Le reste du voyage vers Aigue se déroula sans accro, si l'on mettait de côté le fait qu'entre Matis et Livilith c'était assez tendu. Il essayait de comprendre la jeune femme en la harcelant de question mais soit elle l'envoyait bouler de manière directe soit elle se foutait de lui. néanmoins, il n'abandonnait pas, ce n'était pas un homme à abandonner aussi facilement elle l'apprendrait à ses dépends. Par contre, il ne voyagèrent pas seuls longtemps car ils furent rattrapé par l'aide de camp du capitaine. La jeune et jolie blonde Julia les attrapa à l'orée d'un bois et leur fourni des chevaux, l'homme ne fut d'ailleurs pas mécontent de retrouver Max. Quant à Livilith, et bien elle du partager le cheval de Julia, ce qui dérangeait fortement les deux jeunes femmes qui devaient être du même gabarit. De fortes têtes indépendantes, presque casse bonbon même. Néanmoins il n'y eut pas de mort à déplorer pendant le voyage, il fut même étonnée de voir qu'il était arrivé en vie à Aigue. Sans doute que la jeune assassine fut heureuse d'en finir avec lui... Si seulement elle savait ce qui l'attendait...

A l'entrée d'Aigue, le capitaine indiqua la présence de la jeune femme et le fait qu'elle était sous sa responsabilité. Avec un petit regard appuyé vers cette dernière, un seul mot, fait pas la débile où c'est moi qui prendrait. Pas sûr que cela fonctionne mais bon, cela ne mangeait pas de pain d'essayer. Une fois l'entrée passée ils purent pénétrer dans la "ville" à proprement parler et tout était en effervescence, il y avait des mouvement partout et qui allait vers tous les coins de la grotte géante. Il serrait compliqué de se retrouver dans se dédale, surtout au début, mais Matis savait parfaitement où il allait. Direction la caverne des héros, un nom bien pompeux pour dire "caverne d'entrainement et de formation". Bon il n'y avait pas que cela mais c'était en gros l'idée.
A un moment donnée, il arrivèrent dans cette caverne, et ce que l'on pouvait dire c'était qu'elle était animée. Il y avait des soldats, des forgerons, des recrues et de tout en fait. Des gens s’entraînaient avec plus ou moins de réussite, d'autres menaient des formations au combat pour tester des techniques et ainsi de suite.

Matis laissa ses deux compagnes auprès d'une zone de repos et se dirigea vers un bâtiment pour y trouver ses collègues officiers et voir ce qu'il pouvait faire de sa recrue. Et ce qu'on lui apprit ne lui fit pas plaisir. Non seulement il allait être débriefé par les huiles concernant son départ et son action à Gloria, mais en plus ils refusaient de lancer une opération pour sauver la jeune Luna. Tous devaient revenir à Aigue pour préparer la défense.... Et rien d'autre n'était autorisé, pour le coup on l'entendit hurler dans toute la caverne. On ne peut pas dire qu'il se calma tout de suite, mais quand il revint trouver les deux jeunes femmes, au moins il avait vidé son sac.

Il s'assit sur un banc et s'attrapa la tête à deux mains en leur expliquant là situation.

Aucune opération autorisée jusqu'à nouvel ordre. Tous les rebelles doivent rentrer à Aigue et préparer la défense contre les Alayiens et les loyalistes. On ne peut rien faire hormis attendre la bataille ici.

Il observa Livilith et dans un soupir il lui expliqua sa situation personnelle.

Quant à toi Livilith, j'ai essayé de négocier mais rien à faire. Les autres officiers veulent voir de quoi tu es capable et tu sera donc mise en test avec les nouvelles recrues. J'ai vraiment essayé de voir si l'on pouvait te faire sauter cela mais rien à faire, ils veulent savoir.

Il se releva et se gratta l'arrière du crâne. Il commença à partir vers le centre de la grotte puis revint sur ses pas et lui expliquant une dernière chose.

Cela aura lieu demain matin. Julia va te conduire à notre baraquement et te fournir de quoi te restaurer et dormir. Si tu as besoin de matériel, ce dont je doute, elle te montrera l'intendant.

Pour le reste tu as quartier libre jusqu'à demain matin mais je sais que tu n'attendais que je te le dise pour que tu le fasse mais bon. Ha, si, juste une chose, reste quand même dans cette grotte, pour le moment tu ne peux pas te déplacer à ta guise dans Aigue. Je t'impose pas grand chose, mais fais au moins ça pour moi et après promis je te laisserais tranquille.

Matis se retourna et Julia l’apostropha. Capitaine ?! Vous allez où là ? Sans se retourner Matis lui répondit. Je vais aller vider la réserve de bouteille chère Julia. Y 'a au moins ça que ces imbéciles ne pourront jamais m'enlever !

Fronçant les sourcils, elle observa Matis s'agiter dans tous les sens, pour finalement aller pousser une gueulante et revenir se poser, dépité. Difficile de savoir s'il avait la un problème avec le fait de devoir rester ici, ou si c'était juste pour la forme. Après tout, il s'agitait pour pas grand chose et cherchait souvent la réplique aux autres. Enfin, Livilith ne savait pas trop quoi penser de cette situation.

Puis concernant les négociations, elle haussa les sourcils, surprise et amusée à la fois. Amusée qu'il ait tenté de passer outre le règlement pour elle et surprise qu'il n'ait pas l'autorité nécessaire pour se faire, au final... Enfin, peu importait. Elle se plierait à ce qu'on attendrait d'elle. Elle n'allait certainement pas renoncer maintenant. Pas ici et si près du but!

Et puis, demain matin, ça lui laissait du temps pour se reposer... Enfin ça, c'est ce qu'elle se disait. Restait à voir si elle trouverait le sommeil, ou si on la laisserait simplement dormir.

Elle haussa les sourcils et observa "Julia" lorsque Matis la désigna pour la conduire au baraquement. Finalement, elle hocha la tête, ne se voulant pas contrariante, il semblait déjà bien remonté, inutile de trop chercher à l'agacer. D'ailleurs, elle ne dit rien sur le coup, se contentant d'observer ses interlocuteurs. Fatiguée par la route et les joutes qui en avaient découlé. Elle était épuisée à vrai dire.

Puis sur ses derniers mots, elle observa la direction qu'il venait de prendre, avant de suivre celle qui avait reçu des ordres.

Dans un premier temps, elle suivit, sans un mot. Le baraquement, elle savait ou il se trouvait à présent. Elle n'avait franchement besoin de rien et même manger ne la tentait pas... Elle venait de congédier Julia et s'était allongée, mais le Matis énervé lui trottait en tête. Qu'est-ce qui pouvait bien justifier qu'il soit aussi remonté, pour une simple interdiction de sortie. Après tout, il avait rejoint Aigue, il était un rebelle. Que pouvait-il bien vouloir faire au dehors tout à coup?

