Le pauvre homme espérait vraiment que, cette fois, on allait l’écouter même si il en doutait un peu. Après tout, il venait de passer la soirée à essayer de trouver quelqu’un pour l’aider et la réponse avait été strictement la même à chaque fois : non. Un refus qui était motivé par la faible somme offerte évidemment, ce qu’il comprenait également mais hélas il n’avait pas davantage à offrir que cela et même cette simple somme risquait de lui causer des ennuis. Pas aussi gros cependant que si sa femme comprenait ce qui s’était réellement passé ou qu’il ne retrouvait pas son alliance. Cet homme-là était donc son dernier espoir donc, au moins pour la soirée. Mais à force, les jours s’étiraient, s’enfilaient et devenaient des semaines puis des mois… Il ne pouvait pas indéfiniment quémander. Aussi attendait-il avec impatience que l’inconnu se décide à répondre. Il n’avait jamais aimé la façon dont certains mercenaires pouvaient s’adresser à des gens comme lui, ou les regarder… avec du mépris, parce qu’ils ne savaient pas se défendre et qu’ils n’étaient pas bruyants et outranciers, sans soucis du lendemain. Ça le mettait mal à l’aise mais surtout ? Il trouvait cela injuste. Injuste parce qu’il n’était pas moins que ces individus-là même si il n’était pas capable de manier une arme. Néanmoins, il se trouva surpris, et soulagé, de voir qu’on ne le renvoyait pas encore une fois. Enfin !

Bon, certes, la voix de l’inconnu était dérangeante et il avait l’air d’avoir du mal à parler, mais ça ne le regardait pas, tant que l’autre voulait bien lui venir en aide. Il évita même de faire courtoisement remarquer qu’il était déjà assis, mieux valait ne pas le vexer puisqu’il était bien disposé. « Je vous remercie messire » fit-il avec un sourire et de la reconnaissance dans la voix. Il ne pouvait pas vraiment cacher que cela l’arrangeait largement. Tortillant un peu des mains, il se mit à parler. « Et bien c’est un peu idiot… enfin j’en suis vraiment confus, encore maintenant et c’est un peu délicat » Il porta son regard alentours. Il avait simplement dit qu’il avait perdu son alliance pas quand ni comment. Il n’en aurait pas eu le temps de toute façon. Cela dit il pouvait le faire maintenant puisqu’il était assuré que cet homme allait l’aider. « C’était pendant le… le siège de Gloria. Quand les hm… les Alayiens utilisaient leurs armes de sièges, je ne sais pas vraiment comment ils appellent ça… des trébuchets, non ? J’étais dans le quartier marchand, chez un forgerons avec qui je fais affaire, je suis menuisier voyez-vous et j’avais besoin de quelques outils et pièces de métal. En revenant donc, un assaut a eu lieu, avec des pierres qui tombaient partout… Dans la panique, j’ai essayé de rentrer chez moi, j’ai été bousculé et je suis tombé et… et mon alliance a glissé de ma poche, je l’avais enlevé pour tester les pièces du forgerons et les emballer et j’avais oublié de la remettre. Cela fait un moment maintenant mais il faut absolument que je la retrouve ! » Il sera les mains l’une dans l’autre avec un air contrit « Elle est tombée dans les égouts… »

Bien entendu, cela faisait longtemps et c’était ce qu’il craignait effectivement, qu’elle ait définitivement disparue, mais comment cesser de chercher, alors même qu’il s’agissait d’un objet très précieux pour lui ? Il ne pouvait pas simplement laisser tomber ! Et puis, si il ne la retrouvait pas, au moins aurait-il montré à sa femme qu’il n’avait pas pris le sujet à la légère en dévaluant ce symbole de leur mariage qui, contrairement à beaucoup, avait son amour malgré tout. Et puis, l’autre avait dit qu’il l’aiderait non ? Alors cas désespéré ou pas, il voulait au moins essayer ! Au moins affirmait-il qu’il y avait une petite, infime chance de trouver son bien disparu et même si cette chance ne représentait qu’un cheveu alors il voulait l’essayer… Le simple fait de le mentionner était un bon début. Si il ne l’avait pas mentionné c’était qu’il n’y aurait pas eu lieu de même s’arrêter sur cette possibilité. A la demande, il se releva immédiatement. « Bien entendu ! Suivez-moi ! » Et il sortit, emportant un regard mauvais du tavernier qui n’aimait pas beaucoup que quelqu’un entre chez lui sans consommer un petit quelque chose. Aveugle à cette preuve de mauvaise humeur, Jatus Tambur s’en fut au travers du quartier pauvre, guidant l’homme, mercenaire, qui avait décidé de l’aider et le mena jusqu’à une place relativement conséquente du quartier marchand, à l’est de la ville, qui était le lieu privilégié d’un accord entre différents marchands pour collaborer et se venir mutuellement en aide.

