles le savoir qu’ils détenaient. Ainsi, malgré le peu d’éducation qu’on aurait pu croire qu’elle allait recevoir, sa famille pallia les lacunes possibles. Et le passage dans des villes et villages terminaient cette œuvre bien commencée, chaque lieu visité était une occasion pour l’enfant d’apprendre davantage. Mais surtout pour voir le monde qui lui faisait défaut.
Car pendant plus de cinquante de vie elle ne connut, presque uniquement, que Dorilys et Kennard. De cette époque, elle conserva le goût de la solitude. Enfant, les inconnus l’effrayaient et cette peur s’accru lors des brèves rencontres avec les vampires. Mais cette peur devait se muer vers quelques choses de plus féroce dans son cœur. Ce fut lors de sa soixante-quinzième année de vie que son destin bascula.
Son existence aurait pu rester telle quelle, mais un évènement empêcha que sa destinée fut celle d’une érudite en quête de réponse. Lors d’une errance trop poussée vers les contrées vampiriques la petite famille se fit encercler. Ce n’était pas qu’un ou deux Vampires isolés cette fois-ci, mais bien un nombre que deux elfes adultes ne pouvaient repousser qu’avec difficulté. Dans le combat Dorilys, sa mère, mourut sous les coups des bêtes pendant leur fuite.
Après cette perte, Kennard fut inconsolable et Llyïah choquée par les visions qu’elle avait vues cette journée-là. Ses blessures étaient mentales au lieu d’être physique, laissant dans son cœur une plaie béante qui n’était toujours pas refermée des années plus tard. Dans leurs déroutes, ils mirent cap vers le Bois Elfique, Kennard tenait à ce que le dernier membre de sa famille encore en vie, le reste et soit en sécurité. Ainsi, cet évènement sonna le glas des recherches ouvrant une nouvelle vie à ces deux personnes blessées à vif.
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L’hallali résonnait en cœur avec la note Oen qui s’ajoutait dans l’être de deux personnes. Le retour aux pays leurs prit plusieurs mois, temps qui tint des allures d’éternité pour Kennard. Il n’arrivait plus à démêler la différence entre ses souvenirs et la réalité, l’elfe était perdu dans les miasmes que la mort de sa femme avait entrainés. Mais le début de la délivrance arriva un matin de printemps, les prémices du bois Elfique se profilèrent à eux. Laissant ses ramures majestueuses projeter leurs ombres sur Llyïah, qui pour la première fois apercevait la terre de ses ancêtres. Malgré la peine tapie au fond de son cœur, la jeune elfe sut qu’elle ne voudrait plus quitter ce lieu pour tout l’or du monde. Et l’avancée dans la forêt confirma son impression, sentiment qui prenait petit à petit une place importante dans son être pour vibrer à l’unisson.
Cependant, l’enfant réalisa bien vite que le lieu ne répondait pas harmonieusement avec les êtres qui le peuplaient. Llyïah découvrit avec horreur que la Capitale Elfique était bien peuplée…TROP peuplée même….Et pourtant personne qui les attendait. Les Alzur étaient partit depuis plusieurs centaines d’années et ce qui leur restait de famille se résumait à un dé à coudre de cendre. Quant à leurs anciens amis, le temps avait effacé la place qui leur était réservée. Mais l’essentiel pour Kennard était qu’ils arrivaient sain et sauf dans la Capitale.
A partir de là, Llyïah commença à joindre des classes pour continuer l’apprentissage qu’elle avait débuté avec ses parents. Et elle se jeta à corps perdu dans cette tâche, les enfants ne lui plaisaient guère et entendre leur piaillement constant lui mettait les nerfs à vif ; Ainsi, pour oublier le passé et le présent, la petite elfe étudiait. C’est là qu’elle se rendit compte que son intelligence pouvait lui permettre d’allez plus loin, et c’est ce qu’elle fit durant des longues années. Les grimoires de magie Elfique et Humaine furent à de nombreuse reprise ses oreillers, ils la transportaient dans un monde à l’abri de tous. Et avec la forêt c’étaient les choses qui la faisaient se sentir bien.