Le mystère demeurait entier et après une bonne heure à tourner et retourner sur son lit de fortune. Elle finit par se redresser et partit en quête de ce vilain bougre.

Après deux trois détours inutiles, elle finit par demander sa route et surprit le "capitaine" avec sa boisson. S'approchant à pas de velours, elle se posta dans son dos et se racla la gorge pour signifier sa présence, simplement.

- Hem...

Et n'y allant pas par quatre chemin...

- Puis-je?

Ce qui était un énorme pas en avant, elle s'invitait carrément à sa table alors qu'elle en avait eue réellement sa claque de ses blagues douteuses, ses insinuations et ses remontrances tout le long de la route. M'enfin, quelque chose la poussait à vouloir savoir. La curiosité extrême... C'était tout à fait elle. Incapable de se contenter de la moitié des choses. Non, elle voulait savoir. Sans plus de cérémonie et sans même attendre qu'il accepte, elle vint se poser face à lui et croisa les bras, se penchant brièvement sur l'avant pour papoter.

- Qu'est-ce qui vous met de si mauvaise humeur que vous soyez venu cuver pitoyablement l'alcool?

Une façon tout a fait délicate de poser ses questions... On ne se refaisait pas...

A la base il aurait voulu s'enivrer jusqu'à plus soif. Oublier l'ensemble de ses tracas, ses peurs, ses craintes et tout ce qui étaient à oublier. Il aurait voulu rouler, littéralement parlant, sous la table, penser à autre chose, même si s'était à un sceau d'eau. Mais est ce que cela allait lui faire du bien ? Est ce que cela aurait un quelconque effet sur ce qui le tracassait et ce qui le poussait à vouloir boire ? Tout ce qu'il gagnerait s'était un réveil comateux, franchement malade et une gueule de bois à rendre malade un vampire. Alors pourquoi boire ? Du moins, pourquoi boire jusqu'à la lie ? Il n'en savait rien, et il ne le ferait pas. Pas tout de suite. Il avait bien d'autre plan, et le premier d'entre eux était déjà de manger un morceau. Et pour cela, quoi de mieux que de se préparer à manger ? Cuisiner lui permettrait au moins de penser à autre chose, d'utiliser ses mains autrement que pour cogner et arriver à faire quelque chose qui ne tuerait personne. Pour une fois.

Alors, une fois à la cantine/bar/restaurant/Caserne/Dortoir à ivrogne, il s'installa derrière le comptoir et chipa quelques ingrédients à son ami cuisinier. Il entreprit de se préparer un poulet braiser avec une sauce au miel et des pommes de terre. Mais, voyant les regards intéressés de certaines personnes sur sa marmite, il entreprit de changer en augmentant les quantités. Et, finalement, il mit la main sur une boisson avec plus d'alcool que d'eau dedans, peut être était elle venu à lui d'elle même, peut être voulait elle être bue qui sait... Il ne la laissa pas toute seule sur le comptoir et entreprit de la boire. C'est à ce moment là que sa compagne de route entreprit de le rejoindre, il en avait presque oublié la présence tiens.

Toujours aussi espiègle, mesquine ou vicieuse, il ne savait pas très bien, elle s'était approché de lui tout doucement et en se raclant la gorge de manière bien peu discrète, elle l'avait fait sursauter. Lui qui s'attendait à une remarque désopilante ne la vit jamais arriver. En fait, elle était même polie, pour une fois, et elle souhaitait vraiment s'installer à sa table. Comment pouvait il refuser pareille compagnie ?

Bien sur, je vous en prie. Faite donc, j'étais justement en train de préparer de quoi manger. Un poulet ça vous tente ?

Néanmoins il ne répondit pas tout de suite à la seconde partie de son interrogation. Il n'était pas encore totalement ivre qu'elle le mettait déjà dans la case pitoyable ivrogne. Une raison de plus de ne pas s'être mis la misère juste avant.

Vous voulez boire un verre ? Je vous jure que je suis pas encore assez soul pour vous confondre avec une fille de joie. Quant à savoir ce qui m'énerve en ce moment, il y en a tellement qu'il me faudrait toute la nuit pour vous l'expliquer. Il la regarda avec un sourire avant de poursuivre. Mais vous avez toute la nuit non ? A ce propos vos "appartements" vous convienne ?

Il savait qu'elle dirait non, ou alors elle était différente de ce qu'il s'imaginait, et c'était sans doute le cas. Il se trompait tellement souvent sur les femmes qu'il ne savait même plus quoi en penser. Et elle, surtout elle, il n'arrivait pas à la cerner. Elle était complexe, elle était bizarre. En même temps qui irait de son plein grès avec un vampire ? Bon d'accord, il était extrêmement mal placé pour parler après son escapade avec Althaïa mais quand même !

Vous trouverez ici un lieu pour vous vider l'esprit et vous remplir l'estomac. On n'est pas tous des barbares chez les rebelles vous voyez....

Haussant les sourcils, de le voir lui proposer de partager ce qu'il venait d'entreprendre de cuisiner, elle hocha brièvement la tête en guise de réponse... Du poulet, rien qui sortait de l'ordinaire ou qui la ferait grimacer... Elle ne mangeait que rarement de la viande, mais puisqu'on cuisinait pour elle, elle n'allait pas faire la fine bouche. D'autant que son précédent repas avait été interrompu et qu'elle était complètement vidée de ses forces en ce jour.

Son regard balaya l'endroit, comme on inspecte quelque chose d'inconnu et surement de peu engageant. Mais elle ne s'en inquiéta pas plus que ça. Ses boucles platine, son teint pâle et ses lèvres sanguines trompaient souvent son monde. On ne la prenait pas vraiment pour un vampire, mais un certain doute s'installait au premier regard. Aussi se fit-elle dévisager par quelques ivrognes... Mais là encore, elle n'en avait cure.

Matis vint à lui proposer un verre, elle répondit alors:

- Quelque chose de fort... De quoi oublier la douleur, je ne sens plus mes jambes...

Elle esquissa l'ombre d'un sourire, simple et franc... Mais se reprit pour contenir son air réservé de chatte sauvage, l'instant d'après. La fatigue intense lui allait bien, elle faisait moins attention à son "apparence", moins attention à ses gestes... Moins attention à tout en fait. Et elle paraissait plus calme, plus docile. Bien que ce ne soit qu'une image... Car à la mention de " fille de joie", elle tiqua méchamment et lui jeta un regard mauvais. S'il ne comprenait pas à quel point ce genre d'appellation l’écœurait, elle allait le lui dire, au moins ne pourrait-il plus dire qu'il n'avait pas fait exprès.

