Ces humains s’étaient donné le mot, c’était officiel. Pourquoi grognait-il ? Mais parce qu’on vient ENCORE de l’envoyer dans une cité. Pas n’importe laquelle : Gloria la magnifique. Le prochain de ses clients qui lui demande d’aller dans une cité, il se ferait une joie de l’égorger. Il regardait la ville avec un air désespéré avant de prendre une profonde inspiration et de se diriger vers la ville, essayant d’ignorer cette fange d’hypocrisie et dénuée de la délicieuse Mère Nature.

Cette cité n’avait absolument pas changé depuis la dernière fois où il avait mis les pieds dedans. Fendant la foule aussi vite qu’il pouvait, il se dirigea tant bien que mal vers le but de sa mission : dérober un coffret secret dans la demeure d’un nobliau sans cervelle et tout aussi vaniteux qu’un paon. En voyant les remparts blanches qui séparaient le quartier marchant du quartier des riches, il ne put s’empêcher de soupirer de soulagement.

Regardant attentivement le manège des gardes, il repéra une petite ruelle déserte et pas très propre qui pouvait l’aider à passer par-dessus la muraille. Furetant ici et là pour voir qu’il ne s’était pas fait repéré, il entreprit d’empiler des caisses et grimpa dessus avant de sauter la distance restante pour se retrouver à califourchon sur le sommet du mur. Mais il devait être écrit qu’il aurait de moins en moins de chance puisqu’un garde arriva dans la ruelle après avoir entendu du bruit, le surprenant.

- Tiens, de la visite, comme cela est charmant de votre part, déclara-t-il malicieusement en le regardant avec ses yeux de glaces, félinement posé sur la muraille, une moue amusée au visage.

La journée démarrant plutôt bien grâce à son délicieux petit déjeuner et aux bonnes nouvelles qu'on venait de lui apporter. Des plans de hautes importances comme aimaient le dire les Maîtres d'Armes, et ces plans avaient une importance capitale pour le Grand Maître d'Arme. Et Fen pensait que ce Grand Maître d'Arme avait tout de même raison, il est tout de même vrai que l'on n'entend pas souvent parler d'assiéger Gloria, surtout pas avec les moyens, encore trop mince, des Lames Rouges... Mais cela restait une idée, et Fenriyäm voulait absolument commencer ces plans de bataille bien avant le commencement de celle-ci.

Affichant un large sourire, il mit son armure, d'ancien capitaine du cinquième Ost, et partit en direction des premiers remparts de la ville. Il observa ces derniers pendant une bnne heure, prenant des notes de temps à autres et se dirigea vers les remparts des marchands. Il fit la même chose qu'avec les premiers remparts et se alla vers ceux des nobliaux.

En arrivant à ces murailles, il poussa un soupir mélancolique voire triste. Il savait qu'il avait loupé une grosse occasion en devenant un criminel. Il savait qu'il avait raté une magnifique opportunité, celle de devenir un jour conseiller de l'Empereur et d'habiter dans ces quartiers. Il y avait treize ans, il aurait tout donné pour gagner cette place. Mais aujourd'hui, il ne cracherait même pas par terre pour devenir un de ces lèches-sandales de conseiller. Avec les Lames Rouges, il avait appris à détester l'Empire, avec les Lames Rouges, il avait appris à tuer les soldats de l'Empire. Et c'est avec les Lames Rouges qu'il se ferait un honneur de mourrir.

Il aurait pu nager dans ses pensées encore longtemps, s'il n'avait pas entendu du bruit dans la ruelle d'à côté. Sa curiosité piquée à vif, il se dirigea vers le bruit et quelle ne fut pas sa surprise quand il aperçut un Elfe qui escaladait le rempart. Il allait le crier quand l'Elfe se retourna et le vit. Fen se tut alors et c'est l'escaladeur qui prit la parole:

" Tiens, de la visite, comme cela est charmant de votre part."

Reprenant tout son aplomb, il sourit et répondit de sa douce voix:

"Que veux-tu l'Elfe, j'ai toujours aimé me rendre utile, et je me suis dit que tu aurais sûrement besoin d'aide même si tu auras pu passer par la porte principale, non? répondit-il sur un ton moqueur.

Il était dommage de voir que même les ruelles sensées être déserte et putrides trouvaient des petits curieux pour les explorer : ce soldat en était le parfait exemple. Assez beau spécimen d’ailleurs malgré un vieil uniforme un peu rapiécé lorsqu’il eut fini de le déshabiller intensément du regard.

