Un messager était venu trouver la princesse, tôt le matin. La missive l’informait brièvement qu’une nouvelle arrivante, une Elfe, avait demandé à voir un responsable Elfique. Orfraie n’était pas l’unique personne pouvant habiliter un Elfe, toutefois elle était la première à avoir – apparemment – répondu positivement à cette missive.
La princesse Elfique s’était donc préparée rapidement, suite à la venue du messager, afin d’accueillir cette nouvelle arrivante, car apparemment il s’agissait bel et bien d’une femme. Vêtue de son armure et de toutes ses armes, comme à son habitude, Orfraie avait rejoint le cœur de Fort Espérance. Là, elle avait poussé une porte en bois épaisse, travaillée de façon à raconter une petite portion de l’histoire Elfique.
Orfraie entra dans la pièce qu’elle connaissait déjà et se dirigea vers le fond de celle-ci. Dans son dos, elle entendit distinctement quelques gardes rentrer, à qui elle demanda de se faire discret. Obéissant, ces derniers allèrent se placer dans les coins de la salle, dans l’ombre des murs. Pour sa part, la princesse gravie les quelques marches qui menait à une petite estrade de pierre, la plaçant ainsi en hauteur par rapport à la personne qu’elle allait recevoir incessamment sous peu.

Quelques minutes plus tard, Orfraie se tourna vers la large porte, la main gauche négligemment posée sur le pommeau de son épée, dont la garde était à l’honneur des dragons. Le fait qu’elle soit en arme pouvait être intimidant, pour une nouvelle arrivante… Arrivante que l’Elfe reconnue, non sans surprise, avant que ses saphirs se posent sur le petit être qui marchait à ses côtés, une humaine sans le moindre doute. La princesse demeura immobile, son regard ne quittant à aucun instant Harthea. Les deux Elfes s’étaient connues des siècles auparavant, lorsque Orfraie était à la court en sa qualité de princesse et où Harthea s’était souvent trouvée également. Il était étrange de la revoir, mais également plaisant.

La messagère impériale s’inclina devant la princesse, les bras croisés sur sa poitrine, imitée instantanément par la jeune humaine. Harthea ne le vit pas, mais un léger sourire naquit sur les lèvres d’Orfraie.

« Elen síla lúmenn' omentielmo, Harthea. » La salua t-elle respectueusement, lui donnant par la même occasion l’autorisation de se relever. « Je suis surprise de vous voir ici. Pour dire vrai, je ne pensais pas vous revoir un jour. » Expliqua Orfraie, en Elfique. Elle poursuivit ensuite en langue commune, afin d’être également comprise par l’humaine. « Comment t’appelle tu, laes * ? » Demanda t-elle à la petite fille, en posant son regard bleu glacier sur elle. Ses yeux se portèrent ensuite sur Harthea, une nouvelle fois. « Racontez moi, qu’avez-vous fais ces dernières années, comment expliquez vous votre venu si tardive en terre protégée ? »

----

Laes (Elfique) = Petit enfant

La petite humaine eue besoin de l’assistance d’Harthea pour comprendre que c’était à elle, qu’Orfraie s’adressait. Celle-ci révéla donc s’appeler Priscilla, avant de s’incliner une nouvelle et de se reculer de quelques pas. Priscilla était intimidée, cela se sentait. Comment ne pouvait-elle pas l’être, de toute façon ? La princesse lui offrit un sourire, afin de la rassurer, avant que ses saphirs se posent sur la cavalière.
Celle-ci entreprit alors de lui conter ce qu’elle avait fait ces dernières années. Comme Orfraie, elle avait donc combattue les Vampires, puis les Alayiens. Puis, quand la forêt avait disparue, elle révéla avoir erré en cherchant des réponses à ce qui s’était passé. Ensuite, ce fut à la recherche des siens qu’elle partit.
La suite de l’histoire laissa Orfraie de marbre – en apparence - car en vérité elle était suspendue aux lèvres d’Harthea en attendant la suite. Elle ne manqua pas, par ailleurs, de remarquer à quel point évoquer ces souvenirs semblait... Douloureux. Toutefois, à mesure qu’elle parlait, le regard de l’Elfe s’assombri. Si elle comprenait bien, la cavalière avait servie la théocratie, même si cela était pour assurer sa survie… Le regard de la princesse se porta quelques instants dans les coins de la salle, où les quelques gardes resserraient imperceptiblement leur poigne sur leur arme. Toutefois, Orfraie se concentra de nouveau sur celle qui lui faisait face afin d’écouter la fin de son récit. Ainsi, sa venue était en partie grâce à Aramis Thredë…