- Vaut mieux pour vous... Ce serait dommage de devoir vous émasculer en publique... En plus, je ne suis pas d'humeur. Vous êtes prévenu...

Elle écouta la suite passivement et haussa à nouveau un sourcils, quand il lui demanda si elle avait toute la nuit... Passer la nuit à l'écouter, pas sure qu'elle y survive... Mais s'il pouvait simplement raconter les grandes lignes, cela irait très bien à satisfaire sa curiosité.

- Ne vous sentez pas obligé de me pourrir ma nuit. Je demande par politesse, vous aviez l'air vraiment en colère. Je me dit que la raison de vos humeurs doit être "importante"... je me trompe?

Et finalement, répondant à sa dernière interrogation.

- Mes appartements? C'est pas comme si je louais une chambre et l'intimité qui va avec, mais ça suffira amplement pour me reposer. Je n'ai pas besoin d'une pièce grand luxe pour trouver le sommeil... Si vous vous figurez encore que je suis une petite fille de bourgeois, vous vous trompez cruellement...

Elle sourit, un sourire à la fois moqueur, méprisant et amusé... Puis elle bifurqua sur autre chose...

- Savez-vous à qui je peux m'adresser pour ce qui est de retrouver le vampire que je suis venue retrouver?

Affichant son médaillon -marqué d'un symbole similaire à celui du blason vampirique, en plus complexe- elle l'interrogea du regard. Fixant ses prunelles couleur pluie dans les siennes. Comme pour y dénicher une demi vérité. S'il reconnaissait lui même le symbole, c'est qu'elle n'était plus si loin de son but premier...

Combien de temps encore allait-elle faire patienter son vampire... ?

Elle reprit.

- Pas que je veuille vous fausser compagnie rapidement mais... Je ne suis clairement pas ici pour vos beaux yeux.

Soit elle était toujours aussi désagréable, soit elle essayait de faire de l'humour et ça ratait complètement... Dans les deux cas, tout était possible avec elle. Et son manque d'habitude à cultiver l'aspect sociale des échanges entre "personne" n'aidait franchement pas....

Matis remarqua tout de suite deux choses chez la jeune femme, la première était qu'elle était fatiguée, la seconde qu'elle ne changerait jamais et finirait bien par avoir sa peau. A dire vrai elle devait sans doute en rêver la nuit, mais il ne comprenait pas comment elle pouvait lui en vouloir à ce point, avait il fait quelque chose de mal ? Ou alors elle juste hyper susceptible, ce qui était largement possible aussi. Après tout, elle avait bien essayée de le tuer puis s'était rétractée quand elle avait été en infériorité stratégique. Elle essayait de profiter de la situation, il comprenait cela même s'il ne l'acceptait pas forcement, mais que pouvait il y faire ? Rien, ou tout du moins, pas grand chose. Alors pour le moment il ne dit rien, ne la lança pas sur un sujet sensible et s'occupa de la faire servir.

Une fois son verre en main il lui tendit avec un petit sourire. Il ne savait pas vraiment à base de quoi s'était fait mais il avait le même verre. Et puis ce n'était pas foncièrement mauvais en sois.

Alors je te donne ceci, par contre je sais pas comment c'est fait, je ne sais pas à base de quoi c'est fait. Tout ce que je peux te dire c'est que c'est loin d'être mauvais et qu'il n'y a rien de plus fort.

A la tienne.

En buvant il la gardait à l'oeil, ne serait ce que pour voir sa réaction face à cette dose d'alcool vraiment balaise. Il avait rarement goûter quelque chose d'aussi fort, mais il savait aussi que les choses qui poussaient ici étaient étrange, de part leur couleur et leur goût. Alors le fait qu'ils produisent de l'alcool digne de la contrebande était tout sauf étonnant. Néanmoins il avait remarqué le regard vicieux et mauvais qu'elle venait de lui lancer. Bon d'accord il n'avait pas utiliser le meilleur des termes pour la désigner et devrait peut être s'en excuser un jour. Mais si elle prenait tout au premier degrés ça n'allait pas être amusant pour un sous... Restait plus qu'à espérer qu'elle change avec le temps même s'il n'y mettrait pas sa main à couper là dessus...

Je vois.. Et l'humour, le second degrés c'était en option à la naissance où la vie t'a rendue aussi aigrie et grinçante qu'une porte de prison ? C'est juste histoire de savoir à quoi m'en tenir avec toi.

Quant à pourrir ta nuit, ne t'en fait pas, on n'est pas marié. Mais ce qui me contrarie c'est que nos chers amis Alayiens vont venir ici dans quelques temps et qu'on ne peut ni ne veut rien faire pour ralentir cette progression. On vient se terrer là et les attendre. Alors oui ça m'énerve, parce que je vois l'histoire se répéter comme lors de leur débarquement. Nous avons tellement attendu que nous n'avons rien pu faire. Alors les attendre à nouveau ne m'emballe pas du tout.

Il n'y avait pas que cela mais il ne se sentait pas l'envie ni l'obligation de lui raconter l'histoire de Luna. D'autant plus qu'elle n'hésiterait pas à s'en servir pour le faire souffrir ou le tourmenter. Alors tout ce que l'on peux éviter de lui donner en terme de grain à moudre était à prendre.

Il écouta avec intérêt le discours de la jeune femme sur ce qui allait lui servir de lieux de repos pendant un temps et ça le fit rire. Comme s'il la prenait encore pour une bourgeoise... Dire que c'était elle qui se trompait cruellement, mais ça il n'avait pas envie de lui dire elle allait encore s'énerver et le menacer d'il ne savait pas qu'elle torture.

Je ne te prend pour personne, tu es trop dangereuse pour qu'on vous sous-estime. Mais effectivement, tu ne pourra pas profiter bien longtemps de la joie d'un foyer, trop de travail nous attend d'ici là.

Pour les vampires je ne sais pas, sans doute à l'un d'entre eux mais je ne sais pas s'ils te causeront. Faudra se montrer gentille avec eux, ou tout du moins éviter d'en tuer trois. Mais je suis déçu, moi qui pensais pouvoir te garder pour moi tout seul, voila que mon plan sur le long terme veux se faire la malle. Me voila dans de beaux draps. Néanmoins, est ce là une note d'humour que j'ai cru entendre ? Ou est ce que mon oreille me joue des tours ?

Réceptionnant la boisson qu'il venait de lui offrir, elle inclina la tête et bu une longue gorgée... Erreur fatal quand on ne connait pas encore le produit que l'on goute. Son regard s'embruma légèrement, ses yeux finirent larmoyant et elle fut prise d'une petite quinte de toux. Haussant les sourcils en observant Matis... Surprise.