Les dalles étaient blanches et régulières, en un agencement qui avait été réparé après la fin du siège de la ville, encadrant une fontaine représentant un oiseau aux ailes étendue sur un piédestal, au centre d’un bassin en forme de cercle dont les bords, au sol, étaient grillagés. Il y avait encore quelques passants à cette heure-ci, les commerces restant ouvert encore pendant au moins une heure ou plus en cette période de labeur important. Mais le lieu était beaucoup plus calme qu’à l’époque du drame. L’homme désigna une rigole grillagée partant de la fontaine et rejoignant un bâtiment proche, portant une enseigne éliminée de forgeron. « Voilà, c’est ici que ça s’est produit » Il désigna la fontaine en suivant « J’avais gagné le bord pour essayer d’échapper à la foule… Je suis revenu plusieurs fois les jours suivant, pour espérer l’apercevoir, mais c’était en désespoir de cause. Je ne sais même pas où se trouve l’accès le plus proche pour entrer là-dessous et je n’ai pas assez de courage pour m’y aventurer » Il jeta à l’homme un regard circonspect mais qui se voulait tout de même poli. « Je ne veux pas vous offenser, messire… surtout que vous êtes la seule personne ayant acceptée de me venir en aide… mais est-ce que vous êtes certain que vous pouvez faire ça ? C’est que… enfin vous avez l’air d’avoir un peu de mal à respirer, je ne voudrais pas vous causer du tort, aussi importante que soit cette course pour moi… »

Et bien voilà ce qu’on gagnait à se montrer prévenant et agréable dans cette vie dit donc. Il n’était pas médecin et s’inquiétait simplement de ne pas tuer quelqu’un même involontairement et pas service interposé. Justement quand on lui rendait service avec beaucoup plus de gentillesse qu’on ne lui en avait montré jusque-là dans cette affaire. Il ne dirait plus rien à ce compte-là et puis voilà ! Au moins comme ça, il serait certain qu’on ne prendrait pas ombrage de ses propos… surtout quand ils n’étaient offerts qu’en un simple souci de son prochain. A la demande qu’on lui fit il hocha la tête et se hâta vers son magasin afin d’y trouver quelque chose qui conviendrait. Farfouillant un moment, il finit par trouver puis ramener sa récolte auprès de l’homme. Alors qu’il revenait, il s’intéressa à ce qu’il semblait avoir fait en son absence avec curiosité. Il y avait encore moins de passant tout autour et aucun garde. A cette heure-ci et dans un quartier aussi peu houleux, il n’y avait pas forcément besoin de patrouilles régulières. Il ne fut donc pas très difficile de descendre là-dessous. Mais qu’était-ce, là-dessous ? Une pièce semblant dotée de proportions communes à de nombreux bâtiments. Une pièce carrée, fermée en dehors d’un conduit en forme de rond courant vers le reste des canalisations. De l’eau stagnait en quantité limitée, formant une rivière souterraine qui n’engloutissait que les pieds et un peu de chausses. Le bruit de l’eau, seul, brisait le silence du lieu. L’eau qui bougeait lorsque l’intrus se déplaçait, l’eau qui gouttait petit à petit dans les conduis ou le long des murs. En dehors de cela, le silence semblait impénétrable… et l’odeur particulièrement immonde. Dans tous les cas, il fallait avancer. Le conduis courrait sur plusieurs mètres et n’était pas éclairé, au contraire de la pièce d’arrivée, entretenue de la chiche lumière de l’extérieur que vomissait la grille. Rond, il était un peu difficile de se tenir correctement là-dedans. Mais le plus difficile était sans doute de ne pas glisser sur un fond parfois envahie d’existences fongiques diverses. Un peu plus loin, en avançant, l’aventurier se trouva confronter à de nouveaux bruits. D’abord celui d’un débit un peu plus important, comme une eau courant dont le tintement indiquait peut-être également une grille de filtre. Ensuite, quelque chose d’un peu plus étrange en la présence de couinements. Oui oui, des couinements, aigus et répétés, insistants. Arrivé devant une intersection, il eut le choix de pouvoir prendre à gauche , vers le bruit de l’eau rapide, à droite vers les couinements ou de continuer, devant l’existence d’un meilleur dallage au fond de l’eau, même si couvert en partie par des saletés, de la mousse et… d’autres choses peu agréables.

