Voici mon oeuf. Que dire à propos de lui ? Comme tous les oeufs des dragons, il est plus gros que ceux d'autres animaux, n'allez pas le confondre avec un oeuf de poule, ça serait ridicule. Il a une forme ovale et allongé. La coquille est très dure, incassable, lisse, chaude et douce au toucher. Il est de couleur argenté avec des reflets assez mates, ce qui le rend plutôt sombre. Son poids est très léger quand on le soulève, ce qui le distingue des oeufs d'autres dragons. A part ces petits détails, mon oeuf ressemble à tous les autres.

Ca, c'est moi. Ou plutôt, c'est à ça que je ressemblerais une fois sortie de l'oeuf. Adorable me direz-vous ? Vous aurez raison. Qui pourrait résister à une petite bouille comme celle là ? A part l'être le plus cruel dans ce monde, personne. Regardez-moi bien, je ne suis pas mignonne sur cette peinture ? Une fois sortie de mon oeuf, tout le monde pourra m'observer. Je serais un petit dragonnet femelle dont les écailles seront de couleur argentée, avec des reflets mates par ci par là, exactement comme la couleur de la coquille de mon oeuf. Mes yeux seront d'un bleu clair et électrisant, où n'importe qui pourra s'y noyer rien qu'en contemplant mon regard perçant. Bien sûr, comme je serais encore petite, mes ailes et ma queue le seront aussi, elles se développeront au fur et à mesure que les années passeront. Mon dos sera dépourvu de pointes, du moins ai début de ma vie, et elles n’apparaitront qu’en grandissant. Deux toutes petites cornes se trouveront sur ma tête, mais elle ne mesureront encore que quelques centimètres. Dès mon plus jeune âge, on pourra très bien remarquer que ma musculature sera fine, et que mes membres antérieurs et postérieurs seront un peu plus grands que la normal, ce qui indiquera clairement que mon but premier ne sera pas de me battre, mais de voler dans les airs. Et en grandissant, ma morphologie fine s'accentuera davantage.

Et voici comment je serais à l'âge adulte. Oui, je sais, j'ai l'air nettement moins adorable qu'à ma naissance. Mais, ne vous fiez pas au apparence, je serais la même. Mesurant plusieurs mètres de haut, j'impressionnerais n'importe quel être vivant, comme tous les dragons de part leur taille et leur stature imposante. Très fine, élancée et grande, je pourrais voler à grande vitesse, mon agilité sera plus élevée que celle de la plupart de mes congénères, mes mouvements seront très fluides à cause de ma vélocité importante et de mon poids plus léger que la moyenne, qui démontrera que je serais très à l'aise dans les airs, voir même sur terre, sur mes quatre pattes. Je me déplacerais avec grâce, détail dû à ma race, car les dragon sont fiers et ils le montrent bien dans leurs déplacements. L'inconvénient à cette agilité accrue sera bien sûr lié à mon physique. Mon corps ne sera pas très musclé et puissant, j'aurais beaucoup de mal à combattre et à ressortir gagnante d'une bataille. Tout comme à ma sortie de l'oeuf, je serais de couleur argentée, toujours avec ce teint un peu mate par endroit. En grandissant, les membranes sous mes ailes deviendront beaucoup plus rouges qu'à mon jeune âge. Mes écailles seront également très dures comme la coquille de mon oeuf, impossible à traverser excepté quelques zones vulnérables. Une ligne hérissée de pointes recouvrira le haut de mon corps, partant de la base de ma nuque, suivant la ligne de ma colonne vertébrale du haut de mon cou, long et effilé, jusqu'à ma queue. Sur mon dos, ces excroissances pointues seront plus développées, allant jusqu'à 20 cm de long, mais elles seront également plus espacées, ce qui permettra à ma dragonnière de placer une selle entre elles afin de s'y installer. Ma tête sera triangulaire et fine, avec un museau allongé. Mes deux cornes se seront développées, atteignant jusqu’à 30 cm, prolongement de ma boite cranienne en partant vers l’arrière de ma tête, et légèrement recourbées. Passons maintenant à mes moyens de me défendre et d'attaquer. Outre mon corps couvert d'écailles résistantes me servant de bouclier, je possèderais des griffes acérées capable de déchiqueter presque tous, une mâchoire munies de crocs tranchants et coupants comme des lames de rasoirs, pouvant broyer des os, ainsi qu'une queue longue et fine, dont je pourrait me servir comme d'un fouet. A défaut d'avoir une masse assez forte et puissante pour me battre comme mes semblables, je pourrais quand même occasionner des dégâts assez importants.

