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Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE

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Dawan Sywel
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Baptistrel Chanteciel

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MessageSujet: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeJeu 16 Oct 2014 - 14:41

Nous étions le 18 mars, dans la nuit. Une heure avancée de la nuit, et pas celle des pseudo-fêtards qui s'estiment rebelles en retrouvant leurs édredons lorsque minuit vient tout juste d'étendre son aura faite de silence et d'interdits. Non non, cette heure-ci était bien plus fourbe. Il devait être deux, trois heures du matin. C'était une heure où il faisait bon d'être réveillé: cela donnait l'impression d'avoir fait une nuit complète, achevée, reposante, et de bénéficier pour démarrer sa journée de temps supplémentaire par rapport au commun des mortels.
Dawan ne dormait pas. Pourtant, ce n'était pas faute d'avoir des journées bien remplies. Entre les soins divers et variés, les leçons, les "pauses" qu'on lui offrait et qu'il passait sa vièle à la main, son énergie avait de multiples raisons d'être dépensée, et il avait de multiples raisons de trouver raisonnable de se coucher tôt. Mais, bah ! Il faut bien que jeunesse se fasse. Qui n'a jamais fait de folie, une nuit, du haut de ses 140 ans ? Qui n'avait jamais surestimé les capacités de son corps ? À cet âge, l'intérêt d'une longue nuit de sommeil s'oubliait, parfois...

Pourtant, Dawan avait commencé par un peu de sommeil. Puis il s'était réveillé, et avait constaté que la nuit n'était pas terminée. Il l'avait deviné au silence qui l'entourait, au peu de monde à l'extérieur. Les lueurs bleues des roches d'Aigue créaient une étrange luminosité qui avaient, en début de séjour, troublé son horloge biologique. Il s'était habitué. Mais cette nuit-là, il voyait en elle comme une invitation. L'apprenti baptistrel connaissait bien trop peu d'invitations pour se permettre d'en refuser une.
Sortant de la Caverne des Songes, il s'était rendu auprès du Lac. Là, il s'était installé, vièle en main, bien déterminé à jouer, pour remercier les esprits du cadeau qu'ils lui offraient. Un laps de temps dérobé à la vie, un instant d'éternité où le monde paraissait lui appartenir, faire de lui sa pupille, dans l'intimité d'un silence quasi religieux. Un instant de nuit qui savait se faire noble sans être froid, amical et tendre sans chaleur bestiale. Il aurait pu jouer un moment, face aux reflets de l'eau, mais c'était à cette occasion qu'il avait découvert que, la nuit, au sein de CoeurEmpire, il y a des êtres humains qui veulent le silence. Allons bon.
Loin de s'agacer -ce n'était pas dans sa nature-, l'elfe s'était dirigé vers la caverne du souvenir, sans hâte particulière. Là, au moins, les résidents devaient se montrer peu soucieux de l'heure qu'il était, et apprécier sa musique à sa juste valeur. C'est ainsi qu'il dépensa une longue heure, à épuiser ses épaules, bras et doigts, pour ressentir le bonheur de la musique, de la libération et de l'explosion des sentiments. De la solitude. Mais la solitude lui était assez commune pour qu'il n'y prête pas d'attention particulière.

Ceci étant fait, l'Enwr estima sa nuit complète, et prit le chemin qui le ramenait vers la Caverne des Songes, où était sa petite chambre. Ayant bien compris que les sons, à cette heure-ci, importunaient les humains, il avait rangé sa vièle, et... Chantait. Il chantait la musique sans paroles qu'il avait jouée aux morts. Si cette dernière était relativement joyeuse, elle prit de la lenteur et de la mélancolie au fur et à mesure qu'il se rapprochait de son but.
Entrant au milieu des dortoirs rebelles, son chant devint plus faible, par respect pour les dormeurs -car oui, il arrivait que Dawan songe à eux, tout de même. Il entendit dans sa tête la voix de son Cawr, qui ne supportait as ces pseudo-chants murmurés: "plus fort ! Assume ta voix ! Pour qu'un son soit beau, il faut qu'il soit franc, qu'il n'ait aucune honte à vivre !". Ah, si seulement les autres avaient entendu cela, peut-être comprendraient-ils...
Les doigts de l'elfe frôlaient les murs. Oh, c'était éclairé, ici, mais... Il préférait se fier à ses doigts qu'à la lumière, et aux ombres. Trop fourbes. D'ailleurs, un moment d'absence parvint à le perdre, dans ces couloirs. Palsambleu, il ne lui semblait pas être déjà venu ici. Et... Par où était-il arrivé ? Sans inquiétude, son regard passa tout autour de lui. Non, définitivement, il ne reconnaissait pas... Restait à avancer à l'aveugle, jusqu'à ce qu'à nouveau le terrain lui semblât familier. Oui, un bon plan. Il le mit à exécution.

Alors qu'il errait à l'aveuglette, dans les couloirs, laissant sa gorge maintenir la musique et ses pieds créer un rythme régulier pour l'accompagner, un son le fit s'arrêter net, et tendre l'oreille. Il avait cru entendre un cri, ou un couinement, de douleur. Oh ? Un des patients avait besoin de son aide ! Ah, heureusement qu'il était là. Heureusement que les baptistrels étaient venus en Aigue ! Mais... D'où exactement venait le couinement ? Il y avait tant de portes, et... Oh, cela devait sans doute venir d'ici. Sans plus de politesse, avec une grande douceur et en essayant de ne pas faire grincer la porte, Dawan poussa donc celle des appartements d'Ambre Orétoile.
S'il la connaissait ? Mh. Dans la théorie, sans doute, il l'avait sans doute vue alors qu'il aidait ses maitres à s'occuper des multiples blessés. Peut-être. En tout cas, il aurait été incapable de mettre un nom sur son visage. Rapidement, ses yeux gris passèrent sur les ombres qui l'entouraient, désormais. Il leva sa main à hauteur de ses yeux, paume vers le haut, et l'ouvrit tout doucement. Lux, le sort elfique. Il aurait voulu créer une très faible étincelle de lumière, il se retrouva avec la luminosité d'une bougie de bonne qualité. hmpf. Foutu dérèglement magique. Au moins, elle ne lui avait pas explosé entre les mains, c'était un bon début. En tout cas, cela lui permit d'identifier la silhouette endormie de la jeune femme. Il laissa la petite boule de lumière ici, et s'en approcha.