Le couloir de gauche était vide de toute vie, certes. Il n’y avait pas beaucoup de vie en ces lieux cela dit… et heureusement ! En revanche, il y avait de l’eau et du courant, pourtant divers détritus qui flottaient, d’abord paresseusement, puis avec plus d’entrain un peu plus loin. Le sol n’était pas visible tant l’eau était assombrie de mousses, d’algues et de saletés, mais on sentait relativement bien le dallage et les inégalités. Parfois, une dalle avait été arrachée, sans que l’on sache pourquoi. Le courant allait plus fort en avançant, jusqu’à l’embouchure d’une grille ouverte. Les gonds qui a soudaient en place avaient été arrachés sur un côté, faisant partir un bout de mur avec et laissant l’eau sale se jeter dans la salle en bas avec enthousiasme en un flot gris vert immonde et visqueux. Cela dit, la salle nouvellement découverte était pleine de curiosités. Elle était rectangulaire, large et profonde, en contre bas. On ne voyait pas exactement quelle était sa profondeur, dissimulée par l’eau et les déchets, mais d’énormes rats de la taille d’un chien s’ébattaient en s’éclaboussant le pelage joyeusement, fouinant à la recherche de quelque chose pour nourrir leur imposante masse. Qu’il s’agisse de déchets ou de viande fraiche, ça n’avait pas d’importance. Viande fraîche ? Effectivement, car, à une certaine distance de la ‘chute d’eau’ se trouvaient des pilotis de bois peu sûr pour la grande majorité. Ils étaient attaqués et mousseux, branlant, mais les accroches aux bords de la salle tenaient bien, faisant simplement tanguer le tout quand quelqu’un passait dessus. Le lieu était fréquenté, si non habité. Près d’une embouchure plus basse sur le versant gauche de la salle, se trouvait une sorte de minuscule tour de garde, où se tenait un homme accroupis avec une arme. Le vacillement bref des pilotis de temps en temps indiquait que d’autres personnes se trouvaient probablement plus loin, d’autant que l’on entendait des voix, renvoyées en échos. Le garde semblait, par sa posture et son angle, surveiller les rats. Au bout d’un moment, un jeune garçon sale arriva avec ce qui ressemblait être un outil pour la pêche, une sorte de filet, qu’il glissa dans l’eau en évitant les rats, pour essayer de ramasser les objets flottant ou engloutis…

De là où ils sont, et occupés comme ils semblent l’être, ils ne verraient probablement pas quelqu’un descendre en rappel depuis la grille. Cependant rien n’indique précisément le niveau des dalles sous l’eau, et les rats ont l’air féroces, contrairement aux ‘créatures des égouts’ sur leurs pilotis. Mais rien n’est certain et les pontons de bois bougent toujours. Cela dit, si la bague se trouve quelque part, c’est soit ici, soit… dans les poches des créatures des égouts.