Que dire de mon caractère ? Quand j'étais dragonnet, j'étais plutôt peureuse, et je me cachais au moindre danger, mais plus le temps passe, et plus j'apprend à surmonter ça. Dès ma naissance, je fais confiance à ma dragonnière, qui m'aide à devenir un dragon puissant. C'est grâce à elle que je suis devenue ce que je suis aujourd'hui. Pourtant, malgré mes qualités, j'ai quand même quelques défauts impossible à changer. Je suis très loin d'être mauvaise, et si je le pouvais, je ne ferais pas de mal à une mouche. Je m'attaque uniquement à ceux qui le méritent, qui m'agressent ou qui s'en prennent à ma dragonnière. Dans une situation désespérée, je préfère fuir plutôt que de me battre, vu que je ne suis pas douée pour le combat. Je suis de nature plutôt gentille, et j'adore taquiner ma dragonnière, j'aime la chercher et la faire tourner en bourrique. Elle me le rend bien, ce qui renforce notre lien. Etant bavardes toutes les deux, on peut passer beaucoup de temps à discuter, mais on ignore qui aura le dernier mot, car je suis très têtue, et je n'aime pas avoir tort. Je suis même une mauvaise perdante, et je peux "bouder" ma dragonnière pour un rien, n'en faisant qu'à ma tête. Cependant, n'étant pas rancunière, sauf dans certains cas mérités, c'est temporaire quand je fais la tête, je ne reste pas longtemps à bouder, je redeviens rapidement taquine. Comme je fais aussi preuve de fierté, je peux m'offenser pour un rien, mais là encore, je ne reste pas longtemps offensée. Etant jeune même si j'ai la sagesse de mes congénères, je suis téméraire et insouciante, et je me montre quelques fois imprudente dans les choix que je fais. Cependant, quand les choses tournent mal, surtout pour ma dragonnière, je peux faire preuve de courage et je fais tout ce que je peux pour la protéger, quitte à me mettre en danger. Je peux me montrer colérique quand on me cherche, mais je fais rarement preuve d'une violence féroce. Je ne suis pas très patiente, je suis une fonceuse, et je n'aime pas rester sans rien faire. Sauf quand je dors, je peux rester tranquille pendant un long moment pour me reposer, mais ces moments de fainéantise sont assez rares, et je le fais surtout pour embêter ma dragonnière. En ce qui concerne les autres espèces, je ne parle que très peu avec eux, je n'apprécie pas trop leur compagnie. Si je suis séparée de ma dragonnière, même pour un court instant, je préfère rester seule. Il faut d'abord gagner ma confiance, que je n'accorde pas à n'importe qui, pour pouvoir m'approcher. Pour ce qui est des autres dragons, je peux également me montrer taquine ou curieuse avec eux, ou au contraire, méfiante et mauvaise. Cependant, je reste toujours sur mes gardes avec eux, car si un combat s'engageait, j'ai de grandes chances de perdre.

Ce que j'aime par dessus tout, c'est voler dans les airs, je suis née pour ça, et mon corps est fait aussi pour ça, contrairement à la plupart des autres membres de mon espèce qui sont plus lourds, moins légers que moi. Je peux donc les battre facilement à une épreuve de vitesse, ou seulement les semer s'ils me poursuivent. Voler, ça me permet de me libérer et d'oublier tous mes soucis. Et si en plus, ma dragonnière est avec moi, c'est encore mieux parce que je peux partager cette sensation de liberté avec elle. J'aime aussi découvrir le monde et être au calme. Par contre, je n'aime pas reconnaitre quand j'ai tort, et je ne supporte pas qu'on me manque de respect. Je suis un dragon, et tous ceux qui osent me critiquer ou me menacer risquent leur vie. Par contre, si c'est ma dragonnière qui me fait une critique, je ne l'attaque pas, je préfère la rappeler à l'ordre en grognant ou en la fixant de mon regard perçant. Et ce que je déteste par dessus tout, c'est qu'on s'en prenne à ma dragonnière, c'est sans doute le meilleur moyen pour déclencher ma fureur, bien que ça n'arrive heureusement pas souvent.

Ma faible aptitude à me battre est compensée non seulement par ma grande agilité, comme tous les dragons taillés pour le vol et non pour le combat. De plus, mon souffle de feu est assez puissant, mais ce détail, je le découvrirais seulement quand je serais devenue adulte. Je serais également assez douée pour l'utilisation de la magie ancestrale.

Mon histoire, comme celle de tous mes congénères, commence par une histoire d'amour, une union qui se voulait éternelle, entre deux dragons. Car oui, bien que l'amour soit un sentiment humain, les dragons ressentent ce sentiment, semblable à un attachement profond avec l'autre, à un puissant lien entre eux, qui rivalise avec l'amour humain. Mon père, un puissant dragon blanc du nom de Firën, rencontra la jeune Elyndar, une dragonne bleue qui voulait être mère. Après des semaines de recherche, elle avait fini par trouver celui qu'elle attendait patiemment. Les deux créatures avaient passé plus d'une semaine à parader comme s'ils se battaient, passant la plupart du temps dans les airs à se poursuivre mutuellement, à démontrer leurs qualités comme la force ou la rapidité, autant de gestes pour se séduire l'un l'autre. Quand enfin, leur union eut lieu une nuit claire, où la lune était pleine. Depuis, ils ne s'étaient plus quittés, comme s'ils étaient maintenant unis pour la vie. Firën était très attaché à Elyndar, il ne voulait pas la laisser, il voulait passer sa vie à la protéger et à rester à ses côtés. Au bout de longues semaines, Elyndar pondit un oeuf, qu'elle garda près d'elle pour assurer son éclosion. La jeune femelle restait très souvent à l'abri dans un grotte située quelque part dans les montagnes, loin du danger que représentaient les autres races, et même les autres dragons. Elle restait là, à couver son unique oeuf comme si c'était la chose la plus chère à ses yeux. Un oeuf couleur argent, dans lequel grandissait son petit, sa fierté : moi. Tout semblait trop beau pour être vrai. Et pourtant, le drame arriva.