La mine curieuse et inquiète, il se pencha au-dessus d'elle, ses yeux grands ouverts, dans l'espoir de mieux la distinguer. Ses mèches blondes en bataille étaient à peine retenues par un diadème d'argent, qu'il s'était offert dans la journée, et masquaient un peu ses traits. Il portait cape et tunique, aucune sorte d'arme, si ce n'était la vièle, dans son dos. Du bout d'un doigt, il bougea une mèche de cheveux d'Ambre, pour mieux voir son visage, puis lui effleura le bras, pour la réveiller. En douceur, en théorie...
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MessageSujet: Re: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeDim 19 Oct 2014 - 18:11

Des visages qui s’amoncellent en une foule disparate, des regards froids, haineux. Inquiets aussi. Un rassemblement silencieux qui observe avec attention et angoisse… quelque chose. Ambre se retourne, sans comprendre. Elle flotte. Sa longue robe, blanche, ne bouge pas malgré le vent qui semble souffler dans la caverne où ils sont rassemblés. Elle cherche, elle essaye de comprendre. Ce qu’il se passe exactement, pourquoi ces chuchotements qui commencent à grossir dans les rangs dérangés. Elle ne voit rien. Juste le ciel qui prend la place des murs de pierre, juste la nuit qui remplace le jour artificiel de la caverne. Une nuit froide, elle le sent, mais elle n’a pas froid. Elle flotte toujours, mais sa robe a changé. A présent, elle est tachée de rouge, souillée de sang. Le sien ? Oui, mais pas que. Elle ne souffre pas, mais tous ceux qui étaient là commencent à s’enfoncer. A tomber. Le sol se trouve soudainement jonché de cadavres, qui la regardent les yeux ouverts. Qui l’accusent.

La rêveuse frissonna, s’agita dans son sommeil. Ses sourcils froncés laissèrent paraitre une expression inquiète sur son visage endormi tandis qu’elle cherchait à sortir de son cauchemar. Ses lèvres s’entrouvrirent, se refermèrent, se pincèrent, son visage se tourna d’un côté, puis de l’autre.

Elle sait, elle comprend. Elle aurait dû être là. A leur côté. Elle aurait dû les soigner, dû les sauver, tous. Un enfant pleure, quelque part dans cette masse de cadavres. Ambre s’agite. Elle commence doucement à s’avancer, à survoler les cadavres. Elle a l’impression qu’une main va se tendre, l’attraper, l’engloutir. Mais non. Elle progresse lentement, toujours plus haute, toujours hors d’atteinte. Il est là. Il semble innocent, à l’attendre, dans les bras de sa mère. C’est une fillette, elle a jolies boucles brunes, un regard innocent. Elle lève un regard plein d’espoir. Ambre descend. Descend. Le sol semble s’éloigner, l’enfant aussi. La terre tremble. Le sol s’ouvre, engloutit les cadavres. Et la petite fille. Il ne laisse qu’une fleur bleue couverte de rosée. Comme un espoir et un adieu.

La jeune fille s’immobilise. Recroquevillée en position fœtale, elle semble triste et hésitante, ne comprenant pas les jeux de son esprit. Ne sachant où situer cette fausse réalité. Que doit-elle en comprendre ? Comment sortir de ce carcan immatériel joué par les engrenages complexes de son âme ? Les souvenirs se mêlent à l’imaginaire pour lui délivrer des rêves étranges et incompréhensibles. Mais la séquence continuait. Toujours pas finie.

Elle s’approche de la fleur, parvient tout près. S’agenouille. Elle est belle, délicate, fragile… Et pourtant, sous les beaux pétales, Ambre perçoit quelque chose. Un regard. Venimeux. Mauvais. Quelque chose qui semble souhaiter, du plus profond de son étrange existence, la mort de la spectatrice. Danger. Menace. La fleur tremble, remue, devient brume qui grandit, à demi-solide, à moitié volatile. La guérisseuse frissonne, tente de s’éloigner mais, mystérieusement hypnotisée, ne bouge pas. Observe son ennemi prendre lentement forme… et se faire écraser avant la fin. Une botte de cuir, énorme, démesurée, vient de faire son entrée dans son champ de vision. Il est là. Lorenz. Mais il est immense, inaccessible. Et la voix qui sort de ses lèvres est d’une puissance énorme. « Vas-t-en ». S’en aller ? Où ? Pourquoi ? Elle ne comprend pas. Pourquoi ? Pourquoi ? Elle s’éloigne, emportée par cette force qui la faisait voler. Voit le pied se soulever, la fleur, redevenue elle-même, être cueillie. Devenir forme humaine, ou plutôt vampire. Se retourner, croiser son regard. Des yeux de chasseresse. Elle la connait. C’est elle qui…

Réveillée en sursaut, Ambre étouffa un couinement de surprise et de peur mêlée en sentant la main sur son bras, repoussant violemment son agresseur et sautant du lit avec effroi, s’éloignant au maximum de l’ennemi tandis que sa main attrapait le pendentif offert par son Prince posé près de sa couche. Prête à le lancer au visage du vampire qui, sans nul doute, cherchait pitance, elle se figea toutefois en voyant qu’elle s’était trompée. Mince, il ne ressemblait pas du tout à ce qu’elle pensait. Un elfe ? Réellement ? Mais que Dracos faisait-il dans sa chambre ? Tremblante, elle croisa les bras sur sa poitrine menue afin de tenter de reprendre son calme et observa l’individu qui lui faisait face, notant instinctivement l’absence d’arme mais la présence de… qu’est-ce que c’était ? Elle plissa les yeux, pencha la tête. Musique. Vièle. Un troubadour ?

- Je… Désolée.

Elle était sincèrement confuse de sa réaction, d’autant que l’inconnu ne semblait nullement agressif. Rouge de honte à présent, mais toujours pleine d’adrénaline battant dans son sang, elle reprit difficilement une longue et calme inspiration avant de reprendre.

- Qui… vous… êtes ? Pourquoi là ?

Encore un qui allait la prendre pour une folle aliénée…
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MessageSujet: Re: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeDim 19 Oct 2014 - 21:04

Un couinement, un geste violent. Dawan retint son souffle, en même temps qu'il laissait, plus ou moins malgré lui, s'échapper la furie qu'était devenue la jeune femme au visage si doux. Il la suivit du regard, vit qu'elle s'apprêtait à lui projeter quelque chose. Mû par des réflexes qu'il s'ignorait, il se recroquevilla un peu, en s'asseyant sur le lit de la jeune femme. L'objet ne fut pas lancé. Alors, timidement, Dawan rouvrit les yeux, écarta les mains qu'il avait mises devant son torse et son visage, et la dévisagea à nouveau.