L’enfant sursauta, au point qu’il fit tanguer les pilotis et alerta le garde qui fronça les sourcils et se releva pour s’approcher de lui alors qu’il tournait la tête à la recherche de la source de cette voix bizarre qu’il entendait. C’était une voix intimidante, un peu comme le serait celle… d’un esprit ? Oui mais il n’était pas lié au Corbeau lui ! Et puis, si c’était un esprit, pourquoi venir dans les égouts alors qu’il y avait de biens meilleurs endroit au-dessus justement ? C’était bizarre et ça l’intriguait autant que ça l’effrayait. Il n’avait jamais entendu de voix dans les égouts à par celles des autres créatures et celles des hommes en noirs qui passaient parfois ou jetaient des cadavres à l’eau…

« Qu’est-ce que tu as, petit rat ? » Petit rat, doux surnom des créatures des égouts pour ce très jeune garçon du nom de Vann, qui traînait plus encore que les autres dans ces mares d’eau insalubre à la recherche d’objets pouvant servir à la vie courante ou à la revente en surface. Le petit rat, donc, se tourna vers l’homme maigre qui se penchait au-dessus de lui avec sévérité. « J’ai entendu un corbeau ! » Dit-il avec de grands yeux effarés, d’une petite voix encore intimidée. « Il m’a dit qu’il était au-dessus de ma tête et qu’il voulait un objet brillant qui est à lui et me demandait si je l’avais ! Il a dit que si je le lui donnais, il me récompenserait »

Mais même une créature des égouts se montrerait sceptique face à une déclaration comme celle-ci, venant d’un si jeune garçon. Etait-il atteint par les miasmes de l’eau et des rats ? Est-ce qu’il s’était cogné la tête ? Était-il fou ? Si c’était le cas, il ne vivrait pas longtemps. « Petit rat… il n’y a pas de corbeau ici, ils sont dehors, dans l’air libre. Et les corbeaux ne parlent pas. Tu ne dois pas te sentir bien » Mais l’enfant insistait, montrant le plafond des égouts de son outil avec, à présent des grands yeux enthousiastes. « D’où venait cette voix, tu le sais ? » Et l’autre de pointer de nouveau le plafond.

Finalement, le garde regarda le boyau ouvert en hauteur, puis demanda à l’enfant s’il avait effectivement des objets brillants. « Oh quelques-uns ! J’ai trouvé une jolie bague l’autre semaine et j’ai plein de morceaux de porcelaines et de verres » Son petit trésor personnel. L’adulte hocha la tête. « Un des autres garnements a dû essayer de te faire une blague, va pêcher ailleurs je vais monter en haut pour voir si il est encore là…. Même si ça m’étonnerait » Le gamin hocha la tête, penaud et déçu et reprit son matériel avant de disparaître dans le conduit de pilotis avec l’adulte parti par une autre issue pour remonter.

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Notes MdJ : Tu es libre de tes mouvements. Le garde va remonter d'une minute à l'autre vers la cachette de ton personnage pour vérifier le conduit, le gamin lui est partit par un conduit à droite sur un embranchement et va se trouver une autre écluse pour sa cueillette

Peu d’individus de la surface venaient là, pour la bonne et simple raison qu’il n’y avait guère de raisons de venir se perdre dans un monde aussi clôt et nauséabond que les égouts de Gloria. De la petite population qui vivait effectivement là, les gardes étaient ceux qui voyaient le plus de monde. Ils voyaient les membres du Souffle lorsque ceux-ci passaient par leurs conduits, pour des missions singulières. Les assassins ne les attaquaient pas, parce qu’ils n’étaient pas une menace, ils n’avaient presque rien à faire avec le monde du dessus, simplement un peu de troc ou de chapardage de temps en temps pour certains, pas de quoi les inquiéter. Ils voyaient également quelques voleurs, et surtout les individus chargés de nettoyer les conduits, lorsque certains étaient bouchés. S’ils ne se cachaient pas forcément des assassins et des voleurs qui ne leur causaient aucun tort puisqu’ils étaient insignifiants à leurs yeux, ils se dissimulaient de leur mieux lorsqu’il s’agissait des nettoyeurs, qui eux auraient alertés la population du dessus de leur présence et qui auraient contraint les leur à fuir ou à revenir à la surface. Et la surface était un endroit dangereux et effrayant pour qui ne le pratiquait pas souvent. Dans l’esprit du garde donc, cela ne pouvait pas être trente-six choses et c’était probablement un ou plusieurs des gamins qui avaient décidés de s’amuser aux dépends d’un autre de leurs camarades. Rien qui ne sorte de l’ordinaire. Il allait grimper là-haut puis les ramènerait après les avoir grondés un bon coup. Ça n’irait pas plus loin. Ce n’était pas particulièrement répréhensible, simplement une blague de mauvais goût comme souvent chez les enfants, surtout chez ceux-là.