Un jour, Firën ne revint pas, alors qu'il était sortit chasser pour nourrir sa femelle. Jamais il ne l'aurait abandonné volontairement, et Elyndar était persuadée qu'il avait été tué. Accablée par le chagrin, elle pleura toute la nuit, son cri remplit de souffrance et déchirant résonna dans les montagnes, et s'entendit à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde. Ce fut donc à elle seule de subvenir à mes besoins, alors que j'étais maintenant privée de père avant ma naissance. Elyndar patienta le retour de son âme soeur, mais au bout de plusieurs semaines, il ne revenait toujours pas. La jeune femelle devait se rendre à l'évidence, Firën ne reviendrait jamais. Alors que le temps passait, j'étais bien au chaud à l'intérieur de mon oeuf, me développant tranquillement, et j'étais inconsciente de ce qui se passait dans ce monde. Le seul sentiment que je ressentais le plus, ce fut une sensation de tristesse et de peine qui m'envahissait constamment, sans savoir vraiment que cette sensation provenait de ma mère, un faible halo qui me parvenait. Je ne comprenais rien, et j'attendais de pouvoir me libérer, même si je me sentais bien là où j'étais, à l'abri de tout. Cependant, Elyndar se doutait que cet endroit ne serait plus un lieu protégé pour moi, maintenant qu'elle se retrouvait seule, sans un mâle pour défendre sa famille. Elle pris une décision, celle de quitter le continent. Attrapant délicatement son oeuf unique, tout ce qui lui restait dans ce monde, elle quitta la grotte, et partit s'exiler sur l'île du Flocon, à l'abri dans le cratère d'un volcan. Ma mère prenait soin de moi, et s'absentait rarement, seulement pour se nourrir, rien que pour veiller sur moi. Mais, un jour, le danger arriva non loin du lieu où elle avait trouvé refuge. Elyndar le ressentit, et de peur que sa cachette ne soit révélée, elle partit à l'assaut des étrangers pour les repousser. Des humains, de simples humains, parmi lesquels figuraient de nombreux mages très puissants. En voulant les chasser loin de son nid, la jeune dragonne tomba à son tour, pensant à moi jusqu'à ce qu'elle rende son dernier souffle. Elle voulait seulement me protéger, elle a donné sa vie pour moi.

Me voilà donc toute seule au monde, et je l'ignorais. Je ressentis comme un vide autour de moi, comme si j'avais froid, mais je ne pouvais pas l'expliquer, alors que cette sensation de vide était due au fait que ma mère n'était plus là, et que je ne la ressentais plus, même en cherchant ses pensées. J'étais perdue, isolée, abandonnée de tous, sans trouver le moyen de me libérer de ce qui m'entravait. Les heures passaient, et je restais seule, sans même le savoir. Je ne remarquais même pas que quelqu’un venait de me trouver, cette personne étant sûrement poussée par la curiosité, se demandant pour quelle raison un dragon adulte se trouvait dans les parages. Cet inconnu m’emporta quelque part, loin du cratère où j'étais en sécurité, sans savoir où il m’entrainait. Le temps passa à nouveau, ignorant où je me trouvais. Et puis un jour, quelque chose m'envahit à nouveau. Qu'est-ce-que c'était ? L'espoir ? Peut être. C'était comme si, quelque part, quelqu'un m'attendait et me cherchait. Je ne sais pas comment je pourrais décrire cette sensation, mais rien que d'y penser, je m'agitais dans mon oeuf, m’accrochant à cette sensation étrange. Ce lien étrange semble bien réel, et je ne savais pas qui pourrait venir me délivrer. Je ne savais pas encore qu'une Destinée incroyable m'attendait, et que j’étais liée quelque part à un être hors du commun.

Je n'ai jamais connu mes parents, décédés tous les deux avant mon éclosion. Mon père, Firën, un dragon blanc, était puissant et courageux. Ma mère, Elyndar, une dragonne bleue, était sage et réfléchie. J'ai hérité de leurs gênes. Enfin, presque tous, vu que je n'ai ni la force de mon père, ni la patience de ma mère. Elyndar a été tuée en voulant me protéger. Quant à Firën, personne ne sait comment il est mort, cela reste un grand mystère pour moi.

Mon lien principal est celui que j'entretiens avec ma dragonnière. Je peux aussi me lier avec d'autres dragons, que ce soit pour un lien amical ou non.