Cela faisait longtemps qu'Edvard n'avait pas foulé les pavés de la ville qui l'avait vu naître, et c'était bien la première fois que revenir en ces lieux ne lui procurait guère de plaisir particulier. Si la guerre n'avait pas laissé sur ses murs de cicatrice aussi visible que celles qu'Althaïa arborait désormais dans sa douleur, on sentait que l'esprit des Gloriens avait changé. Leur regard était moins tranquille. La nouvelle foi de certains brillait dans leurs pupilles obscures dans une brumeuse étincelle qui masquait à peine leur mépris. Depuis que Merithyn Shadowsong, le Fondateur de l'Ordre Baptistral, était considéré comme un criminel par l'Empire, beaucoup d'Hommes se méfiaient des Baptistrels. L'enwr scruta patiemment les yeux des passants. Malgré sa volonté d'améliorer les relations entre l'Ordre et l'Empire, l'Empereur n'avait aucun pouvoir sur la pensée de ses sujets. Aramis semblait sûre d'elle, mais Edvard n'avait pas la sensation d'être le bienvenu chez lui.

Après s'être occupé des victimes de la Bataille de l'Aube Rouge, il avait retrouvé son maître. Celui-ci proposa à son élève de l'accompagner à la capitale, où il pourrait exercer ses fonctions et célébrer un mariage arrangé entre deux familles nobles de la capitale. N'ayant pas officié depuis le meurtre de son épouse, l'enwr appréhendait l'événement. L'inexorable occasion lui rappelait des souvenirs divins ; c'était atroce. Outre les tourments de sa mémoire, Edvard n'éprouvait pas particulièrement de plaisir à unir deux jeunes gens qui ne s'aimaient guère l'un et l'autre. N'est-ce pas paradoxal que d'appeler les Esprits pour lier des personnes qui s'appréciaient certainement, mais qui ne souhaitaient pas partager leur vie ? Ces alliances ne servaient malheureusement pas tant les intérêts du "couple" que ceux de leurs parents.

« Je n'aime pas ça, avoua-t-il en chemin à Aramis, je ne sais pas si j'y arriverai, cette fois. »

Pourtant, il parvint à surmonter sa peine, et se retrouva bien à officier lors du premier jour de la cérémonie. Celle-ci avait lieu dans le manoir de la Dynastie des Turold, caste de la noblesse glorienne qui fut anoblie il y avait huit siècles de cela. Ils avaient fait arranger une grande salle pour de sorte à ce que le couple soit mis en lumière et s'unisse face à tous. Ainsi avait-on installé un autel devant les sièges de l'assemblée. En arrivant, Edvard se délecta de l'acoustique de la pièce. Le son s'y propageait en effet avec rondeur, et s'effaçait assez vite pour que l'on puisse y chanter sans pâtir de son écho.

La présence de son cawr parmi les invités rehaussait l'importance de l'événement à ses yeux : il n'avait pas toujours eu l'occasion d'agir devant son maître, et celui-ci ignorait peut-être l'ampleur de ses progrès. Les élus dont on célébrait l'union étaient jeunes et eussent formé un joli couple s'ils s'étaient aimés. L'amitié que l'on pouvait lire sur leur manière d'étirer leurs lèvres réchauffait le cœur. En effet, tous les nobles n'avaient pas la chance d'épouser une personne qu'ils appréciaient.

Edvard sourit quand il les vit arriver. Conformément aux coutumes, la mariée était vêtue d'une ravissante robe immaculée au-dessus de laquelle elle arborait fièrement sept ceintures aux couleurs des sept Esprits. Sa taille était tellement serrée que l'enwr se demanda si elle pouvait respirer. Son diadème en argent était muni de gemmes émeraude, couleur de sa famille et symbole de son rang. Paré des mêmes couleurs, son époux portait en plus un bracelet doré sculpté en pétales de fleur de lys. Les incrustations des armoiries de son blason révélaient le talent et la minutie de l'orfèvre que la famille avait engagé. Edvard plongea un regard ivre de bonté tour à tour dans les prunelles des élus, les saluant d'un léger hochement de tête, puis s'adressa à l'assemblée.

« Aude et Roland ¹ nous ont réuni en ce jour et en ce lieu, afin célébrer leur union devant les Esprits. Il ramena son regard sur le couple qui se tenait face à lui. En devenant Mari et Femme, vous vous engagez à honorer votre blason, votre moitié, votre progéniture. Vous vous devrez respect, fidélité, secours, assistance. Il prit la main de l'époux. Roland de Turold, adorerez-vous votre épouse comme votre propre mère ?

- Je l'aimerai.

Edvard prit la main de l'épouse.

- Aude Monin, respecterez-vous votre époux comme votre propre père ?