- C'est... Spéciale...

Parfait pour ne plus rien comprendre au reste de la soirée... Elle n'allait pas tenir longtemps à cette allure. Aussi se débarrassa-t-elle de son verre après une seconde gorgée. Le délaissant devant elle... Inutile de s'enivrer aussi rapidement. Elle devait rester maitresse d'elle même un minimum. Mais, elle devait l'avouer. L'alcool lui faisait du bien. La suite lui déclencha un violent fou rire... Inutile de se demander si il y avait une part de responsabilité à sa boisson...

- Parce que vous espérez que je prenne bien vos comparaisons avec une fille de joie? Sincèrement vous êtes aussi gauche que ce que peuvent être ivre les hommes à côté du bar.

Elle leva les yeux au "ciel" et secoua la tête.

- Et heureusement que nous ne sommes pas marié! Il faudrait que je sois morte pour ça... Vous ne m'auriez jamais mise dans votre lit vivante... Soyons réalistes.

Le petit clin d’œil était la pour marqué l'humour de la remarque. Mais pas sure qu'ils partagent le même... Quoi qu'il en soit, elle ajouta en écoutant sa réponse.

- Je comprends... L'inaction a quelque chose de très frustrant. J'ai longtemps connus ça avant de savoir me débrouiller par moi même. Mais dans ce cas précis... Dans votre cas. C'est une nécessité. Vous ne pouvez pas les affronter sur Althaïa. Ici, c'est chez vous et vous connaissez chaque recoin de la cité. Il me semble que c'est une sage idée au final. Cela vous laisse le temps aux préparatifs de bienvenue. Enfin... Je dis ça, mais je ne connais rien à la guerre. Je suis une enfant de l'ombre... Rien de plus.

Elle lui sourit, un sourire à la fois taquin et sincère... L'alcool commençait à lui tourner la tête et elle se sentait étrangement bien, en sa compagnie. En oubliant presque son vampire... Presque. Parce qu'il n'y avait pas réellement une minute qui puisse s'écouler, sans qu'elle n'y pense, se l'imagine ou tente de se souvenir de sa voix...

Son regard se fit joueur et elle haussa les sourcils bien haut, tandis qu'il annonçait être déçu de ne pas pouvoir la garder pour lui... Le rouge vint lui picoter les joues et elle détourna le regard, toujours mal à l'aise lorsqu'on faisait d'elle le centre de la discussion. Et toujours "plus!" mal à l'aise, lorsqu'un homme lui faisait des avances, même de façon détournée. Elle se concentra alors sur la fin et répondit, tout sourire.

- Il semblerait que je sois capable d'un brin d'humour, lorsque la lune s'aligne avec certaines étoiles, que les dragons dansent avec les Baptistrels et que les elfes copules avec les vampires... Ou quelque chose du genre. Ça n'arrive qu'une fois tous les siècles, tu devrais essayer d'en profiter. Ce soir est un grand soir...

Son demi sourire en coin, lui donnait un air tout à fait chipie... Elle savait plaire, savait sourire au homme... Même si elle détestait leur comportement, c'est quelque chose qu'elle faisait "naturellement" si elle ne se contrôlait pas, ou ne se maintenait pas dans une attitude froide et distante habituelle. Mais l'alcool l'entrainait ce soir... Et son naturelle reprenait peu à peu le dessus... Elle reprit d'ailleurs son verre et le descendit d'un trait. S'arrachant une nouvelle quinte de toux et un éclat de rire, aussi soudain qu'agréable!

Il sourit à la remarque de la jeune femme, effectivement c’était assez spécial comme breuvage mais bon, qu’y pouvait il réellement ? C’était pas si mauvais après le troisième ou le quatrième verre, et puis ça permettait de penser à autre chose.

Ah ça c’est sûr que c’est pas pour les jeunettes hein ! Mais blagues à part, je sais pas à base de quoi c’est fait et c’est un peu inquiétant quand même. Nouvelle gorgée, nouvelle tête bizarre suivit d’un petit rire avant de retourner à sa cuisson. Mais c’est pas ça qui va nous tuer.

Il écouta avec attention et humour la petite remarque de la jeune femme et lui sourit en lui répondant.

Je ne suis pas gauche très chère. Je le fais juste exprès. Je passe trop de temps à être sérieux depuis quelques mois aujourd’hui j’ai besoin de me détendre. Je m’excuse que cela tombe sur toi.

Remarque s’aurait pu être pire, tu aurais pu être très laide.

Il termina sa phrase en rigolant, en sachant pertinemment que cela ne le ferait pas rire, à moins qu’elle ne soit déjà un peu saoule. Remarque, en écoutant la phrase qui suivit il pouvait déjà se faire une idée de ce qu’elle pensait. La mettre dans son lit hein ? Il faudrait déjà qu’il ai un lit plus grand que sa pauvre installation de campement, et encore pour ce que ça lui servait… Mais il le prit avec humour et tenta un petit tacle à la jeune femme.

Qui te dis que j’ai envie de t’y mettre dans mon lit ? Et puis pourquoi attendre ta mort ? Si, et je dis bien si, j’ai envie de t’y mettre j’ai d’autres moyens d’arriver à mes fins je pense. Mais ne t’inquiète pas, ça risque pas d’arriver car j’ai comme dans l’idée que tu m’étriperais avant que j’essaie non ?

En tout cas elle avait ponctuée sa phrase d’un clin d’œil, pour tout dire ça le mit mal à l’aise car c’était bien là la première marque de ce qui pouvait s’approcher d’affection. Ou alors il délirait complètement… Ca aussi c’était fort possible, et ça ne serait même pas très très étonnant venant de sa part.

Quand elle lui parla de ce qu’il pensait, quand elle expliqua qu’elle pensait que ses chefs avaient raison il ne sût quoi répondre. Il ne voulait pas entendre raison à ce sujet, car c’était sa protégée qu’il avait abandonnée là bas. C’était elle qui subissait les ravages imposés par ce Prêcheur. Ce n’était pas lui qui le vivait, et pourtant il le ressentait comme étant sa propre mort. Il savait ce qu’elle risquait, il avait subit traitement similaire chez les vampires. Et il avait vu de ses yeux ce dont les créatures vivantes son capable pour se faire souffrir…

Vous avez sans doute raison, mais je ne peux rester là à rien faire et attendre juste parce que mes supérieurs me disent de le faire. C’est tout bonnement hors de question et de propos. Mais tu as raison sur le fond, je sais que notre unique chance c’est de combattre ici, sur ces terres.