Apparemment son apparition avait bouleversé ses projets spirituels vu l’air surpris et un peu perdu qu’arborait son invité. Le regardant d’un air pensif, il s’assit nonchalamment sur le haut de la muraille, battant des jambes contre la pierre comme un enfant, le fixant avec attention de ses yeux de glace, un sourire amusé et félin posé vaguement sur ses lèvres.

- Passer par la porte principale ? Où serait le plaisir, l'Humain ? Riposta-t-il en lui tirant malicieusement la langue.

Cet homme faisait ressortir l’enfant qu’il avait été et Gabriel sentit que faire tourner cette homme en bourrique promettait d’être absolument passionnant sans compter que vu le ton qu’il venait d’utiliser, l’humain ne se laisserait pas faire.

- Vous aimez vous rendre utile ? Voilà qui est intéressant… Voudriez-vous m’aidez encore plus monsieur le garde ? Fit-il en le regardant faussement innocent, ses yeux plus intense vers le bipède, sautant pour atterrir devant lui, un léger air de pur gourmandise était tapi dans le fond de ses yeux.

Il se mit à sourire lorsque l'Elfe lui tira la langue. Cette attitude enfantine et moqueuse... Tout ce qui plaisait à Fen, et il savait, même sans le connaître, qu'il apprécierait ce Longues-Oreilles. Pourtant, à cause de ces quelques secondes de stupéfaction, le stratège avait perdu des points dans leur "combat". Aussi étrange que cela puisse paraître, Fen prenait cette rencontre comme un jeu, un genre de joute verbale plus complexe et Fen était désanvantagécontre lui. Il allait converser intérieurement plus longtemps, si l'autre ne l'avait pas déranger.

- Passer par la porte principale ? Où serait le plaisir, l'Humain ?

_ Je dois avouer qu'il n'y a pas vraiment de plaisir à passer par une porte, et c'est vrai qu'il faut s'amuser de temps en temps. Et il ne faut surtout pas oublier que tu es un Elfe et que ces gens aiment grimper aux arbres comme de vrais bêtes, lui lança-t-il d'une voix clairement moqueuse.

Fenri n'avait vu que peu d'Elfe dans sa vie, étant toujours affecté à l'Est pour combattre les vampires, et celui-là devait être quelqu'un d'unique dans son peuple, même sans vraiment connaître les Elfes, il devinait que ce Longue-Oreilles-là était vraiment très à l'écart des normes elfique. En le voyant sauter, il mit instinctivement la main sur la garde de sa dague, serti de quelques joyaux, mais n'apercevant finalement aucun signe agressif chez l'Elfe, Fen relâcha la garde de sa lame. Quand il disait "aucun signe agressif", c'était peut-être exagéré. Le Déchu voyait que cet escaladeur se payait littéralement sa tête! Enervé sur le coup, il allait lancer quelque chose de bien senti quand celui-ci parla:

Vous aimez vous rendre utile ? Voilà qui est intéressant… Voudriez-vous m’aidez encore plus monsieur le garde ?

_Bien sûr que j'aime me rendre utile...

Il ne termina pas sa phrase, car il venait de saisir l'un des mots que lui avait sorti l'Elfe. Garde? Avait-il l'allure d'un garde? La colère remonta rapidement et il le point du doigt.

_ Crois-tu vraiment que je suis Garde moi? Tu dis vraiment n'importe quoi, allez suis-moi, je vais t'emmener au poste de garde de ces remparts.

Il fulminait intérieurement. Comment pouvait-on le traiter de Garde, alors qu'il vait été le conseiller stratégique du général du quatrième Ost de guerre de l'Empire et qui était maintenant un Maître d'Arme des Lames Rouges! Mais à part ces quelques petits détails, Fen devait bien avouer que cela le défoulait et qu'il s'amusait bien avec cet Elfe qui avait décidé de se moquer de lui toute la journée.

L'empoignant par le bras, il se dirigea vers le poste de garde le plus près.

_ Ah oui, moi c'est Fenriyäm Dra'acs, CAPITAINE du Quatrième Ost de Guerre de l'Empire. Et toi Longues-Oreilles?

