Jouet-qui-couine [Vanaël-Kedrildan]

-- 5 Janvier de l'an 5 de l'ère d'Obsidienne

Un soupir brûlant s'échappa des narines de Trissi, soulevant lentement ses côtes, ce qui devait faire un drôle d'effet au dragonnier sur son dos. Mais de tous les dragonniers, Kedrildan était sans doute celui qui en avait le plus connu de situations incongrues avec sa dragonne. Elle l'avait volontairement jeté dans le vide, elle l'avait changé en poule, en hibou, lui avait plusieurs fois fait essayer ses méthodes de séchages de poils, lui avait demandé de lui lustrer les écailles au milieu du marché noir, l'avait envoyé rouler dans l'herbe en compagnie d'un elfe en rut… Alors une respiration soudaine, cela n'allait tout de même pas le surprendre !
Elle était une dragonne prévoyante, tout de même. Et si attentionnée. Grâce à elle et aux soins qu'elle apportait à l'apprentissage de son dragonnier, ce dernier était unique, prêt à tout, bien accroché à elle ! Mais il aurait aussi bien pu se décrocher: elle l'y avait préparer ! Ils formaient le couple de Liés le plus habile dans les airs de toute la théocratie ! Ils étaient forts, ils étaient bons, le monde leur appartenait !

Mais cette pensée-là ne la réjouissait pas vraiment.
De même, l'opulence dans laquelle Vraorg les baignait ne la réjouissait pas vraiment. Oh, c'était plaisant, certes, elle n'aurait pu nier que son corps se plaisait dans une telle absence de tracas, dans un tel confort. Elle adorait voir le beau peuple ployer le genou devant eux, grâce à son vampirique dragonnier principalement. Elle recevait le respect qui lui était dû… Enfin, qui aurait dû lui être dû. Quelque chose se brisait en elle un peu plus chaque jour, depuis qu'elle n'avait plus eu le choix, depuis que sa volonté s'était brisée comme un fagot devant celle d'un autre dragon. Elle avait beau savoir que leur nature n'avait pas changé, qu'ils étaient toujours intrinsèquement les mêmes, une ombre s'était dessinée derrière leurs silhouettes, qui s'agrandissait de jour en jour. Ils avaient failli face à la prophétie, ils avaient failli face à celui qui désormais les tenait en laisse comme de vulgaires animaux domestiques. Ils n'étaient pas infaillibles. C'était la plus sombre affaire que l'on démontra jamais à Trissi…
Elle avait agi contre le camp qui aurait dû être le sien, elle avait agi contre ce qui était dans sa nature. Elle n'avait pu que constater les faits, se voyant agir mue par la volonté d'un autre. Et Kedrildan avec elle… Oh, il n'y pouvait rien. Elle lui pardonnait, elle le comprenait. Il était un petit bipède… Mais elle, dragonne, elle qui avait porté sur ses ailes l'espoir du continent, qui avait rêvé de voir s'étaler à ses pieds la victoire et, à nouveau, la prospérité de ces lieux… Elle était déçue. Profondément déçue. Par elle-même. C'était une plaie qui s'agrandissait un peu plus chaque jour que Vraorg faisait, chaque jour où elle ne se libérait pas de son joug. Elle ne l'exprimait pas, elle essayait de n'y pas penser. C'était une douleur sans mots au fond d'elle-même. Une douleur qui parfois la rendait de fort méchante humeur.

Agacée, et niant la raison de son agacement, elle secoua la tête. Elle avait besoin de bouger, de faire quelque chose, s'agiter d'une façon ou d'une autre. Son train de vie auprès de Vraorg faisait qu'elle n'avait pas besoin de chasser, mais elle le faisait tout de même pour s'occuper. Surtout, ne pas rester inactive. Elle avait essayé, jadis. Son humeur avait été telle que Kedrildan devait encore se souvenir de sa dragonne à la limite de la folie. Désormais, ils savaient tous deux combien l'occuper était nécessaire. Il fallait… Il fallait la brosser dans le sens des écailles. Il fallait lui parler de multiples choses, l'intéresser, la tracasser d'ennuis inutiles…
Elle avait été chercher son Lié pour cela. Peu lui importaient ses activités: il fallait qu'elle s'occupe. Elle avait besoin de lui. Sortir seule, aujourd'hui, était prendre le risque de ne pas réussir à se divertir. Elle avait besoin de son aide.
Jusqu'alors, il lui avait relativement bien servi ! En le baladant au-dessus des marécages, elle s'était attachée à lui parler. De tout, de rien. Des bipèdes, surtout. Ceux qu'ils côtoyaient. Elle avait médit de leurs travers, avait interrogé Kedrildan sur la normalité d'X ou Y action. Mais un instant de silence entre eux avait suffit à la mettre à nouveau sur les nerfs. Et il s'était mis à pleuvoir. Elle sentait l'eau ruisseler sur ses ailes, plissait les yeux pour ne pas recevoir la pluie ici. Elle aimait bien la pluie, toujours plus que Kedrildan. Pour elle, cela ne faisait pas de différence. Un instant, elle baissa les yeux. Tiens, un bipède, au milieu des marécages ? Il fallait bondir sur l'occasion ! Enfin, sur l'inquisitrice. Ce qui était proche. Trissi eut tout juste le temps de faire remarquer à Kedrildan "oh, une inquisitrice !", avant de filer à bonne allure vers le sol. Là, elle se posa, devant la vampiresse, baissant la tête pour avoir les yeux à sa hauteur.

"- Salutations, Vanaël Aerin ! Pouvons-nous vous aider ?"

Dans le même temps, elle envoyait à Kedrildan une information très claire: pas question de véritablement l'aider ! Ils avaient un jouet à portée de main, ce n'était pas pour s'embêter à exécuter la volonté d'une autre.
Elle voyait là le moyen potentiel de faire sa journée...

----------Dans une ruelle sombre des bas quartiers de Gloria, une taverne se vide subitement. Fuyant un mal obscur, les gens paraissent effrayés, déroutés, ils se bousculent, sont en déroutent, et dans un brouhaha de cris et de hurlements, la ruelle se vide elle aussi. La taverne ne semble toutefois pas tout à fais vide, des gémissement en émanent encore, de même que les paroles étouffés d'un ou deux spectateurs. Enfin, une voix s'élève, glaciale.

"Ou es-t-il ?! Vous étiez avec lui il y a de cela un jour, à peine. Où as-t-il filé ?! Parles ! Peut-être te ferais moins souffrir la prochaine fois...."

----------Le ton tranchant de l'inquisitrice ne le laissait pas penser. Elle tenait en respect un humain, lequel pendait lamentablement contre un mur, enveloppé par un cocon. Une lance le faisait tenir en hauteur, bien que celle-ci soit encore tenue pas la vampire. "Je... Je n'en sais rien !"

"Mauvaise réponse... N'espère pas pouvoir me mentir, c'est inutile..."

----------Sur cette dernière réplique, l'inquisitrice lâcha sa lance, abandonnant sur son mur sa proie. Elle dégaina ensuite son épée, une fine lame d'une longueur plus que raisonnable, et entre prit de s'entraîner à l’acupuncture. Au détail près que l'aiguille était quelque peu plus grosse, et qu'elle ne restait pas en place. Chevilles, poignets, coudes, cuisses, les point visés furent nombreux. À peine deux secondes s'écoulait entre chaque poinçon, tandis que qu'impitoyablement, a lame transperçait la chair, sans aucun état d'âme. Le tavernier était resté, observant alors la scène en toute impuissance. Après tout, que pouvait-il faire ? Protester ? Les deux vampires qui encerclaient l'épéiste ne semblaient pas laisser la moindre opportunité pour aller à l'encontre de ce qu'il se déroulait en ce moment. Ils regardaient d'un œil mauvais les alentours, comptant bien dissuader toute âme doté de bonnes intentions à agir.
----------Alors que tout les bas du corps était passé au crible de la pointe de la lame, enfin, le témoin daigna s'exprimer. "Dans les marécages.. aux alentours de Gloria, dans un petit village. Stop, pitié, arrêtez, je vais tout dire..." La vampire n'avait pas cessé de lui perforer la peau tandis qu'il tentait de s'exprimer, lancée dans son geste. De ce fait, il continua de parler, entre-coupé par des cris de souffrance, ou d'agonie. Elle n'avait que faire de ses jérémiades, tant qu'elle n'avait pas sa réponse, il souffrirait de ne pas avoir été consentant depuis le début, et donc de lui avoir fait perdre du temps inutilement. Quelques secondes supplémentaires suffirent donc à obtenir l'information qu'elle souhaitait, fournissant alors à Vanaël une raison de partir. Sortant en trombe de l'auberge, elle ordonna sèchement aux deux autres vampire de nettoyer tout "ça", puis pris siège sur son destrier.