Au dessus des terres de mes ancêtres. Feu sa mère était une des dernières représentantes d’une vieille famille d’Althaïa. Et la discussion qu’il avait eut avec la vampire l’avait laissé perplexe… Et depuis ? Elle avait tout bonnement disparue, peut être avait elle suivit son prince, peut être avait elle poursuivie son but…

La seule chose qui l’avait fait sortir de sa rêverie ce fut le rire de la jeune femme et son explication sur sa capacité à faire de l’humour.

En profiter ? Mais c’est tout ce que je veux très chère. Comment ne pas profiter de pareille beauté ? S’eut été un crime que de ne pas te le dire d’ailleurs. Quant à cette histoire entre elfes et vampires… Disons que si cela se produisait-il neigerait dans le désert… A minima. Mais j’ai déjà vu pire. Esmelda et son vampire par exemple ? Comment ça c’est hors de propos ? En tout cas c’est prêt. As-tu faim ?

Pas pour les jeunettes... C'était certainement même pas propre à la consommation. Qui sait dans quel état elle se réveillerait le lendemain et surtout, si! elle se réveillerait... Cela ne l'empêchait pourtant pas de boire... Et visiblement, Matis avait la descente rapide... Il en rajouta une couche en continuant sur sa lancée... Effectivement, elle aurait pu être laide. Encore un compliment qu'il détournait étonnamment bien. Secouant alors légèrement la tête, elle leva les yeux au ciel et répondit d'un air faussement dépité.

- J'imagine que je n'ai pas mon mot à dire en ce cas...

L'explication suivante fut de plus en plus brouillon. Elle haussa un sourcils en le toisant du regard, dubitative... Et même carrément perplexe. Qu'il veuille ou non la mettre dans son lit ne l'intéressait pas... Il s'agissait d'une simple pique. Pour le coup, elle plissa les yeux, essayant de suivre son raisonnement et finit par ciller, se donnant un temps de réflexion supplémentaire avant de rétorquer...

- Crois-moi, tu ne voudrais même pas prendre le risque d'essayer...

Une mise en garde tout autant qu'un conseil. Elle savait parfois s'exprimer subtilement. Pour le coup, elle n'avait pas envie de l'entendre en rajouter encore derrière. Qu'il la trouve belle était une chose agréable. Elle faisait en sorte de l'être après tout. Mais l'entendre le dire ne lui plaisait pas plus que ça... Elle savait ce que les hommes cherchent par dessus tout. Un corps pour se réchauffer et s'unir. Chose qui ne l'intéressait guère plus que d'aller se pendre. Soit une activité qu'elle associait trop facilement aux catins... Elle gardait d'ailleurs de son enfance, de trop bon souvenir de la chose. Ce qui avait finit de la dégouter de ce genre d'échange. Bref, elle ne voulait pas que leur échange échoue vers quelque chose de semblable.

Elle l'écouta à nouveau et le trouva très "honnête" tout à coup. Il savait qu'elle avait raison, mais il ne voulait pas se raisonner... Étrangement, elle sentit un brin d'empathie pour lui...

C'était sans compter qu'il revienne à la charge... Elle lui jeta un regard réprobateur... Mais l'alcool lui embrouillait les idées et elle ne savait plus très bien si elle se devait d'être en colère, ou si elle était simplement flattée... Elle glissa alors quelques mots, l'air de rien...

- Cesses donc de te répéter... Vil flatteur.

Son sourire en coin, en fin de phrase, annonçait l'amusement qui dictait son humeur. De quoi rassurer Matis, elle n'était pas fâchée. En tout cas, elle n'en donnait pas l'air... Il pouvait d'ailleurs se féliciter de l'avoir faite cuver un peu d'alcool, leurs échanges serait moins froid...

Quant à sa réplique. Elle haussa de nouveau les sourcils.

- Vu pire? De quels genre de couple s'agit-il?

Elle rit légèrement et secoua légèrement son verre pour se faire resservir.

- J'ai une faim de loup... Mais, ta boisson donne soif... C'est un cercle vicieux... Tu me ressers?

L'interrogeant du regard, elle ajouta l'air de rien.

- Promets-tu de me ramener sagement au dortoir, si je m’effondre après un trop plein d'alcool? Après tout je suis là pour que tu ne cuve pas seul...

Bah voyons... Non, elle avait envie de s'enivrer à présent. Souffler... Quelque chose qu'elle ne faisait visiblement pas souvent...

Il l’écoutait parler et lui sourit avec un petit air entre malice et ivresse, enfin ivresse, il n’était pas, et était même loin d’être ivre. A dire vrai il tenait encore bien la bouteille le bougre. Mais il profita de la proposition de la jeune femme pour la resservir en alcool et lui apporter une assiette pour manger. Le repas, un simple poulet rôtit avec son accompagnement de légume et de féculent, arriva dans des assiette de terre cuite et de simple couverts de fer. C’était certes un repas très simple, mais c’était fait avec passion et amour de la cuisine. Comme dans la bataille, le jeune homme se donnait à fond dans la cuisine car c’était bien là quelque chose qui le détendait et lui faisait du bien. Nombreux étaient ceux à le prendre pour un fou ou les esprits savaient quoi d’autre. Un soldat qui passait presque autant de temps à faire la guerre qu’à cuisiner n’avait pas l’esprit tranquille si l’on écoutait ces personnes là. Et pourtant c’était bien ce qu’il faisait, et il le faisait plus que bien. Du moins, il était sans doute mal placé pour se juger lui-même, mais il avait déjà eu quelques convives qui ne regrettaient pas d’avoir été servis par ses soins.

Oui, cette boisson donne faim et soif. A la vérité je soupçonne le tenancier local de le faire exprès pour pouvoir nous prendre l’ensemble de notre solde. Mais quoi qu’il en soit voila de quoi manger, il en reste un peu s’il t’en faut plus.

Avant de commencer le repas il resta silencieux un instant. Un instant qui dura un long moment pour lui car il se remémorait les morts et ceux qui allaient sans doute perdre la vie dans les jours à venir. La bataille qui s’annonçait était loin d’être facile à mener et il ne faisait aucun doute que beaucoup périrait… Si ce n’était pas le cas de tous à ce sujet. Mais il quitta ses sombres pensées pour revenir à sa discussion avec livilith.

D’accord, j’arrête avec mes flatteries, de toute manière tu ne sembles pas être fille que l’on gagne avec ce genre de chose exact ? Quoi qu’il en soit j’ai vu pire mais je n’en dirais pas plus. Je perdrais bien plus que ma vie et c’est pas le genre de chose que je veux connaitre immédiatement si tu veux tout savoir.

Quoi qu’il en soit, mange tant que c’est chaud !