Il passa par une échelle rouillée et branlante, remontant un conduit sans faire cas de son fond glissant, trop habitué depuis des années pour le remarquer, lui ou les immondices tout autours, flottant dans l’eau nauséabonde. Finalement, il arriva à l’étage supérieur et prit le conduit à sa gauche pour arriver dans la partie d’évacuation que l’enfant, petit rat, lui avait montré. Comment les enfants étaient-ils montés là-haut d’ailleurs ? C’était dangereux à leurs âges ! Ils ne savaient pas encore bien comment naviguer dans les endroits les moins bien entretenus. Seulement, il tomba nez à nez, non pas avec des garnements dépenaillés, mais avec… une torche. Une torche ? Qu’est-ce qu’une torche faisait-là ? Toute seule, semblant léviter au-dessus du sol. De la magie ? Et qui pouvait s’amuser à utiliser la magie ? Pas les garnements en tout cas, parmi la faune des égouts, seul les chapardeurs usaient un peu de magie, les autres n’en avaient pas vraiment besoin, c’était très loin de leurs considérations habituelles. Quiconque faisait ça… et bien, il ne le connaissait certainement pas, ce que confirma une voix qui se mit à lui parler. Il finit par cligner des yeux et secouer la tête aux paroles qu’on lui adressait. « Il n’y a pas d’émissaires de la surface, la surface n’a rien à faire avec nous autres » dit-il simplement en prenant la torche. Il ne pouvait guère faire autre chose, qui que ce soit cette personne, elle était coincée dans un boyau sans sortie à part celle qui se jetait dans l’écluse d’où il venait et il fallait y braver les rats. Il ne lui voulait pas de mal non plus, en fait, il serait presque parti tout de suite mais de toute façon, qui que ce soit, cette personne l’avait vu, il ne restait plus qu’à espérer qu’elle n’allait pas les faire partir.

« Montrez-vous donc, ce n’est pas moi qui vous ferez du mal. Le seul mal qui pourrait être fait, c’est si une poche de mauvais gaz éclate contre votre torche » Il attendit donc que l’autre se décide à sortir. Si ça se trouvait ce n’était qu’un habitant de la surface venu chercher son bien. S’il acceptait de ne rien dire sur leur présence, il n’aurait aucune raison de ne pas l’aider. Une fois que ce fut fait, il lui rendit la torche. « Vous avez dit chercher une bague ? A quoi ressemble-elle et quand l’avez-vous perdu ? Si elle se trouve ici depuis longtemps vous n’aurez pas beaucoup de chances de la retrouver… »