Ah, vu comment il venait de le chopper par le bras, l’humain ne semblait pas tout à fait content de ses réflexions, voir même très en colère, ce qui n’en amusa que plus notre Gabriel vu son sourire qui ne cessait de s’agrandir et de lui dévorer le visage. Ne se démontant pas le moins du monde, il se colla contre le bras qui l’avait agrippé, se faisant plus félin et sensuel, rien que pour l’embêter encore plus, n’ayant absolument pas peur du ridicule.

- Ce sont des gens comme vous qui m’amusent fortement et rendent ma vie palpitante et savoureuse, Humain, susurra-t-il dans le creux de son oreille avec force malice. Voulez-vous que je vous montre à quel point moi et ceux de ma race sommes des bêtes ? Demanda-t-il d’un ton suggestif en s’agrippant un peu plus fort contre lui, se frottant légèrement contre ce corps ferme et crispé appartement à l’armée.

Eclatant furieusement de rire, il effectua une clé de bras et se détacha de l’étreinte de son « invité » avant de lui faucher les jambes pour lui faire embrasser le sol et de s’installer sur lui, un air gourmand et victorieux au visage.

- Puis-je savoir en quel honneur me conduiriez-vous par la force à un endroit que je ne veux pas et ne sert aucunement mes intérêts ? Je pourrais peut-être reconsidérer la question si vos arguments me satisfont, qu'en dites-vous?, déclara-t-il sadiquement en appuyant légèrement sur la gorge pour lui montrer à quel point il était très sérieux derrière son air taquin et bon enfant.

- Serait-ce parce que je vous ai blessé dans votre orgueil de soldat, Capitaine Fenriyäm Dra'acs du Quatrième Ost de Guerre de l'Empire ? Se mit-il à rire doucement en relâchant son emprise sur lui, s’asseyant sur son bassin confortablement, curieux et impatient de savoir ce qu’il allait lui dire.

- Je me nomme Gabriel, Elfe rôdeur et joueur, rajouta-t-il vaguement sur un ton badin, sans se dévoiler davantage : on lui a toujours dit de se méfier des inconnus et lui, il adorait se jouer d'eux.

L'empoignant plus fermement, Fen se dirigeait vers une salle de garde. Il était en colère, mais aussi amusé par tant de malice chez cet Elfe, surtout à l'égard d'un Capitaine, enfin ancien capitaine. Il avait beaucoup d'autre chose de prévu, mais il fallait que cet énegumène gâche tout, qu'il gâche cette journée qui avait si bien commencé. Et bien voilà que la balance était rétablie, la journée tour nait de plus en plus en défaveur du capitaine qui voulait rapidement retourner au travail.

_ Je suis bien content de t'amuser, mais je n'ai pas de temps à perdre avec des Elfes. Et non je ne veux pas voir à quel point tu es une bête, dit-il en espérant qu'il avait mal interprêter les paroles de Longues-Oreilles.

Remarquant que l'Elfe se collait plus, à chacun de ses pas, à Fenri, l'humain le repoussait toujours sèchement. Ils allaient quitter la ruelle, car il voyait la lumière se faire plus intense et surtout qu'il entendait les cris des gardes qui pestaient contre des gamins qui passaient en courant et en renversant tout le monde. Fen était vraiment content d'atteindre la rue principale pour se débarasser de cet Eternel.

Il remercia finalement le ciel de ne pas avoir atteint la route. Alors qu'ils étaient au tournant de la rue, la bête en "chaleur", comme il pouvait le nommer, le fit mordre la poussière avec une facilité déconcertante. D'abord sonné par cette attaque tout aussi lâche que surprenante, Fen fut, après la surprise, atteint dans son orgueil. Pour ne pas arranger les choses, l'Elfe s'assit sur lui et arborait un large sourire. Il allait lui planter sa dague dans le pied, sans hésitation, quand son "vainqueur" prit de nouveau la parole. Fenriyäm l'écouta poliment et chercha une réponse adéquate, mais pour ne pas se faire avoir une seconde fois, il demanda:

"Et quel serait, pour vous, des intérêts?"

Il grommella contre lui-même de s'être fait si bêtement mettre à terre, mais il n'eut pas le temps de se réprimander plus longtemps car l'Elfe parla de nouveau. De nouveau, Fen l'écouta en y prêtant plus d'attention cette fois-ci car, le capitaine devait bien l'admettre, l'Elfe avait raison de dire que l'orgueil de Fen était vraiment touché par cette marque de non-respect.

_Bien sûr que j'ai été touché Longues-Oreilles, mais quel gradé ne le serait pas après s'être fait traiter de Garde?