Les paupières de la princesse se fermèrent quelques instants, durant lesquels elle médita ses paroles. Harthea avait, semble t-il, servie la Théocratie, toutefois… elle avait fait cela pour assurer sa survie… Sans le savoir, la cavalière mettait Orfraie face à un dilemme. Devait-elle l’habilité, ou non ? Devait-elle informer les autres dirigeants de ces faits ou les garder pour elle ? Orfraie connaissait Harthea, cette dernière offrant même à la princesse un clin d’œil, en signe de leur amitié passée. Face à son dilemme, la princesse soupira.

« Gardes, laissez nous, je vous prie. » ordonna t-elle, tandis qu’elle descendait les quelques marches qui se trouvaient devant elle afin de se rapprocher d’Harthea. Les quelques soldats présents dans la salle se regardèrent un instant, avant de sortir comme leur princesse l’avait demandé. Beaucoup dirait qu’il était peu sage de se retrouver seule avec une ancienne théocrate, avec une nouvelle venue… toutefois, Orfraie savait qu’elle ne craignait rien, c’est pourquoi elle s’approcha jusqu’à ce que les deux Elfes soient séparés par un petit mètre seulement.

« Êtes-vous bel et bien en train de me dire que vous avez été… une théocrate ? Je suis étonnée que vous n’ayez entendu aucune rumeur car, voyez vous, suite à la libération du Voleur de Cœur, l’armée Elfique se trouvait encore à Aigue-Royale puis lorsque la ville fut devenue sa cible, je conduisis personnellement nos soldats vers l’Est, pendant trois ans. Nous ne passions pas inaperçu, il y avait des rumeurs. Comment avez-vous pu ne pas être au courant ? » Expliqua la princesse en faisant les cent pas, les mains dans le dos. Elle se tourna ensuite vers Harthea. « Expliquez moi, je peine à comprendre. » Demanda t-elle enfin, bien qu'au ton de sa voix cela sonnait davantage comme un ordre.

Perplexe, Orfraie l’était effectivement. Toutefois, sa perplexité laissa place à la compréhension lorsqu’elle se repassa les paroles d’Haethea dans sa tête. L’Elfe qui lui faisait face n’avait pas seulement cherché son peuple, elle avait également cherché sa famille. La princesse pinça doucement l’arrête de son nez avant de porter ne nouvelle fois son regard sur la cavalière, un regard différent. Celle-ci avait, finalement, peut être de la chance que ce soit Orfraie qui s’occupe de son cas. Les deux Elfes se connaissaient assez bien et la générale pouvait comprendre que sa vis-à-vis ai parcourue la théocratie afin de retrouver ses parents. Ces derniers ne faisant pas forcément partie de l’armée, ses recherches dans le territoire du Voleur de Cœur était légitime…

Claqua alors un salut militaire parfait qui fit, étrangement, tressaillir la princesse. Celle-ci redoutait ce qui allait suivre… En Elfique, Harthea demanda à paraitre devant d’autres afin que ses actes soient jugés et qu’elle reçoive une juste sentence. Cette demande était tout à son honneur, toutefois il revenait à Orfraie de décider et plus son amie parlait, plus sa réponse s’écrivait dans son esprit, noir sur blanc. La princesse laissa sa benjamine poursuivre, en langue commune cette fois-ci. S’en suivit une intervention de la petite humaine qui parvint à toucher quelque peu la princesse, même si elle n’en montra rien. De toute façon, sa décision était déjà prise.

La militaire s’approcha alors de Priscilla et s’accroupit face à elle, de façon à être à peut près à sa hauteur. La petite fille était timide et, afin de pouvoir voir en fond de ses yeux, Orfraie prit délicatement son menton entre son pouce et son index, sans la brusquer toute fois.