Pourtant, un jour qu’elle se promenait parmi les ramages des sous-bois. Sa tranquillité vola en éclat. La jeune fille distingua un jeune elfe qui était de son âge ; elle le savait car Llyïah l’avait vu à maintes reprises. Mais il n’était pas seul, il était en compagnie d’une fille. Ce fut elle plus que le garçon qui la mit sur la défensive, quelque chose chez elle l’inquiétait. Par sécurité, la future Baptistrel se cacha à l’abri d’un bocage, tâchant de faire le moins de bruit possible.
Llyïah se revoyait au temps ou elle voyageait avec ses parents et qu’elle devait se cacher de vampire. Car c’était ce qu’elle avait cru voir en présence de Lorenz. Pourquoi marchait-il avec cette étrangère ? Car elle n’était pas assurément une elfe, elle avait la grâce du beau peuple…Mais cette fille avait quelques choses d’autres qui lui rappelait étrangement ces êtres qui avaient tués sa mère…
A partir de ce moment, elle se mit à surveiller le garçon, Lorenz qui bien qu’il fût sur la défensive, était bien trop étourdi pour la remarquer, elle qui passait son temps à se faire discrète depuis son retour chez les elfes. Llyïah devait s’assurer que l’étrangère était une vampire, mais elle ne pouvait pas s’approcher trop et encore moins faire durer son observation, sinon l’être de la nuit, si cela en était une, allait la remarquer. Mais, avec les jours qui défilaient, sa première impression se mua en certitude. C’était un vampire ! Comment pouvait-il trahir ainsi son peuple ? Un sentiment violent, proche de la haine, se mit à sourdre en elle et l’emporta dans des rivages qu’elle aurait aimés ne plus connaitre.
Son être tout à cette découverte, elle courut prévenir la famille Wintel. L’elfe courut à en perdre haleine, et c’est ainsi qu’elle se présenta à la demeure familiale : le souffle court, ses joues rosies par la course qu’elle avait effectuée. Mais la suite de la situation ne fut pas aisée, Llyïah malgré sa jeunesse savait qu’elle portait un coup qui allait atteindre l’intégrité de toute un groupe de personnes. Mais, il fallait les prévenir ! Si une vampire avait pu arriver jusqu’à eux, d’autres pouvaient envahir le Bois. Après une longue discussion Llyïah convainquit la famille de Lorenz. Ils avaient remarqué son comportement étrange et ses allées venues, mais les pauvres gens n’avaient jamais imaginé que leurs fils fréquentaient….Une vampire…
L’instant de stupeur passé, ils se mirent en marche pour rejoindre le couple maudit. Peut-être que s’ils avaient su qu’ils allaient perdre davantage que leur honneurs, les membres de la famille Wintel auraient surement hésité avant de se rendre à tombeau ouvert vers la clairière où ils découvrirent les deux tourtereaux. Llyïah avait mené ces personnes d’un pas décidé, avec sur le front un pli qui montrait sa conviction. Déterminée elle l’était. Mais elle était encore plus haineuse. A nouveau l’une de ces créatures qui avait emporté sa mère se présentait sur sa route. Au moins celle-ci allait payer pour les crimes des autres.
Elle était présente dans le cercle qui entourait les amoureux, son regard émeraude brillait de dégout. Elle confirma dans un cri que cette femme était la vampire, signant l’arrêt de mort des deux êtres…L’une quitta définitivement la terre d’Armanda, l’autres bascula dans un autre monde. L’elfe vit Lorenz s’écrouler, mortellement atteint, il était perdu pour sa famille et pour toute la communauté Elfique. Malgré la haine qu’elle éprouvait pour lui, Llyïah ne pu retenir un pincement dans son cœur. Elle perdait l’un des rares êtres de son âge….