Elle semblait aussi surprise que lui, aussi effrayée, et un peu perdue. Alors qu'il n'y avait pas de raison à cela. La situation avait été tout à fait normale. Dawan, par contre, pouvait être surpris. Il était rare que les gens voient en lui un danger. Et il avait fait de son mieux pour la réveiller en douceur. Très vite, l'idée du cauchemar l'effleura.
La petite lumière derrière Ambre l'éclairait en contre-jour, l'apprenti baptistrel distinguait mal ses traits. Des cheveux visiblement assez clairs... des habits de nuit. Il pouvait difficilement deviner plus. Il lui sembla juste que l'arme qu'elle avait voulu lui jeter à la figure n'était pas un poignard. Ah, un... Pendentif ? Pourquoi pas. Il n'y a d'arme que ce que l'on a coutume d'utiliser pour tuer.
La voix de la jeune femme était pleine d'expression. Cela plut à Dawan, qui avait bien plus de mal à saisir le sens des mots quand ils étaient prononcés de manière neutre. Là, il pouvait sentir la peur, la gêne. Un moment il songea qu'il était un mâle, et que les femmes humaines craignaient parfois les mâles, ces derniers pouvant se montrer fort peu agréables envers elles. Oh, tout de même, cela se voyait qu'il n'était pas prédateur, non ? Une patiente lui avait fait remarquer, aujourd'hui, qu'il avait l'air adorable. On ne pouvait pas lui reprocher dans la même journée de paraitre dangereux...

"- Je suis Dawan. Vous n'avez rien à craindre de moi. Détendez-vous, relâchez vos épaules. C'est un joli objet que vous tenez dans votre main. N'allez pas l'abîmer pour moi, cela n'en vaut pas la peine." lui murmura-t-il, de sa voix trop aiguë pour un mâle, même elfique.

Il se leva, parce que, tout de même, utiliser ainsi le lit d'une dame ne se faisait pas. De l'étui de sa vièle il retira, d'un geste que l'on aurait pu tracer au compas, son archet.

"- Voici ma seule arme. Je préfèrerais la voir se battre à vos côtés, plutôt que vous arracher des larmes. N'y voyez rien de valeureux: c'est un geste égoïste, qui me meut. Votre tristesse m'accablerait de trop..."

Dawan prit l'autre bout de son archet dans son autre main. Ses grands yeux gris s'accrochaient au rayon de lumière qui éclairait Ambre, et il lui offrait ce sourire sans ride que l'on apprend habituellement aux petites filles. Une de ses mains se détacha de l'archet pour décrire un grand demi-cercle devant lui, alors qu'il expliquait:

"- En ces lieux je viens guérir les maux. C'est mon devoir, et une part de mon futur. Mais qui n'apprécie pas le sourire des autres, par nature ? J'ai cru entendre des souffrances, c'est ce qui m'a amené en votre présence."

Il ramena prestement ses mains et son archet près de lui. Quelques pas, il se rapprocha de la petite boule de lumière. On dit que la nuit, tous les chats sont gris. À la lumière, Dawan ne présentait pas beaucoup de différences de couleurs. On aurait cru un monochrome de tons de bruns. Sa tignasse blonde, sa peau dorée, ses habits bruns. Son diadème et ses yeux étaient d'argent, et c'était tout. Pas plus de couleurs. Sa position ne visait pas à mieux pouvoir discerner Ambre. Non, les images ne sont qu'un détail. Il voulait la rassurer, en étant plus qu'une ombre, pour elle.

"- Votre sommeil est agité, si je ne me fourvoie. Quel vil rêve vous ennuie ? Il y a tant de façon de trouver un sommeil apaisé... Nous trouverons, c'est écrit. Est-ce une douleur autrement plus matérielle qui vous fait souffrir ?"

Sa voix était une chanson, désormais. Les mêmes notes qu'une comptine elfique. Cela le poussait à parler lentement. Il avait toujours ce sourire, très doux. Pour le moment, il osait à peine envoyer ses mots effleurer les oreilles d'Ambre. Ce n'était pas de la gêne, pas vraiment. Il avait juste cru sentir que par ce biais, il pourrait arriver à ses fins...
Ce soir, il testait son instinct.
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MessageSujet: Re: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeDim 2 Nov 2014 - 16:54

Réveillée en sursaut, Ambre se tenait à présent debout dans sa propre chambre, observant, frissonnante, celui qui l’avait réveillée. Il semblait à peu près aussi terrifié qu’elle, ce qui était plutôt étrange. De quoi avait-il peur ? D’elle ? Non, c’était impossible, personne ne pouvait raisonnablement se qualifié d’effrayé par la jeune fille à la chevelure d’or et aux yeux d’azur. Et pourtant si. Elle-même se calmait peu à peu, l’embarras prenant petit à petit le pas sur sa crainte. Un homme dans sa chambre en pleine nuit, alors qu’elle-même n’était vêtue de sa plus légère robe de nuit, blanche et finement ourlée de vert pâle sur les manches et le col, voilà qui était surprenant. D’autant qu’elle avait manqué lui envoyer son pendentif au visage. Une vraie folle, à la chevelure pâle en bataille. Et malgré cela, l’étranger une fois ressaisi se présenta à son tour cherchant visiblement à la calmer et la rassurer. Bon, c’était de sa faute aussi si elle était dans tous ses états, mais le geste la toucha. Il semblait dépourvu du moindre égoïsme, malgré ce que pouvait en dire le dénommé Dawan.
Sentant son cœur s’apaiser, la guérisseuse à présent bien réveillée passa d’un geste son arme improvisée autour de son cou avant de croiser ses bras autour de sa poitrine en un geste prude, plissant les yeux pour mieux distinguer les traits de l’inconnu. De l’elfe plus précisément. Une physionomie agréable, un ellenesavait quoi de rassurant dans le regard aussi. Au moins n’avait-il pas cherché à s’approprier son corps pour Dracos savait quelle raison. Et pour cette fois, heureusement que la jeune fille avait perdu l’estime de Lorenz, sans quoi le pauvre innocent devant elle en aurait fait les frais…

- Je suis… Ambre. Oré-toile.

Même en pleine nuit, elle avait peine à prononcer correctement le nom qui l’identifiait et faisait d’elle ce qu’elle était. Tout ceci était fatiguant, vraiment. Et dire que c’était sûrement loin d’être fini… Mais rapidement, elle se concentra sur l’archet que lui présentait Dawan, froncant les sourcils en l’entendant. Il devait donc être un musicien, mais pourquoi disait-il soigner ? Les guérisseurs utilisaient des plantes, pourtant. L’esprit encore embrouillé et se sentant gagner par une horrible migraine, la jeune fille se massa une tempe en grimaçant, totalement perdue. Ce n’était pas une heure, pour les visites de courtoisie, il aurait dû le savoir ! Attendre le lendemain aurait été bien, hein, vraiment. Mais il était venu la… la guérir, apparemment, bien qu’elle ne sache de quoi. Quelque chose ‒enfin, elle‒ l’avait attiré dans la chambre, mais aucun des deux ne savait de quoi il s’agissait. Si au moins elle se souvenait de son rêve, mais hormis la vague idée qu’une fleur voulait la manger pour avoir une petite fille, ou quelque chose comme ca. Il y avait une petite fille dedans, c’était sûr. Et une fleur. Et une chaussure. Mais le rapport entre eux… Et plus elle y songeait, plus la signification de tout cela lui filait entre les mains. C’était d’un crispant…

- Je… plus m’en… souvenir. Vous êtes… musicien ?