----------Ainsi l'inquisitrice quitta Gloria dans la matinée, entreprenant de traverser les marécages. Les lieux n'avaient rien d'attrayant, et la pluie qui commença à inonder le sol n'arrange en rien l'état des choses. Les sabots de sa monture émettaient ainsi un splash distinctif à chaque fois qu'ils percutaient le sol, tandis que la pluie obstruait en partie la vision de la vampire, la contraignant entre autre à subir ce bruit dérangeant. Son objectif n'était qu'à quelques heures à cheval, mais apparemment, tous avaient décidés de l'empêcher de mener à bien sa mission. D'abord ce vaurien qui lui faisait perdre du temps pour des broutilles, ensuite le temps qui semblait se satisfaire de la mettre de mauvaise humeur, et maintenant quoi ? Le vrombissement d'aile qui commença à se faire entendre trahissait la présence d'un dragon, lequel semblait se diriger par ici.
----------La pluie ne permettait pas de distinguer la couleur des écailles de la créature, ni de sentir la moindre odeur distinctive. Contrainte donc d'attendre qu'il se rapproche, Vanaël continuait sa route, talonnant son destrier vers le hameau ou semblait se trouver sa proie. Ce n'était pas vraiment son affaire que les faits et geste d'un dragon, et s'il était sous la contrainte du traitre, rien ne servait d'essayer d'avoir un contact, elle ne serrait de toute manière pas écoutée. Et si jamais, comme cela semblait être la cas, ce dragon désirait la rencontrer, soit, qu'elle soit en plein galop ou non n'y changerais pas grand chose. Une ombre subite, une gerbée soudaine de boue, ajouté à la réaction de peur de sa monture suffit amplement à lui montrer que le dragon qu'elle avait aperçu avait décidé de la rencontrer. Lui couper brutalement la roue aurait été même plus approprié.
----------Alors que son destrier s'arrêtait dans une glissage au milieu des marécages, Vanaël se retrouva en première ligne face à l'atterrissage soudain de.. Trissi. Évidemment, venant de sa part, une telle arrivée n'était pas si étonnante. Après tout, elle n'avait jamais vraiment eu de considération pour d'autres qu'elle même, et son dragonnier, accessoirement, quand cela l'arrangeait aussi en fait...

----------De blanche, rouge et noire, de par sa peau, ses habits, et ses cheveux, voilà que l'ancestrale se vêtait désormais uniquement de marron. La boue lui avait aspergé le visage ainsi qu'une bonne partie du corps, lui octroyant alors un "masque" des plus ridicules. "Princesse d'argent, mes hommages. Kedrildan, bonjour à vous aussi." Faire le moindre salut aurait été d'un ridicule lamentable, aussi l'ancestrale ne s'éternisa pas en politesses, ils ne lui en donnaient pas de prétextes favorables non plus à vrai dire... "M'aider ? Curieuse proposition que voici. Comment vous y prendriez-vous ma chère ?"

----------Vanaël descendit de sa monture, laissant ainsi cette dernière se remettre de ses émotions. Cela lui permettait quant à elle de se dégourdir les pattes, être sur une selle pendant plusieurs heures n'avait rien de très confortable. Pour la boue qui la recouvrait, surement que la pluie aurait vite fait de la nettoyer grossièrement. Surtout ci celle-ci se mettait à tomber de plus en plus fort, comme c'était en effet le cas. Un rideau d'eau qui martelait le sol, le transperçant et modelant ainsi la terre en une boue mollassonne. Quoi de mieux pour voyager ? Un dragon éclabousseur, certes.... mais encore ?

Il avait gagné. Il y avait toujours eu plus ou moins de guerres et de conflits en Armanda, surtout ces dernières années. Mais les derniers mois avaient été déterminant dans la réorganisation continentale... Et il avait gagné. Cela avait été marquant pour notamment une chose à son point de vue : c'était un dragon qui contrôlait les dragons, et il avait Trissi dans le creux de ses griffes. Sa merveilleuse dame du ciel, égérie de la liberté et de la puissance ! Réduite à l'état de familier, se mourant sous la soumission et le luxe... Ils étaient enfermés dans une cage doré, dont les barreaux étaient cette richesse et ce pouvoir qu'on leur accordait en tant qu'animaux domestiques de haut rang. Le moindre des caprices étaient exaucés, ils vivaient dans l'opulence où ils n'avaient pas à courir après le minima de confort ou la satiété. Mais l'on avait beau être un vampire coquet et une dragonne reine du monde, sans la liberté, ils n'étaient plus grand chose...

Les tissus précieux, les tapis de fin ouvrage, les matelas en plumes de cygne, les esclaves vivants, bien portants et sains pour remplir sa gorge de ce liquide si écarlate et si merveilleux,... Tout cela n'avait plus de goût ni de saveurs à la fin de la première année ; en vérité, dès les premiers mois à vrai dire : on vous donnait ce dont vous aviez rêvé depuis des siècles pour vous retirer par derrière le soutien de votre Maître qui s'était incliné avec ferveur et volonté devant le Haut Dragon Vraorg et la liberté de vivre votre éternité ? Cela ne valait pas le coup, offrir son âme au Mal pour quelques draps soyeux et du sang à volonté, c'était clair que ce n'était pas un marché des plus équitables. Malheureusement, Kedrildan ne pouvait rien à faire d'autre que de subir, d'attendre, d'apprendre...

Quand Trissi vint le chercher, le roux comprit rapidement qu'elle avait besoin de sortir. C'était devenu un rituel, une drogue, autant pour elle que pour lui : tourner en rond dans cette forteresse, s'imprégnant de l'horreur et de la souffrance des lieux, c'était s'empoisonner que de vivre dans cette bâtisse. Aussi, contrairement à avant tout ça, la suivit-il sans rechigner, rangeant ses dagues dans ses bottes et son épée dans le fourreau qui tenait dans son dos, grimpant sur son dos et s'accrochant aux lanières alors qu'elle prit son envol dans les cieux. Bien qu'il avait l'impression que ce mal leur collait à la peau comme une présence graisseuse et putride, plaie purulente et gangrené par la mort, la fraîcheur et la pureté de l'air fut comme une bouffée de bonheur qui allégea les boulets qui pendaient à leurs pieds. Ouvrant tout entier son être à sa moitié, Kedrildan arriva même à esquisser un sourire de plaisir de l'entendre babiller de tout et de rien, relançant le débat ou osant même une pique humoristique pour continuer cette plaisante discussion.

Un sursaut dans son vol suivit d'un plongeon en piqué, le roux couina en s'accrochant férocement aux lanières de sécurité avant de se mettre à rire : voilà une bouffée d'adrénaline bienvenue ! Le mot « inquisitrice » traversa les méandres de son cerveau et il comprit pourquoi elle avait chuter au sol : une manière comme une autre de soulager la blessure béante qui pulsait mal-sainement en eux.

« Vanaël Aerin vraiment ? Tu as raison mon amour, l'on va bien s'amuser... »

Un sourire carnassier aux lèvres, Kedrildan le perdit rapidement quand il entendit les premiers mots de l'inquisitrice, plissant les yeux. Et bien ça commençait ma foi fort bien... Descendant de Trissi en même temps que l'autre vampire, il la toisa méchamment : cela allait sacrément bien les détendre cette petite entrevue. Au moins avait-il été vengé par la boue, la voilà merveilleusement parée. Un sourire moqueur aux lèvres, le dragonnier laissa sa douce moitié s'occuper du destrier de la rouquine pour la fixer avec attention, son visage se lissant pour se faire menaçant.

« C'est Seigneur Maralawë pour vous, Inquisitrice Aerin. Et quand on croise la route de son supérieur hiérarchique, l'on s'incline devant lui. »

Vicieux, il lui faucha les jambes pour la voir s'effondrer à terre, encore plus boueuse qu'à l'atterrissage de Trissi.

« Ce maquillage vous sied à ravir... Vous connaissez l'adage, les bains de boue sont excellents pour préserver la jeunesse et la fraîcheur de la peau. Je comprends pourquoi, vous faites un siècle de mois facilement à présent. Et si l'on vous coupait les cheveux pour vous apprendre à respecter la hiérarchie ? Sans compter que cela vous rajeunirait encore plus. »

Un grand sourire pleins de crocs, Kedrildan était plus que suggestif à présent qu'ils étaient en tête à tête tous les trois.

Elle s'était imaginée que Vanaël se montrerait un peu plus offusquée face à la boue dont elle l'avait couverte. Il n'en était rien. De même, elle avait naïvement cru que sa proposition sous-entendait assez explicitement l'envie de savoir le but premier de la mission de Vanaël pour que cette dernière le dévoile sans faire de manières. Il n'en était rien non plus. Doublement déçue, Trissi eut néanmoins la délicatesse de ne pas retrousser les babines et grogner, comme l'auraient fait d'autres dragons moins distingués. Ce n'était pourtant pas l'envie qui manquait. Ne pouvait-elle pas faire quelques efforts ? Elle avait besoin de matière pour jouer ! D'orgueil que l'on mettait à mal et qui faisait agir les bipèdes de façon originale et souvent désastreusement horripilante. Elle avait besoin que la vampiresse dévoile ce à quoi elle tenait, pour qu'elle puisse le rendre plus inaccessible, ou l'abîmer…
Elle ne faisait aucun effort, cette inquisitrice ! Et Trissi détestait que l'on ne fasse aucun effort pour elle ! La bipède aux cheveux de sang partait avec quelques points négatifs qui joueraient en sa défaveur lorsque viendrait le moment pour elle d'hésiter ou non à continuer le jeu. Parce que oui, si la patience de Trissi avait ses limites, elles n'étaient pas encore atteintes. Elle était prête à gratter encore jusqu'à ce que Vanaël leur offre de quoi la malmener, les défouler un peu. Si elle insistait trop, la dragonne savait qu'ils pourraient jouer là-dessus pour prétendre l'offense. Oh, elle aurait pu se passer d'excuses et y aller directement, mais… Elle n'était pas comme cela. Elle avait sa propre façon de se satisfaire. Et lorsque Vanaël leur aurait offert de quoi passer leur humeur, les Liés attendraient sans doute qu'elle ait longuement demandé leur pardon pour enfin la libérer. Voir quelqu'un ployer devant eux leur donnerait peut-être l'impression de contrôler quelque chose…