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La note d’Ys était parfois dure à supporter, surtout lorsque l’âge était encore tendre. Et pour Llyïah l’isolement dans lequel elle se retrouva fut pire que lors de son retour en terre Elfique. La jeune fille avait une place importante dans le drame qui touchait la famille Wintel. Et pour beaucoup même si Lorenz était à blâmer, la jeune Alzur l’était tout autant. Son père ne lui avait-il donc pas apprit à se mêler de ses affaires ? C’était une pluie de reproche qui s’abattait sur elle et sur l’unique membre de sa famille. Ils creusaient le gouffre qui la reliait avec son futur, car sans eux, jamais elle n’aurait connu Alaric. Malheureusement, il emporta son père, trop affecté par la perte de sa femme.
Malgré cette douloureuse période, elle la porta quarante ans plus tard vers ce qui allait être sa vie. Un jour alors qu’elle s’isolait dans la forêt en compagnie d’un nouveau livre de magie. La jeune fille fit une rencontre étonnante : un voyageur qui revenait au pays. L’homme avait entendu l’un des chants qu’elle aimait fredonner pour accompagner son étude et il avait poussé la curiosité jusqu’à venir voir à qui appartenait cette voix envoutante. Il l’écouta un moment avant de sortir la jeune elfe de son étude et des deux, nuls ne sut qui eut le plus peur lors de ce premier échange. Lorsque les premières paroles franchir la barrière des lèvres de l’inconnu, Llyïah surprise et effrayée poussa un long et puissant cri. Brisant par la même occasion la paix de la forêt et les oreilles sensibles de l’elfe, qui ne s’attendait pas à une réaction si explosive.
Le premier contact prit et la glace brisée, leurs relations se fit plus posée malgré ce début mouvementé. Alaric qui avait été attiré par la voix de l’adolescente avait trouvé en la personne de Llyïah sa future apprentie. Mais, il remarqua vite que la jeune fille était réticente à engager une relation quelconque avec une personne. Alors, devenir son élève…. Cela allait devenir épique…
Et ce fut homérique. Llyïah avait un caractère méfiant, taciturne et sa jeunesse n’aidait pas. Ajouté à cela le verbe haut et la réplique frondeuse, la jeune fille n’avait guère envie qu’on l’approcha et encore moins d’aborder qui que ce fut. Pourtant petit à petit Alaric réussit à calmer les appréhensions de l’enfant, car c’était ainsi qu’il la voyait avec ses deux cent années supplémentaires. Une enfant qui avait besoin de réconfort. Pourtant malgré les vibrations qu’Alaric percevait autour de la petite, il savait que ce qu’il avait à lui offrir allait être salvateur. Ainsi, il prit son mal en patience et commença des leçons d’un ordre tout à fait différent : les relations sociales.
Le Baptistrel ne pouvait permettre qu’un futur membre de l’ordre fût aussi méfiant envers les autres êtres vivants et malgré le talent qu’il avait repérés chez Llyïah. Cela ne faisait pas tout.
Les années s’écoulèrent et l’évolution de la jeune fille se fit lentement mais surement. Malgré un goût prononcépour la solitude Llyïah commença à s’ouvrir au monde. Mais surtout, elle découvrit qu’on pouvait chérir une relation humaine. Avec Alaric la jeune elfe découvrit les autres facettes qu’elle n’avait pas réussi à découvrir. Elle approfondit son amour pour la musique. Malgré que l’homme ne lui enseignât pas la fonction de Baptistrel, il ne pouvait renier ce qu’il était, ainsi Llyïah eut tous le loisir de découvrir le monde de ces chanteurs. Elle finit elle-même par demander à Alaric de la prendre comme apprentie et à partir de cet instant ses jours furent scellés.