« N’ai crainte, Laes, tu ne seras pas seule. » Fit-elle énigmatiquement, avec douceur toutefois. Orfraie se releva ensuite et se plaça face à Harthea, qui attendait son jugement. Les mains dans le dos, elle reprit, toujours en langue commune. « Depuis mon passage dans l’Ordre Baptistral, je me plais parfois à penser que je suis encore capable de déceler le mensonge en jaugeant une personne, son regard et ses gestes. Lorsque je pose mes yeux sur vous, lorsque j’écoute vos mots, je les sens sincères. Vous demandez à paraitre devant mes pairs, toutefois cette décision m’appartient, tout comme celle de vous réhabiliter ou non. » Expliqua Orfraie, d’un ton plus sec. Elle reprit ensuite, cette fois-ci d’un ton plus doux. « J’ai écouté vos mots et c’est bel et bien en temps que Princesse de notre peuple et Générale en sein de notre armée, que je vous reconnais officiellement comme une Protégée. Puisse les Esprits en être témoins et me juger si je devais avoir tort. »

La sentence était tombée, irrévocable et à effet immédiat. Harthea sembla se figer à l’entente du choix d’Orfraie tandis que celle-ci souriait imperceptiblement. Elle venait de retrouver une amie, par la même occasion.

Soudainement, Harthea mit un genou à terre, provoquant l’étonnement de la princesse qui ne s’attendait pas à cela. La cavalière tira l’épée de son fourreau et la présenta à la générale qui la prit délicatement des mains de son amie. Une lame Elfique, comme en témoignait sa conception. Une lame d’excellente facture, semblant chanter.
Harthea prêta alors serment, devant une princesse qui regardait son ami avec une pointe d’étonnement, mais également avec fierté. Beaucoup plus âgée qu’elle, Orfraie considérait également la jeune Elfe comme sa protégée. Celle-ci se releva ensuite et son épée lui fut rendu. Le sourire d’Harthea fut alors communicatif et les lèvres charnues de la princesse s’étirèrent afin de le lui rendre. C’est alors qu’elle aperçue une unique larme solitaire dévaler la joue de la cavalière, une larme qu’Orfraie vint cueillir de son pouce, laissant celui-ci caresser la peau diaphane de son amie quelques courts instants.

La jeune Elfe demanda alors comment était organisés les Elfes au sein du Protectorat, puis enchaina en demandant en quoi elle pouvait aider. Effectivement, le travail ne manquait pas dès lors que celui-ci était en rapport avec la guerre. Enfin, Harthea souhaitait s’occuper de la jeune enfant qui l’accompagnait, l’instruire à la langue et à aux coutumes des Elfes également, en souvenir de la générosité dont ses parents avaient fait preuve envers elle, lorsqu’elle avait eu besoin d’un toit. Orfraie passa doucement sa main dans le dos de son amie, l’invitant à la suivre ainsi que Priscilla. Elle leur fit quitter la grande salle afin de leur expliquer au mieux les choses, tout en marchant à l’intérieur de Fort Espérance.

« Vous êtes toute pardonnée, meldis*. Notre peuple est dirigé par Aegnor Evanealle, que nous suivons. Lui-même dirige le Protectorat aux côtés des chefs des autres races, sous la direction des Esprits. L’armée Elfique est conduite par le Général Artaher Terendul, tandis que je suis à la tête des Rôdeurs. Si vous voulez aider, vous pourriez redevenir soldat dans la cavalerie ou choisir une autre voie dans l’armée, si vous le souhaitez. Vous serez plus que bienvenue. » Orfraie s’arrêta alors et se tourna vers Harthea avant de reprendre. « Concernant notre jeune amie, il vous est permit de vous occuper d’elle. Toutefois, si vous choisissez de mettre votre épée au service des Esprits, il se peut que vous soyez absente pendant de plus ou moins longues périodes, il vous faudra alors trouver quelqu’un pour veiller sur elle. Enfin, étant donné que Priscilla vivra parmi nous je ne vois aucun inconvénient à ce que vous lui enseigniez notre langue et nos coutumes. Cela ne peut être que bénéfique. » Conclu la princesse en posant son regard sur la jeune humaine, lui souriant doucement.