Mais alors qu'elle réfléchissait à une façon de faire doucement comprendre son agacement à Vanaël, en passant par quelques chemins de paroles détournés, Kedrildan trouva une façon plus radicale d'aller à leur but. Lui, il avait trouvé ce que l'inquisitrice leur offrait. Un manque de respect, vraiment ? Trissi regrettait de ne pas avoir su le détecter. Mais c'était parfait, parfait ! Voir les bipèdes perdre leur fragile équilibre, puis leur contenance, en retrouvant le contact avec la terre, avait un charme certain. Cette vision-là amusait la belle Trissi. Encore, encore ! Elle voulait re-voir la scène, le moment délicieux où elle ne contrôlait plus du tout sa situation ! Kedrildan pouvait sans doute sentir cette envie-là, aussi vive et frétillante qu'un bébé dragon. Pourtant, Trissi n'avait pas perdu son port altier. Et grâces soient rendues au Dracos, les dragons n'avaient pas à cacher leurs émotions, leurs visages étant naturellement peu expressifs.
Afin que leur nouveau jouet n'ait pas la malheureuse idée de se dérober tout de suite à leurs si attentionnés soins, Trissi donna un très léger coup de queue sur l'arrière-train de son cheval, en l'incitant du bout de l'esprit à fuir. Voilà. Ils étaient tous les trois. Seuls. Pour bien lui faire comprendre que son consentement ne leur était pas nécessaire, la dragonne d'argent vint mettre une papatte sur le dos de leur proie. Là. Avec une griffe au-dessus et une griffe au-dessous de chaque bras, et juste assez de poids pour qu'elle comprenne que bouger était futile.

"- Allons, Kedrildan, du calme. Il nous faut de la pé-da-go-gie." Confia-t-elle pour son dragonnier uniquement, d'une voix mentale mielleuse, qui jubilait à l'avance. Ceci fait, elle offrit à la cantonade des paroles toutes aussi mielleuses, mais saupoudrées d'acide. "Quelle folie a traversé ton esprit, Vanaël ? Tu sais à qui tu as à faire. Tu sais qui nous sommes, tu nous connais… T'es-tu imaginée que parce que nous avons plié l'échine au même jour, nous étions assez proches pour que tu n'aies point à traiter mon Lié comme il se doit ?" Sa patte se resserra un brin sur les os de leur rousse et boueuse amie. Ce devait être douloureux. "À moins que… Tu ne l'estimas pas digne de ta considération ? Est-ce cela ? Vanaël, ô Vanaël, l'erreur que tu commets là…" L'étreinte se resserra davantage. Ses os commençaient à être réellement menacés. "Si tu ne veux pas connaitre la fureur d'un dragon que l'on offense, Vanaël, je te conseille de t'excuser devant mon Lié. Reconnais les qualités qui sont siennes." Pour Vanaël seulement, elle ajouta, assez calme pour que la menace paraisse plus lourde encore: "Vante-le. Et sois convaincante."

----------Le moment semblait être amené de manière prémédité afin de tester la véracité de certaines expressions. Car nous en conviendrons, les problèmes n'arrivent jamais seuls ! Si la vampire avait escompté que l'atterrissage salissant de la lumière d'écaille n'était qu'un incident isolé, ses pensées furent bien vites démenties. La dragonne avait plutôt assombri sa journée pour le coup... Et son dragonnier, malgré les couleurs chatoyantes de sa chevelures, était aussi sombre d'intentions que sa liée. L'ancestrale ne les avait que peu rencontrés au cours des trois dernières années, mais bien assez pour se rendre compte de l'ampleur qu'avait l'emprise de Vraorg sur eux. Ils n'étaient d'une certaine manière plus que l'ombre d'eaux-mêmes. Mais peut-être ne les avait-elle finalement pas côtoyer suffisamment, ainsi qu'en témoigna leur réaction hostile à son égard.
----------Était-ce là une simple crise de nerf ? Ou une haine justifiée ? Était-ce un caprice pervers du voleur de cœur ? Vanaël ne parvenait pas à se faire une idée de la chose, et elle n'en eu as réellement le temps. De nouveau, la boue devint sa compagne la plus intime, s'infiltrant dans son col, ses manches, ses chausses, et créant alors un véritable masque à son visage. Elle doutait cependant d'en ressortir rajeunie... Les propos du rouquin étaient des plus puérils, à croire que la folie l'avait gagné ! Un manque de respect disait-il ? C'était accepter de se soumettre à Vraorg que d'avoir une telle réaction, autrefois, jamais il n'y aurait eu telle confrontation. Le pouvoir et l'importance semblait finalement lui être monté à la tête. Attristé par le comportement de Kedrildan, les traits du visage de la vampire se tendirent, tandis qu'elle essayais de le regarder. Son corps airait bien suivit son envie d'observer Kedrildan, mais sa liée ne semblait pas de cet avis...

----------La pression d'un étau contre son corps, une poigne draconienne qui vint sceller son sort, voilà que l'inquisitrice se retrouvait à devenir une brindille entre les mains d'une gamine. Ses bras menaçaient de rompre à tout instant, au moindre relâchement de la dragonne. Il lui suffisait de baisser de quelques centimètres deux de ses griffes, et elle n'aurait plus de bras fonctionnels. À défaut de peur, c'était une inquiétude et de la tristesse qui tenu compagnie à la millénaire. Le réaction était celle de proies qui savent être prise au piège, mais qui essayent de se débattre dans des spasmes occasionnels. Ils étaient, malgré les apparences, encore jeunes, si bien que l'emprise du Voleur de Cœur sur leur esprit avait une influence des plus conséquentes. Pauvres enfants.
----------De nouveau, une vague de haine submergea les pensées de Vanaël. L'idée que les dragons soient dominés ainsi étaient contre-nature, de même que l'existence de l'albâtre dragon qui pouvait prendre l'apparence d'un homme. Ces sentiments n'avaient été que passagers, balayant les pensées de la vampire pour ne laisser derrière qu'un désespoir et la résolution de ne pas faillir. Face contre terre, ou plutôt devrait-on dire contre boue, l'inquisitrice relava tant bien que mal sa tête. L'effort était contraignant, et elle sentait alors ses épaules qui criaient grâce, de même que ses bras. Soumise à la poigne de Trissi, elle ne put qu'obéir à ses paroles acerbes, et donc satisfaire les désirs des deux liés.

"Vôtre seigneurie n'est que perfection, après tout, Kedrildan le roux est le lié de la dragonne d'argent, de la princesse des cieux, qui illumine de ses écailles nous autres bipèdes inférieurs. Comment ne pourrait-il pas être parfait en de telle circonstances ? Vous êtes un astre parmi les nôtres, dont la simple existence guide nos pas. Vôtre vampirité n'est qu'excellence, et je me désole d'une telle maladresse, si j'en étais capable, j'aurais rougi de honte, et je suis presque certaine que c'est le cas derrière ce masque de boue que vous avez eu la bonté de m'offrir."

----------N'était-elle pas convaincante ? Sa voix tremblota légèrement durant l'éloge qu'elle fit de l'un des siens, mais c'était bien là la seule expression qu'elle eut. Son visage était impassible, que ce soit ses traits ou son regard. Ce dernier fixait les pieds de son "seigneur", de sorte qu'il ne se vexe pas dans le cas où elle aurait eu la malencontreuse audace de soutenir son regard. Si elle pouvait s'en sortir sans être trop amochée, ce ne serait pas regrettable ! Mais... elle avait de sérieux doutes quant à cela...

C'était un défouloir comme un autre dans le fond. Elle s'était trouvée là au mauvais moment, au mauvais endroit. Un retour de bâton face à ses mauvaises actions, tant pis pour elle. Descendant de Trissi pour remettre sa comparse vampirique à sa place, Kedrildan ne put retenir un sourire amusé alors que sa moitié lui demandait d'être pédagogue. Qui essayait-elle de tromper ? Sérieusement ? C'était clair qu'elle s'amusait comme une folle. Ah la mauvaise foi des dragons... Légendaire ! Il caressa affectueusement les écailles de sa tendre moitié avant de se retourner de nouveau vers Vanaël, haussa un sourcil en voyant la patte de la dragonne peser lourdement sur le cadavre recouvert de boue avant de secouer la tête : décidément, elle était où la pédagogie là hein ? Tsss, mauvaise foi qu'il disait !

Croisant les bras après sa diatribe, le roux sourit légèrement en l'écoutant, amusé par le comportement de la saurienne qui faisait tout une tragédie. C'est fou ce que pouvait dramatiser Trissi quand même ! Pour un peu, il compatirait presque aux tourments de la vampire qui lui ressemblait tellement : il pouvait percevoir les craquements de ses os et il avait mal pour elle pour le coup. Il se demanda ce qu'il lui chuchota tout de même... Kedrildan n'était pas dupe ni stupide : il avait bien vu et surtout sentit qu'elle avait clipsé leur lien pendant quelques brèves secondes pour n'être qu'avec la rouquine. Le mystère était surtout de savoir ce qu'elle avait bien pu lui raconter...

« ... »

Cependant, il déchanta bien vite. Fronçant les sourcils de contrariété en l'entendant, Kedrildan arbora bien vite une moue de dégoût, la fusillant du regard. Se répandre de telles sortes... Était-elle donc dépourvue de toute intelligence et justesse de propos ? Comment avait-elle réussit à rester en vie jusqu'à maintenant en sortant des palabres pareilles ?! La fusillant du regard, il renifla d'un air dédaignant, fulminant de plus en plus alors qu'il entend ce qu'elle raconte pour sauver son cadavre, serrant les poings.