Le bonheur qu’elle avait commencé à goûter par la simple présence du Baptistrel se mua en une félicitée de tout les instants. Llyïah apprit à percevoir le monde d’une toute autre manière, réalisant qu’il était encore plus merveilleux qu’elle ne l’avait imaginée. Elle était entrée à un âge excessivement tendre dans l’ordre, mais malgré son apparente jeunesse elle devint une Baptistrel a part entière à l’âge de 167 ans. Plus jeune encore que n’importe quel autre membre de l’ordre. Alaric ne s’était pas trompé lorsqu’il l’avait découvert aux abords de la forêt, pourtant il avait créé un sérieux doute chez ses confrères dans les premiers temps. Doute qui fut balayé par l’avalanche Llyïah, elle avait découvert son élément et s’y entendait pour démontrer sa motivation. Elle se croyait devenir mage, mais cette symbiose avec la nature lui fut plus bénéfique. Pourtant ce n’était pas pour ça que la Baptistrel se reposa sur ses lauriers, les premières années elle poursuivit son entrainement en perfectionnant ses chants grâce à l’aide d’Alaric, qui en maître dans son art l’aida à atteindre les buts qu’elle s’était fixé. Même si lors de ces années leurs relations ne furent plus uniquement amicales et académiques, elle apportât la pierre qui manquait au cœur de Llyïah. La présence de l’être qu’elle chérissait le plus au monde et ceux pour la fin de sa vie (ou presque…). Alaric avait abaissé les barrières qu’il maintenait à cause de la jeunesse de son ancienne apprentie.
Ce fut dans cet état de félicitée que la jeune Baptistrel fit ses dernières preuves à la Rhapsodie. Ses talents furent mis à contribution pour la communauté, elle aidait à ce qu’un équilibre s’installe malgré les troubles que provoquaient les vampires. Sa verve, si dur autrefois, s’était transformé en discours qui transportait les êtres et les ralliait sous sa bannière. Et dans ce défilement d’année la consécration arriva. Le conseil des Baptistrels la fit l’une des leurs, mieux, elle devint la Gardienne des Préceptes, celle qui gardait les êtres et le savoir. À partir de cet instant, elle mit un point d’honneur à faire appliquer ses idées, elle tentait de porter le peuple Elfique au-delà du conservatisme que la famille Royal maintenait.
L’une des premières choses qu’elle fit lors de son ‘mandat’ fut l’intégration des humains dans l’ordre des Baptistrels. La jeune femme avait appris à les connaitre dans sa jeunesse et seule sa peur de l’inconnu l’avait empêchée de comprendre entièrement les possibilités de ce peuple. Et elle souhaitait que le peuple Elfe retrouve des alliés si précieux, malgré cette paix qu’il fallait maintenir.
Parmi ces succès, elle eut droit à un autre plus personnel et lié à son couple avec Alaric. Lors de ses trois cent ans elle mit au monde une petite fille. Rare étaient les naissances parmi les elfes, mais elle fut fêté dignement et le petit ange fut nommée Dorilys, en l’honneur de sa mère. Mais, elle ne put s’abandonner longtemps dans les bras de la maternité. Elle devait maintenir son rôle, ainsi le poursuivit sa vie.
La Gardienne des préceptes donna sa vie entière à la Rhapsodie et encore aujourd’hui chacune de ses fibres clame haut et fort le chant du monde.
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La gardienne des Préceptes battit rapidement la mesure avec ses longs cils, elle sortait de la rêverie que les paroles de son apprentie avaient fait remonter à la surface de son être. Dans des gestes lents tel une funambule, elle se remit à pincer les cordes, les unes après les autres, elles reprirent la douce et puissante musique qu’elles laissaient échapper.
« En tous cas, j’espère ardemment que tu as apprécié ces années en ma compagnie. Je n’ai pas toujours été des plus douces comme maître. » C’était un doux euphémisme, Llyïah était exigeante autant envers elle-même qu’avec les apprenties qu’elle prenait sous son aile.
« Mais je suis fière de t’avoir eu comme apprentie et de bientôt te compter parmi les Baptistrels. »Oui une nouvelle Baptistrel…Une qui ne remplacerait jamais la place qu’Alaric tenait dans son cœur, mais qui pouvait être inestimable pour leur ordre si restreint. Alaric…Son amour qui était maintenant mort depuis deux cent ans….Il avait à peine connu Ruyven, leur petit-fils, qui était son portrait tout craché…
« Il est temps pour nous de repartir nous occuper de ces malheureux. » Par ces mots, elle conclut cet instant de paix qui était si précieux pour tous les êtres.
FIN