----

*Meldis (Elfique) = Amie

La jeune Priscilla était littéralement soudée à la Cavalière, refusant de lâcher cette dernière ne serait-ce qu’une minute. Toutefois, cela se comprenait. Pour une petite fille de son âge, se retrouver au cœur de Fort Espérance était impressionnant, voir intimidant. L’humaine, ainsi accrochée à Harthea, représentait à elle seule un idéal, quelque chose qu’Orfraie espérait un jour possible : Une amitié Elfe-Humain, sans doutes ou peurs aucunes. Mais Priscilla n’était aussi qu’une enfant, les préjugés de la race humaine n’avaient guère eu le temps de s’immiscer dans son esprit.

Orfraie reporta son attention sur la cavalière lorsqu’elle celle-ci évoqua leur anciens ennemis. Il pouvait effectivement être difficile de mettre ses préjugés de côté, comme sa colère ou sa haine envers ces peuples… Cela, la princesse le comprenait et l’acceptait, elle ne serait pas de celle qui jugerait Harthea si celle-ci peinait à faire confiance aux ennemis d’hier. Un temps d’adaptation serait nécessaire, comme pour toute chose.
Harthea ajouta, par la suite, qu’elle serait plus efficace en restant dans la cavalerie, se qu’approuva Orfraie d’un signe de tête. Qu’elle se propose de s’occuper des écuries des protégés était également tout à son honneur, mais elle ne s’acquitterait pas de cette tâche seule, les chevaux étant tout de même nombreux. Ces nouvelles, la Générale les accueillie avec le sourire.

Un léger silence s’installa ensuite pendant lequel Harthea sembla observer les lieux et le balai incessant des protégés. Orfraie, pour sa part, détailla son amie et la trouva inchangée. Voilà des années qu’elle ne l’avait pas vu, pourtant… Toutefois, la guerrière se doutait que ses années d’errance en théocratie ne l’avaient pas épargné. La Cavalière reprit ensuite la parole, demandant comment la confrontation avec les Théocrate se passait jusqu’à présent et s’il y avait vraiment une chance pour que les Protégés viennent à bout des forces du Voleur de Cœur.

« Comme vous le savez surement, la bataille des Marais Sanglants* fut une victoire … Maintenant, les troupes se déplacent vers Caladon. Espérons que les choses se passent pour le mieux… Mais il est certain que jamais Armanda ne sera comme avant. Comme vous, j’ai espoir que d’autres Dragons se joignent à nous … ou que des œufs soient pondus… et qu’ils trouvent leur lié rapidement. »


-----

* Info dispo ICI

L’idée de trouver un jour un œuf de dragon et d’être lier à la créature qui en sortirait était grisante, mais la princesse craignait que de voir de nouveaux œufs pendus rapidement soit difficile. Elle ne savait pas ce qu’il en était, les amours des Dragons n’étant guère sa spécialité…

Les pas des deux Elfes –et de la petite humaine – avaient mené les trois femmes à se retrouver à l’extérieur du Fort, dominant Sandur depuis un balcon. Orfraie sentit la poussière crisser sous ses bottes. Celle-ci vint s’accouder à la balustrade de pierre, donnant une image décontractée d’elle-même malgré son armure et ses armes. En tournant légèrement la tête vers la droite, son regard bleu glacier rencontra celui de son amie. Celle-ci révéla avoir entendu se qu’il s’était passé dans les marais, que les gens étaient fébriles d’excitation à la suit de cette victoire face aux Théocrates. Cela, Orfraie le comprenait parfaitement. Elle-même était satisfaite, quoi que contrariée de n’avoir pu mener ses troupes au combat. Toutefois, aussi satisfaite pouvait elle être, l’Elfe avait suffisamment de vécu pour ne pas se reposer sur ses lauriers. Les Marais Sanglants n’étaient qu’une bataille dans cette guerre et le court de celle-ci pouvait basculer d’un instant à l’autre… Harthea, dont la voix ramena la princesse au présent, se révéla être du même avis qu’Orfraie.

A l’intar de son amie, le regard de la guerrière se perdit quelques instants sur Sandur. D’où elles se trouvaient, les deux femmes pouvaient se rendre compte du brassage ethnique et culturel se trouvant à leurs pieds. Parfois, Orfraie s’en trouvait étonnée, elle qui était pourtant présente au sein du Protectorat depuis le début du mois de janvier. Comme elle l’avait révélé à son ami immortel, Orfraie se demandait ce qui résulterait de cette alliance si les Protégés parvenaient à vaincre Le Blanc. La paix entre les peuples serait elle enfin possible ? ou les tentions et vielles rivalités reviendraient elles au grand galop … ? Toutefois, aussi profonde pouvaient être les réflexions de la princesse, celle-ci fut ramener à la réalité par la voix de son amie, qui s’exprima une nouvelle fois en Elfique. Il était agréable d’entendre cet accent chantant … Une douce mélodie qui manquait parfois.