« Taisez-vous avant que je ne me retienne plus. »

La voix aussi tranchante que ses lames précieuses à son être, Kedrildan la regarde de haut, bouillonnant comme un volcan malgré l'imperméabilité polaire de son visage, de son regard ou de son corps.

« Je ne me suis pas entendu dire que je voulais vous voir vous répandre comme une larve avec des paroles presque obscènes aux lèvres. Avez-vous fait un certains rapprochement entre moi et le seigneur Vraorg ? Est-ce que je lui ressemble ? Suis-je lui ?! Vous me donnez envie de vomir... Un simple « Seigneur Maralawë, mes excuses » aurait été largement facilement... J'aurais presque pu vous laissez partir ou vous laissez vous débrouiller seule avec Trissi. »

Sarcastique, acide, le dragonnier la toisa avec un mépris mordant et empoisonneur.

« Mais votre diatribe... Tout à votre honneur, pourrait-on dire... M'a quelque peu fait changer d'avis... Je me demande pourquoi d'ailleurs, c'est étrange n'est-ce pas ? »

Les crocs dévoilés, l’œillade colérique à souhait, le roux décroisa les bras pour s'accroupir devant le visage boueux, passant, presque tendrement, une main dessus pour enlever un peu de boue, histoire qu'elle voit bien à quel point il était « très heureux » de son intervention vocale.

« Je pense qu'il vous manque un soupçon de savoir-vivre. En tant que larbin du Seigneur Dragon, cela fait quelque peu tâche vous ne pensez pas ? Je pense qu'avec l'aide de Trissi, nous allons vous aider à y remédier. »

Un grand sourire carnassier, jusqu'aux oreilles s'il vous plaît !, Kedrildan lui fit un clin d’œil en donnant un petit coup sur le bout de son nez, très loin d'être gentil et compatissant en cet instant.

« Vous verrez, vous nous remercierez quand on aura finit votre éducation... Je vous le garantis... »

Il lui fit un nouveau clin d’œil avant de tapoter sa joue pour ensuite se redresser.

« Trissi, notre « invitée » a besoin d'une revisite impérieuse des bonnes manières. Qu'en penses-tu ma douce ? Je te laisse commencer ? »

Croisant les bras en observant Vanaël, Kedrildan allait rapidement lui faire regretter son pseudo rattrapage. Et puis, sa dragonne bourgeonnait d'envie de se défouler loin de leur prison, elle n'était pas belle cette occasion de se déstresser ? N'est-ce pas ? Bon, si la rouquine avait quelques difficultés par la suite pour bouger son cadavre à la poursuite de sa mission, ce n'était absolument aucunement de sa responsabilité.

Elle faisait de son mieux pour ne point dévoiler ses véritables pensées à la cantonade, mais c'était une tâche bien compliquée de les retenir en ce moment même. Seul Kedrildan pouvait entendre l'amusement sans limites de sa Liée, laquelle se délectait de chaque mot de la vampiresse comme si ç'eut été là un met fort délicat, préparé avec soin juste pour satisfaire ses papilles. On eut dit que Vanaël choisissait ses mots dans l'unique but de lui plaire. Mais le meilleur, dans tout cela, ce qui vraiment sublimait la tirade de l'inquisitrice qui peinait à tenir sa tête hors de la boue, sous sa patte, c'était ce qui allait se dérouler après.
C'était là une impression qui lui était chère et qu'elle était toujours ravie de retrouver. La certitude d'une suite logique, d'un avenir si prévisible qu'elle voulait le voir se réaliser. Peut-être que son excitation tenait également au fait que dans cet avenir réalisable, il restait une part de mystère, de hasard et de découvertes. Pour cela, son Lié était merveilleux. Il la surprenait toujours. Auprès de lui, elle le savait, mille ans pouvaient s'écouler sans qu'elle goûte au véritable ennui de le prévoir la moindre de ses réactions.

Car c'était bien de Kedrildan dont il était question hic et nunc. Trissi savait qu'il réagirait fatalement quant au fait que Vanaël lui trouvait pour principale qualité sa Liée. Une partie d'elle consumait le compliment à sa juste valeur, l'autre s'offusquait que son Lié, l'autre moitié de son âme, se voit ainsi réduite dans sa définition. Mais ces deux voix-là étaient écrasées par la hâte de découvrir quelle démonstration de fureur Kedrildan allait pouvoir mettre en oeuvre ! Encore que, il n serait pas fatalement furieux. Encore plus d'impatience, alors, de découvrir ce qui prendrait le dessus au sein du coeur de son Lié ! Ce dernier devait être bien complexe pour qu'elle peina encore à pouvoir en calculer le mécanisme. Elle savait néanmoins avec certitude qu'il ne resterait pas insensible, sans parvenir à saisir ce qui lui permettait cette certitude.
Au moment où lui revenait le souvenir d'une semblable situation qui avait déclenché de son Lié une violente jalousie, la réaction de ce dernier se faisait sentir. Oh, il n'avait pas apprécié ! Ohohoh, il allait se fâcher ! Peut-être que si elle relâchait Vanaël, elle pourrait assister à un combat de bipède ? Dommage, Cynoë n'était pas là, ils auraient aisément pu deviser entre créatures d'humour semblable en regardant ces petites créatures se donner des coups de leurs petites papattes… Mais aucun doute, la scène à suivre allait valoir la peine d'être venue !

Elle le sentait bouillonner, elle sentait la rage qu'il contenait. Attendez, lui, se retenir ? Pour quoi donc ? Elle l'interrogea d'une pensée perplexe. Mais son dragonnier était bien trop occupé avec le jouet qu'elle lui avait offert. Se souvenait-il au moins du fait que c'était un jeu ? Elle l'espérait pour Vanaël. Attendez, elle peina à suivre ! La vampiresse avait osé comparer son Lié à Vraorg ? Elle ne l'avait pas entendu… Son questionnement s'appuya sur l'esprit des deux vampires, la calmant un peu, jusqu'à ce que Kedrildan insinue qu'il restait suite à l'échec de Vanaël dans sa quête de pardon. À nouveau, l'impatience la reprit, elle eut un mouvement de tête impatient.
La dragonne d'argent ne comprit pas lorsque son Lié lui remit le sort de leur proie. N'avait-il pas d'idée derrière la tête finalement ? Si, il devait en avoir une. Trissi demeura soigneusement immobile le temps d'une réflexion. Elle croyait savoir… Il avait besoin d'elle pour mettre son plan à l'oeuvre. C'était vrai: sa patte ainsi posée sur Vanaël, elle empêchait son roux favori de disposer du corps de leur proie comme bon lui semblait.
Dans sa grande mansuétude, la douce et miséricordieuse Trissi libéra donc le corps malmené de la vampiresse. Elle parut reculer. Elle feignit le dépit tout d'abord:

"- N'est-ce point malheureux… Qu'un dragon apprenne à une bipède les protocoles de son espèce… Mais soit, il ne sera pas dit que nous n'aurons pas participé à te rendre meilleure, Vanaël. Le premier point est celui qu'il t'a indiqué: devant lui, tu ploieras."

Elle eut alors un violent mouvement de tête, lequel aurait sans doute être bien plus douloureux pour Vanaël si elle ne l'avait pas maitrisé. Ainsi elle envoyait voler l'inquisitrice un peu plus loin. Non… Les dragons avaient leurs propres notions des bonnes manières. Prenant un ton pseudo-pédagogue, celui qu'avait pu avoir Kedrildan lorsqu'elle ne dépassait pas ce dernier, elle continua:

"- Ensuite, il est fort peu séant de réduire mon Lié à ce qui nous unit. Là-dessus, je te pardonne: tu lui avez concédé une générosité qui m'avait échappé." Elle tourna vers Kedrildan son esprit. Ce dernier était tout content de pouvoir l'embêter également. Avait-il cru que parce qu'ils avaient une proie elle ne pouvait lui faire de misères ? Mais elle reprit, toujours aussi sérieuse, à l'intention de ladite proie: "Néanmoins, Kedrildan en semble peiné. Pour te faire pardonner, il te faut t'allonger sur le dos, replier bras et jambes sans masquer ton thorax." Elle laissa un temps. Comprenaient-ils où elle désirait les mener ? On n'aurait pas dit. Que leurs esprits étaient limités ! Elle ajouta donc, toujours aussi sérieuse: "Oh, et j'oubliais: aboie."

----------S'étendre en de si basses paroles avait été humiliant, mais plus encore le fut le regard dédaigneux de Kedrildan. Lui, qui s'était élevé parmi les siens par la seule, ou presque présence de la belle Trissi, jeunot de vampire, qui osait ainsi la prendre de haut... Ses yeux remplis de mépris, cette sensation d'importance, justifiée par le rang que lui octroyait son statut de dragonnier, plus l'importance qu'y avait donné Vraorg, cela semblait avoir de quoi lui faire gonfler les chevilles. Que la princesse d'argent le cajole ainsi était dommage, elle aurait pu l'aider bien mieux à devenir quelqu'un de respectable, mais après tout, surement n'était-ce pas sa faute. Elle avait beau avoir accès à la mémoire de ses ancêtres, ce n'était qu'une jeune dragonne, malgré sa taille d'adulte.
----------Entendant les paroles acerbes du dragonnier roux, Vanaël se garda bien de lui faire le moindre commentaire, et encore plus de le couper dans sa réplique. L'enfant colérique que l'on interrompt dans l'expression de sa rage ne s'en fait que plus insupportable après tout. Mieux valait ne pas confirmer qu'il en fut-ce un. Attendant que la tempête d'acide passe, l'ancestrale commença à sourire, voyant à quel point les décisions des deux liés étaient contradictoires. Elle était la cible d'une de leur farce, et elle s'en rendait compte.