- Je le vénérerai. »

Sur ces paroles, Edvard joignit les mains des élus et lia leurs poignets. Après qu'ils eurent échangé leurs vœux, il appela les Esprits à témoigner de la nouvelle union, et à la bénir. Il mêla le son pur de son psaltérion hiémal ² à de nombreux chants, demandant aux Esprits de nourrir l'Union de ses premiers remous à son dernier souffle. De temps à autres, il ponctua ses incantations de libations. Le couple avait rejoint la foule qui dansait, et l'enwr semblait n'être là plus que pour animer le mariage...

Le couple s'était mêlé à la foule pour donner le ton de la danse. Edvard les avait observé s'éloigner en se demandant ce que cette journée représentait pour eux. Après tout, que l'on s'aime ou non, le mariage était une étape cruciale dans la vie de tout être ; le sien l'avait bouleversé. Il se laissa porter par les divagations de son esprit et s'imagina les divers chemins que pourraient prendre leur relation à partir de cette danse. Il eût souhaité avoir la chance d'entendre leur histoire, mais il ne pouvait se permettre d'étancher sa curiosité. Il sourit. Ce n'était pas le moment de penser à soi.

« Votre performance était tout à fait honorable cher Edvard. Vous voyez bien que vous n'aviez pas à vous en faire, vous faîtes un baptistrel tout à fait digne cher apprenti, les années où je vous ai porté mon enseignement n'ont en rien été inutile. »

Il leva les yeux au son de la douce voix qui s'adressait à lui. Aramis venait de le rejoindre. Un resplendissant sourire ornait son visage et illumina celui de son élève. Satisfait, celui-ci plongea ses prunelles dans celles de l'elfe et se laissa bercer par ses paroles en continuant de pincer la mélodie de son psaltérion hiémal. Il n'avait pas besoin de voir son instrument ; l'entendre lui suffisait amplement. En l'occurrence, il avait la chance d'avoir la plus ravissante demoiselle de la cérémonie en face de lui. Ne serait-ce pas l'insulter que de regarder ailleurs ?

« Honorable ? Qu'entendez-vous par-là, Maître ? Commença l'enwr. Il avait profité du voyage pour réviser son allocution, mais il n'était aisé pour aucun baptistrel d'unir deux personnes qui ne s'aimaient guère. L'amour facilitait les discours, tandis que les mariages arrangés compliquaient l'honnêteté. Je n'ai su quoi dire quant à leurs sentiments… »

Edvard était embarrassé. Malgré ses tentatives, il n'avait pas réussi à parfaire sa rhétorique, et estimait ne pas avoir honoré le couple qu'il eut bénit. Peut-être les choses en eussent-elles été autrement si ils s'étaient aimées… Quittant le monde de ses pensées, il profita l'échappée d'inattention de son cawr pour reposer son regard sur les danseurs. Ils suivaient la sauterelle ¹ qu'avaient entonné les jeunes mariés. Tenant son nom de ses pas sautés, cette danse était des plus élégantes des Hommes. Elle était vive, joyeuse, sautillante ; parfaite en de telles occasions !

Outré par l'invitation d'Aramis, l'âme de l'enwr eut un mouvement de recul. Pourtant, sa placidité ne laissa rien transparaître de son chagrin, et seules ses pupilles se contractèrent. À quoi pensez-vous donc, m'amie ? Il n'avait pas achevé son deuil. Il n'y arrivait pas. Son épouse lui manquait terriblement, et l'absence de sa fille l'affligeait chaque jour. C'est trop tôt, pensa-t-il. Que voulez-vous ? Se demandait-il toujours. Sa peine ne suffisant à taire sa curiosité, Edvard pinça un dernier accord, fit signe aux jongleurs ² de poursuivre les distractions sans lui, et se joint à son cawr. De par la piété de son cœur, elle ne pouvait lui vouloir le moindre mal. Il se plaça à ses côtés, et lui tendit sa main.

« Me feriez-vous donc l'honneur, mon amie, de m'accorder cette danse ? » demanda-t-il enfin pour respecter le protocole, un léger sourire aux lèvres.

Il amena dès lors sa partenaire auprès des autres danseurs. Ses précédentes observations lui avaient permis de comprendre l'organisation de la musique et des pas qui en découlaient. En effet, la pièce suivait un schéma populaire aisément mémorisable qui consistait en l'imitation des mariés à chaque refrain. Par chance, celui-ci commençait ; Edvard saisit le moment pour se joindre à la sauterelle. Il constata assez vite qu'il tenait le rythme malgré ses rhumatismes et son manque de souplesse. Alternant simples pas marchés et bonds légers, ils avançaient, reculaient, tournaient sur eux-mêmes, autour de l'autre… Les gestes l'interrogèrent.