Harthea demanda comment Orfraie voyait les choses à partir d’aujourd’hui et comment les Protégés comptaient reprendre ces terres que le Voleur de Cœur avait prit. Elle demanda ensuite où trouver des Dragons, s’accordant sur le fait que leur retour ne pouvait être que bénéfique, tant qu’ils étaient leurs alliés. La guerrière se redressa et se tourna vers son amie, la main gauche toujours posés sur la barrière de pierre légèrement sablonneuse.

« Je préfère ne pas trop me projeter dans le futur. Je me concentre sur une bataille à la fois. Il est impossible de deviner qui gagnera la suivante, tant notre ennemi est imprévisible… Compte aux Dragons, nous devons compter sur la naissance d’une nouvelle génération, je pense. Les anciens ont quittés Armanda pour une terres dont nous ne savons rien, partir à leur recherche serait hasardeux. Et s’ils voulaient revenir, je pense qu’ils seraient déjà là … Peut être, d’ailleurs, que les Esprits ne peuvent les atteindre là où ils se trouvent. Dans cette guerre, nous sommes pour l'instant la partie la plus désavantagée... »

Sans vraiment s'en rendre compte, Orfraie jouait avec le sable, laissant les grains filer entre ses doigts longs et fins. La situation des protégés n'était pas fameuse, effectivement. Même s'ils venaient de gagner une bataille, la suivante pouvait tourner au massacre… et l'Elfette s'en voulait de ne pouvoir accompagner les siens à Caladon. Elle détestait cette impression d'inutilité.
Harthea s'approcha naturellement de la princesse et vint s'appuyer contre la rambarde. Peu d'Elfe pouvait se targuer d'être proche de la princesse, même si celle-ci était loin de se comporter comme t-elle. La cavalière contempla la forteresse quelques instants, puis reprit la parole. Les saphirs d'Orfraie vinrent se poser sur son amie tandis qu'elle continuait à laisser des poignée de sable glisser entre ses doigts.

Quelles seraient les conséquences pour les peuples s'ils sortaient tous vivant de cette guerre ? Telle était la question qu'Orfraie s'était, à de nombreuses reprises, posée. Pour sa part, l'Elfette ne souhait pas reprendre la précédente guerre là où elle s'était arrêtée. Elle avait l'espoir fou qu'Hommes, Alayiens, Vampires et Elfe parviennent à s'entendre lorsqu'aucune menace ne viendra les forcer à s'allier. Au moins, Harthea fit sourire la princesse. Son amie semblait si certaine de sortir victorieuse ... Et ses réflexions se rapprochaient de celle de la guerrière. Le sourire d'Orfraie s'agrandit. " Je suis d'accord avec vous. Je serai la première à proposer la paix entre les races si nous sortons vivant de tout cela. Mais je suis heureuse de pouvoir vous compter à mes côtés." Avoue l'Elfette, venant poser – quelques secondes – sa main sur celle d'Harthea. " Peut être pourras tu également nous y aider, Priscilla. " Ajouta la princesse en posant son regard sur la petite fille. La parole des enfants pouvait parfois être précieuse.

Les iris de la rôdeuse revinrent se poser sur Harthea lorsque celle-ci demanda à poster une question supplémentaire. " Bien sûr." Répondit Orfraie, se taisant ensuite pour laisser son amie continuer. Qu'était –il arriver à la famille impériale ? La guerrière était effectivement bien placée pour répondre. " La famille Evanealle est ici, à Sandur. Mon nev-, Agenor " se reprit –elle " notre Empereur, est en vie. Ses parents également. Mon frère et son épouse sont ici aussi ainsi que nos propres parents. " Ajouta Orfraie, Thraranduil ayant été Empereur au côté de Galadrielle et ses parents faisant également partie de cette famille Impériale, au même titre qu'Orfraie… même si elle ne portait pas leur nom. " Nous avons de la chance. Si nous les avions perdus, nommer un nouvel empereur ou impératrice aurait été… Chaotique. Saviez vous que certains Elfes aimeraient me voir à la place d'Aegnor? " Fit la princesse, le ton suffisant à comprendre qu'elle trouvait cela absurde. Du reste, elle était heureuse de savoir sa famille en vie et au Protectorat. Beaucoup étaient ceux qui avait perdu des proches en fuyant Vraorg...