----------Le comique de la scène aurait pu être drôle en d'autres circonstances, et cette pensée traversa l'esprit de la vampire distinctement. Il avait beau être plus jeune, tant en vampire qu'en vécu, le voilà qui prenait le rôle de mentor, et se permettais de lui attribuer celui d'élève ! Quelle ironie du sort ! Le visage carnassier, rendu plus prononcé encore avec ses cheveux roux qui encadraient d'un rideau trempé son visage, ses crocs dévoilés, et se visage déformé par son expression, le voilà qui la traitait avec... "gentillesse" Si l'on puis dire. Une caresse loin d'être délicate, un coup presque délicat en dépit de son visage qui semblait manifester tout le contraire, le voilà qui avait perdu sa violence du moment de leur rencontre. Vanaël ne s'en plaignit pas, même si elle redoutait après cela la tournure que prendrait les évènements. Le voilà qui redonnait les rennes à sa royale liée, pour le meilleur... et pour le pire.

----------Qu'elle ploie ? Oui, en effet, elle l'avait fait. Néanmoins, elle ne l'avait fait que par la présence de la dragonne, qui l'avait... légèrement aidé. Mais c'était vrai et elle semblait d'ailleurs le faire de plus en plus depuis ces trois dernières années. Toutefois, si la lumière d'écaille souhaitait la rendre meilleure en la faisant ainsi ployer et se ridiculiser, il était étrange de connaitre la nature de ce chemin meilleur, un éclaircissement n'aurait pas fait de mal.

*Me rendre meilleure ? En voilà de bien bonnes intentions, les manières sont en revanche quelques peu étranges...*

----------Le mouvement de tête qu'eut alors la belle Trissi surprit Vanaël, et le peu de violence lors de l'impact la surpris tout autant. Elle senti son armure qui lui entama la chair, mais c'était là une bien pâle douleur comparée à celle mentale qu'elle éprouvait à l'idée de devenir ainsi un jouet, d'autant plus lorsque les pensées de la liée d'argent se firent une place dans son esprit. La demande avait beau être insultante, il était tristement vrai de voir à quel point c'était à cela qu'elle en était rendue. Une chienne au service d'un maître... La demande avait permise à Vanaël d'imager sa situation, elle le sentiment de honte n'en fut que plus intense. Elle ne pouvait l'accepter, c'était.. trop, tout simplement.

----------De nouveau allongée dans la boue, de nouveau face contre terre, l'inquisitrice se tourna sur le dos -ou se roula un peu plus dans la boue, selon le point de vue- puis se releva souplement, d'un saut de carpe presque parfait malgré la légère glissade due à la boue sous ses mains. Elle fit alors un geste ample de l'une d'elle depuis la gauche vers la droite ^{(*Bouclier ténébreux)}, en profitant pour se décaler de quelques pas afin de s'approcher de lui.
----------Faisant ainsi face à Kedrildan, son regard d'émeraude le fixait avec une mine peinée."Je ne vous ferais malheureusement pas ce plaisir, voyez en moi désolée..." Le ton était tout sauf un ton d'excuse, et le sourire délicat qui décora la coin de sa fine bouche. Autant de forme que de goût cela dit... Elle s'essuya alors le visage du revers de la main, puis tendis les bras vers le dragonnier, formant une boule de ses mains. ^(*Cocon) Observant alors le corps qui se faisait prendre au piège par les solides fils d'araignées, chose qui ne manqua certainement pas de lui faire perdre l'équilibre l'emmenant gouter à l'étreinte possessive de la boue, Vanaël s'exclama avec toute l'autorité dont elle était capable, en grande partie de part son totem, sa voix glaciale perçant au travers de la pluie toujours aussi drue.

"Toutefois, maintenant que j'ai vanté votre personne, ayez la magnanimité de reconnaître vos défauts. Parlez, je vous écoute." *Puissiez-vous me pardonner, la chienne aime taquiner ses maîtres. Voyez-y là une marque... d'affection ?*

----------Allait-elle trop loin dans sa fierté ? Peut-être, mais le bouchon avait été poussé trop loin, et autant avec Vraorg, elle n'avait aucun moyen de manifester son mécontentement, autant là, même si elle risquait pour sa santé physique, elle ne risquait que l'affaire de quelques jours de transe ou de chasse supplémentaire afin de se remettre en état. Quant à son travail, et bien... peut-être devrait-elle le reporter à plus tard, ou le faire faire part quelqu'un d'autre, ce n'était pas les chiens qui manquaient en effet...

(*Bouclier ténébreux)
[Défensif]
Forme un bouclier instable qui protège le vampire des attaques magiques et le dissimule derrière un écran de fumée noire.

Geste clé : Paume ouverte, mouvement ample du bras de la gauche vers la droite.
(*Cocon)
[Offensif]
La cible est prise dans un cocon de fils d’araignée et se retrouve ainsi immobilisée. Les fils sont solides, de sorte qu'il soit difficile de se sortir du piège, mais ils peuvent être brûlés. Peut aussi servir de protection dans certains cas.

Geste clé : Former une boule avec les deux mains

C'était clair et net que Kedrildan sentait fortement son amusement : ce qu'elle n'exprimait pas extérieurement, le roux pouvait le sentir dans leur lien et c'était tellement fort qu'il s'attendait à ce qu'elle s'esclaffe aussi bruyamment qu'un poivrot très joyeux, sa chopine à la main. C'était assez puissant pour que lui-même arbore un rictus amusé aux coins des lèvres, l'esprit serein et heureux de la savoir de meilleure humeur. Mais le dragonnier déchanta rapidement quand il entendit les propos de Vanaël, se sentait insulté jusqu'à la moelle : il avait l'impression qu'elle était en train de le rabaisser au niveau du Seigneur Dragon. Si elle escomptait clémence et liberté, elle pouvait se gratter...

La sollicitant, faussement calme, Kedrildan lui assura rapidement qu'il y avait erreur et qu'elle allait très vite comprendre pourquoi, tout en bénéficiant gratuitement et avec « altruisme » d'une leçon de bonnes manières. Se redressant, le roux épousseta son pantalon en la confiant à sa moitié, prenant le temps de cogiter à ce qu'il allait lui réserver comme traitement : peut-être que de regarder sa douce commencer ça lui donnerait des idées. Un bruit sourd le fit sourire et le dragonnier observa l'autre vampire voler dans les airs pour s'écraser lourdement à terre : il allait aussi falloir travailler les atterrissages, c'était très important. La suite le prit totalement au dépourvu et il grogna en la cherchant du regard alors qu'une brume noire la cacha à son regard. Ainsi debout, il était clair qu'elle allait déclencher les hostilités et qu'ils allaient devoir se battre... Bah tiens qu'est-ce qu'il disait ! Ses émeraudes croisèrent les siennes et se fit piéger dans un cocon de soie d'araignée, engoncé étroitement dedans alors qu'il la fusilla du regard, réussissant tant bien que mal à garder un minimum d'équilibre. Mais ne soyons pas stupide, une simple pichenette réussira à le mettre à terre comme un saucisson géant...

Bien évidemment, Trissi trouvera sûrement amusant de les regarder se battre sans intervenir pour aider son Lié...

Se tortillant, le roux testa la solidité des liens en ne la quittant pas un seul instant du regard, les crocs à découvert.

« Vous avez vanté ma personne ?! Et vous avez vu ça où, sombre catin ?! A part me réduire au Seigneur Dragon, vous n'avez rien fait ! »

Plissant les yeux, il se désarticula le bras dans un couinement de douleur pour avoir la paume tournée vers elle, lui lançant une boule de feu qui permit de détruire le piège de soie. Toujours autant en colère, Kedrildan se remit le bras en place, la douleur pulsant dans son épaule renforçant sa colère envers elle : pourquoi n'avait-elle pas réussit à mettre son orgueil de côté pour simplement dire « Seigneur Kedrildan » hein ?! Tsss foutue fierté vampirique ! Encore pire quand c'était une femme ! Un sourire goguenard aux lèvres, le roux se gratta le dessus de la paume vers elle, l'observant avec plaisir se gratter comme jamais.

« Je n'attends pas grand-chose de vous, Dame Vanaël, parce que je sais votre intelligence limitée. Aussi je recommence : saluez moi avec le respect dû à mon rang c'est clair ? Sinon je ne retirerais pas ce sort et vous observerais vous gratter jusqu'à vous dépecer vivante avec un plaisir sans borne. Et je vous déconseille fortement de me rabaisser une nouvelle fois... »

Plissant les yeux en la regardant de haut, les bras sur les hanches, Kedrildan était fier de lui. Depuis le temps qu'il voulait essayer le sort d'irritation ! Et puis bon, le but était quand même de refaire son éducation et non de raccourcir définitivement son éternité, ça ne lui servirait à rien.

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Citation :: [Offensif] Boule de feu
Création d'une boule de feu qui peut causer de graves brûlures à l'adversaire

Geste clé : Paume ouverte vers l'adversaire

Citation :: [Offensif] Irritation
La cible subit une irritation cutanée aiguë qui lui donne une folle envie de se gratter et qui ne disparaît que si le lanceur lève le sort ou si la victime se trempe dans une lotion adéquate.