L’homme des égouts avec des yeux ternes, d’un brun commun et presque tristes, ce en toutes circonstances. Des yeux qui n’avait jamais vu que de mauvaises choses, des choses laides, et fades… La lueur de la torche les faisait cligner, car elle était vive et chaude, deux choses incongrues, ici. « Si j’éteins cette torche, serez-vous aveugle ? » demanda-t-il sans méchanceté. Tout le monde ne se repérait pas ici comme eux. Un individu de la surface préfèrerait certainement ne pas se priver de vision. Et cependant, qu’il le propose était une marque de politesse si ce n’était de prévenance. Autrement dit, cela tendait à lui faire gagner des points auprès de la chose qu’il était. Il écouta donc les paroles de l’homme de la surface, qui disait s’appeler Corbeau. Puis, lorsque celui-ci se tut, il hocha simplement la tête. Un geste représentant davantage son attention qu’un agrément. « On ne trouve pas souvent de tels objets. Quand on en trouve un, on le ramène à la ville en haut, dans un magasin qui connait notre existence, qui prend… ces objets, en échange de nourriture ou d’objets nécessaires à notre survie. Nous nous fichons de la richesse » Il parlait avec détachement. Lui-même n’aimait pas les objets brillants. « Je ne vois jamais ces objets, je ne fais que surveiller… les rats, ou les meurtriers qui passent, rien d’autre. Le petit rat, et d’autres, ce sont eux, qui cherchent et trouvent ces objets. Mais je sais comment se nomme celui qui prend nos trouvailles, dans la ville en haut. C’est un homme du nom de Loge, il tient l’échoppe du maraudeur, dans la ville basse. Si quelqu’un ici en bas a trouvé le bijou de votre ami, il se trouve là-bas, forcément. Nous ne gardons pas les bijoux plus de quelques jours. Quelques semaines si la récolte est mauvaise. Jamais davantage » L’homme observa le Corbeau un instant, avant d’ajouter « Je ne peux pas vous permettre de voir les récolteurs. Beaucoup des nôtres ne voient jamais d’êtres de la surface, ce n’est pas bon de le faire… J’espère que vous n’en tiendrez pas rancune et que vous voudrez bien garder notre existence secrète »

De nuit le quartier pauvre sous la muraille est était un poème de contradiction. Mortellement calme, presque morbidement calme… et pourtant, les tavernes et les maisons de passe miteuses étaient encore bien éveillées, bourdonnantes d’activité, d’odeurs, de sons… Le Maraudeur était une très petite boutique, enfoncée dans une ruelle miteuse, entre une taverne d’où provenaient les rugissements des soudars et une bâtisse à moitié effondrée qui avait dû être une maison avant de subir les attaques des trébuchets Alayiens pendant le siège de la ville. Plusieurs bâtisses de la ville basse n’avait été reconstruites, tout simplement parce que personne ne le pouvait ou ne le désirait, laissant certaines portions du quartier avec des ruines silencieuses et tristes. Presque sous le bâtiment en ruine se trouvait une ouverture vers les égouts, dont les relents, apaisés par l’air frais de la nuit, se faisaient moins immondes. L’enseigne du maraudeur était tordue, rouillée, presque impossible à reconnaître, le nom effacé par le temps… et la devanture n’était pas plus fringante. Le bois était fatigué, grisâtre, et l’embrasure de la fenêtre était condamnée par des planches maladroitement posées. La porte branlante était fermée par un loquet de fer sur lequel était posée une rune étrange. De toutes évidences, le magasin était fermé et clôt pour la soirée… En s’approchant, on peut remarquer qu’une silhouette s’extirpe avec prudence de la bouche d’égout, n’émettant qu’un distant son de mécontentement avant de s’étirer et de s’engager dans un chemin au travers des ruines de la bâtisse, disparaissant rapidement… Le chemin est pratiquement invisible, et très étroit, de sorte qu’il faille le savoir là pour le trouver. La silhouette a disparue juste à temps. Deux hommes en armes sortent de la taverne bondée pour observer les environs. Ils ne semblent pas trouver ce qu’ils cherchent mais restent là, mains posées sur leurs armes apparentes, l’air revêche…

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Notes MdJ : Ton personnage a repéré le passage s'il s'approche au bon moment. A toi de voir ce que tu désires faire. Soit tenter la porte principale, tenter le passage dissimulé, distraire les deux hommes en armes ou leur parler... à toi de voir !

Les deux hommes armés regardèrent passer le ‘vieillard’ avec mépris, un sourire en coin, irrité, leur étirant la lippe. Ils n’avaient rien à faire d’un vieux croûton cabossé, ce n’était pas lui qu’ils cherchaient ! Ils cherchaient un voleur en cavale, qui avait l’habitude de passer par ici. Leurs yeux suivirent la forme courbée et toussante qui entrait dans la ruelle… L’un des hommes secoua vaguement la tête puis gronda quelque chose au sujet de l’idiotie du futur cadavre qui allait se perdre dans une ruelle fermée. S’il voulait se perdre après tout, ça ne les regardaient pas, non ? Ils se regardèrent, haussèrent les épaules. L’un d’eux rerentra, tandis que l’autre partait faire le tour des environs pour voir si leur cible ne s’était pas dissimulée dans un trou à rats.