La proposition d'Orfraie à Priscilla sembla plaire à Harthea, qui posa un instant un regard neuf sur la jeune humaine. N'y avait-elle pas pensé plus tôt ? Etonnant venant de la cavalière, qu'Orfraie savait très réfléchie. Priscilla avait pour elle la force de la jeunesse. Malgré son jeune page, sa parole pouvait touche bien des cœurs. De plus, elle représentait la future génération d'Homme qui allait peupler le continent et le diriger, dans quelques années.

La cavalière révéla être prête à former la petite, d'autant plus face à la tâche qui pourrait être la sienne, afin de préparer l'avenir. A cela, Orfraie acquiesça d'un signe de tête, puis ajouta. " Vous pourrez compter sur moi, si, d'aventure, vous aviez besoin de quelque chose. "

Après le court récit de la princesse à propos de la situation actuelle de la famille impériale, Harthea entreprit de lui répondre. La Rôdeuse haussa un sourcil devant les paroles de son amie, qui ne trouvait pas l'idée si absurde. Toutefois, elle était loin de trouver Aegnor incompétent et se dépêcha de le préciser. Chacun avait droit d'avoir son avis sur le souverain actuel des Elfes, mais il était toujours préférable de ne pas se montrer insultant, surtout en la présence d'un membre de la famille impériale. L'image d'une personne compatissante ? Représentait-elle réellement cela? Son passé de Baptistrelle était encore fermement ancrée en elle, c'était certain, mais Orfraie était loin de se considérée comme une figure compatissante… Elle pouvait faire preuve de douceur et de calme, venant en aide à son peuple et aux autres… Mais Orfraie était également la Générale des Rôdeurs, en cela elle représentait aussi la guerre... La ruse des Rôdeurs, la sagesse des plus anciens… L'expérience du terrain… Harthea n'avait peut être pas tord dans son descriptif de la princesse, mais… " Je me souviendrais de ces mots, mon amie. Mais si cela devait arriver un jour, ce sera pour guider notre peuple si notre Empereur venait à disparaître, ce que je ne souhaite pas. En attendant, il profitera à loisir de ma ruse, de ma sagesse et de mon expérience. " Expliqua doucement Orfraie en reprenant les mots de son amie, son regard posé sur elle. Ses paroles étaient sérieuses, mais son ton l'était moins, à l'instar d'Harthea. La jeune Priscilla se manifesta ensuite, avec toute l'innocence de l'enfance, et fit rire la Rôdeuse. " Non, mais si tu veux, tu peux m'appeler "Riel". Cela veut dire "Princesse", en Elfique." Elle sourit "Et bientôt, je suis sur que tu connaîtras une foule d'autres mots. "

La guerrière sourit une nouvelle fois à la jeune enfant, puis son regard se posa sur Sandur en contrebas. C'est alors qu'un Elfe sortit de Fort-Espérance et s'approcha du trio. Il s'inclina devant la princesse, qui lui ordonna de se redresser. Elle n'aimait pas particulièrement tout ce protocole autour de son statut. " On vous demande à l'intérieur, votre Majesté. " expliqua t-il sans détour, son regard passant d'Orfraie à Harthea, puis à Priscilla. " J'arrive. Partez devant. " Répondit l’intéressée, qui se tourna vers son amie lorsque l'Elfe fut partit. " Ce fut un plaisir de vous revoir. Si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas. " Proposa la Rôdeuse, qui s'approcha de Priscilla et s'accroupit afin d'être à sa hauteur. " Fais attention à toi, jeune fille. " L'Elfe caressa brièvement le haut de son crane, puis commença à s'éloigner. Avant de disparaître, elle se retourna " No in elenath hîlar nan hâd gîn (Puissent toutes les étoiles briller sur votre chemin)"