« Ma mémoire me faillit : avons-nous déjà dansé sans nos épées ? Il fit tourner sa partenaire sur elle-même. Je n'en ai pas souvenir. Il me semble n'avoir guère croisé avec vous que le fer, le verbe… Il tourna sur lui-même à son tour. … ou la voix. Mais ni les pas, ni les doigts. »

Le ton de l'homme demeurait calme, imperturbable. Néanmoins, Edvard était gêné. Bien qu'il n'eût pas la sensation d'entacher sa défunte épouse, il savait qu'il était trop tôt pour s'adonner à une telle danse avec une autre demoiselle. Celle-ci n'était heureusement autre qu'une vieille amie, une elfe, son cawr ; celui qui avait formé sa moitié. Il poursuivit ses pas, observant incessamment les jeunes mariés. Sa curiosité persistait.

« Que pensez-vous d'eux, Maître ? S'épanouiront-ils dans leur..? laissa-t-il alors filer de sa pensée, avant de réaliser l'outrage qu'ils leur faisait. Il se tut un instant. Pardonnez ma maladresse. Je ne devrais point me poser de telles questions. Ils sautillèrent. Dites-moi plutôt : pourquoi cette danse ? Ils revinrent à leur position initiale. Le refrain allait commencer. Vous êtes consciente de mon malaise ; entretenez-moi de vos idées. »

Aramis fit montre d'une pédagogie à nulle autre pareille : conservant son calme, elle amena son élève à entendre que ses maigres erreurs, ses interrogations, et son perfectionnisme n'adultéraient pas l'allégresse de la journée. Au contraire, l'elfe le rassurait sur chaque point qui nourrissait ses doutes. Ainsi n'eût-il pas pu mieux officier car les mariés n'éprouvaient guère de sentiment l'un pour l'autre ; ne voulait-elle partager qu'une danse amicale avec lui ; lui dit-elle que le jeune couple finirait certainement par s'apprécier avec le temps ; lui affirma-t-elle que ses interrogations étant naturelles et compréhensibles, on ne pouvait les blâmer. Edvard se laissa apaiser. Emporté par la musique, ses pas devinrent plus fluides ; il éprouvait du plaisir.

Du plaisir !? Son ambivalence le perturbait : comment son affliction pouvait-elle céder quelque place à une once de gaieté ? Que comprendre ? Pendant quelques instants, l'homme demeura silencieux et sembla ne plus percevoir le moindre son. Ses yeux se fermèrent un fragment de seconde suffisamment long pour lui permettre de réfléchir à la question. Les pas qu'il dansait avaient un tout autre sens dans les tréfonds de sa mémoire. Ils ravivaient en effet des souvenirs aussi délicieux que blessants. N'avait-il pas exécuté ces mêmes gestes avec son épouse autrefois, puis avec sa propre fille pour lui faire sentir la saveur du rythme ? Mais tout cela est fini., se dit-il en ouvrant les yeux. Même si sa douleur se calmait, Edvard savait qu'il dansait par complaisance et non par plaisir.

La comparaison implicite de sa partenaire le tira de ses pensées. Faisant instinctivement le parallèle entre sa vie et celle d'Aramis, il constata ses pertes : de sa famille, seuls ses cousins et un oncle étaient encore en vie à ce jour. De surcroît, sa propre fille Cecilia était partie venger sa mère deux années plus tôt. Il n'avait pas eu de nouvelles depuis et se demandait chaque jour si on lui apprendrait son décès. En quoi nos souffrances sont-elles similaires ?, siffla-t-il intérieurement. S'empressant de chasser d'aussi passionnelles pensées, il se focalisa sur les propos de son cawr. Elle avait raison : il y a un temps pour tout, et seule sa propre volonté prolongeait son deuil.

« Je vis avec de douloureuses réminiscences, m'amie, et je les supporte… lui confessa-t-il finalement sur un ton calme contrastant incroyablement avec les mouvements de son âme. … mais il m'est insoutenable d'ignorer si Cecilia respire encore ou… ou non. Il marqua une pause. Votre empathie et votre bienveillance à mon égard représentent beaucoup à mes yeux, Maître, mais comment espérez-vous m'aider si vous ignorez vous-même si je reverrai un jour ma fille ? Vous me connaissez : vos paroles, si douce et pure soient-elles, ne me réconforteront pas. »

Edvard prononça ces mots sans la moindre animosité. Il savait en effet parfaitement que l'unique soutien que l'on lui apporterait serait d'ordre moral. Or, en avait-il plus besoin qu'un autre ? Conscient de ses facultés à endurer ses peines, il préférait sacrifier ses sourires pour les autres plutôt que l'on s'intéresse à lui. Mieux valait rester pragmatique : son épouse était morte ; sa fille était partie ; il était seul, dans son tourment. Que lui restait-il donc à faire sinon se consacrer à sa cause en espérant un jour revoir son enfant ? La question que lui posa Aramis rejoint ses pensées.

