Le matin s'était levé et après avoir contemplé la nature d'un oeil distrait, il se lava, s'habilla et se restaura avant de partir explorer les terre, voire même tuer quelques vampires, ses proies préférées.

Il traversa le Royaume des hommes en prenant garde à ne pas trop se faire remarquer, gardant les yeux et les oreilles grands ouverts, alerte et prudent. Il avait perdu le décompte des chassés ainsi que du temps qui passait: depuis combien de temps était-il chasseur de prime? Bah, ce n'était qu'un détail dans sa vie, "une goutte d'eau dans un océan" comme disent les humains".

Se reconcentrant sur son objectif, il regardait avec attention les contrats possibles mais aucun qu'on pouvait qualifier de sensationnel: c'était surtout des brigands et des voleurs, des personnes sans vraiment beaucoup d'envergure à vrai dire.

Haussant des épaules, il retourna sur les routes pour voir quand même s'il ne tomberait pas sur un sujet "passionnant" en cours de chemin: qui pouvait dire de quoi serait fait aujourd'hui? Alors peut-être qu'il tomberait sur quelqu'un de prometteur.

Il passa ainsi sa journée à battre les routes et les campagnes, marchant tranquillement en prenant soin de ne pas se faire remarquer, puis la nuit tomba: l'heure des vampires. Un sourire cruel fleurit sur ses lèvres fines et ses yeux se firent plus acérés, il fut encore plus alerte que dans la journée et guetta les ennemis possibles.

Les minutes passèrent et se fut au tour des heures. Silence à peine troublé par le bruit des animaux lorsque tout à coup, le silence fut total. Gabriel retint un rictus vainqueur avant de se redresser, une main se saisissant de sa lame sans pour autant la dégainer tout de suite et il attendit que sa proie sorte de sa cachette.

- Vampire, souffla-t-il, impatient.

La nuit était claire grâce aux étoiles, tout semblait paisible puis glaciale quand il arriva en face de Gabriel. Discret et sombre, il ne l'aurait jamais remarqué s'il n'avais pas été un elfe, mais comme il l'était, il ne le loupa pas.

Assez beau à regarder et grand, mince et musclé, il semblait alerte malgré l'indolence de sa démarche. Une beauté froide et morte, qui aurait pu être attirante dans d'autres circonstances bien lointaines.

Roëric Alokor? Il se figea d'étonnement avant d'arborer un sourire encore plus carnassier, ses yeux bleus encore plus tranchants. Il connaissait la réputation de cet être de la nuit: l'une des meilleurs fines lames du Royaume vampirique, la plus dure à combattre mais la proie la plus intéressante.

- La politesse exigerait un certain vouvoiement de votre part, nous n'avons pas gardé les chênes ensemble je vous signale, déjà que j'ai la "courtoisie" de m'abaisser à parler à une bête comme vous, vous pourriez faire un effort, susurra-t-il venimeux, une moue moqueuse et acide aux lèvres.

- Je me nomme Gabriel Eledhwen, répondit-il néanmoins d'un ton condescendant.

- Animosité? C'est vrai, ce n'est pas comme si nous étions des ennemis naturels après tout, riposta Gabriel avec sarcasme et moquerie: il n'avait pas l'air bien fin celui-là.

Même s'il n'avait pas l'air très intelligent, il semblait d'ailleurs bien s'amuser de cette situation vu les éclats de rires qu'il laissait s'échapper de ses lèvres blêmes.

- Cauchemars pour ces autres elfes trouillards et insipides; malheureusement pour vous, je ne suis pas peureux et vous ne m'effrayez point, siffla-t-il venimeux en dégainant sa lame pour lui montrer à quel point il n'était pas impressionné par sa présence.

S'il croyait que j'étais comme les autres de ma races, fragiles, fourbes et hypocrites, il se fourrait la canine jusqu'à l'os. Je n'étais pas un de ces pleutres insignifiant, j'étais un mage valeureux et un chasseur de prime célèbres!

- Je chasse, et vu l'heure de ce jour, je dirais même que je chasse les vôtres si vous n'aviez pas encore compris, dit-il ironique. Mais je suis plutôt intrigué: je connais parfaitement votre réputation, j'ai beaucoup entendu parler de vous, mais je suis étonné qu'il n'en ai pas de même pour vous, après tout: plusieurs vampires sont morts sous ma lame, je suis surpris que ma réputation n'ait pas atteint votre Royaume, rajouta-t-il pensivement tout en gardant un oeil sur lui: on était quand même en compagnie d'un vampire, là.

Gabriel réprima au plus vite un sourire amusé en écoutant la répartie de son adversaire: c'était son ennemi pas une connaissance. Il secoua légèrement la tête, faisant ainsi voler ses longs cheveux couleur corbeau, avant de se reconcentrer sur son adversaire, le regardant droit dans les yeux.