En attendant le voleur en question s’esquivait par l’étroit passage qui serpentait dans la ruine humide et silencieuse, branlante. Son pas était lent, posé, attentif, évitant les pièges naturels résultant des ruines. Mais le chemin étroit et délicat avait une fin, et bientôt il déboucha sur un petit perron, avec une petite avancée libre permettant de faire respirer la porte arrière du Maraudeur, ouverte et laissant filtrer une diffuse lumière chaude. L’homme entra, laissant la porte à demi ouverte dans sa certitude d’être seul. A l’intérieur monta une discussion entre deux hommes, qui se concertaient apparemment sur un arrivage d’objets divers dont certains provenaient apparemment de rapines opérée dans les quartiers riches.

La discussion est calme jusqu’à ce qu’une exclamation provienne de l’avant boutique, et de la ruelle condamnée. Un juron, suivit d’une bordée de menaces avant qu’un bruit sourd ne retentisse. Comme un coup. Suivit d’un craquement sinistre, long et saccadé, ponctué par diverses interpellations. Un moment encore et les deux hommes qui avaient discutés sortir sur l’arrière. Deux hommes simples des bas quartiers, sans véritable distinction si ce n’était l’âge du propriétaire, avancé. L’homme en arme apparu dans l’embrasure, menaçant…

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Notes MdJ : Plusieurs options s'offrent à toi : aider les deux hommes, les laisser et tenter de passer discrètement pour fouiller le magasin, attendre la fin de la rixe.... à toi de choisir !

Les deux hommes sursautèrent en voyant leur agresseur agressé à son tour. Ils se retournèrent d’un même mouvement pour observer le nouveau venu et son arc, méfiants. Allons bon mais c’était un vrai moulin ce soir ! Qu’est-ce qu’ils avaient tous à venir les déranger ? On ne pouvait même plus commercer tranquillement dans cette ville…. Néanmoins, puisque cela venait de leur éviter une rossée, aucun des deux n’allaient se plaindre. Le tenancier venait d’éviter d’y perdre la vie et le voleur lui n’allait pas se plaindre de ne pas s’être fait embarqué dans une autre des histoires que Loge attirait comme une poire pourrie attire les mouches. Cependant, ce n’était pas fondamentalement parce qu’ils venaient d’éviter les soucis qu’ils ne risquaient pas d’en voir débarquer d’autres et peut-être même plus gros que ceux qu’ils venaient de voir s’achever. Oh bien entendu, il aurait été aisé de tuer cet importun-là, du moment qu’il ne faisait pas autant de bruit… le bruit était le véritable problème, parce que cela signifiait attirer l’attention. Lorsque le nouveau venu se mit à parler, Loge renâcla avec un rictus amusé et cynique. « Oui bien sûr » fit-il « Cette ville est bourrée de breloques n’appartenant pas à leurs propriétaires… c’est d’ailleurs pour ça que les marchands sont là » ça l’amusait beaucoup qu’on vienne porter des jugements à demi-mots sur ce qu’il pouvait faire, arc ou pas. A ses yeux, les imbéciles violents et impulsifs étaient plus dangereux que les froids assassins. « Cela dit vous venez de m’aider, je peux donc vous aider à votre tour. Donnant donnant. Dites-moi donc ce que vous voulez et nous pourrons voir cela » Il attendit qu’on lui mentionne l’objet en question, ne cacha pas son mépris mais lui ordonna d’attendre qu’il aille voir s’il avait cela en réserve. Peu importait comment l’autre choisirait de se comporter, il n’en avait rien à faire. Entrant dans la boutique, il se mit à chercher dans ses caisses et finit par en tirer un anneau qu’il tendit. « C’est le seul que j’ai semblerais-t-il, alors peut-être est-ce ce que vous cherchez… Il ne vaut presque rien, ça ne sera pas une grande perte. Alors prenez donc. Cela valait bien ma tranquillité »

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Notes MdJ : Tu as l'objet que tu cherchais. Tu peux conclure en le ramenant et la quête sera terminée ^^