Elle sourit légèrement, les joues encore rouges, en s’approchant de lui. Elle distinguait mieux son visage ainsi, les grands yeux et les cheveux clairs. Il était rassurant. Et sa voix était d’une douceur étonnante, comme un baume oral que l’on appliquait sur les cœurs agités. Elle connaissait plus ou moins, cette facon de faire. Soigner autant par l’esprit que par les onguents, telle était sa devise. Mais en faire ainsi l’expérience en tant que patiente était très étrange. Très agréable aussi.

- Dans le rêve… Un-euh fleur qui… voulait… me tuer ?

Cette fois, sa voix se faisait hésitante, comme si interroger l’elfe à ce propos pouvait lui rappeler ce qu’il en était en vérité. Ce n’était pas vrai, mais cela valait la peine d’essayer après tout. Elle remit en place une mèche blonde qui lui retombait devant le visage avant de le dévisager avec espoir.

- Vous pouvez... aider ?

Ce cauchemar lui laissait un goût amer dans la bouche, et comme le sentiment qu’il y avait un danger, quelque part. Qu’elle devait prendre garde. Mais elle ignorait de quoi exactement elle devait se défier. De qui, plutôt. Et si l’elfe guérissait… il lui permettrait peut-être de se concentrer sur son esprit mutin, et sur les affres de son inconscient. Sinon et bien… Ils pourraient toujours bavarder, de tout et de rien.

- Qu’av-ez-vous senti exa..ctement ?

Peut-être s’était-il simplement trompé de chambre… trompé d’âme en détresse.
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MessageSujet: Re: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeJeu 6 Nov 2014 - 18:48

Oh, cette jeune femme connaissait les bases de la politesse, qui étaient de se présenter quand l'interlocuteur s'était lui-même présenté ! Ce n'était pas le cas de tous les humains. Si désormais Dawan n'y faisait plus attention, s'étant habitué plus ou moins à la compagnie de cette espèce. Il appréciait néanmoins cette petite intention. Ambre savait comment entrer dans ses bonnes grâces ! Bon, il n'y avait pas grand-chose à gagner à être dans les bonnes grâces de Dawan, d'autant plus que tout le monde y était plus ou moins, par défaut. Mais elle, elle avait une place meilleure que d'autres. Parce que le son de sa voix était expressif, parce que ses mots… Et parce qu'elle dégageait quelque chose de particulier. De la douceur, peut-être. Et ce réflexe qu'elle avait eu d'essayer de s'armer pour attaquer, mais qu'elle n'avait pas exécuté… Cela n'avait pas échappé à Dawan, bien qu'il n'en dit rien. Elle avait vite réagi, comme une proie attaquée. Mais elle n'avait osé frappé. En cela, elle lui était un peu proche. Mais l'elfe n'avait pas encore réussi à mettre de mots sur cela.
Ses mots étaient hésitants. Dawan ne lui en tiendrait pas rigueur. Pas qu'il en ait l'habitude: il n'avait vu que peu d'humains dont le totem déréglé aurait amené un souci de l'élocution tel que celui-ci. Il avait rencontré des bègues, des gens naturellement taciturnes. Et il avait rencontré les siens, ainsi que lui-même, qui prenaient parfois leur temps pour choisir les mots. Mais en ces cas, la gêne n'apparaissait pas en milieu de mot. On aurait vraiment dit qu'elle avait quelque ennui. Bien sûr, si elle le lui avait demandé, l'Enwr aurait sans doute cherché un moyen de l'aider. La demande n'était pas formulée, il se concentrerait sur autre chose. Et sa nature faisait qu'il ne serait nullement agacé par la prononciation saccadée des phrases d'Ambre.

"- 'Musicien' est un mot plein de sens qui ne sont pas toujours les mêmes. J'apprends la musique, et mon existence prendra fin avant mon apprentissage. Je joue de la vièle à archet, principalement. J'apprends les autres instruments, ainsi que le chant. Je suis un Enwr, un apprenti baptistrel, depuis plus d'un demi-siècle !"

Il était toujours fier de pouvoir dire qu'il était apprenti baptistrel. C'était un véritable honneur que d'avoir pu les rejoindre et bénéficier de leurs enseignements. C'était une chance inouïe, c'était ce pour quoi il était fait, et il l'avait fait ! En fait, c'était différent de la fierté. Le plaisir qu'il ressentait était surtout dans l'énonciation du bonheur qu'il ressentait, qui ravivait d'autant plus la joie liée à cette pensée.
La jeune femme s'avança dans la lumière, Dawan put la dévisager. Ses grands yeux gris découvrirent les traits de son visage, tout en paraissant ne pas bouger. Elle était plaisante à l'oeil, elle souriait un peu. Ah, une bonne chose que voilà ! Et elle paraissait vouloir se souvenir de son rêve. Il avait donc une importance, pour elle… Eh bien soit, ils allaient parler de rêves ! L'Enwr avait rarement l'occasion de tenir ce genre de discussion, quand bien même il aimait beaucoup le monde des songes, les légendes qui y étaient liées, et les mille et unes hypotèses qui tournaient autour, sans qu'aucune se révèle vraiment juste. C'était le monde où tout était possible, tout était réel, sans l'être vraiment. Certains voyaient dans les rêves des symboles. Certains essayaient de tisser des liens entre rêves et réalité. De quel côté était Ambre ?
D'un geste, Dawan orienta la petite boule de lumière. Désormais elle se déplaçait à côté de lui.

"- Asseyez-vous, dame Orétoile…"

C'aurait pu être un ordre. C'était plutôt un conseil. Mais lui resta debout, son archet en main, et son regard posé sur elle sans véritable objectif. Il la regardait parce qu'on lui avait appris qu'il était commode de regarder les gens à qui on s'adressait et parce que, pour une fois, il y pensait.

"- Je passais dans les couloirs… J'ai entendu de la douleur. À quoi ressemblait cette fleur ? Vous souvenez-vous d'où elle venait, et ce qu'elle est devenue ? Savez-vous pourquoi elle voulait vous tuer ? Comment avez-vous agi ?"

Ses doigts le démangeaient ! Rah, bon sang, il aurait fallu qu'il sorte sa vièle, là, maintenant ! Il aurait joué, pour le rêve d'Ambre, il aurait cherché avec elle la musique de son rêve, pour l'aider à se souvenir ! Mh. Peut-être pouvait-il le faire… Peut-être que les murs étaient assez épais pour que les voisins ne puissent les entendre ? Dans le couloir, il serait audible, mais cela avait peu d'importance. À geste lent, prêt à rengainer si Ambre montrait le moindre signe de désaccord, il sortit la vièle de son étui, tout en lui demandant:

"- Qu'est-ce pour vous qu'une fleur ? Quelles pensées vous viennent avec ce mot ? Est-ce le printemps, et la renaissance qu'il apporte ? La douceur, le parfum ? La séduction, peut-être ? La parure et l'idée de beauté ?"