Geste clé : Se gratter le dessus de la paume en direction de l'adversaire.

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{hrp: désolée pour le retard :S}

Normalement, et si Vraorg n'avait pas anéanti les lois les plus élémentaires de ce monde, Trissi ne pouvait se tromper dans ses calculs. Elle avait libéré Vanaël d'un geste tel qu'elle imaginait assez beau pour que Kedrildan n'intervienne, lui faisant pleinement confiance. Elle lui avait donné un ordre qui, elle le savait, serait pour elle humiliant. Ainsi positionnée, ainsi poussée, l'inquisitrice ne pouvait faire qu'une chose: désobéir. Ce qui intéressait désormais la dragonne était principalement de voir ce qu'elle allait tenter, maintenant. Un champ de possibilités aussi grand que Sombreval s'offrait à la vampiresse. Pour Trissi, c'était le moment de découvrir la logique qu'elle suivait, et ce qui en elle faisait loi. Prendrait-elle la fuite, d'une façon ou d'une autre, effaçant ce souvenir en espérant que nul ne l'ait vu ? Leur ferait-elle face, comprenant qu'avant de se séparer il fallait au moins que chacun voie son honneur abattu puis redoré ? Ce fut le cas. Oh, bien… Trissi jubila dès les premiers gestes de la vampiresse en ce sens. Si elle restait, la dragonne savait qu'elle n'oserait s'en prendre à elle. Elle s'en prendrait à quelqu'un de sa taille… À Kedrildan.
Trissi n'avait plus qu'à s'allonger -ce qu'elle fit- et observer le spectacle. Il manquait tout juste un mouton ou deux pour grignoter en regardant les bipèdes s'opposer. Ah, voilà vraiment une journée qui serait bien complète, et qui aurait changé ses idées !

C'était d'autant plus vrai qu'au lieu de se contenter d'affronter verbalement Kedrildan, Vanaël avait sorti le grand jeu, et Trissi suivait la scène d'un oeil et d'une oreille très attentifs, absorbée par le suspens né d'une tell situation. Elle savait comment son Lié aurait réagi, aurait plutôt été intéressée par Vanaël. Mais elle avait moins l'habitude de voir Kedrildan ainsi confronté. Cela pouvait être rudement amusement. Son doux Lié put sentir très vite que la situation plaisait à sa belle, qu'elle s'en délectait, et qu'elle n'avait pas la moindre once de début d'intention de lui venir en aide. Oh, elle l'aurait fait, si elle avait senti un véritable danger. Mais Vanaël était intelligente, elle le savait. Elle ne s'attirerait pas la fureur d'une dragonne.
L'argentée n'était qu'impatience, quand Vanaël eut lancé sa première attaque. Oh, était-ce vraiment ainsi qu'elle pensait s'y prendre avec Kedrildan ? Jamais il n'avouerait le moindre petit défaut ! Pas même sa tendance à aller vers les bipèdes alcoolisés quand il n'était pas en forme. Alors elle voulait qu'ils passent tous deux à la suite, au croustillant du plat ! Le moment où ils se tireraient les poils, se mordraient le nez, enchaînant des positions improbables dans la boule afin de vérifier qui d'eux deux était le plus puissant.

Ils ne lui offrirent pas ce plaisir. En tout cas, pas assez vite à son goût. Voyant son roux se libérer, elle avait espéré de lui un juste retour de bâton. Mais son vampire restait sage. Trop sage. Ahlala, il allait vraiment falloir lui apprendre à embêter les gens, il perdait la main… Ah, non. il avait quand même tenté quelque chose. Sa réclamation n'était pas la bonne ! L'irritation était plaisante à voir. Mais on pouvait faire mieux, on pouvait toujours faire mieux !

"- Non, elle a montré qu'elle avait bien retenu la leçon. A l'avenir elle saura t'accorder le respect qui t'échoit. Maintenant, nous pourrions peut-être revenir à une conversation civilisée…" Son regard s'accrocha à celui de Vanaël. Un regard unique, qui mêlait le feu à la glace. Des saphirs brûlants. "Tu cherches des choses, n'est-ce pas ? Qui ne cherche pas quelque chose en ce bas-monde… J'ai besoin que tu me dises trois choses que tu cherches. Mon Lié et moi, pour te remercier du charmant divertissement que tu nous as offert, t'aideront sans doute dans l'un de ces trois objectifs." Elle soufflait dans le même temps à Kedrildan une leçon simple: pour bien embêter son entourage, il fallait s'approcher de ce à quoi il tenait. Il le savait déjà, mais ce rappel ne servait qu'à l'orienter dans la bonne direction pour choisir le prochain châtiment de Vanaël… Si châtiment il y avait. Saurait-elle les divertir à nouveau ?

[Conscient]Regard de braise
Le dragon envoûte une personne par le regard, elle ne pourra pas lui mentir.

----------Pour qui regardait la scène d'un œil extérieur, l'on aurait pu la comparer à deux gamins se chamaillant, observés par un aîné ravit d'un tel spectacle. En revanche, pour les acteur de la dite scène, les choses se présentaient sous un angle bien différent, ou du moins pour les deux jouant les rôles des gamins. Se faire couvrir d'éloges semblait à Kedrildan aussi rabaissant que de se faire insulter, à croire qu'il n'en avait pas l'habitude, ou peut-être qu'il avait trop été habitué à être ignoré et ombragé par sa dragonne que cela lui paraissait offensant qu'on s'adresse à lui autrement et qu'on puisse le traiter à sa juste valeur. Enfin non, pas à sa juste valeur, pour le coup, ce n'était pas la valeur que lui donnait Vanaël qui l'avait fait le complimenter ainsi, mais uniquement la valeur de Trissi. On ne dit pas non à un dragon. Enfin, presque pas, elle venait de le faire en s'en prenant à Kedrildan.
----------Une chose demeurait toutefois curieuse, c'était que le dragonnier roux compare l'éloge qu'on lui fasse à un rapprochement entre lui et Vraorg. Parce qu'à partir du moment où l'on brosse quelqu'un dans le sens du poil, et dans le cas présent il y avait matière à brosser, l'on traite cette personne de la même manière que Vraorg ? C'était une vision pour le moins surfaite qu'avait là le lié de Trissi. Finalement, c'était peut-être lui qui lui faisait de l'ombre, il obscurcissait sa perfection draconienne. Ainsi, il pensait que Vanaël le comparait à Vraorg, soit. Mais peut-être était-ce là une manière de montrer à quel point il le craignait et à quel point il le haïssait. En rejetant toute les choses qui pouvait le rattacher plus ou moins à Vraorg, que ce soit dans la manière de se comporter ou dans l'attitude des autres à son égard, il parvienne à se détacher de Vraorg. Pour ce qui était de l'attitude, c'était gagné, son ridicule en cet instant était parfaitement contradictoire avec le Voleur de coeur. L'autre hypothèse était que Kedrildan était obnubilé par Vraorg, soit par peur, soit par crainte, ou peut-être même par jalousie, et que la moindre chose pouvant être en rapprt avec lui le faisait galoper jusqu'au soleil. Les deux derniers n'étant pas incompatibles..
----------Demeurait que le sentiment qu'il avait qu'on le compare à Vraorg le rendait violent dans ses réactions. Pour ce qui était des insultes, ma foi, il était comme un jeunot qui essaye d'agresser plus fort que soit, et qui sait qu'il ne peut faire physiquement le poids. Après tout, encore une fois il n'était qu'un vulgaire soldat sans le lien qui l'unissait à la lumineuse Trissi. Aussi Vanaël ne réagit pas à cela, ni oralement, ni par la moindre mimique. Kedrildan faisait plus pitié qu'il ne faisait rager l'ancestrale. En revanche, le sort qu'il lança était lui plus contraignant. Et pour cause, c'était l'un des sorts que les tortionnaires prenaient souvent un malin plaisir à utiliser pour torturer leur prisonniers afin de les faire parler. Ce qui se trouvait être la chose qui dégoute la vampire, encore plus depuis qu'elle était contrainte de le faire sous le contrôle de la marque du voleur de cœur. Kedrildan osait la traiter ainsi ? Il souhaitait la torturer ?! Il allait s'en mordre les doigts. Il y avait bien des manières de jouer avec une proie sans la faire souffrir, mais simplement pour l'humilier. Bien des manières ! Et au vu de la non réaction de la dragonne lorsque qu'elle avait cocon son roux de bipède, elle ne réagirait surement pas là non plus. À ses yeux, cela ne devait après tout être qu'un théâtre particulièrement drôle. Avec de la magie sciemment utilisée. Un sort de brume, un de cocon, une boule de feu, et voilà que la petite rougeaude se mettait à se grattait frénétiquement la main. Le sang coulait déjà d'ailleurs, dégoulinant le long de ses doigts pour finir par se mélanger à la pluie, puis à la boue, la colorant légèrement. Ils étaient ridicules..