Il resta stupéfait un instant quand il entendit la dernière phrase de la jeune femme, l’alcool commençait sans doute déjà à faire effet et elle ne devait plus se rendre vraiment compte de ce qu’elle lui disait. Mais cela le fit beaucoup rire quand il prit le temps d’y penser sereinement. Comme si, lui, allait profiter de sa situation de faiblesse… Quoi ? Il n’avait jamais fait ça… Pas vraiment en tout cas.

Ne t’en fait pas très chère. Tu resteras sauve dans tout ton être et je te ramènerais tranquillement et gentiment à ton lit sans profiter à un seul moment. De toute manière il faudra que tu soit en grande forme pour demain, si tu veux impressionner mes collègues. Et je ne doute pas un seul instant que tu le fera, tu es trop bonne dans ton métier pour te rater sur un simple examen. Surtout quand je vois la concurrence… Des paysans et d’anciens gardes. Rien qui ne te soit hors de portée je pense.

Il resta silencieux un instant et continua de manger. Pour le coup c’était pas trop mal ce qu’il avait préparé, un peu léger au niveau de la sophistication mais ce n’était pas mauvais. En même temps il n’était pas cuisinier royal, il avait le droit de ne pas rougir en présentant pareil repas à sa compagne de beuverie. Mais ce qui le turlupinait pour le moment c’était la raison qui poussait la jeune femme à chercher un vampire. Il voulait savoir, et il sentait que c’était le moment de demander. L’alcool, merci à ça d’ailleurs, commençait à faire son effet et à délier les langues et les esprits.

D’ailleurs, tu pourrais m’expliquer une chose ? J’ai du mal à comprendre comment une jeune femme en pleine santé s’est lancé dans la quête d’un vampire… Tu veux le tuer ?

Elle par contre, elle arrivait facilement à saturation de ce qu'elle était capable d'ingurgiter en gardant un semblant de tenue... Aussi ne continua-t-elle pas sur cette voie, boudant son verre, pour préférer l'écouter papoter. L'observer aussi, pare qu'elle était curieuse et que chaque mouvement avait une signification... Et parce qu'il n'était avouons-le, pas si désagréable à regarder que ça...

Acceptant la nourriture, elle ne tarda pas à entamer son plat... Se faisant silencieuse pendant quelques instants... Il fit la remarque sur les flatteries et elle sourit en reposant sa fourchette...

- Disons que ça peut, mais j'ai besoin d'un soupçon de subtilité... Ce qui n'est pas quelque chose de concevable chez les hommes visiblement. Tout et tout de suite. De plus, je ne compte pas offrir ma virginité au premier venu, ce serait du gâchis... Pas que je me réserve pour un quelconque, futur mariage, mais disons que j'....

S'interrompre était quasi vital, elle était en train de parler si ouvertement que le choc fut soudain lorsqu'elle en prit réellement conscience. Ses joues virèrent au pourpre et elle vint se passer une main sur le visage, pas du tout à l'aise. Si donner des renseignements sur son état, était en soit quelque chose de bien trop personnel pour être balancé au détour d'une conversation... Le faire devant un homme qui passait son temps à la taquiner et la flatter était carrément idiot. Elle s'en serait mordu les doigts, si elle l'avait pu... Soupirant, elle lâcha un bref rire, le genre rire jaune... Puis relevant le regard sur son interlocuteur, elle laissa un instant planer le silence et reprit comme si de rien était.

- En forme pour demain, ça oui... Enfin je ne veux insulter personne, mais même dans cet état, je ne suis pas aussi faible qu'on pourrait le croire... Ou alors, je l'espère. Enfin, quoi qu'il en soit... Une nuit de sommeil ne me fera que du bien, j'ai assez vadrouillé dernièrement. La faute à qui?

Elle posa un regard accusateur sur lui, puis petit sourire en coin, continua...

- Je ne doute pas que tu n'abuserais pas, ce serait vraiment moche... Et tu passerais pour une sorte de forcené, pitoyable... Ou quelque chose du genre. Et à mon réveil, je viendrais certainement te trouver... Sauf si je ne me réveille pas... BREF! Oublions tout cela, veux-tu? Je ne vois pas pourquoi je continue la dessus...

Le silence à nouveau, quelques coups de fourchettes... Puis la question fut abordée... Simple, curieusement et légitime au final... Elle ne s'y attendait pas forcément, si bien que lui remémorer le pourquoi de sa venue eue pour effet de la faire redescendre légèrement sur terre. Elle esquissa une moue boudeuse... Effectivement, elle cherchait Sylath, et tout ce qui était en train de se passer ne jouait qu'a la ralentir. Boire lui avait fait oublier pour quelques minutes son but principale. Le vampire... Et quel vampire!!? Le Millénaire...

Son silence put ainsi mettre la puce à l'oreille à Matis, c'était un sujet sérieux et elle était effectivement là pour quelqu'un de précis.

Son regard flotta un moment dans le vide, avant qu'elle n'expire lentement, se décidant à répondre avec calme.

- Disons que nous nous sommes donnés rendez-vous. Nos avons juste oubliés de stipuler un jour et une heure... De ce fait, j'ai perdu mon temps en recherche... Je suis quelqu'un de plutôt censé. Je ne compte pas essayer de tuer qui que ce soit, ce serait d'ailleurs un sacré crime que de priver le monde de celui-ci...

Elle ne pu réprimer le sourire tendre qui vint la prendre... Penser au vampire était quelque chose d'apaisant... Parce qu'elle avait ce souvenir de lui qui demeurait... Calme, paisible. N'usant que d'un minimum de gestes et de paroles. Il était somptueux, gracieux... Noble... Difficile de cacher ce qu'il pouvait bien lui inspirer, l'alcool était toujours là et elle n'était pas en état de contrôler ses expressions.

En une petite grimace, elle ajouta, d'un ton presque trop sensuel pour passez inaperçue...

- Je veux simplement le rejoindre... Ce n'est pas n'importe quel vampire...

Une révélation qui apportait avec elle son lot de questionnement pour le rebelle... Pourvut qu'il ne les pose pas.

En tant que soldat, et d’autant plus en tant qu’officier Matis était habitué à entendre des choses diverses et variés sur tout ce touchait de près ou de cette chose si subtile qu’était le sexe. Mais là il allait quand même avouer qu’il ne s’était pas attendu à la suite du discours de la jeune femme. Pourquoi ? Peut être parce qu’au vu du début de leur « relation » il ne s’imaginait pas qu’elle oserait parler de ça dans les premiers repas qu’ils partageraient. Mais bon, ceci était fait il ne savait pas quoi dire. Il ne s’y attendait tellement pas qu’il conserva sa fourchette dans la bouche avec un air niai. Et, finalement après un instant qui lui parut bien long, il retrouva son esprit.