Il se releva et s'épousseta rapidement et admira son uniforme. Il était tout sale, des morceaux de... Enfin des restes de pots de chambres sur ses affaires. Il ignora l'odeur se promettant seulement de faire manger ces saletés à l'Elfe.

_ Joueur je l'avais remarqué, mais que peut bien faire un rôdeur dans une si grande agglomération? A moins d'y avoir été contraint par une quelquonque mission...

- Vous n’avez pas de temps à perdre avec un Elfe ? Mais alors, avec qui faites-vous donc la conversation depuis le début, Humain ? Dit-il en éclatant de rire, amusé par sa réponse.

Gabriel le regarda un instant avant de se relever pour lui permettre de se mettre debout, souriant innocemment en sentant les effluves qu’il dégageait, un délicat fumet dont il ne voulait pas savoir la provenance. Se dépoussiérant négligemment, il esquissa un air joueur et moqueur en le voyant faire une moue un peu écœuré en se sentant et se nettoyant du mieux qu’il pouvait.

- Mes intérêts sont des choses qui vont dans mon sens, qui me sont bénéfiques, qui satisfont mon plaisir. Donc il faudrait que vous fassiez quelque chose comme ça si vous voulez réellement m’attirer dans vos filets, Fenriyäm Dra'acs, susurra-t-il joueur en le regardant de ses yeux de glace, un sourire légèrement sadique aux lèvres.

- Pourriez-vous cessez de m’appeler « Longues-Oreilles » je vous prie ? J’ai un nom et je vous l’ai dit. Je risque donc d’être beaucoup moins conciliant si vous poursuivez cette fois, Humain, fit-il en prenant un ton un peu plus polaire, beaucoup moins amusé et taquin tout à coup.

Le regardant froidement, il laissa planer un silence pesant avant de prendre une profonde respiration et de faire comme s’il ne s’était rien passé, de nouveau malicieux.

- Et puis l’orgueil est beaucoup plus meurtrier qu’une épée : l’orgueil conduit à l’inconscience et la stupidité, puis au suicide. Sans compter qu’il n’y a pas besoin de hiérarchie pour tuer quelqu’un, alors garde, capitaine, cela ne m’a jamais marqué dans mon royaume, cela ne me marquera pas dans le vôtre, rajouta-t-il dans un petit sourire mesquin.

- Oh vous savez ce qu’on dit : j’ai vu de la lumière alors je suis rentré, pas de but ou de mission précise… Dit-il dans un vague mouvement de la main pour éluder le sujet.

Il regarda l'Elfe froidement, et dut faire preuve d'un sang-froid exemplaire pour ne pas lui sauter dessus et l'étrangler. Il n'aimait pas cette façon dont Gabriel lui parlait, Fen se caressa donc la barbe pendant un court instant avant de lui répondre sur un ton acerbe:

" Evidemment que je n'ai pas de temps à perdre avec un Elfe, mais j'ai du temps pour un criminel car texhniquement quand on cherche à escalader un mur c'est soit, qu'on a quelque chose à cacher, soit qu'on essaye de se faire la malle."

Fenriyäm cherchait un double-sens dans les paroles de Gabriel, mais n'en trouvant pas, il préféra rire à son nez.

_ Qui te dis que je veux t'attirer dans mes filets Oreilles Pointues? Je n'ai que faire de toi, mais par simple curiosité qu'est-ce qui pourrait t'attirer dans mes filets, juste au cas où bien sûr... dit-il sur un ton cassant.

Autrefois, il se serait montré respectueux et courtois envers un Elfe, mais son changement dans le camp ennemi à l'Empire l'incita à oublier ses gracieuses manières et à favoriser l'agressivité. De plus, devant un Elfe si... enfin peu importait, ce Gabriel mettait Fen en fureur et ce dernier ferait n'importe quoi pour se débarasser complètement de lui.

_ S'il vous plaît, je n'ai aucunement envie de parler de philosophie à deux ronds avec un Elfe qui s'amuse à escalader des murs. Et puis, c'est vrai le grade n'empêchera pas que tu puisses me tuer, mais je sais me défendre, peut-être pas aussi doué que toi, mais tu ne t'en sortiras pas indemne si tu oses me défier, expliqua Fen d'un ton léger, presque amusé.