"Dans ce cas.." Commença t-elle avant d'entendre Trissi occuper leur esprit, ou du moins le sien. Elle ne pouvait savoir à qui elle s'adressait après tout. Mais l'irritation disparaissant de sa main, elle devina que la dragonne s'était aussi adressée à son lié. C'était elle qui menait les ficelles, et si le jeu ne lui plaisait pas, elle en changeait les règles pour que cela lui convienne. Les deux pions qu'étaient Kedrildan et Trissi ne pouvaient ainsi qu'obéir. L'un parce qu'il était totalement soumis à sa dragonne, l'autre parce qu'elle vouait à cette race une admiration à l'égal des Esprits, voir même supérieure.
----------La lumière d'écaille souhaitait qu'ils discutent ? Bien, très bien. Cela lui permettrait peut-être de reconsidérer d'une meilleure manière Kedrildan. Quant à ce que la dragonne demandait, il y avait anguille sous roche, assurément. Vanaël comptait leur dire des choses de moindre importance, ou des généralités, que tout le monde désire, de sorte que cela ne lui soit pas trop payant s'ils essayaient de.. l'aider. Au vu de leurs jeux précédents, la millénaire doutait sérieusement qu'ils aient vraiment envie de l'aider. L'éloigner de ses objectifs surtout oui ! Ils se débrouillaient d'ailleurs très bien en ce moment, à l'empêcher d'accomplir sa mission, et à risquer de se faire punir par ses supérieurs. Pas besoin d'attendre pour la punition d'ailleurs, elle se faisait déjà ressentir, la marque commençait à la démanger. Comme si le sort d'irritation ne s'était pas arrêté, mais avait progressé sur tout son corps, lui donnant alors l'envie irrésistible de partir de cet endroit. Partir, pour aller chasser cet hors-la-loi qui échappait aux forces théocrates.. Elle le devait, il fallait qu'elle y aille ! Son corps y était poussé, et chaque effort qu'elle déployait pour rester ici était une torture.

"Premièrement, je cherche à me libérer de la douleur que m'inflige cette marque, donc à terminer la mission qui m'a été confié. Je cherche un homme d'une trentaine d'année, qui échappe à la théocratie et donc à nous inquisiteurs." Commença Vanaël, avant de s'arrêter, surprise de ne pas avoir entendu que ce qu'elle avait pensé. Elle venait de préciser le but de sa mission, aussi Trissi et Kedrildan était désormais en toute connaissance des faits pour l'empêcher d'agir dans le sens qu'elle désirait. À la bonne heure, c'était bien la dernière chose que la vampire souhaitait, perdre son temps. Elle repris la parole, parlant plus doucement, comme si elle guettait le moment où sa langue allait se délier et trahir ses pensées.

"Deuxièmement, je cherche à réunir les miens, ceux auprès desquels je souhaiterais être. Autant par intérêts commun, je crois, que personnels." Elle cita alors les noms, qui se faufilèrent entre ses lèvres dans un murmure alors qu'elle s'efforçait de se taire. "Achroma, Aldaron, Iaraën, Eawyn.."

"Troisièmement, je cherche à en apprendre plus sur le peuple des Tarenth. Je cherche un livre qui parlerait d'eux, de leur passé, de leur histoire."

----------Et voilà, tout était dit, ou du moins l'essentiel. L'ancestrale se tenait devant Kedrildan, le regardant fixement, bien qu'elle fit quelques pas en arrière afin d'avoir aussi Trissi dans son champ de vision. Sa main la démangeait encore à cause du sort, mais c'était infime. Elle ne s'en rendait pas compte, son esprit étant trop concentré sur ce qu'elle venait de dire. Elle venait de tendre le bâton pour se faire battre, ou plutôt, elle leur avait offert plusieurs carottes à lui agiter sous le nez. Bien que dans son cas, trois filets de viande suintant de sang aurait été plus appropriés. Et à l'idée de devoir aller traquer cet humain, elle commençait à avoir faim. La marque se faisait plus pressante, si bien que Vanaël contractait ses muscles dans l'espoir de retenir son corps d'agir contre sa volonté. Elle tenait ses mains l'une dans l'autre, les serrant comme si elle tentait de les broyer. Qu'ils en finissent avec elle, qu'ils la laissent partir, c'était tout ce qu'elle désirait. Ils auraient bien d'autres occasion de.. jouer, avec elle, mais aujourd'hui n'était pas le bon jour. Au moins le soleil ne l'assommait pas de sa chaleur.

Même pas il serait venu à l'esprit de Kedrildan que Trissi avait fait ça juste pour se faire un combat de coq. Juste l'amusement qu'il sentait en elle suffisait à le satisfaire et il ne lui vint pas autre chose en tête. Mais bien vite, la vampire se libéra et lui causa un problème plus important que le plaisir personnel de sa dragonne : engoncé très inconfortablement dans le cocon de soie, il finit par le brûler pour se libérer avant de la coincer avec le sortilège d'irritation. Depuis le temps qu'il voulait le tester celui-là ! Et il était loin d'être déçu ! Ricanant en croisant les bras, la regardant se gratter jusqu'à sang, il était impatient de voir les démangeaisons s'étendre sur tout son corps. Peut-être même qu'elle se dépècera vivante ! Tout émoustillé et frétillant, la dévorant du regard dans l'impatience de la voir devenir une tranche de viande bien saignante et palpitante.

« … T'es sérieuse là ?! »

Déstabilisé, Kedrildan se tourna vers sa moitié avant de grogner de déception, une moue boudeuse aux lèvres alors qu'il pouvait voir avec impuissance le sort de la dragonne rompre le sien. Dire qu'il voulait s'amuser et qu'elle gâchait tout... Contrarié, il alla s'asseoir plus loin pour bien montrer son mécontentement, les fixant dans un silence réprobateur. Elles sentaient toutes les deux qu'il était contrarié le roux au moins ?!

Cependant, son intérêt se décupla quand il comprit qu'avec le sort de Trissi, la rouquine était obligée de dire toute la vérité sur sa mission. Tiens tiens tiens... Ça c'est c'est vraiment très intéressant. Le sourire retrouvé, Kedrildan se rapprocha et s'adossa contre la saurienne, bras croisé, très attentif à tout ce qu'elle dévoila contre son gré avant de se redresser brusquement.

« Maître Achroma ?! Aldaron ?! »

Il connaissait ces noms... Bon, pour l'elfe c'était il y a longtemps mais le vampire... Son maître, celui qui les avait tous trahi pour baiser les pieds de Vraorg.

« Vous dites vouloir vous débarrasser de cette marque mais Achroma est un fidèle du Saigneur Dragon, un traître qui nous a tous vendu. Vous serez tué si vous lui en parlez. »

Elle était vraiment d'une stupidité affligeante pour vouloir parler d'une chose pareille avec le blond... A moins que c'était une solution comme une autre de mettre fin à son éternité tant le désastre et le cauchemar dans lequel on vit nous fend le cœur. Certes. Vu comme ça. Grave et sérieux, son regard se voilà par la douleur de l'abandon. Cet être qu'il aimait ardemment et qui les avait tous laissé tomber pour Vraorg... Une blessure qui lui était encore très douloureuse aujourd'hui.

« Trissi. Prépare-toi, nous accompagnons Dame Vanaël. Il n'est guère prudent de faire le chemin seul par les temps qui court. Et puis, ce serait si triste de nous séparer maintenant alors qu'on est si complice tous les trois. Ce serait du gâchis de rompre une si belle intimité... »

Un sourire carnassier aux lèvres, Kedrildan se releva et s'épousseta le pantalon en la regardant de haut. Pas question de laisser un si sympathique jouet en liberté alors qu'ils venaient seulement de se rencontrer et de faire connaissance... Et puis, lui dire au revoir alors qu'ils s'entendaient si bien ce serait vraiment trop cruel... N'est-ce pas ?

Ah, les marques. La dragonne se rembrunit, fermant un peu plus son esprit, quand ses yeux de saphir se voilèrent d'une ombre. L'âme de son dragonnier était souillée d'une marque, à sa grande horreur. Les bribes de souvenir qu'elle possédaient revinrent à sa mémoire, sans qu'elle eut la moindre envie de les voir à nouveau. Il fallait écarter cette douleur, ne plus y penser. C'était du passé… Non. C'était aussi leur présent. En cet instant, Vraorg avait sans être là une de ses pattes au-dessus de la tête de son Lié. Elle n'aimait pas cela, cet affront, cette dépendance… La seule dépendance à laquelle elle avait accepté de concéder se nommait Kedrildan, et elle l'avait choisi. Mais l'aliéner, c'était l'aliéner, elle. Une blessure à son orgueil qu'elle ne supportait que parce que le choix ne lui était pas donné. Elle était la dame d'argent, elle était un présent des airs et de la magie à ce monde, une beauté à nulle autre pareille… Souillée par la marque d'un congénère sur une partie d'elle-même. Elle n'en voulait pas à Kedrildan. Ce n'était pas faiblesse de sa part. Au fond, lui, il ne subissait pas la voix d'autorité du Maître… Elle en voulait audit maître de n'avoir pas su les limites décentes de ses actions. Quelque part, sans qu'elle puisse l'admettre devant qui que ce soit, elle s'en voulait, de n'avoir pas su les protéger. Elle, Kedrildan, et maintenant Vanaël… Et Achroma, et Silarae.