« Pour la paix, Maître. Pour la vivre, pour la nourrir. », affirma-t-il sans même avoir besoin d'y réfléchir.

Edvard faisait en effet partie de ces hommes qui s'étaient engagés sur une voie et qui avaient réussi à maintenir le cap. Toute son œuvre avait pour idée principale la cause, l'entretien, et la défense de la paix. Il était allé jusqu'à mettre l'art du temps et des sons au service de sa cause, intimement persuadé que la musique résonnant en chacun de nous nous apaisait.

« Pourquoi ? », demanda-t-il enfin, alors que la foule poursuivait la sauterelle.

Edvard était content qu'Aramis détourne la conversation de ses soucis personnels. En effet, il dépréciait avoir la sensation de s'apitoyer sur son sort, d'être impuissant face à son infortune ; ce qu'il était malheureusement. Il eût préféré taire ses maux, mais les questions de son cawr l'avaient obligé à les formuler brièvement. Et peut-être ne fût-elle guère revenue à son affliction si il n'avait exprimé le fond de sa pensée en lui soutenant ainsi qu'elle serait incapable de l'aider malgré elle ! Écoutant les propositions que lui fit son amie dans le seul but de l'aider à retrouver sa fille, l'enwr tâcha de ne laisser transparaître son léger agacement. Il demeura silencieux et se contenta de suivre la danse. L'elfe finit ; il esquissa un sourire sincère et amusé.

« Je ne peux qu'être heureux d'avoir une telle amie ! Que ne feriez-vous pas pour faire taire le vieil homme que je suis ? »

L'homme en question accompagna ses paroles d'un petit rire. Les musiciens achevèrent la sauterelle à ce moment-même. Le flûtiste indiqua aux danseurs d'opter pour des pas plus langoureux et solennels en entonnant un air grave et lent. Un tel changement avait deux fonctions essentielles : permettre aux danseurs de se reposer après la sauterelle parce que cette danse pouvait vite être épuisante, puis, en contrastant avec la vivacité de l'air précédent, renvoyer à la diversité de l'avenir qui attendait le couple, au nouveau rythme que prendrait leur vie. Celle-ci ralentirait en effet forcément une fois leur union consommée.

Edvard appliquait ses pas dans toute la longueur de la musique en adoptant une posture noble. Debout du côté droit d'Aramis, il tenait sa paume en sa main gauche et gardait le bras plié vers le haut comme si il tenait une plume. La bienséance voulait que l'on ne se tourne pas vers sa partenaire ; on ne pouvait l'admirer que du coin de l'œil. Beaucoup dépréciaient et moquaient ces pas pour leur simplicité, mais rares étaient ceux qui saisissaient la portée du geste : il s'agissait de faire montre de fierté, de se dresser avec la majesté d'un dragon, de paraître aussi noble et méritant que l'on le pouvait. Les mouvements n'avaient guère autant d'impact que les pauses. ¹

« Cela va certainement vous sembler contradictoire, mais je n'escompte guère partir à la recherche de Cecilia., dit-il en se calant sur les pas des autres couples. Si elle tenait à être retrouvée par son père, peut-être l'aurait-elle prévenu de son départ !, il poussa un soupir résigné. Serais-je un bon père –, ou même un bon enwr, – si j'empêchais ma fille de suivre son destin alors qu'elle est adulte ? À son âge, cela faisait déjà… trois années que j'avais rejoint l'armée impériale. Je m'inquiète pour elle comme mon propre père s'inquiétait pour moi, quoiqu'elle ait eu pour maître d'arme occasionnel un piquier elfique de renom – en plus, bien sûr, d'un humble bretteur ! »

Sur ces mots, il lança un regard de connivence à Aramis, un sourire éphémère en coin. Ses souvenirs, si doux fussent-ils, ne le renvoyaient qu'à la triste réalité. Il pensait à sa fille chaque jour ; c'était plus fort que lui. Mais à chaque fois, il faisait le même constat : il n'avait pas le droit de céder à ses passions comme le lui avait proposé tantôt sa partenaire. Il devait plutôt prendre le recul nécessaire pour qu'elle ait une chance de s'en sortir si toutefois elle respirait toujours, et faire confiance aux autres variables. En effet, il n'était pas le seul homme à pouvoir affecter la situation : tout le monde le pouvait.

« Comme je le disais, j'ai rejoint l'ordre pour la paix., reprit-il. D'autres hommes sont engagés sur le continent, les Alayiens ont des ennemis. Cecilia doit être parmi eux. Avec ou sans moi, que je la voie ou non, si je veux qu'elle vive, il est de mon devoir de me battre pour ma foi., il fit une nouvelle longueur. À ce propos, vous avais-je entretenu de l'adjonction que je voulais faire à mon essai Sur les armes de la paix ? » ²

Au fond de lui, Edvard était satisfait. On pouvait parler de ce qui importait le plus : la paix.