C’est donc tout en rigolant et en essayant de rester sérieux qu’il lui répondit.

Ecoute, on va faire comme si je n’avais rien entendu hein ? J’imagine que pour toi c’est ce qu’il y a de mieux à faire… De toute manière j’ai déjà oublié tout ce que tu viens de me dire.

Et je suppose que si j’en parle à qui que ce soit tu me feras la peau en utilisant des compétences pour le moins violente. Et, comme je tiens encore un tant soit peu à la vie, je ne te ferais pas ce plaisir de te donner une raison de m’éviscérer vivant.

Evidement c’était loin d’être le cas. Qui aurait pu oublier pareille déclaration en si peu de temps, mais il savait aussi que ne pas en tenir compte était quelque chose d’essentiel s’il voulait vivre tranquillement. De toute manière elle lui ferait payer au prix fort tout rappel de cette soirée et de ce qui avait été dit sur ce sujet extrêmement sensible.

En attendant, la capacité de la jeune femme à changer de sujet de cette manière. Cela faisait un peu, « hey regarde là bas une licorne ! » uniquement dans le but de détourner la conversion et faire oublier tout ce qui avait été dit précédemment. Mais ce n’était pas uniquement ça sa force parce que ce qu’elle lui disait avait du sens en plus et était même une petite pique, comme d’habitude en même temps. Il se demandait si elle était toujours comme ça ou si elle changerait avec le temps. Mais en attendant il ne pouvait pas faire autrement et rester calme et surtout, ne pas rigoler à ses paroles.

En tout cas ce n’est pas à cause de moi. De un tu m’attaque alors bon hein… Mais pour demain il ne faut pas s’inquiéter car tu n’aura rien à craindre demain, à moins de devoir me défier en duel aux armes demain, tout devrais bien se passer.

La suite de la discussion repris encore la teneur de la première partie et c’était vraiment étrange car cette fois il ne fit que rigoler sans pour autant se montrer désagréable.

Oui tu as bien raison on ne va pas parler de ça tout de suite hein. Franchement comment tu fais pour toujours revenir là-dessus… Tu as l’alcool mauvais ?

Il finit par rire sans rien dire de plus.

Mais la suite de la discussion allait enfin être intéressante, enfin vraiment intéressante bien plus que la première partie du discours. Mais il devait penser à autre chose parce que commencer à parler de vampire en ayant en tête les explications scabreuses de la jeune femme sur ses activités nocturnes.. Ou plus exactement, l’absence d’activités nocturnes….. Bref, pensez à autre chose pensez à autre chose. Et cette discussion à propos du vampire allait l’aider à penser à autre chose qu’à imaginer la jeune femme en train de… Attention zone sensible !

Il secoua son esprit et sa petite tête avant de lui répondre.

Parle moi en alors. SI ce n’est pas un vampire ordinaire c’est qu’il doit être vraiment étrange, il boit du sang de coyote au lieu du sang humain ? Ou alors il t a promit l’éternité et tu accours vers lui pour partager sa non vie ?
C’est quelque chose du genre ?

L'histoire ne devait pas s'éterniser... En tout cas, elle n'avait aucunes envie qu'il en débatte... Et si passer du coq à l'âne ne passait pas inaperçue, elle s'en fichait. Cela dit, ça ne l'empêcha pas de faire de petites remarques, lesquelles elle balaya rapidement.

- Exactement, on va faire comme si tu n'avais rien entendu, il n'y avait rien à entendre... Et je ne parierait pas sur ta survie si ça venait à passer la barrière de tes lèvres pour informer qui que ce soit...

Elle ne plaisantait pas, après tout, elle était venue pour lui tenir compagnie -pour qu'elle raison au juste? elle même ne le savait pas...- et voila que ce petit tête à tête tournait mal... Manger, boire et dormir, voila ce qu'elle aurait du entreprendre dès le début. Parler n'était pas franchement ce qu'elle faisait de mieux et surtout pas alcoolisée... Elle n'avait jamais vraiment été ivre, boire par gout de l'alcool, plus que par gout de l'ivresse. Voila ce qu'elle préférait... Et s'arrêter avant le point de non retour, une règle qu'elle n'outrepassait pourtant jamais.

Reprenant le cours de la discussion elle enchaina.

- Je serais ravie de te prendre en duel... Cela me donnerait une bonne raison de te botter les fesses. Après tout, tu as un peu profité des choses dans les plaines. J'ai la rancune tenace.

Le sourire qu'elle lui offrit était teinté d'une cruauté trop gracieuse pour être flippante, mais pas moins sournoise... Si elle avait quelque chose à lui reprocher, il pouvait être sur de devoir payer, tôt ou tard. Mais pour ce qui venait de se passer, il y avait de grande chance qu'elle se venge gentiment, à sa façon... Ainsi, il écopait de menace, mais en toute amitié!

Concernant sa question sur l'alcool mauvais... Elle le fusilla du regard et rétorqua non sans une pointe acide... Pas vraiment amusée de le voir rire d'elle. Encore une qui voulait bien rire des autres, mais qui n'aurait pas permit qu'on se moque d'elle!

- L'alcool mauvais, hein ? ... Je peux te montrer ce que c'est pour que tu fasse la différence si tu le désires vraiment...

Mhh, tout homme doué de réflexion saurait à cet instant que c'est le moment ou il ne faut rien dire...

Le voyant lutter en l'observant, elle finit par hausser les sourcils, se demandant s'il y avait un soucis. Un bout de quelque chose coincé entre les dents. Une tache sur le visage... Puis elle tiqua en le voyant secouer la tête.

Il valait mieux pour lui qu'il ne revienne pas sur le sujet, car s'il était en train de se poser des question intérieurement ou qu'il la détaillait avec une attention trop particulière, il risquait effectivement gros... Ou en tout cas, assez gros pour qu'elle ne soit plus la gentil compagne de bar qui s'enivre et dévoile des bribes personnelles de sa petite vie...

Concrètement, il n'allait pas aimer la suite, s'il ne passait pas l'éponge sur sa bourde... Et heureusement pour lui, ce fut le cas!

- Étrange?

Elle manqua s'étrangler avec sa bouchée de nourriture, tant l'adjectif collait si mal à Sylath. Il était certainement tout sauf étrange! Quelle barbarie que de l'associer à un tel mot... Elle secoua la tête brièvement.

- C'est un "vieux" vampire. Dragonnier de surcroit... Il est tout sauf étrange si tu veux mon avis...

Son petit sourire en coin réapparut, elle vint se mordre la lèvre inférieur en lâchant un petit rire, secouant à nouveau la tête.