La douleur restait présente, un dégoût mêlé de colère, un magma menaçant, la sensation de chaleur dans sa bouche, comme elle menaçait de ne plus contrôler ses flammes. Elle avait de la chance, elle pouvait s'insurger pour deux. Si c'était une chance… Si sa vie actuelle pouvait être considérée comme une chance. Elle entendit la suite des demandes de Vanaël, mais s'en moquait, désormais. S'amuser de cette vampire ne suffirait plus à calmer sa frustration. Ce qu'elle voulait, c'était voir le Blanc tomber, le voir agoniser à ses pieds, le voir réclamer son pardon, sa miséricorde, le voir souffrir à chacune de ses paroles, l'attacher à un être faible, et faire souffrir ce dernier. Elle se souvenait du passé, du temps où Kedrildan était alors libre, où leurs communs potentiels paraissaient sans limites. C'était alors dans l'ordre des choses, si bien qu'aucun d'eux n'avait senti combien leur situation était alors protégée, correcte. Désormais, ces souvenirs avaient un goût particulier, que rien en théocratie ne savait imiter. Dominés…

À ce moment-là, Trissi aurait pu s'enflammer, et pousser ce beau trio à agir en coeur pour les sauver. Le sursaut mental de Kedrildan l'interrompit. Achroma ? Eh bien, quoi, Achroma ? Et Aldaron ? Il lui manquait, son cher elfe séducteur ? Ses mots eurent tôt fait de faire comprendre à Trissi que quelque chose ne tournait pas rond, ici bas. Elle qui avait admis que, comme elle, Kedrildan avait trop de honte pour oser se présenter devant les autres membres de la caste. Désormais, elle doutait un peu de cette hypothèse. Non… Elle la réfutait, et se demandait comment elle avait pu y croire une seule seconde, quand la vérité était à portée de main. Un grondement sourd lui échappa, tandis que les liens se créait dans son Esprit. Oui, elle, elle savait. Mais Kedrildan ignorait, et… était-il possible qu'elle soit la seule à connaitre la vérité ?
La colère s'était faite sous-jacente. Elle animait désormais des réflexions qui travaillaient à toute allure. Elle n'allait plus dans le sens d'une libération directe. Mais voilà que ses jouets remuaient, et requéraient son attention, avec leurs basses considérations. Ils ne l'amusaient plus. Elle avait un autre jeu en tête. Et…

"- L'accompagner ?" Gronda-t-elle dans l'esprit des deux bipèdes. "Je vous vois venir. Vanaël a beau être de grande valeur, elle n'ira pas sur mon dos. Je ne suis pas un poney." Le vieux complexe, qui la faisait voir rouge à chaque fois. "Nous accèderons plutôt au second souhait de notre amie, Kedrildan." Elle laissa le temps à son lié d'avoir une première réaction. Elle savait ses émotions violentes, et mieux valait lui laisser le temps de les éprouver avant de lui parler, sans quoi il n'écouterait pas. Elle se vit très calme, pour compenser le feu de son Lié. "N'as-tu pas souvenir de ce qui s'est passé, tout au fond de ce gouffre ? Achroma ne nous a pas vendus. Il a été asservi par la force -un peu comme toi. Son dernier souhait était sans doute de nous voir ainsi soumis. Souviens-toi, la caste…"

Trissi eut un regard pour la vampiresse. Qu'avait-elle compris de l'échange, elle qui ne connaissait pas leurs vies ? Elle l'ignorait. Et à vrai dire, cela ne lui importait pas. Pas plus qu'il lui importait de la remercier malgré ce qu'elle avait fait pour eux. Elle allait être libérée de son statut de jouet, n'était-ce pas là un remerciement suffisant ? Ils avaient mieux à faire, désormais. Mieux que se défouler d'une piètre façon, qui ne changerait rien à leur situation. La dragonne attrapa son Lié par ses habits, pour le poser sur son dos, avec une douceur toute relative, mais une précision admirable. "Rentrons. J'ai envie de parler à nos congénères. Vanaël, tu fus un jouet de grand intérêt. Tes aboiements laissent à désirer, mais tu te grattes bien mieux qu'un chien. Je suis sûre que nous aurons l'occasion de jouer à nouveau ensemble." Plus sombre, plus venimeuse, elle ajouta, pour Vanaël seule: "Attendais-tu que je te souhaites une bonne chasse ? Tes proies ne sont pas les miennes. Quant aux Tarenth, voilà ce qu'il y a savoir sur eux: ce sont des traitres." Pour Trissi, Edwyn avait offert les Marcheurs en pâture au Voleur de Coeur. Ils avaient suivi son plan, et maintenant… Ils en étaient là. Peut-être pouvait-elle projeter sa haine sur lui….

----------Si le corps de l'ancestrale était en train de se battre pour lutter contre la marque, laquelle la poussait à partir à la recherche de cet hors-la-loi pour enquêter dans la ville où il était supposé avoir fuit, son esprit, lui, était tout occupé à autre chose. La surprise de Kedrildan lorsqu'elle avait cité le nom d'Achroma et celui d'Aldaron avait de quoi faire réagir. Encore que Vanaël savait qu'il les connaissait tout les deux. Après tout, Achroma avait été pour le dragonnier roux une sorte de mentor sinon de protecteur. Quant au dirigeant du marché noir, il avait fait le chemin du retour depuis le lac noir en la compagnie des deux liés. Quoique son étonnement était peut-être trop exagéré pour qu'il n'y ai eu qu'un trajet anodin à dos de dragon. S'était-il passé quelque chose entre ces deux là ? De la part de Kedrildan, ce n'était presque pas étonnant, il était crédule au possible et gobait tout ce que lui présentait la princesse d'argent. Mais pour Aldaron, qu'est-ce qui avait pu l'intéresser chez le dragonnier ? À part, en effet, qu'il soit dragonnier ? Pour le coup, Vanaël était dans le flou.
----------Si la simple énumération de ces deux noms l'avait quelque peu surprise, la suite la laissa sans voix. Achroma, un traitre ?! Kedrildan avait subit un lavage de cerveau, ou bien était-il aussi sourd et aveugle aux événements qui s'étaient déroulés ces trois dernières années ? Vraorg l'avait presque exhibé publiquement comme son jouet, comme son chien de chasse personnel, encore que dans ce rôle Alford correspondait mieux, il était plus pitoyable que l'ancien. Non, Achroma n'était en effet pas son chien de chasse, simplement une arme dont il usait à bon escient, torturant alors perfidement l'esprit d'Achroma afin de le faire se perdre dans les abîmes de la folie. Comment ce dragonnier pouvait-il croire cela ? N'avait-il aucune mémoire, aucune considération pour ce qu'Achroma avait fait pour lui ? Comment, pourquoi l'ancien l'aurait trahis, les aurait trahis, alors qu'il venait de commencer à relancer la caste des dragonniers ? Kedrildan pensait-il qu'il considérait Vraorg comme... chef de cette caste ?? À moins d'un lavage de cerveau, il n'y avait pas vraiment de raison pour qu'une telle pensée, si tordue et incompréhensible, ait pu germer dans l'esprit de ce jeune dragonnier vampire. Ou peut-être était-il encore plus stupide qu'il n'en avait l'air ? Était-ce seulement possible ?

----------Heureusement, encore une fois, sa liée la Lumière d'écailles était plus sensée et intelligente que lui. Elle ne compris pas réellement comment la dragonne en était arrivé à un tel dénouement, mais son questionnement la rassura, au moins elle n'était pas aussi aveugle que Kedrildan. "Saigneur dragon ? Les dragons sont peut-être bien les seuls êtres que l'Albâtre n'a pas désiré saigner.
La vérité accompagne vos propos, princesse d'Argent. C'est en otage que l'ancien a été pris, et c'est par ce biais que ses fidèles ont été en grande partie ralliés à la cause du Voleur de Cœur ou bien assujettis. Et sinon fait prisonniers..." Au vu de l'ignorance de Kedrildan, Vraorg ne lui avait pas laissé le choix. Surement pouvait-il exercer son autorité grâce au lien qu'il possédait avec Trissi... La réponse à cette question aurait été intéressante, mais il aurait surement été malvenu de la poser en ce moment. Quoiqu'il en soit, une telle réaction de la part du roux laissait penser que rares étaient ceux à qui Vraorg avait révélé qu'Achroma était son otage lorsqu'il avait pris le pouvoir. Ce qui était étrange, c'est qu'au cours de ces trois années, Kedrildan n'ai pas réussit à s'en rendre compte.
----------Et pour en revenir à la Caste, Achroma avait révélé que c'était Edwyn qui lui avait demandé de la recréer, ou du moins qui lui avait confirmé qu'il devait le faire. Si en effet le Tarenth était un traitre, l'idée qu'il ait voulu qu'Achroma allie les dragonniers de cette manière allait à l'encontre de ce qu'était en train de réaliser Vraorg. Certes, son plan de les faire tuer Vraorg avant son réveil avait été inefficace, mais était-ce réellement voulu de sa part ? Achroma admirait Edwyn, il lui avait dit le considérer comme un père, Le Tarenth était-il si malfaisant pour réussir à tromper ainsi l'ancien afin de s'en faire un allié ? Le simple fait d'y penser était douloureux. Mais c'était toutefois une éventualité. Toutefois, qu'il soit un traitre ou non, cet ancien peuple demeurait intéressant, et eu mieux on pouvait en connaître sur eux, au mieux on parviendrait à réagir face à ces ancêtres si jamais l'un d'eux devait ressurgir.

"Le cas d'Edwyn ne m'intéresse qu'à moitié, c'est surtout l'entièreté de leur peuple qui m'intrigue. Et voir avec quelle aisance un seul d'entre eux a réussi à changer le cours des événements depuis qu'il est arrivé me semble suffisamment préoccupant pour m'intéresser d'avantage à ce peuple dont on ne connait rien."

----------Sortant de sa poche son sifflet magique, Vanaël appela son destrier, lui sommant de revenir. Les "au revoir" étaient là, et désormais, il y avait une traque à achever.

"J'imagine que je peux prendre cela pour un... compliment. Quant au reste, vous savez apparemment où me trouver lorsque vous en avez besoin. Puissiez vous suivre le bon chemin."

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