Et si Ambre ne l'en empêchait pas, il allait jouer de la vièle. Jouer suivant les mots qui venaient…
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MessageSujet: Re: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeMer 12 Nov 2014 - 17:30

Quel étrange personnage. Il venait la réveiller en pleine nuit, mais dans le seul but de l’aider et d’apaiser son esprit troublé et agité de mauvais rêves. C’était à la fois complètement incongru et très touchant que d’être ainsi la protégée d’un être aussi particulier. D’un musicien du cœur, qui semblait capable de deviner sans même être présent si une personne avait ou non besoin d’aide ou de soutien. Rapidement, Ambre songea à un baptistrel avant de mettre cette idée de côté, comme incertaine. Ces maîtres de douceur ne seraient probablement pas entrés ainsi dans sa chambre, n’était-il pas ? Elle n’en savait pas assez sur eux pour pouvoir accepter ou rejeter cette thèse, aussi préféra-t-elle faire dans le plus simple et lui demander simplement s’il était musicien. Les troubadours étaient souvent sensibles et compréhensifs, leur douceur se traduisant dans leurs chansons. Il n’y avait donc rien d’incohérent à ce que Dawan se comporte ainsi. Mais non, il venait de lui révéler ce qui occupait son existence depuis visiblement bien longtemps. Apprenti baptistrel ? C’était… incroyable ! Cette fois, les yeux bleus tristes et ternes de la demoiselle se mirent à briller faiblement, trahissant son intérêt. Elle se sentait très attirée par ce groupe distinct d’hommes et de femmes d’une grande sagesse et d’une infinie bonté, et plus le temps s’égrenait et plus, lorsqu’il y songeait, elle rêvait d’être des leurs. Peut-être n’en était-elle pas digne, mais pour l’instant il ne s’agissait que… d’un rêve. Encore. Et puis quand bien même, rien ne pouvait plus l’empêchait d’essayer, si ce n’était peut-être la guerre, le temps qui passait, les besoins de mains prêtes à soigner… Mais quand viendrait le temps de la paix et du repos, peut-être songerait-elle avec plus d’attention à ce chemin qui s’ouvrait à elle depuis sa discussion dans les bois elfiques avec la baptistrelle des étoiles.

- Un…. Enwr ? Elle s’arrêta quelques instants sur le mot, songeuse, avant de reprendre : Ce doit.. être formidable ! Qui est votreuh maitre ?


Non, pas maitre, ils avaient un autre terme, un nom spécifique mais… il fuyait sa mémoire. Pourtant, elle était presque certaine de l’avoir déjà lu, en plus d’entendu. Mais ce n’était pas un nom à employer dans toutes les conversations et elle avait hélas eu trop peu de conversations sur les baptistrels pour s’en souvenir vraiment. A moins que ce ne soit encore un tour de son totem ?
S’asseyant comme le suggérait son invité nocturne, elle fronça les sourcils et ferma les yeux pour tenter de se souvenirs de son rêve. Il lui revenait par bribes, petites parcelles d’inconscient qui ne cessaient de venir pour redisparaitre sans aucun ordre logique. Et la fleur… La fleur ! Plus elle tentait de s’approcher de ce détail, plus il semblait flou. C’était atrocement frustrant.

- Elle est.. bleue ou violette, mais.. elle voulait me tuer, je crois. Ou me… manger. Il y av…ait quelqu’..un ou quel..que chose qui l’en em..pêchait. Elle était… effrayante.

Elle rouvrit les yeux, braquant un regard plein d’incompréhension sur l’élève baptistrel comme s’il possédait toutes les réponses du monde.

- Il y av..ait une… enfant. Morte. Je suis… j’ai couru. Pour fuir. Je crois. Pour la fleur, pas… l’enfant.

Entre ses hésitations sur le rêve morcellé et ses problèmes de diction momentanés, son récit était très hésitant pour pas grand-chose, mais elle ne doutait pas que l’elfe comprendrait. Il semblait très patient en plus de sa gentillesse.

- Une fleur est… pure, douceuh, fragile. Belle. Innocente. Pas… méchante. Elle est simple et.. naturelle. Je ne comprends pas. Je ne me… souviens plus très bien.

Elle soupira, se frotta les yeux, fatiguée, et bailla. Sa nuit avait été courte et était totalement épuisée, pourtant elle avait presque davantage l’impression de se reposer en parlant avec Dawan qu’en dormant. En vérité, c’était son esprit surtout qui était à bout, plus que son corps. Etait-elle faible à ce point ? Hum… Laissant cette désagréable pensée de côté, elle tapota le lit à côté d’elle pour lui faire signe de s’assoir aussi et l’observa avec un œil encore humide de son bâillement. Elle savait pourquoi il était venu dans sa chambre précisément mais il lui manquait un élément…

- Pourquoi ne dormiez… vous pas ? Quand vous reposez…vous ?

Il fallait bien qu’il soit levé, pour venir jusqu’ici. Il n’était pas vampire, que faisait-il donc debour à une heure si avancée ? A moins que lui-même ne fuit ses propres cauchemars… Mais les baptistrels en faisaient-ils, des mauvais rêves ?
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MessageSujet: Re: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeJeu 13 Nov 2014 - 17:59

Il était plaisant de n'être pas le seul à s'enthousiasmer d'un sujet ! Rien n'unissait mieux les bipèdes qu'une passion partagée, et Dawan appréciait de se savoir un intérêt commun avec cette humaine. Il était rare que les inconnus s'amusent à lui dévoiler ce qu'ils appréciaient, comme si c'étaient là des choses honteuses, ou trop belles pour être souillées par le regard d'un autre. Alors qu'il n'y avait rien de plus positif que de partager quelque chose d'apprécié ! Néanmoins, il ne fallait pas non plus se cacher derrière cet unique sentiment. Car si Dawan ressentait bien de la joie par l'engouement d'Ambre, il ressentait surtout de la fierté grâce à ses mots. Ce sentiment lui était assez peu familier, mais il lui réchauffa le coeur instantanément. Il était estimé ! Quelqu'un lui reconnaissait de la valeur ! Bon, elle en reconnaissait surtout à un groupe de personnes auquel il appartenait, un groupe représenté par douze personnes en effet très valeureuses... Mais il y avait un début à tout, et Dawan avait envie de croire que, pour une fois, cela lui était destiné ! Il avait bien travaillé, aujourd'hui, il méritait ce sentiment !
Aussi répondit-il avec autant d'entrain à Ambre, lui donnant le nom de son Cawr sans souci.