Ebahi, l'ancien capitaine regarda l'Elfe avec une surprise non-feinte. Ce mangeur de salade osait lui sortir une de ces expressions de comptoir? C'était de la moquerie pure, Fen en était certain mais ne voulant pas déclancher un combat qu'il savait perdu d'avance, il préféra changer discrètement de sujet:

" Oui et bien la prochaine fois que tu verras de la lumière, tu me feras le plaisir de rester dehors... Bon, grâce à toi il est temps pour moi de m'acheter de nouveaux vêtements. Si tu veux bien, je voudrais bien que tu 'accompagnes d'ailleurs, il paraît que les Elfes ont fort bon goût en habillage. Ne t'inquiètes pas, tu ne seras pas en retard à ton rendez-vous puisqu'il y a une échoppe à quelques rues d'ici."

Ce n'était pas qu'il voulait faire les échoppes avec un Elfe, mi Fenriyäm voulait absolument surveillé cet étrange individu qu'il, malgré lui, appréciait... à sa façon. Il s'épousseta donc une dernière fois avant de se diriger vers une échoppe, trois ruelles plus haut dans les quartiers marchands.

- Un criminel, voyez-vous ça : tout de suite les grands mots, fit Gabriel avec une moue désolée et contrite aux lèvres, ses yeux de glace regardant avec une attention très perçante le soldat humain, fortement amusé par la tournure de la situation.

Prenant une pose nonchalante, il ne le quitta pas du regard, méfiant et joueur, l’écoutant très attentivement. Décidément, cet être illuminait réellement sa journée et l’elfe ne regrettait pas un seul instant de s’être levé ce matin tout à coup.

- Vous savez, on peut tout aussi bien escalader un mur pour le plaisir ou le chevaucher par manque et frustration, tout simplement, riposta-t-il avec innocence fortement apparente, malgré le coup d’œil plus qu’appuyé qu’il jeta au sud de l’anatomie de son compagnon de fortune, une moue amusée et gourmande aux lèvres.

Ah oui ? Il n’en avait rien à faire de lui ? Eh bien c’était ce que l’on allait voir de ce pas. Souriant d’un air carnassier, Gabriel se déplaça à toute vitesse derrière l’homme en faisant fit de son odeur épouvantable et se colla contre son dos, laissant ses mains caresser et descendre le long de son corps, profitant de l’effet de surprise pour empoigner à pleine main ses bourses, joueur et sensuel.

- Vraiment ? Vous êtes sûr que n’avoir que faire d’un elfe ? Murmura-t-il dans le creux de son oreille, sa voix coulant comme un venin perturbant et enivrant, ses doigts palpant avec envie sa bourse qui lui paraissait bien remplie.

- Allons faites preuve d’un peu d’imagination Capitaine… Chuchota-t-il une dernière fois, mordillant l’oreille avec désir et malice, avant de faire un bond en arrière, faisant sauter la bourse qu’il avait dérober innocemment, un éclat de rire dans les yeux et au bord des lèvres.

Souriant, il exécuta quelques pas de danse en le narguant du regard, tortillant du croupion pour l’aguicher, vraiment très joueur : ce soldat faisait ressortir ses côtés bon enfant dont il décida d’abuser avec un plaisir extrême. Quand il entendit la proposition de l’humain par contre, il s’arrêta net et le regarda avec attention et méfiance, calculant les chances de s’en sortir si jamais traquenard il y avait. A peu près satisfait du résultat, il lui fit un énorme sourire et lui rendit sa bourse, se plaçant à ses côtés pour le suivre, un masque rieur au visage.

- Je dois bien avouer, en effet, que nous avons un meilleur goût vestimentaire que vous, pauvres humains sans réels jugeotes : il n’y a, d’ailleurs, qu’à regarder les frusques que vous osez appeler uniforme et qui est, tout simplement, le comble du ridicule, déclara-t-il pompeusement avant de l’attraper par le bras et le tirer vers la fameuse échoppe, s’extasiant devant des tissus colorés et bariolés, jurant que cela lui allait parfaitement au teint.

Gabriel s’amusait comme un fou à lui montrer des pantalons couleurs citrons avec des hauts vert prairies et une ceinture d’un rose bonbon admirable, à donner des cauchemars à un aveugle. Gloussant sans fin, il courrait dans tous les sens, le laissant à peine respirer et lui faisant essayer toutes sortes de choses toutes plus hideuses les unes que les autres en déclarant d’un air candide que cela illuminait son teint et que n’importe quelle femme se jetterait à ses pieds tellement il serait irrésistible.