- Chacun son point de vue et je n'ai que faire du votre, vampire, cracha-t-il venimeux, ses yeux d'un bleu encore plus glacial qu'en tant normal.

- Aveugle qui veut ne pas voir: je connais ta réputation, je sais que tu es fort, extrêmement fort mais je le suis aussi, plus qu'on pourrait certainement le croire. Néanmoins, j'avoue que c'est une preuve de... "sagesse" que de savoir la valeur de sa force, concéda-t-il à contre-coeur: il venait de dire deux compliments à l'adresse du vampire, il ne devait pas être au mieux de sa forme mais en tout cas ça lui lacérait la langue de les avouer ainsi.

- Tu te contentes de faire ainsi mais les observateurs soufflent leurs souvenirs pour ce méfier de toi, ainsi tes "frasques" sont parvenues jusqu'à moi, dit-il en guise de complément. Ma réputation n'est pas importante en soi, malheureux soit la personne qui s'en vante, mais la connaître aurait pu te donner une idée de ce que je suis et de ma force. Mais bon, ça ne changera pas vraiment ce qu'il se passera cette nuit, n'est-ce pas? Rajouta-t-il amusé et sadique, son sang pulsant plus fort petit à petit dans ses veines.

Le vampire venait tout simplement de lui couper le sifflet. Purement et simplement, sans jamais fissurer ce masque neutre qu'il arborrait. Gabriel ouvrit et ferma la bouche aussitôt, et se mit à réfléchir, gardant tout de même un oeil sur le vampire: on ne sait jamais.

Le paysage autour d'eux était silencieux, comme s'il retenait son souffle pour savoir si oui ou non un combat sanglant se déroullerait entre eux. Il fixait distraitement le paysage, ne faisant guère attention à la presque absence de végétation ou au ciel étoilé tellement le cas de ce Roëric Alokor le perturbait.

Il sentait parfaitement que son interlocuteur se moquait de lui, mais il savait lui aussi pouvait atteindre l'autre avec ses propos, il l'avait prouvé auparavant.

- Je n'ai pas dit que ce serait moi qui mourrait ce soir, vampire: même s'il est vrai que vous avez bien des avantages par rapport à moi à cause des ténèbres de la nuit, je n'en reste pas moins un elfe guerrier, qui est plus et a plus d'expérience que cette bande de pleutre qu'est ma race et qui se cache dans les bois, riposta-t-il glacial et brutal. Je saurais défendre ma vie alors ne soyez pas aussi sûr de me la prendre avec facilité pendant cette sombre soirée, ajouta-t-il sèchement.

- Je ne remet pas en doute ton jugement, il est basé sur des vérités, mais tu sous-estime grandement mes armes et ma volonté: je te l'ai dit vampire, je ne t'offrirais pas ma peau avec le sourire, affirma-t-il haut et fort, résolu de sa décision.

- Je vous chasse peu sur vos terres, me limitant aux frontières. Mais que vient faire un vampire au Royaume humain? Je chasse et tue tous les vampires qui rôde sur le territoire qui n'est pas le leur... Que viens-tu faire ici? Demanda-t-il en rengainant sa lame, une main au contact pour pallier à toute attaque surprise.

(hrp: je suis désolée pour l'attente et cette réponse courte, sans compter qu'elle doit être bien piètre...)

Gabriel regrettait un peu que cet être soit un vampire, il l’appréciait beaucoup mais il ne le lui dirait pour rien au monde, même sous la torture. Il garda son visage impassible mais il s’amusa secrètement de sa surprise et de sa « joie », le pauvre mort ne s’y attendait pas apparemment.

Il savoura un bref instant ce silence qui n’était pas du tout lourd selon son avis, gardant un œil sur sa « proie » tout en observant cet environnement qui les entourait, morne et désolé, le laissant au bord de la nausée tellement la nature semblait agonisante.

Légèrement verdâtre et retenant un grognement de dégoût, il redirigea son entière attention au vampire, rengainant définitivement son épée avant de se redresser et de rejeter ses cheveux en arrière, le fixant froidement.

- Un vampire à la capitale… Pour voir une femme… Ca n’annonce rien de bon… Mais j’ai assez perdu mon temps en ces lieux, vous n’avez plus d’intérêt pour moi en cette nuit… Cingla-t-il vivement et sèchement, avant de se détourner de lui.

Il grava les traits du visage de son « invité » avant de le planter là, purement et simplement, et de retourner chez lui se reposer un peu avant un nouveau contrat, son cœur battant douloureusement quand il se mit à regarder l’horizon, les yeux se teintant de tristesse. Il finit par se confondre dans les ombres et disparaître.