L'elfe avait sagement écouté sa camarade aux oreilles arrondies parler de la fleur. Ses doigts l'avaient d'abord démangé. N'y tenant plus, il s'était armé de sa vièle et de son archet et, lentement, comme pour vérifier que cela ne gênait pas Ambre, il avait commencé à jouer. Son regard allait sur ses cordes et sur le visage de l'humaine, pour vérifier que les notes qu'il jouait lui arrivaient et lui paraissaient en accord avec ce qu'elle disait. Il ne fallait pas hésiter dans les notes, même si Ambre, elle, hésitait. Il fallait aller au bout des diverses hypothèses qu'elle avait, et c'était à elle de montrer si, oui ou non, la musique lui rappelait une part de son rêve. Il chercha, comme elle, la couleur de la fleur. Il joua le danger, le danger contenu, en des notes graves, dont la vitesse menaçait de s'accélérer sans jamais véritablement le faire. Il joua la peur, la menace sous-jacente, et l'inquiétude. Son visage s'était fermé, il était devenu grave. Il ne montrerait pas ses émotions autrement que par la vièle. Avait-il peur, lui aussi ?
Ambre aurait pu ne pas le croire, et pourtant, Dawan l'écoutait vraiment. Il demanda, profitant d'une note un peu longuette:

"- L'enfant, l'aviez-vous déjà vu ? Croisé, peut-être ? C'est la fleur qui a tué l'enfant..?"

Il était courant que les rêves utilisent des bribes de souvenirs. La vièle eut des notes sombres, un râle, avant de s'arrêter. Immobile, Dawan écouta la description de la fleur. Au bâillement d'Ambre, il ne bougeait toujours pas, trop occupé chercher une concentration qui lui échappait. Mais il allait y arriver. Il allait réussir à traduire les idées d'Ambre en musique. Les cordes frottées parlèrent d'une nouvelle voix, pour décrire ce que lui avait perçu. Une caresse de nacre, un souffle doux. Pas de fioritures, pas d'entrelacs. Les notes devaient tomber sous le sens, une évidence, et surtout sans obstacles. Une caresse, et une caresse sans sous-entendu aucun. Une mélodie qui donnait l'impression que les cordes étaient à peine frôlées.
Il joua peu de temps, les yeux mi-clos, les traits tirés par la concentration. Mais juste assez longtemps pour n'avoir pas véritablement écouté la question d'Ambre. La musique s'évanouissait petit à petit, rejoignant le silence, l'embrassant pour s'y mêler. Alors seulement il souffla un peu. Alors seulement il songea qu'Ambre était silencieuse. Tournant son regard argenté vers elle, il constata qu'elle ne cherchait pas même ses mots. Ah. Elle avait parlé, il s'en souvenait... Fuyant son regard, ramenant son archet contre lui, il fouilla sa mémoire. Heureusement qu'il avait l'habitude de ce genre d'exercices. Il reformula la question à mi-voix. Oui, c'était cela. Et elle lui avait proposé de s'assoir, aussi. Il accepta, veillant à laisser une distance polie entre lui et Ambre. Il installa avec douceur sa vièle à ses côtés, comme s'il craignait que le sol soit trop inconfortable pour elle.

"- Je me repose quand la fatigue me vient, ou quand l'envie me prend. Mais il se trouve que c'est souvent la nuit. Jadis je me levais plus facilement en même temps que le soleil. En ces lieux... C'est plus compliqué." Il lui offrit un fin sourire. "Et en ces temps, c'est également plus compliqué." Oui, son sommeil aussi était troublé. Mais il n'avait pas vraiment envie d'en parler. Ou peut-être que si, mais il n'en avait pas l'habitude. Il baissa les yeux. Une de ses mains jouait négligemment avec le tissu des draps. Elle cessa bientôt. Dawan porta ses mains devant lui. Il croisa les doigts, joignant ses mains... Puis les rouvrit, brusquement, juste à peine. ce sort devait normalement faire naitre un bouquet entre ses doigts. Il obtint un bouqet si petit qu'il n'était composé que de deux fleurs. Deux fleurs pâles, aux larges pétales. Pas des roses, non... Il les déposa sur le lit, entre lui et Ambre. Elle était totalement libre de les prendre ou non, il n'en avait cure.

"- Je peux vous offrir un sommeil habité de doux rêves en utilisant des sorts elfiques. Néanmoins, ils ne vous protègeront que cette nuit durant. C'est pourquoi il vous faudrait trouver ce qui vous angoisse tant..." Il ne la regardait pas, en parlant. Il jouait, du bout des doigts, avec les pétales d'une fleur. "Je vous prie de m'excuser de la violence de mes mots, dame Oré-toile. Si je vous ennuie de quelque manière que ce soit, un mot de vous m'arrêtera. J'aimerais vous aider à trouver ce qui vous hante. Peut-être est-ce..." Son regard partit presque brusquement vers quelque chose, au loin, dans la pièce. Comme s'il avait vu quelqu'un, ou quelque chose bouger. Ou comme s'il avait entendu quelque chose. Pourtant, sa voix était très calme lorsqu'il lui demanda: "Avez-vous été trahie, récemment ?"
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MessageSujet: Re: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeVen 21 Nov 2014 - 20:10

La musique résonnait doucement dans la pièce, s’introduisant les oreilles d’Ambre, pénétrant son cerveau et transperçant son cœur. La musique était douce, la musique était belle, et l’elfe en jouait si bien que la demoiselle pu se détendre suffisamment pour se concentrer sur son rêve qui, peut-être, paraissait un peu moins flou. Cela ne faisait que réaffirmer l’idée potentielle qu’elle devienne un jour à son tour élève baptistrelle, bien que le nom du maitre qu’il lui avait donné fasse parti de ceux qu’elle ignorait
Toutefois elle ne pouvait que s’inquiéter, dans un coin de son esprit, de ce bruit en pleine nuit, aussi délicat soit-il. Les deux jeunes gens n’étaient pas seuls dans la ville et elle craignait que cet art n’ait pas que des adeptes. Il était impossible de blâmer quelqu’un qui se réveillait furieux d’avoir été tiré de son sommeil par une vièle. Néanmoins personne n’était venu et aucun bruit ne s’était entendre, aussi la jeune fille n’osa pas, afin de ne pas blesser Dawan qui ne souhaitait que l’aider, lui demander de cesser. Au lieu de cela, elle se concentra sur ce qu’il lui demandait, se laissant rentrer en elle-même et fouillant les souvenirs du rêve qui lui revenait par bribes. Ainsi put-elle lui parler de l’enfant qui mourrait.

-Non… Non, ce n’est pas la.. fleur, c’était autre chose.