- Je ne pense pas qu'il s'intéresse au coyote... Et il ne m'a rien promit du tout.

Étrangement, le rouge revint à ses joues.

- J'ai des questions à lui posée, il m'a promit une entrevue, rien de plus... C'est un vampire bien moins sauvage que les autres visiblement. Avec de l'éducation... De bonnes manières. Concrètement, il n'a pas cherché à me vider de mon sens, alors, ça tombe sous le sens, non?

Puis terminant son assiette...

- Bien, il se fait tard et je suis largement trop alcoolisée pour continuer à discuter sérieusement sans dévoiler des choses que je n'ai certainement pas envie de partager avec toi. Nous nous disons à demain en ce cas... hm ?

A présent, sa tête lui pesait et l'envie de dormir était difficile à chasser... Comme si avoir le ventre plein avait déclenché son alarme biologique lui intimant que c'était l'heure d'aller se coucher... Elle se releva alors, trop brusquement et manqua tomber à la renverse... Se réceptionnant en s'accrochant à la table discrètement. Venant reposer ses deux opales sur Matis, elle lâcha un juron, contrariée... Si elle rejoignait son "lit" en titubant, il n'en finirait pas de la chambrer... Et si elle demandait un coup de main, il allait sans doute se moquer tout autant. Elle souffla un instant, puis se redressa aussi vaillamment qu'elle le pu...

- Je ne me suis pas rendue compte que... l'effet était... Enfin c'est...

Difficile de trouver ses mots, cette fois la coupe était pleine... enfin vide. Enfin... bref!

- Je vais sans aucuns doutes retourner d’où je viens, en titubant grossièrement... Tu peux dores et déjà te moquer...

Et elle entama sa démarche, ne s'en sortant pas si mal que ça. Tanguant de ci, de là... Mais faisant preuve d'un contrôle tout à fait respectable...

Il la regardait lui parler une nouvelle fois de toute cette mauvaise histoire. Enfin mauvaise histoire, c’était quelque chose dont il n’avait plus vraiment l’habitude depuis ces derniers mois, voire ces dernières années. En même temps cela se comprend parfaitement, quand on passait plus de temps à faire la guerre que discuter calmement avec les autres… Disons juste qu’il ne prenait plus vraiment le temps d’écouter les autres réellement et d’avoir des discutions déconnectées de la réalité et sur un ton décalé. Même s’il gardait à l’esprit le fait qu’il risquait un peu sa vie s’il parlait de cela à qui que ce soit d’autre. De toute manière il ne pouvait pas en parler, il tenait un peu trop à sa vie pour ça.

Il lui sourit une nouvelle fois et lui répondit en rigolant.

De toute manière pourquoi est ce que j’en parlerais à quelqu’un d’autre sachant que je risque ma vie à chaque fois que j’oserais parlerais de cela. En même temps raconter les secrets d’une assassine est, de base, une grosse bêtise.

D’autant plus qu’elle ne semblait pas rire en parlant de ça, Matis en riait mais c’était uniquement une façade pour se protéger car il savait très bien ce qu’il risquait. II n’aimait pas voir planer autour de lui cette menace silencieuse d’une mort ou d’il ne savait pas réellement quoi après tout ne faisait elle pas partie du souffle ? Ces gens-là étaient capables du pire car ils connaissaient des techniques parmi les plus mortelles de ce bas monde.

Il finit quand même par sortir de ses sombres pensées au moment où elle parla d’un duel, il était vraiment volontaire pour faire une telle chose…. Quant à savoir s’il gagnerait contre elle, ça c’était un autre point qu’il faudra traiter en temps et en heure.

Oui effectivement je serais moi aussi ravi d’organiser un petit duel entre nous, mais contrairement à ce que tu penses j’ai toute mes chances contre toi… Je dirais même plus, que je pourrais te surprendre. Surtout si je te combats dans de telles conditions.

En l’écoutant et surtout en la regardant faire il se sentit mal à l’aise… En même temps il savait bien à qui il s’en prenait il n’avait donc plus grand-chose à espérer d’elle. Surtout qu’elle venait à l’instant de le fusiller du regard uniquement en parlant d’alcool… Et, en l’écoutant parler il savait parfaitement ce qu’il risquait alors il se mit en position vainement défensive, agitant vainement les mains dans tous les sens il lui répondit en étant visiblement mal à l’aise. La jeune femme le tenait d’une telle manière qu’il ne pouvait pas faire grand-chose de plus.

Heu non, franchement j’ai pas du tout envie de savoir et de connaitre tout ce que tu me propose. Mes rêves et mes désirs sont tel qu’ils n’ont pas besoin de se voir réaliser. Surtout avec toi, sans te vexer hein…

Quoi qu’il en soit il la laissa finir de lui parler de « son » vampire, mais il n’y faisait plus vraiment attention puisqu’il avait comprit qu’il ne s’agissait pas d’une histoire commune. De base il se méfiait des histoires de vampires mais quand il s’agissait d’un dragonnier… Il fallait encore plus garder ses distances.. A la vérité, et comme il ne voulait plus la lancer sur le sujet il la laissa parler sans rien dire et se consacra à son repas ainsi qu’ à son verre.

La jeune femme, après un long moment à parler de vampire décida qu’il était temps d’y aller, Matis hocha la tête gravement et fit mine de se lever pour l’accompagner mais elle refusa, elle était trop fière. Non seulement trop fière mais elle avait clairement mit des limites à leur « relation ». Ce qu’il comprenait et ce à quoi il sourit. Il commençait presque à l’apprécier…

Oui je trouve aussi, c’est pas facile de gérer son effet mais une fois dans le lit et quand celui-ci ne tanguera plus, tu passeras une bonne nuit.

La jeune femme commença à s’en aller tout en tanguant, elle était non seulement fatigué mais elle n’avait pas non plus l’estomac et le foie pour tenir à tout cet alcool. En même temps il n’y avait pas beaucoup de monde capable de soutenir pareille boisson dès la première fois. Mais elle, elle s’en était pas mal sortie.

C’est donc tout naturellement en soulevant son verre qu’il lui répondit.

Ne t’inquiète pas ! Je ne me moquerais pas. Soit forte et combat ton alcool et demain tu vaincra tout ce qui se présentera à toi !

Soit forte et tu retrouvera ton vampire !

Tout avait été dit, et il s’était peut être fait une compagne d’arme avec qui il pourrait croiser le fer et combattre leurs ennemis ensemble… Il savait qu’elle arriverait à mener à bien sa recherche, il l’espérait pour elle mais ce qu’il avait actuellement en tête était différent… C’était la bataille qui s’annonçait qui occupait tout son esprit….