Elle tenta de refaire venir à elle ce visage enfantin, mais seuls quelques traits flous demeurent. La couleur de ses cheveux, qui luisent comme du bois poli, l’expression même de son regard qui semble attendre une aide et espérer un secours. Ambre serra les paupières, frustrée. Même derrière le voile opaque qui bloquait l’accès au rêve, elle souffrait de ne pouvoir assister la fillette ; et pourtant, il n’en demeurait pas moins qu’elle était incapable de savoir où elle avait vu ce visage. Il pouvait être celui de bien des personnes, allant de la petite fille réconfortée dans la rue pour un jouet cassé à une très jeune malade mourante. Sans doute l’avait-elle touchée mais en un sens, nombreux étaient ceux qui répondaient à ce critère.

-Je ne sais plus. Elle souffla doucement, évacuant sa contrariété. Je ne sais pas qui… el..le est.

Et surement ne le saurait-elle jamais, d’autant que la fatigue n’aidait pas. Peut-être cela reviendrait-il en se rendormant, mais si elle était curieuse de trouver à qui appartenait ce mignon minois, elle n’avait aucune envie de retomber dans les frayeurs qu’il lui avait provoquées. Mieux valait s’intéresser au membre de la communauté elfique, ils avaient assez parlé d’elle. Mais pour toute réponse, elle n’obtint que la voix de son instrument. Non pas que cela lui déplaise mais c’était inattendu. Se laissant aller contre le mur contre lequel était repoussé le lit, la jeune fille referma ses bras autour de ses genoux repliés sur sa poitrine, frissonnante. Non pas de froid ou d’angoisse, mais d’émotion. Il y avait quelque de totalement irréel à se laisser bercer par le son d’une vièle au beau milieu de la nuit, dans la douce lumière d’une sphère magique, en compagnie d’un inconnu venu vous rassurer. D’irréel et d’émouvant, tout comme l’était cette symphonie emplie d’émotions, qui semblait sortir tout droit du tréfonds de l’âme même de son compositeur. Cela eut beau ne durer que quelques instants, ce n’en demeurait pas moins exceptionnel, bien au contraire, renforçant son côté unique et magique.

-C’est vrai qu’être sous t-t-terre n’est guère facile mais notre corps a… l’habitude. Le sommeil est le… meilleur guérisseur qui puisse ex..ister après tout. Et pour vous aussi, même vous souhaitez aider… les âmes tourmentés ; vous avez aussi le dr…oit d’être touché et de vous départir de cette souffranceuh.

Une invitation à parler s’il le souhaitait. Après tout il n’était le seul à avoir dû faire face à la douleur, Ambre sentait que quelque chose perturbait son compagnon nocturne. Elle ne le forçait pas à s’exprimer, il était libre de son choix, mais au moins savait-il désormais que s’il avait quelque chose sur le cœur elle aussi serait là pour l’aider comme il avait apporté son aide. Et qu’il lui offre des fleurs n’avait rien à voir là-dedans, si ce n’était qu’elle piqua un fard avec un sourire ému en les prenant.

-Merci.

Sa voix n’avait été qu’un souffle, mais il exprimait la reconnaissante qu’elle ressentait devant ce geste plein d’empathie et de désintéressement. "La fleur est courte, mais la joie qu'elle a donné une minute n'est pas de ces choses qui ont commencement ou fin." * Ainsi le disait le poète, se souvint-elle.

-Non, vous ne me dérangez…pas. Et votre musique est ma..gnifique.

Elle lui jeta un regard sincère, se doutant qu’il saurait qu’elle s’exprimait sans mensonge. Sur ce point du moins puisque le suivant lui parut quelque peu délicat. Trahie ? Le visage du prince vampire effleura son esprit avant qu’elle ne le chasse sans attendre, le visage défait et les sourcils légèrement froncés par la colère et la tristesse sans même qu’elle ne s’en rende compte.

-Non.

Il disait qu’elle ne savait pas mentir et il avait raison. Quand elle le faisait, cela donnait l’image d’une apprentie débutante tentant d’imiter le jeu d’une comédienne professionnelle et maitresse de son domaine. Mais qu’importait. Elle ne souhaitait pas en parler, Aldaron avait déjà dut subir ses plaintes, il n’était tout simplement pas question que Dawan ait le même traitement. Aussi releva-t-elle la tête qu’elle avait baissé lors de sa réponse négative et, avec un entrain forcé, en oublia qu’ils n’étaient toujours pas seuls.

-Accepteriez-vous de re..jouer pour moi, s’il vous plait ?


*Paul Claudel
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MessageSujet: Re: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeDim 23 Nov 2014 - 17:10

Il laissa la question d'Ambre en suspens.
Son regard s'était glissé vers le plafond, cherchait le ciel au-delà, comme s'il avait pu lui être d'un quelconque conseil. Il ignorait comment s'y prendre… Le rêve de l'humaine semblait s'être effacé avec son réveil, comme un dessin tracé dans le sable qui se voyait lissé par les vagues et le vent. Chercher à ramener le rêve auprès d'eux paraissait bien futile. D'autant plus que, malgré la douceur de l'humaine, son apparent souci de l'aider et sa grande politesse, il sentait sa fatigue, l'espoir qu'elle avait de pouvoir enfin dormir sans souci. Cela le chagrinait, tout de même, de n'avoir ainsi rien pu faire… Il baissa le visage, quelques mèches pâles vinrent masquer son expression aux yeux d'Ambre. Ses doigts jouaient nerveusement avec les manches de sa tunique. Non… Il n'avait pas réussi à l'aider par une méthode. Mais il ne fallait pas abandonner. Il fallait réussir à sauver son sommeil !

Un temps passa, durant lequel il ne bougea pas outre mesure, si ce n'était ses doigts. De temps à autres, il susurrait quelques mots, comme pour évacuer le trop-plein de son esprit malmené. Aussi Ambre put-elle l'entendre murmurer "rêve", "magie", "non", "Merithyn", "il faudrait, il faudrait". C'est sans bouger qu'à un moment, il lui répondit, comme venant brusquement de se souvenir qu'on lui avait parlé:

"- J'ai la chance de pouvoir me permettre des nuits courtes sans que cela ait beaucoup d'influence sur mes journées." Ah, les plaisirs de la jeunesse ! "Je pense néanmoins connaitre l'origine de certaines de mes craintes…" La violence qu'il côtoyait indirectement en aidant aux soins des blessés qui arrivaient ne pouvait qu'influencer son sommeil. Rien n'était plus normal et, quelque part, il estimait que cela valait la peine d'être un peu molesté dans son sommeil pour les beaux yeux des patients. S'il avait eu le sommeil tranquille, ç'aurait été ses éveils qui auraient été complexes. Comment aurait-il pu passer ses journées en sachant qu'il avait volontairement refusé d'aider des vies ? Néanmoins, il ne s'expliquait pas ses rêves à base d'inondations, ou d'éruptions volcaniques. Sans doute les nouvelles qui avaient circulé depuis mars l'angoissaient plus qu'il le croyait… "Oui, il est plaisant de savoir ses rêves aussi durs, pour une réalité plus douce…"

Il parut replonger dans ses pensées. Sentant le regard de l'humaine et sachant l'impatience de ces derniers lors de dialogues, il murmura "Attendez…" d'une voix toute douce, juste pour signaler qu'il ne l'oubliait pas. Elle lui avait demandé autre chose, non ? Jouer pour lui, oui… Sa musique avait l'air de lui faire de l'effet, c'était déjà cela. Il avait souri au compliment, même si, comme tous les compliments, il peinait à les apprécier totalement. Il pouvait jouer, cela ne mangeait pas de pain. Mais cela ne le satisferait pas. Parce qu'il savait que ce n'était pas ainsi qu'il guérirait la petite, l'humaine. Il dodelina de la tête. Finalement, il observa à nouveau la jeune femme, laquelle lui évoquait une grande enfant, désormais. Définitivement, il ne pouvait la laisser ainsi. Il se pencha doucement vers elle et, sans hâte, glissa une des fleurs dans ses cheveux.

"- Je vais jouer pour vous. Mais je puis également vous proposer d'autres choses, si cela vous intéresse. Je peux vous offrir un sommeil agréable, d'un sort. Je peux rester veiller sur vous, sur un mot de votre part. Je peux également devenir l'auditeur attentif de vos futurs rêves, s'il vous en vient d'autres, au souvenir plus marquant…"

Ses doigts décrivirent un étrange cercle autour du visage d'Ambre, sans la toucher néanmoins. Il avait été presque grave. Un petit sourire un peu forcé lui vint. Il reprit sa vièle, et joua. Librement, cette fois. Un air d'ôde à la nuit, aux heures bleues telles qu'on les voyait à la surface, et dans sa forêt natale. Un air pour se glisser dans la musique nocturne, pour dessiner les ombres rassurantes qui permettaient le sommeil. Une musique qui ne craignait pas la lenteur. Presque une berceuse….
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MessageSujet: Re: Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Les morts ne craignent plus l'avenir [AMBRE] TERMINE Icon_minitimeLun 1 Déc 2014 - 21:45

Merithyn ? Rêve ? Magie ? Non ? Quel rapport entre tous ces mots ? Certes, l’elfe chanteur était, à sa façon, magique, d’autant qu’il était un elfe. Mais si ce peuple pouvait n’être qu’un rêve pour de jeunes enfants humains n’en ayant jamais vu, Dawan n’avait pas de raison de le considérer comme tel alors même que lui avait également les oreilles des sylvains. Sans compter leur grâce, leur délicatesse, leur sensibilité, leur… et bien, ils n’étaient pas parfaits, aux yeux d’Ambre, mais toujours plus que les hommes. Mais chacun avait ses pensées, ses songeries, et la jeune femme, bien que curieuse, laissa son visiteur nocturne perdu en lui-même sans le déranger, préférant l’observer avec fascination. Il avait un quelque chose enfantin qui donnait envie de lui faire confiance, cela ne faisait aucun doute, mais elle ignorait de quoi il s’agissait. Les cheveux pâles un peu en bataille derrière le diadème qui les retenaient, les yeux gris rêveurs et pleins de bonté, ou peut-être le pli de la bouche. Un jeune garçon et pourtant ayant sans aucun doute beaucoup plus vécu qu’elle. Quel âge avait-il, cet être mystérieux ? Qu’avait-il vu ? Comment était-il parvenu à conserver sa douce personnalité au fil des ans ? Il avait sans doute beaucoup plus de courage que ce petit minois ne le laissait imaginer. Après tout, il était apprenti baptistrel, il possédait une force mentale remarquable, sans aucun doute, pour souhaiter atteindre ce rang. Pour avoir la patience de continuer.

- Douce ? La réalité ne l’e..st pas toujours. Bien rarem..ent en vérité.

Elle ignorait quoi de ses rêves ou du réel elle préférait. Après tout, l’un comme l’autre étaient pleins de menaces dont elle ignorait parfois la cause. Les deux étaient des tourments pour l’âme, quoi que l’un entrainait en plus avec lui les douleurs du corps.

- Le rêve est moins cruel que notr..e monde, car l’on sait que ce ne… sont que des songes. Et pourt..ant , conclut-elle dans un soupir, il est bien perf-f-fide de tenter de faire croire le contr..aire.

De nouveau, l’elfe ni-vieux ni-jeune sembla se perdre dans les méandres de son âme. Sans s’en offusquer, Ambre laissa son regard dériver vers la petite lumière magique qui les éclairait, songeant à tout et à rien. Tentant de s’imaginer le monde comme s’il n’était qu’une illusion. Cela voudrait dire qu’elle était un rêve, elle, le rêve de quelqu'un d'autre, ou d’elle-même mais dans un autre monde peut-être. Cette idée était perturbante, car elle doutait de pouvoir un jour découvrir la vérité. Sans doute nombreux auraient-été ceux qui lui auraient dit, en lisant ses pensées, qu’elle avait bien assez à faire dans ce monde pour songer à un autre. Mais elle était certaine qu’il n’y avait que les rêves pour mener à bien ses objectifs et réaliser ses plus grands désirs. Elle avait toujours souhaité voir des elfes, des dragons, voyager, et cela s’était réalisé. Pas forcément comme elle l’avait imaginé, mais il fallait bien un peu de mystère et de surprise pour ne pas se lasser de tout. Si chaque évènement était prévisible, alors rien n’avait plus la moindre saveur, il suffirait juste de suivre un chemin atrocement monotone sans pouvoir rien n’y faire. Ainsi donc, même les pires épreuves avaient du bon en ce qu’elle provoquaient une rupture avec la monotonie des habitudes.

Sortie de ses considérations philosophiques par la douce voix de Dawan, elle hocha la tête sans mot dire, le laissant prendre le temps qui lui était nécessaire pour décider. Il avait joué pour elle sur un coup de tête sans doute, une intuition, peut-être était-il plus gêné de devoir ainsi se reproduire sur demande. Elle comprendrait, qu’il refuse. Et ne lui en voudrait pas le moins. Il lui avait déjà offert sa présence, la chaleur d’une rencontre à la lumière de la magie. Et les belles fleurs de l’amitié qu’elle avait toujours en main.

- Je vous remerc..ie. Mais je ne voudr..ais pas vous déran..ger.

Elle leva sur lui un regard de petite fille, un regard qui acceptait de tout cœur sa présence à ses côtés juste pour cette nuit, un regard plein de reconnaissance et d’estime, un regard qui remerciait. Ils ne se connaissaient pas, pour ainsi dire, et pourtant il joua pour elle. Et elle, fragile petite Ambre, s’endormit le cœur apaisé, une main tendue vers le guérisseur de ses rêves, ses blonds cheveux en corolle autour de son visage blanc et formant un écrin soyeux sur lequel reposaient deux fleurs. Les fleurs de l’amitié.
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